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THÈME 4 LA CHINE 

: DES RECOMPOSITIONS
SPATIALES MULTIPLES
Le point sur le programme et l’organisation du chapitre
Le thème 4 est le chapitre conclusif du manuel. À ce titre, il reprend les différentes problématiques du pro-
gramme en les appliquant à un pays qui en est particulièrement représentatif, la Chine. Le manuel étant centré
sur les recompositions spatiales qui touchent les villes à travers la métropolisation, les espaces productifs et les
espaces ruraux, ces aspects sont au centre de ce chapitre, qui s’attache donc à mettre en évidence la véritable
révolution spatiale qu’a connue la Chine depuis son ouverture à la mondialisation. Ce pays est particulièrement
représentatif de ces recompositions, il en est même une caricature tant les proportions et la rapidité des boule-
versements sont extraordinaires, à la dimension de ce géant démographique aux mains d’un régime autoritaire.
Le choix de la Chine peut donc se justifier, mais il reste quand même nécessaire de bien comprendre que ce pays
reste assez particulier du fait de ses caractéristiques spatiales, démographiques, culturelles et politiques et du
rôle de son importante diaspora qui a beaucoup contribué à rendre possible de tels bouleversements en finan-
çant l’ouverture. De plus, on notera que le programme prévoit également de traiter des aspects qui relèvent non
pas du programme de 1re, mais du programme de 2de, à savoir les sous-thèmes « Développement et inégalités »
et « Ressources et environnements sous pression ». Des connaissances de 2de pourront donc être sollicitées. Ces
aspects du développement chinois intéresseront à n’en pas douter les élèves, mais ils demandent du temps pour
traiter ce thème déjà bien riche. Cela peut obliger à « creuser » moins qu’attendu les recompositions spatiales.
Finalement, ce thème conclusif constitue un « cours abrégé » sur toutes les dimensions de la géographie de la
Chine d’aujourd’hui ou presque. L’enseignant doit y consacrer entre 8 et 10h. Le choix des exemples et de l’étude
de cas est donc fondamental pour rendre possible un tel défi, mais il est vrai que la Chine s’y prête car les réali-
tés étudiées y sont singulièrement criantes.
Le chapitre est organisé de manière à suivre fidèlement le programme, mais sa structure diffère un peu des
autres chapitres car il est nécessaire de tenir compte de son caractère conclusif. Il ne comporte donc qu’une
seule étude de cas (Shanghai), certes un peu plus fournie, mais s’appuie néanmoins sur trois cours reprenant les
sous-thèmes du programme : « Développement et inégalités », « Des recompositions spatiales spectaculaires »,
« Des ressources et des environnements sous pression ». Après une double page de cartes, chaque cours est illus-
tré d’un exemple choisi pour sa pertinence. Viennent ensuite, pour rester fidèle au programme, deux doubles
pages qui permettent d’ouvrir des débats, et enfin, outre des pages d’exercices et de sujets de bac blanc, une
double page est spécifiquement consacrée à un croquis complexe.

pp. 252-253 Photographie d’ouverture pp. 254-259 Étude de cas


Comme pour les autres thèmes, cette double page
Shanghai : recompositions, inégalités
comporte une seule grande photographie. Centrée sur
des quartiers résidentiels très densément peuplés de et pressions sur les ressources
Shenzhen, elle illustre plusieurs aspects du programme. Cette étude de cas porte sur Shanghai, plus précisément
Cette ville illustre bon nombre des recompositions spa- sur la municipalité de rang provincial de Shanghai, ce
tiales subies par la Chine : une urbanisation très rapide qui permet d’associer espaces urbains de la métropole
comme le rappelle la légende, mais aussi le caractère et espaces ruraux, et d’englober ainsi les différentes pro-
récent des immeubles en arrière-plan  ; la métropolisa- blématiques du programme et du thème :
tion puisque Shenzhen est désormais une métropole – recompositions spatiales dans la partie A (p. 254-255) :
secondaire, classée alpha ; la littoralisation des espaces urbanisation associée à la métropolisation puisque Shan-
productifs puisque cet ancien port de pêche est devenu ghai est devenue une métropole mondiale en moins de
un des plus importants ports du monde. 30 ans ; littoralisation (espace productif portuaire) ; évo-
La photographie rend aussi compte de l’association lution des espaces ruraux vers la multifonctionnalité ;
étroite entre développement et inégalités puisqu’elle – développement et inégalités dans la partie B (p.  256-
montre la juxtaposition de quartiers à l’évidence plu- 257), qui permettent d’évoquer les inégalités ville-cam-
tôt modestes, aux immeubles délabrés, et de quartiers pagne dans la municipalité, le problème du statut des
abritant une population plus aisée dans des immeubles mingongs, la ségrégation socio-spatiale et la gentrifica-
plus récents et plus hauts, de meilleur standing, ren- tion ;
dant compte du développement des classes moyennes – pressions sur les ressources en eau, en terre et dégra-
chinoises. dation de l’environnement dans la partie C (p. 258).

141 THÈME 4 La Chine : des recompositions spatiales multiples


Réponses aux questions p. 255 4. Les espaces ruraux ont d’abord été largement grigno-
tés par l’étalement urbain  : leur importance spatiale a
Parcours 1 diminué dans la municipalité, ils se trouvent désormais
1. Plusieurs chiffres du document 2 témoignent du carac- essentiellement aux marges de la municipalité et dans
tère récent de l’affirmation de Shanghai : sa population a l’île de Chogming. Ensuite, l’agriculture y a beaucoup
plus que quadruplé en 37 ans, au point qu’elle est désor- évolué  : la riziculture a reculé  ; des productions inten-
mais la 3e agglomération mondiale  ; son PUB présente sives, génératrices de valeur ajoutée et répondant
une croissance annuelle très forte au moins depuis 2005. aux besoins de la ville (maraîchage notamment) se
Le paysage de Pudong (doc.  4) rend compte de cette sont développées  ; les exploitations se sont agrandies,
affirmation récente car il a connu une transformation modernisées et sont désormais intégrées dans une filière
radicale en à peine trois décennies et la tour la plus agro-alimentaire. Enfin, de nouvelles fonctions sont
ancienne ne date que de 1995, toutes les autres n’ont apparues : outre l’industrie agro-alimentaire, les espaces
émergé, tels des champignons, que depuis 2000. Le pay- ruraux shanghaiens accueillent désormais des industries
sage de Pudong a donc radicalement changé : l’image de et des populations de type urbain (résidentialisation,
1987 montre un espace peu densément peuplé et bâti ; périurbanisation), ce dont témoigne l’émergence de la
l’image de 2018 montre au contraire une skyline carac- desakota. Des fonctions de loisirs et de protection de
téristique d’une grande métropole, insérée par définition l’environnement sont également apparues (doc. 1).
dans la mondialisation, avec ses gratte-ciel très élevés,
Parcours 2
en verre et d’architecture futuriste, cherchant à donner
une image de puissance.
Urbanisation Quadruplement de la population,
extension de l’espace urbain,
2. La croissance de la population de Shanghai repose sur
développement de nombreuses villes
des migrations de populations rurales venues de l’inté-
nouvelles
rieur du pays : 41 % de la population de la municipalité
n’est pas d’origine shanghaienne. L’importance de cette Migrations Presque la moitié de la population
de Shanghai n’est pas née
population migrante (mingong) s’explique par le fait que
dans la municipalité : exode rural
Shanghai, en tant que ville portuaire déjà ancienne, a
fait partie du tout premier groupe de villes ayant béné- Littoralisation Développement d’une ville littorale
ficié du statut de Zone économique spéciale au début et portuaire, migrations en
de l’ouverture du pays par Deng Xiaoping, en 1980. La provenance de l’intérieur
main-d’œuvre rurale pauvre de l’intérieur a alors afflué Insertion Fonctions métropolitaines, ports
pour répondre aux besoins des industries et du port en dans et aéroports de dimension mondiale,
plein développement. La population d’origine extérieure la mondialisation espaces productifs industriels (ZIP,
à la ville est d’autant plus importante que la natalité est desakota)
faible à Shanghai (carte 2 p. 261). Métropolisation Concentration de sièges sociaux,
bourse de niveau mondial, accueil
3. Shanghai est une métropole mondiale en raison de de grandes manifestations d’impact
son rôle de premier plan dans l’organisation des flux mondial
de la mondialisation  : elle est la capitale économique Mutations Multifonctionnalité accrue :
de la Chine, première économie mondiale. À ce titre, des espaces développement industriel,
elle concentre des fonctions métropolitaines et abrite ruraux résidentialisation, mise en tourisme,
les sièges sociaux d’entreprises chinoises de premier recul et spécialisation agricole
plan. Son rôle financier est majeur : bourse, principales
banques, centre financier se concentrent dans son Bilan du parcours 1 ou 2
grand quartier d’affaires ultra-moderne de Pudong. Elle
La municipalité de Shanghai est particulièrement repré-
accueille des évènements aux répercussions mondiales
sentative des recompositions spatiales qu’a connues le
comme l’Exposition universelle. Enfin, elle est très bien
territoire chinois depuis 1980, c’est-à-dire depuis la poli-
connectée aux flux mondiaux de marchandises grâce à
tique d’ouverture à la mondialisation initiée par Deng
un aéroport international et à un espace productif por-
Xiaoping à partir de 1980. Forte de sa longue tradition
tuaire constamment modernisé et adapté aux exigences
commerçante, elle est l’une des toutes premières villes
du transport maritime (trois ports successifs). On peut
à avoir bénéficié du statut de Zone économique spé-
faire l’hypothèse que l’aéroport de Shanghai est le hub de
ciale et a donc bénéficié d’un afflux d’IDE très important
la China Eastern Airlines, 2e compagnie aérienne d’Asie,
qui, associé à des migrations massives, a fait d’elle une
dont le siège social est à Shanghai. Son insertion dans la
très grande ville industrielle et portuaire, mais aussi
mondialisation repose sur les grandes entreprises qui y
une grande métropole bien insérée dans les flux de la
ont leur siège, sur la puissance de son appareil produc-
mondialisation. L’urbanisation à Shanghai a été massive
tif (ZIP, desakota) et sur les réseaux de transport qui la
et rapide et reflète le processus de littoralisation de la
relient au reste du monde.
population chinoise. Ville mondiale, Shanghai participe
aux flux de la mondialisation à travers ses sièges sociaux,

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son centre boursier et financier, l’organisation d’évène- moyenne chinoise. Une métropole concentre par défi-
ments mondiaux (Exposition universelle). Elle dispose nition de nombreux emplois de type métropolitains,
d’infrastructures de premier ordre pour se connecter aux c’est-à-dire relatifs à des fonctions de commandement.
flux mondiaux (aéroport, ports). Les espaces ruraux de la Par nature, ces emplois sont bien payés et leur forte
municipalité ont subi d’intenses recompositions : grigno- concentration permet de comprendre que la moyenne
tage, modernisation agricole, multifonctionnalité dont des revenus des ménages shanghaiens soit supérieure à
rend compte la desakota, mise en tourisme. la moyenne chinoise. Les revenus des ménages ruraux
shanghaiens sont plus élevés que ceux de la moyenne
Réponses aux questions p. 257 rurale chinoise car les agriculteurs de la municipalité
développent des productions de plus forte valeur ajou-
Parcours 1 tée pour répondre aux besoins élevés d’un marché urbain
1. La répartition de la population a connu un processus disposant de forts revenus. De plus, la multifonctionna-
de déconcentration en faveur des périphéries lointaines, lité des espaces ruraux shanghaiens permet aux ruraux
alors même que la population augmentait. Le centre a d’accéder à des emplois dans l’industrie et le tertiaire
perdu de la population, alors que les périphéries ont (loisirs, tourisme) générateurs de salaires plus élevés. Ce
connu une forte augmentation de leur population. n’est pas le cas de toutes les campagnes chinoises.
2. Les facteurs sont d’ordre politique et économique. Les 5. Les revenus des citadins sont plus de deux fois supé-
prix des logements au centre ont beaucoup augmenté en rieurs aux revenus des ruraux à Shanghai, et ce malgré
raison de l’attractivité de la ville et de la construction de le phénomène de rattrapage en faveur des ménages
nouveaux quartiers comme Pudong. La population rési- ruraux dont rend compte une augmentation plus forte
dente ancienne a souvent été expulsée, tandis que les des revenus ruraux entre 2013 et 2017. Les ménages
nouveaux arrivants, migrants pauvres, ne pouvaient pas urbains shanghaiens disposent de hauts revenus en rai-
s’installer au centre. Cette situation correspond aussi à la son de leur qualification élevée, en lien avec les fonc-
volonté du gouvernement de Shanghai (cf. doc. 3 p. 258). tions métropolitaines de la ville.
Les conséquences principales sont donc la gentrification
du centre et la ségrégation socio-spatiale, puisque les 6. Le document 5 fait allusion à la nouvelle politique
classes moyennes du centre ne côtoient pas les popula- démographique mise en place par le gouvernement
tions rejetées en périphérie. chinois depuis 2015-2016. La politique de l’enfant unique
La ségrégation socio-spatiale et la fragmentation spa- a été abandonnée au profit d’une politique nataliste en
tiale se sont également développées dans les péri- raison de ses conséquences désastreuses : natalité faible,
phéries à la faveur de la périurbanisation puisque les vieillissement accéléré de la population, déséquilibre du
différentes populations ne se côtoient pas forcément du sex-ratio en faveur des garçons, risques accrus de pénu-
fait du développement de gated communities, appelées rie de main-d’œuvre et d’augmentation des salaires.
« communautés fermées » dans le texte. Néanmoins, les Les deux couples sont dans des situations économiques
espaces périurbains restent plus mixtes que le centre car très différentes et dans les deux cas, cela ne les incite
ils accueillent des populations très diverses, alors que la pas à faire un deuxième enfant. Le premier appartient
coloration sociale du centre est très homogène (classes aux classes moyennes aisées, mais le genre de vie urbain,
moyennes supérieures). les difficultés à faire garder les enfants, la nécessité d’un
double salaire, l’individualisme sont un frein. Le deu-
3. Cette scène de rue rend compte des très forts contrastes xième couple est dans une situation économique et
de niveau de vie des populations shanghaiennes, et donc statutaire précaire. Ce sont des mingongs et à ce titre,
des inégalités. Les immeubles de logement en arrière- ils n’ont pas droit aux avantages sociaux des habitants
plan n’accueillent sans doute pas une population très ayant un hukou de Shanghai, notamment la scolarisation
aisée si l’on en juge par les très fortes densités, mais son
gratuite. Là aussi, ces difficultés, associées à la faiblesse
niveau de vie doit quand même être correct, supérieur à
de leurs revenus, ne les incitent pas à faire un deuxième
la moyenne chinoise. Au premier plan, le cycliste appar-
enfant.
tient à une autre catégorie sociale – c’est sans doute un
travailleur migrant – si l’on en juge par le lourd charge- Les migrants tels que ce jeune couple souffrent de discri-
ment dont est lesté son vélo, son outil de travail, dont minations puisqu’ils n’ont pas les mêmes droits d’accès
la simplicité et le caractère fruste rendent compte de aux services publics que les autres habitants de Shanghai
l’émergence d’un pays qui n’a pas encore le niveau d’un disposant d’un hukou urbain. Les impôts qu’ils payent ne
pays en développement (dans ce type de pays, le travail- leur profitent pas du tout puisqu’ils n’ont pas accès aux
leur aurait une camionnette). services publics. De plus, les restrictions à leurs encontre
sont de plus en plus fortes, quelle que soit la durée de
4. Les revenus des ménages shanghaiens, qu’ils soient leur résidence à Shanghai. C’est donc une situation d’iné-
urbains ou ruraux, sont largement supérieurs à la galité, et même de discrimination

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Parcours 2 3. Un amas impressionnant de vélos est accumulé dans
la campagne. Cette situation est préjudiciable pour les
Type d’inégalité espaces ruraux dont les paysages et les sols sont dégradés
Doc. 1 Inégalités dans l’accès à la ville. par une telle décharge, qui par ailleurs occupe une terre
Classes moyennes/classes populaires dont on pourrait sans doute faire un autre usage. Cela
réduit encore la surface disponible pour l’agriculture.
Doc. 2 Inégalités dans l’accès à la ville.
Classes moyennes supérieures/classes populaires.
4. La municipalité de Shanghai cherche à promouvoir
Gentrification, ségrégation, fragmentation.
Migrants, déplacés/ élites du PC un développement plus durable en définissant une
politique cherchant à limiter la dégradation des res-
Doc. 3 Inégalités de revenus.
sources que sont l’eau, le sol et l’air. Il s’agit notam-
Citadins/ruraux
ment de limiter la pollution en favorisant les transports
Doc. 4 Inégalités de niveau de vie. publics et les immeubles HQE, mais aussi de limiter
Classes moyennes/travailleurs migrants un étalement urbain qui grignote inexorablement les
Doc. 5 Inégalités statutaires, d’accès aux services terres agricoles de qualité entourant l’agglomération.
publics et de revenus. Cependant, ce sont bien des moyens autoritaires qui
Classes moyennes/migrants sont employés car on empêchera les gens de s’installer
à Shanghai. Cela nuira au premier chef aux migrants
Bilan du parcours 1 ou 2 d’origine rurale qui viennent à Shanghai pour fuir la
La municipalité de Shanghai est traversée par de multi- misère des campagnes.
ples inégalités qui renvoient, par leur ampleur et singu-
Parcours 2
lièrement pour certaines, au caractère émergent de la
Chine et au fait que Shanghai est une métropole. Il s’agit
d’inégalités de revenus et de niveau de vie, qui opposent FACTEURS
urbains, notamment aux emplois métropolitains, et • Émergence = développement industriel
ruraux, classes moyennes et travailleurs migrants. Il • Croissance et étalement urbain
s’agit aussi d’inégalités dans l’accès à la ville, notamment • Non-respect de normes par les autorités locales
au centre, réservé aux classes moyennes supérieures du
fait de la spéculation immobilière et de la rénovation
du centre, et dont sont de plus en plus exclus les autres
catégories sociales moins aisées à cause de la gentrifica-
FORMES
tion. Enfin, la discrimination dont souffrent les migrants
d’origine rurale dans l’accès aux services publics du fait • Pollution grave de l’air, de l’eau et des sols
de leur hukou rural génèrent de fortes inégalités. • Dégradation de l’environnement
• Étalement urbain incontrôlé au détriment des terres
Réponses aux questions p. 258 agricoles

Parcours 1
1. L’eau, l’air et le sol sont des ressources particulière-
ment dégradées à Shanghai. Cette situation a pour ori- CONSÉQUENCES
gine la pollution mal maîtrisée, particulièrement forte
• Eau inutilisable, même pour l’industrie et l’agriculture
à cause du non-respect des normes par les entreprises
• Air irrespirable
et de l’incurie des autorités locales, qui ne mettent pas
en place les réseaux d’assainissement nécessaires et ne • Décès liés à la pollution
contraignent pas les entreprises à respecter les règles. • Potentialités agricoles réduites

2. La dernière phrase du document indique clairement


que la croissance économique est privilégiée  par rap-
Bilan du parcours 1 ou 2
port aux problèmes environnementaux  :  «  les autorités
locales préfèrent fermer les yeux pour préserver l’em- Le développement de Shanghai génère des pressions
ploi et leurs revenus », ces derniers leur étant sans doute multiples sur l’environnement et les ressources. La pol-
en bonne partie versés par les entreprises. De ce fait, les lution de l’air, du sol et de l’eau y est particulièrement
autorités locales limitent leurs exigences environnemen- forte, d’autant plus que les autorités municipales appa-
tales à l’égard des entreprises de peur que celles-ci ne raissent comme un frein à l’application des normes envi-
quittent Shanghai pour aller ailleurs, ce qui provoquerait ronnementales car elles privilégient le développement
récession et chômage dans la ville. économique.

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Faire le bilan de l’étude de cas p. 259
Compléter le croquis

1. Une métropole mondiale TITRE : Recompositions, inégalités et pressions sur les ressources à Shanghai
le centre :
fonctions métropolitaines
Aire métropolitaine
agglomération
ville nouvelle Chengqiao
ÎLE
Des espaces ruraux en mutation DE CHONGMING
la de Shanghai YA Chenjia
NGZ
espace rural agricole I
espaces ruraux fréquentés pour Luodian
les loisirs par les Shanghaiens
Baoshan
Jiading
2. Une métropole littorale connectée 2
Des connexions internationales Anting SHANGHAI
le 1er port mondial 1
(conteneurs, 2017) PUDONG
1. vieux port du centre-ville
2. zone industrialo-portuaire Qingpu
de Waigaoqiao MER
3. nouveau port en eau profonde Pujiang
DE CHINE
de Yangshan Zhujiajiao ORIENTALE
aéroport international Songjiang Huinan
Minhang
Des connexions avec la Chine intérieure
principales routes Nanqiao
Fengjing
YANGZI le Yangzi, voie fluviale majeure
Luchaogang
3. Un espace inégalitaire
BAIE
gentrification du centre
et relégation des populations Jinshan DE HANGZHOU
modestes en périphérie
espaces périurbains Limite de la municipalité
et ruraux plus pauvres de Shanghai 0 20 km
que le centre 3

Présenter le bilan à l’oral aussi possible d’illustrer l’exposé par des cartes ou pho-
Pour réaliser son exposé, l’élève pourra ici s’appuyer sur tographies issues de l’étude de cas, le schéma du par-
les bilans des parcours des pages 255, 257 et 258. Il est cours 2 page 258, le croquis bilan, etc.

pp. 260-261 Cartes

Des contrastes territoriaux majeurs


Dans la carte 1 p. 260, les données sont à l’échelle de la le reste du pays, mais ce contraste n’est pas flagrant sur
province. Quatre municipalités ont le rang de province : cette carte.
Beijing, Tianjin, Shanghai et Chongqing. 2. Les provinces de Beijing, Tianjin, Shanghai et Hong
Kong, avec des PIB/hab. supérieur à 40  000 dollars en
Activités 2017, sont également les plus développées.
1. D’après les critères de la carte, le littoral est plus riche 3. Les régions qui ont le plus fort taux de natalité sont
et développé que le reste du pays : les régions littorales celles de l’Ouest, avec plus de 15 naissances pour 1 000
ont les plus forts PIB/hab. en PPA, en 2017. Les quatre habitants en 2017. En dehors du Shandong, elles ne sont
seules régions qui ont un IDH supérieur à 0,8 sont litto- pas les plus densément peuplées, au contraire, le Tibet a
rales. Le contraste principal se situe entre le littoral et moins de 10 hab./km2 et le Xinjiang moins de 50 hab./km2.

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4.
Tibet : Shaanxi : Shanghai :
Chine de l’Ouest Chine de l’intérieur Chine du littoral
PIB/hab. (en dollars) > 0,8 Entre 0,7 et 0,8 Entre 0,6 et 0,7
IDH Entre 0,6 et 0,7 Entre 0,7 et 0,8 > 0,8

Densité de population (hab./km ) 2 < 10 Entre 50 et 200 > 500

Taux de natalité
> 15 Entre 9 et 12,5 <9
(pour 1 000 habitants)

5. Le modèle des « trois Chine » permet de comprendre ment des réformes et de l’ouverture économique ; 1984,
les principaux  contrastes territoriaux  : une Chine litto- lancement de la réforme urbaine et 1992, mise en place
rale développée et plus riche que la moyenne nationale du « socialisme de marché ».
chinoise et où se concentrent de fortes densités, ainsi que
beaucoup de très grandes agglomérations ; une Chine de 2. Les inégalités entre ruraux et urbains sont d’abord
l’intérieur moins développée et riche mais néanmoins économiques, avec des revenus 2 à 3 fois plus élevés
peuplée ; une Chine de l’Ouest, en périphérie, qui est peu en moyenne pour les urbains par rapport aux ruraux.
peuplée avec une natalité élevée et qui est encore peu Les inégalités sont aussi sociales  : les urbains «  bénéfi-
développée et beaucoup moins riche que le littoral. cient plus souvent de logements sociaux et d’une cou-
verture sociale plus étendue, notamment en matière de
pp. 264-265 Exemple retraite », les « retraités des zones rurales » font partie
des plus pauvres.
Les inégalités villes-campagnes
3. Plus d’un quart de la population active travaille dans
Les inégalités villes-campagnes illustrent bien les étapes
le secteur agricole, qui produit 8,6 % du secteur écono-
de la croissance chinoise. D’abord faibles jusqu’au début
mique. Ce secteur n’est pas productif vu la différence
des années 1990 car les premières réformes touchent
entre 27,7 % et 8,6 %. Les campagnes agricoles sont de
aussi les campagnes, elles se creusent ensuite fortement
différents types selon leur proximité avec la ville  : les
car l’ouverture est avant tout littorale et urbaine, les villes
espaces agricoles intégrés, collés aux villes, ont une pro-
devenant les principales bénéficiaires de la croissance.
duction spécialisée destinée au marché urbain alors que
Réponses aux questions p. 265 les campagnes les plus éloignées des villes ont des pro-
ductions de base et subissent l’exode rural.
Parcours 1
1. Depuis 1978, les revenus des urbains et des ruraux ont 4. Les conséquences de l’urbanisation sont le grignotage
beaucoup augmenté, de quelques centaines de yuans à des terres agricoles proches des villes pour les construire
12 363 en 2016 pour les ruraux et 33 616 pour les urbains. et les transformer en zones résidentielles et espaces de loi-
D’après le graphique, c’est la mise en place de réformes sirs. Les paysans sont souvent dépossédés de leurs terres et
économiques qui a provoqué cette hausse : 1978, lance- pas toujours indemnisés. Ces paysans partent alors en ville.

Parcours 2
Population et espaces urbains Population et espaces ruraux
Doc. 1 Forte croissance des revenus urbains Croissance des revenus ruraux grâce aux réformes économiques
grâce aux réformes économiques
Doc. 2 Un secteur économique qui emploie
27 % de la population active
et qui ne produit que 8,4 % du PIB
Doc. 3 Les urbains ont plus souvent • Les plus pauvres se trouvent parmi les agriculteurs et les retraités
des logements sociaux des zones rurales
et une couverture sociale • À l’Ouest et au Sud-Ouest, les revenus des résidents des zones rurales
notamment en matière de retraite augmentent plus vite que ceux des urbains depuis ces dernières
années : effet de rattrapage
Doc. 4 Expansion spatiale des villes • Grignotage des espaces ruraux près des villes
sur d’anciennes terres agricoles • Populations rurales dépossédées de leurs terres et parfois indemnisées
Doc. 5 • Développement des zones Plusieurs types de campagnes selon la proximité avec la ville : plus la
résidentielles campagne est éloignée, plus elle est pauvre, par exemple campagnes
• Rôle important de la ville agricoles bien intégrées avec des productions pour le marché urbain à
proximité des villes et campagnes lointaines pauvres et enclavées

146 THÈME 4 La Chine : des recompositions spatiales multiples


Bilan du parcours 1 ou 2 5. Proposition de schéma très simplifié ci-dessous.
Il existe des inégalités économiques et sociales impor-
L‛ouverture du territoire chinois
tantes entre les villes et les campagnes chinoises. Les
revenus des ruraux sont deux à trois fois moins élevés
que ceux des urbains, même s’ils ont aussi nettement
augmenté depuis les réformes économiques et l’ouver-
ture de l’économie à partir des années 1980. Sur le plan
social, les ruraux sont défavorisés : ils bénéficient moins Beijing
souvent de logements sociaux et de retraites.
Ces inégalités s’expliquent car l’agriculture est peu pro-
Shanghai
ductive en général  : elle emploie 23,7  % de la popula-
tion active et ne produit que 8,4 % du PIB national. De
plus, les ruraux perdent leurs terres au profit des villes OCÉAN
qui s’agrandissent et s’ils migrent en ville, ils n’ont pas de PACIFIQUE
permis de résidence (hukou) urbain et donc ils n’ont pas
accès aux prestations sociales. Hong Kong
Enfin, les ruraux ne sont pas tous dans la même situa-
tion, les ruraux habitant les campagnes les éloignées des
villes, mal reliées et marginalisées, sont les plus pauvres. régions
métropole
plus ou moins intégrées
Cette situation dure malgré les politiques de rééqui-
lieux de la
librage. régions en marge
mondialisation

pp. 266-267 Cartes

Recomposition des territoires pp. 270-271 Exemple

Le delta de la rivière des Perles :


Activités une région urbaine récente 
1. Les mégapoles sont situées sur le littoral ou à proxi-
L’exemple du delta de la rivière des Perles, région urbaine
mité du littoral, au nord comme Tianjin ou Beijing, au
qui concentre, dans un espace limité, plus de 70 millions
centre avec Shanghai ou au sud où se trouvent Shenzhen
d’habitants, a été choisi pour illustrer les recomposi-
et Guangzhou. Seules deux sont au centre du pays  :
tions spatiales qu’a connues la Chine. Les documents
Wuhan et Chongqing. Les villes millionnaires se situent
témoignent du caractère récent, rapide et spectaculaire
dans la Chine littorale ou dans la Chine de l’intérieur.
de la formation de cette région urbaine qui ne compte
2. Le territoire chinois est polarisé par trois régions pas moins de trois métropoles. Avec Shenzhen, le delta
métropolitaines  : celle de Beijing, celle de Shanghai abrite l’une des villes dont l’urbanisation a été particuliè-
et celle de Hong Kong. Les deux premières ont de très rement remarquable. On peut d’ailleurs ici s’appuyer sur
vastes zones d‘influence. Seul l’Ouest du territoire est en la photographie p. 252-253 pour montrer ce développe-
dehors de cette polarisation. ment spectaculaire. Son caractère multi-métropolitain
permet d’illustrer la métropolisation.
3. Les territoires les mieux intégrés à la mondialisation
sont les lieux de la mondialisation, la région de Shan-
Réponses aux questions
ghai, le Jiangsu et le Guangzhou, puis d’autres régions
littorales ou le long du Yangzi. Les moins intégrées sont Parcours 1
les terres enclavées, comme le Sichuan ou les régions 1. Le delta de la rivière des Perles compte plusieurs
en périphérie. Les desakota se situent autour des prin- métropoles alpha : Hong Kong, métropole mondiale, et
cipales agglomérations, autour des mégapoles surtout, Guangzhou et Shenzhen, métropoles secondaires. Deux
car ce sont des espaces ruraux très densément peuplés termes peuvent venir à l’esprit : conurbation d’un strict
proches des villes. point de vue morphologique, mais aussi mégalopole
car cet ensemble urbain compte plusieurs métropoles
4. On observe une correspondance entre les lieux de
la mondialisation, les lieux les plus intégrés donc, et la reliées par un dense réseau de relations physiques et
localisation des trois métropoles, sur les zones littorales immatérielles.
de l’Est chinois. Hong Kong est une métropole mondiale car son affir-
mation dans la mondialisation est plus ancienne  : elle
s’est mise en place progressivement, à partir de la colo-
nisation britannique, durant laquelle la ville s’est affir-
mée comme un port et un espace productif de premier
ordre, mettant en contact l’Asie et l’Europe. Shenzhen

147 THÈME 4 La Chine : des recompositions spatiales multiples


et Guangzhou sont des métropoles secondaires car leur opération aboutira à la gentrification du centre  : les
affirmation est plus récente. Guangzhou a joué un rôle populations modestes ont sans doute été expulsées et
commercial depuis longtemps et s’inscrit dans la longue seront remplacées par des populations bien plus aisées.
tradition commerciale de la Chine du Sud, mais son déve-
Parcours 2
loppement a longtemps été bloqué par le pouvoir com-
muniste. Shenzhen n’a en revanche aucun vrai héritage – Guangzhou est la grande ville commerçante du sud de
commercial, il ne s’agissait que d’un petit port de pêche la Chine depuis la dynastie des Tang (viie-xe siècles) et
avant qu’elle ne soit désignée comme Zone économique accueille depuis cette époque des commerçants étran-
spéciale par Deng Xiaoping en 1980. Sa situation, juste gers, notamment arabes et perses. Les Européens, notam-
en face de Hong Kong, l’a rapidement propulsée au rang ment les Portugais, puis les Britanniques et les Français,
de grande ville industrielle car elle a énormément pro- y sont arrivés dès le début du xvie siècle.  Elle fut l’un des
fité des IDE en provenance de la diaspora chinoise de cinq ports ouverts par le traité de Nankin, signé en 1842,
Hong Kong, particulièrement riche. Elle est devenue un et à ce titre accueillit des concessions étrangères. Avec
espace majeur de délocalisation des industries de Hong Shenzhen, elle a été une des toutes premières Zones
Kong, très à l’étroit dans l’île et souffrant de l’augmenta- économiques spéciales.
tion des salaires d’une main-d’œuvre limitée. – Si Shenzhen et Guangzhou ont été désignées très
vite comme ZES, c’est en raison de la proximité de
2. Les deux cartes (doc. 3) montrent l’urbanisation du Hong Kong, qui était déjà une grande ville industrielle,
district de Shenzhen entre 1990 et 2012, période durant commerçante et portuaire en raison de sa situation
laquelle il est passé de 1,6 million d’habitants à 10,7 mil- remarquable sur les routes commerciales maritimes
lions d’habitants, soit une multiplication par plus de 6,5 de l’espace asiatique, comparable à celle de Singa-
de la population : Shenzhen est devenue une mégapole. pour, et de l’expansion exceptionnelle qu’elle a connue
En 1990, les zones urbanisées sont ponctuelles, très limi- à partir de 1949 du fait de l’afflux de Chinois fuyant
tées dans l’espace, qui est essentiellement agricole et le pouvoir communiste et dans le contexte favorable
forestier. En 2012, les forêts ont été pour l’essentiel épar- de développement du commerce mondial de l’après-
gnées, mais les espaces urbanisés se sont énormément guerre. Les villes du delta, au premier rang Guangzhou
développés. Cette urbanisation massive s’est donc essen- et Shenzhen, ont énormément profité des IDE en prove-
tiellement faite au détriment des terres agricoles, qui ont nance de la diaspora chinoise de Hong Kong, particu-
pratiquement disparu et n’existent que de manière assez lièrement riche. Elles sont devenues un espace majeur
résiduelle. de délocalisation des industries de Hong Kong, très à
l’étroit dans l’île et souffrant de l’augmentation des
3. L’évolution de Shenzhen est très spectaculaire car salaires d’une main-d’œuvre limitée.
elle est récente et s’est donc effectuée très rapidement,
en une vingtaine d’années. Cette évolution est paysa- Bilan du parcours 1 ou 2
gère (développement urbain) et fonctionnelle puisque Le delta de la rivière des Perles a connu plusieurs recom-
de simple port de pêche, elle est devenue une grande positions spectaculaires :
ville industrielle, et même une métropole tournée vers – l’industrialisation grâce au statut de ZES de Guangzhou
la haute technologie et l’innovation. et Shenzhen et à l’édification de grands ports ;
– l’urbanisation, favorisée par les migrations de popu-
4. Shenzhen est insérée dans la mondialisation car lations rurales (exode rural, mingong) vers le littoral
il s’agit d’une métropole (classée alpha), accueillant (littoralisation). Elle s’est accompagnée d’un recul des
des sièges sociaux de grandes entreprises chinoises et espaces agricoles et de la mise en place d’une puissante
attractive pour les étrangers. Ses entreprises travaillent desakota ;
avec des entreprises occidentales. De plus, elle dispose – la métropolisation avec l’affirmation de Hong Kong,
d’infrastructures de niveau mondial : un aéroport inter- puis de Guangzhou et Shenzhen, dans les flux de la mon-
national et surtout un très grand port à conteneurs, au dialisation ;
3e rang mondial. – à l’échelle urbaine, la rénovation urbaine est massive
5. Deux types de quartiers que tout oppose se côtoient et s’accompagne de gentrification, avec le déplacement
dans cette photographie : à l’arrière-plan, des immeubles forcé des populations modestes hors du centre.
de standing récents et des gratte-ciel tout aussi récents
dont on peut penser qu’il s’agit de tours de bureaux, type pp. 272-273 Carte
CBD à l’américaine  ; un quartier ancien, très délabré,
en cours de démolition, aux immeubles beaucoup Des ressources
moins élevés et dont la population était sans doute très et des environnements sous tensions
modeste.
D’un point de vue urbanistique, une opération de réno- Activités
vation urbaine est en cours puisqu’on détruit un quartier 1. Il existe une opposition spatiale majeure dans l’uti-
ancien et qu’on va sans doute construire à son empla- lisation de l’eau par rapport à sa disponibilité entre le
cement un quartier neuf. D’un point de vue social, cette Sud et le Nord de la Chine. Au nord de Shanghai, les

148 THÈME 4 La Chine : des recompositions spatiales multiples


provinces sont en stress hydrique, avec plus de 40  % premier importateur mondial de pétrole, les ressources
de l’eau disponible utilisée en 2017, alors qu’au sud de en hydrocarbures ne suffisent donc pas.
Shanghai, presque toutes les provinces ont moins de
3. L’axe principal d’acheminement des hydrocarbures
20 % de l’eau disponible utilisée. Les différences de pré-
part du Xinjiang, principale zone de production, pour
cipitations entre le Nord et le Sud du pays sont une des
rejoindre Shanghai, le littoral très peuplé et développé
explications car tout le Sud-Ouest de la Chine a plus
économiquement qui a besoin de ces ressources.
de 1 000 mm d’eau de précipitations par an. La carte en
p. 261 permet aussi de noter que les provinces à faible 4. Les atteintes à l‘environnement en Chine ont pour ori-
densité du Sud-Ouest, comme le Tibet, ne sont pas en gine le développement économique qui pollue les sols,
stress hydrique (même avec moins de 500 mm par an de les eaux et l’air à cause des activités industrielles ou qui
précipitations) alors que les provinces à très fortes den- entraîne le déboisement.
sités du Nord-Ouest, comme le Shandong, sont à plus de
80 % de l’eau disponible utilisée. 5. Le littoral chinois est soumis à des pollutions d‘origine
industrielle, toutes ses grandes villes étant classées très
2. Les champs d’hydrocarbures sont principalement loca- polluées à l’exception de celles du littoral méridional
lisés dans le Xinjiang alors que les bassins houillers se (Hong Kong/Guangzhou). Il subit aussi des risques envi-
trouvent plus dispersés, dans le Xinjiang, au Nord (région ronnementaux, une grande partie du littoral est classé en
de Harbin ou au nord de Xian, près du fleuve jaune) zone d’inondation et tout le sud du littoral, de Hong Kong
comme au Sud (Sichuan). D’après la carte, la Chine est le à Shanghai, est susceptible d’être atteint par un cyclone.
6.
Ressources Ressources Dégradations liées Risques
en eau en énergie au développement environnementaux
La région Situation de stress Pas de ressources Ville très polluée et région • Zone d’inondation
de Shanghai hydrique : manque touchée par la pollution • Zone sur le trajet
de ressources industrielles des cyclones
Le Xinjiang Situation de stress Champ pétrolier Agglomérations très polluées, Érosion et vents
hydrique : manque important, bassins par exemple Urumqi de sable
de ressources houillers et uranium
Le delta Moins de 20 % de l’eau Hydrocarbures Pas de dégradations majeures • Zone d’inondation
de la rivière disponible est utilisée : • Zone sur le trajet
des Perles bonnes ressources des cyclones

pp. 276-277 Exemple des roches, à l’aide de bains d’acide et de traitements


hydro-métallurgiques. Les terres rares sont alors achemi-
L’exploitation des terres rares nées par rail jusqu’au port de Lianyungang, sur le littoral
en Mongolie intérieure du nord du Jiangsu, pour être utilisées ou exportées.

Cet exemple permet de mettre en valeur à la fois le 3. Les conséquences environnementales de cette exploi-
mode d’exploitation des ressources naturelles adopté tation sont d’énormes fosses circulaires creusées dans
par la Chine depuis le début de sa forte croissance et le les roches et surtout une importante pollution des sols et
poids économique, et surtout géopolitique, de cette res- terres agricoles à cause des acides employés pour trai-
source pour la Chine. ter les matériaux extraits : « les sols et les nappes phréa-
tiques étant saturés de produits toxiques ». Les paysans
Réponses aux questions p. 277 doivent alors abandonner certains champs.

Parcours 1 4. La Chine est presque en situation de monopole  :


1. La Mongolie intérieure est située au nord de la Chine, en 2017, elle a produit 83,7  % des terres rares dans le
à la frontière avec la Mongolie. Elle concentre 70 % de la monde et elle possède 40 à 50 % des réserves mondiales.
production chinoise des terres rares. Les conséquences économiques et géopolitiques de
cette situation sont que la Chine peut influer sur le prix
2. Les zones d’exploitation des terres rares sont de vastes des terres rares, par exemple en imposant des taxes ou
mines à ciel ouvert, comme par exemple le site de Bayan des quotas à ses exportations («  il s’agit de soutenir le
Obo. Les matériaux extraits sont ensuite traités, par cours de ces minerais ») et surtout priver de terres rares
exemple à Baotou, pour pouvoir extraire les terres rares un acheteur, comme elle l’a fait envers le Japon en 2010.

149 THÈME 4 La Chine : des recompositions spatiales multiples


Parcours 2

Échelle locale Échelle nationale Échelle mondiale


Enjeu économique : Enjeu économique : mise en place Enjeu économique : situation de presque
développement économique d’une véritable chaîne d’exploitation monopole pour la production et donc
et surtout industriel de régions des terres rares des zones de production la commercialisation des terres rares ;
possédant des terres rares, (Mongolie intérieure) jusqu’aux zones utilisation des terres rares comme « arme
comme la Mongolie intérieure par littorales d’utilisation ou d’exportation ; économique » en géopolitique.
exemple, dont la ville de Baotou. valorisation d’infrastructures Des terres rares devenues indispensables
ferroviaire et portuaire (et politique à la production de haute technologie
Enjeu environnemental :
de développement de régions non comme à l’industrie verte dans le monde
grandes mines à ciel ouvert
littorales). entier.
qui transforment complètement
le paysage. Enjeu environnemental : pollution Enjeu environnemental :
Pollution des nappes phréatiques industrielle par l’exploitation pollution de la première puissance
et des sols par des produits très des terres rares, mais aussi par les autres industrielle mondiale, d’où forcément
toxiques. industries développées autour impact mondial, de cette pollution.
de cette exploitation.

Bilan du parcours 1 ou 2 première puissance économique mondiale est aussi lea-


En Mongolie intérieure, de vastes mines à ciel ouvert ont der sur le marché des énergies renouvelables : l’énergie
été creusées, par exemple dans le district de Baiyun, pour renouvelable représente 12,7 % de la plus forte consom-
extraire les terres rares. Les matériaux sont ensuite ache- mation d’énergie au monde (3  038 millions de tep en
minés vers des sites de traitement pour séparer les terres 2015) et la croissance des installations de production
rares des roches. Or ces traitements par bains d’acide ou d’électricité éolienne ou solaire est énorme, avec des
procédés métallurgiques sont extrêmement polluants, installations à l’échelle de la Chine ! Les documents 2a
ce qui entraîne de graves pollutions des nappes phréa- et 5 mettent en valeur le rôle de l’État, essentiel, dans la
tiques et des sols et des tensions avec les agriculteurs qui politique énergétique chinoise, que ce soit à l’étranger
doivent abandonner des terres. ou à l’intérieur de la société chinoise, la société civile qui
L’exploitation des terres rares est fortement développée se mobilise contre la pollution liée à l’énergie étant très
en Mongolie intérieure et a généré une industrialisation encadrée et surveillée.
de celle-ci car cette province abrite 70% de la production Suggérer aux élèves d’analyser la place de la Chine dans
chinoise qui représente elle-même 83,7% de la produc- les engagements internationaux depuis la COP21 (enga-
tion mondiale. C’est donc une ressource majeure pour la gement non contraignant) à l’aide de documents qu’ils
province, comme pour le pays. chercheraient permet de compléter les arguments du
À cause de la situation de presque monopole de la Chine débat et d’apporter un regard plus complet sur le posi-
dans l’exploitation et la commercialisation des terres tionnement chinois à l’international.
rares qui sont devenues indispensables à l’industrie des Le site Connaissances des énergies permet d’actualiser
hautes technologies, ces ressources sont génératrices les documents et donne énormément d’informations, y
de tensions. Elles sont devenues de véritables armes compris chiffrées :
économiques dans les mains de la Chine qui influe par https://www.connaissancedesenergies.org
exemple sur leur prix.
L’ouvrage suivant est quant à lui utile pour replacer, à
l’aide de cartes, la Chine dans les différents défis éner-
pp. 278-279 La géo autrement
gétiques : Bertrand barré, Atlas des énergies mondiales :
La Chine, une puissance verte ? Quels choix pour demain ?, Éditions  Autrement, Paris,
2017.
L’idée de ce débat est de confronter l’image de la Chine
comme plus grand pollueur en valeur absolue avec ses
récents engagements en faveur des énergies durables et pp. 280-281 La géo autrement
son poids économiques dans celles-ci.
La Chine, un pays développé ?
Le document 1, classique, permet de souligner la place
écrasante de la Chine dans les émissions annuelles de Ce débat est au cœur de nombreuses polémiques sur
CO2 et de comparer poids des États-Unis et poids de la la réelle place de la Chine que ce soit en tant que puis-
Chine (en valeur absolue et par habitant). Le document sance ou en tant que pays développé, l’angle que nous
2a met en valeur l’importance du charbon, encore réelle proposons aux élèves d’aborder. Il s’appuie sur des
et forte malgré une diminution en %, dans cette émis- connaissances que les élèves ont mobilisées en 2de dans
sion de CO2 et sa responsabilité dans la forte pollution le thème 2 (Territoires, populations et développement :
de l’air, en particulier dans les villes chinoises. Face à ces quels défis ?) puisque le thème conclusif en 1re s’appuie
arguments, les documents 4 et 5 illustrent comment la aussi en partie sur les attendus de 2de.

150 THÈME 4 La Chine : des recompositions spatiales multiples


Les élèves sont invités à proposer une définition du déve- un cadre scolaire mais existe aussi entre experts écono-
loppement (par exemple, processus d’amélioration des miques, journalistes ou hommes politiques. Il les pousse
conditions et de la qualité de vie d’une population) et à à voir que le statut de pays développé ou non est même
marquer sa différence avec la croissance économique. un enjeu politique en Chine.
À partir des documents 1, 2 et 3, il s’agit de multiplier
La consigne propose aux élèves de s’interroger sur la
les analyses comparatives entre la Chine et des pays
prise en compte des inégalités (par exemple, avec l’in-
développés et émergents. Les critères pour mesurer le
dice de Gini) dans la mesure du développement.
développement chinois sont des critères de mesure de
la création de richesse (doc.  3) par adulte ou par pays, Il est aussi possible de suggérer aux élèves de chercher
un critère composite, l’IDH, et des éléments qui per- les limites de l’IDH et de voir si d’autres critères seraient
mettent de le calculer (doc. 1), comme le taux de morta- plus pertinents  : est-ce que l’IPH pourrait être mieux
lité infantile, et qui peuvent alors être démographiques adapté à la réalité chinoise ou non puisqu’elle n’est plus
ou sociaux. De plus en plus, les critères évaluant la santé un pays en développement  ? Comment rendre compte
sont aussi convoqués (doc.  5). Le document 4 incite les du bien-être humain ? Est-ce que ce bien-être est syno-
élèves à comprendre que ce débat n’a pas lieu que dans nyme de bon développement ?

151 THÈME 4 La Chine : des recompositions spatiales multiples


pp. 282-283 Exercices

Réaliser un croquis complexe

TITRE : Les recompositions spatiales du territoire chinois

Harbin

MONGOLIE-
INTÉRIEURE

Beijing
XINJIANG Tianjin

JIANGSU
Nanjing Shanghai
Xi‛an
XIZANG Wuhan
(TIBET)
Ya
n Hangzhou
gz Chengdu Chongqing
i ZHEJIANG

SICHUAN OCÉAN
PACIFIQUE
Shenzen
Guangzhou
Hong kong
GUANGDONG

0 1 000 km

1. Des territoires remodelés par l‛urbanisation et l‛ouverture


3 métropoles polarisent
agglomération > 10M flux d‛exode rural principal le territoire chinois
agglomération entre 2 et 10M flux d‛exode rural secondaire

2. Des territoires surexploités et dégradés par la croissance économique

territoire en stress hydrique déboisement

zone touchée par la pollution industrielle ville très polluée

3. Des territoires inégalement développés et intégrés à la mondialisation

territoire métropolitain, riche et très bien intégré à la mondialisation

région, surtout littorale, en croissance et en voie d‛intégration à la mondialisation

province intermédiaire

terre enclavée

marge proche et périphérie continentale

152 THÈME 4 La Chine : des recompositions spatiales multiples


pp. 284-285 Exercices 2. Des disparités croissantes entre territoires ruraux
et urbains
Analyser un texte p. 284 3. De forts contrastes entre les différents quartiers
d’une ville
La Chine, première puissance économique et commer-
ciale mondiale, est de plus en plus présente en Afrique 4. Des exemples précis et chiffrés :
dont elle est désormais le premier partenaire commer-
A l’échelle nationale, une forte opposition se dégage
cial. L’insertion dans la mondialisation de la Chine est très
entre le littoral et le reste du pays. Le littoral, qui a été
claire et illustrée par les flux de toutes natures entre les
le premier à connaître l’ouverture économique, reste le
deux zones et le rôle important joué par les FTN chinoises,
plus productif avec un PIB de 45 075 milliards de yuan
en particulier dans l’énergie et les télécommunications.
en 2016, correspondant à 58  % du PIB total chinois, et
1. La Chine est le premier partenaire commercial de il participe à 88 % des exportations chinoises alors qu’il
l’Afrique. Il y a donc de nombreux flux entre eux, mais localise 45 % de la population.
ces derniers sont inégaux. Les flux qui partent de Chine Si vous voulez allez plus loin avec certains élèves qui
pour l’Afrique sont surtout des flux de « marchandises et maîtrisent déjà bien, à la fin de l’année, l’argumentation,
services ». Il y a par exemple des flux financiers, tels les vous pouvez leur proposer d’illustrer leur devoir.
flux d’IDE (2,4 milliards de dollars en 2016), mais aussi Il s’agit alors de leur montrer comment on peut illustrer
les emprunts contractés par l’Afrique auprès de la Chine. une ou deux sous-parties en simplifiant les croquis étu-
Les flux qui partent d’Afrique en direction de la Chine diés en classe. Le plus souvent, il ne faut retenir que l’une
sont des flux de ressources naturelles, «  minerais ou des parties de la légende du croquis.
hydrocarbures ». Par exemple, à partir du croquis de la p. 283, on présente
la typologie des territoires chinois en fonction de leurs
2. La Chine «  développe une présence tous azimuts  ».
inégalités de développement et d’intégration à la mon-
Elle est très présente dans le secteur des infrastructures
dialisation. Ce schéma illustre la partie dont on vient de
(réseaux de transport, bâtiments, hôpitaux ou ports),
donner les idées à aborder.
son premier secteur d’activité en Afrique, et «  souhaite
prendre des parts de marché dans les télécommuni- Sur le schéma ci-dessous, seulement 4 types de territoire
cations  ». Par ailleurs, 2 500 entreprises chinoises sont ont été retenues.
installées en Afrique et « plus d’un million de Chinois ».
Typologie des territoires chinois
Les entreprises industrielles chinoises ont également des
sous-traitants en Afrique.

3. L’Afrique se trouve en situation de dépendance vis-à-


vis de la Chine car les flux économiques évoqués plus
haut sont inégaux, dissymétriques. De plus, «  la dette Beijing
auprès de Pékin [Beijing] atteint 132 milliards de dollars
Xinjiang
depuis 20 ans » et comme les ressources naturelles, dont
les hydrocarbures, servent à rembourser la dette, ils ne Shanghai
sont par exemple pas valorisés sur place, transformés en
Afrique mais directement exportés en Chine. Tibet OCÉAN
4. Les projets de la Chine ne sont pas tant d’investir PACIFIQUE
(baisse des IDE entre 2017 et 2016) que de prendre des
parts de marché dans des secteurs en pleine croissance Hong Kong
en Afrique, comme les « télécommunications, l’industrie
culturelle et plus largement le digital ». Cela lui permet-
trait de proposer des débouchés à ses « grands groupes,
Alibaba, Tencent, Huawei ou ZTE » et donc de jouer « un métropoles
rôle important dans l’équipement des capitales afri- territoires métropolitains,
caines ». riches et bien intégrés à la mondialisation

régions surtout littorales, en croissance


Répondre à une question problématisée p. 284 et en voie d‛intégration à la mondialisation
1. Titre choisi : Des territoires inégalement développés et
intégrés à la mondialisation. régions de la Chine du Centre,
en développement mais encore marquées
2. et 3. Organisation de la partie avec les sous-par- par des espaces ruraux denses en crise
ties  sélectionnées (qui correspondent en fait à diffé-
territoires enclavés et périphéries,
rentes idées à aborder dans cette parte du devoir) :
moins développés et encore largement
1. À l’échelle nationale, une forte opposition entre le à l‛écart de la mondialisation
littoral et le reste du pays

153 THÈME 4 La Chine : des recompositions spatiales multiples


Analyser deux graphiques p. 285 pp. 286-287 Bac Blanc
1. La consommation d’énergie en millions de tonnes
équivalent charbon et les importations et exportations Analyser un document p. 286
de pétrole brut en millions de tonnes sont les deux cri- 1. La Chine est touchée par la métropolisation. Trois régions
tères retenus. métropolitaines se sont formées sur les littoraux, dans les
provinces orientales : une autour de Beijing-Tianjin dans le
2. Le premier critère permet de repérer quelles éner- Nord, une autre autour de Shanghai, et la dernière au Sud,
gies sont consommées et surtout la progression de dans le delta de la rivière des Perles, autour de Hong Kong
cette consommation. Cette dernière est à mettre en et Guangzhou. Ces trois régions métropolitaines possèdent
relation avec la croissance économique que la Chine
de vastes zones d’influence, surtout celle de Beijing, et dif-
connaît depuis les années 1980. Le deuxième critère
fusent le développement en direction de l’intérieur, par
est utile pour mesurer la part des importations et celle
exemple dans l’Anhui pour Shanghai. Cette métropolisa-
des exportations de pétrole et permet donc de voir si le
tion est à l’œuvre dans le monde entier et particulièrement
pays est dépendant ou non d’importations, de mesurer
en Asie.
sa dépendance énergétique.
2. On parle de littoralisation du territoire chinois car les
3. Les deux graphiques sont des graphiques en bâtons. littoraux concentrent la population, en particulier urbaine,
comme l’indique l’écrasante majorité du nombre de villes
4. Depuis les années 1980, la consommation d’énergie a
de plus de 2 millions d’habitants et de plus de 10 millions.
très fortement augmenté d’un peu plus de 500 millions
Les littoraux ont également attiré les activités les plus
de tonnes équivalentes charbon en 1980 à presque
performantes comme l’illustre le qualificatif de «  région
4  500, elle a triplé entre 1980 et 2000 et de nouveau
littorale privilégiée ». Les villes littorales ont été les « labo-
entre 2000 et 2016. Au xxie siècle, la consommation
d’énergie se diversifie et intègre d’abord plus de gaz ratoires de l’ouverture » entre 1980 et 1984, politique lan-
naturel, puis d’autres sources d’énergie que les éner- cée par Deng Xiaoping pour accueillir des IDE et favoriser
gies fossiles. la croissance économique, et qui a donc encouragé la litto-
ralisation. Ce double mouvement d’attraction des popula-
5. Les exportations de pétrole ont diminué entre 1990 tions et des activités qui définit la littoralisation se retrouve
et 2016, après avoir peu évolué et être restées aux alen- lui aussi à l‘échelle mondiale, spécialement en Asie.
tours des 30 millions de tonnes entre 1990 et 2010. Les
3. Littoralisation et métropolisation ont engendré un très
importations ont quant à elles connu une très forte aug-
fort contraste spatial entre le littoral, l’Est de la Chine, et le
mentation passant d’environ 10 millions en 1990 à 370
reste du territoire. Ce contraste est visible par la confronta-
millions en 2016. En 2016, les importations de pétrole
tion entre les couleurs chaudes (rouge et orange) du littoral
sont de l’ordre de 5 millions, infimes en comparaison
symbolisant les « régions privilégiées » et celles qui bénéfi-
des exportations.
cient de la diffusion du développement, et le vert qui carac-
6. Les deux phases de triplement de la consomma- térise l’intérieur et l’Ouest, ici quasiment non différenciés,
tion d’énergie sont directement reliées avec la crois- peu développés et appelés « marge intérieure ou périphé-
sance économique de la Chine. D’abord l’ouverture rie ». Le gouvernement a mis en place plusieurs politiques
économique (liée aux réformes de Deng Xiaoping) pour rééquilibrer le territoire chinois depuis 2000 en déve-
qui provoque une industrialisation du pays qui repose loppement l’intérieur, puis l’Ouest chinois. Le bassin du
sur la consommation d’énergie puis, à partir de 2000, Yangzi a été valorisé comme axe de diffusion du dévelop-
la montée en puissance du pays qui devient leader pement à partir de la région de Shanghai et en direction
économique et dont la croissance économique du Sichuan avec la construction de l’immense barrage des
(PIB multiplié par 12 entre 1980 et 2007) et aussi le Trois-Gorges et des villes relais du développement comme
développement s’accélèrent, donc aussi la consomma- Chongqing ou Chengdu. Les axes ferroviaires en direction
tion d’énergie par les habitants. du Xinjiang ou du Tibet ont été modernisés et les villes qui
les traversent sont également nouvelles villes relais du
7. On peut parler de dépendance énergétique de la développement, comme Xi’an par exemple.
Chine à cause de la consommation de pétrole, deu-
xième énergie consommée par le pays, qui repose sur 4. La carte ne permet pas de se rendre compte des muta-
les exportations de pétrole étranger, ces exportations tions des espaces ruraux, en particulier de ceux qui sont à
ne cessant de croître. proximité des villes et particulièrement transformées par
celles-ci, comme les desakota, le rôle de l’exode rural et de
8. Si la consommation d’énergie intègre de plus en plus la transition urbaine ne sont donc pas montrés. Les recom-
des énergies renouvelables comme l’éolien ou l’éner- positions à une autre échelle, comme les recompositions
gie solaire et qu’elle est même le plus grand produc- intra-urbaines, ne sont donc pas non plus visibles. La carte
teur mondial d’énergie solaire, on a du mal à désigner n’indique pas non plus comment un autre facteur, l’exploi-
la Chine. tation de sources d’énergie, pétrole dans le Xinjiang ou
terres rares en Mongolie par exemple, provoque une crois-
sance rapide et transforme les territoires.

154 THÈME 4 La Chine : des recompositions spatiales multiples


Questions problématisées p. 286 Sujet 2 : Dans quelle mesure peut-on parler de « trois
Chine » ?
Sujet 1 : Quelles sont les mutations qui touchent le Le sujet qui débute par «  dans quelle mesure  » invite
territoire chinois ?
à s’interroger sur la pertinence de l’expression «  trois
Les deux mots-clefs du sujet sont « mutations » et « ter- Chine » après avoir expliqué ce qu’elle veut dire et à quel
ritoire chinois ». Le sujet invite à faire le bilan des trans- territoire chinois correspond chacune des trois Chine, le
formations économiques, sociales et spatiales affectant littoral, l’intérieur et l’Ouest. Le sujet vise donc à montrer
le territoire chinois dans son ensemble ou touchant cer- en quoi cette expression, popularisée par un géographe
tains lieux privilégiés de celui-ci, comme les littoraux. spécialiste de la Chine, T. San Juan, illustre bien la réa-
Des exemples à différentes échelles sont donc les bien- lité sociospatiale chinoise avec un territoire marqué de
venus pour illustrer les différentes mutations. Le sujet fortes inégalités sociales, économiques ou d’intégration
permet aussi de mesurer en quoi ces mutations sont spé- à la mondialisation et qui se découpe donc en trois par-
cifiques au territoire chinois ou au contraire relèvent des ties distinctes. Il permet aussi de nuancer la pertinence
mutations, comme celles liées à la mondialisation, qui de cette expression et donc de ce découpage proposé,
transforment l’ensemble des territoires à l‘échelle mon- ainsi les inégalités villes-campagnes ne sont-elles pas
diale. Enfin, il faut également aborder les conséquences plus fortes aujourd’hui que l’opposition littoral/Inté-
de ces mutations sur le territoire chinois qui s’est vérita- rieur/Ouest ?
blement recomposé depuis les années 1980.
Pour répondre à la question, on peut suivre le plan suivant :
Pour répondre à la question, on peut suivre le plan suivant :
I. Le « Littoral », des régions riches, dynamiques et
I. Des mutations économiques et démographiques très intégrées à la mondialisation
fortes depuis les années 1980 transforment le territoire
1. Une zone densément peuplée et urbanisée
chinois
2. La Chine riche et développée
1. Une croissance économique accélérée 3. Un territoire intégré à l’Asie Pacifique et à la mon-
2. Une transition urbaine rapide dialisation
3. Une littoralisation très importante (concentration
d’activités économiques et d’hommes sur les littoraux) II. L’Intérieur et l’Ouest, des territoires vastes, moins
développés et dépendant du littoral
II. L’intégration à la mondialisation de la Chine
1. L’Intérieur, une périphérie intégrée et peuplée
1. Métropolisation et formation de villes mondiales 2. L’Ouest, des marges, peu denses, parfois à fort
2. Les interfaces de la mondialisation, des zones por- potentiel
tuaires exceptionnelles
III. L’atténuation des contrastes entre les trois Chine ?
III. Un territoire inégalement touché par ces mutations
1. L’accroissement des inégalités villes-campagnes
1. Les mutations diverses des espaces ruraux
oppose surtout zones urbaines et rurales
2. L’intérieur et l’Ouest face au littoral
2. Des politiques de rééquilibrage du territoire (pour
3. Des mutations impulsées par les politiques de
impulser ou renforcer le développement de l’Inté-
rééquilibrage
rieur et de l’Ouest)
Un schéma illustrant le découpage en trois Chine
serait tout à fait bienvenu pour appuyer la démons-
tration. Il faut bien utiliser les divers exemples étudiés
en classe (Mongolie intérieure, delta de la Rivière des
perles, Shanghai…) et la DP cartes 1.

155 THÈME 4 La Chine : des recompositions spatiales multiples


Transposer un texte en croquis p. 287

TITRE : L‛inégal développement et l‛inégale intégration


du territoire chinois à la mondialisation
HEILONGJIANG

JILIN
MONGOLIE- Shenyang
INTÉRIEURE
XINJIANG LIAONING
LIAONING
Beijing
PÉKIN
MONGOLIE-
INTÉRIEURE Tianjin
XINJIANG TIANJIN
HEBEI HEBEI SHANDONG
SHANXI SHANDONG
NINGXIA JIANGSU
QINGHAI Xi’an JIANGSU
QINGHAI GANSU SHAANXI
HENAN Nanjing Shanghai
SHANGHAI
TIBET Wuhan
ANHUI Suzhou
Chengdu HUBEI ZHEJIANG
ZHEJIANG
XIZANG HUBEI
gz
i Chongqing
(TIBET) SICHUANCHONGQING
Yan

HUNANJIANGXI FUJIAN
FUJIAN
GUIZHOU
GUANGDONG
Guangzhou
GUIZHOU GUANGXI Hong Kong
GUANGXI GUANGDONG
hong kong
YUNNAN
0 500 km

1. Une inégale mondialisation du territoire GUANGXI


HAINAN
lieux de la mondialisation région peu intégrée ou enclavée

régions en voie d‛intégration périphérie non intégrée

flux d‛IDE entrant

2. La métropolisation touche le littoral


trois grandes leur aire régionale l‛aire de Shanghai,
métropoles d‛influence qui s‛étend le long du Yangzi

3. De fortes inégalités de développement : les « trois Chine »


le littoral, très densément peuplé, produit plus de la moitié de la richesse nationale
et est ouvert aux investissements

l‛intérieur, densément peuplé, moins productif mais de plus en plus ouvert

l‛Ouest, plus de la moitié du territoire chinois mais peu densément peuplé


et peu créateur de richesse, encore à l‛écart de l‛ouverture

156 THÈME 4 La Chine : des recompositions spatiales multiples


pp. 288-289 Révisions

Connaître les principaux contrastes territoriaux chinois p. 288


1 et 2.

A. Les « trois Chine » B. Des territoires inégalement intégrés


à la mondialisation

0 500 km 0 500 km

Chine littorale lieux de la mondialisation


métropoles
régions en voie d‛intégration
Chine de l‛intérieur aire régionale
régions peu intégrées
ou enclavées d‛influence
Chine de l‛Ouest
périphérie non intégrée

3. Le fleuve est le Yangzi et les trois métropoles sont, du


nord au sud, Beijing, Shanghai et Hong Kong.

Rédiger un texte bilan du thème p. 288 Connaître le vocabulaire du thème p. 289


Pays émergent, la Chine a connu une croissance éco-
1–D 5–G
nomique très rapide. Le rôle de l’État dans son déve-
loppement a été primordial. Il a lancé une politique 2–F 6–H
d’ouverture en installant des ZES (Zones économiques
spéciales) d’abord sur ses littoraux. La littoralisation de 3–A 7–C
l’économie a alors entraîné de forts contrastes spatiaux
4–E 8–B
entre les « trois Chine » : Chine littorale, Chine de l’inté-
rieur et Chine de l’Ouest, mais aussi entre les villes et les
campagnes et à l’intérieur des villes.
La transition démographique a été très rapide et l’exode
rural a alimenté la croissance des agglomérations et par-
ticulièrement de celles qui possèdent plus de 10 millions
d’habitants, les mégapoles. De vastes régions urbaines
polycentriques se sont formées ainsi que des espaces
ruraux spécifiques, les desakota.
Pour tenter de rééquilibrer le territoire, l’État a lancé des
politiques de développement vers l’ouest.

157 THÈME 4 La Chine : des recompositions spatiales multiples


Construire un schéma récapitulatif p. 289

Pollution des sols, de l’eau et de l’air

CROISSANCE
ÉCONOMIQUE Premier émetteur mondial de GES
FORTE

Forte pression sur les ressources


dont stress hydrique
au Nord de la Chine
CROISSANCE
DÉMOGRAPHIQUE
FAIBLE Vieillissement
de la population

Inégalités entre
urbains et ruraux
TRANSITION
URBAINE
RAPIDE
Inégalités entre urbains

158 THÈME 4 La Chine : des recompositions spatiales multiples

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