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Logistique & Management

ISSN: 1250-7970 (Print) 2377-9640 (Online) Journal homepage: http://www.tandfonline.com/loi/tlam20

Définir le Supply Chain Management

John T. Mentzer, William Dewitt, James S. Keebler, Soohong Min, Nancy W.


Nix, Carlo D. Smith & Zach G. Zacharia

To cite this article: John T. Mentzer, William Dewitt, James S. Keebler, Soohong Min, Nancy W.
Nix, Carlo D. Smith & Zach G. Zacharia (2001) Définir le Supply Chain Management, Logistique
& Management, 9:2, 3-18, DOI: 10.1080/12507970.2001.11516750

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Logistique & Management

Définir le Supply Chain Management

John T. MENTZER,
Harry J. et Vivienne R. Bruce Excellence Chair of Business – University of Tennessee
William DEWITT,
Professeur de Logistique, Transport et Supply Chain Management – University of Maryland
James S. KEEBLER,
Professeur assistant de Marketing – St. Cloud State University
Soohong MIN,
Professeur assistant de Logistique et Marketing – Georgia Southern University
Nancy W. NIX,
Directeur du “Center for Value Chain Management” – Texas Christian University
Carlo D. SMITH,
Professeur Associé de Marketing – University of San Diego
Zach G. ZACHARIA,
Professeur Assistant, département Marketing – Texas Christian University

Une construction managériale ne peut pas être utilisée efficacement par les ges-
tionnaires et les chercheurs si tous ne sont pas d’accord sur sa définition. C’est le cas
du terme “Supply Chain Management” (Management de la chaîne logistique) - il
existe tellement de définitions différentes qu’il y a peu de consensus sur ce qu’il si-
gnifie. L’objet de cet article est de faire le point sur la recherche afin de comprendre
le concept de SCM. Plusieurs définitions de SCM et de Supply Chain (chaîne logis-
tique) sont passés en revue, classées et synthétisées. Des définitions des construc-
tions qui sous-tendent le SCM et un cadre sont proposés afin de conceptualiser le
SCM. Après avoir identifié les conditions et les conséquences du SCM, ainsi que les
limites en terme de fonctions et d’organisation, les auteurs proposent un modèle
conceptuel et une définition unifiée du SCM.

« Le management est à la veille d’une avancée Selon lui, du fait de l’extrême imbrication des
majeure dans la compréhension du rôle que entreprises, la dynamique des systèmes peut
jouent dans la réussite de l’entreprise les inte- influer sur la performance de fonctions
ractions entre les flux d’informations, de comme la recherche, l’ingénierie, les ventes et
matières, de main-d’œuvre et de biens d’équi-
la promotion. Pour illustrer ce phénomène, il
pement. Comprendre la manière dont ces cinq
types de flux s’imbriquent, créent des synergies utilisait une simulation informatique du flux
mutuelles et induisent des changements et des d’information au sein du processus de com-
fluctuations permettra d’anticiper les effets des mande afin de démontrer son influence sur la
décisions, des politiques, des formes d’organi- performance en termes de production et de
sation et des choix d’investissement. » distribution pour chaque membre de la chaîne
(Forrester 1958, p. 37). Cet article est paru initialement
logistique et sur l’ensemble du système logis- dans la revue Journal of
tique. Les reproductions récentes de ce phéno- Business Logistics, vol 22
Forrester a introduit une théorie de la gestion number 2, 2001. Le Council of
de la distribution qui tenait compte de l’inté- mène comprennent notamment la simulation Logistics Management nous a
gration des relations organisationnelles. « Beer Game » et la recherche sur le « Bull- donné l’autorisation de traduire.

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whip Effect » (Lee, Padmanabhan et Whang, comme une condition sine qua non pour être
1997). sur le marché. Les clients exigent d’avoir les
produits toujours plus vite, au moment précis
Analysant la forme que pourrait prendre où ils en ont besoin et en parfait état. Chacun
l’avenir, Forrester (1958, p. 52) avançait de ces éléments nécessite une coordination
qu’après une période de recherche et de déve- plus étroite avec les fournisseurs et les distri-
loppement à l’aide de techniques d’analyse buteurs. Cette orientation internationale et
simple, on assisterait à « une reconnaissance l’accroissement de la concurrence par la per-
générale de l’avantage acquis par les précur- formance, s’ajoutant à l’évolution rapide de la
seurs qui auront réussi à comprendre avant les technologie et des conditions économiques,
autres les interactions entre les fonctions introduisent une part d’incertitude dans les
d’une part, entre l’entreprise et ses marchés, marchés. Cette incertitude appelle une plus
son secteur d’activité et l’économie nationale, grande flexibilité de la part des entreprises et
d’autre part. » Bien que cet article date de plus des chaînes logistiques et, par conséquent
de quarante ans, Forrester semble avoir identi- dans les relations au sein des systèmes logisti-
fié des problèmes de gestion fondamentaux et ques.
illustré la dynamique des facteurs associés au
phénomène que la littérature contemporaine
appelle Supply Chain Management (SCM) ou En dépit de la popularité du terme SCM dans
management de la chaîne logistique. le monde académique et chez les profession-
Le terme SCM est apparu pour la première nels, sa signification reste très confuse. Cer-
fois il y a une dizaine d’années (Cooper et al, tains auteurs définissent le management de la
1997). En 1995 par exemple, à la conférence chaîne logistique en termes opérationnels
annuelle du Council of Logistics Manage- pour décrire le flux des matières et des pro-
ment, 13,5 % des titres des exposés conte- duits, d’autres y voient une philosophie de
naient les mots « chaîne logistique ». À la management et d’autres encore un processus
conférence de 1997, deux années plus tard à de gestion (Tyndall et al. 1998). Les auteurs
peine, la proportion était passée à 22,4 %. Le l’ont même conceptualisé de manières diffé-
terme est par ailleurs fréquemment utilisé rentes dans le même article : comme une
pour décrire des responsabilités de direction forme de système entre l’intégration verticale
dans les entreprises (La Londe 1997). Le et des identités séparées d’une part, et comme
SCM est devenu un sujet tellement à la mode une philosophie de management de l’autre
qu’il est difficile de prendre une revue spécia- (Cooper et Ellram, 1993).
lisée dans la production, la distribution, le
marketing, la gestion des clients ou le trans-
port sans y trouver un article consacré à cette Cette ambiguïté amène à penser que le phéno-
question ou à des thèmes connexes (Ross, mène mérite d’être examiné de plus près afin
1998). de définir clairement le terme et le concept,
d’identifier les facteurs qui contribuent à son
La popularité du concept a de nombreuses rai- efficacité et de montrer l’impact d’une
sons. Des déterminants spécifiques qui peu- démarche de SCM sur la stratégie et la perfor-
vent être associés aux tendances de la mance de l’entreprise. Cet article se propose
mondialisation des approvisionnements, de faire le point sur la recherche en cours afin
l’importance de la concurrence par les délais d’essayer de comprendre le concept. Diffé-
et la qualité et leurs contributions respectives à rentes définitions des termes « supply chain
l’incertitude croissante de l’environnement. management » et « chaîne logistique » seront
Les sources d’approvisionnement des entre- examinées puis classées et résumées. On pro-
prises sont de plus en plus internationales. posera ensuite diverses configurations et un
Elles ont donc été conduites à améliorer l’effi- cadre de travail afin d’établir un chemin cohé-
cacité de la coordination des flux d’entrée et rent pour conceptualiser le phénomène. Ses
de sortie de matières. Un élément clé de cette conditions et ses conséquences seront identi-
coordination est le resserrement des relations fiés et ses limites en termes de fonctions et
avec les fournisseurs. Par ailleurs, les entre- d’entreprises seront délimitées. Enfin, nous
prises en particulier et les chaînes logistiques présenterons un modèle conceptuel et une
en général rivalisent aujourd’hui davantage définition indiquant la nature, les conditions
par les délais et la qualité. Amener au client un et les conséquences du management de la
produit sans défaut, plus rapidement et effica- chaîne logistique. Le modèle est accompagné
cement que la concurrence n’est plus consi- d’une série de retombées managériales et
déré comme un avantage concurrentiel mais académiques.

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Qu’est-ce que Supply Chain et composants) et en aval (distribution), et du


Management ? client final.

Il a été observé que les discussions sur le Compte tenu de ces définitions, nous avons
management de la chaîne logistique utilisent défini, pour les besoins de cet article, la
souvent une terminologie compliquée qui chaîne logistique comme un groupe d’au
rend le concept difficile à comprendre et nuit à moins trois entités (entreprises ou personnes
l’efficacité de sa mise en pratique (Ross physiques) directement impliquées dans les
1998). Les paragraphes qui suivent vont donc flux amont et aval de produits, services, finan-
passer en revue, puis classer et résumer quel- ces et/ou information, qui vont d’une source
ques-unes des définitions des termes « supply jusqu’à un client.
chain » et « supply chain management » les À l’intérieur de cette définition, on peut iden-
plus couramment utilisées par le monde aca- tifier trois niveaux de complexité pour une
démique et les professionnels. Le but est de chaîne logistique, selon qu’elle est « directe »,
parvenir à une définition unique et exhaustive « élargie » ou « globale ». Le premier niveau
sur laquelle les dirigeants d’entreprise et les est composé d’une entreprise, d’un fournis-
futurs chercheurs peuvent s’appuyer. seur et d’un client intervenant dans les flux
Définir la chaîne logistique amont et/ou aval de produits, services, finan-
ces et/ou information (figure 1a). Le
Il semble qu’il existe un certain consensus deuxième comprend les fournisseurs du four-
entre les auteurs sur la définition de “chaîne nisseur immédiat et les clients du client immé-
logistique”, ce qui n’est pas le cas pour diat, tous impliqués dans les flux amont et/ou
« management de la chaîne logistique » (Coo- aval de produits, services, finances et/ou
per et Ellram 1993 ; La Londe et Masters information (figure 1.b). Le troisième englobe
1994. Lambert, Stock et Ellram 1998). Selon tous les acteurs impliqués dans l’ensemble
La Londe et Masters, une chaîne logistique est des flux amont et aval de produits, services,
un ensemble d’entreprises qui se transmettent finances et/ou information, du dernier four-
des matières. En règle générale, plusieurs nisseur au dernier client.
acteurs indépendants participent à la fabrica-
tion d’un produit et à son acheminement La figure 1c illustre le degré de complexité
jusqu’à l’utilisateur final – producteurs de que peuvent atteindre les chaînes logistiques
matières premières et de composants, assem- globales. Dans cet exemple, un prestataire de
bleurs, grossistes, distributeurs et transpor- services financier peut assurer le financement,
teurs sont tous membres de la chaîne prendre une part des risques et dispenser des
logistique (La Londe et Masters 1994). De conseils financiers ; un prestataire de services
même, Lambert, Stock et Ellram définissent logistiques (PSL) conduit les activités logisti-
une chaîne logistique comme
un alignement d’entreprises Figure 1 - Types de chaînes logistiques
qui amènent des produits ou
des services jusqu’au client.
Dans ces deux concepts, le
consommateur final est consi-
déré comme partie intégrante
de la chaîne.

Une autre définition consi-


dère la chaîne logistique
comme le réseau d’entrepri-
ses qui participent, en amont
et en aval, aux différents pro-
cessus et activités qui créent
de la valeur sous forme de
produits et de services appor-
tés au consommateur final
(Christopher 1992). En
d’autres termes, une chaîne
logistique est composée de
plusieurs entreprises, en
amont (fourniture de matières

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ques entre les deux premiers acteurs ; et une gers et beaucoup d’autres produits. Cette mul-
société d’études de marché fournit des infor- tiplicité explique que de nombreuses chaînes
mations sur le consommateur final à une logistiques se présentent comme des réseaux.
entreprise située très en amont dans la chaîne Pour AT&T, par exemple, Motorola peut être
logistique. Très schématiquement, on voit un client dans une chaîne logistique, un parte-
ainsi certaines des nombreuses fonctions que naire dans une autre, un fournisseur dans une
les chaînes logistiques complexes peuvent troisième et un concurrent dans une qua-
assurer et assurent. trième.
Nous reviendrons plus longuement sur ce On notera aussi que dans notre définition de la
point plus loin dans cet article mais il est chaîne logistique, le client final est considéré
important de comprendre que ces définitions comme un acteur à part entière. Ce point est
partent implicitement du principe qu’il y a important car il reconnaît que des distribu-
toujours une chaîne logistique, qu’elle soit ou teurs comme Wal-Mart peuvent faire partie
non gérée. Si aucun des acteurs de la figure 1 des flux en amont et en aval qui constituent
n’applique activement les concepts étudiés une chaîne logistique.
dans cet article pour gérer la chaîne logistique,
celle-ci n’en existe pas moins. Ainsi, nous fai- Définir le SCM
sons une distinction très claire entre les chaî-
nes logistiques en tant que phénomène Bien que les définitions du Supply Chain
Management varient selon les auteurs (voir un
inhérent à l’entreprise et le management de
exemple dans le tableau 1), elles peuvent être
ces chaînes. Les premières sont simplement
classées dans trois grandes catégories : une
quelque chose qui existe (et que l’on appelle
philosophie de management, la mise en œuvre
aussi souvent canaux de distribution), tandis
d’une philosophie de management et un
que le second nécessite un effort de gestion
ensemble de processus de management. Les
délibéré des membres de la chaîne.
différentes définitions et les catégories
Les configurations de chaînes logistiques qu’elles représentent amènent à penser que le
étant innombrables, il est important de noter terme « Supply Chain Management » est une
qu’une entreprise peut faire partie de plusieurs source de confusion pour ceux qui étudient le
chaînes. Wal-Mart, par exemple, peut être phénomène mais également pour ceux qui
membre d’une chaîne logistique pour des tentent de mettre en place une démarche de
bonbons, des vêtements, des appareils ména- SCM. La recherche comme la mise en appli-

Tableau 1 - Définitions du SCM

Monczka, Trent et Handfield (1998) Le SCM nécessite généralement l’intervention de plusieurs fonctions pilotées par un responsable
chargé de coordonner l’ensemble du processus d’approvisionnement en matières ; il nécessite
également des relations mutuelles avec des fournisseurs à plusieurs niveaux. Le SCM est un concept
« dont l’objectif principal est d’intégrer et de gérer les achats, le flux et le contrôle des matières dans
l’ensemble des systèmes, au travers de multiples fonctions et niveaux de fournisseurs. »
La Londe et Masters (1994) Une chaîne logistique stratégique comprend « ... au moins deux entreprises d’une chaîne logistique
qui passent un contrat à long terme ; .... le développement de la confiance et de l’engagement dans
la relation ; ... l’intégration des activités logistiques avec partage des données relatives à la demande
et aux ventes ; ... la possibilité d’une évolution dans la localisation du contrôle du processus
logistique. »
Stevens (1989) « La gestion de la chaîne logistique a pour but de synchroniser les besoins du client et le flux des
matières provenant des fournisseurs afin de parvenir à un équilibre entre des objectifs – service de
haut niveau, stocks minimum et réduction des coûts unitaires – souvent considérés comme
contradictoires. »
Houlihan (1988) Différences entre le Supply Chain Management et la gestion classique des achats et de la
production : « 1) La chaîne logistique est considérée comme un processus unique. La responsabilité
de ses différents maillons n’est pas fragmentée et déléguée à plusieurs fonctions : production, achats,
distribution et ventes. 2) Le SCM nécessite et, in fine, s’appuie sur des décisions stratégiques.
« Fournir » est un objectif commun à la quasi-totalité des maillons de la chaîne et a une importance
stratégique particulière en raison de son impact sur l’ensemble des coûts et la part de marché. 3) Le
SCM appelle une conception différente des stocks qui servent de balancier direct et non plus
indirect. 4) Une nouvelle approche des systèmes s’impose, qui tend vers l’intégration de préférence
à la création d’interfaces. »
Jones et Riley (1985) « Le management de la chaîne logistique concerne l’ensemble des flux de matières, depuis les
fournisseurs jusqu’aux utilisateurs finaux ... »
Cooper et al (1997) Le management de la chaîne logistique est « ... une philosophie qui tend vers une gestion intégrée de
l’ensemble des flux d’un canal de distribution, du fournisseur à l’utilisateur final. »

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cation seraient facilitées par l’adoption d’une stratégiques endogènes et exogènes en vue
définition unique. de créer un tout unifié.
Le SCM comme philosophie de management 3. Une focalisation sur le client pour créer à
son intention des sources de valeur uni-
En tant que philosophie, le SCM adopte une ques et individualisées répondant à ses at-
approche systémique qui considère la chaîne tentes.
logistique comme une entité unique et non
comme une mosaïque d’éléments fragmentés Le SCM, comme un ensemble d’activités pour
ayant chacun une fonction spécifique (Ellram mettre en œuvre une philosophie de manage-
et Cooper 1990 ; Houlihan 1988 ; Tyndall et al ment
1998). En d’autres termes, cette philosophie Lorsqu’elles adoptent une philosophie de
du management de la chaîne logistique étend management de la chaîne logistique, les entre-
le concept de partenariat pour en faire un prises doivent mettre en place des pratiques
effort commun de gestion des flux de matières conformes à l’esprit de cette philosophie.
depuis le fournisseur jusqu’au client final C’est pourquoi de nombreux auteurs se sont
(Ellram 1990 ; Jones et Riley 1985). Son prin- penchés sur les activités qui participent du
cipe fondateur est que chaque acteur de la management de la chaîne logistique. Ces étu-
chaîne à une influence directe et indirecte sur des ont identifié les diverses activités dont
la performance individuelle des autres et, in dépend le succès de la mise en œuvre d’une
fine, sur la performance globale de la chaîne philosophie SCM (voir tableau 2).
(Cooper et al 1997).
Tableau 2 - Les activités du SCM
Cette conception du Supply Chain Manage-
ment tend vers la synchronisation et la conver- 1. Intégration des comportements.
gence des capacités opérationnelles et 2. Partage mutuel des informations.
stratégiques endogènes et exogènes en vue de
Partage mutuel des risques et des
créer une force unifiée et puissante sur le mar- 3.
récompenses.
ché (Ross 1998). En tant que philosophie
4. Coopération.
d’intégration, le SCM conduit les membres de
Même objectif et même volonté de
la chaîne logistique à se focaliser sur le déve- 5.
servir le client.
loppement de solutions novatrices pour créer
6. Intégration des processus.
des sources de valeur uniques et personnali-
sées au profit du client. Selon Langley et Hol- Recherche de partenaires pour établir
7.
comb (1992), le SCM devrait avoir pour des relations durables.
objectif la synchronisation de toutes les acti- Selon Bowersox et Closs (1996), pour être
vités de la chaîne logistique afin de créer une véritablement performantes dans l’environne-
valeur ajoutée pour le client. Ce qui suppose ment concurrentiel moderne, les entreprises
que le SCM ne s’arrête pas aux seules activités
doivent étendre l’intégration des comporte-
logistiques mais englobe toutes les autres
ments aux clients et aux fournisseurs. Cet
fonctions d’une entreprises et de la chaîne
élargissement, au travers de l’intégration
pour créer de la valeur au bénéfice du client et
d’acteurs extérieurs, est ce qui définit le mana-
répondre à ses besoins. Dans ce contexte, il est
gement de la chaîne logistique pour ces
essentiel d’identifier les valeurs et les attentes
auteurs. Dans ce contexte, la philosophie de
des clients (Ellram et Cooper 1990 ; Tyndall et
SCM devient la mise en œuvre des activités
al. 1998). En d’autres termes, la philosophie
qui l’expriment et qui représentent un effort
de SCM amène les membres de la chaîne
coordonné de gestion entre les partenaires du
logistique à adopter une orientation client.
système – fournisseurs, transporteurs et fabri-
De la littérature consacrée à ce sujet, il ressort cants –en vue d’apporter une réponse dyna-
que le SCM, en tant que philosophie de mana- mique aux attentes du client final (Greene
gement, présente les caractéristiques suivan- 1991).
tes : Corollaire de l’intégration des comporte-
1. Une approche systémique de la gestion de ments, le partage mutuel des informations
la chaîne logistique et du flux des matières entre les membres de la chaîne logistique est
depuis le fournisseur jusqu’au client final. indispensable à la mise en œuvre d’une philo-
sophie de SCM, notamment pour la planifica-
2. Une orientation stratégique vers un effort tion et la surveillance des processus (Cooper
commun pour synchroniser et faire et al. 1997 ; Cooper, Lambert et Pagh 1997 ;
converger les capacités opérationnelles et Ellram et Cooper 1990 ; Novack, Langley et

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Rinehart 1995 ; Tyndall et al 1998). Cooper, 1998 ; Tyndall et al 1998). Planification et


Lambert et Pagh ont souligné l’importance de évaluation conjointes passent par des proces-
fréquentes mises à jour des bases de données sus mis en œuvre de manière continue sur plu-
parmi les membres de la chaîne logistique sieurs années (Cooper et al. 1997). Outre ces
pour l’efficacité de sa gestion. Le groupe de deux activités, la coopération est nécessaire
recherche logistique (Global Logistics pour réduire les stocks de la chaîne logistique
Research Team) de l’université du Michigan et dégager des économies de coût dans
(1995) définit le partage de l’information l’ensemble des maillons de la chaîne (Cooper
comme la volonté de mettre des données stra- et al. 1997 ; Dowst 1988). Les membres de la
tégiques et tactiques à la disposition d’autres chaîne doivent aussi collaborer dans le déve-
membres de la chaîne logistique. La transpa- loppement des nouveaux produits et la prise
rence des informations concernant les niveaux des décisions relatives au portefeuille (Droz-
de stocks, les prévisions, les stratégies de pro- dowski 1986). Enfin, la conception des systè-
motion des ventes et les stratégies marketing mes de contrôle de la qualité et de livraison
lève les incertitudes qui peuvent exister entre doit également être menée conjointement
les partenaires et améliore la performance (Treleven 1987).
(Andel 1997 ; Lewis et Talalayevsky 1997 ;
Lusch et Brown 1996 ; Salcedo et Grackin Selon La Londe et Masters, une chaîne logis-
2000). tique est performante si tous ses membres par-
tagent un même objectif et une même
L’efficacité du SCM passe aussi par un par- volonté de servir les clients. Définir un
tage mutuel des risques et des récompenses objectif commun et établir une même volonté
qui crée un avantage concurrentiel (Cooper et parmi les acteurs de la chaîne est une forme
al. 1997). Ce partage est important pour d’intégration politique. Lassar et Zinn (1995)
asseoir l’engagement et la coopération à long observent qu’une relation productive tend à
terme entre les membres de la chaîne logis- intégrer la politique de la chaîne logistique
tique (Cooper et al. 1997 ; Cooper, Lambert et afin d’éviter les doublons et les chevauche-
Pagh 1997 ; Ellram et Cooper 1990 ; Novack, ments, tout en cherchant un niveau de coopé-
Langley et Rinehart 1995 ; Tyndall et al. ration qui permette aux participants d’être
1998). plus performants pour un coût moindre.
L’intégration de la politique est possible si les
La coopération entre les partenaires est indis- cultures et les techniques de gestion des mem-
pensable pour optimiser le management de la bres de la chaîne logistique sont compatibles.
chaîne logistique (Ellram et Cooper 1990 ;
Tyndall et al. 1998). Par coopération, on La mise en œuvre du SCM passe par l’inté-
entend des activités similaires ou complémen- gration des processus de la chaîne logistique,
taires, menées de manière coordonnée par des depuis les achats jusqu’à la distribution en
entreprises dans le cadre de leur métier en vue passant par la fabrication (Cooper et al. 1997 ;
d’améliorer la performance ou d’obtenir Cooper, Lambert et Pagh 1997 ; Ellram et
progressivement des résultats spécifiques Cooper 1990 ; Novack, Langley et Rinehart
mutuellement désirés (Anderson et Narus 1995 ; Tyndall et al 1998). L’intégration peut
1990). La coopération n’est pas limitée à une être réalisée par des équipes interfonctionnel-
opération ponctuelle et se situe à plusieurs les, des personnels détachés des fournis-
niveaux hiérarchiques (dirigeants et responsa- seurs et des prestataires de services
bles opérationnels par exemple) ; elle suppose indépendants (Cooper et al. 1997 ; Cooper,
une coordination interfonctionnelle entre tous Lambert et Pagh 1997 ; Ellram et Cooper
les membres de la chaîne logistique (Cooper 1990 ; Manrodt, Holcomb et Thomson 1997 ;
et al. 1997). Novack, Langley et Rinehart 1995 ; Tyndall
et al 1998).
Une action conjointe dans le cadre de relations
étroites consiste à mener des activités ciblées Stevens (1989) a identifié quatre phases dans
en coopération ou de manière coordonnée le processus d’intégration de la chaîne logis-
(Heide et John 1990). La coopération com- tique et étudié les implications de chacune en
mence avec une planification en commun et se termes de planification et opérationnels :
termine avec des contrôles conjoints afin
d’évaluer la performance de chaque membres La première phase est l’ébauche. La chaîne
de la chaîne logistique et de la chaîne dans son logistique est constituée d’une mosaïque
ensemble (Cooper et al. 1997 ; Cooper, Lam- d’activités dans une même entreprise et se
bert et Pagh 1997 ; Ellram et Cooper 1990 ; caractérise par des stocks planifiés, des systè-
Novack, Langley et Rinehart 1995 ; Spekman mes et des procédures de contrôle indépen-

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Logistique & Management

dants et incompatibles, la ségrégation les entreprises dans le but d’élever le niveau


fonctionnelle. du service et de la valeur ajoutée apportée au
client par la gestion synchronisée des flux de
La deuxième marque le début d’une évolution produits et d’information depuis le fournis-
vers l’intégration interne, caractérisée par un seur jusqu’au consommateur. Ross définit le
effort de réduction des coûts plus que d’amé- processus logistique comme l’ensemble des
lioration de la performance, des stocks tam- fonctions opérationnelles, des institutions et
pons, l’évaluation initiale des arbitrages des activités qui caractérisent la manière dont
internes et un service client réactif. une chaîne logistique amène des biens et des
La troisième est celle de l’intégration interne services jusqu’au marché. En d’autres termes,
générale, avec une transparence totale depuis un processus est une séquence particulière
les achats jusqu’à la distribution, une planifi- d’activités qui se déroulent dans le temps et
cation à moyen terme, une orientation tactique l’espace, avec un début, une fin, des apports et
plus que stratégique, la priorité à l’efficacité, des résultats clairement identifiés et un cadre
l’utilisation de supports électroniques pour d’action (Cooper et al. 1997 ; Cooper, Lam-
les liaisons et une démarche client qui reste bert et Pagh 1997 ; Ellram et Cooper 1990 ;
réactive. Novack, Langley et Rinehart 1995 ; Tyndall et
al 1998). Pour Lambert, Stock et Ellram, les
La dernière est celle de l’intégration de processus clés sont généralement la gestion
l’ensemble de la chaîne logistique au-delà des des relations avec le client, la gestion du ser-
frontières de l’entreprise, pour englober les vice du client, la gestion de la demande, l’exé-
fournisseurs et les clients. cution des commandes, la gestion de la
Un SCM efficace repose sur une série de par- production, les achats, le développement et la
tenariat ; les partenaires doivent donc éta- commercialisation des produits.
blir et maintenir des relations à long terme
(Cooper et al. 1997 ; Ellram et Cooper 1990 ; Supply Chain Management contre
Tyndall et al 1998). Selon Cooper et al, l’hori-
zon de la relation s’étend au-delà de la vie du
Orientation Chaîne Logistique
contrat – peut-être à l’infini – et, dans le même Si ces différentes conceptions du SCM sont
temps, le nombre de partenaires doit être intéressantes, leur examen attentif montre que
limité pour favoriser une coopération plus la littérature, en fait, essaie de définir deux
intense. concepts par un même terme, en l’occur-
rence supply chain management. L’idée qui
Gentry et Vellenga (1996) affirment qu’il
consiste à situer la coordination d’une chaîne
n’est pas rare que l’ensemble des activités pri-
logistique dans une perspective systémique,
maires d’une chaîne – logistique amont et
dans laquelle chaque activité tactique des flux
aval, opérations, marketing, ventes et service
de distribution s’inscrit dans un contexte stra-
– soient confiées à un seul acteur afin de maxi-
tégique plus large (le SCM étant alors vu
miser la valeur apportée au client. Ainsi, la
comme une philosophie de management) est
formation d’alliances stratégiques avec des
traduite de manière plus précise par le terme
partenaires de la chaîne logistiques comme les
Supply Chain Orientation (SCO) ou orien-
fournisseurs, clients ou intermédiaires (par
exemple, services de transport et/ou d’entre- tation chaîne logistique. Supply chain mana-
posage) génère un avantage concurrentiel au gement désigne plus exactement la mise en
travers de la création de valeur au profit des pratique de cette orientation dans les différen-
clients (Langley et Holcomb 1992). tes entreprises membres de la chaîne logis-
tique.
Le SCM comme un ensemble de processus de
management Cette perspective nous amène à la définition
de l’un de ces concepts essentiels. L’orienta-
Alors que certains auteurs traitaient des acti- tion chaîne logistique est la reconnaissance
vités qui constituent le supply chain manage- par une entreprise des implications systémi-
ment, d’autres se penchaient sur les ques et stratégiques des activités tactiques
processus. Davenport (993) définit les proces- liées à la gestion des différents flux à l’inté-
sus comme un ensemble structuré et quantifié rieur d’une chaîne logistique. Ainsi, une
d’activités visant à produire un objet ou un entreprise possède une orientation chaîne
service spécifique pour un client ou un mar- logistique (SCO) si ses dirigeants perçoivent
ché déterminé. Selon La Londe, le SCM est le les retombées de la gestion des flux amont et
processus qui permet de gérer des flux rela- aval de produits, services, finances et infor-
tionnels, d’informations et de matières entre mation entre leurs fournisseurs et leurs

Vol. 9 – N°2, 2001 9


Logistique & Management

clients. Selon cette définition, une entreprise orientation, à l’exception du premier


n’a pas de SCO si elle perçoit les retombées fournisseur et du dernier client. Parce qu’ils
systémiques et stratégiques de manière sont focalisés exclusivement sur son client pour
purement unilatérale. Ainsi, dans la figure l’un et sur son fournisseur pour l’autre, ils ne
1a, l’entreprise au centre de la chaîne logis- regardent ni vers l’amont ni vers l’aval.
tique directe a peut-être une SCO mais les
deux autres ne la possède pas (le fournisseur En d’autres termes, une SCO est une philo-
est uniquement tourné vers l’aval – une sophie de management et le SCM est la somme
orientation « canaux » traditionnelle – et le de toutes les actions menées pour réaliser cette
client uniquement vers l’amont – une orien- philosophie. Ce distinguo nous permet de
tation « achats » historique). mieux comprendre le supply chain management
et nous rapproche d’une définition plus précise.
Ce n’est pas pour autant que l’entreprise qui Mais avant d’aller plus loin, nous devons aussi
a l’orientation chaîne logistique peut la con- examiner les conditions, les conséquences et le
crétiser ; pour que ce soit possible, cette champ d’action du SCM.
orientation doit exister chez plusieurs
Conditions de la SCO et du SCM
membres de la chaîne logistique. Une entre-
prise qui la possède peut mettre en œuvre Les conditions du SCM sont les facteurs qui favo-
des démarches logistiques individuelles et risent ou entravent la mise en œuvre d’une philo-
fragmentées (livraison juste-à-temps, sophie SCO. Selon Morgan et Hunt (1994), la
échange de données électroniques avec les coopération est un prolongement logique et direct
fournisseurs et les clients, etc.), mais ce des relations, de la confiance et de l’engagement.
n’est pas du SCM, si elles ne sont pas coor- Moorman, Deshpande et Zaltman (1993) définis-
données (orientation stratégique) dans sent la confiance comme une disposition à
l’ensemble de la chaîne logistique (orienta- s’appuyer sur un partenaire perçu comme sûr. Si
tion systémique). la confiance et l’engagement sont deux facteurs
essentiels pour une coopération productive, la
La mise en œuvre d’une SCO demande que
confiance est le déterminant majeur d’une relation
plusieurs entreprises de la chaîne logistique
(Achrol 1991). La confiance a donc un rapport
utilisent les processus dont on vient de par-
direct et indirect avec la coopération. Dwyer,
ler pour conduire les activités énumérées
Schurr et Oh (1987) soulignent le rôle de la
dans le tableau 2. Le supply chain manage-
confiance dans la solution des difficultés et des
ment est la manifestation concrète d’une
conflits entre les entreprises. On peut donc en
orientation chaîne logistique chez les four-
déduire que la confiance a également une inci-
nisseurs et les clients. Les entreprises qui
dence sur le partage des risques et des récompen-
mettent en œuvre le SCM doivent avoir ses.
d’abord une orientation chaîne logis-
tique. Dans la chaîne élargie de la figure 1b, Pour Dwyer, Schurr et Oh, l’engagement est « un
tous les acteurs concernés ont une telle gage tacite ou express de continuité relationnelle

Figure 2 - Conditions et conséquences

10 Vol. 9 – N°2, 2001


Logistique & Management

entre les partenaires. » L’engagement est un et justifiée). Cooper, Lambert et Pagh affirment
ingrédient essentiel de la qualité des relations à aussi que l’importance de la culture d’entreprise
long terme qui sont l’une des composantes du et sa compatibilité entre les membres de la
SCM (Gundlach, Achrol et Mentzer 1995). chaîne logistique ne peut pas être sous-estimée.
Lambert, Stock et Ellram que la mise en œuvre Si l’on s’en réfère à la définition que nous avons
du SCM nécessite aussi d’engager les ressour- donnée de la SCO, la compatibilité organisa-
ces nécessaires et de décentraliser les responsa- tionnelle au sein d’une chaîne logistique
bilités pour atteindre les objectifs visés. implique que les entreprises doivent toutes avoir
cette orientation pour parvenir au management
Lorsqu’on réunit leurs effets respectifs, affir- de la chaîne logistique.
ment Morgan et Hunt, « l’engagement et la
confiance sont des éléments « clés » parce qu’ils Selon Lambert, Stock et Ellram, il doit y avoir
encouragent les entreprises à (1) à préserver leur accord sur une vision du SCM et les processus
investissement relationnel en coopérant avec les clés. Pour Ross, il est essentiel de définir et de
partenaires de la chaîne, (2) résister à la tentation communiquer une vision de SCM compétitive,
des alternatives à court terme en faveur des partagée non seulement par les entreprises indi-
bénéfices à long terme d’une relation durable viduelles mais par l’ensemble de la chaîne logis-
avec les partenaires existants, et (3) ne pas recu- tique (une SCO telle que nous la définissons),
ler devant des actions potentiellement risquées avant de se lancer dans un projet de SCM. La
parce qu’elles ne craignent pas d’opportunisme vision précède donc le SCM. L’exercice de défi-
de la part de leurs partenaires. » À ce titre, la nition donne aux entreprises la possibilité de
confiance et l’engagement favorisent directe- dégager des objectifs et des stratégies qui guide-
ment des comportements coopératifs dans la ront l’identification et la réalisation des opportu-
mise en œuvre d’une SCO dans plusieurs entre- nités du marché (Ross 1998). Nous reviendrons
prises pour parvenir au SCM. plus en détail sur les processus clés dans la partie
consacrée au champ fonctionnel du SCM.
La dépendance mutuelle d’une entreprise à
l’égard d’un partenaire (interdépendance) tient En termes de pouvoir et de structure du leader-
à la nécessité pour la première de maintenir une ship, une entreprise de la chaîne logistique doit
relation avec le second en vue d’atteindre ses assumer le rôle de leader (Lambert, Stock et
objectifs (Frazier 1983). La dépendance Ellram 1998). Bowersox et Closs (1996) esti-
reconnue est une force majeure dans le dévelop- ment que les chaînes logistiques ont tout autant
pement de la solidarité au sein de la chaîne besoin d’un leader que les entreprises qui la
logistique (Bowersox et Closs 1996). Cette composent. Ellram et Cooper voient ce leader
dépendance favorise également la négociation comme un animateur tel que le décrivent les
des transferts fonctionnels, le partage des infor- ouvrages de marketing (par exemple, Stern et
mations essentielles et la participation à la plani- El-Ansary 1998), qui joue un rôle pivot dans la
fication collective des opérations (Bowersox et coordination et le pilotage de la chaîne logis-
Closs 1996). Selon Ganesan (1994) enfin, la tique. Pour Bowersox et Closs, une entreprise
dépendance d’une entreprise à l’égard d’une assume souvent le rôle de leader de la chaîne en
autre a une incidence positive sur son orienta- raison de sa taille, de sa puissance économique,
tion relationnelle à long terme. du poids de sa clientèle, de l’étendue de ses acti-
vités ou parce qu’elle est l’initiatrice des rela-
La philosophie ou la culture d’entreprise et les tions entre les membres de la chaînes.
techniques de gestion de chaque acteur d’une
Les études confirment que la réussite du supply
chaîne logistique doivent être compatibles pour
chain management est directement liée à la pré-
que le supply chain management soit efficace
sence d’un leadership constructif, capable de
(Cooper et al. 1997 ; Cooper, Lambert et Pagh
stimuler les comportements coopératifs entre
1997 ; Ellram et Cooper 1990 ; Lambert, Stock
les partenaires (Schmitz, Franker et Frayer
et Ellram 1998 ; Novack, Langley et Rinehart
1994). Toutefois, la coopération sous la con-
1995 ; Tyndall et al 1998). La compatibilité
trainte d’un leader fort peut provoquer une réac-
organisationnelle se définit comme une com- tion de fuite si l’occasion s’en présente (Cooper
plémentarité des attentes et des objectifs ainsi et al. 1997 ; Cooper, Lambert et Pagh 1997 ;
qu’une similitude dans les philosophies opéra- Ellram et Cooper 1990 ; Novack, Langley et
tionnelles et les cultures d’entreprises (Bucklin Rinehart 1995 ; Tyndall et al 1998).
et Sengupta 1993). Bucklin et Sengupta ont
démontré que la compatibilité organisationnelle Plusieurs auteurs, enfin, montrent que le soutien
entre les entreprise au sein d’une alliance a un de l’équipe dirigeante joue un rôle critique
impact positif fort sur l’efficacité de la relation dans la définition des valeurs, de l’orientation et
(i.e. la perception que la relation est productive de la philosophie d’une entreprise (Felton 1959 ;

Vol. 9 – N°2, 2001 11


Logistique & Management

Hambrick et Mason 1984 ; Kotter 1990 ; Tosti et Logistics Research Team à l’université du
Jackson 1990 ; Webster 1988). Day et Lord Michigan 1995 ; Monczka, Trent et Handfield
(1988) ont observé que les cadres dirigeants ont 1998). Porter (1985) définit deux sources
un impact notable sur la performance organisa- d’avantage concurrentiel : le leadership et la dif-
tionnelle. Lambert, Stock et Ellram disent que férentiation. Selon Giunipero et Brand (1996), il
le soutien, le leadership et l’engagement en est possible d’accroître l’avantage concurrentiel
faveur du changement de l’équipe dirigeante et la rentabilité d’une entreprise par le SCM en
sont des conditions importantes à la mise en élevant le niveau général de satisfaction des
œuvre du SCM. Dans le même contexte, clients. La Londe (1997) a, pour sa part, avancé
Loforte (1991) affirme que l’absence de soutien que le SCM a pour but d’améliorer le service du
des dirigeants est un obstacle au SCM. Dans la client et la valeur économique par une gestion
figure 2, la reconnaissance par une entreprise de synchronisée des flux de matières et d’informa-
l’importance de ces éléments est indiquée tion, depuis la source jusqu’à la consommation.
comme une des conditions du SCM. Lorsque Selon Porter, l’avantage concurrentiel est, fon-
des partenaires contigus d’une chaîne logistique damentalement, la résultante de la valeur que
adopte chacun une SCO, ils peuvent s’engager l’entreprise crée pour le client et il a pour but
dans le processus de mise en œuvre du SCM. En d’établir une position profitable et durable
d’autres termes, la SCO est une volonté d’une contre les forces qui déterminent la concur-
entreprise à traiter les éléments cités dans la rence. Ainsi, la mise en œuvre du SCM, en amé-
figure 2 dans une perspective stratégique, systé- liorant la création de valeur et la satisfaction du
mique. La management de la chaîne logistique client, contribue à renforcer l’avantage concur-
n’est possible que lorsque plusieurs entreprises rentiel de la chaîne et de chacun de ses membres
contiguës de la chaîne logistique ont cette orien- et, in fine, la rentabilité de l’une et des autres.
tation et s’engagent dans la réalisation de la phi-
losophie de SCO. Plusieurs chercheurs proposent des objectifs
spécifiques en vue d’accroître la rentabilité,
Une analogie peut aider à mieux comprendre. l’avantage concurrentiel et la capacité de créer
Une chaîne logistique est comme une rivière, de la valeur/satisfaire le client tant pour la chaîne
dans laquelle circulent non pas de l’eau mais des logistique que pour les entreprises qui y partici-
produits et des services. Même si personne ne pent. Par exemple, un objectif clé du SCM est de
perçoit les retombées systémiques, stratégiques, réduire le coût du niveau de service requis par
de la gestion du bassin de rivière, la rivière les clients d’un secteur (Houlihan 1988 ; Jones
existe. De la même manière, même si une entre- et Riley 1985 ; Stevens 1989). Un autre est de
prise ne perçoit pas les retombées systémiques, mieux servir le client en augmentant la disponi-
stratégiques, de la chaîne logistique dont elle fait bilité des produits et en réduisant la durée du
partie, celle-ci existe. Lorsqu’une région tra- cycle de commande (Cooper et Ellram 1993).
versée par la rivière reconnaît la nécessité pour Le service du client est également amélioré par
les régions situées en amont dans le bassin de des systèmes logistiques capables de dévelop-
rivière de conserver et préserver la source d’eau per des solutions innovantes et de synchroniser
et la nécessité de faire de même pour les régions les flux de produits, de services et d’information
en aval, elle a adopté une orientation systémique de manière à créer des sources uniques et per-
stratégique – l’équivalent en l’occurrence d’une sonnalisées de création de valeur pour les clients
orientation chaîne logistique. Toutefois, sans la (Ross 1998). Enfin, des coûts faibles et un ser-
coopération des régions situées en amont et en vice différentié contribuent à construire un
aval, cette région n’a guère les moyens de mettre avantage concurrentiel pour la chaîne logistique
en œuvre cette orientation. C’est après seule- (Cavinato 1992 ; Cooper et al. 1997 ; Cooper et
ment qu’un certain nombre de régions contiguës Ellram 1993 ; Cooper, Lambert et Pagh 1997 ;
adoptent une orientation similaire et gèrent acti- Ellram et Cooper 1990 ; Lee et Billington 1992 ;
vement les ressources de la rivière que l’on peut Novack, Langley et Rinehart 1995 ; Tyndall et
dire que le bassin est géré. Tout comme il n’y a al 1998). À ce titre, le SCM vise à améliorer à la
de véritable management de la chaîne logistique fois la rentabilité (réduction des coûts) et la per-
que lorsque plusieurs entreprises qui ont des formance (service du client) dans un contexte
liens directs au sein de la chaîne ont une SCO et stratégique (i.e. créer de la valeur pour le client
la gèrent activement en fonction de cette orienta- et satisfaire à ses attentes par une gestion
tion. intégrée de la chaîne logistique) afin d’obtenir
un avantage concurrentiel qui garantisse, in fine,
Conséquences du SCM la rentabilité.
Améliorer la compétitivité est la raison d’être de Si l’on fait une distinction entre la fonction opé-
la création d’une chaîne logistique (Global rationnelle du service du client et sa résultante

12 Vol. 9 – N°2, 2001


Logistique & Management

sous la forme d’objectifs de création de valeur et nifie, met en œuvre et contrôle le flux et le stoc-
de satisfaction du client, on est amené à conclure kage efficaces des biens, des services et des
que le SCM a pour conséquence de réduire les informations les concernant, depuis le point
coûts, d’accroître la création de valeur et d’amé- d’origine jusqu’au point de consommation dans
liorer la satisfaction du client et donc d’obtenir le but de répondre aux « attentes » des clients ».
un avantage concurrentiel. Une conclusion sou- Cet organisme a donc également fait une dis-
tenue par des rapports de sources spécialisées tinction entre logistique et management de la
(Performance Measurement Group 2001). chaîne logistique et reconnu que la logistique est
l’une des fonctions qui participe du supply chain
management.
Champ d’application du SCM
Ross explique que le rôle de la logistique va du
Le SCM a un champ d’application fonctionnel stockage et du transport à l’intégration des acti-
et organisationnel. Le premier détermine les vités de l’ensemble de la chaîne logistique, alors
fonctions qui participent à la mise en œuvre et que le SCM associe le marketing et la produc-
au processus de supply chain management et tion aux fonctions de distribution pour apporter
celles qui en sont exclues. Le second définit le à l’entreprise de nouvelles sources d’avantage
type des relations qui doivent unir les entreprises concurrentiel (Ross 1998). La logistique met
participantes. davantage l’accent sur l’efficacité des mouve-
Champ fonctionnel du SCM ments et du stockage pour répondre aux attentes
du client. La création de valeur et la satisfaction
Un processus étant la combinaison d’un du client qui contribuent à améliorer la compéti-
ensemble particulier de fonctions en vue tivité et la profitabilité d’une chaîne logistique,
d’obtenir un résultat spécifique, toutes les toutefois, exigent plus que la simple logistique
fonctions classiques de l’entreprise devraient (Giunipero et Brand 1996).
être associées au processus de SCM. Le
concept de chaîne logistique est né dans la lit- Par conséquent, selon Cooper, Lambert et Pagh
térature consacrée à ce sujet et la logistique (1997), le SCM est plus complet que la logis-
conserve un impact significatif sur le concept tique, car il englobe la gestion de multiples pro-
de SCM (Bowersox, Carter et Monczka 1985 ; cessus opérationnels, y compris logistiques. Les
Dwyer, Schurr et Oh 1987 ; Jones et Riley études de marché, la promotion, les ventes, la
1985 ; Monczka, Trent et Hanfield 1998). collecte d’informations, la recherche et le déve-
Dans ce contexte, Tyndall et al. (1998) disent loppement, la conception de produits, le déve-
que la « logistique SCM » est l’art de gérer les loppement de nouveaux produits et l’analyse du
flux de matières et de produits depuis la source rôle des systèmes dans la création de valeur
jusqu’à l’utilisateur. Le SCM – ou le système devraient également être inclus (Bechtel et Jaya-
logistique – comprend l’ensemble des flux de ram 1997 ; Bowersox 1997 ; Ellram et Cooper
matières, depuis l’achat des matières premières 1990 ; Mentzer 1993 ; Tyndall et al. 1998).
jusqu’à la livraison des produits finis aux utilisa- En conclusion, on peut dire que le champ fonc-
teurs finaux, ainsi que les flux d’informations tionnel du SCM recouvre toutes les fonctions
associés, qui contrôlent et enregistrent les mou- internes classiques sur lesquelles nous revien-
vements de matières. drons lors du commentaire de la figure 3.
Selon Lambert, Stock et Ellram (1998), toute- Champ organisationnel du SCM
fois, il existe des différences importantes entre la
définition du management de la chaîne logis- Selon Christopher (1992), les entreprises de
tique et la définition de la logistique par le Coun- pointe ont compris que la vraie concurrence
cil of Logistics Management (1985) : « la n’oppose pas des entreprises à d’autres entrepri-
logistique est le processus par lequel sont plani- ses mais plutôt des chaînes logistiques à d’autres
fiés, mis en œuvre et contrôlés le flux et le stoc- chaînes logistiques. Cooper, Lambert et Pagh
kage efficaces des matières premières, des affirment que les relations organisationnelles
en-cours, des produits finis, des services et des lient les entreprises les unes aux autres et peu-
informations les concernant, depuis le point vent lier leur réussite à la chaîne logistique dans
d’origine jusqu’au point de consommation (y son ensemble. Dans ce contexte, une chaîne
compris les entrées, les sorties et les mouve- logistique peut avoir sa propre identité et sa
ments internes et externes), dans le but de propre fonction, au même titre qu’une entre-
répondre aux attentes du client. » Le CLM prise. Toutefois, pour parvenir à ce stade ultime,
(1998) reconnaissant apparemment ce distinguo tous les membres de la chaîne doivent avoir une
puisque sa nouvelle définition dit : « La logis- SCO pour aboutir à l’intégration totale de la ges-
tique est la partie de la chaîne logistique qui pla- tion de la chaîne logistique.

Vol. 9 – N°2, 2001 13


Logistique & Management

Ellram et Cooper estiment qu’un supply chain vités entre les fonctions et les membres de la
management efficace passe par une série de par- chaîne. Lorsqu’on rassemble ces multiples
tenariats entre des entreprises qui travaillent aspects, le supply chain management peut être
ensemble et partage mutuellement les informa- défini comme la coordination systémique, stra-
tions, les risques et les récompenses qui donnent tégique, des fonctions opérationnelles classi-
un avantage concurrentiel. Dans le même ques et de leurs tactiques respectives à
article, Ellram et Cooper indiquent aussi que la l’intérieur d’une même entreprise et entre des
chaîne logistique performante s’appuie sur des partenaires au sein de la chaîne logitique, dans
partenariats stratégiques qui ont des orientations le but d’améliorer la performance à long terme
à long terme. Christopher parle d’un réseau de chaque entreprise membre et de l’ensemble
d’entreprises au travers de liens en amont et en de la chaîne.
aval, comme mode d’organisation pour le SCM.
Cette définition élargit la notion de management
Selon Webster (1992) les réseaux sont des struc- de la chaîne logistique et a permis de développer
tures organisationnelles complexes, multifacet- le modèle conceptuel illustré dans la figure 3.
tes, qui résultent d’alliances stratégiques Une chaîne logistique peut être visualisée sous
multiples. Un réseau est donc un mode d’organi- la forme d’un pipeline, dont la figure 3 montre
sation bien reconnu pour le SCM. La caractéris- une vue en coupe, où l’on voit les flux direction-
tique fondamentale d’une structure en réseau est nels (produits, services, ressources financières
une confédération – une coalition souple et et informations associées à ces flux et les flux
informelle guidée à partir d’une plate-forme informationnels de la demande et des prévi-
centrale dans laquelle les fonctions clés com- sions). Les fonctions traditionnelles de l’entre-
prennent le développement et la gestion des prise – marketing, ventes, recherche et
alliances, la coordination des ressources finan- développement, prévision, production, achats,
cières et technologiques, la définition et la ges- logistique, informatique, finance et service
tion des métiers et des stratégies, le client – gèrent et pilotent ces flux d’un fournis-
développement de relations avec les clients et la seur à l’autre jusqu’au dernier client pour
gestion des outils informatiques qui cimentent le répondre à ses attentes et lui apporter une valeur
réseau (Webster 1992). ajoutée. La figure 3 montre également le rôle
essentiel de la création de valeur et de la satisfac-
De ces divers arguments et de notre définition tion du client pour gagner un avantage concur-
initiale des chaînes logistiques, le champ organi- rentiel et améliorer la rentabilité au niveau
sationnel du SCM nous apparaît comme la mise individuel et collectif.
en œuvre et le processus du supply chain mana-
gement entre au moins trois entreprises qui doi- L’analyse approfondie de cette définition et de
vent toutes avoir une SCO. Cette mise en œuvre ce modèle passe par un examen du rôle indivi-
et ce processus doivent aussi comprendre la ges- duel des fonctions et de la coordination inter-
tion systémique, stratégique, des activités listées fonctionnelle et interentreprises. La première
dans le tableau 2. Le champ organisationnel est appelle une définition du rôle de la confiance, de
illustré dans la case Supply Chain Management l’engagement, du risque et de la dépendance à
de la figure 2. l’égard de la viabilité du partage fonctionnel et
de la coordination internes. La seconde com-
prend un transfert fonctionnel au sein de la
Définir le Supply Chain chaîne logistique, l’étude du rôle des différentes
Management catégories de prestataires de services indépen-
dants, de la façon de gérer les relations entre les
Cet article a traité des problèmes et des diffé- partenaires et de la viabilité des différentes
rents aspects concernant les définitions du structures de la chaîne logistique. Déterminer
management de la chaîne logistique, de la comment tous ces phénomènes varient selon
chaîne logistique, des conditions et des consé- l’environnement général est également intéres-
quences du SCM, de ses champs d’application. sant et c’est pourquoi cet aspect est représenté
Les relations entre tous ces éléments sont illus- dans la figure 3.
trés dans la figure 2.
Si, historiquement, le terme supply chain mana-
gement peut se définir de plusieurs façons, il
Conclusions
nous semble possible de proposer une définition Les contributions de cet article à la connaissance
unique et générale de ce phénomène. La lecture du management de la chaîne logistique sont
de la littérature a mis en lumière que le SCM multiples. En premier lieu, il apporte un cadre
suppose la présence de plusieurs entreprises, de d’intégration du phénomène appelé supply
plusieurs activités et la coordination de ces acti- chain management. À ce titre, il devrait aider les

14 Vol. 9 – N°2, 2001


Logistique & Management

Figure 3 - Modèle de Supply Chain Management

praticiens comme les chercheurs à comprendre tion de l’entreprise dans le management de la


le SCM, éclairer la nature de celui-ci, préciser chaîne logistique ? Ces rôles sont-ils différents
ses conditions et ses effets potentiels sur la per- selon la position de l’entreprise dans la chaîne ?
formance individuelle des entreprises et de la Comment coordonner efficacement l’action de
chaîne logistique dans son ensemble. S’il n’est ces fonctions dans l’entreprise et dans la chaîne
pas parfaitement compris, le SCM ne peut pas logistique ? Les flux recensés dans cette figure
être mis en pratique ou approfondi par la posent également la question de savoir qui est le
recherche. mieux à même de gérer chacun d’eux ; en
d’autres termes, faut-il un leader unique ou le
Ainsi, les schémas présentés dans les figures 2 et
leadership doit-il évoluer en fonction de la
3 peuvent être appliqués par les praticiens. La
nature des flux ? Dans ce cas, dans quelles
figure 2 indique les conditions qu’une entreprise
conditions peut se faire le transfert ? Il faut éga-
doit réunir pour mettre en œuvre le SCM avec
lement se pencher sur les impacts à long terme
ses fournisseurs et ses clients. La figure 3 est un
du SCM sur la performance. Enfin, l’internatio-
guide et un aide-mémoire qui aidera les prati-
nalisation offre de nombreux axes de recherche
ciens à associer toutes les fonctions traditionnel-
dans le phénomène des chaînes logistiques, de la
les à la planification, à l’organisation et aux
SCO et du SCM. Les conditions et la nature du
processus du SCM. Sans cette coordination
SCM présentées dans la figure 2 varient-elles
interfonctionnelle, le management de la chaîne
selon les cultures nationales ? Comment le
logistique ne peut pas exprimer l’intégralité de
management de la chaîne logistique change-t-il
son potentiel. La coordination doit aussi
en fonction des régions et des types d’entrepri-
s’étendre tous les flux de la chaîne logistique. La
ses ? La coordination inter-fonctionnelle et
figure 3 rappelle par ailleurs aux dirigeants que
inter-entreprises est-elle gérée différemment
l’entreprise ne vit plus dans un cocon national ;
selon ces variations culturelles ? Autant de thè-
la plupart des chaînes logistiques sont interna-
mes passionnants pour la recherche future.
tionales et doivent être gérées en conséquence.
Enfin, la figure 3 souligne qu’il ne faut jamais
Cet article met également en lumière la rigueur
perdre de vue les buts ultimes du management
indispensable au développement d’un cadre
de la chaîne logistique : réduction des coûts,
théorique pour le SCM. En marge des questions
amélioration de la satisfaction du client, aug-
posées par la figure 3, tester les conditions, le
mentation de la valeur créée à son profit,
phénomène et les conséquences listées dans la
conquête d’un avantage concurrentiel.
figure 2 apporterait des enseignements précieux
Pour les chercheurs, la figure 3 est une mine de sur la structure des chaînes logistiques et du
sujets d’étude. Quel est le rôle de chaque fonc- SCM.

Vol. 9 – N°2, 2001 15


Logistique & Management

Cette question en appelle une autre, tout aussi Cooper, Martha C. and Lisa M. Ellram
intéressante : le SCM est-il répandu ? On a beau- (1993), “Characteristics of Supply Chain
coup écrit sur le sujet mais rien n’a été publié qui Management and the Implication for Purcha-
permette de faire des comparaisons et d’évaluer sing and Logistics Strategy” The Internatio-
la réalité du SCM et de la SCO dans les entrepri- nal Journal of Logistics Management, Vol. 4,
ses, ni leur contexte. Il est clair que ce bench- No. 2 (1997), pp. 13-24.
marking est nécessaire à se stade de
Cooper, Martha, Lisa M. Ellram, John T.
l’exploration du phénomène et les configura-
Gardner and Albert M. Hanks (1997), “Mes-
tions et relations proposées dans les figures 2 et
hing Multiple Alliances,” Journal of Business
3 peuvent guider cette recherche.
Logistics, Vol. 18, No. 1, pp. 67-89.
Cooper, Martha C, Douglas M. Lambert and
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