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Filière SVI
Semestre S6
Module : Microbiologie II
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Prof. ASEHRAOU A. Cours de Microbiologie (SVI-S6) : 2021-2022 1
Avant-propos
Ce cours est destiné aux étudiants de la License sciences de la vie (semestre S6). Il regroupe les grands
traits de la microbiologie en relation avec les domaines alimentaire, médical, environnemental et de
biotechnologie microbienne. Il est subdivisé en 5 chapitres. Le chapitre I est consacré à la physiologie
microbienne, il regroupe les types physiologiques microbiens et leurs applications. Le chapitre II est
consacré à la biotechnologie microbienne, en particulier les différents types de cultures microbiennes
utilisées en biotechnologie. Une partie sur les antibiotiques et la mesure de leur activité antimicrobienne est
indiquée dans les TD 3 et 4. Ce cours sera assuré sous forme de cours magistral, de travaux dirigés et de
travaux pratiques, qui sont en relation directe avec les domaines précités.
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CHAPITRE I :
NUTRITION MICROBIENNE
I. Généralités
I.1. Besoins des microorganismes
• Besoins élémentaires :
o Source d’énergie : chimique ou lumière
o Source de carbone : organique (sucres), minérale (CO2)
o Source d’azote : organique (protéines), minérale (NH4+, NO3…)
o Sels minéraux : NaCl, MgSO4, CaCl2, ….
o Oligo-éléments : Fe, P, Cu, Mn, Zn, Co ...
o Eau
• Besoins spécifiques : Facteurs de croissance (bases azotées, acides aminés…).
Figure : production de H2 chez Rps. palustris par oxydation du thiosulfate dans les conditions de
croissance et de non-croissance. En conditions de non-croissance (flèches vertes), la bactérie produit le
H2 en utilisant la nitrogénase, sans produire les précurseurs nécessaires pour la croissance (flèches
jaunes) ; Fix : gènes qui codent pour les protéines de transfert d’électrons du NADH vers la nitrogénase, qui fixe
le N2. (Huang et al., 2010. doi:10.1128/AEM.01143-10).
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Figure : spectres de la culture de Rps. palustris en aérobiose et anaérobiose (LaSarre et al., 2018.
https://doi.org/10.1128/mBio.00780-18)
A B
Figure: (A) schéma du protocole expérimental d’amélioration de la production de H2 et CO2 par Rps.
palustris à partir des acides organiques moyennant l’illumination par les rayons du proche infrarouge; (B)
culture en bioréacteur (Craven et al., 2019. DOI: 10.1039/c9ra08747h)
I.2.2. Chimiotrophes
Oxydation :
AH A + H+ + e- + énergie
Réduction :
B + H+ + e- BH + énergie
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Le métabolisme énergétique de la cellule bactérienne :
AH + B BH + A + énergie
I.2.3. Paratrophes
Ce sont des bactéries parasites intracellulaires obligatoires. Elles utilisent le métabolisme de la cellule hôte
pour obtenir leur énergie.
Il peut être :
- Oxygène (O2) : respiration aérobie :
o oxydation complète du DH jusqu’au stade CO2 et H2O.
o oxydation incomplète du DH et aboutit à la formation de composés incomplètement oxydés.
Exemple : production d’acide acétique par Acetobacter à partir de l’éthanol.
Respiration aérobie: la réoxydation des coenzymes réduits est assurée par le transfert des électrons par la
« chaine respiratoire » vers l’oxygène (O2) qui est l’accepteur final d’électrons.
Respiration anaérobie : la réoxydation des coenzymes réduits est assurée par le transfert des électrons par
la « chaine respiratoire » vers un autre composé accepteur final d’électrons (NO2, SO42-, Fe2+, CO2, CO32-
….) autre que l’oxygène (O2).
- Minérale : autotrophes
- Organique : hétérotrophes
L’azote est essentiel pour la synthèse des bases azotées et des protéines.
La source d’azote peut être :
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- azote moléculaire (N2 de l’air) :
+ bactéries vivant en symbiose avec des légumineuses (Rhizobium)
+ bactéries jouant un rôle dans la fertilisation des sol (Azotobacter)
- Azote minéral : ammoniac, sels d'ammonium, nitrites, nitrates)
- Azote organique : groupements amines des composés organiques
I.7. Minéraux
- Soufre :
- Le soufre est présent dans les acides aminés soufrés (méthionine, cystéine)
- Il est ajouté dans les milieux sous forme de sulfate ou de composés organiques soufrés.
- Phosphore :
- Le phosphore fait partie des acides nucléiques (ADN, ARN), de l’ATP et de nombreuses
coenzymes.
- Il est incorporé sous forme de phosphate inorganique (-PO4).
Nitrosomonas Nitrobacter
NH3 NO2 NO3
Thiobacillus
0
2S + 3O2 + 2H2O 2H2SO4
Ces bactéries :
- tolèrent les pH fortement acides,
- agents de la corrosion,
- interviennent dans la biolixiviation des métaux (exemple : cuivre, cobalt, uranium…).
NO3 NO2 NO N2
Methanococcus
CO2 + 4H2 CH4 (gaz) + 2H2O
Methanobacterium
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=> Production du méthane (bactéries méthanogènes)
Oxydation
Substrat CO2 + composé organique
organique
glycolyse
glucose acide pyruvique CO2 + éthanol
bactéries lactiques
glucose -------------------------> acide lactique + autres produits (CO2, éthanol, acide acétique)
(fermentation)
On distingue 2 types :
- fermentation homolactique
- fermentation hétérolactique
Exemples :
- Lactobacillus bulagricus, Streptococcus thermophilus : yaourt
- Lacotoccus lactis : fromage
- Lactobacillus plantarum : ensilage, cornichons, olives…
Glycolyse
Glucose pyruvate
Fermentation butanedioloique
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b-Fermentation acétoine positif
Propionibacterium
Glucose propionate + acétate + CO2
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CHAPITRE II :
LES CINETIQUES MICROBIENNES
I. Définition
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Cette méthode est valable pour les microorganismes de grande taille et immobiles
Culture microbienne
Volume (V) pesée de la partie solide
Masse (m)
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II.1.4. Mesure du trouble : spectrophotométrie
Elles sont basées sur la mesure des paramètres liés à l’activité microbienne.
Luciférase, Mg2+
ATP + luciférine + O2 AMP + PPi + oxyluciférine + Lumière
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- Dosage des molécules produites. Exemple : dosage de l’acide lactique lors de la fermentation
lactique du lait.
- Modification d’un paramètre physico-chimique : T°C, pH, Potentiel Redox…
• Température :
• pH :
▪ acidification
▪ alcalinisation
• Potentiel Redox : consommation d’oxygène entraîne la diminution du potentiel redox. (mise
en évidence par : électrode, indicateurs redox : bleu de méthylène).
µ : taux de croissance
Le principal facteur physique qui agit sur les microorganismes lors de la croissance est la température.
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IV.2. Facteurs chimiques
Pour le substrat (nutriment limitant) la relation entre le taux de croissance (µ) et la concentration en substrat
(S) est définie par l’équation de MONOD :
S
µ = µmax --------------
S + Ks
µ: taux de croissance
µmax : taux de croissance maximal obtenu avec S
S : concentration en substrat
Ks : Constante de MONOD (elle correspond à ½ µmax)
Il faut noter l’existence d’une concentration du substrat au-delà de laquelle le taux de croissance ne change
pas (S non limitant : partie 2 de la courbe).
Au-dessous de cette concentration, le S est un facteur limitant (1).
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V. Types de cultures microbiennes en milieu liquide
V.1. Culture en batch
a- Courbe de croissance
Figure : courbe de croissance microbienne dans un milieu non renouvelé (culture en batch)
1 : Phase de latence (µ = 0)
3 : Phase stationnaire (µ = 0)
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Calculs pour la culture en batch :
b- Rendement
N - N0 - dN
Le rendement (R) => R = ------------ = ----------------
S0 – S dS
Le rendement renseigne sur l’efficacité de transformation du substrat en biomasse (ou produit) par le
microorganisme utilisé.
c- Productivité
La productivité est :
+ le gramme de biomasse produite par litre de milieu et par heure
+ souvent le critère qui sert pour l'évaluation d'un procédé de fermentation.
Nm
On peut définir aussi la productivité maximale (Pm): Pm = ---------
tm
Nm : concentration maximale
tm temps au bout duquel la Nm est obtenue
Pm : productivité maximale
Nf
La productivité totale (Pt): Pt = -----------
tf
Nf : concentration finale
tf: temps final
Pt: productivité totale
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Figure : courbe représentant la PT et la PM
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Dilution : dN/dt = - D.N = - (f/V) * N (équation 2)
Exemple :
f = 500 ml/heure
V= 1500ml
No= 3000 cellules/litre
Après une heure N1= 2000 cellules/litre
Donc la dilution :
(N1- N0)/(t1-t0) = (2000-3000)/1= -1000 cellules/litre/h
dN/dt = -(1/3) N = - 1000 cellules/litre/h
Variations de la population de la culture (dN/dt) = gain par croissance (µN) – pertes par dilution (DN)
Donc: dN/dt = µN – DN = (µ - D) N
=> dN/dt = (µ - D) N
Cette équation montre que dans un système continu, la culture dépend des valeurs du taux de dilution et du
taux de croissance.
On distingue 3 cas :
1er cas : µ < D => dN/dt <0 => perte de biomasse par dilution forte => N→0
=> lessivage des cellules
2ème cas : µ = D
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Figure : principe du turbidostat (---- : croissance en milieu non renouvelé ; __ : croissance continue selon
le principe du turbidostat ; X : concentration cellulaire)
3ème cas : µ > D => dN/dt >0 => N augmente => gain de biomasse
Dans ce cas on règle la concentration du substrat (S) en fonction de la concentration cellulaire (N) désirée.
Le taux de dilution (D) agit sur le taux de croissance (µ) par l’intermédiaire de la concentration du substrat
limitant (S).
S
µ = µmax --------------
S + Ks
S
D = µmax ----------
S + Ks
D
S = Ks ------------------
µmax - D
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Figure : évolution de la biomasse (X), de la concentration en substrat (S) et de la productivité (Pr) en
fonction du taux de dilution (D) du milieu.
Avantage de la culture continue : elle donne des rendements plus forts et maintenus dans le temps.
Exemple d’utilisation de ce type de culture : production d’acide acétique par Acetobacter à partir de
l’alcool.
Inconvénients :
- difficile à maintenir les conditions d’asepsie surtout à l’échelle industrielle.
- Ce type de culture est très peu utilisé pour la culture des champignons, en raison des difficultés
d’élimination du mycélium.
- Ce type de culture favorise la sélection des mutants à taux de croissance important.
Elle est basée sur l’alimentation en milieu stérile et l’évacuation des déchets grâce à une séparation par une
membrane de dialyse (en cellophane, porosité : 0,3-10 nm) qui sépare le réservoir de la culture et celui du
milieu de culture stérile.
Ces membranes éliminent les déchets toxiques et prolongent ainsi la survie des cellules.
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Exemple : production de la toxine botulique
En utilisant la culture dialyse on obtient 80 fois plus de toxines que dans une culture discontinue, surtout
en utilisant une 2ème membrane de dialyse dans le réservoir de prélèvement des cultures.
Ce sont des cultures dans lesquelles les cellules ont le même âge.
Normalement dans la culture microbienne on trouve des cellules d’âges différents (cellules ‘adultes’, filles
et petites filles)
VI. Bioréacteur
Bioréacteur (fermenteur) = récipient dans lequel se déroule une culture microbienne contrôlée
Bio-ingénierie = Conception et mise en route d'une culture microbienne en fermenteur
Elle vient âpres l'optimisation des conditions de culture