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UNIVERSITE HASSAN II DE

CASABLANCA
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Faculté des Sciences Ain Chock

Master spécialisé énergies renouvelables


Et systèmes énergétiques
Année scolaire : 2021/2022

LES DECHETS DES


INDUSTRIES AGRO-
ALIMENTAIRE

Préparé par :
Encadré par :
AIT RAHO SAFAE
JNIYAH CHAIMAE Dr. MOHAMED TAHIRI
INDUSTRIES AGROALIMENTAIRE

TABLES DES MATIERS

Introduction générale.......................................................................................................................................3
Chapitre 1 : IDENTIFICATION DES SECTEURS AGRO-ALIMENTAIRE AU MAROC................................................4
1. C’est quoi l’agroalimentaire ?...............................................................................................................4
2. L’industrie agroalimentaire :.................................................................................................................4
3. Répartition spatiale des sous-secteurs prioritaires de l’IAA au Maroc :................................................5
4. Le secteur de l’industrie agroalimentaire et son impact sur l’environnement.....................................7
Chapitre 2 : PRODUCTION DES DECHETS DES INDUSTRIES AGRO-ALIMENTAIRE.............................................8
1. Déchets agro-alimentaire :...................................................................................................................8
2. Pollution solide générée par l’industrie agroalimentaire au Maroc :....................................................9
3. Valorisation des déchets de l'agroalimentaire :..................................................................................10
Chapitre 3 : LA METHANISATION....................................................................................................................14
1. Méthanisation des déchets de l’IAA...................................................................................................14
2. Potentiel pour la méthanisation :.......................................................................................................16
3. Évaluation du potentiel de production de biogaz...............................................................................17
Chapitre 4 : TRANSFORMATION DU BIOGAZ EN ENERGIE ELECTRIQUE ET CHALEUR.....................................21
1. Le biogaz, une source d’énergie renouvelable :..................................................................................21
2. Combustion de biogaz pour la production de la chaleur et d’électricité par cogénération :..............22
Conclusion :....................................................................................................................................................28

LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1: identification des secteurs agro-alimentaire....................................................................................6


Tableau 2:Répartition spatiale des sous-secteurs prioritaires de l’IAA.............................................................7
Tableau 3:: Activités polluantes du secteur de l’agroalimentaire (rapport FODEP).........................................9
Tableau 4: Quantités de déchets industriels solides produits par l’IAA dans les différentes régions
marocaines (en tonnes) selon l’étude PROGNOS (2000)...............................................................................11
Tableau 5:Répartition de la production des déchets industriels par branche d’activité...................................11
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INDUSTRIES AGROALIMENTAIRE

Tableau 6:Rendement de biogaz par flux de déchets......................................................................................21


Tableau 7:Estimation de la production de biogaz à partir des déchets des IAA en Île-de-France...................21

Liste Des figures


Figure 1:pourcentage des différents types des déchets IAA..............................................................................9
Figure 2:démarche des valorisation des déchets.............................................................................................11
Figure 3:valorisation des biscuits et pains pour l’alimentation animal...........................................................12
Figure 4:La méthode de compostage..............................................................................................................14
Figure 5: Procédure de la méthanisation.........................................................................................................16
Figure 6:Composition de substrats.................................................................................................................17
Figure 7: Potentiel de biogaz à partir des déchets des IAA en Île-de-France (m3/an)....................................21
Figure 8:composition du biogaz.....................................................................................................................22
Figure 9:la production d’énergie par la méthanisation....................................................................................23
Figure 10: Schéma du procédé de lavage à l’eau du biogaz (Source : Air Liquide)........................................25
Figure 11:Schéma du procédé membranaire de purification du bio-méthane d’Air Liquide...........................26
Figure 12: Schéma de la cogénération............................................................................................................27

Introduction générale

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INDUSTRIES AGROALIMENTAIRE

De grandes quantités de nourriture sont gaspillées dans toute la chaine d’approvisionnement


alimentaire ; dans la production primaire, pendant la distribution et la vente des produits alimentaires,
la préparation et la distribution de la nourriture dans les environnements commerciaux et domestiques.
Selon l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (Food and Agriculture Organization (FAO)),
chaque année un tiers de la nourriture produite dans le monde pour la consommation humaine est
perdue ou gaspillé. Un fait intéressant, dans les pays développés, la nourriture est surtout gaspillée au
stade de la consommation, ce qui signifie qu’elle est jetée, même si elle est toujours convenable pour la
consommation humaine. Dans ce cas, le comportement du consommateur joue un rôle important dans
la prévention des déchets alimentaires, qui peut être accomplie en augmentant la sensibilisation des
personnes et des consommateurs en général. D’autre part, dans les pays en voie de développement et
les zones industrialisées le gaspillage de la nourriture se produit principalement dans la production
initiale de l’agriculture. Ceci est principalement du à une mauvaise gestion de l’agriculture et des
ressources naturelles, et très souvent à cause des conditions climatiques défavorables. En fait, ceci
n’est pas qu’un problème des pays en voie de développement. Aux Etats-Unis également, une bonne
partie de la nourriture non consommée est jetée – de la ferme jusqu’aux décharges. Ceci a un impact
sur l’environnement, la société et l’économie. Les initiatives sociales, les campagnes de sensibilisation
et les exigences légales rigoureuses ont poussé les consommateurs, ainsi que l’industrie alimentaire, à
prendre des mesures en vue de la réduction des déchets. Bien que pour certains secteurs les déchets
alimentaires sont inévitables ; néanmoins, une quantité importante du gaspillage inutile peut être évité
avec des meilleurs systèmes de management tout au long de la chaîne d’approvisionnement
alimentaire.

Chapitre 1 : IDENTIFICATION DES SECTEURS

AGRO-ALIMENTAIRE AU MAROC

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INDUSTRIES AGROALIMENTAIRE

1. C’est quoi l’agroalimentaire ?

L’Agroalimentaire : un secteur mitigé, entre agriculture et industrie


L’agroalimentaire est un secteur d’activité, qui comprend l’ensemble des entreprises
du secteur primaire et secondaire et qui participent à la production de produits alimentaires
finis
Le secteur de l’agroalimentaire peut ainsi être défini en deux sous-ensembles :
 l’industrie agroalimentaire, qui transforme des produits vivants élevés, des plantes et
fruits cultivés en produits alimentaires finis, prêts à la consommation. Très hétérogène, ce
secteur recouvre plusieurs familles d’activités, elles-mêmes subdivisées en de nombreux
domaines. Trois activités sont qualifiées d’artisanales : la charcuterie, la boulangerie-
pâtisserie et la pâtisserie. Il existe aussi des filières beaucoup plus concentrées et
automatisées telles que la sucrerie, la brasserie, l’huilerie, l’industrie laitière, la meunerie et
les boissons.
 L’agriculture élève les produits vivants, cultive les plantes et fruits, et les fournit à
l’industrie-agroalimentaire.

2. L’industrie agroalimentaire :

L’industrie agroalimentaire (en abrégé IAA) est l'ensemble des


activités industrielles qui transforment des productions alimentaires issues de
l'agriculture ou de la pêche en aliments industriels destinés essentiellement à la
consommation humaine (secteur agroalimentaire).
 Les huit grandes familles des industries alimentaires :

Industrie de la viande   abattage du bétail, de la volaille, charcuterie,


conserverie de viande.
Industrie laitière  fabrication du lait, du beurre, des yaourts, des
fromages, du lait en poudre ou concentré,
« crackage » du lait pour l’industrie alimentaire

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(caséine, lactose, protéines ultra-filtrées..),


fabrication de crèmes glacées et glaces.
 Fabrication de produits alimentaires fruits, légumes, poissons, plats cuisinés et confitures.
élaborés 
Fabrication de produits à base de pain et pâtisserie industriels, biscuits, biscottes,
céréales : semoules et pâtes alimentaires, malt, amidon, fécules
et produits dérivés, aliments pour animaux
d’élevages et domestiques.
Fabrication d’huiles, de corps gras et
de margarines.
Industrie sucrière
 Fabrication de produits alimentaires chocolat, confiserie, café et thé conditionnés, épices,
divers : herbes aromatiques, condiments, vinaigres, sauces
préparées, aliments diététiques, aliments pour bébés,
produits de régime, petits déjeuners, entremets,
desserts, bouillons, potages, levures, etc..
Fabrication de boissons et alcools  vins, eaux de vie, distillation d’alcool, apéritifs,
champagne, bière, cidre, jus de fruits et de légumes,
autres boissons non alcoolisées, eaux minérales.
Tableau 1: identification des secteurs agro-alimentaire

3. Répartition spatiale des sous-secteurs prioritaires de l’IAA au


Maroc :
Les industries agroalimentaires (IAA) comptent plus de 25% (1.731) des unités de production de
l’ensemble de l’industrie. Ce secteur contribue à hauteur de 37% (56 000 milliards de Dhs) sur la
production totale marocaine des industries de transformation pour une part de 21% sur les emplois
de toute l’industrie, d’ou l’importance de ce secteur dans l’économie marocaine (rapport FODEP).
De par leurs liens avec l’agriculture et la pêche comme sources de matières premières, l’industrie
agro-alimentaire est essentiellement implantée dans des zones spécifiques (t. L’industrie de
transformation de la pêche est implantée dans des villes ayant un potentiel de pêche. Les villes
ayant ce potentiel sont actuellement Dakhla, Laâyoune, Tan-Tan, Agadir, Safi, Essaouira,
Casablanca, Mohammedia, Larache et Tanger. Certaines unités dont la capacité de traitement est
élevée s’approvisionnent des provinces du sud. Pour ce qui est de l’industrie à base de produits
végétaux, l’implantation des unités est dépendante des zones favorables à chaque type d’agriculture.
A titre d’exemple les sucreries sont situées dans les régions agricoles de Tadla, du Gharb et de
Doukkala. Les huileries d’olives sont localisées dans de nombreuses zones oléicoles avec une
concentration marquée dans certaines régions comme Béni Mellal, Marrakech, Taroudant, Kalaâ
des Sraghnas, Fès, Taounate. Les conserves de fruits et légumes sont localisées dans les régions de
Tadla, Loukkos, Souss et Tensift.

Régions Sous-secteurs
Souss-Massa Préparation et conserve de poissons et autres fruits de
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mer. Fabrication de corps gras d’origine animale ou vé-


gétale.
Industrie du lait.
Gharb-Chrarda-Bni Hssin Industrie du sucre
Industrie du lait
Marrakech – Tensift Fabrication de conserve de poissons et autres fruits et lé-
gumes Industrie du lait
Fabrication de boissons non alcoolisées
Grand Casablanca Fabrication de corps gras d’origine animale ou végétale.
Industrie du lait.
Rabat – Salé – Zemmour Fabrication de malt et de bière.
Travail du grain et farine.
Doukkala – Abda Industrie du sucre
Préparation et conserve poissons et autres fruits de
mer. Amidon, fécules et levures
Tadla – Azila Industrie du sucre.
Industrie du lait
Meknès - Tafilalt Fabrication de corps gras d’origine animale ou végé-
tale. Industrie du lait.
Fabrication de conserves de fruits et légumes.
Fès – Boulmane Amidon, fécules et levures
Fabrication de corps gras d’origine animale ou végé-
tale Fabrication de conserves de fruits et légumes.
Tanger – Tétouan Industrie du lait
Préparation et conserve de poissons et autres fruits de mer.
Tableau 2:Répartition spatiale des sous-secteurs prioritaires de l’IAA

4. Le secteur de l’industrie agroalimentaire et son impact sur


l’environnement
Le grand secteur agro-alimentaire est important au niveau national aussi bien par le nombre d’entreprises que
par sa production industrielle. Ce secteur se caractérise par des procédés mettant en jeu, la plupart du
temps .De ce fait, la pollution hydrique est souvent constatée.

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INDUSTRIES AGROALIMENTAIRE

Secteur Sous-secteur Activités polluantes

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Pro- Boulangerie, pâtisserie, biscui- Biscuiterie


duits terie
Industrie du sucre Sucre raffiné et mélasse purifiée
de l’in-
Chocolaterie, confiserie Chocolat, préparation base chocolat
dustrie Confiserie et fruit confit
ali-
men-
taire
Autres in- Conserves de fruits & légumes Conserves fruits, légumes en boîtes
dustries ali- Autres conserves fruits & légumes
mentaires Abattage des animaux Abattage des animaux
Production de conserves de Conserves de viandes séchées, salées
viandes Saucisse, boudin, produits similaires
Industrie du lait Lait et sous produits de lait
Fromage et caillebotte
Production du lait en conserve
Crème glacée à base de lait
Corps gras végétale ou animale Huiles &graisses végétales
Huiles et farines de poissons
Oléo margarine, autre matière grasse
Conserves poisson & fruits de Préparation de poissons, fruits de mer
mer Préparation de poisson, fruits de mer
Conserves de poisson, fruits de mer
Congélation de poisson, fruits de mer
Produits alimentaires divers Amidon, fécules et levures
Glace hydrique et autres produits
Boissons et Fabrication de bières & de malt Fabrication de malt et de bières
tabacs Fabrication de vins, cidres & Fabrication moût de raisins & vins
poires Boissons fermentées
Fabrication de spiritueux Distillation & mélange des alcools
Liqueurs, cocktails
Boisson non alcoolisées Eaux minérales gazéifiées ou non
Boisson aromatisée gazéifiée ou non
Fabrication de sirops aromatiques
Industrie du tabac Industrie du tabac
Tableau 3:: Activités polluantes du secteur de l’agroalimentaire (rapport FODEP)

Chapitre 2 : PRODUCTION DES DECHETS

DES INDUSTRIES AGRO-ALIMENTAIRE

1. Déchets agro-alimentaire :
Au Maroc le PIB de l’agriculture compte de 15% du totale et emploie 46 % de la force de travail.
Les déchets sont surtout organiques, d’environ 52 Mt/an, parmi eux 33 Mt de fumiers et lisiers, des
déjections animales, ainsi que 3 Mt/an des déchets organiques du secteur industrie agro-alimentaire.

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INDUSTRIES AGROALIMENTAIRE

Les secteurs de l’agriculture et de l’agro-alimentaire produisent des déchets et des sous-produits or-
ganiques par des activités de transformation des produits végétaux et animaux. 

La plupart des déchets sont susceptible à subir d’une fermentation naturelle surtout dans un milieu
humide et produisent des gaz à effets de serres (méthane) ; Or qu’ils peuvent être valorisés dans un
digesteur et exploitée comme biogaz et fertilisant. On parle potentiellement des :

 Déchets d’élevage agricole : fumiers, lisiers, fientes, poule, dinde, bovin, ovin, cheval,…
 Boues résiduaires d’épuration,
 Déchets des industries agroalimentaires : sous-produits, eaux usées, lactosérum, vinasses,…
 Déchets de l’huilerie,
 Déchets de légumes ou de fruits, les rejets du centre de conditionnement,
 Déchets de l’industrie de viande, abattage, graisses, intestins, contenu de panses,…
 Déchets de pêche, d’usines des poissons, conserves,
 Déchets végétaux divers, biodégradables.
le secteur agroalimentaire a produit 3,8 millions de tonnes de déchets, dont :

Figure 1:pourcentage des différents types des déchets IAA.

2. Pollution solide générée par l’industrie agroalimentaire au Maroc :


Une évaluation de la quantification des déchets solides générés par l’activité industrielle au
Maroc a été établie par l’étude PROGNOS (2000). La répartition de la production des déchets
industriels par région montre que les industries agro-alimentaires produisent 55% du volume
total de déchets (tableau 5). Cette répartition montre également que la région du Grand
Casablanca produit environ 40% des déchets industriels solides. En l’an 2000, la production
nationale des déchets industriels est estimée à environ 974 070 T dont 118 900 T de déchets
dangereux.
N° Régions Déchets industriels
1 OUED ED-DAHAB –LAGOUIRA 150

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2 LAAYOUNE-BOUJDOUR-SAKIA HAMRA 290


3 GUELMIM ES SEMARA 6 590
4 SOUSS MASSA DRAA 49 000
5 GHARB-CHRARDA-BENI HSSEN 31 400
6 CHAOUIA-OUARDIGHA 18 200
7 MARRAKECH-TENSIFT-AL HAOUZ 33 400
8 REGION DE L’ORIENTAL 19 700
9 GRAND CASABLANCA 211 200
10 RABAT-SALE-ZEMMOUR-ZAER 27 400
11 DOUKKALA-ABDA 27 600
12 TADLA-AZILAL 11 500
13 MEKNES-TAFILALET 28 600
14 FES-BOULMANE 28 100
15 TAZA-AL HOCEIMA-TAOUNATE 2 400
16 TANGER-TETOUAN 36 300
TOTAL 531 830
Tableau 4: Quantités de déchets industriels solides produits par l’IAA dans les différentes régions
marocaines (en tonnes) selon l’étude PROGNOS (2000)

D’après ce tableau, le secteur de l’IAA produit environ 532 000 T/ an de déchets solides dont
9 630T/an de déchets dangereux, ce qui laisse un important potentiel de déchets organiques
biodégradables susceptibles d’être valorisés sous forme de composte
La production de déchets industriels solides de l’IAA répartie par branche d’activité est
donnée dans le tableau 6 (rapport REEM)

Branches industrielles Nature des déchets Quantité de déchets produits


(T/an)
Industries sucrières Boues, écumes, sable, bagasse 365 000
Conserveries de poissons et Déchets de poisson 12 400
autres fruits de mer

Huileries et corps gras Terre décolorante, grignon 77 500


d’olive
Trituration d’huile d’olive Margine 252 500 – 303 000
Boisson et tabac 3 000)
Industrie laitière 8000
Tableau 5:Répartition de la production des déchets industriels par branche d’activité
Ces données montrent que les industries sucrières en premier lieu ainsi que les huileries et les

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laiteries en deuxième lieu constituent les branches les plus intéressantes comme source de déchets
organiques biodégradables pour le processus de compostage
3. Valorisation des déchets de l'agroalimentaire :

Par valorisation, on entend toute transformation de résidus ou de sous-produits industriels


alimentaires en vue de les réintroduire sur le marché à titre de nouveaux ingrédients ou comme
nouveaux produits .
Chaque procédé de valorisation permet de réaliser des économies de matières premières et
contribue de façon directe au respect et à la sauvegarde de l'environnement. Le concept de
valorisation des déchets est né de l’idée que l’entreprise doit considérer ses déchets comme une
ressource à exploiter et non comme des rebuts dont il faut se débarrasser ! En effet beaucoup de
matériaux sont réutilisables dans diverses applications après leur fin de vie attribuée

Figure 2:démarche des valorisation des déchets.


.

Voici un certain nombre de méthodes utilisées pour récupérer les déchets agroalimentaires :

a) L’alimentation animale 

L’alimentation animale est l’une des filières de valorisation principales des déchets organiques de


l’agroalimentaire. Certains déchets, comme les déchets de brasserie, les fruits et légumes ou encore
le lactosérum, sont considérés comme des coproduits. Ces derniers sont consommables par les bo-
vins, les équins, les ovins ainsi que les porcins.
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Les coproduits respectent des spécifications définies. Sur le plan sanitaire, les industriels doivent
être transparents sur la production des coproduits, ils doivent être garantis sains et sûrs. Sur le
plan nutritionnel, les coproduits doivent concurrencer les fourrages et les concentrés en termes de
qualité nutritionnelle.
Les coproduits respectent des spécifications définies. Sur le plan sanitaire, les industriels doivent
être transparents sur la production des coproduits, ils doivent être garantis sains et sûrs. Sur le
plan nutritionnel, les coproduits doivent concurrencer les fourrages et les concentrés en termes de
qualité nutritionnelle.

Figure 3:valorisation des biscuits et pains pour l’alimentation animal.

Les biscuits et pains qui ne peuvent pas être commercialisés arrivent en vrac ou emballés puis sont
réduits en farine pour porcelets.

b) Le compostage

Qu’est-ce que le compost ?


C’est un engrais fabriqué à partir d’un mélange fermenté de débris organiques et de matières miné-
rales. Les déchets organiques se transforment en présence d’eau et d’oxygène. En quelques mois,
des micro-organismes (champignons, bactéries…) transforment ces déchets en un produit compa-

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rable à de l’humus. C’est cet engrais qu’on appelle le compost. Il favorise le développement des
plantes, leur résistance aux parasites, aux maladies et aux gelées.

Le compost peut être réalisé :

o En tas pour ceux qui ont de la place. Toutefois, l’encombrement est relativement im-
portant, le tas peu esthétique et le compostage généralement plus lent.
o Dans un composteur individuel, qui convient bien aux petits volumes. En bois, en
plastique ou en métal, il contient les déchets à composter dans un volume réduit. Il
nécessite cependant une certaine vigilance.

Que peut-on composter ?


De nombreux déchets peuvent être compostés :

o Les déchets de jardin : fanes de légumes, feuilles mortes, gazon, branches broyées…
o Les déchets de cuisine : épluchures de légumes, fruits et légumes abîmés, marc de
café, coquilles d’œuf, sachets de thé…
o Les déchets de maison : sciure, feuilles d’essuie tout, cendres de bois… mais en
quantité limitée.

Les déchets “interdits” ou à éviter :

 Sauces, graisses, huiles, mégots de cigarette, matières synthétiques, métaux, papiers glacés ou im-
primés (car les encres sont acides et peuvent s’accumuler dans le sol), plastiques, verre, coquilles de
mollusques, restes de viande (risques d’odeurs) végétaux traités, branches non broyées (car trop
longues à se décomposer), “mauvaises herbes” en graines (risque de germination).

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Figure 4:La méthode de compostage


c) La méthanisation :
La méthanisation est un procédé très utilisé dans l’agriculture, mais également dans le traitement
des bio déchets, celui des boues d’épuration urbaines et de certains effluents industriels. La
méthanisation est parfois appelée digestion anaérobie.

On distingue deux types de déchets que l’on peut méthaniser : 

o Les effluents liquides :

Les eaux résiduaires, urbaines ou industrielles ; 

Les effluents d'élevage (lisiers) ;

Les boues d'épuration qui sont souvent des boues mixtes composées des boues primaires et des
boues biologiques. Les boues primaires sont les dépôts récupérés par une simple décantation des
eaux usées et les boues biologiques sont principalement constituées de corps bactériens et de leurs
sécrétions ;

Les effluents agro-alimentaires. 

 Les déchets solides organiques :

Les déchets industriels : déchets de transformation des industries végétales et animales ;

Les déchets agricoles : substrats végétaux solides, déjections d'animaux ;

Les déchets municipaux : journaux, déchets alimentaires textiles, déchets verts, emballages, sous-
produits de l'assainissement urbain.

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Chapitre 3 : LA METHANISATION

1. Méthanisation des déchets de l’IAA

La méthanisation consiste en un ensemble de procédés dans lequel des microorganismes


décomposent la matière organique, en absence d’oxygène, produisant ainsi du biogaz contenant du
méthane, ainsi qu’un résidu solide appelé digestat. la méthanisation est largement utilisée pour
traiter les bio déchets, les effluents industriels et les boues d’épuration. Les usines de méthanisation
peuvent recourir à différentes configurations ;

Plusieurs paramètres peuvent être adaptés :

 Batch or continu : la matière organique peut être traitée soit dans un système discontinu
(elle est introduite dans un réacteur batch qui reste alors scellé pendant la durée du procédé)
ou dans un système de digestion continue, où la matière organique est ajoutée de manière
permanente, ainsi menant à une production de biogaz ininterrompue ;

 % de teneur en matières solide : les digesteurs peuvent être configurés pour traiter un
substrat sec ou humide, utilisant ainsi différents procédés pour organiser la circulation de la
matière organique ;

 Température : les digesteurs peuvent opérer dans des conditions mésophiles (20- 45°C) ou
thermophiles (45-70°C), entrainant une différence de populations de microorganismes. Ceci
aura une incidence sur le taux de production de biogaz, ainsi que le niveau de réduction
d’agents pathogènes.

 Une ou plusieurs étapes : la digestion peut être organisée soit dans un système à une étape,
où un seul digesteur est utilisé pour l’entièreté du procédé, ou dans un processus à deux
étapes, permettant d'avoir un meilleur contrôle sur les réactions successives se produisant
lors de la digestion.

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INDUSTRIES AGROALIMENTAIRE

Figure 5: Procédure de la méthanisation


Ces différentes configurations doivent être adaptées à plusieurs paramètres : la nature des intrants,
la présence d'agents pathogènes, la production de biogaz, les contraintes techniques et
économiques ... L'industrie agroalimentaire produit une grande diversité de déchets offrant un
potentiel de production de biogaz par méthanisation. Certaines fractions spécifiques présentent un
potentiel méthanogène très intéressant ou peuvent apporter une contribution significative à la
production de biogaz d'un processus de co-digestion utilisant des résidus agricoles (tels que le
fumier) comme matière première principale. Toute matière organique peut être digérée pour
produire du biogaz, mais le potentiel méthanogène varie fort en fonction du produit et de son niveau
de putrescibilité.

L'une des seules exceptions sont des déchets de bois, les micro-organismes anaérobies étant incapables de
dégrader la lignine.

Contrairement aux déchets des ménages, ceux de l’IAA ont tendance à être plus homogènes, avec
de grandes quantités de composants similaires. D’une part, ceci peut présenter un défi pour la
méthanisation, puisque ces larges quantités devront éventuellement être distribuées entre plusieurs
installations afin de maintenir une composition stable des intrants du digesteur, un facteur clé pour
garder l’équilibre microbiologique. Par ailleurs, un mélange de substrats peut être plus bénéfique
qu’un substrat unique – pour les déchets de poisson, par exemple, la co-digestion avec d’autres
substrats augmentera le rendement de biogaz. D’autre part, les déchets de l’IAA peuvent être
utilisés pour amplifier la production de méthane grâce à leur fort pouvoir méthanogène. Ces déchets
permettent également un meilleur contrôle des intrants du digesteur, ce qui permet aux opérateurs

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INDUSTRIES AGROALIMENTAIRE

des installations de méthanisation de savoir exactement ce qui rentre et de mélanger les substrats
afin d’obtenir la combinaison la plus efficace possible. En effet, la composition d’un substrat
influencera sa biodégradabilité ainsi que ses rendements en biogaz et en méthane.

Figure 6:Composition de substrats.

2. Potentiel pour la méthanisation :


a) Industrie des fruits et légumes
La moitié des déchets issus de la transformation des fruits et légumes sont utilisés en alimentation
animale, ce qui les rend indisponible pour la méthanisation. En Californie, il est estimé que
quelques14-16 millions de tonnes de fruits et légumes sont transformés chaque année. Les opéra-
tions de mise en conserve, de congélation, de séchage, et de déshydratation produisent environ 1
tonne de déchets de juillet à septembre. Rapportent que 49% de ces déchets sont utilisés en alimen-
tation animale, et 49% en amendement de sols (2005). Si les déchets (humides) utilisés en amende-
ment de sols étaient envoyés en méthanisation, ils pourraient potentiellement produire 10 millions
de m3 de méthane par an. En effet, les fruits et légumes ont un bon rendement de biogaz (de 200 à
800 m3/t selon le type de fruits et légumes –bien que leur utilisation comme substrat unique pour la
production de biogaz est compliquée et la composition aura une forte influence sur la performance
globale. Il est dès lors préférable de les utiliser en co-digestion avec d’autres substrats .
b) Industrie de produits laitiers :

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INDUSTRIES AGROALIMENTAIRE

Dans certains cas, la gestion du perméat et des rinçages revenaient à un certain coût, ce qui a
conduit des laiteries à se tourner vers la méthanisation pour combiner la possibilité d’éliminer le
perméat avec un système de production d’énergie. En effet, cette option offre un meilleur
contrôle sur les revenus produits que si l’entreprise se fie aux fluctuations mondiales du prix de
la poudre de lactosérum.
Le lactosérum a une forte teneur en matière organique, et par conséquent une demande en oxygène
chimique (DOC) élevée. Ceci peut poser problème en fonction de la méthode d’élimination, mais
représente également une source potentielle d’énergie. Cependant, le lactosérum est préférablement
co-digéré, avec du fumier par exemple, car la digestion de celui-ci seul est instable. En effet,
puisque le lactosérum n’a que peu à pas du tout de capacité tampon, si digéré seul le pH pourrait
chuter dramatiquement, inhibant l’activité des bactéries méthanogènes. Ceci entrainerait à son tour
des faibles rendements en biogaz avec une faible teneur en méthane. Néanmoins, le lactosérum est
un excellent substrat pour la méthanisation.

c) Industrie du poisson et des fruits de mer :


Les déchets de poisson sont un bon substrat potentiel pour la production de biogaz. (2013), par
exemple, ont obtenu à partir d’ensilages de déchets de poissons des rendements en biogaz et en
méthane de 671-763 m3/t MSV (matières solides volatiles) et de 441-482 m3/t MSV,
respectivement. Il n’y a que très peu de littérature sur la production de méthane à partir de
déchets de poissons, mais les études existantes démontrent un fort potentiel pour la
méthanisation. Eiroa et al. (2012) ont découvert que la production de méthane des déchets de
thon, de sardine et d’aiguillette est similaire, mais qu’elle est plus élevée dans le cas du
maquereau, possiblement en raison d’une teneur plus élevée en matières grasses.

d) Boulangeries et produits à base de farine :

On peut utiliser les déchets de boulangerie pour produire du biogaz (2015). Ces déchets ont une
forte valeur énergétique par tonne, mais ils sont peu mobilisables ce qui limite leur potentiel
pour la méthanisation.

3. Évaluation du potentiel de production de biogaz

La méthanisation consiste en la dégradation de la matière organique par les micro-organismes


dans des conditions contrôlées et en absence d’oxygène. Les produits de la méthanisation sont
le biogaz et le digestat. Le biogaz contient généralement 55-70% de CH 4 (mais il peut y en
avoir davantage), 45-30% de CO2 et d’autres constituants mineurs, comme le sulfure d’hydro-
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gène (H2S) et de l’eau. Le méthane produit est un gaz incolore et inodore et constitue la princi-
pale source d’énergie du biogaz avec une densité de 0,71 g/L (25°C, 1 atm)
a) Méthode générale pour évaluer le potentiel du biogaz :

Pour estimer le potentiel total du biogaz, il est nécessaire de connaître les rendements de biogaz
des différentes matières premières. Ainsi, le pouvoir méthanogène des différents flux de déchets
est une information importante pour développer davantage les concepts du Déchet-en-
Biocarburant dans les territoires cibles du projet Bin2Grid et même plus largement. Une liste
des différentes fractions de déchets (substrats) produits dans les différents secteurs est
présentée dans le tableau suivant « Catalogue des types de déchets alimentaires et leur potentiel
énergétique ».

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Matière sèche Rendement de biogaz Contenu en


Substrats
(%) (m3/t, matière fraiche) méthane (%)
Déchets de l’industrie alimentaire
Moût des fruits 3-5 250 - 540 63
Moût de distillation 3-8 400 - 450 62
Moût de céréale 5-8 80 - 100 63
Moût et pulpe de pomme de terre 5 - 16 250 - 800 55
Pulpe de pomme de terre séchée 85 500 - 600 55
Résidus d’oléagineux pressés 90 420 - 720 66
Farine de blé 86 540 58
Germe et malt 90 580 55
Déchets de boulangerie 60 - 80 400 - 500 62
Lactosérum 4-6 50 - 140 58
Lait écrémé, séché 75 400 - 520 60
Fromage 30 320 58
Déchets de l’industrie des boissons
Grains 20 - 25 180 - 300 60
Grains, séchés 90 550 62
Pommes 22 - 40 420 - 510 68
Purée de pomme 2-5 420 60
Fruits, mélangés 25 - 45 400 - 650 68
Vinasse de la production d’alcool 8 - 12 50 55
Légumes, déchets verts, herbe
Mélange de déchets végétaux 5 - 20 300 - 400 62
Feuilles 75 - 90 10 - 20 56
Légumes verts (frais) 80 40 - 80 58
Herbe d’ensilage 22 - 36 320 - 420 55
Maïs d’ensilage 20 - 40 160 - 200 55
Paille de riz 25 - 50 320 - 450 50
Déchets de marché 8 - 20 250 - 450 60
Déchets de ménages et de cantines
Mélange de biodéchets 35 - 75 200 - 420 62
Herbe, déchets verts 25 180 56
Restes alimentaires (cuisine) 9 - 37 320 - 780 58
Surplus alimentaires 14 - 18 210 - 540 55
Pain sec 65 - 90 620 - 880 58
Mélange de graisses 80 - 95 1,100 66
Œufs 25 380 - 520 54
Lait écrémé 8 560 55
Huile et graisse de friture 50 - 70 600 – 750 62
Sous-produits animaux
Déchets d’abattoirs - 320 - 600 -
Farines animales 8 - 25 750 – 1,100 -
Graisses animales - 1,000 65

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Sang liquide 18 420 -


Tripes (cochon) - 60 55
Tableau 6:Rendement de biogaz par flux de déchets

b) Estimation de la production de biogaz à partir des déchets des IAA en Île-de-France :

Secteuir Potentiel de biogaz (m3/an)


Alimentation animale 113 699
Boissons 4 492 041
Produits laitiers 523 132
Produits à base de farine 31 492
Poissons 12 303
Fruits et légumes 112 315
Produits de la minoterie et amidon 63 107
Viande 2 129 388
Huiles et graisses 78 507
Autres produits alimentaires 4 451 712
Total 12 007 696
Tableau 7:Estimation de la production de biogaz à partir des déchets des IAA en Île-de-France

Un total de 12 millions de m3 de biogaz pourrait potentiellement être produit annuellement en


Île-de-France. 70% de ce potentiel est tire de quatre sous-catégories d’IAA:
- Fabrication de cacao, chocolat & confiseries
- Brasseries
- Production de vin mousseux
- Production de viande

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Figure 7: Potentiel de biogaz à partir des déchets des IAA en Île-de-France (m3/an)

Chapitre 4 : TRANSFORMATION DU BIOGAZ


EN ENERGIE ELECTRIQUE ET CHALEUR

1. Le biogaz, une source d’énergie renouvelable :


a) Composition du biogaz :
Le biogaz est constitué principalement de méthane (la source d’énergie au sein du combustible) et
de dioxyde de carbone. Il peut aussi contenir de petites quantités d’azote ou d’atome d’hydrogène.
Les contaminants dans le biogaz peuvent inclure du soufre ou des siloxanes, mais cela dépendra de
la charge de digesteur.
Les pourcentages relatifs de méthane et de dioxyde de carbone dans le biogaz sont influencés par un
certain nombre de facteurs, y compris :
• Le rapport des glucides, des protéines et des matières grasses dans la charge d’alimentation
• Le facteur de dilution dans le digesteur (le dioxyde de carbone peut être absorbé par l’eau)

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Figure 8:composition du biogaz


b) Usage de biogaz :
Le biogaz peut avoir plusieurs usages :  

 La production de chaleur  : le biogaz est brûlé dans une chaudière pour dégager de la
chaleur. Celle-ci doit être utilisée au plus proche de la source de production pour limi-
ter les dissipations / pertes thermiques. 
 La  production d’électricité  : le biogaz est brûlé et l’énergie dégagée alimente un géné-
rateur qui produit de l’électricité.
 
 La cogénération : il s’agit de la production combinée d’électricité et de chaleur. C’est
le mode de valorisation le plus fréquent du biogaz. L’électricité est produite par un gé-
nérateur, tandis que la chaleur est récupérée dans le système de refroidissement et les
gaz d’échappement et valorisée localement.
 
 La  production de carburant véhicule  : avant d’être utilisé en tant que carburant dans
un véhicule, le biogaz doit être épuré de certains éléments (le gaz carbonique, l’eau et
le sulfure d’hydrogène, corrosif pour les moteurs). On obtient alors du bio méthane
quasiment identique au GNV (gaz naturel pour véhicule). Cette valorisation est encore
peu développée et concerne surtout les flottes captives (transport urbain, etc.). 

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Figure 9:la production d’énergie par la méthanisation.

2. Combustion de biogaz pour la production de la chaleur et


d’électricité par cogénération :

Le biogaz, est un mélange gazeux produit au cours de la dégradation anaérobique de la matière


organique. Il est mis en combustion pour produire en cogénération de la chaleur et de l’électricité.
La combustion est la manière la plus commune de convertir le biogaz en énergie. Lorsqu’elle
produit simultanément de la chaleur et de l’électricité, elle est appelée cogénération. Grâce à cette
production combinée, les pertes d’énergie se réduisent de manière significative. Ainsi, la
cogénération permet d'économiser entre 15 et 20 % d’énergie primaire par rapport à la production
séparée de ces mêmes quantités de chaleur et d'électricité. Cette technologie permet de répondre aux
besoins des applications industrielles, l’électrification rurale, le chauffage urbain et la production
d’électricité à grande échelle.

a) La purification du biogaz :
Comme indiqué plus haut, le biogaz, qu’il soit produit par extraction des décharges ou par
fermentation anaérobie est encore un mélange ne contenant au mieux que 35 à 75 % de méthane,
selon les technologies utilisées et les matières organiques soumises à dégradation.

Le CO2 est le contaminant majeur, mais d’autres gaz peuvent présenter des pourcentages
importants (N2 ou O2, H2 et éventuellement de l’H2S, responsable de l’odeur désagréable de la
méthanisation du fumier ou des ordures ménagères). Le biogaz est par conséquent soumis à une
série d’étapes de purification,
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Selon l’usage recherché pour le méthane en fin de chaîne.

Quel que soit le mode de valorisation envisagé pour le biogaz de décharge, il convient d’enlever
l’eau qu’il contient. On pourra se contenter de ce prétraitement sommaire dans le cas d’une
valorisation sous forme de chaleur produite par une chaudière dont les brûleurs peuvent
s’accommoder de la présence d’hydrogène sulfuré (H2S).

Pour la valorisation électrique ou la cogénération, obtenue à l’aide de moteurs ou de turbines, on


devra compléter la déshydratation appliquée à l’effluent gazeux tel qu’il est recueilli à la sortie du
réseau de captage par une étape d’épuration complémentaire destinée à éviter les phénomènes de
corrosion des moteurs ; cette étape comprendra :

⯈ Une désulfuration, consistant à abattre le sulfure d’hydrogène H2S par des filtres à charbon actif,
par introduction d’air dans le ciel gazeux du digesteur ou un lavage à l’eau sous pression ;

⯈ L’élimination des siloxanes : en effet, dans une décharge, la matière organique est mélangée à
d’autres déchets, dont de plus en plus de déchets contenant des silicones ou des composés siliconés
et des composés organiques volatils de silice (COVSi) rendant ce gaz impropre à l’emploi dans les
moteurs thermiques. En effet, la combustion de ces composés donne de la poussière de silice très
abrasive qui limite la durée de vie des moteurs. Pour éliminer les siloxanes, on a généralement
recours au charbon actif, qui a en outre la propriété de fixer également les composés organo
halogénés.

 Le lavage à l’eau (« water scrub bing ») :

C’est une technologie relativement ancienne qui vise à absorber le CO2 dans l’eau. Le biogaz, sous
forme comprimée est passé à travers plusieurs colonnes contenant de l’eau. La technologie est
efficace et bonne marché. Toutefois l’oxygène et l’azote sont difficilement solubles dans l’eau et
doivent être traités par ailleurs. De plus, les appareillages sont sensibles à la corrosion par l’eau et
surtout par l’hydrogène sulfureux. De plus, la technologie utilisée laisse souvent fuir des quantités
appréciables de méthane.

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Figure 10: Schéma du procédé de lavage à l’eau du biogaz (Source : Air Liquide)

 La technologie membranaire :

Développée par Air Liquide, elle est actuellement la plus utilisée sur le marché. Elle fait appel à une
purification membranaire sous une pression de 12 bars qui permet l’élimination du gaz carbonique,
de l’anhydride sulfureux, de l’oxygène et de l’eau encore présente dans le biogaz. D’autres
composants du biogaz présents à l’état de traces sont également séparés et peuvent être
sélectivement détruits dans une chambre d’oxydation à 900 °C dont la chaleur peut être recyclée en
amont de la méthanisation. Le méthane est ainsi purifié à 98 %, et peut être utilisé directement pour
la plupart de ses applications.

Figure 11:Schéma du procédé membranaire de purification du bio-méthane d’Air Liquide.


Le procédé ne nécessite pas de changement d’état du mélange gazeux et reste d’un coût abordable.
La durée de vie des membranes est d’environ cinq ans, et elles consomment 0,25 kWh par m3 de
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gaz épuré. L’ensemble est fourni généralement sur skid7 et est servi par Air Liquide qui en assure la
maintenance. Toutefois, il est nécessaire de prétraiter le biogaz pour l’amener à la pression de 12
bars avant le passage à travers la membrane. Pour le traitement du biogaz issu de décharge, où le
contenu en oxygène et en azote peut causer problème, une étape de Cryo-distillation peut être
rajoutée au dispositif ; dans ce cas, le cycle complet intégrant les différentes étapes de préparation
du biogaz de décharge peut nécessiter jusqu’à 1 kWh par m3 de gaz épuré. Le coût « clé en main »
d’une installation intégrée de purification du biogaz est compris entre 2 et 3 millions d’euros pour
une capacité de 150 m3/heure8.

b) Description de la technologie :
La combustion du biogaz dans un moteur ou une turbine produit de l’énergie mécanique appelé
énergie primaire. Cette énergie est récupérée puis valorisée en énergie électrique et en chaleur avec
un rendement global allant jusqu'à 90%.

Cette technique, réservée aux industriels pouvant produire de grandes quantités de vapeur, permet
de produire de l'électricité lorsque de la vapeur est produite en excédent, permettant de régulariser
sa consommation, par conversion énergétique. La cogénération par turbine à vapeur permet
d'utiliser des sources d'énergie primaires variées, dont entre autres les sources d'énergie diverses
issues de la valorisation des déchets de l'industrie, tels que les déchets de bois dans les scieries, où
les déchets végétaux de l'agriculture.

Le cycle thermodynamique des turbines à vapeur est basé sur le cycle de Rankine. A l'aide de la
chaleur dégagée par la combustion du biogaz, on produit de la vapeur à haute pression dans une
chaudière. Cette vapeur est ensuite dirigée vers une turbine, où en se détendant, entraîne la turbine.
Sortie de la turbine, la vapeur est condensée et ramenée à la chaudière, où ce cycle recommence.
Dans ce cycle, la combustion est externe : c’est-à-dire qu'il n'y a pas de contact direct entre le fluide
processus (vapeur) et le foyer. Ainsi le combustible ne requiert pas de spécifications de qualités
précises et donc tout combustible peut être employé.

Dans ce cas, le biogaz peut être produit à partir de toute source de fermentation. Sa composition
importe peu en général, dans la mesure où il comportera au moins 20% de méthane en particulier,
ce type d’application s’accommodant fort bien de gaz à haute teneur en H2S, dans la mesure où les
matériaux constituant les équipements jusqu’au brulage seront prévus en conséquence.

La valorisation du biogaz sous forme de bio-méthane implique une épuration plus poussée «
upgrading ». Il faut notamment augmenter son pouvoir calorifique en séparant le CO2,

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énergétiquement inerte, éliminer l’azote (N2) et l’oxygène (O2), extraire les carbones organiques
volatils à l’aide d’un épurateur COV.

Différents procédés d’épuration sont actuellement disponibles sur le marché pour purifier le biogaz.

Figure 12: Schéma de la cogénération.

c) Les Avantages :
 Impact sur le développement social :
• Création d’emplois pour la collecte de la biomasse,
• Amélioration de la production agricole par l’utilisation du digestat comme engrais
organique,
• Amélioration du bienêtre social en milieu rural et
• Diversification des activités génératrices de revenus.
 Impact économique :
Pour une tonne de résidus agricoles mis en bio digestion, on obtient :
• 300 m3 de biogaz,
Or 1m3= 6kwh de chaleur et 1kw= 11610Tep,
On a donc, 0,155 Tep que la Côte d’Ivoire économisera par an avec l’utilisation du biogaz.
 Impact environnement local :
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Amélioration de la qualité de l’air par la réduction de la consommation du pétrole lampant.


Marché potentiel :
La technologie peut être utilisée :
o En milieu rural dans les fortes zones de production agricole par les coopératives pour
produire de la chaleur ou de l’électricité.
o Par les communes dans la gestion de leurs déchets.
o Dans les agro-industries.

Conclusion

Ce rapport donne le cadre pour la gestion des déchets de l’industrie agroalimentaire, le type de
déchets produits par les industries agroalimentaires, leurs méthodes actuelles de traitement, ainsi
qu’une information indicative sur leur potentiel pour la méthanisation. De plus, ce rapport est centré
sur une estimation du potentiel de production de biogaz pour les différentes branches de l’IAA ainsi
les déchets des industries de la viande, laitière, et de boissons sont les plus prometteurs pour la

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méthanisation, à la fois en raison de leurs bons rendements de biogaz et de leur disponibilité. Les
déchets de fruits et légumes de l’IAA, ainsi que ceux des produits de moulins à grains et de
boulangeries, sont rarement disponibles pour envoyer en méthanisation car ils sont
préférentiellement utilisés pour l’alimentation humaine ou animale. Selon les substrats disponibles
et les conditions locales, les déchets de l’IAA peuvent être digérés dans une installation de
méthanisation dédiée ou en Co-digestion.

Les analyses menées indiquent que le potentiel pour la méthanisation des déchets de l’IAA se
trouve principalement auprès des producteurs de boissons et de viande. Il faut toutefois relever que
les bio déchets issus de l’industrie agroalimentaire sont souvent valorisés (par utilisation comme
sous-produit, épandage, ou compostage) afin d’offrir un avantage économique ou pour limiter les
frais de traitement, c’est pourquoi la méthanisation des déchets de ce secteur est encore limitée.

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