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Grumel Venance. Notes d'histoire et de philologie byzantines. In: Échos d'Orient, tome 35, n°182, 1936. pp. 234-240;
doi : https://doi.org/10.3406/rebyz.1936.2868
https://www.persee.fr/doc/rebyz_1146-9447_1936_num_35_182_2868
(1) D'après l'édition de E. Caspar, Papst Gregor II und der Bilderstreit, dans
Zeitschrift für Kirchengeschichte, t. LU, p. 72.
(2) Hefele-Leclerq, Histoire des Conciles, t. Ill, p. 674-675.
NOTES D'HISTOIRE ET DE PHILOLOGIE BYZANTINES 235
dix lettres orthodoxes et, par suite, des lettres plus anciennes de
l'empereur. Car c'est seulement si la lettre citée en premier lieu
est la plus récente, et si c'est à elle que s'adresse la réponse du
Pape, qu'on s'explique que soit aussi indiqué le moment où elle
a été reçue, ce qui n'a lieu pour aucune autre lettre. On s'explique
aussi que le nom de celui qui la porta soit donné, alors qu'il n'est
donné pour aucune autre. Il suffit, par contre, de soulever la
question de savoir si le Pape a pu donner ces renseignements
relatifs à une lettre reçue dix ans auparavant, alors qu'il
négligeait d'en faire autant pour la lettre reçue en dernier lieu, la seule
qui importe dans ce qui suit, pour reconnaître l'impossibilité
d'accepter la chronologie d'Hefele. De plus, l'indication que les
lettres impériales sont conservées au pied du tombeau de saint
Pierre se rapporte manifestement à. la lettre de la neuvième
indiction : τας έπιστολας άποκει^ένας, et seule la lettre citée en premier
lieu (τα γράριμ,ατα) en est exceptée. » (i)
Avec M. Ostrogorsky, nous reconnaissons que la lettre de la
neuvième indiction est comptée par le Pape au nombre de celles
qui ont été déposées au tombeau de l'apôtre Pierre, et que, par
suite, elle n'a pu être qu'orthodoxe. Nous reconnaissons aussi
avec lui que la lettre de Léon III, désignée par les premiers mots
du document pontifical : τα γρά^ατα της υμετέρας..., et portée par
l'augustalios, n'est pas comprise parmi les lettres orthodoxes.
Mais le reste, à savoir, que les lettres orthodoxes commencent
à la quinzième indiction et que la lettre hérétique est rattachée
à la quatorzième, l'examen du texte nous oblige à le repousser.
Cette quatorzième indiction, où fut reçue la lettre hérétique,
M. Ostrogorsky ne peut la placer qu'après la neuvième indiction
{= 725-726), où fut reçue la dernière lettre orthodoxe. Mais cela
le mène jusqu'à 730-731. Un tel résultat se heurte à d'absolues
impossibilités chronologiques, que notre critique expose lui-même
très clairement. Pour se tirer d'embarras, il n'a d'autre ressource
que de déclarer la leçon du texte : τεσσαρΛσκαιδεκάτην, fautive en cet
endroit (2). Fort bien ! mais la leçon ne se laisse pas facilement
corriger, car elle est répétée immédiatement après, et renforcée par
l'expression τής αύτης, et, en outre, ce nombre est le commencement
(1) G. Ostrogorsky, Les débuts de la querelle des images, dans Mélanges Diehl, t. I
(histoire), p. s5i.
(2) Ibid., p. 2.51-252.
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lieu de dix, réparties sur onze années au lieu de dix, qui est le
chiffre déclaré par le document. C'est une difficulté, mais je la
crois de peu d'importance. Ou bien, en effet, le Pape aura compté
en chiffres ronds, ou bien le traducteur grec n'aura pas dégagé
suffisamment tous les éléments du mot latin undecim, ou bien
encore nous serions devant une correction d'un copiste qui,
commettant la même faute de ponctuation que nos éditeurs modernes,
aura rattaché la quatorzième indiction à la lettre portée par l'au-
gustalios et, la déduisant du total, aura corrigé onze en dix.
Quoi qu'il en soit, cette légère anomalie ne saurait prévaloir
contre la cohérence et la clarté du texte par nous traduit.
Quant à la remarque d'Hodgkin (1) et de Guérard (2), que
Léon III a pu difficilement écrire déjà en 716 au Pape, à cause de
sa situation coincée entre les Sarrasins et l'armée de Théodose, elle
n'est point péremptoire; car, d'une part, qui oserait affirmer qu'à
aucun moment il n'a été possible au « nouvel empereur » de se
mettre en communication par des envoyés avec les autres
provinces de l'empire où il espérait trouver appui? Et d'autre part,
il est de toute vraisemblance qu'il ait cherché à gagner à sa cause
le Pape, dont le suffrage entraînerait celui des provinces, italiennes
de l'empire.
La lettre portée par l'augustalios, à laquelle n'est attaché aucun
élément chronologique, est .celle que va combattre le document
pontifical. De toute évidence, elle est postérieure à la neuvième
indiction (925-926). Très vraisemblablement, elle appartient à la
dixième. Cette conclusion est celle de M. Ostrogorsky. Il a cru
nécessaire, pour y arriver, de faire violence au texte. Il est
intéressant de constater que le texte, bien lu, confirme ce même
résultat.
Lignes 7-8: ι) πλην est pris ici dans le sens très commun qu'il
a chez les Byzantins, de mais ; 2) la note du R. P. Hausheer
(produite par M. Vogt, p. 66), que του βασιλέως est en pleine ligne et
qu'il n'y a ni interruption ni signe quelconque entre les deux mots,
est surprenante, car les deux mots ne sont pas sur la même ligne.
Του est au bout d'une ligne, et le couteau du relieur a emporté la
moitié de Γυ, de telle sorte qu'il est impossible de savoir, a priori,
si rien ne séparait ce mot du mot suivant. Cette fin de ligne est donc,
à traiter comme les. autres, c'est-à-dire qu'il faut la compléter ou
non, suivant ce qu'exige le sens; 3) le manuscrit porte βασιλ, qu'on
a toujours rendu par βασιλέως, parce que ce génitif singulier
semblait appelé par του, mais ce peut être tout aussi bien βασιλέων, si,
comme nous le comprenons, τοϋ n'est qu'un élément de τούτο.
Ligne 8 : après είναι, il y a très certainement dans le manuscrit
l'amorce d'un τ. Le complément proposé par nous convient, et
matériellement, à cause du nombre de lettres possible et suffisant,
.et pour le sens, car τότε fixe le cas et veut dire : quand sont ainsi
partagées les dix livres.
Ligne 9 : après τοΰ δε, il est tout indiqué d'ajouter πρώτου ou
μεγάλου ; les deux mots se rencontrent dans le Livre des
Cérémonies, pour désigner l'empereur principal. Le nombre de lettres ne
doit pas faire difficulté, ces mots s'écrivant souvent en abrégé.
Ligne 10 : le ε final est bien ce qu'impose le sens. A cause
de la place pour l'écrire, je ne crois pas qu'il faille l'élider.
La traduction sera donc : 11 faut savoir, que l'apocombion doit
être de dix livres, et s'il n'y a qu'un seul empereur, il donne les dix
livres. S'ils sont deux ou s'ils sont trois, les dix livres sont
partagées en deux parts ou en trois, mais (de telle sorte que) la quantité
à donner par les empereurs est la suivante : le premier empereur
donne plus que les autres (probablement : que chacun des autres),
et ceux-ci donnent chacun la même somme, de manière à compléter
à eux deux le total des dix livres.
Comme on le voit, αμφοτέρων pour nous représente le τώνδε de
la ligne 10. Dans la seconde partie du scholion, c'est le cas de la
présence des trois empereurs qui retient évidemment l'attention
de l'auteur. Le premier donne plus que les deux autres, c'est-à-dire,
sans doute, que chacun des deux autres, et ceux-ci, en y
contribuant chacun pour une égale part, ajoutent ce qui manque pour
arriver au total des dix livres. En chiffres, on aura la proportion
suivante. Premier empereur : 4 livres; les deux autres : chacun 3 livres.
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