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UC 322 – Hypocalcémie puerpérale (FDC)

Ronéoteurs : Alessandri / Gillet Dispensé par Y. Milleman


Chef de matière : Chezaubernard Date : 14/02/2022

HYPOCALCEMIE PUERPERALE
Rang A : Préciser à quels moments (stade de lactation, âge) surviennent
généralement les cas cliniques d’hypocalcémie puerpérale.
Les animaux principalement atteints :
- Vaches laitières hautes productrices (Jersiaises puis Prim Holstein surtout).
- A partir de la deuxième voire de la troisième lactation.
C’est une maladie du péripartum, c’est-à-dire qu’on la trouve essentiellement après le vêlage :
- 9% dans les 24h avant le vêlage.
- 75% dans les 24h suivant le vêlage.
- 12% entre 24 et 48h après le vêlage.
- 4% plus de 2 jours après le vêlage (très rare donc).

Rang A : Citer les principaux signes cliniques rencontrés lors d’hypocalcémie


puerpérale.
Il y a 3 étapes dans l’apparition des symptômes : la phase initiale, la phase d’état et la phase
comateuse.
Symptômes Phase initiale Phase d’état Phase comateuse
Signes généraux Hyperesthésie Décubitus sternal Décubitus sternal ou
Port de tête normal latéral (si sternal, tête
Température rectale normale à posée au soi ou auto-
légèrement diminuée auscultation)
Température des extrémités Hypothermie marquée
diminuée (<38°C)
Fréquence cardiaque normale Tachycardie
à légèrement augmentée Dilatation pupillaire
Anurie Extrémités froides
Troubles du Animal inquiet, Conscience conservée Conscience altérée
comportement excitable (vache comateuse)
et de la
conscience
Signes Titube, chute Tentative de relever possible Paralysie flasque
locomoteurs possible, mais « faiblesse » des
fasciculation postérieurs
musculaire
Signes digestifs Diminution de la motricité Absence de motricité
ruminale ruminale, constipation,
météorisation légère
UC 322 – Hypocalcémie puerpérale (FDC)

Il existe des formes atypiques :


- Vache en décubitus sans coma.
- Vache debout avec un état de conscience altérée.

Rang A : Proposer un traitement pour une vache présentant une hypocalcémie


puerpérale (en détaillant toutes les précautions pratiques nécessaires à la mise
en œuvre du traitement).
Base du traitement :
- Calcithérapie par voie intraveineuse stricte et lente.
- Dose : 2g de calcium (soit 500mL de borogluconate e calcium 23%) par 100 kg de poids vif
(solution de calcium pure principalement).
L’animal est en tachycardie : le cœur peut lâcher avec l’apport de Ca (le risque de tuer la vache
est présent).
Modalités pratiques (important) :
- Soluté réchauffé (choquant si froid) dans un seau d’eau chaude.
- Perfusion lente (on perfuse accroupi avec la poche au niveau de la tête de l’animal)  de
préférence en IV, en IM si c’est impossible mais effets plus lents.
- Monitorer les effets du calcium sur la vache : auscultation cardiaque pendant la durée de la
perfusion (on ralentit si le cœur s’accélère) et/ou mesure de la fréquence respiratoire.
Pour des raisons pratiques et de sûreté, le vétérinaire peut accrocher la tête à la patte postérieure
pour faire gonfler la jugulaire.
Plusieurs signes montrent la réussite du traitement :
- Relever de la vache :
 60% des vaches se relevant en 30 minutes.
 Relever dans les 2 heures maximum  cas contraire : éleveur devant appeler le
vétérinaire.
- Eructation (= retour de motricité ruminale).
- Trémulation (= arrivée du calcium au niveau musculaire).
- Emission d’urine.

Traitements complémentaires :
Lors du traitement, la calcémie peut remonter au-dessus du seuil. Il y a alors un risque de
production de calcitonine et chute de la calcémie. Pour prévenir les rechutes, on fournit un apport de
calcium par voie orale ou sous-cutanée.
On peut aussi :
- Limiter l’exportation de calcium dans le lait : traite incomplète ou glucocorticoïdes (coupent
la production laitière).
- Apport de phosphore et de magnésium (si suspicion de carences multiples) : voie injectable
et/ou orale.
- Nursing : AINS, soins apportés à l’animal pour limiter les complications.
- Placer la vache sur un sol souple, confortable, non glissant pour permettre le relever.

Rang B : Citer les affections participant au diagnostic différentiel de


l’hypocalcémie puerpérale, en précisant les éléments de différenciation.
Affections conduisant à un décubitus après le vêlage :
- Mammite « colibacillaire » : modification de l’aspect du lait, choc toxinique, hyperthermie en
début d’évolution alors que l’hypocalcémie n’induit pas de fièvre.
- Métrite toxique : écoulements vaginaux lie de vin et nauséabond, choc toxinique.
UC 322 – Hypocalcémie puerpérale (FDC)

- Hémorragie utérine : saignement mis en évidence voie vaginale (mais ici il y a aussi une
anémie).
- Paraplégie d’origine traumatique (mais ici l’état de conscience est conservé).
- Hypophosphatémie : symptomatologie proche.
- (Hypomagnésémie) sans lien au vêlage.
- (Hypokaliémie) : sans lien avec vêlage.

Rang B : Décrire la physiopathologie de l’hypocalcémie puerpérale.


Mécanismes participant à une hypocalcémie impliquant :
- Soit une perte trop importante (hausse de l’exportation du calcium dans le lait).
- Soit un apport insuffisant (baisse de la résorption osseuse, baisse de l’absorption alimentaire).
Les facteurs influençant ces mécanismes sont décrits sur le schéma ci-dessous.

La hausse de la calcitonine lors de stress de vêlage provient de la diminution de l’ingestion.

Rang B : Proposer des examens complémentaires permettant le diagnostic de


l’hypocalcémie puerpérale, en précisant les valeurs seuils permettant le
diagnostic.
Dosages ioniques de la calcémie, de la phosphatémie, de la magnésémie et de la glycémie. Ils sont
réalisés en clinique donc le premier traitement est administré « en aveugle », les analyses sont alors
effectuées si l’animal ne se relève pas.
Hypocalcémie :
- Valeurs normales de la calcémie : 80 à 120 mg/L.
- Au stade vache couchée, [Ca2+] < 50 mg/L.
- 50 mg/L < [Ca2+] < 80 mg/L : hypocalcémie subclinique.
- Hypocalcémie modérée observable chez une vache sans signes cliniques associés dans les 24h
après mise bas (< 75 mg/L ou 1,87 mmol/L).
Hypophosphatémie :
- Valeurs normales de la phosphatémie : 40 à 80 mg/L.
- Diminution modérée à sévère fréquente ([P inorganique] de 10 à 40 mg/L) due à la baisse de
récepteurs à la parathormone.
Magnésémie variable (normale 17-22 mg/L, diminuée ou augmentée).
Hyperglycémie modérée fréquente : le calcium agit sur les cellules qui dégranulent, dont celles du
pancréas. En cas de manque de calcium (hypocalcémie), elles ne dégranulent pas donc il y a moins
d’insuline donc pas de stockage (hyperglycémie).

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