Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Cours de Procédure Pénale Complet
Cours de Procédure Pénale Complet
2. On trouve aussi une institution du juge unique lorsque l’audience est présidée par
un seul juge.
Pour ce qu’il est en de la troisième règle commune, on dit qu’il y a un parallélisme au niveau
des voies de recours que ce soit pour le contentieux pénal ou le contentieux civil, on
retrouve les mêmes voies de recours, que ce soit les voies de recours ordinaires comme
l’opposition ou l’appel (qui consacre la règle du double degré de juridiction), que ce soit au
niveau des voies extraordinaires comme le pourvoi en cassation ou le pourvoi de révision et
de correction.
Malgré ces règles communes, on constate l’existence d’indicateurs qui signalent le
particularisme de la procédure pénale vis-à-vis de la procédure civile. Deux indicateurs
majeurs :
La complexité structurelle de la procédure pénale :
En vérité, on peut partir du constat selon lequel le procès civil apparait comme un procès
linéaire et simple qui se focalise sur la phase du jugement, or, la phase antérieure est
totalement inaperçue, le dossier est traité par un juge/magistrat pour le rendre en état
d’être jugé.
Le processus judiciaire sur le plan pénal est plus complexe, c’est un processus qui conjugue
une multiplicité de séquences et une diversité des organes intervenant durant ces
séquences. Ainsi on constate que le circuit judiciaire pénal peut englober jusqu’à 4 phases
d’importance égale agencées dans un ordre précis.
- Au niveau de l’enquête d’abord il y a intervention d’un corps administratif de nature et
c’est la police judiciaire.
Cette répartition des fonctions est schématisée à travers un principe qu’on appelle le
principe de la séparation des fonctions judiciaires. Cela signifie que chaque magistrat
possède le monopole d’une fonction mais il est cantonné dans cette seule fonction ce qui
veut dire qu’il ne peut pas empiéter sur la fonction d’un autre magistrat.
La portée de ce principe se manifeste doublement :
1. Une indépendance des fonctions réciproque de chaque magistrat puisque les 3
fonctions sont séparées.
Cette liberté n’a pas la même signification pour les parties du procès. Pour l’accusation, il
s’agit d’une charge de preuve, c’est-à-dire que l’accusation endosse le fardeau de la
preuve. Concrètement, c’est l’accusation qui doit démontrer tous les éléments
constitutifs d’une infraction et l’absence de tous les facteurs qui peuvent faire disparaitre
cette infraction.
Cette règle s’explique par le grand principe de la présomption d’innocence qui veut
qu’un suspect ne peut pas contribuer lui-même à sa propre accusation.
A part cette exception, il importe quand même de signaler que la liberté de la preuve
reste encadrée par deux règles qui ne sont pas compatibles, ce qu’on appelle la loyauté
dans l’administration de la preuve, c’est-à-dire que celui qui cherche la preuve et la
présenter doit afficher une certaine intégrité (respecter l’intimité de la personne, le
policier doit respecter la vérité…). La deuxième règle est ce qu’on appelle
l’administration légale de la preuve, c’est-à-dire que la recherche et la présentation
d’une preuve est toujours soumise aux formalités et conditions prescrites par la loi
(formalité d’une garde à vue, d’une perquisition, les formalités de la rédaction d’un PV,
comment auditionner…).
A vrai dire, le juge ne se base pas sur une échelle de preuves, il juge en quelque sorte
avec sa conscience, son cœur, et tous les moyens de preuves ont la même force
probante virtuelle. Il peut rejeter tout moyen de preuve qui n’emporte pas sa conviction
même l’aveu.
Cependant, il faut signaler que cette règle de l’intime conviction accuse une exception
majeure à savoir la valeur probante accordée à certains PV de la police judiciaire. En
effet, selon le code de procédure pénale, les PV et les rapports dressés par la police
judiciaire constatant un délit ou une contravention, font foi jusqu’à preuve du contraire,
cela veut dire que le contenu de ce PV l’emporte sur la conviction du juge, or, il est lié
par le contenu de ce rapport sauf en matière criminelle, ici, tous les éléments du PV et
des rapports sont considérés comme de simples renseignements éclairant le juge.
Plus loin, les PV et rapports dressés par certains fonctionnaires chargés de la police
judiciaire dans certains domaines font foi jusqu’à inscription de faux.
CHAPITRE 1. LES PHASES PREPARATOIRES DU PROCES
PENAL
Après la constatation d’une infraction ou son renvoi vers l’appareil pénal, la première phase
entamée est celle de l’enquête, a pour finalité la construction d’un dossier de l’affaire à
traiter.
La poursuite par le parquet se déroule brièvement sous le signe de l’orientation du dossier le
sort qu’on va réserver à la fin.
La phase d’instruction va servir à approfondir le dossier à travers une nouvelle enquête
menée par un juge d’instruction.
A travers ces 3 phases, c’est la procédure inquisitoire qui l’emporte, il s’agit d’une procédure
secrète écrite et non contradictoire sauf au niveau de l’instruction où le contradictoire est
introduit de façon relative.
- Au niveau de la gendarmerie On trouve tous les officiers, tous les autres gradés et
même un simple gendarme qui assure le commandement d’une unité de la gendarmerie.
- Au niveau de la sureté nationale Sont des OPJ de plein droit, le directeur général, les
préfets de police, les contrôleurs généraux, les commissaires et enfin les officiers de
police.
2- Des APJ (Agents de police judiciaire) Ce sont les membres de la police qui sont
consacrés par le code de procédure pénale, comme des auxiliaires des OPJ, c’est-à-dire
ce sont des membres qui n’ont pas l’aptitude d’intervention directe qui ne peuvent pas
décider d’accomplir un acte d’enquête, qui ne communique jamais directement avec les
magistrats. Leurs tâches est définie doublement : d’une part, il s’agit de seconder les OPJ
dans l’exercice de leurs fonctions, d’autre part, ils ont l’obligation d’informer leur
supérieur OPJ de toutes les infractions dont ils ont eu connaissance soit par
constatation directe, soit en recevant une déclaration d’une personne. Dans ce cas, ils
peuvent réunir tous les renseignements concernant ces infractions découvertes.
- Au niveau de la gendarmerie Sont des APJ tous les gendarmes qui n’ont pas la qualité
d’OPJ.
- Au niveau de la police national Sont des APG les inspecteurs et tous les membres du
service actif de la police (avec uniformes).
1- La mission d’investigation :
Elle est précisée par le code de procédure pénale dans l’article 18 qui dispose que la police
judiciaire a pour mission de s’assurer de la commission des infractions dont recherchés les
preuves et les auteurs. Autrement dit, c’est une mission triple ; constater les infractions,
rassembler les preuves et identifier les auteurs.
Cette mission est réglementée légalement à travers deux cadres juridiques : celui de
l’enquête (celle de flagrance et préliminaire) et le cadre de l’instruction dont la mesure où
les OPJ peuvent intervenir sur délégation judiciaire du juge.
Pour faciliter cette mission d’investigation, le législateur prévoit certains mécanismes
d’accompagnement. D’abord au niveau de l’accès à la réalité criminelle, les OPJ sont dotés
du pouvoir de réception et d’initiative, c’est-à-dire ils sont habilités à recevoir les plaintes,
les dénonciations, les déclarations… sans oublier qu’ils peuvent entamer une enquête sur
ordre du parquet. Le pouvoir d’initiation signifie que les OPJ sont compétents légalement de
prendre eux-mêmes l’initiative d’entamer une enquête s’il y a des indices qui proposent la
commission d’une infraction (même à travers les journaux, les rumeurs publiques...).
Le deuxième mécanisme mis à la disposition des OPJ, c’est l’aptitude de solliciter la force
publique pour l’exécution d’un acte d’investigation (comme une perquisition, arrestation...).
Par ailleurs, on constate que la compétence matérielle et territoriale est répartie selon 2
principes : une spécialisation matérielle et une extension territoriale.
Matériellement, la police judiciaire au sein d’un ressort est répartie sous forme de brigades
spécialisées (brigades criminelles pour les homicides, brigades économiques et financières,
brigades des mœurs... mais la constitution d’une brigade des mineurs est obligatoire en
vertu du CPC).
Territorialement, en principe, chaque OPJ est compétent dans son ressort territorial qui est
dessiné de façon administrative. Seulement, l’OPJ peut faire des investigations au-delà de
son ressort s’il y’a besoin, il peut faire des recherches dans tous les périmètres urbains, l’OPJ
de la gendarmerie peut agir dans la zone de défense où il est affecté.
Sur le même registre, le législateur permet la constitution de brigades régionales ou
nationales (on trouve la brigade nationale de la police judiciaire, la brigade nationale de la
gendarmerie et on peut trouver aussi pour la DST : La BCIJ, bureau central de la police
judiciaire. Ces structures nationales sont sollicitées pour traiter ce qu’on appelle le crime
organisé, une catégorie d’infractions déterminée par l’article 108 du CPP).
- Les PV de constat : A travers lequel il y’a consignation d’un état, d’une situation, d’un fait
(PV de perquisition, de flagrance, d’une contravention routière...).
La rédaction d’un PV doit obéir à des formalités strictes sous peine de la nullité. Le PV doit
contenir obligatoirement toutes les informations concernant le rédacteur, sa qualité, sa
circonscription, la date, le lieu de la rédaction du PV, tous les renseignements concernant la
personne concernée (plaignant, témoin, suspect, parti civil, responsable civil...). S’il s’agit
d’un suspect, le PV doit préciser qu’il a été informé de ses droits.
Le PV doit être lu par la personne concernée, il doit le signer librement ou refuser de la
signer. Pour la force probante, le PV en lui-même n’est pas un mode de preuve, c’est un
support de preuves. Il s’agit d’annuler ou de ne pas annuler le contenu du PV.
En matière criminelle, le contenu du PV ne lie pas le juge, les informations sont considérées
comme de simples renseignements pour orienter l’intime conviction du juge.
En matière délictuelle et contraventionnelle, s’impose au juge jusqu’à preuve du contraire.
A noter enfin que l’OPJ peut rédiger un rapport de synthèse ou il fait le résumé de l’affaire
en énumérant les opérations les plus concluantes et pour finir, formuler ses conclusions et
observations concernant les infractions commises. C’est un rapport qui n’a pas une force
probante car il vient juste éclairer le juge.
L’article 751 du CPP prévoit la sanction de la nullité pour toute formalité qui n’a pas respecté
les dispositions légales.
Le prélèvement des indices à ce niveau, l’OPJ est appuyé souvent par ce qu’on
appelle les spécialistes de la scène qui vont relever sur le lieu tous les indices
possibles (des restes, des empruntes, cheveux, sperme...). Tous ces indices seront
confisqués, saisis et peuvent faire l’objet d’une expertise policière.
- Pour les infractions contre la sûreté de l’Etat, le délai initial est de 96h renouvelable une
seule fois sur autorisation écrite du parquet.
- Pour les infractions terroristes, le délai initial est de 96h renouvelable deux fois sur
autorisation écrite du parquet.
Pour le contrôle, une contrainte qui est contrôlée par divers mécanismes.
La garde à vue reste une mesure problématique parce qu’elle implique 2 aspects, d’abord
l’aspect enfermement ensuite il y a l’aspect interrogatoire parce que durant la garde à vue,
la personne est confrontée aux enquêteurs, c’est un moment dramatique où elle doit
répondre aux questions et aux interrogations des policiers d’où un double risque. Le risque
de subir des maltraitances et le risque de contribuer à sa propre culpabilité à travers un
aveu extorqué dans des conditions plus ou moins obscures.
C’est pourquoi le législateur marocain s’efforce de diversifier les garanties et les formalités
pour protéger la personne, ces garanties tournent autour de 2 axes :
- Assurer la transparence de la garde à vue.
- Assurer la loyauté de la garde à vue.
Pour le premier axe, la garde à vue doit être rendue publique, c’est une mesure qui doit être
divulguée, connue, autrement dit, le lieu de la garde à vue est un local officiel de la police
judiciaire, c’est pour éviter les disparitions forcées, les séquestrations arbitraires dans un lieu
secret. Pour cela, le législateur déploie le mécanisme de l’information. C’est-à-dire que
plusieurs personnes doivent être averties, la garde à vue doit être notifiée à certaines
personnes.
Le premier mécanisme est l’information. On trouve d’abord l’obligation pour l’OPJ
d’informer la personne dès qu’il décide son placement en garde à vue, lui communiquer les
motifs de la garde à vue, l’avertir de ses droits (le droit au silence, le droit à un avocat.
Ensuite l’obligation pour l’OPJ d’informer la famille de la personne en garde à vue.
Enfin, l’obligation pour l’OPJ d’informer le parquet. Autrement dit, il a l’obligation
d’adresser au parquet quotidiennement la liste des personnes gardées à vue les 24h
précédentes. Sans oublier que le parquet est indiqué à contrôler les lieux de la garde à vue
une fois par semaine.
Le deuxième mécanisme est le contact avec un avocat (entretien avec un avocat), le code
de procédure pénale accorde à la personne gardée à vue le droit à un entretien de
30minutes avec l’avocat désigné ou nommé par l’assistance judiciaire.
C’est une rencontre qui se fait sous le contrôle de l’OPJ sur autorisation du parquet. Au bout
de cette rencontre, l’avocat peut déposer des observations écrites, des documents à joindre
au PV de l’affaire.
Cette rencontre se déroule au niveau du délai initial de la garde à vue sauf retard décidé par
le parquet (selon le cas 48h ou bien 12h…).
Pour le deuxième axe, concernant la loyauté de la garde à vue, le législateur déploie
plusieurs mécanismes.
D’abord, on se base sur la consignation écrite des péripéties de la garde à vue depuis le
point de départ (l’arrestation de la personne ou lorsque la personne se présente elle-même)
jusqu’au renvoi vers le parquet.
Le premier document est le PV d’audition qui relate le délai de la garde à vue de son
commencement jusqu’à sa fin.
Le deuxième document est le registre de la garde à vue qui est disponible dans tout le cadre
de la garde à vue et qui est visé par le parquet toutes les semaines.
Puis, on se base le contrôle médical de la personne gardée à vue, l’OPJ est invité à
soumettre la personne à un contrôle médical s’il estime que la santé de la personne gardée à
vue l’exige, c’est un examen en amont. Après la garde à vue, le parquet peut prendre
l’initiative lui-même de soumettre la personne s’il constate des traces suspectes sur son
corps à un contrôle médical. L’avocat de la personne peut demander aux magistrats du
parquet d’effectuer un contrôle médical sur son client.
Enfin, on se base sur la nullité du PV d’audition, c’est-à-dire que le législateur annonce la
sanction de la nullité lorsque les formalités de la garde à vue ne sont pas observées, que ce
soit à travers l’article 751 qui annonce le principe en général de la sanction de la nullité.
- C’est un lieu privé ou autrement dit une propriété privée, dans ce cas, l’OPJ est obligé
de passer par l’opération de perquisition. Pour cette opération, le régime de la
perquisition au niveau de la flagrance est maintenu seulement, il y’a une différence de
taille au niveau de la décision de perquisition. Le législateur exige le consentement écrit
de la personne impliquée. Pour la saisie, lorsque la perquisition est concluante,
l’opération de saisi de déroule selon les formalités prévues au niveau de la flagrance. Les
objets saisis peuvent être soumis à une expertise policière par les soins de la police
technique et scientifique.
2- Le régime des actes portant atteinte aux libertés :
Pour les auditions des personnes, l’OPJ peut convoquer toute personne qu’il estime détenir
des informations concernant l’infraction. Cette personne n’est pas obligée de répondre à la
convocation. Même en répondant favorablement, elle bénéficie du droit au silence et même
du droit au mensonge parce qu’à ce niveau, devant la police, l’infraction de faux témoignage
n’est pas constituée (elle est constituée devant un magistrat).
Pour l’arrestation dans le cadre de la préliminaire, est une pratique qui n’est pas prévue par
le code de procédure pénale parce qu’elle est totalement incompatible avec l’esprit de la
préliminaire et de ce fait, l’arrestation directe de la personne est exclue par la loi.
L’arrestation en vérité doit se confondre avec 2 pratiques :
- La personne répond à la convocation de la police, se présente, et après audition, l’OPJ
estime que cette personne doit être gardée à vue, il demande l’autorisation du
parquet.
SECTION 2. LA POURSUITE
Sur le plan terminologique, dans le vocabulaire procédural, le terme poursuite peut recevoir
3 acceptations :
- Une acceptation temporelle C’est la phase où le dossier d’une affaire est examiné par
un magistrat du parquet et cet examen sera couronné par une décision de règlement qui
consiste à choisir entre la poursuite et la non poursuite. C’est-à-dire le renvoi de l’affaire
vers une juridiction d’instruction ou de jugement ou bien le fait de renoncer à la
poursuite.
- Une acceptation fonctionnelle C’est-à-dire que le terme renvoi à la fonction
judiciaire assumée par le parquet à travers le procès pénal. C’est l’une des 3 fonctions
judiciaires consacrées par le législateur. Dans ce sens, cette fonction selon la loi consiste
à déclencher l’action publique.
C’est une situation très confortable pour la victime dans la mesure où elle va
bénéficier de tous les moyens de preuve recueillis par la police puisque c’est le
parquet qui a la charge de la preuve. En cas de condamnation, les personnes
condamnées sont solidaires (c’est-à-dire que la victime peut demander réparation au
condamné le plus solvable) et même en cas d’acquittement de la personne, la victime
ne supporte pas les frais du procès.
A. La non-poursuite :
Ce choix négatif du parquet se concrétise à travers 2 mécanismes :
2. Les alternatives :
Le parquet peut déployer des mécanismes de substitution pour éviter la poursuite et le
renvoi du délinquant vers une juridiction soit d’instruction soit de jugement. Ces
mécanismes alternatifs se justifient par une accélération d’une procédure, un soulagement
des juridictions avec un slogan de politique criminelle qui a la possibilité de punir sans juger.
C’est dans ce sens que le législateur prévoit le mécanisme de la transaction pénale
judiciaire à travers l’article du CPP. C’est le pouvoir donné au parquet de conclure un accord
avec l’agent de l’infraction en contrepartie d’une renonciation de la poursuite.
La loi pose deux conditions préalables :
- Il doit s’agir d’abord d’une contravention ou d’un délit de police puni jusqu’à 2 ans
d’emprisonnement.
A signaler que l’inviolabilité parlementaire pour les crimes et les délits de droit commun
a été abolie par la Constitution de 2011.
- L’immunité familiale concerne uniquement certaines infractions contre les biens (vol,
escroquerie, abus de confiance…) Il y’a deux bénéficiaires, d’abord un ascendant à
l’égard d’un descendant et ensuite le conjoint par rapport à l’autre conjoint. A noter que
ces infractions peuvent donner lieu à une action civile pour réparation.
a. La citation directe :
C’est l’acte qui consiste pour le parquet à adresser une convocation à l’agent de l’infraction
pour comparaitre devant le tribunal de première instance. Cela suppose une poursuite en
état de liberté. C’est la voie normale lorsqu’il s’agit de contraventions et de délits
n’encourant pas une peine privative de liberté.
Cependant, le parquet selon l’article 74 CPP, peut utiliser la citation directe
exceptionnellement même pour un délit encourant un emprisonnement qu’il soit flagrant
ou non, à condition que le délinquant présente des garanties de représentation (absence
d’antécédant, domicile connue, travail stable…) et de payer une caution dont le montant
sera évalué souverainement par le parquet.
La date de la citation signifie le point de départ de la poursuite, elle est notifiée à la
personne déterminée par les voies classiques de la notification. La citation doit comporter 2
données essentielles pour que la personne citée puisse préparer sa défense.
D’abord, une détermination avec précision des :
- Qualifications pénales.
- Le jour et le lieu de l’audience.
Puis, le fait de laisser un délai raisonnable minimal entre le jour de la notification et le jour
de la comparution. Ce délai est de 8 jours lorsque la personne citée se trouve au Maroc,
lorsque la personne se trouve à l’étranger, le délai est plus long.
La citation directe est un procédé qui est utilisé aussi par les administrations détentrices de
l’action publique.
b. La comparution immédiate :
C’est le mécanisme expéditif qui consiste à traduire le délinquant devant le tribunal de
première instance en état d’arrestation et il sera jugé dans les jours qui suivent. C’est un
mécanisme qui joue normalement pour les crimes et les délits flagrants punis d’une peine
privative de liberté, mais il peut s’appliquer même à des crimes ou délits non flagrants.
Lorsque le parquet se trouve devant un crime (abstraction faite des crimes où l’instruction
n’est pas obligatoire), il va apprécier la disponibilité du dossier au jugement, il doit donc
trancher et voir si le dossier est en mesure d’être jugé ou non.
S’il estime que le dossier doit passer par l’instruction, il le renvoi.
Lorsqu’il estime que le dossier est en état d’être jugé, dans ce cas, il utilise la traduction
directe.
Concrètement, le parquet procède à l’interrogatoire de la personne poursuivie après les
vérifications normales (d’identité, communication des droits…), l’avocat peut assister à
l’interrogatoire mais de façon passible.
L’avocat peut prendre quelques initiatives comme le fait de demander un examen médical,
déposer des documents adjoints au dossier de l’affaire, ou encore proposer au parquet s’il
y’a possibilité d’une liberté provisoire moyennant une caution.
Après l’interrogatoire, le parquet formule un mandat de dépôt pour placer la personne en
détention.
L’audience doit au maximum commencer dans les 15 jours qui suivent devant la chambre
criminelle de la cour d’appel.
Pour les délits punis d’emprisonnement, c’est le même processus. A noter que le parquet
peut utiliser la comparution directe même pour un délit non flagrant.
SECTION 3. L’INSTRUCTION
L’instruction est consacrée par le législateur comme une fonction judiciaire à côté de la
poursuite et du jugement. Elle est assurée par des juges de siège appelés les juges
d’instruction. Que ce soit au niveau du tribunal de première instance, que ce soit au niveau
des cours d’appel, un ou plusieurs juges d’instructions sont nommés pour exercer
exclusivement cette tâche au sein même de leur bureau (appelé cabinet du juge
d’instruction).
Ainsi, le juge d’instruction est considéré comme une juridiction d’instruction de premier
degré et est toujours assisté par un greffier. La chambre correctionnelle de la cour d’appel
est consacrée comme juridiction de deuxième degré d’instruction compétente pour statuer
sur les appels intentés contre les ordonnances juridictionnelles du juge d’instruction.
L’instruction est une procédure qui se concrétise à travers une nouvelle enquête
approfondie menée par le juge indépendant et neutre qui instruit à charges ou à décharges
(il va prendre en considération aussi bien les preuves amenées par la défense que les preuves
amenées par l’accusation).
Pour bien mener sa tâche, le juge dispose de plusieurs pouvoirs. D’abord des pouvoirs
d’investigation, puis des pouvoirs juridictionnels qui révèlent sa qualité de magistrat de
siège.
A signaler que le juge d’instruction peut procéder à l’audition des témoins convoqués
lorsque ces derniers sont considérés comme utiles. Chaque témoin est entendu de façon
isolée sauf en cas de besoin de confrontation avec l’inculpé.
Même chose concernant les victimes qui peuvent se présenter avec leurs avocats.
Le non-lieu de droit est basé sur des considérations purement légales, le juge
constate un défaut de qualification, une cause d’extinction, le juge valide un fait
justificatif. Il se rapproche d’un acquittement, les poursuites sont arrêtées et en
principe l’inculpé est libéré (sauf appel du parquet dans 24h).
Ainsi le non-lieu de droit est une décision qui peut acquérir l’autorité de la chose
jugée.
- Le mandat d’amener C’est un ordre qui est lancé à tous les organes de la force
publique pour appréhender par la force si nécessaire et l’amener devant le juge
d’instruction. Ce mandat permet légalement l’arrestation d’une personne et il permet
une garde à vue de la personne le temps du transfert du lieu d’arrestation vers le siège
du juge d’instruction.
- Le mandat de dépôt C’est un mandat contextuel qui suppose que l’inculpé soit déjà
entre les mains du juge d’instruction et que ce dernier décide de placer l’inculpé en
détention préventive à travers une ordonnance de mise en détention préventive.
Pour l’exécution de sa décision, le juge délivre un mandat de dépôt, un ordre lancé au
chef d’une prison pour accueillir et incarcérer la personne.
C. La détention préventive :
C’est une vraie atteinte à la liberté de la personne inculpée dans la mesure où le juge
d’instruction détient le pouvoir d’incarcérer une personne en prison au cours de
l’instruction. C’est ce qu’on appelle une détention préventive à ne pas confondre avec la
garde à vue.
Le placement en détention se concrétise à travers une ordonnance de mise en détention
suivie d’un mandat de dépôt. Elle se justifie par les nécessités de l’instruction. La pratique
de l’instruction révèle plusieurs motifs comme le fait de protéger les preuves, garantir la
présence de l’inculpé, protéger l’ordre public contre un délinquant dangereux parfois
même le protéger lui-même.
La durée de la détention préventive est variable selon la gravité de l’infraction :
Pour les délits La durée initiale est 1 mois renouvelable 2 fois par une ordonnance
motivée du juge d’instruction.
Pour les crimes La durée initiale est de 2 mois renouvelable 5 fois sur ordonnance
motivée du juge d’instruction.
La durée de la détention est décomptée de la sanction de la sanction prononcée par la
juridiction.
En cas d’acquittement, se pose le problème d’une détention abusive qui ouvre le droit à la
réparation d’après la constitution marocaine.
A noter que, heureusement, le code de procédure pénale prévoit des alternatives à la
détention.
Il y’a d’abord ce qu’on appelle le régime du contrôle judiciaire (qui peut durer 2 mois
renouvelable 5 fois) : Il s’agit pour le juge d’instruction de laisser la personne en liberté mais
en contrôlant cette liberté par des mesures restrictives.
3 sortes de contraintes peuvent être imposées par le juge de l’instruction à l’inculpé :
- Des restrictions concernant sa liberté d’aller et venir, une assignation de résidence, le
fait de pointer chez la police une fois ou deux fois par semaine, le bracelet
électronique…
- Des restrictions concernant la capacité d’exercer, vendre, louer, faire des actes de
commerces…
- Des restrictions à caractère pécuniaire, ne pas émettre des chèques, ne pas être
associé à une société...
En cas d’échec du contrôle judiciaire, le juge peut revenir à la détention préventive.
Puis, la deuxième alternative est la liberté provisoire sans aucune restriction avec le dépôt
d’une caution, le juge peut prendre l’initiative et accorder à la personne la liberté provisoire.
L’inculpé peut toujours solliciter sa liberté provisoire, le juge doit répondre dans les 5 jours
qui suivent sinon, en cas de refus, appel devant la chambre correctionnelle qui doit trancher
les 15 jours qui suivent.