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CHAPITRE 3 :
LA COMPTABILISATION DES
AMORTISSEMENTS ECONOMIQUES
Par 1 : les fonctions de l’amortissement :
A ) la fonction comptable :
 prendre en compte la perte de valeur définitive de certaines immobilisations.
Ne pas prendre en compte ces pertes de valeur reviendrait à surévaluer le patrimoine de
l’entreprise.
 perte de valeur définitive due à l’usure ou à l’obsolescence technologique (matériels
informatique par exemple).

Remarque :
Il peut arriver que pour certaines immobilisations (terrains en particulier), la valeur
estimée réelle à la clôture soit supérieure au coût d’acquisition ; la plus-value latente
(latente car elle sera seulement réelle en cas de vente) correspondante n’est pas
comptabilisée en application du principe de prudence, sauf option pour la réévaluation
libre (mais dans ce cas la plus-value latente comptabilisée constitue un produit
imposable).

B ) la fonction financière :
 Les amortissements sont comptabilisés en charges (perte de valeur).
Donc ils diminuent le résultat avant IS et par conséquent l’IS, ce qui représente une
économie financière pour l’entreprise.
Cette économie de trésorerie doit permettre le renouvellement de l’immobilisation une
fois qu’elle aura perdu entièrement sa valeur.
 Par ailleurs, comme on peut seulement distribuer des dividendes limités aux résultats,
les amortissements viennent diminuer les dividendes, ce qui permet à l’entreprise de
garder de l’argent pour elle, ce qui lui permettra de s’autofinancer ultérieurement.

C ) la fonction économique :
L’amortissement permet de répartir en charges sur la durée d’utilisation de
l’immobilisation la dépense correspondant au coût d’acquisition.
A titre de comparaison, un achat de marchandises destinées à être revendues est
comptabilisé en charges dès l’achat.
Dans les 2 cas, la dépense est comptabilisée en charges, ce qui est normal puisque toute
dépense constitue une charge ; la seule différence consiste à comptabiliser la charge
immédiatement ou de manière étalée.

Rappels de comptabilité – chapitre 3 : la comptabilisation des amortissements économiques


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Remarques :
 charges non décaissables : elles diminuent le résultat mais non la trésorerie de
l’entreprise.
En effet, le décaissement du prix d’acquisition de l’immobilisation correspondante a été
effectué lors de l’acquisition ; par conséquent, les charges d’amortissement qui sont
comptabilisées au fur et à mesure de la dépréciation de l’immobilisation n’ont aucune
conséquence sur la trésorerie (l’argent) de l’entreprise.
 Certaines immobilisations ne sont pas amortissables car elles ne perdent pas de
valeur du fait de leur utilisation ou du temps qui passe :
 les terrains (sauf cas particulier des gisements ou des carrières qui perdent de la valeur
au fur et à mesure de leur exploitation, qui n’est pas infinie) qui ne « s’usent » pas au fur
et à mesure que l’on s’en sert.
 les immobilisations financières : les titres ne « s’usent » pas en effet.

Par 2 : le calcul de l’amortissement :


A ) l’amortissement linéaire :
 Méthode de calcul la plus simple.
 amortissement est constant dans le temps, à savoir qu’il est identique pour chaque
exercice.
 A chaque clôture d’exercice, dotation = base x taux

1°) la base d’amortissement :


 Elle est constante.
Base d’amortissement = coût d’acquisition HT - valeur résiduelle éventuelle
(si elle peut être déterminée et si elle est significative).
 Valeur résiduelle = prix de vente prévu à l’issue de l’utilisation par l’entreprise net de
coûts de sortie (coûts permettant de mettre l’immobilisation en état d’être vendue).

2° ) le taux d’amortissement :
100 %
Nombre d’années prévues d’utilisation

3° ) le point de départ de l’amortissement :


 date exacte de mise en service du bien, car on estime (même si cela est contestable)
que le bien commence à perdre de la valeur uniquement à compter de sa mise en service
(et non de sa date d’acquisition).
Par simplification, on considère que chaque mois compte 30 jours, et que donc une
année entière compte 360 jours.
 Pour la 1ère année d’amortissement d’un bien dont la mise en service n’a pas eu lieu
au début de l’exercice, on ramène proportionnellement la dotation annuelle à la période
concernée ; on dit qu’on applique un prorata temporis.

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Remarque :
Si le bien est acquis en cours d’exercice, il y a aura 1 ligne de plus d’amortissements par
rapport au nombre d’années d’utilisation.

Exemple :
 Une société a acquis le 6 février N un matériel de transport pour 20 000 €.
 La mise en service a eu lieu le 15 février N.
 La société prévoit d’utiliser le matériel pendant 4 ans et de le revendre alors pour
4 000 €.
 Taux d’amortissement = 100 % = 25 %
4
 base d’amortissement = 20 000 – 4 000 = 16 000 €
Date Base d’amortiss. Dotation aux Cumul des Valeur comptable de la
amortiss. amortiss. machine après amortissements
31/12/N 16 000 3 500 (1) 3 500 16 500 (2)
31/12/N + 1 16 000 4 000 (3) 7 500 12 500 (4)
31/12/N + 2 16 000 4 000 (3) 11 500 8 500
31/12/N + 3 16 000 4 000 (3) 15 500 4 500
31/12/N + 4 16 000 500 (5) 20 000 4 000
(1) 16 000 x 25 % x 10,5 x 30 (du 15 février au 31 décembre)
360
(2) 20 000 – 3 500 (3) 16 000 x 25 % (4) 20 000 – 7 500
(5) 16 000 x 25% x 1,5x 30 (du 1er janvier au 15 février)
360

B ) l’amortissement dégressif :
 L’amortissement diminue au fur et à mesure que le temps passe.
 mode d’amortissement qualifié de « fiscal » car historiquement, le mode dégressif a
été créé par l’administration fiscale pour permettre aux entreprises d’amortir davantage
leurs immobilisations au début de l’utilisation du bien et donc d’obtenir une plus forte
réduction d’impôt sur les bénéfices au début de l’utilisation du bien, c’est-à-dire à un
moment où l’entreprise doit faire face à l’effort financier de l’investissement (elle doit
payer le fournisseur) et donc à un moment où elle a la plus besoin d’être aidée.
 amortissement dégressif possible si les conditions suivantes sont réunies :
 immobilisation acquise neuve (et non d’occasion)
 sa durée de vie est au moins égale à 3 ans
 elle figure sur une liste établie par l’administration fiscale ; il s’agit en général des
matériels ; il est à noter que l’amortissement dégressif est interdit pour les véhicules de
tourisme (véhicules utilisés par les entreprises quand il ne s’agit pas de véhicules de
sociétés, caractérisés par l’absence de sièges arrières et de points d’ancrage des sièges
avant).
 A chaque clôture d’exercice, dotation = base x taux

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1°) la base d’amortissement :


Base d’amortissement dégressive :
 pour la 1ère dotation : coût d’acquisition HT – valeur résiduelle éventuelle
 pour les dotations suivantes :
valeur comptable après amortissements précédents – valeur résiduelle

2° ) le taux d’amortissement :
= taux linéaire x coefficient

Nombre d’années d’utilisation Coefficient dégressif


3 et 4 ans 1,25
5 et 6 ans 1,75
à partir de 7 ans 2,25

Remarques :
 Contrairement au mode linéaire, il existe autant de lignes dans le tableau
d’amortissements que d’années d’utilisation, même si le bien est acquis en cours
d’exercice.
 A la fin du tableau d’amortissement, il faut changer de taux ; en effet, si l’on se
contente de garder le même taux, l’amortissement ne sera jamais terminé à l’issue de la
période d’utilisation.
A la fin de chaque exercice, on compare le taux initial avec le rapport 1 / nombre
d’annuités dégressives qu’il reste à pratiquer et on prend le taux le plus important des 2
pour la dotation suivante ; on dit alors qu’on effectue un retour sur le linéaire car les
dernières annuités dégressives seront systématiquement égales (mais tout dépend à
partir de quelle dotation).

3° ) début et fin de l’amortissement :


 point de départ : 1er jour du mois d’acquisition.
Tout mois commencé compte donc pour un mois entier.
Comme pour le mode linéaire, si l’immobilisation a été acquise en cours d’exercice, on
applique un prorata temporis (nécessairement en mois entiers) : on ramène
proportionnellement la dotation annuelle à la période concernée.
 point d’arrêt : 1er jour du mois de la fin d’utilisation.
Si par exemple, une immobilisation est acquise le 25 avril N, amortie sur 5 ans en
dégressif et vendue le 26 septembre N + 4, on amortira sur 9 mois en N (du 1er avril au
31 décembre) et sur 8 mois en N + 4 (du 1er janvier au 1er septembre).

Exemple :
Reprenons l’exemple précédent de la société qui a acquis le 6 février N un matériel de
transport pour 20 000 € (valeur résiduelle 4 000 €)
La mise en service a eu lieu le 15 février N et le matériel est amorti en dégressif sur 4
ans (durée d’utilisation prévue).


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Date Base Taux d’amortiss. Dotation Cumul des Valeur comptable


d’amortiss. aux amortiss. amortiss. après amortiss.
31/12/N 16 000 31,25 % (1) 4 583 (2) 4 583 15 417 (3)
31/12/N + 1 11 417 1 / 3 (4) 3 806 (5) 8 389 11 611 (6)
31/12/N + 2 7 611 50 % (7) 3 806 12 195 7 805
31/12/N + 3 3 805 100 % (8) 3 805 16 000 4 000
(1) 100 % x 1,25 (2) 16 000 x 31,25 % x 11 (du 1er février au 31 décembre)
4 12
(3) 20 000 – 4 583
(4) après l’annuité de N, il reste 4 – 1 = 3 annuités dégressives à pratiquer
or 1 > 31,25 % donc changement de taux pour N + 1
3
(5) 11 417 x 1 / 3 (6) 20 000 – 8 389
(7) après l’annuité de N + 1, il reste 4 – 2 = 2 annuités dégressives à pratiquer
or 1 > 35 % donc changement de taux pour N + 2
2
(8) après l’annuité de N + 2, il reste 4 – 3 = 1 annuité dégressive à pratiquer
or 1 > 50 % donc changement de taux pour N + 3 = 100 %
1

Remarque :
Il faut retrancher la valeur résiduelle de la base amortissable seulement pour
l’amortissement comptable ; fiscalement, la notion de valeur résiduelle n’existe pas ; on
prend comme base d’amortissement le coût d’acquisition (linéaire) ou la valeur nette
comptable précédente (dégressif).

C ) l’amortissement variable (par Unités d’Oeuvres) :


amortissement au prorata des UO (nombre de kilomètres parcourus, nombre de pièces
fabriquées, nombre d’heures de travail…) quand leur rythme est connu de manière
fiable dès l’origine et ne varie pas de manière aléatoire.

Exemple :
 Acquisition le 2 janvier N d’un matériel pour 10 000 € HT (valeur résiduelle nulle).
 D’après les informations du constructeur, le matériel devrait permettre de fabriquer
100 000 pièces.
 La société envisage d’utiliser le matériel pendant 4 ans.
 Le nombre de pièces effectivement fabriquées est le suivant :
✓N: 18 000

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✓ N + 1 : 25 000
✓ N + 2 : 30 000
✓ N + 3 : 27 000
Tableau d’amortissement :
Date Base Dotation Cumul des amortiss. Valeur comptable
d’amortiss. aux amortiss. après amortiss.
31/12/N 10 000 1 800 (1) 1 800 8 200 (2)
31/12/N + 1 10 000 2 500 (3) 4 300 5 700 (4)
31/12/N + 2 10 000 3 000 (5) 7 300 2 700
31/12/N + 3 2 700 (6) 10 000 0
(1) 10 000 € x 18 000 (2) 10 000 – 1 800
100 000
(3) 10 000 € x 25 000 (4) 10 000 – 4 300
100 000
(5) 10 000 € x 30 000 (6) 10 000 x 27 000
100 000 100 000
Par 3 : la comptabilisation des dotations aux
amortissements :
 compte de charges à débiter :
 soit 681 : Dotations aux Amortissements, Dépréciations et Provisions (DADP) –
charges d’exploitation si la dépréciation concerne une immobilisation incorporelle ou
corporelle et qu’elle est jugée normale.
 soit 686 : DADP – charges financières si la dépréciation concerne une immobilisation
financière (titres) et qu’elle est jugée normale
 soit 687 : DADP – charges exceptionnelles si la dépréciation est jugée anormale
(exceptionnelle par rapport à une dépréciation attendue et normale).
 en contrepartie, compte d’amortissement 28 à créditer, ce qui évite de toucher au
compte d’immobilisation lui-même.
Le numéro du compte d’amortissements s’obtient en partant du numéro du compte de
l’immobilisation dans lequel on insère le chiffre 8 en 2ème position.
Ainsi pour les matériels : 215 : matériel = > 2815 : amortissements du matériel

Exemple :
 Matériel acquis 20 000 € le 01/02/N
 Dotation N : 3 500 €
 Dotation N + 1 : 4 000 €
Enregistrement de la dotation de N + 1 ?

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215 681 2815


Matériels DADP – ch. d’exploit. Amort. matériels
SAN = 20 000 SAN = 3 500
4 000 4 000
20 000 0 4 000 0 0 7 500
SD 20 000 SD 4 000 SC 7 500

20 000 20 000 4 000 4 000 7 500 7 500

31/12/N + 1
681 DADP – charges d’exploitation 4 000
2815 amortissements matériels 4 000

Par 4 : les incidences de l’amortissement :


A ) dans le compte de résultat :
 des charges et donc  du résultat
Charge non décaissable : elle entraîne une baisse du résultat mais non une baisse de
trésorerie.

B ) dans le bilan :
  de la valeur des immobilisations et  du résultat
 Dans l’actif, on trouve 3 colonnes pour tenir compte des amortissements et de la  de
la valeur des immobilisations :
 colonne « brut » : elle correspond aux prix d’acquisition des immobilisations et aux
valeurs d’entrée à l’actif des éléments de l’actif circulant.
 colonne « amortissements » : elle correspond au total des amortissements des
immobilisations depuis leur acquisition.
 colonne « net » : elle correspond à la valeur comptable nette des immobilisations, à
savoir leur valeur d’acquisition diminuée des amortissements cumulés depuis leur
acquisition.
L’équilibre du bilan total actif = total passif s’obtient sur la base de la colonne net de
l’actif qui devra être égale au passif.

Remarque :
Il existe une différence importante entre les amortissements indiqués dans le bilan et
dans le compte de résultat :
 dans le compte de résultat : uniquement la dotation de l’exercice écoulé.
 dans le bilan : cumul des amortissements depuis l’acquisition du bien.

Exemple :
Reprenons l’exemple de l’amortissement linéaire du matériel de transport acquis le 6
février N pour 20 000 €.

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On a vu que dotation N = 3 500 € et dotation N + 1 = 4 000 €


Donc cumul des amortissements fin N + 1 = 7 500 €
D’où les incidences des amortissements au 31/12/N + 1 :
 dans le compte de résultat :
CHARGES PRODUITS
Dotations aux amortissements 4 000

 dans le bilan : extrait de l’actif du bilan au 31/12/N + 1 :


Brut Amortissements Net
= = =-
Matériel de transport 20 000 7 500 12 500

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