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LA SURFACE

ASPECTS PHYSICOCHIMIQUE ET MÉCANIQUE

La surface, partie visible d'un matériau, n'est pas une notion simple.
En fait, il existe autant de surfaces différentes que de matériaux différents, et
même davantage, puisqu'un même matériau peut présenter plusieurs "états de surface"
cette dernière expression constituant d'ailleurs une terminologie plus appropriée.
Il existe aussi plusieurs façons de "voir" les choses, selon que l'intéressé
examine tel ou tel aspect de cette zone limite qu'est la surface :

1 - L'aspect géométrique ou contour de la surface parfaite ou réelle, considé


rée en tant que ligne frontière.

2 - L'aspect physico-chimique ou "superstructure" de la surface considérée


en relation avec un liquide ou un gaz.
C'est l'étude des phénomènes de corrosion et des couches superficielles
qui recouvrent la surface "oxydée".

3 - L'aspect mécanique ou "substructure" de la surface considérée en relation


avec une autre surface solide.
C'est l'étude des phénomènes de frottement et de fat -loue et des couches
superficielles internes qui composent la surface "écrouie".

Ce schéma simpliste, qui peut permettre de clarifier et de classifier les


choses, ne doit pas faire oublier que la surface réelle existe simultanément sous
ces trois aspects à la fois.
2

1 ASPECT GEOMETRIQUE

Bibliographie sommaire :
- Normes françaises sur les états de surface
AFNOR NF E05-015 à NF E05-018

- "Les états de surface"


CETIM Notes techniques n°18 et 19

La forme de la surface-enveloppe d'un matériau peut être décrite de


façon complémentaire par son profil, caractérisé par un certain nombre de critères
(profilométrie), et par le type d'états de surface auquel il se rattache (typologie).

1.1 PROFILOMETRIE

Les pièces mécaniques manufacturées sont limitées par des


surfaces réelles qui ne sont jamais parfaitement conformes aux surfaces géométriques
idéales représentées sur les dessins. Indépendamment des défauts de nature physico-
chimique ou mécanique résultant du procédé de fabrication utilisé et du matériau,
ces surfaces réelles présentent des irrégularités de nature géométrique.

Ces écarts sont conventionnellement classés sous quatre numéros


d'ordre dans la normalisation française (cf. Tableau 1) : l'écart de forme (ordre 1).
d'orientation et de position, est apériodique, c'est-à-dire irrégulier et aléatoire ;
il est dans tous les cas inférieur à la tolérance indiquée sur le dessin. La figure 1
en donne un exemple.

L'ondulation au contraire (ordre 2), comme son nom l'indique, est


à caractère périodique.

Les irrégularités des 3ème et 4ème ordres sont désionées sous le


terme général de "rugosités" ; l'une présente une certaine périodicité, l'autre est
aléatoire.

L'ensemble de ces écarts géométriques, du 1er au 4ème ordre,


donne ce que l'on appelle le "profil total" qui correspond en fait au profil mesuré.

Signalons que l'étude descriptive d'un état de surface ne peut se


contenter du tracé d'un seul profil. De même, la topographie réelle de la surface ne
peut être représentée valablement qu'à trois dimensions.
3
Origine ries écarts (') Moyens d'évaluation VI
epi o .P

Désignation Signification ("1


.N

Procédé d'usinage, machine. installation


Surface Profil
matériau
..–.— –...— ....–
j

– Déformation de la – peaut de bridage. – Portée d1.1 marbre. – e Ralpage r en


– Influent sur : pièce : – Flexion des été. – Tampon. discontinu :'
• frottement de guis- • pendant l'usinage, ments de la ma- – Bague. • lunette autocrer-
(cari de forme sement et de rou- indépendamment chine. – etc. ma trice,
et de position lement_ du procédé, – Qualité du guidage • comparateur.
T"'

(rectitude, parai- • résistance au ma- • après l'usinage, des éléments cou- • machine à meut-
tetisme). tage. dépendant du ma- lissants. rer, etc.
• étanchéité dyne- tériau (libération des – Usure des organes. – Ir Palpage ■ en
mique et statique. tensions internes). ' continu :
• résultat des menu- • appareil electroni
rages. que à capteur 1031
• etc_ peur- touche ou
aiguille
– Créent : • boite à lumière,
• usure, • etc.
• grippage.
– Fraisage (pas de ron- – Vibrations de bas• – Echantillon de – Microscope à coupe
– Diminuent : duration = avance ses fréquences : comparaison visa• optique,
• durée de vie des par tour de fraise). • de la pièce, tactile : estimation – Appareil électruni-
organes, – Inclinaison de la • de l'outil, de l'ondulation et que à capteur.
• etc. fraise len boutl : • des deux, de la rugosité des – Palpeur :
n Ondulation • mauvais affûtage, dues aux flexions, mau - pièces fraisées. • touche.
L {périodique) • mauvais réglage des vais guidage et équili- – Microscope sté- • aiguille.
dents (en bout, en brage des éléments de réoscopique.
roulant). machine, et également
– Rectification : mau- à l'insuffisance de l'ins-
vais dia mantage de lallation de l'isolation
ta meula. passive et active.
I

– Procédé par ente – Vibrations de hou- – Echantillon de


venant de copeaux . tes fréquences (eau- comparaison vise-
stries, sillons, dus ses analogues à tactile : estimation
à l'avance de l'arête celles énumérées de la rugosité,
coupante de l'outil ; ci-dessus). – Rugosimètre :
– Influent sur : à l'avance par tour – Installation de lu- • pneumatique.
• écoulement des de la pièce ou de la tarification : • capacimétrique.
e. c....i

Stries, sillons fluides. meule, etc. • lubrifiant 7 nature, – Divers appareils


• étanchéité dynami- – Géométrie d'affù- qualité lubrifiante, optiques. – Microscope à «sa-
que et statique. tage de t'outil : action de refroidis- pe optique.
• revêtement qualité de la meule sement, stabilité – Microscope inter-
cc
(peinture). – Qualité d'affûtage dans te temps. – Microscope sté- férentiel.
• dépôt électrolytiq de l'outil et du dia- • mode d'arrosage. réoscopique. – Appareil !lotiront-
Arrachements • résistances aux maillage de ta meule • fibre : efficacité du que à capteur
marques ef forts alternés. – Hétérogénéité, système (entre palpeur-aiguilla.
d'outil • etc_ plasticité du maté - autres, fréquences – Microscope *Sec-
riau usiné (fonte, de nettoyage). Ironique.
aluminium à forte
teneur en silicium).

Il ne sert à rien d'alti- Origines diverses ment onnées ci-dessus. Diverses méthodes Appareil électronique
ner la rugositésirécan Leur identification let évaluation) devra être chimiques permettant, à capteur : palpeur
Profil total de forme et l'ondula- accompagnée de mesures d'autres grandeurs de déterminer ta sur. aiguille (longueur
Gon ne sont pas réduits physiques (température, vihration, vitesse, lace totale d'échan• d'évaluation 3 25 mm1.
au niveau admissible accélération, etc.) permettant l'analyse, de la tillons d'études.
pour une fonction relation de cause à effet en cas de pertur-
donnée. battons dans la réalisation d'état géométrique
d'un produit donné.

l') Cette énumération n'est pas limitative : elle est donnée à titre d'exemple.

TABLEAU I
Classement des nrincinaux défauts de surface, selon la norme NF 05-015
Figure 1

Les quatres ordres d'écarts géométriques et diagrammes correspondants

ligne de référence ► étendu, * Zen générai l'oléum', du cifculaéret

Eues de forme (ler Ordre'

Diagramme de forme

OndUlati(el :
éCart du 2em• cedr• Ligne moyenne (ou centrale(
de l'ondula tion

Diegremeneeondulatism

L
Rugosité 7 écarts
del 3eme et rierne ordres Ligne moyenne (ou centrale)
de le rugosité

Diagramme de rugosité

Diagramme du profil total


5

Pour chiffrer ces écarts géométriques, il existe des critères


définis par les normes françaises qui distinguent : les critères physiques, obtenus
généralement par évaluation graphique, et les critères statistiques, obtenus prin-
cipalement par évaluation électronique.

- Les critères physiques sont au nombre de neuf (ou 12 en prin-


cipe); selon que l'on étudie le profil total, le profil d'ondulation ou celui de
ruaosité, on définit dans chaque cas, sur une longueur d'évaluation 1 :
. la profondeur totale ou écart total (notée Rt dans le cas de
la ruaosité) (cf. figure 2)
. la profondeur moyenne ou amplitude moyenne (notée R...)
. la profondeur maximale ou amplitude maximale (notée Rmax._)
. le pas moyen (noté Ar dans le cas de la rugosité).

- Il existe de même neuf critères statistiques décrivant l'éta-


lement vertical des profils ; selon le diagramme étudié, on définit dans chaque cas,
sur une longueur d'évaluation 1 :
. le taux de portance au niveau C (noté (TR)c dans le cas de
ruaosité) (cf. figure 3)
. la profondeur d'aplanissement ou profondeur moyenne (notée
• l'écart moyen arithmétique par rapport à la ligne moyenne Rp
(noté Ra..)

Le critère américain RMS n'est pas normalisé en France ; il repré-


sente l'écart moyen géométrique de la rugosité par rapport à la ligne moyenne. Il
a pour expression

R (ou f`-c1R- ( ID) 4


L j.

Chacun ce ces critères décrit sous la forme d'un nombre de microns


un élément ou un aspect du profil de surface étudié. Un seul critère est insuffisant
pour caractériser un profil ; il comporte d'ailleurs par sa définition même certaines
ambiguïtés ou certains inconvénients. Ra par exemple, ne permet pas de différencier
des profils de runosité inversés par rapport à la liane moyenne. De même, Rt et Rp
sont des critères très sensibles aux valeurs extrêmes de la runosité.
o

(Y R1,„„

YR

Mode d'usinage : fraisage en bout = – (Y ■ L.


Longueur de palpage: L 13 mut
Longueur d'évaluation : I = 12 mm
Filtrage passe-haut de 25 mm
R = ‘uleur max des R,

1
A■ s
n

AR
k„ —

Fiqure 2 : Diaoramme de rugosité sur lequel sont définis -jes critères


physiques de rugosité.

L . Fi

11111 1E111 11111111 111111

YR

Mode d'usinage: fraisage en bout


100
Longueur de rinlpace L = 1,5 mm (Te = —
L
Longueur d'évaluation : = 12 mm I

Filtrage rio,e - hain de 2.5 111151


R (1,0‘.1%.

1.
R. = i= i n I —

Figure 3 : Diaçtramne de rur2osité sur lequel sont définis les critères


statistiques de rucosité.
7

L'emploi d'un seul critère - comme Ra très utilisé en pratique -


est toutefois valable dans le cas assez fréquent où sont comparés des profils de la
même famille provenant de modes d'usinage analogues.

1.2 TYPOLOGIE

Les états de surface peuvent étre décrits et classifiés en fonc-


tion de caractères géométriques et statistiques bien accusés. Le tableau II présente
une classification possible des surfaces en trois catégories principales :
• surfaces striées,
. surfaces grenues,
• surfaces écailleuses.

En fait, l'inventaire des différents aspects typologiques des


surfaces réelles n'en est encore qu'a sa phase initiale et n'est pas actuellement
réellement opérationnel.

La tendance actuelle correspond à la description tridimensionnelle


de plus en plus exacte de la topographie superficielle.

2 ASPECT PHYSICOCHIMIQUE

Ouvrage notamment consulté :


"Oxydation des métaux" J. BENARD et J. OUDAR
Tomes 1 et 2, lauthier-Villars

Les équilibres, qui s'instaurent entre une surface métallique et son


milieu environnant, dépendent à la fois de la structure même du matériau et des
produits de réaction qui le recouvrent.

2.1 STRUCTURE CRISTALLINE DE LA SURFACE PHYSIQUE IDEALE


Les métaux, à l'état solide, sont cristallisés : la distribution
dans l'espace des atomes est ralisée d'une manière régulière ou périodique suivant
les trois directions. Cette construction est souvent assimilée à un empilement de
sphères dures représentant chacune un atome du métal. Le nombre des empilements pos-
sibles et plus ou moins compacts est assez restreint et en pratioue on ne rencontre
pour la plupart des métaux usuels que certaines configurations typiques : celle du
cube centré (structure du ferci) ; celle du cube à faces centrées (structure du
cuivre et de l'aluminium) ; celle dite "hexagonale compacte" (cas du zinc et du
titane a 1.
TABLEAU II

Classification des surfaces


(Norme VSM 58070, 1976)

à pas réguliers (a)


rectiligne parallèle
à pas irréguliers (h)
à striage ordonné
dans une direction donnée
concentrique (c)
circulaire en arcs de cercle (d)
en arcs de cercle radiaux l•l

rectiligne. croisé, à pas réguliers (a)


Surfaces striées rectangulaire à pas irréguliers (45)
à striage ordonné
dans plusieurs directions
en arcs de cercle croises (r)
privilégiées
en arcs de cercle radiaux
circulaire
croisés Id)
croise. spécial (e)

à striage en désordre rectiligne, croisé irreguliiiremeni (a)


courbe, croisé irrégulièrement (h)

plates (a)
à cuvettes
à réceptables (dépressions ponctuelles) (h)
- poreuses (e)

Surfaces grenues en forme de dômes à dômes plats (a)


à dômes granuleux (h)

en sillons (a)
ondulées mamelonnées (h)
irreauli...:remeni (c)

en couches étagées (u)


Surfaces écailleuses à stratification saillante (h)
à empreintes superficielles (c)
veinées (d)
9

Figure 4

Représentation schématique du modèle TLK


(terrace, ledge, kink)
10

Dans une telle structure cristallographique, chaque atome métal-


lique est en équilibre entre un certain nombre de voisins immédiats. Ce n'est plus
le cas lorsque l'atome est localisé à la surface du cristal. Entouré d'un nombre
plus faible de voisins, il n'échange plus les mêmes forces de liaison avec les
autres atomes du réseau. Il a donc d'autant plus tendance à se lier avec des atomes
étrangers ou des molécules du milieu environnant ; il présente une certaine réacti-
vité vis-à-vis de l'extérieur.

Cette énergie emmaaasinée, propre à la surface, appelée "énergie


superficielle", fait que certaines configurations cristallographiques de surface sont
plus probables que d'autres : ce sont essentiellement des plans de grandes densités
atomiques.

Si la surface présente une orientation quelconque, c'est-à-dire


ne correspondant pas à celle d'un des plans de grande densité atomique du réseau,
il est possible de la représenter par une succession de plans denses disposés en
"terrasses" et de 'marches" monoatomiques ; cette succession est d'autant plus sérrée
que la surface présente une orientation quelconque. De même la courbure de ces marches
S'Opère grâce à des "crans" ou décrochements (figure 4).

Sur ces surfaces, il existe des atomes mobiles, d'énergie varia-


ble (positions I à 4), ou "adatomes", et des défauts ponctuels (lacune par exemple).
Une surface, même considérée coure parfaite et idéale, n'est donc pas quelque chose
de figé mais d'essentiellement évolutif en fonction de la température.

En fait dans la pratique, on ne rencontre que très rarement une


telle surface idéale. De plus, un matériau métallique est presque toujours polycris-
tallin (sinon polyphasé), c'est-à-dire constitué de grains de dimensions variables,
véritables entités cristallines avec leur orientation propre. Le comportement de la
surface vis-à-vis de la corrosion sera donc variable d'un grain à un autre ; les
joints entre grains, zones perturbées, joueront également un rôle particulier.

Un surface métallique n'est pratiquement jamais "propre" non


plus, c'est-à-dire exempte de défauts de nature chimique ou impuretés. Ceci tient
à la grande réactivité des atomes de la surface qui tendent à se combiner à tout ce
qui gravite dans leur voisinaae.

2.2 LES COUCHES "CXYDEES" SUPERFICIELLES


Un film mince "d'oxyde" (au sens large) recouvre presque tou-
jours la surface des métaux exposés à l'air ; son épaisseur peut varier de quelques
dizaines â quelques centaines d'angstrbms. Le brillant du métal n'est presque pas
altéré lorsque l'épaisseur de ce film n'excède pas une centaine d'anpstr5ms. Seuls
certains métaux qualifiés de "nobles", tels que l'or et le platine, peuvent être
considérés comme exempts de ce film à la température ordinaire. Il reste néanmoins
que les phénomènes d'adsorption ne peuvent être néçlipés pour autant.

- les couches chimiques sont composées à la fois des atomes du


métal sous-jacent et des atomes du milieu extérieur. L'énergie de liaison des molé-
cules du composé avec le métal substrat est de l'ordre de 10eV. Leur épaisseur peut
être importante : ainsi, l'aluminium se recouvre spontanément à l'air d'une couche
d'alumine ( Al201) dont l'épaisseur est de l'ordre de 0,1um.

La formation d'une couche "d'oxyde" sur une surface propre, au


sens physicochimique du terme, se fait schématiquement en quatre stades, jusqu'à
parvenir à la couche chimique :

1. Formation d'une monocouche adsorbée correspondant à un film


primaire polycristallin ; c'est le stade de l'incubation.

2. Réorganisation de ce film en germes de structure propre en


épitaxie possible avec le substrat : c'est la germination.

3. Croissance latérale des germes jusqu'au recouvrement total


de la surface.

4. Croissance verticale de la couche par le jeu de la diffusion.

- les couches adsorbées proviennent d'un processus strictement


superficiel de fixation de l'oxygène (ou de l'agent oxydant en général) sur le
métal, processus lié au caractère non saturé des atomes de la surface. L'association
des atomes du métal et des atomes adsorbés constitue un complexe dont la structure e'
les propriétés sont entièrement différentes de celles des couches chimiques.

On distinnue deux types de couches d'adsorption :

1. Les films chimisorbés où les atomes (ou molécules) étrancers


sont liés au métal par des liaisons d'échange électronique.
Cette couche très fine, peut ètre quasiment monoatomique ;
l'énergie de liaison est de quelques eV.
12

2. Les films adsorbés physiquement. Il n'existe plus d'échange


électronique, mais simplement une attirance à caractère élec
trostatique entre atomes ( ou molécules) étrauers et atomes
de la surface métallique ou du film chimisorbé. Les liaisons
sont du type Van der Waals, avec une énergie de l'ordre de
0,1 eV. Ce film, qui peut se superposer aux couches précé-
dentes,a une épaisseur de l'ordre d'une dizaine de niveaux
atomiques.

On voit, par ces rappels très succints, combien la surface


métallique, au sens physicochimique, est à la fois mouvante et complexe, prati-
quement toujours recouverte de films minces résultats d'équilibres réalisés avec
le milieu environnant.

3 ASPECT MECANIQUE

Ouvrage notamment consulté


"Théorie et pratique industrielle du frottement" J.J. CAUBET
Dunod-Technip

La surface n'est pas seulement caractérisée apr les couches d'adsorp-


tion ou d'oxydation qui la recouvrent, mais aussi par ses couches internes plus
ou moins endommagées et écrouies, résultats d'interactions avec d'autres surfaces

La surface interne d'un métal est en effet toujours l'endroit le plus


ablmé de l'ensemble d'une pièce. De ce fait, il n'est pas souvent possible de dé-
finir un métal pour sa surface et réciproquement la nature seule du métal rend
difficilement compte de l'état de la surface.

Schématiquement, la surface, cette zone à part séparant la masse de


la pièce du milieu environnant, peut être divisée en quatre couches successives
qui sont, de l'intérieur vers l'extérieur (finure 5) :

1- une zone en cours d'écrouissage, qui peut être sollicitée par les
contraintes extérieures ; pouvant représenter suivant le cas plu-
sieurs dixièmes de millimètres de profondeur, c'est la partie
sous-jacente du matériau accessible aux efforts de frottement ;

2- la zone écrouie proprement dite qui a perdu plus ou moins la


structure cristalline du matériau ; elle représente environ un à
deux centièmes de millimètres ;
3- une zone pratiquement amorphe, de quelques microns d'épaisseur,
ou tout au moins en dehors de l'état cristallin normal ;

4- la couche adsorbée, oû interviennent les naz ou les liquides


ambiants ; comme on l'a vu, ces films adsorbés se chiffrent en
quelques dizaines d'angstrbms.

La couche superficielle la plus profonde, de structure cristalline


et de macrostructure semblables à celles rencontrées à coeur de la pièce puisqu'
elle n'a pas été atteinte directement par les opérations d'usinage ou les phé-
nomènes physicochimiques de corrosion, est la zone du matériau "accessible" aux
efforts superficiels et de ce fait présente un certain nombre de défauts et un
état de contraintes résiduelles propre.

On y rencontre les défauts inhérents à toute structure cristalline


du fait même des processus d'élaboration, mais qui prennent une importance toute
particulière en surface : inclusions, porosités, trous, ségrégations, etc.

Les défauts propres aux surfaces ont notamment leur origine dans les
traitements thermiques subis par la pièce : décarburation, tapure, grossissement
du grain par surchauffe, etc.

Les contraintes résiduelles superficielles apparaissent du fait même


que la surface présente un comportement spécifique par rapport au coeur : elles
sont dues par exemple à l'existence de gradients thermiques dans des pièces de
dimensions importantes lors de cycles chauffage/refroidissement, ou au décalage dE
transformations structurales induites par traitements thermiques (lors des phéno-
mènes de trempe des aciers notamment).

La couche écrouie est la zone superficielle qui a conservé la trace


des divers procédés d'élaboration de la pièce ; sa structure cristalline s'en est
trouvée partiellement modifiée.

Cet écrouissage peut être dû à des opérations superficielles de for-


geage (galetage, grenaillage, étirage, etc.) qui introduisent des précontraintes
en surface, à l'usinaue qui a un effet très variable selon le type et les condi-
tions opératoires, au polissage également par un abrasif même très fin qui a pou'
effet d'écrouir sur une épaisseur fonction de la nature du métal et des condition.
dans lesquelles le travail a été fait : elle peut atteindre couramment 50pm, même
lorsque l'on opère dans des conditions considérées comme très douces.
Fi cure 5
Représentation schématique de la structure des couches superficielle

Cco4-■ art. a.ci Sorkoceek.


C.-coud«, 41)-1-4.6ommaort. caSoriteige.
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ettores watetaaer
15

La couche supérieure amorphe, dite "de Beilby", peut apparaitre lors


des opérations de finition de la surface (telles que rectification, polissage,
rodage, etc. ). Du fait de l'action mécanique des grains d'abrasif conjuguée à
des phénomènes de fusion localisée et d'écrouissage, il peut se produire, dans
le cas défavorable, un concassage de la surface qui conduit à cette couche quasi
amorphe.

L surface mécanique réelle à ce niveau n'a plus Grand chose à voir


avec la surface physique idéale. En pratique, la surface, sous ses différents
aspects, se situe quelque part entre deux extrêmes : surface cristallooraphiquement
bien définie recouverte d'un film monoatomique adsorbé et surface écrouie, profon-
dément perturbée, recouverte d'une épaisse couche d'oxyde et d'impuretés.

Si la surface n'est pas une notion simple du fait de l'interpénétration


des phénomènes physicochimiques et mécaniques qui interviennent simultanément, la
façon la plus claire de la définir pratiquement n'est-elle pas de spécifier le
procédé d'élaboration utilisé et la fonction que la surface est appelée à remplir
(cf. tableau III) ? La qualité de la surface, techniquement nécessaire et suffi-
sante, peut alors être définie connaissant les tenants et les aboutissants de l'étai
de surface désiré.

Il resterait encore à aborder un autre aspect de la surface interressani


l'utilisateur : l'aspect économique. Mais ceci est un autre problème.
16

I) Abréviation de la fonction.
3 4 21 s y mboles or valeurs numériques du ou des coteras Choisis
2 R t, etctl.
3) Abréviation du procédé d'élaboration.
4, Spécification complémentaire donnant lieu à des notas
////////i repères.

Avec assemblage Avec


Surface Avec déplacements relatifs fixe Saris contrainte contraintes

If

Résis ta nce au ma tag e

a vec con tran te s

stued nooS ein °


Aju s te me n t tir e

ef fo rts a tterr ies


Résista nc e au x
de g lisse me n t

de r ou le men t

t ua cua l en e g
noust 9up y
tuawa noi d

13nb itueuA p
Fro tte nie n t
Fro t te m en t

alla oue t3

lam lu inch
lab e gol t
enbi te ls

einsa vy
7 90 0
Abréviations

aLlpueikg
apm ll
des différentes Fonction
fonctions

FG FR RM FF ED ES AC AD RE DE ME EA OC
Abréviation
L

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Fraisage cation Sablage
.

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Procédé anb opu lAs
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a PS
Abréviation al br frb tu frn pe p rb rcp rcc rd ro éi éé po sr sas tan
Abréviations
des procédés
Grenat -
d'élaboration Laminage Moulage
lage

(e) (la) (mol


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Exemples rd
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Cas simple sans exigence Critère d'état de Critère d'état de surface R.t.
particulière.. surface Fonctions — étanchéité dynamique,
— frottement de glissement
Ill nota : brut de fonderie etc. Usinage rodage.

TABLEAU III
Spécification de l'état de surface d'après NF F06-016

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