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Baudelaire Les Fleurs Du Mal
Baudelaire Les Fleurs Du Mal
Sommaire
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1 LE MOUVEMENT ROMANTIQUE_____________________________________________________1
1.1 Etymologie du mot romantique_______________________________________________1
1.2 Les thèmes du romantisme__________________________________________________1
1.3 Définition du romantisme___________________________________________________2
2 LE SYMBOLISME ET LES CORRESPONDANCES_______________________________________3
2.1 Le symbolisme___________________________________________________________3
2.2 Les correspondances_______________________________________________________3
3 LA BIOGRAPHIE DE CHARLES-PIERRE BAUDELAIRE__________________________________4
4 ASPECTS STRUCTURELS ET THÉMATIQUES DE L’ŒUVRE_____________________________5
4.1 Introduction______________________________________________________________5
4.2 Développement : le contenu de l’oeuvre________________________________________5
4.3 Conclusion_______________________________________________________________6
5 ANALYSE DES DEUX POÈMES_______________________________________________________6
5.1 Harmonie du soir__________________________________________________________6
5.1.a Vocabulaire du poème____________________________________________________7
5.1.b Etude du rythme et des sonorités____________________________________________7
5.1.c Etude des images et des comparaisons_______________________________________8
5.1.d Sens du poème__________________________________________________________8
5.1.e Signification du titre et structure du poème____________________________________9
5.1.f Le contenu_____________________________________________________________9
5.1.g Etude du lexique_________________________________________________________9
5.1.h Les thèmes____________________________________________________________10
5.2 Les aveugles____________________________________________________________11
5.2.a La forme du poème______________________________________________________12
5.2.b Pourquoi est-ce un sonnet irrégulier ?_______________________________________12
5.2.c Etude méthodique du poème_______________________________________________12
6 BIBLIOGRAPHIE______________________________________ERREUR ! SIGNET NON DÉFINI.
7 ANNEXES________________________________________________________________________19
7.1 Vocabulaire poétique : Les figures de rhétorique________________________________19
7.1.a La comparaison________________________________________________________19
7.1.b La métaphore__________________________________________________________19
7.1.c L’allégorie____________________________________________________________19
7.1.d La métonymie__________________________________________________________19
7.1.e La synecdoque_________________________________________________________20
7.1.f La périphrase__________________________________________________________20
7.1.g L’antithèse____________________________________________________________20
7.1.h L’antiphrase___________________________________________________________20
7.1.i L’oxymore_____________________________________________________________20
7.1.j L’hyperbole____________________________________________________________21
7.1.k La gradation___________________________________________________________21
Baudelaire Les Fleurs du Mal
7.1.l La litote_______________________________________________________________21
7.1.m L’euphémisme__________________________________________________________21
7.1.n L’anacoluthe___________________________________________________________21
7.1.o L’anaphore____________________________________________________________21
7.1.p Le chiasme____________________________________________________________22
7.1.q L’ellipse______________________________________________________________22
7.1.r Le zeugma____________________________________________________________22
Baudelaire Les Fleurs du Mal
1 Le mouvement romantique
1.1 Etymologie du mot romantique
Romantique vient de l’anglais, romantic et est employé depuis 1650. Il désigne les
romans de chevaleries, le cycle celtique, le merveilleux. Ancêtres italiens du
romantisme dans le sens merveilleux : Ariost (1532), Le Tasse (La Jérusalem
délivrée, 1580)
Il ne prend pas du tout le même sens que chez Rousseau lorsqu’il dit, en 1776 : Les
rives du lac de Bienne sont plus sauvages et plus romantiques que celles du lac de
Genève.
Au 18è siècle : l’adjectif romantique est un synonyme de romanesque. Il signifie qui
tient du roman, par opposition à la vie réelle.
Ensuite : il désigne un état d’âme, une situation psychologique où domine un
sentiment profond de la nature et de l’imaginaire. Il se dit des lieux, des paysages et
des états d’âmes.
A partir de 1813 : en France, le mot romantique vient à désigner un type de littérature
opposé au classicisme. C’est un vaste mouvement artistique de sensibilité et d’idées,
il est européen qui s’est manifesté surtout en Allemagne, en Italie et en France. Il
faut attendre 1820 pour voir apparaître le premier grand recueil de poésie
romantique : les Méditations poétiques de Lamartine
Ce mouvement prendra fin en 1870 avec le développement des philosophies de
l’inconscient ou de l’irrationnel (Freud, Nietzsche, Schopenhauer) et le
développement des idéologies matérialistes (Proudhon, Marx)
1.2 Les thèmes du romantisme
- Le désarroi, l’inquiétude : L’adolescent, au sortit de l’enfance, éprouve le
sentiment de l’insuffisance du monde, de sa
médiocrité, de sa platitude. Ce sentiment peut re
vêtir plusieurs formes : spleen, mélancolie,
angoisse et il s’allie à la douleur, à la souffrance.
Les romantiques créent le type du héros sombre,
solitaire, révolté contre les hommes et contre Dieu.
Le héros romantique est un être jeune,
s’interrogeant au seuil de la vie, ne sachant qui être
ni que faire.
- La recherche des ailleurs : A ce désarroi répond un besoin d’évasion, une
volonté de fuir hors du monde, de trouver un
univers idéal : rêve, art, amour, paradis artificiels,
voyage réel, l’imaginaire, l’évasion vers le paradis
de l’enfance. Idée qu’il existe qqch. -delà des
apparences, de la vie terrestre, une réalité
essentielle et invisible intérêt pour les traditions
occultes. La théorie des correspondances se
rattache à ces idées.
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Fleurs du Mal
En fer du livre : romantisme macabre, vampirisme, homosexualité féminine.
Baudelaire cherche à provoquer.
Révolte
Cette section est formée de seulement 3 poèmes qui expriment la misère de
l’homme qui ne peut rencontrer Dieu que par le blasphème. La révolte est présentée
ici comme une fausse sortie car la seule issue qui nous soit offerte pour échapper au
à un monde voué au mal, c’est la mort.
L’auteur se révolte contre Dieu.
La mort
La mort est saluée sans horreur. La conclusion tombe : toutes les étapes du voyage
se révèlent vaines, toutes sauf une, la mort qui seule délivre de l’ennui. L’idéal
échoue mais la mort apparaît comme une délivrance.
4.3 Conclusion
Selon Baudelaire : « il y a dans l’homme, à toute heure, deux postulations
simultanées, l’une vers Dieu, l’autre vers Satan. » En effet, le poète est béni et il est
maudit ; l’homme est en proie au spleen, et à l’idéal, la femme est un animal, et un
ange ; notre monde est sollicité par l’Enfer, et par le Ciel.
5 Analyse des deux poèmes
5.1 Harmonie du soir
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5.1.a Vocabulaire du poème
Encensoir : Sorte de cassolette suspendue à des chaînettes dans la quelle on brûle
l’encens
Reposoir : Support en forme d’autel sur lequel le prêtre dépose le saint sacrement au
cours d’une procession.
Ostensoir : Pièce d’orfèvrerie destinée à contenir l’hostie consacrée et à l’exposer à
l’adoration des fidèles. = ce qui sauve, idée de Salut.
Harmonie : (est à prendre au sens musical mais aussi dans un sens plus général
d’harmonie universelle) Unité mystique du monde, régi par des
correspondances et des synesthésies.
5.1.b Etude du rythme et des sonorités
Pantoum traditionnel
Forme empruntée à la poésie malaise souvent utilisée par les romantiques. Ce sont
des quatrains d’octosyllabes ou de décasyllabes à rimes croisées, avec
enchaînement de refrains entrelacés dont chacun n’apparaît que deux fois. Les
deuxièmes et quatrièmes vers de chaque strophe deviennent le premier et le
troisième vers de la strophe suivante. Le dernier vers du poème ferme le cycle en
reprenant le vers initial : AB AB / BC BC / CD CD / GH GH /… / XA XA /
Pantoum de Baudelaire
ABBA / BAAB / ABBA / BAAB /
Il choisit donc de travailler sur deux rimes qui sont embrassées. Le poème ne se
termine pas par le premier vers.
Baudelaire choisit cette forme car elle lui permet d’exprimer ce qu’il ressent :
- La répétition des vers provoque un effet d’ivresse, d’égarement. Elle suggère le
vertige qu’éprouve le poète. Elle reproduit l’effet incantatoire de la valse. (effet
tournoyant)
- La répétition des vers provoque aussi une répétition de rythmes, et donc de sons.
Cela augmente l’effet d’écho. (harmonie de sonorité)
- On remarque aussi que le nombre réduit de rimes (il n’y en a que deux sortes en
ige et oir) souligne la présence obsessionnelle du soir, véritable leitmotiv sonore
de tout le poème.
- Le mouvement grisant du pantoum reprend, sur le plan musical, l’ivresse du
tournoiement de la valse et donne au poème un effet mimétique.
Le rythme du vers
- Chaque vers est un alexandrin qui est divisé en deux hémistiches.
- Dans la majorité des cas, les hémistiches sont respectés, la césure (= coupe
centrale du vers) n’est pas au milieu d’un mot = effet d’harmonie, d’équilibre.
- Les mots placés devant ou derrière la césure sont mis en évidence par la
régularité du vers. On remarque que ces places sont souvent occupées par des
verbes qui irradient ainsi leur mouvement dans tout le vers.
- On remarque aussi des effets de chiasme (Valse mélancolique et langoureux
vertige) qui soulignent la relation de cause à effet valse-vertige (encore renforcée
par l’allitération en v) et l’alliance des mots mélancolique et langoureux.
- Diérèse : on dit le vi/olon ce qui provoque un effet d’un déchirement affectif
produit par la musique.
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Etude des sonorités
Les assonances en i, son aigu, traduisent les impressions les plus ténues (vibrant
sur sa tige) ou l’acuité de la souffrance (afflige ; fige)
L’allitération en v du vers 1 rend sensible la vibration provoquée par le souffle du
vent. (Voici venir les temps où vibrant sur sa tige)
La fluidité de la valse est enfin rendue par l’allitération des liquides l et r. (Valse
mélancolique et langoureux vertige)
5.1.c Etude des images et des comparaisons
Les métaphores
- On distingue deux métaphores : celle de la noyade et celle du sang.
- La première présente la dissolution du soleil couchant comme anéantissement.
- Quant à l’image du sang, elle est appelée par analogie entre la couleur rouge et
celle du soleil couchant. Pourtant, elle peut aussi renvoyer à une impression
personnelle : celle de l’arrêt du cœur ; le sang, symbole de la vie, renvoie ici à la
mort.
Les comparaisons (voir les vers soulignés dans le poème)
- Elles sont plus nombreuses car elles jouent un rôle essentiel.
- La similitude des trois comparants (encensoir, reposoir et ostensoir) frappe. De
plus, tous possèdent la même sonorité finale.
- Conclusion : la comparaison a pour but de nous faire accéder à un autre plan de
réalité, religieux, mystique. (cf. thème : La beauté et la volupté)
5.1.d Sens du poème
Premières informations
- C’est le soir (voir v. 3).
- Une saison où il y a des fleurs.
- Le poète est à l’extérieur et admire.
- Un violon joue une valse.
- Sa musique est langoureuse et mélancolique.
- Une ambiance se définit.
- Un cœur tendre = Baudelaire
- Le néant = L’ennui, le Spleen, l’angoisse
- Dans le poème, il y a un moment présent où le poète se souvient d’un moment
passé : d’un soir, d’une femme, d’une valse peut-être. La limite entre le présent et
le passé n’est pas définie. On ne sait pas bien à quand se rapportent les
éléments décrits dans le poème (la valse, le coucher de soleil…). Baudelaire
décrit la subtilité de ce phénomène de mémoire.
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Vocabulaire affectif
- L’émotion du poème naît de la confusion de deux époques et de deux lieux.
- Opposition entre la contemplation actuelle et solitaire du ciel nocturne et
l’évocation d’un bal dans un temps passé : allusion à la Valse et au langoureux
vertige (v. 4), à une femme aimée et disparue (Ton souvenir, v. 16) qui ressuscite
tout un univers amoureux.
- Le cœur est nommé à quatre reprises (v. 6, 9, 10, 13) et sa vulnérabilité est
soulignée par l’adjectif tendre (v. 10, 13). Pour Baudelaire, le cœur est très
complexe. On remarque une ambivalence de la sensualité, du sentiment
amoureux : Valse mélancolique = langoureux vertige.
Vocabulaire religieux
- Plusieurs termes désignent des objets du culte catholique (l’encensoir, le
reposoir et l’ostensoir). Effet de crescendo, le vocabulaire religieux devient
toujours plus sacré = sacralisation du souvenir, de l’Idéal.
- Ouverture du poème sur un tour fréquent dans la Bible : Voici venir les temps…
Conclusion
L’étude du lexique nous révèle une triple approche du soir : L’appréhension
sensorielle trouve son prolongement dans des émotions d’ordre affectif, elles-mêmes
redoublées par un état de contemplation quasi mystique.
Au vers 16, le souvenir s’apparente à une révélation qui vient éclairer l’âme du poète.
Il aboutit donc à un état d’ataraxie (=tranquillité de l’âme, quiétude, sérénité, idéal du
sage), il est réconcilié avec son passé = harmonie, sentiment d’unité. Lumière
intérieure = néant vaste et noir. Le souvenir fait partie de lui-même.
5.1.h Les thèmes
Les correspondances
La réussite de ce poème repose pour une grande part sur l’impression d’unité qui
s’en dégage, unité essentiellement fondée sur la poétique des correspondances
entre :
- Les diverses sensations : le tourbillon de la valse provoque un jeu d’échanges
entre les diverses sensations olfactives, visuelles et auditives, un langoureux
vertige
- L’atmosphère du soir et l’état d’âme du poète : l’atmosphère nocturne révèle au
poète ses sentiments ; la valse, mélancolique, lui fait prendre conscience de sa
propre tristesse ; à son tour, l’auteur projette son angoisse et sa souffrance sur le
paysage ; son malaise apparaît dans la comparaison subjective du violon qui
frémit comme un cœur qu’on afflige et dans la vision du soleil noyé dans son
sang qui se fige.
- Le plan terrestre et le plan céleste : le vocabulaire religieux fait apparaître une
troisième correspondance entre le monde naturel et le monde spirituel ; chaque
impression sensible (frémissement de la fleur vibrant sur sa tige ; tremblement du
violon qui frémit) n’est que la manifestation tangible, matérielle, du principe même
de l’être ; le poète peut ainsi saisir la mystérieuse palpitation de la vie originelle.
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L’univers du spleen
Baudelaire éprouve fréquemment un dégoût de l’existence où se mêlent l’angoisse et
l’ennui : le spleen. On retrouve ici dans la peur des ténèbres et dans la hantise du
vide conjuguées dans l’expression néant vaste et noir. Mais le soir lui procure aussi
l’apaisement par le biais du souvenir.
Le rôle du souvenir
L’attachement au souvenir se lit dans le mont vestige qui désigne une trace du passé
d’autant plus précieuse qu’elle est infime ; puis dans le verbe recueillir, qui signifie
rassembler avec un soin quasi religieux. Enfin, l’évocation de l’ostensoir souligne,
par la référence à l’hostie, le pouvoir de résurrection du souvenir ( comme le christ, il
ne meurt pas).
La beauté et la volupté
L’émotion suscitée par l’atmosphère du soir est complexe : souffrance et volupté sont
étroitement mêlés. Le langoureux vertige évoque à la fois malaise (vertige) et volupté
(langoureux).
De plus, les diverses émotions esthétiques (musique du violon, contemplation du
ciel) sont toujours liées à un sentiment de tristesse. L’alliance du mot triste et beau
rappelle la définition que Baudelaire donne de sa conception du beau :
C’est quelque chose d’ardent et de triste […] qui fait r^ver à la fois de volupté et de
tristesse.
5.2 Les aveugles
Contemple-les, mon âme ; ils sont vraiment affreux !
Pareils aux mannequins ; vaguement ridicules ;
Terribles, singuliers comme les somnambules ;
Dardant on ne sait où leurs globes ténébreux.
Leurs yeux, d’où la divine étincelle est partie,
Comme s’ils regardaient au loin, restent levés
Au ciel ; on ne les voit jamais vers les pavés
Pencher rêveusement leur tête appesantie.
Ils traversent ainsi le noir illimité,
Ce frère du silence éternel. O cité !
Pendant qu’autour de nous tu chantes, ris et beugles,
Eprise du plaisir jusqu’à l’atrocité,
Vois ! je me traîne aussi ! mais, plus qu’eux hébété,
Je dis : Que cherchent-ils au Ciel, tous ces aveugles ?
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Si l’on pouvait douter que la question Que cherchent-ils au Ciel, revient à dire
Comment peut-on croire au Ciel ? , la fin de la phrase (tous ces aveugles) nous
ôterait toute incertitude. La formule tout ces est évidemment péjorative et
méprisante. Elle suggère clairement que ces aveugles qui croient au Ciel ne sont pas
seulement infirmes physiquement, mais aussi intellectuellement. La négation de Dieu
prend ainsi un ton blasphématoire : Baudelaire pense qu’il faut être aveugle pour
croire au Ciel. Le ton n’est pas seulement méprisant. On sent vibrer comme de la
colère dans cette formule lancée comme une exclamation en fin de vers et de
poème, grâce au rejet à l’hémistiche qui, en même temps qu’il souligne le mot Ciel,
permet aussi de détacher la fin du vers avec beaucoup de vigueur. Si le mépris de la
crédulité des aveugles inspire à Baudelaire s’exprime avec une sorte de colère, c’est
parce qu’il envie les aveugles en même temps qu’il les méprise. L’union de ces deux
sentiments, le mépris et l’envie, engendre tout naturellement un mouvement de
colère. Le spectacle, si fréquent hélas d’imbéciles qui réussissent non pas malgré
peur sottise mais grâce à leur sottise, mais par leur sottise, ce spectacle est toujours
des plus irritant. Et l’union elle-même de ces deux sentiments, à première vue
contradictoires que Baudelaire éprouve pour les croyants que sont selon lui les
aveugles, est, elle aussi, tout à fait naturelle. S’ils ne l’avouent peut-être pas toujours,
ce sont les sentiments qu’au fond d’eux-mêmes, tous les incroyants éprouvent plus
ou moins à l’égard des croyants : il leur est difficile de ne pas éprouver une sorte de
puissant mépris pour la paresse, pour la lâcheté intellectuelle dont ils font preuve en
s’obstinant à conserver des croyances dont l’absurdité ne pourrait pas manquer de
leur sauter aux yeux, s’ils osaient une bonne fois les regarder en face, mais il leur est
difficile aussi de ne pas envier malgré tout le bonheur de ceux qui croient avoir des
réponses aux questions que tous les hommes ne peuvent s’empêcher de se poser,
même quand ils savent que cela ne sert à rien. Avec tous ces aveugles la fin du
poème nous renvoie donc doublement au début, puisqu’elle nous rappelle le titre, et
que le sonnet s’achève sur une note qui rappelle le début (ils sont vraiment affreux).
Mais ce mépris, intense et violent, que l’on entend dans cette espèce de cri sur
lequel s’achève le poème, fait écho en même temps à celui, non moins profond, qui
s’exprimait dans l’apostrophe de la cité : tu chantes, ris et beugles. Et c’est
seulement en découvrant au dernier vers que, pour Baudelaire, les aveugles croient
au Ciel, qu’on comprend alors vraiment le sens de cette apostrophe à la cité qui
paraissait d’abord si imprévue et si déroutante. Ces parisiens que le poète interpelle,
ces fêtards, ces viveurs sont l’exacte antithèse des aveugles. Les aveugles vivent
dans l’obscurité, le silence et la solitude ; ils semblent être totalement exclus des
plaisirs de la vie, mais ils n’en souffrent pas parce qu’ils croient au Ciel, parce qu’ils
croient en une autre vie qui leur apportera au centuple tout ce que celle-ci ne leur
aura pas donné. Les fêtards, eux, ne recherchent que les plaisirs les plus terrestres
et ne pensent jamais au Ciel. Par rapport aux aveugles, qui ont trouvé dans la foi le
remède au malheur de leur condition, ils représentent l’autre solution. Les fêtards se
satisferont des plaisirs terrestres et les aveugles se consolent de ne pouvoir les
goûter parce qu’ils croient au Ciel. Le malheur de Baudelaire vient de ce qu’il ne peut
ni se satisfaire des plaisirs terrestres ni croire au Ciel.
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6 Annexes
6.1 Vocabulaire poétique : Les figures de rhétorique
6.1.a La comparaison
La comparaison rapproche deux termes, au moyen d’un mot comparatif, pour insister
rus les rapports de ressemblances qui les unissent.
Une comparaison comporte un comparé (l’objet que l’on compare), un comparant
(c’est l’objet ou l’être auquel on compare), un mot comparatif (comme, ainsi que…),
une motivation, un point de comparaison (est belle, est rouge…)
Exemple : Emma est rouge comme une tomate.
6.1.b La métaphore
La métaphore assimile deux termes pour insister sur les rapports de ressemblance
qui les unissent mais, à la différence de la comparaison, le mot comparatif est
absent. Il existe plusieurs formes de métaphores.
La métaphore annoncée
Elle met en présence un comparé et un comparant. (Elle a une taille de guêpe.)
La métaphore directe
Elle se réduit à un comparant, sans faire apparaître le comparé ou le terme
comparatif. (Le fléau de la société = chômage.)
La métaphore filée
Elle consiste à développer une succession, un enchaînement de métaphores autour
d’un même thème.
6.1.c L’allégorie
L’allégorie consiste à rendre concrète une abstraction, c’est-à-dire à représenter de
façon imagée une idée, un sentiment, une qualité morale ou une force de la nature.
(Représenter la mort sous la forme d’une vieille femme munie d’une faux est une
allégorie.)
L’allégorie se caractérise par deux procédés essentiels :
La personnification
Elle consiste à donne forme humaine à une abstraction, un animal ou un objet.
(L’emploi de la majuscule suffit souvent à marquer la personnification.)
La prosopopée
Elle consiste é faire parler un être absent ou mort, un animal ou une réalité
personnifiée. C’est un cas particulier de personnification.
6.1.d La métonymie
La métonymie consiste à ne pas désigner un être ou un objet par son nom mais par
un autre nom qui est lié au premier par un rapport logique. (Boire un verre pour le
contenu d’un verre ; une belle main pour une belle écriture.)
Les rapports logiques qu’entretiennent les deux mots dans une métonymie sont de
natures très différentes, on peut désigner :
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Le contenu par le contenant. (boire un verre de lait, une bouteille…)
Le produit par son lieu d’origine. (du bordeaux, du cognac, un madras…)
L’utilisateur par le projet qu’il utilise. (une grève des trains, une fine lame…)
L’œuvre par son auteur. (un Picasso, un Flaubert…)
La métonymie se différencie de la métaphore par les caractéristiques suivantes :
La métonymie ne repose jamais sur un rapport de ressemblance mais sur un
rapport de voisinage.
La métonymie repose sur une relation de proximité entre le comparant et le
comparé qui appartiennent au même domaine ou ont un lien logique. (La
métaphore repose sur un rapport d’analogie entre un comparant et un comparé
qui n’appartiennent pas au même domaine.
La métonymie permet de s’exprimer de manière plus imagée et plus concise.
6.1.e La synecdoque
La synecdoque est une varient de la métonymie.
Elle consiste à remplacer le nom d’un être ou d’une chose, non par le nom d’une de
ses caractéristiques, mais par celui de ses parties. ( Un toit pour une maison, Paris
pour la France, une voile pour un bateau à voile…)
Dans une synecdoque, le mot utilisé en remplacement désigne toujours un élément
faisant partie intégrante de l’être ou de l’objet considéré.
6.1.f La périphrase
La périphrase consiste à dire en plusieurs mots ce qui pourrait être dit en un seul.
Elle produit des effets divers :
La mise en relief d’un aspect particulier de l’être ou de la chose qu’elle
désigne.
Un effet d’ampleur.
6.1.g L’antithèse
L’antithèse consiste à rapprocher dans un même énoncé deux mots ou deux idées
qui s’opposent par le sens. (Le froid et le chaud)
6.1.h L’antiphrase
L’antiphrase consiste à dire le contraire de ce que l’on veut exprimer, en sachant que
notre pensée sera comprise par la personne à qui l’on s’adresse. (A une personne
qui s’est mal conduite : c’est du joli, bravo…)
L’emploi de l’antiphrase provoque et soutient l’ironie.
6.1.i L’oxymore
L’oxymore consiste à juxtaposer deux mots de sens contraire, que l’on n’a donc pas
l’habitude de trouver accolés. (Cette obscure clarté, un soleil noir…)
Elle réunit deux mots de sens contraire qui appartiennent à un même groupe de
mots. Elle crée un effet de surprise en créant une nouvelle réalité.
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6.1.j L’hyperbole
L’hyperbole consiste à employer des mots très forts qui vont au-delà de la pensée.
C’est l’expression exagérée ou amplifiée d’une idée ou d’un fait. (Verser un torrent
de larmes, un talent fou…)
Parmi les procédés qui produisent l’hyperbole, on peut noter :
L’accumulation des superlatifs
La comparaison
L’emploi d’un lexique constitué de mots comme génial, géant, extraordinaire…
Certains préfixes ou suffixes : hyper-, super-, méga-…
L’emploi de l’hyperbole résulte d’un désir de convaincre, de faire rire, de provoquer
l’indignation ou la pitié…
6.1.k La gradation
Une gradation est constituée d’une succession de mots ou d’idées de sens proche,
ragés en ordre croissant ou décroissant d’intensité. (Va, cours, vole, et nous venge.)
Ce qui différence la gradation d’une énumération c’est que l’énumération n’implique
pas forcément la gradation.
La gradation peut être ascendante ou descendante.
Son emploi crée un effet d’intensité.
6.1.l La litote
La litote consiste à dire moins pour faire entendre plus. C’est l’expression
volontairement atténuée d’une idée ou d’un fait. (Il n’est plus tout jeune = il est vieux.)
Parmi les procédés qui produisent la litote, on peut noter l’emploi fréquent de la
formulation négative.
L’emploi de la litote résulte d’un désir de s’exprimer à la fois avec force et pudeur.
6.1.m L’euphémisme
L’euphémisme est un adoucissement, une atténuation d’une vérité pénible, cruelle
ou agressive. (Il est temps que je me repose. = que je meurs.)
Il vise toujours à atténuer l’effet que produirait la formulation exacte.
6.1.n L’anacoluthe
L’anacoluthe est une rupture de construction syntaxique, c’est-à-dire une
transformation, au milieu d’une phrase, de la construction grammaticale que le début
de cette phrase laissait attendre. (Le nez de Cléopâtre, s’il eut été plus court, toute la
face de la terre aurait changé.) Il y a un changement de sujet au milieu de la phrase.
6.1.o L’anaphore
L’anaphore est la répétition d’un même mot ou d’une même construction au début de
vers, de phrases, de membres de phrases successifs. (Toujours aimer, toujours
souffrir, toujours mourir.)
L’emploi de l’anaphore crée un effet d’insistance en martelant un même mot à la
place la plus visible, en tête de phrase ou de vers.
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6.1.p Le chiasme
Le chiasme est une construction qui consiste à présenter de manière croisée des
mots ou des groupes de mots, en réunissant au centre et aux extrémités les
éléments de même nature, de même fonction grammaticale ou de même sens.
(Valse mélancolique et langoureux vertige.)
L’emploi de cette construction en chiasme permet de renforcer le sens des mots
ainsi disposés, tout en créant souvent un effet de rythme.
6.1.q L’ellipse
L’ellipse consiste à supprimer un ou plusieurs mots d’une phrase sans pour autant
en modifier le sens, les mots qui restent permettant de retrouver ceux qui manquent.
(Je t’aimais inconstant ; qu’aurais-je fait fidèle ? = si tu avais été fidèle)
L’emploi de l’ellipse allège le discours.
6.1.r Le zeugma
Le zeugma consiste à lier syntaxiquement deux mots ou groupes de mots dont un
seul se rapporte logiquement au verbe. (Vêtu de probité candide et de lin blanc.)
Les deux mots liés syntaxiquement peuvent être incompatibles :
Parce que l’un est abstrait et l’autre concret (Un livre plein de poésie et de
dessins.)
Parce qu’ils font appel à deux constructions différentes du verbe dont ils
dépendent (Il parle gentiment avec tout le monde.)
Parce qu’ils font appel à deux sens différents du verbe (Retenez cette date et
une place dans le train du soir.)
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