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Enseignant : Youssef ABOUDA 5

CHAPITRE I : PRESENTATION GENERALE DU CONTROLE INTERNE

SECTION I : L’EVOLUTION HISTORIQUE DU CONTROLE INTERNE ET LES DIMENSION DU CONTROLE


INTERNE

I- L’évolution historique du contrôle interne

Au XIXème siècle, contrôle simple qui prévaut, avec de petites entreprises dirigées par un
employeur qui supervise directement les conditions de la production.
Au début du XXème siècle, les termes de contrôle interne opérationnel et de contrôle
interne administratif apparaissent.
Après le krach de 1929, nécessité de réguler le développement des marchés financiers.
1934 : création de la SEC (USA) qui a émis le rapport Securities Exchange Act (1934)
o Mise en place d’un certain nombre de lois afin de favoriser la transparence des états
financiers des sociétés cotées.
1949 : Institute of Internal Auditors (IIA) fournit une définition où il est fait référence au
contrôle interne qui :
o comprend le plan de l’organisation
o et toutes les méthodes et mesures qui permettent d’assurer la sauvegarde des actifs
de l’entreprise.
1958 : le Committee on Auditing Procedure (CAP) a émis la SAP N°29 qui distingue :

Le contrôle • Vise à s’assurer de la


pertinence des processus
comptable opérationnels

• Vise à s’assurer de la
Le contrôle préservation des actifs et de
administratif la fiabilité des états
financiers

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1973 : SAS N°1 (remplaçant la nomenclature SAP) propose des définitions du contrôle
administratif et du contrôle comptable.
o Traduit le lien qui est fait entre contrôle comptable et contrôle administratif en
expliquant comment certaines procédures et processus dédiés aux contrôles
comptables pouvaient servir les objectifs de la direction et donc être rattachés aux
contrôles administratifs.
1977 : réaction de la SEC aux affaires (notamment Watergate) avec le Foreign Corrupt
Practices Act (FCPA) :
o Loi qui rend illégal le fait de ne pas avoir de dispositif de contrôle interne adéquate, à
savoir de ne pouvoir fournir la relative assurance que les transactions sont réalisées
Lien entre le dispositif et le risque pénal
1977 : L’Ordre des experts comptables (FRA) définit le contrôle interne comme
« l’ensemble des sécurités contribuant à la maîtrise de l’entreprise ».
1985 : Création Treadway Commission (suite à de nouveaux scandales) qui sont rapport
en 1987 comportant 50 recommandations pour fiabiliser les états financiers.
o Une des conclusions du rapport était d’avancer que 50% des fraudes découvertes
dans les états financiers étaient dues à des dispositifs de contrôle interne déficients.

Contrôle
comptable

Contrôle
interne
Contrôle
administratif

AVANT APRES

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1992 : Mise en place du COSO


o Publication du « Internal Control-Integrated Framework » (ce qu’on appelle
également Coso Report)
o 3 objectifs majeurs au contrôle interne :

Efficacité et Fiabilité des Conformité


rentabilité états vis-à-vis des
financiers lois et
règlements

2004 : la construction d’un second framework COSO 2 concernant davantage le


management des risques dans l’entreprise
2013 : l’actualisation du premier framework COSO.

II- Les trois dimensions du contrôle interne

1- La lutte contre la Fraude et la protection des ressources de l’entreprise

Cela a été un des moteurs du développement de la notion de contrôle interne.

Suite à des multitudes de scandales financiers, il devient nécessaire d’exiger aux entreprises
de mettre en place des programmes de contrôle interne. L'objectif initial du contrôle interne
était de détecter les fraudes et de protéger les ressources de l'entreprise. Ceci concerne
d'abord les biens matériels comme les stocks, les comptes clients, ... mais aussi les biens
incorporels comme les brevets, la propriété intellectuelle, les savoir-faire, les marques, ...

2- La sincérité des comptes des entreprises.

La mise en place d’un système de contrôle a été exigée afin :

d'arriver à lutter contre les fraudes et des erreurs répétitives constatées dans les
reporting financiers de certaines entreprises.
De protéger les investisseurs en imposant de nouvelles règles concernant la
comptabilité et la transparence financière.

En effet, en matière comptable, les principaux objectifs du contrôle interne sont de s'assurer
de :

l'exhaustivité : toutes les opérations sont enregistrées ;


la réalité : chaque opération enregistrée est réelle (correspond à un événement) ;

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l'exactitude : toutes les factures sont conformes aux commandes, contrats... ;


l'évaluation : toutes les provisions, les charges à payer et les produits à recevoir sont
correctement évalués ;
la comptabilisation : toutes les opérations sont correctement enregistrées en
comptabilité (bons comptes) et sur la bonne période (principe du cut off).

La mise en place d’un système de contrôle interne efficace constitue une présomption de
la fiabilité des comptes et une preuve indirecte de la sincérité des comptes des
entreprises.

3- La mise en place d'une organisation plus efficace et plus performante.

L'objectif du contrôle interne évolue. L'objectif de la démarche consiste à disposer des


bonnes informations au bon moment afin de prendre les bonnes décisions. De manière plus
générale, il s'agit de déterminer les objectifs stratégiques, de mettre en place des dispositifs
opérationnels et de respecter les lois et les règlements.

Le contrôle interne nécessite de mettre en place des procédures qui respectent l'ensemble
de ces objectifs tout en améliorant l'efficacité et l’efficience de l'entreprise.

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SECTION II : DEFINITION DU SYSTEME DE CONTROLE INTERNE

1- Définition avancée par l'Ordre des Experts Comptables Français en 1977

«Le Contrôle Interne est l'ensemble des sécurités contribuant à la maîtrise de l'entreprise. Il
a pour but d'assurer la protection, la sauvegarde du patrimoine et la qualité de l'information,
de l'autre l'application des instructions de la Direction et de favoriser l'amélioration des
performances. Il se manifeste par l'organisation, les méthodes et les procédures de chacune
des activités de l'entreprise, pour maintenir la pérennité de celle-ci ».

2- Définition avancée par le Consultative Committee of Accountancy de Grande Bretagne


En 1978

«Le Contrôle Interne comprend l'ensemble des systèmes de contrôle, financiers et autres,
mis en place par la Direction afin de pouvoir diriger les affaires de l'entreprise de façon
ordonnée et efficace, assurer le respect des politiques de gestion, sauvegarder les actifs et
garantir autant que possible l'exactitude et l'état complet des informations enregistrées ».

3- Définition avancée par la Compagnie Nationale des Commissaires aux Comptes Français
en 1987

«Le Contrôle Interne est constitué par l'ensembles des mesures de contrôle comptable ou
autre, que la direction définit, applique et surveille, sous sa responsabilité, afin d'assurer la
protection du patrimoine de l'entreprise et la fiabilité des enregistrements comptables et
des comptes annuels qui en découlent ».

4- Définition avancée par le COSO en 1992

Toutes ces définitions institutionnelles données au Contrôle Interne ont servis de base pour
l'élaboration d'une définition plus large par le COSO.
« Le contrôle interne est un processus mis en uvre par le Conseil d’administration, les
dirigeants et le personnel d’une organisation, destiné à fournir une assurance raisonnable
quant à la réalisation d’objectifs entrant dans les catégories suivantes :
réalisation et optimisation des opérations ;

conformité aux lois et aux réglementations en vigueur. »

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5- Définition avancée par « l'International Federation of Accountents » (IFAC) en 2008

« Le contrôle interne est un processus, conçu et mis en place par les personnes constituant
le gouvernement d’entreprise, la direction et d’autres membres du personnel, pour
fournir une assurance raisonnable quant à la réalisation des objectifs de l'entité en ce qui
concerne :
la fiabilité de l’information financière,
l'efficacité et l'efficience des opérations,
ainsi que leur conformité avec les textes législatifs et réglementaires applicables.
Il en résulte que le contrôle interne est conçu et mis en uvre pour répondre aux risques
identifiés liés à l’activité qui menacent la réalisation de l’un de ces objectifs».

Cette définition pose certains concepts fondamentaux :


le contrôle interne est un processus : Les procédures de contrôle interne sont
particulièrement efficaces lorsqu'elles sont intégrées à l’infrastructure et font partie
de la culture de l’entreprise. Elles doivent être intégrées et non rajoutées. Il constitue

le contrôle interne est mis en uvre par des personnes. Ce n’est pas seulement un
ensemble de manuels de procédures et de documents, il est assuré par des
personnes à tous les niveaux de la hiérarchie ;
le management et le gouvernement d’entreprise (Conseil d’administration) ne
peuvent attendre du contrôle interne qu’une assurance raisonnable quant à la
réalisation des objectifs de l'entité, et non une assurance absolue dû au risques
inhérentes à tout système de contrôle interne (Exemple : catastrophe naturelle, crise
économique, apparition d’une nouvelle règlementation, fraude,…).

C'est un
processus

Disposotif de Fournit une


Concerne tous
CI assurance
le monde
raisonnable

Permet la
réalisation des
objectifs

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SECTION III : LES OBJECTIFS DU CONTROLE INTERNE

Les 7 objectifs du Contrôle Interne

Le respect Identification
constant des La conformité des nouveaux
La protection et La fiabilité et la L’amélioration Le
règles de aux différentes risques et aide
la sauvegarde qualité de des développement
gestion réglementation à la réalisation
du patrimoine l’information performances de la rigueur
arrêtées par la s applicables des
direction changements

1- La protection et sauvegarde du patrimoine

Le patrimoine s’entend dans son sens le plus large englobant :


Les actifs corporels : équipement, stocks, clients,…
Les actifs incorporels (immatériel) : le savoir-faire, l’image ou la réputation, la qualité
du personnel (compétence, comportement, expérience)
La protection est l’action de favoriser la naissance ou le développement et la conservation
du patrimoine.
Sans pouvoir prétendre supprimer totalement toute négligence, erreur ou fraude, le
contrôle interne exerce notamment une action préventive permettant de les découvrir, en
temps opportun, ou tout au moins de les réduire au minimum.
Exemple de procédures visant la protection et la sauvegarde du patrimoine :
Respect systématique des normes de sécurité lors des constructions et acquisitions
des équipements.
Procédures d’autorisation, de justification et d’annulation évitant la prise en charge
de dépenses injustifiées ou des doubles paiements.
Procédures de vérification de solvabilité, d’autorisation, de preuve de remise des
marchandises et de suivi rapide du recouvrement des créances luttant contre les
risques de créances insolvables.

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Procédures de couverture d’assurance et de recours à des conseils compétant


Procédure de maintenance préventive systématique
Procédure de stockage, de gardiennage, de suivi et de contrôle des mouvements des
biens
Procédure de limitation d’accès
Mise en place de moyens matériels de protection physique : magasin, portes,
barrières, coffres, dispositifs anti-vol, dispositifs anti-incendie, etc.
Procédure d’inventaire permanent et d’inventaire physique.
Comptabilité générale complète, sincère, régulière et constamment à jour.
Le recours à un audit interne consolidé éventuellement par un audit externe
compétant et indépendant.
2- La fiabilité et la qualité de l’information comptable, opérationnelle et générale et une
communication appropriée des informations pertinentes

Gérer c’est décider en fonction des informations collectées. La qualité d’une décision est
affectée par la qualité de l’information qui lui sert de base.
Le contrôle interne vise à assurer la production d’une information de qualité que cette
information soit comptable, opérationnelle ou générale.
Une information de qualité est une information intelligible et communicable, fiable,
significative et pertinente.

La qualité de ce dispositif de contrôle interne peut-être recherchée au moyen :

d’une séparation des tâches qui permet de bien distinguer les tâches
d’enregistrement, les tâches opérationnelles et les tâches de conservation ;
d’une description des fonctions devant permettre d’identifier les origines des
informations produites, et leurs destinataires ;
d’un système de contrôle interne comptable permettant de s’assurer que les
opérations sont effectuées conformément aux instructions générales et spécifiques,
et qu’elles sont comptabilisées de manière à produire une information financière
conforme aux principes comptables généralement admis.
3- Le respect constant des règles de gestion arrêtées par la direction

Dans certains cas, les procédures pratiquées au sein de l’entreprise ne sont pas conformes
aux règles de gestion arrêtées par la direction générale.
Le respect des principes de contrôle interne vise à s’imposer une pédagogie adéquate et
instituer des sécurités permanentes assurant l’exécution effective des décisions de la
direction. Le respect constant des règles de gestion suppose des procédures de compte
rendu systématique d’exécution, d’une supervision permanente et l’instauration d’un
contrôle à postériorité.

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4- L’amélioration des performances

Selon l’Ordre des Experts Comptables français, le contrôle interne est une discipline
générale de gestion permettant d’assurer une meilleure efficience des moyens mis en
uvre pour assurer la pérennité de l’entreprise.
Le coût du contrôle est parfois non significatif par rapport aux avantages de sécurité,
d’efficacité et de sérénité de la gestion procurés par ces contrôles.
Par contre, le coût d’absence de contrôle peut être très important et peut amener
l’entreprise à l’absence de performance et même jusqu’à la défaillance.
Exemple de performances dues à un bon contrôle interne :
Le contrôle des ventes évite les créances insolvables, accélère l’encaissement des
créances et réduit par conséquent les charges financières (Charges financières liées
au crédit de financement de fonds de roulements).
Le contrôle des stocks réduit le sur-stockage, la rupture des stocks, le coulage, le
gaspillage et les dépréciations (qui génèrent des provisions et/ou des pertes).
Le contrôle des approvisionnements réduit les coûts matières et favorise la qualité de
la production.
Les différents contrôles facilitent la justification des comptes comptables et accélère
la production des états financiers, des situations mensuelles et des tableaux de bord.
La culture contrôle interne améliore le sentiment de sécurité du personnel, ainsi que
son esprit d’appartenance et le rend plus disponible au progrès (augmentation de
productivité ce qui améliore la performance).
En outre le contrôle interne permet le développement d’une bonne image de
l’entreprise et de son personnel à la fois à l’intérieur et à l’extérieur de l’entreprise.
5- Le développement de la rigueur

L’ensemble des procédures de contrôle interne qui réglementent et organisent l’entreprise


dans toutes ses activités a pour effet de développer le sens de la rigueur et concourt à la
réalisation d’un terrain favorable à une gestion rationnelle de l’entreprise.
Le contrôle interne a un effet libérateur pour les dirigeants de la société puisqu’ils sont
soutenus par une organisation sûre et des sécurités qui fonctionnent, par conséquent ils
peuvent déléguer les responsabilités avec plus de sérénité et ils auront, par la suite, la
possibilité se consacrer à leur attributions essentielles (Elaboration des stratégies, travaux
de réflexion et de création, fixation des objectifs, planification etc).
Exemple de procédures participant au développement de la rigueur dans l’entreprise :
L’application du contrôle interne empêche le laisser-aller.
La conviction générale de la prédominance du système sur la volonté partisane des
hommes.

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La procédure de sélection du personnel permet de doter l’entreprise d’un personnel


compétent, sérieux et de bonne moralité.
La procédure d’étude des investissements évite le risque mal calculé.
Les procédures d’achats et de ventes permettent un fonctionnement loyal, une
efficacité accrue et assurent une saine expansion.
Les procédures de trésorerie préservent l’entreprise contre les fraudes et réduisent
le poids des charges financières.
Le contrôle efficace de la gestion des participations dans d’autres sociétés et la
sélection des représentants aux conseils d’administration permettent de préserver la
consistance des actifs et évitent d’engager la responsabilité de l’entreprise dans des
cas de direction d’entreprise à gestion défaillante.
6- La conformité de l’entreprise aux différentes réglementations qui lui sont applicables

Le respect de la réglementation participe à l’objectif de sécurité de l’entreprise et de ses


dirigeants et constituent ainsi une condition fondamentale de la pérennité de l’entreprise.
Le respect des réglementations réalise ainsi un des objectifs du contrôle interne à savoir la
sécurité juridique de l’entreprise. Le contrôle interne vise ainsi à assurer en permanence la
conformité de l’entreprise aux réglementations applicables.

Compte tenu du grand nombre de domaines existants (droit des sociétés, normes
comptables, droit commercial, droit fiscal, environnement, social, etc.), il est nécessaire que
la société dispose d’une organisation lui permettant de :
connaître les diverses règles qui lui sont applicables ;
être en mesure d’être informée en temps utile des modifications qui leur sont
apportées (veille juridique) ;
transcrire ces règles dans ses procédures internes ;
informer et former les collaborateurs sur celles des règles qui les concernent.

7- Favoriser l’identification des nouveaux risques et aider à la réalisation des changements


nécessaires

Les procédures de contrôle interne sont bâties sur des processus d’identification et
d’évaluation des risques engendrés par chaque activité et encourus par l’entreprise
conjugués avec la politique retenue par la direction générale en matière prise de risque.
Les contrôles internes mis en place doivent permettre ou aider à l’identification des
nouveaux risques qui peuvent avoir un impact significatif sur l’efficacité de l’entreprise. Un
système de contrôle interne efficace aide aussi à détecter les signes précurseurs des
changements nécessaires et constitue un outil pour mener ces changements avec succès.

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