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Sociologie

I. La sociologie, une discipline interprétative

• La sociologie est une science sociale ou historique (= dont les éléments observables ne
peuvent pas s’auto-observer)

• Les sciences sociales ont un statut à la fois général et particulier :

v Statut général = ce sont des sciences parmi les autres (qui prétendent décrire la
réalité et établir des vérités)

v Statut particulier = leur objet est toujours accessible à tous (ex : la société, la
population)

• Horkheimer établit une distinction entre :

v Sciences appartenant au présent historique > théorie traditionnelle (= on n’en tire


pas de conséquence)

v Sciences thématisant ce présent en le transformant en objet de connaissance >


théorie critique

• La sociologie, une discipline spécifique :

v Elle s’occupe de faits, observe des phénomènes

v L’objet de connaissance étudié est le contexte dans lequel tout le monde évolue >
suppose une démarche particulière (en tant que science)

v Il ne s’agit pas de juger, justifier ou d’améliorer notre monde mais de le décrire pour
saisir l’impact de nos actions sur le réel > l’objet de la sociologie porte sur ce que la
société est et non sur ce qu’elle devrait être

v La sociologie est donc :

Ø Une discipline (= structure particulière de la science)

Ø Un objet spécifique (= la société)

Ø Une méthode (= une démarche et des techniques)

• La sociologie est avant tout un regard, un point de vue explicite sur la réalité sociale :

v Durkheim : il s’agit de voir les faits sociaux comme des choses analysables (et non
pas comme des actions à accomplir)

v C’est pour cela que les points de vue (ex : déterministe, actionnaliste) sont
nombreux et qu’ils permettent tous une description et une analyse différentes de la
société

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• La sociologie est une description, un point de vue et une interprétation :

v Propose un schéma d’interprétation de la réalité observée

v Le point de vue sociologique est toujours basé sur :

Ø Un postulat social (= vision du monde social et des humains qui le composent)

Ø Un postulat anthropologique (ce qui l’inscrit dans une époque, un contexte)

v Weber affirme que la vocation sociologique est la recherche de la connaissance


pour la connaissance (l’action dans le monde ne relevant pas de la science) > la
science aide l’humain à mieux comprendre ce qu’il veut/peut faire MAIS ne doit pas
lui prescrire ce qu’il doit faire

v NB : Durkheim = la société détermine les individus (holisme) >< Weber = les


individus construisent leur réalité par leurs actions (atomisme)

• La sociologie n’est pas une discipline unifiée :

v La pluralité des paradigmes (= vérités appliquées à l’aide d’un point de vue singulier
et arbitraire) implique plusieurs lectures possibles d’un même fait social (ex :
l’exclusion sociale)

v Chacun ordonne ces éléments, les hiérarchise, pose des hypothèses,…

• La sociologie est une discipline interprétative :

v Son objet est d’interpréter les réalités qu’elle observe (et non de les imposer,
justifier,…)

v Il est impossible d’être totalement objectif même si notre méthode tend à la


neutralité > il y aura toujours modification de l’objet observé (ex : mesure de la
température de l’océan)

v De plus, cet objet évolue à mesure que nos connaissances scientifiques grandissent
> difficulté majeure des sciences humaines

v En conclusion, la neutralité dans les sciences humaines est impossible > le projet
scientifique est de la contrôler le plus possible

i. Sociologie et paradigmes sociologiques

• Selon Khun (1972), une révolution scientifique (ex : la Terre est plate) amènerait à des
changements de paradigmes pour des raisons historiques > il n’y a pas d’homogénéité
dans les sciences humaines (>< sciences historiques)

• La sociologie n’est pas de l’idéologie (= système d’idées et de croyances sur le monde


dirigeant une action sur lui) > la sociologie prend racine dans l’idéologie d’une société

• Chaque paradigme est conçu à partir de postulats différents relatifs à l’humain et à la


société

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• Schéma de Touraine, 1986 (repris par Bajoit, 1992) :

Changement ou progrès social

Holisme Atomisme
Structure : Action :
RUPTURE MUTATION
Rupture violente rupture petit à petit des individus

Intégration : Paradigme de Paradigme de la


CONSENSUS l’intégration : compétition :
Contrôle ou ordre ON MOI
tous sur chacun
social

Conflit : Paradigme de Paradigme du


DOMINATION l’aliénation : conflit :
EUX NOUS
Une petite partie sur l’autre

v D’une part, il y a un contrôle social de la raison humaine sur l’ordre social (qui
permet la pérennité de nos sociétés) > 2 réponses :

Ø Soit l’ordre est le résultat du contrôle de tous sur chacun > consensus qui porte
sur des valeurs et des normes (ex : contrat social) > l’ordre se maintient

Ø Soit l’ordre est dû à un petit groupe privilégié > domination (matérielle,


aliénante ou culturelle) des uns sur les autres > l’ordre disparaît

v D’autre part, le changement social est le moteur du progrès/de l’évolution sociale,


ce qui engendre :

Ø Soit une rupture de l’ordre (ex : évolutionnisme > une société A se transforme en
société B) // holisme

Ø Soit une mutation de l’ordre > l’action fait doucement évoluer la société d’un
état à l’autre (ex : changement permanent, pas de modifications radicales) //
atomisme

v Ces quatre approches vont structurer l’ère industrielle, basée sur la raison et le
progrès

a. « ON » ou le contrôle social // Durkheim

• L’intégration y est centrale, la conduite de l’individu est socialement contrôlée et


orientée par la collectivité (qui lui rappelle l’obligation de se conformer)

• Tout le monde défend et obéit à des normes et valeurs sociales préexistantes

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• « ON » est souverain, il dicte à chacun sa conduite et récompense (ex : prestige et
pouvoir) ou sanctionne (ex : ridicule) l’individu en fonction de son comportement

• // Structuro-fonctionnalisme américain (Merton) : idée de société très stable, voire inerte

• Le changement provient de l’extérieur, c-à-d:

v Des contacts avec d’autres sociétés (ex : introduction de la culture américaine en


Europe d’après-guerre)

v De l’émergence de faits neufs dans la société elle-même (ex : affaire Dreyfus)

• Deux problèmes de fond se posent immédiatement :

v La société semble tellement bien régulée que le changement y est presque


impossible > or, cette société a besoin de déviants, qui garantissent la vitalité des
normes sociales :

Ø Certains en feront les frais et seront punis (= sort de rappel pour la collectivité)

Ø Certains deviendront membres de l’élite innovatrice

v La définition anthropologique de l’humain, qui varie selon les disciplines :

Ø L’économie voit l’humain comme un individu rationnel

Ø La psychologie le voit comme un être guidé par les forces de son inconscient

Ø La sociologie, à travers ses paradigmes, fait un pari anthropologique sur


l’humain : dans le contrôle social, on le considère comme totalement réceptif
aux prescriptions du social

b. « MOI » ou la rationalité limitée // Crozier

• Compromis entre individus rationnels (cherchant tous à maximiser leurs intérêts) sous la
contrainte de la collectivité > le consensus résulte d’une négociation de tous avec tous

• Ce « contrat social » n’est pas imposé mais s’institue par la rationalité de chaque acteur
> chacun a intérêt à négocier et à respecter les autres (car cela pourrait leur nuire dans
le cas inverse)

• Les individus sont rationnels (= savent que le compromis est indispensable) et


raisonnables (= savent qu’ils ne peuvent pas tout avoir)

• // Théorie utilitariste (Boudon, Crozier)

• Le progrès est la conséquence paradoxale de l’égoïsme d’élites innovatrices > l’alliance


de la compétition et du compromis garantit la cohésion du système et son adaptation
continue

• En cas de « dépassement des règles », l’arbitre sera l’Etat (qui est le seul à disposer de
la violence légitime pour faire respecter les règles)

• NB : « ON » et « MOI » mettent tous les deux le consensus social au centre :

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v « ON » = structure au centre > individu contraint

v « MOI » = individu au centre > individu rationnel

c. « EUX » ou la domination sociale // Wacquant

• Le centre de ce paradigme est l’aliénation des classes (= l’appropriation de l’économie,


de la politique, de l’idéologie, de telle sorte que l’individu ne s’appartienne plus et soi
lui-même considéré comme un objet)

• La source de cette aliénation/domination est une classe dirigeante et son Etat (= un


« EUX » extérieur à la masse dominée)

• // Marxisme, structuralisme (Lévi-Strauss, Bourdieu)

• Cette domination (de la classe propriétaire sur la classe populaire) est un fait structurel :
elle ne dépend ni de la conscience ni de l’intention des acteurs > c’est la classe qui
détermine tout

• Le changement (toujours radical) est assez complexe :

v Soit il y a une logique de croissance nécessaire des forces productives (=


infrastructure) qui transformerait périodiquement les modes de production (=
superstructure) > avènement d’une société communiste (Marx)

v Soit la classe populaire ne peut pas prendre conscience de sa domination > le


changement proviendra de révolutionnaires, qui deviendront ensuite les nouvelles
élites

• Ce paradigme ne laisse aucune place au choix des individus, il ignore totalement le


sujet

d. « NOUS » ou le conflit social // Boltanski

• La structure s’efface au profit des individus, sous la forme de mouvements sociaux

• // Théorie actionnaliste : l’action des mouvements sociaux participe à la (re)composition


de la société

• Refuse de considérer l’humain comme le produit d’un contrôle normatif (« ON »), un


individu égoïste (« MOI ») ou un être aliéné (« EUX ») > fait le pari d’un humain capable
d’agir collectivement sur la société par les mouvements sociaux dans lesquels il
s’engage

• Agit par souci des autres et de l’intérêt collectif et social (mais pas une caricature de
l’humain altruiste pour autant)

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• Jusqu’à un certain point, le changement est constant > permanente
transformation/mutation (et donc pas de rupture)

• Evolution historique :

v Industrialisation = importance croissante des mouvements sociaux, réelle


participation sociétale

v Sociétés post-industrielles = délitation des mouvements sociaux classiques (car


programme accompli) > nouveaux mouvements, cependant moins influents (ex :
étudiants, écologistes,…)

v NB : Ce décalage entre la théorie et le sujet a poussé Touraine à revoir son schéma


théorique > théorie du sujet (= tente une intégration de tous les paradigmes de la
discipline)

• Conclusion : tous ces paradigmes/points de vue rendent compte d’une même réalité :
ils ont des bases anthropologiques différentes mais se combinent dans la mission
sociologique (= l’approche complexe des faits sociaux)

• NB : Le sociologue est « méfiant » et « irrespectueux » car il conserve une distance par


rapport à la vision légitime, il cultive la relativité > veut être cosmopolite (mais cela
nécessite de sortir de son propre monde)

ON MOI EUX NOUS

Conception Structuro- Utilitarisme Marxisme, Actionnalisme


théorique fonctionnalisme structuralisme

Définition Individu Acteur Agent Sujet


anthropologique

Action de Conformisme (aux Egoïsme Aliénation Altruisme


l’humain normes et valeurs)

Exemple concret : Durkheim : Boudon : Bourdieu : Doubet :


l’éducation − L’école est une − (Individualisme − L’école est un − L’école est un
programmation méthodologique) lieu de lieu de
− Discipline + − Les inégalités sélection et de négociation
attachement au scolaires sont le reproduction − Elle libère les
groupe résultat d’un sociale élèves de
− But = intégrer calcul des − Aliénation des contraintes
les jeunes et en acteurs élèves par les institutionnelles
faire de bons − Les minorités règles par son
citoyens s’excluent elles-

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mêmes par leurs − La réussite apprentissage
choix scolaire est une rationnel
question de − Elle contribue
positionnement au
(= classe) et développement
non de travail personnel des
élèves
− Vision d’une
France
multiculturelle
(années 90)

ii. Sociologie et sciences sociales

• Qu’est-ce que la science ?

v Etymologiquement = le savoir, le savant

v Aristote : concerne le « nécessaire » et l’ « éternel »

v Moyen-Âge = seul Dieu a la connaissance parfaite des choses > création des
premières grandes universités (= indépendance p/r à l’Etat mais dépendance p/r à
l’Eglise)

v Descartes (XVIIe) > Lumières (XVIIIe) : remise en cause de la vision théologique de la


science

v NB : Jusqu’au XVIIe, on ne fait pas d’opposition entre « lettres » et « sciences »

v La sociologie est une science à partir du moment où elle adopte des méthodes
scientifiques (quantitatives (ex : sondages) ou qualitatives (ex : interview))

• La démarche scientifique :

v Naît avec l’humanité (à chaque fois que l’humain a cherché à comprendre le réel)

v Se développe en Grèce Antique :

Ø Pythagore recherche ses théories à partir de l’intelligence pure

Ø Platon s’efforce de mathématiser toute chose (= réflexions abstraites) ><


Aristote veut partir de l’observation de la nature (= empirisme)

Idéalisme platonicien Empirisme aristotélicien

− Cité idéale comprenant 3 − Observation à partir du réel (ex :


Antiquité catégories de citoyens des cités grecques existantes)
(métiers divers < gardiens <
dirigeants)

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− Classement des cités
grecques en fonction de sa
cité idéale

Epoque contemporaine Idéal type webérien Sociologie FR/US

− Création d’un idéal-type à − Touraine (FR) : sociologie


partir d’une question (ex : la engagée (observation et
démocratie est-elle accompagnement des
efficace ?) > classement des mouvements sociaux)
démocraties dans le monde − Ecole de Chicago (US) :
et rapprochement avec sociologie urbaine (création de
l’idéal-type (utopie) quartiers en fonction de ≠
critères = réponse politique à
une question sociologique, la
violence)

v La science est affaire de communication (lettres, chiffres, traductions), de toutes les


cultures (Islam, christianisation etc.) et civilisations (Grèce, monde arabe, Europe
etc.)

v La question du statut scientifique de la discipline n’est pas neuve :

Ø Sociologie = science exacte/naturelle >< Weber

Ø NB : « Il faut n’appeler Science que l’ensemble des recettes qui réussissent


toujours. Tout le reste est littérature », Paul Valéry

Ø Mais il ne serait pas pertinent de dire que les sciences se contentent de lois et
d’expérimentation > si les phénomènes sociaux sont difficilement renouvelables
dans leur singularité, comment peut-on qualifier la sociologie de science ?

Ø En vérité, la sociologie est une création continue ; c’est la confrontation


permanente des tendances qui permet à la discipline d’être vivante > le
caractère scientifique est davantage une construction sociale/culturelle que
naturelle (ce qui est la science dans une culture ne l’est pas dans une autre)

Ø La sociologie fait appel à des logiques de preuve lui conférant un « statut


cognitif »

Ø Cependant, le sociologue est un « essayiste », il ne prétend pas détenir le savoir


suprême > il y a toujours une part d’interprétation personnelle dans une étude
reposant sur des éléments fiables

Ø Le discours sociologique (comme le scientifique) répond à trois conditions :

1) Cohérence interne dans la démonstration

2) Pertinence

3) Mesurabilité

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Ø L’observation de la chose scientifique permet de dégager six évidences :

1) Il n’existe pas de loi universelle en science > une loi se prétend attachée aux
faits (qui changent constamment) alors que l’on ne peut pas prédire l’avenir
> « toutes choses égales par ailleurs »

2) Il y a les mots > ceux-ci véhiculent toujours une idée

3) Le découpage dans l’espace fait aussi violence aux faits > trancher, c’est
dénaturer ; il n’existe pas de « morceau » de société, c’est une fiction créée
par l’humain

4) L’attachement psychologique à la formule > il vaut mieux vérifier une


hypothèse par son contraire pour être fiable (car on est toujours convaincu
de son raisonnement)

5) Quelques hypothèses sont examinées > de nombreuses pistes intéressantes


ne sont jamais abordées

6) Une hypothèse fausse peut donner lieu à une vérification (ex : l’eau bout à
100°)

Ø Conclusion : l’attitude scientifique du sociologue consiste en un va-et-vient


permanent entre une observation et une formule toujours provisoire

II. Définition et origine

i. Définition

• Etymologiquement = « science de la société » > « étude des sociétés et des


phénomènes sociaux » > définition vague, imprécise (mais qui a l’avantage d’éviter les
querelles d’écoles) > reste la plus précise qui existe !

• La sociologie s’intéresse au comportement humain dans la mesure où celui-ci s’inscrit


dans un rapport avec d’autres comportements du même type > la sociologie s’intéresse
à l’étude des comportements humains considérés du point de vue social

• Comportements :

v Les attitudes se traduisent par des comportements (= largement fortuits) ou des


actions (= résultat d’un acte délibéré, conscient) > ces différences n’ont plus
beaucoup de sens

v Bourdieu préfère le concept d’habitus (= ensemble de comportements sociaux dont


la motivation est majoritairement influencée par l’éducation et les normes)

v NB : Nous utiliserons le terme d’ « action » par souci de facilité

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• Social :

v Est social tout ce qui relève de la vie en société > les sciences sociales cherchent à
expliquer des faits liés à la vie en société (ex : économie, sociologie, sciences
politiques)

v Distinction entre politique, économie et social (= concerne alors les conditions de


vie et le mode de vie en société)

v Fait social = fait qu’on ne peut comprendre sans tenir compte de la dimension
collective de la vie en société (Durkheim)

v L’action prend un caractère social àpd moment où l’acteur (= celui qui agit) entre en
rapport avec l’autre agissant ; lorsqu’il y a interaction entre les deux

v La présence des acteurs peut être médiatisée (et non physique) > Weber envisage
les relations entre individus alors même qu’il n’existe aucun contact physique ou
médiatique entre eux > il suffit qu’une personne se situe par rapport à une autre et
oriente son action en conséquence

v L’action sociale comprend en réalité l’ensemble des actions humaines

v Le champ de recherche sociologique est donc très large > famille, religion, vie
rurale/urbaine, politique, économie, communication etc.

ii. La naissance de la sociologie

• Née au XIXe (terme inventé en 1838 par Auguste Comte), siècle caractérisé par la
nécessité de penser une nouvelle société ; qui voit naître de nouvelles disciplines et qui
connaît trois révolutions majeures :

1) Politique (nouvelles conceptions de la société)

§ Nombreux bouleversements politiques et militaires : Révolution française >


promesse d’un nouvel ordre plus égalitaire que l’Ancien Régime

§ Révolutions européennes motivées par les idées des Lumières > naissance et
mort de régimes (MADD, convention, directoire, empire, république, monarchie,
second empire, nouvelle république,…)

§ Les premier sociologues (Saint-Simon, Comte, Durkheim) sont partisans d’un


ordre social stable > contre les révolutions (= pathologies de l’organisme social)

§ Comment mettre fin au désordre ?

Interventionnisme = contribuer à guérir les maux dont souffre la société >


société // corps

Positivisme (Saint-Simon, Comte) = conformer la société à la pensée


rationnelle, l’esprit industriel naissant > société // industrie

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Neutralisme (Weber, Pareto) = analyser les valeurs significations ou
conséquences des actions humaines

2) Industrielle

§ Exportation < UK du mode de production industriel qui allait révolutionner


l’économie moderne

§ Les techniques de production, la gestion de la main d’œuvre, les nouvelles lois


de l’économie politique vont influencer le développement de la sociologie :

Développement d’un prolétariat urbain, en constante rébellion contre des


conditions de travail aberrantes > paupérisation, alcoolisme, maladie

Esprit industriel aux effets dévastateurs

§ Travaux sur l’organisation du travail (Engels, Villermé)

3) Scientifique (silencieuse)

§ Progrès importants en physique, chimie, biologie // nouvelle modification des


structures de production

§ Développement de nombreuses théories :

Physiologie comparée = modèle organiciste de la sociologie

Théorie cellulaire (une cellule = unité de base de l’organisme) utilisée par la


sociologie afin de comprendre le fonctionnement social > corps humain //
machine

Philosophie biologique (Comte) = lecture physiologique du corps

Théorie de l’évolution des espèces (Darwin) = base du darwinisme social (=


la lutte pour la vie sélectionne les individus et explique l’évolution sociale)

§ Lexique sociologique encore inspiré des sciences biologiques : organisme,


fonction, atome, cellule etc.

III. Les premiers sociologues

• L’origine de la sociologie est difficile à dater, la réflexion de l’humain sur ce qu’il vit et
son environnement social remontant à la nuit des temps (Aristote, Condorcet,
Machiavel, Montesquieu etc.)

• Cependant, il est possible de dater la fondation organique de la discipline (= existence


en tant qu’organisation structurée et établie à travers son enseignement)

• La démarche sociologique apparaît au XVIIIe et cherche à expliquer scientifiquement les


processus sociaux en les dégageant d’un certain fatalisme > Montesquieu aborde la

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question de la diversité des sociétés humaines : selon lui, ce sont les conditions
physiques et naturelles qui conditionnent la vie sociale et les structures d’un individu

• En France:

v Auguste Comte = approche philosophique

Ø Allie positivisme (= seuls comptent les faits, qui s’imposent d’eux-mêmes à


l’observateur) et évolutionnisme

Ø Vision abstraite de la société

v Alexis de Tocqueville = approche empirique

Ø Décrit la situation et se limite à l’empirie à laquelle il est confronté (cf. analyses


des US)

v Emile Durkheim = rapprochement des sciences naturelles

Ø Veut allier les approches théoriques et pratiques (car la science comprend les
deux dimensions) dans une observation rigoureuse

Ø Se détache à la fois de la philosophie et de la morale de Comte

Ø Création d’une revue toujours existante (« L’Année sociologique ») et de


nombreux ouvrages (« De la division du travail social », « Les règles de la
méthode sociologique », « Le suicide », « Les formes élémentaires de la vie
religieuse »)

Ø Le problème central de la sociologie réside pour lui dans l’union des individus au
sein de la société (= l’intégration sociale) > réification de la société

Ø Epoque marquée par l’industrialisation naissance, les scandales (ex : affaire


Dreyfus), la Commune de Paris

Ø Dans la lignée de Hobbes (le Léviathan et l’imposition de l’ordre par le


souverain) et de Rousseau (le contrat social) // « ON »

• En Allemagne :

v Karl Marx (élève d’Hegel)

Ø La société est déterminée par l’organisation des forces productives et des


moyens de production

Ø Ces infrastructures se succèdent au cours de l’histoire d’une manière


évolutionniste

Ø Totale détermination de la société par l’économie (= déterminisme)

Ø Convaincu que la société communiste succèdera à la société capitaliste dans les


sociétés les plus capitalistes de l’époque (UK, Belgique, Allemagne, USA)

v Georg Simmel

Ø Les actions réciproques (= interactions entre individus) sont au centre de son


approche et permettent de comprendre la constitution de la société

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Ø Intérêt assez atypique accordé au quotidien le plus proche (ex : les différentes
réalités de l’argent (troc = confiance >< monnaie = méfiance), mode, amour)

Ø Ne cherche pas à établir des lois mais à rendre ces éléments du quotidien plus
intelligibles

Ø Influence plus tardive que Marx

v Max Weber

Ø Convaincu d’une congruence entre les formes économiques d’une société et sa


culture

Ø Les mécanismes de la société et de l’économie reposent sur de mêmes


invariants de la conduite humaine

Ø Lien moins « mécanique » que chez Marx : la structure n’est plus au centre ; il
insiste plus sur les personnes et leurs motifs (Marx = holisme >< Weber =
atomisme)

• En Italie :

v Vilfredo Pareto

Ø 2 obsessions :

Existence d’une élite dirigeante dans la société

Passage de l’économie à la sociologie

Ø 2 types d’actions :

Actions non-rationnelles/illogiques (économie) = moyens et fins en accord

Actions rationnelles/logiques (sociologie) = but objectif identique au but


subjectif

Ø Convaincu que la sociologie est le pendant de l’économie

Ø Décrit une société dont les principes économiques sont une simple partie

• Aux US :

v Robert Park

Ø Journaliste de formation, élève de Simmel > souci du quotidien (voire de


l’anodin)

Ø Considère qu’il faut être dans l’action étudiée pour pouvoir s’en rendre compte
> très proche du terrain et contre toute théorie « a priori » (succession = ouvrage
d’Anderson sur la vie des hobos, 1993)

Ø Fondateur de l’Ecole de Chicago/l’écologie urbaine > but = comprendre les


mécanismes d’une ville qui se crée pour aider à trouver les solutions de la
croissance urbaine impressionnante qu’elle produit

• De ces sociologues, seuls Durkheim et Park le sont totalement : ils participent


organiquement l’un comme l’autre à cette discipline universitaire (Sorbonne/Chicago)

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• Les pères de la sociologie (XIXe) :

v Auguste Comte

Ø Polytechnicien, mathématicien, philosophe et secrétaire de St-Simon

Ø Participe à l’élaboration de la physiologie sociale (= discipline ayant pour objet


l’étude de la société à partir d’observation des faits pour en tirer des lois) >
individus = organes du corps social

Ø Il propose :

a) La doctrine du positivisme (= a pour objet l’observation des faits et


l’établissement des régularités qui les relient sous forme de lois)

b) La loi des trois états : l’humain passe en effet par trois états successifs…

Etat théologique = Etat métaphysique


Etat positif = par le
phénomènes = par des idées
raisonnement
expliqués par des abstraites qualifiées
scientifique
forces surnaturelles de causes

… qui correspondent à trois types d’institutions économiques et politiques…

Esprit métaphysique =
Esprit positif =
Esprit théologique = institutions transitoires
organisation sociale
sociétés hiérarchisées et (entre ordre ancien et
calquée sur le modèle
militaires (M-A) ordre nouveau: Europe,
industriel (XIXe)
Renaissance > Lumières)

…et aux trois étapes dans la vie de l’humain :

Enfance Adolescence Age adulte

c) La nécessité d’une science nouvelle = la sociologie (ou « physique sociale »),


comme science positive de l’organisation et de l’histoire sociale > les lois
sociologiques sont déterminées pour le développement de l’espèce
humaine

Ø Le positivisme est donc « la prépondérance de l’esprit scientifique qui va, par


une loi inexorable du progrès de l’esprit humain (= la loi des trois états),
remplacer les croyances théologiques ou explications métaphysiques »

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Ø Son « âge positif » a rapidement été considéré comme illusoire > critique dans
les années 60 : nous construisons ce que nous voyons (or, le positivisme prétend
que seul le visible compte)

Ø NB : Il a voulu faire du positivisme une religion universelle à la fin de sa vie

v Alexis de Tocqueville

Ø Petit-fils de Malesherbes (grand réformateur du XVIIIe > a notamment permis la


diffusion de l’Encyclopédie)

Ø Magistrat, écrivain, homme politique, journaliste, Ministre des Affaires


Etrangères (exil après coup d’état de Napoléon)

Ø A écrit deux ouvrages que la sociologique et les sciences politiques se


disputent : « De la démocratie en Amérique » et « L’Ancien Régime et la
Révolution » > père de la sociologie politique

Ø Pense qu’il ne peut y avoir de lois naturelles qui gouvernent tout

Ø Tente une définition de la société démocratique (sens étymologique + politique


+ social) > 2 idées fortes :

a) Le rapport égalité-liberté

La tendance dominante à l’égalité des conditions doit être tempérée par la


garantie aux libertés (par l’intermédiaire des institutions locales et
associations)

Mis en concurrence, les individus ne partent pas avec les mêmes chances
> or, ceux-ci préfèrent souvent l’égalité à la liberté > préfèrent un pouvoir
fort (totalitaire)

La démocratie a un côté liberticide : personne ne peut réellement sortir de


la masse vu que tout le monde est égal

La presse fait office de 4ème contre-pouvoir pour éviter que l’égalité prenne
le dessus sur la liberté

b) L’individualisme est la rouille des sociétés

Le repli sur la vie privée matérielle et le désintérêt pour la vie publique


favorisent soit le pouvoir d’Etat, soit l’atomisation de la société (et
l’anarchie) : individualisme > solidarité anarchie

Il condamne donc l’égoïsme et le désintérêt

Ø Les caractéristiques d’une bonne démocratie sont alors :

L’égalité des conditions (classes hiérarchie)

La répartition équilibrée des pouvoirs

La participation active des citoyens (ex : élections)

Ø Enfin, les risques du régime démocratique sont :

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La tyrannie de la majorité (quand l’égalité prend le pas sur la liberté)

Le despotisme démocratique

Ø Observation du système pénitentiaire américain (// empirisme):

La valeur fondamentale en Europe est l’égalité >< la liberté aux US (//


protestantisme)

Aux US, les individus sont donc entièrement responsables de leurs actes

Ø Source toujours pertinente (travaux sur l’Ancien régime, la Révolution française,


les US)

v Karl Marx

Ø Etudie le droit, l’histoire et la philosophie > devient journaliste ; sera souvent


expulsé pour ses prises de position radicales

Ø Développe une théorie de l’aliénation du travail suite à une étude des


économistes et matérialistes français

Ø « Manifeste communiste » (1848) :

Synthèse de l’évolution historique

Programme du parti prolétarien

Critique des autres courants socialistes

Esquisse d’une société de transition au communisme

Ø Notions-clé :

L’aliénation = résulte des conditions dans lesquelles les collectivités


humaines produisent leur propre existence sociale dans les sociétés où
s’opère la division sociale du travail

Les forces de production = ensemble des ressources matérielles et


humaines dont dispose une société

Les rapports de production = rapports de propriété sur des ressources


matérielles

Structurel = résulte d’une évolution des moyens de production qui


amènent de nouvelles classes sociales au pouvoir

Ø Idées essentielles :

a) Théorie des classes sociales et des rapports de classes

Les classes se définissent àpd trois critères :

1. Leur place dans le mode de production (force de travail ><


propriétaires)

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2. La lutte entre le prolétariat et la bourgeoisie (dans la société
industrielle), basée sur la lutte pour l’appropriation de la surproduction
(elle-même issue de la division du travail)

3. La conscience de classes (= le sentiment d’appartenance à un groupe


aux intérêts communs) : classes « en soi » (= définies objectivement,
mêmes caractéristiques) >< classes « pour soi » (= conscience de classe,
individualistes)

Cette définition des classes par des critères strictement économiques est
contestée par de nombreux sociologues contemporains (Bourdieu, Aron)

b) Analyse critique de l’Etat

Les institutions étatiques dominent la société civile

Dans chaque phase de l’histoire, un mode d’organisation étatique et


idéologique (= la superstructure) correspond à un mode d’organisation
économique (= l’infrastructure)

c) Etude des idéologies

Les idéologies sont des reflets inversés du réel ; ce sont des


représentations tronquées de la réalité > « ensemble des idées
dominantes véhiculées par une société/un groupe social dans le cadre des
superstructures »

Les systèmes élaborés dans ce cadre (ex : religions, philosophies, morales)


reposent donc sur des bases erronées > « la religion est l’opium du
peuple »

L’idéologie disparaît avec la prise de conscience claire des rapports


sociaux

NB : Selon certains (dont Aron), le progrès est si satisfaisant pour l’humain


qu’il fait mourir les idéologies (ce qui entraîne une dépolitisation) ><
l’idéologie est une constante de l’humain

d) Conception générale de la société

Vision structurelle : le fondement de la société réside dans la vie


matérielle > par le travail, l’humain se produit lui-même ET produit la
société

L’existence sociale détermine la conscience des individus (= holisme)

Matérialisme de Marx >< Hegel (il faut imposer de nouvelles idées pour
changer le monde)

Ø « Mésanalyse » du communisme :

Hypothèse = remplacement du prolétariat par des machines > s’il y a


élimination du travail, il y a élimination du capital (= contradiction
endogène) > redistribution des biens

17
Or, le capitalisme sait se renouveler en gardant une partie du prolétariat :

1. Solution à court terme = augmenter les prix > diminuer les coûts de
production > augmenter la productivité

2. Solution à long terme = révolution > dictature du prolétariat >


création de partis et syndicats > organisation prolétarienne > prise de
conscience et objectifs historiques (= vision évolutionniste)

Ø La révolution de 1917, tout comme celle de 1789, aura vu une élite bourgeoise
utiliser le peuple pour revendiquer ses idées

• Conclusion : une opposition assez claire se dessine entre deux paradigmes dominants…

HOLISME ATOMISME
Vision descendante Vision ascendante
La société (le tout) préexiste aux Les individus génèrent le social par leurs
parties (les individus) actions ; les individus déterminent la
société
Comte, Durkheim, Marx, Pareto De Tocqueville, Weber, Simmel, Park

IV. L’institutionnalisation de la sociologie (XIX-XXe)

• NB : Jusqu’ici, des sociologues comme Comte, de Tocqueville ou Marx étaient


seulement dans une démarche d’observation…

• Emile Durkheim (père fondateur de la sociologie française)

v Premier à présenter des modèles d’études sociologiques

v Va prouver l’efficacité des méthodes empiriques (basées entre autres sur des
statistiques) avec ses recherches sur le suicide > mise en évidence de corrélations
entre les phénomènes sociaux

v Forge la notion d’anomie (= situation dans laquelle l’acteur ne voit dans les
questions qu’il pose que des éléments de doute > anomie totale = fait de ne plus
rien connaître)

v Idées essentielles :

a) La sociologie est une science autonome = elle est dotée d’un objet et d’une
méthode spécifique > en compétition avec les autres sciences

b) Le social ne peut que s’expliquer par le social

Les faits sociaux sont extérieurs à l’individu et sont radicalement distincts des
faits individuels qui les constituent

18
Comparaison avec les sciences physico-chimiques : le corps humain ne
comporte que des molécules > si l’on considère l’association de toutes ces
molécules, on trouve la vie > en sociologie, l’association des individus
engendre une réalité nouvelle

Distinction entre conscience collective (= ensemble des idées communes à


tous les membres de la société) et conscience individuelle (= constituée
d’opinions propres à un individu) > les individus uniquement guidés par
l’individuelle sont incapables de vivre en groupe (car la recherche d’intérêt
personnel ne peut pas aboutir à des liens sociaux durables)

La division du travail affaiblit la conscience collective : elle est certes source


de solidarité mais elle favorise le développement d’une conscience
individuelle > peut déboucher, à terme, sur une neutralisation de la solidarité

Le développement de comportements déviants : son étude sur le suicide a


permis de mettre en évidence le lien entre affaiblissement de la conscience
collective et développement de comportements « anormaux »

v Conçoit la sociologie comme un plan à 3 étages :

MORPHOLOGIE PHYSIOLOGIE
SOCIALE SOCIOLOGIE
SOCIALE GENERALE
- Base
géographique de la
population - Manifestations de
la vie sociale
- Etude de la
population, sa - Sociologie
économique, - Synthèse de
densité, son l'histoire des
volume, sa familiale, religieuse,
art,... sociétés
disposition sur le sol

• Max Weber

v Economiste, historien et professeur de sociologie

v Participera à l’élaboration de la constitution de la République de Weimar

v Fondateur de la sociologie compréhensive : considère que les sciences humaines


(qui doivent comprendre l’action sociale) ne peuvent pas avoir la même vocation ou
les mêmes méthodes que les sciences naturelles (qui étudient les phénomènes par
des lois)

v Le sens de l’action sociale peut se définir par rapport à un sujet

v Méthode principale = idéal-type (ex : capitalisme idéal, artisanat idéal)

19
v Idées essentielles :

a) La notion d’idéal-type

= Construction épurée de la réalité servant d’instrument à la


compréhension de phénomènes sociaux > utopie

Le sociologue estime l‘écart entre la réalité observée et le tableau


imaginaire qu’il construit en utilisant des traits particuliers pour chaque
phénomène (ex : capitalisme = travail et épargne)

b) La pluralité des causes

Il n’y a jamais qu’une seule cause à une situation socio-historique mais


plusieurs

Le christianisme représente pour lui une certaine forme de rationalisation,


qui aurait pu servir de moteur au capitalisme

Estime que les valeurs bourgeoises sont un préalable à l’essor du


capitalisme moderne (>< déterminisme de Marx)

Lien entre le protestantisme et le capitalisme :

o Le protestant voit dans la réussite matérielle une façon de surmonter


l’angoisse existentielle de la prédestination (= avoir le salut ou non)

o Capitalisme = « organisation méthodique des facteurs de production


dans le but de réaliser un profit au sein d’une entreprise destinée à
durer »

o Caractéristiques de l’éthique protestante :

1. Un Dieu transcendant gouverne le monde

2. Dieu a prédestiné chacun au salut ou à la damnation

3. Dieu a créé le monde pour sa propre gloire

4. L’humain doit travailler à la gloire de Dieu en développant les


activités humaines dans la société

5. Les choses terrestres (ex : le plaisir) appartiennent à l’ordre du péché

o Religion austère et peu expressive dont le seul but est le travail

o Le protestantisme n’est pas pour autant la cause du capitalisme ; il en a


simplement favorisé l’esprit > lien cooccurrent (= résultat de la même
action des individus, à savoir le travail)

c) La sociologie compréhensive

= Cherche à restituer le sens que les acteurs sociaux donnent à leurs


activités sociales (définition subjective)

4 types d’action (se retrouvent dans chacune de nos actions):

20
Type Action Action Action Action
d’action traditionnelle émotionnelle rationnelle en rationnelle en
valeur finalité
Conduite Machinale (« on Expliquée par La rationalité Ne peut que
a toujours fait l’état affectif ou intervient se comprendre
ainsi ») l’humeur de la lorsque l’on a par rapport
personne connaissance aux objectifs
des valeurs de que les
l’individu individus se
agissant fixent
Action S’appuie sur les Réactions de Ex : le militaire Ex : l’ingénieur
coutumes et type instinctif, qui se donne la qui construit
habitudes affectif ou mort après une un pont
passionnel défaite

d) Le processus de rationalisation

Le monde moderne est caractérisé par la rationalité et un affaiblissement de


valeurs > comment, dans une société en perte de valeurs, peut-elle accepter
un pouvoir politique dominant et contraignant ?

3 formes de domination/d’autorité qui correspondent chacune à une


légitimité particulière :

1. Domination traditionnelle = fondée sur le respect des coutumes et de la


tradition, pouvoir aux Anciens (féodalité)

2. Domination charismatique = résultant de la personnalité exceptionnelle


d’un individu, obéissance irrationnelle (grandes religions)

3. Domination rationnelle légale = suppose l’existence de règles


rationnellement établies (= lois) pour accéder au pouvoir et un statut
légal pour celui qui l’exerce (sociétés modernes : professeur, politicien
etc.)

e) La neutralité axiologique

= Séparation nette entre les jugements moraux propres au chercheur et son


analyse scientifique

Difficile à appliquer : même le sociologue n’est jamais neutre > c’est en


utilisant rigoureusement des méthodes d’analyse qu’il pourra tenter
d’exercer une certaine neutralité

• Vilfredo Pareto

v Ingénieur, enseignant en économie politique

v Définit la sociologie comme étant « la discipline qui étudie les actions humaines »

v Critiqué après la 2GM (récupération fasciste), redécouvert dans les années 70

21
v Oppose les actions logiques (= où l’acteur a conscience d’un lien logique entre but
et moyens, en économie) et les actions non-logiques (= où le lien logique entre buts
et moyens n’existe pas, en sociologie) qui se divisent en 4 genres principaux :

Caractéristiques Finalité Finalité Exemples


subjective objective
1 Rare car on cherche toujours une NON NON Uriner dans la mer pour la faire
justification déborder
2 Action pas logiquement liée aux OUI NON Magie (lire les entrailles d’un
effets animal)
3 L’acteur n’est pas conscient de la NON OUI Action instinctive, réflexe
relation moyens-effets
4 Le résultat d’une action en est la csq OUI OUI Un entrepreneur réduit le prix
prévisible, mais contraire aux de revient d’un produit >
intentions de la personne agissante augmentation de la marge
bénéficiaire réduction du prix
de vente

v NB : Non logique ≠ illogique > la vie quotidienne mélange rationalité et non-


rationalité (ex : Effet Veblen en économie politique)

v Le sociologue tentera de distinguer les éléments constants (résidus) des dérivations


(justifications qui masquent souvent les résidus)

v Idées essentielles :

a) Notion de système social = la société peut être analysée comme étant


composée d’éléments interdépendants formant un système global

b) Résidus et dérivations

Résidus = manifestations (croyances ou dispositions) des forces psychiques


durables (instincts ou sentiments) qui dominent l’action des humains ;
correspondent à deux comportements sociaux fondamentaux :

1. La conservation = esprit d’ordre et de stabilité, conformité

2. L’innovation = création, développement, renouvellement

Dérivations = manifestations dérivées des résidus, servent de justification aux


actions non-logiques

Ex : un homme politique animé par le besoin d’être correct avec tout le


monde (résidu) organisera des alliances politiques inattendues au nom de
l’unité nationale (dérivations) pour se maintenir au pouvoir

c) Les élites et leur circulation

Dans toute société, une minorité d’individus (l’élite) domine la majorité (la
masse)

Inspiré par Machiavel

22
3 types de politiciens dans une élite :

1. Idéalistes

2. A la recherche d’honneurs

3. A la recherche d’argent

Pour se maintenir au pouvoir, les élites doivent garder la division de la


société en classes sociales perméable (sinon, il y a lutte des classes et
instabilité)

Pour cela, l’élite…

o Doit exercer sa force (violence) à l’encontre de l’élite non


gouvernementale = lion

o Doit utiliser la ruse et tenir un discours pseudo-rationnel (dérivations) =


renard > le discours démocratique n’est qu’un alibi pour rester au
pouvoir

v Principe de Pareto (universel ?):

80% de
20% d'efforts
résultats

v 2 étapes de la vie :

1. Lutte pour la vie = même si la lutte des classes disparaît, un nouveau


problème surgira de toute façon

2. Illusion révolutionnaire = toute révolution conduit ses aristocraties au


cimetière (= révolution de palais)

V. L’exemple de l’analyse du Suicide par Durkheim - ON

i. L’étude du suicide, une étude programmatique de la sociologie

• Cet ouvrage est devenu une référence en matière de méthodologie sociologique ; ses
étapes étant:

23
v La formulation d’une question = qu’est-ce qui permet de réguler le taux de
suicide ?

v La définition de sa problématique

v Une conceptualisation

v La rigueur de sa méthode observatoire

v Des conclusions généralisables, ce qui en ont fait une théorie

a. Méthode et théorie remises dans leur contexte historique

• Il faut prendre en compte son épistémologie (= sa vision du monde) et sa méthodologie


(= l’accès et les moyens qu’il se permet pour atteindre le monde)

• Il considère la société comme supérieure et extérieure aux individus, impersonnelle et


agissante > les volontés individuelles ne suffisent pas à expliquer les lois

• L’autonomie de la société est la base de sa réflexion mais il existe plusieurs manières de


la représenter :

v Société = agrégation de comportements individuels animée d’une autonomie


justifiant une analyse séparée > atomisme/individualisme

v Société = impose une série de comportements avec une logique collective >
holisme > selon Durkheim, la cause d’un fait social doit être cherchée parmi les faits
sociaux antécédents

• Question centrale = par quels mécanismes les individus sont-ils intégrés à la société ?

• La société française de la fin du XIXème siècle est un état nation qui se désagrège sous
différents aspects :

v La guerre franco-prussienne (1870) = le pays perd des territoires et donc de la


cohérence

v La commune (1871) = première vraie révolution où la structure sociale change : les


anarchistes remettent en question le pouvoir-même et veulent être tous égaux >
tout en étant socialiste, Durkheim reste assez conservateur et ne semble donc pas
soutenir cette remise en cause du social

v L’affaire Dreyfus (1984-1899) = la société risque d’imploser parce qu’elle est tiraillée
de représentations contradictoires (et non cohérente comme il le voudrait)

• Problème central de la société = rapport entre les individus et le collectif ; cohésion de


la société > comment une société avec autant d’individus n’explose-t-elle pas sous
l’action de forces contradictoires ?

• « Les règles de la méthode sociologique » :

v Premier ouvrage qui propose une méthode de travail pour les sociologues

24
v Le fait social (ex : le mariage, le suicide) :

Ø Doit être considéré comme une chose

Ø Est extérieur aux individus

Ø A un pouvoir de coercition sur les individus (même s’ils y participent)

Ø Est marqué d’une certaine régularité (et est donc anticipable)

v Développe 5 types de règles :

1. Etre apte à l’observation

2. Distinguer le normal et le pathologique/l’anormal (statistiquement):

Ex. 1 : années 70 = le divorce est anormal statistiquement >< années 90

Ex. 2 : d’un point de vue sociologique, le meurtre n’est pas anormal; c’est la
quantité de meurtres qui est anormale, pas le fait lui-même

3. Création de typologies : il y a un phénomène générique à l’intérieur duquel il y


a des phénomènes variés (dont on pourra donc créer une typologie)

4. Expliquer la société : c’est en effectuant une série de types que l’on pourra
expliquer une situation > pour dégager les lois de la société, il faut expliquer
les phénomènes

5. Volonté d’avoir des preuves de notre raisonnement : un phénomène


constamment observé est valable

b. Le Suicide, un ouvrage fondateur

• Contexte historique :

v Le suicide est à la mode à cette époque (romantique)

v Comptabilisé par les démographes (donc géré par l’Eglise Etat)

v Les statistiques p/r à la mort des citoyens sont assez fiables (cause du décès) et
montrent que le suicide répond à certaines régularités :

Ø Le taux de suicide est stable d’année en année et dans tout pays

Ø Le taux est différent en fonction des pays (Belgique > France)

Ø Au bout d’un siècle, il y a cependant un accroissement du taux (également


stable par année et/ou pays)

• Il y a des spécificités par sous-catégorie :

v Nationalité (Belgique > France)

v Genre (Hommes > femmes)

v Age (Vieux > jeunes) = moins valable actuellement !

25
v Statut matrimonial (Célibataires > mariés avec enfants > mariés sans enfant)

v Religion (Protestants > Catholiques > Juifs)

v Phénomènes naturels

v Jour de la semaine (Début > fin de semaine)

v Luminosité (Eté > hiver)

v Spatialité (Ville > campagne)

v Economie (Changement > stabilité)

v Crises politiques (Paix > guerre)

v Métier (corps constitués = magistrats, avocats, policiers > autres métiers)

• Le suicide est fondamentalement un acte individuel :

v Plus on est entouré, moins la tendance à se suicider est importante

v Le suicide répond parfaitement à sa définition en tant que fait social : il est extérieur
à l’individu, répond à des régularités et exerce un pouvoir de coercition sur
l’individu

v C’est donc la contrainte sociale qui pousse l’individu au suicide > toute action
collective pourrait alors être expliquée

v NB : Il faut un mort pour parler de suicide : il ne cherche pas à expliquer les


tentatives

• Défaut du sociologue : ne s’intéresse pas à l’individu lambda (c’est pourquoi il étudie la


régularité des taux de suicide et non le suicide-même)

• Etapes de sa réflexion :

1. La définition du suicide

Action d’un individu envers lui-même ; acte original et personnel ; aspect


pathologique des sociétés modernes

Cette pathologie sociale (= écart par rapport à la norme statistique) met en lumière
le rapport entre l’individu et le groupe, détérioré lors de la révolution industrielle

Un suicide est « tout acte positif ou négatif causant (in)directement la mort de


l’individu et dont celui-ci savait qu’il accomplirait cet effet »

o « Positif » = acte de se tuer >< « négatif » = s’abstenir d’agir et en mourir

o // Positivisme : se base sur les comportements (observables) des individus (et


non leurs pensées)

o « Conséquence directe/immédiate » = mourir (presque) immédiatement ><


« csq indirecte » = mourir plus tard (ex : arrêter un traitement)

26
Aucun état n’a utilisé cette définition pour établir son taux de suicide (ex : un
capitaine noyé est un accidenté)

2. Comparaison (théorie + observation) avec les autres définitions du suicide :

Gabriel Tarde

§ La masse imite le chef; la régularité du taux du suicide provient de l’imitation, un


acte non-positif

§ Durkheim redéfinit l’imitation en la comparant avec la contagion (spatialement


observable)

§ Même s’il existe une prédisposition individuelle psychologique, le passage à


l’acte est socialement déterminé

§ En reportant les suicides sur une carte de France, il remarque que le phénomène
se confirme à la ville mais pas à la campagne…

§ > Elimination totale de cette hypothèse (manque de stabilité)

Nombreux sociologues du XIXe

§ Le suicide est une tare héréditaire, le résultat d’un élément génétique…

§ …Mais le darwinisme disqualifie cette explication

§ > Elimination totale de cette hypothèse (scientifiquement faux)

Ecole de Charcot (1er psychiatre moderne)

§ La maladie mentale est une « hystérie »; celui qui se suicide serait donc malade

§ Durkheim s’étonne du lien entre hystérie et suicide (versions genrées ?)

§ Cette théorie déplace la question (« qu’est-ce qui permet de réguler le taux de


suicide ? »); elle ne répond (peut-être) qu’aux raisons individuelles du suicide

§ > Elimination totale de cette hypothèse (pas la bonne question)

3. Typologie des différents types de taux de suicide:

Constate que le taux varie en fonction d’un certain nombre de paramètres ; cette
variation est visible dans les corrélations (= liens entre l’occurrence de deux
phénomènes) entre variables

Le suicide est normal ; seul l’excès de suicide est morbide/pathologique

Seul le suicide anomique est pathologique à ses yeux

27
Types de Egoïste Altruiste Fataliste Anomique
suicide
Définition Se suicider parce Se suicider parce Se suicider parce Se suicider parce
qu’on est privé que l’on participe que l’on perd ses qu’il n’existe pas de
du support trop au collectif, propres valeurs dans valeurs ou de sens ;
d’une collectivité ce qui fera les valeurs du parce qu’il n’existe
et donc pas oublier son collectif; parce que pas de règles
aimé des autres propre intérêt les « règles » nous y (société organique
> intégration > disparition de obligent qui a généré trop de
insuffisante l’individu dans le règles et qui
groupe n’impose rien aux
individus)
Parallèle au Avec l’âge/la Parmi les corps N’existe pas En fonction des
taux de solitude constitués empiriquement au cycles économiques
suicide (personnes XIXe s. (mais
croissant… âgées) nécessaire
théoriquement)
Intégration Non Oui Oui Non
sociale
Intégration Non Oui Oui Non
normative
Exemple Une personne Une femme dans Spartacus (l’esclave Les moyens
âgée et solitaire un couple (castes qui se sacrifie) diminuent en temps
indiennes) de crise mais les
désirs augmentent

28
Concept de l’intégration sociale et normative :

§ = comment la solidarité est mise en œuvre : pour être solidaire, il faut


nécessairement être intégré

§ Relie ces quatre types de taux entre eux

§ Une intégration sociale suppose une intégration normative et vice versa :

o Intégration sociale = volonté de faire partie d’un groupe dans toutes situations

o Intégration normative = fait de faire partie d’un groupe, ce qui mène à


partager les valeurs de ce groupe

§ Le taux de suicide sera + ou – grand en fonction de l’intégration des personnes qui


sera + ou – grande

4. La loi de Durkheim :

Différentes formulations :

§ Le taux de suicide est inversement proportionnel à l’intégration sociale et


normative

§ Le taux de suicide décroît dans la mesure où les individus sont intégrés à des
ensembles sociaux par des liens forts et permanents

§ Le suicide varie en raison inverse du degré d’intégration des groupes sociaux


dont fait partie l’individu

Le taux est faible si l’intégration est forte et vice-versa : le taux de suicide va croître
en fonction de la décroissance de l’intégration sociale et/ou normative

§ Anomique : taux élevé

§ Fataliste : taux faible (exception : sectes)

La protection contre le suicide répond bien à une intégration sociale et/ou


normative importante

Le point de vue de Durkheim ne s’intéresse pas aux personnes elles-mêmes (aux


décisions individuelles) mais à l’intégration (point de vue social)

Ex : on se suicide moins en période de crise politique car c’est un moment où


l’intégration normative est très importante (où l’on partage énormément avec son
groupe)

5. Conclusions (plus dans la démarche actuelle)

Il y a une insuffisance d’intégration des individus dans la collectivité

Solution = refonder l’intégration normative dans des corporations (qui mettent la


solidarité en avant)

29
Vision holiste quasi pure : rien n’est choix individuel

C’est le degré d’intégration qui va déterminer le taux de suicide

c. Une explication sociologique

• Son travail est avant tout comparatif > ex : lien entre suicide égoïste et
appartenance religieuse :

v Le contexte socio-économique différent dans les pays catholiques et protestants


fait que plus de protestants se tuent

v Un fait vient contrarier son constat : des pays scandinaves et protestants ont un
taux moyen > trouve une autre explication : le fait d’être minoritaire >
explication insuffisante

v Retour à la religion : la grande différence est la place attribuée au libre-arbitre


(faible dans le catholicisme et centrale dans le protestantisme) > la pensée
individuelle a pour conséquence une intégration moins grande de l’individu dans
le groupe

v En conclusion : le libre examen diminue la cohésion sociale par la religion >


permet un accroissement du taux de suicide

v = Passage d’une conceptualisation à une hypothèse

30
d. Quelques critiques

• Négatif :

v Cette analyse « très XIXe » est assez moralisante p/r à notre vision actuelle ; la
solution (les corporations) est un élément de sa démarche scientifique
personnelle

v La définition-même du suicide est inutile vu qu’il n’utilise que des statistiques

v L’outil statistique (la co-variation, qui permet de regarder si deux phénomènes


varient en même temps) est confus et erroné ; les statistiques ne portent que sur
des petits nombres (= peu significatif)

• Positif :

v Sa méthode rigoureuse ; sa démarche scientifique a établi des conclusions


généralisables et conceptuelles sur base de faits construits dans l’observation
empirique

v Son travail demeure archétypal

ii. Le Suicide, apports sociologiques

• Il est déterministe : la société est extérieure à l’individu et s’impose à lui

• Met en lumière deux axes structurant le taux de suicide :

v L’adaptation de l’individu à la société (trop faible = suicide altruiste >< trop


extrême = suicide égoïste)

v L’équilibre entre les individus et la société (normes sociales contraignantes =


suicide fataliste >< trop peu contraignantes = suicide anomique)

• L’altruisme et l’égoïsme constituent les pôles d’un axe défini par la cohésion sociale
fondée sur la solidarité > 2 types de solidarité :

Solidarité mécanique Solidarité organique


Substituabilité OUI : ce qui est mécanique NON : les organismes ne
(l’individu) est substituable sont pas substituables
comme des machines
Répartition du travail Relativement sommaire Spécialisation des
(division genrée) compétences > individus de
moins en moins
substituables et de plus en
plus interdépendants
Comportement réglé sur… Des valeurs : tout le monde Le libre-arbitre (car les
doit participer à la société valeurs ne sont plus

31
et partager les mêmes partagées par tout le
valeurs (sinon ils ne seraient monde)
pas interchangeables)
Justice et sanctions Violente car exemplaire > il Les sanctions sont moins
faut parfois des déviants lourdes car il s’agit de
pour rappeler les règles réparer les torts causés (et
(sanction = bannissement, non de rappeler les valeurs
ignorance totale) communes)
Exemple Ancien Régime : chacun est Sociétés modernes
à sa place (le Noble, le Roi,
le bourgeois, le peuple)

v Le passage d’une solidarité à l’autre se fait avec l’accroissement de la taille de la


société :

Observation
Accroissement Spécialisation Mobilité des Envie de
Pas de famine d'autres
de la société des individus individus changement
sociétés

SOLIDARITE SOLIDARITE
MECANIQUE ORGANIQUE

• Nous remarquons maintenant ceci :

Solidarité mécanique Solidarité organique

Altruiste : Egoïste :
• Individualisation peu • Individualisme trop
développée grand
Intégration sociale • L’individu ira jusqu’à • Les individus règlent leur
se sacrifier pour son comportement sur leur
groupe libre arbitre (et non sur
• Repose sur la des valeurs)
similitude entre • Chacun possède une
individus fonction propre et est
(substituables) utile à la collectivité

32
Fataliste : Anomique :
• Enfermement de • Absence de règles
l’individu dans la communes
contrainte des • L’individu se veut libre
Intégration valeurs et normes et autonome
normative sociales • Suicide le plus
• Régulation caractéristique de la
normative trop forte société moderne (=
qui le pousse à se disparition des valeurs
suicider et normes sociales) >
• Valeurs individu totalement
parfaitement désorienté
partagées et
reconnues

• Double dimension de sa démarche :

v Affirmation préalable d’un point de vue argumenté et structuré

v Rapport fin et constant à la réalité empirique

• Marque le passage d’une discussion sur le social à une analyse empirique des faits
sociaux, et enfin à la construction d’une théorie sociologique

• Le concept de cohésion sociale permet la description d’autres phénomènes sociaux

iii. « Les formes élémentaires de la vie religieuse »

• Démarche essentiellement cartésienne : cherche à découper un phénomène pour


mieux le comprendre

• Comme on ne peut pas découper les religions, il faut trouver le phénomène


religieux le plus fondateur; il va trouver le totémisme en Océanie :

v Chaque individu a un totem secret qui existe dans la nature

v Si on tue un élément de la nature, on tue d’une certaine façon un individu; il faut


donc apaiser la nature pour anticiper les conséquences dans le social

• Concept fondateur = l’opposition entre le sacré et le profane :


v Sacré = ce qui est indiscutable/a-discutable

v Profane = sur quoi le débat peut porter

33
VI. La sociologie américaine

• L’Ecole de Chicago (< 1890) :

v Chicago, laboratoire social :

Ø Ville construite par vagues d’immigration successives > problématiques


sociales (misère, prostitution, alcoolisme, criminalité, haine raciale,…)

Ø L’essor industriel accroît la population de la ville de 600% en trois ans

Ø Quartiers créés en fonction d’appartenance ethnique (dernier = quartier


polonais, années 20)

v 2 écoles :

Ø Première école (fondée en 1892 par Albions Small) :

Etude des relations ethniques et de la délinquance (irlandaise >


polonaise > italienne ; aura permis une réorganisation de l’espace
urbain)

Etudes portant principalement sur la sociologie urbaine, la déviance


(liée à l’urbanisation > SDF, suicides etc.), les organisations et le travail

Souvent associée à l’écologie urbaine (= l’analyse minutieuse des


interdépendances existant entre l’humain et son milieu)

Concept fondamental = communauté écologique > on privilégie l’étude


de communauté (on étudie une ville, un quartier ou une communauté
ethnique concentrée géographiquement afin de collecter des
informations)

Ø Deuxième école :

Analyse d’institutions et de métiers

Nouvelle méthode d’investigation : l’observation participante (= à


l’intérieur du groupe/mouvement social)

Démarche spéculative basée sur le vécu des gens > les chercheurs sont
en empathie avec leurs informateurs

v Epanouissement réel de la sociologie empirique :

Ø William Isaac Thomas, sociologue de l’immigration

Chaque immigré est tiraillé entre 3 attitudes :

1. Phillistins = conservateurs qui gardent leur culture

2. Bohèmes = ouverts au changement, profitent du nouveau système

3. Créatifs = innovateurs, s’adaptent au mieux tout en créant leur propre


expérience > grande VA pour la ville

34
L’homme marginal est le migrant de 2ème génération (ou métis) qui se
trouve tiraillé entre deux cultures > pas de réel sentiment
d’appartenance > rejet social

Le paysan polonais :

§ Les migrations de la Pologne vers les USA représente une série de


désorganisations et réorganisations successives

§ Désorganisation sociale (// déclin collectif de valeurs) ≠


démoralisation (// déviance individuelle)

§ Nouvelle approche qui réfute les conceptions racistes (selon


lesquelles les différences de comportements sont liées à des
facteurs biologiques)

Ø Robert E. Park :

Cherche les analogies entre observations des sciences naturelles et


observation de la société humaine

4 principes appliqués à l’étude des relations raciales (compétition –


conflit – accommodation – assimilation) > les migrants sont promis à
l’acculturation et in fine, à l’assimilation dans la société américaine

« La Ville » : Chicago est étudiée sous l’angle de la répartition des


communautés et classes sociales dans l’espace > écrasement progressif
du centre-ville pour laisser place à un centre d’affaires

v Idées essentielles :

a. Recherche sur le terrain

Ex : études de milieux, enquêtes monographiques, observation


participante, histoire de vie

Sociologie proche de l’anthropologie (par sa méthode/démarche) > le


sociologue prend des risques personnels

b. L’analyse écologique

= Approche qui essaie de mettre en rapport un mode d’occupation de


l’espace avec un ensemble d’attitudes et de comportements

1ère dimension = description objective du cadre géographique

2ème dimension (celle dont le sociologue devra tenir compte) =


description du territoire (= espace physique investi par des humains et
porteur de pratiques et de spécificités) avec la mémoire collective

> Ce qui est vrai de l’espace l’est aussi du cadre démographique

c. L’action collective

Les situations sociales apparaissent comme le résultat de l’action des


individus et des groupes qui y participent

35
> L’ordre social ne s’impose pas de l’extérieur aux individus ; il est le
résultat d’un processus complexe qui se construit dans l’interaction (//
atomisme)

= Représente le résultat de tous les ajustements des lignes d’actions d’un


individu sur celles d’un autre individu

• Charles Wright Mills

v Sociologue critique (de la société américaine et de la société industrielle)

v Un des seuls sociologues américains à s’intéresser à la théorie marxiste des


classes sociales // développement d’une classe moyenne américaine de plus en
plus importante

v Idées essentielles :

a. La nouvelle classe moyenne

Formée des employés salariés en « white collar » dont l’importance


numérique et la place dans la structure sociale augmentent avec le
développement des organisations bureaucratiques

b. L’analyse de la structure du pouvoir aux USA

Alliance objective entre les intérêts des décideurs des grandes firmes, les
chefs militaires et les dirigeants à la tête de l’Etat

Favorise la création d’une véritable élite homogène :

§ Liée à des facteurs sociaux et psychologiques (ex : milieu social) et


institutionnels (ex : contacts)

§ Postes stratégiques > moyens efficaces > pouvoir réel

Le pouvoir est dans les mains de ceux qui peuvent réaliser leur volonté
même si d’autres s’y opposent

Ces hommes doivent prendre des décisions capitales ; même leur


incapacité d’agir dans certaines situations est en elle-même un acte

Evolution des élites :

Hétérogènes Dominées par Dominées par


Dominées par
Intégrées et le politique le pouvoir
l'économie
décentralisées (2GM) militaire

c. Une sociologie critique

Le sociologue doit tenter une approche critique de la manière dont les


faits s’agencent et forment la réalité sociale

36
But premier = favoriser une prise de conscience individuelle des
problèmes sociaux

But in fine = résoudre ces problèmes sociaux

• Erwin Goffman

v Sociologue du quotidien (// courant interactionniste)

v Analogie entre la vie et le théâtre

v Etude des interactions dans les institutions totales (ex : prison, asile, caserne,
hôpital etc.)

v Intérêt porté sur les adaptations secondaires (= stratégies auxquelles les


personnes condamnées à vivre dans les institutions totales ont recours ; moyen
de s’écarter du rôle assigné par l’institution)

v NB : adaptations primaires = collaboration totale d’un individu à une


organisation sous l’impulsion de motivations (ex : la recherche du bien-être)

v Idées essentielles :

a. Les institutions totales

= Institutions fermées sur elles-mêmes qui fonctionnent à partir de règles


propres imposées aux personnes qu’elles contrôlent

Idéal-type d’institution (cf. Weber) où les individus sont coupés du monde


extérieur pour une longue période et mènent ensemble une vie recluse
dont les modalités sont réglées

Caractéristiques:

§ Double coupure (des reclus avec l’univers extérieur et avec le


personnel)

§ Besoins pris en charge par l’institution

§ Mode de fonctionnement bureaucratique

§ Changement de temporalité

Opposition de deux forces :

§ Dimension englobante (= capacité à assigner aux reclus un rôle


déterminé) > aliénation, dépersonnalisation (justifiées par des raisons
diverses) = adaptation primaire

§ Survie (= capacité à s’écarter du rôle assigné) > désintégrante


(attaque de l’institution) ou intégrée (stratégies d’adaptation) =
adaptation secondaire

b. L’interaction

Il s’agit de préserver l’identité sociale de la personne avec qui l’on


interagit par le respect de règles codifiées (ex : politesse, tact)

37
Typologie :

§ Rituels d’accès = commandent la façon d’aborder autrui ; marque le


souci de préservation de son territoire (ex : « veuillez m’excuser »)

§ Rituels de confirmation = garantissent l’identité des acteurs (ex :


installer un invité à la place d’honneur)

§ Rituels de réparation = lorsqu’un individu commet une erreur


menaçant l’issue de l’interaction (ex : rougir, s’excuser)

Les individus contribuent donc à la perpétuation de l’organisation sociale


à travers leurs interactions

c. L’analyse dramaturgique

La société peut être perçue comme un théâtre social où les personnes


jouent des rôles devant les autres

Quand quelqu’un change de rôle, il a peu d’indications > il devra


« improviser »

Rôles = franc – comparse – public – non-être

VII. La sociologie française

• Raymond Aron

v Philosophe, sociologue, journaliste, éditorialiste, professeur à la Sorbonne

v Intellectuel engagé :

Ø Anti-communiste, fondateur du RPF (mais pas gaulliste), pro-décolonisation,


plutôt à droite mais ami de la gauche avec un goût du paradoxe

Ø Ambitieux et peu démocrate

Ø Pense que le communisme est totalitaire et est l’ennemi de la classe


ouvrière > rupture avec Sartre en 1947

v Son côté philosophe lui permet d’avoir un regard détaché sur les événements

v Recherches :

Ø Travaux sur Weber et Pareto

Ø Sur la société industrielle, les rapports qui s’y instaurent entre la structure
sociale et le régime politique

Ø Elabore un type idéal de société industrielle, caractérisée par cinq traits


majeurs :

38
1. L’entreprise est radicalement séparée de la famille (activités de
production et de consommation ≠ travail ≠ loisir)

2. La division et l’organisation du travail sont commandées par les


exigences/innovations technologiques (= application de la science à
l’industrie)

3. L’entreprise est fondée sur une accumulation de capital (objectif


structurel = accroissement)

4. L’accroissement de capital est atteint par le calcul économique

5. Le fonctionnement des entreprises exige de grandes masses de main


d’œuvre (concentrées dans des zones urbanisées)

v Considère que les sociétés actuelles voient l’activité économique comme leur
occupation principale

v Comparaison entre idéologies totalitaires et régimes démocratiques (qui portent


eux les instruments de leur propre destruction) :

Ø Le totalitarisme est un régime qui accorde à un parti le monopole de


l’activité politique (par des moyens de force et de persuasion)

Ø L’idéologie est l’autorité absolue, la Vérité de l’Etat > tout y est soumis

Ø La politisation des fautes humaines engendre de la terreur

Ø Paradoxe : dans un pays marxiste, on rappelle constamment aux gens qu’ils


sont avant tout serviteurs de l’Etat

Ø Pense que connaître les faiblesses de la démocratie nous protège des


menaces qui pèsent sur elle (le plus important est la liberté de l’individu)

v Prône un libéralisme social :

Ø = Individualisme tempéré pour décrypter l’histoire sans prétendre lui donner


un sens équivoque

Ø C’est dans la poursuite de la vérité (quête impossible) que l’humain


conquiert sa liberté et sa dignité

v Idées essentielles :

a. La société industrielle

Réalité vécue des économies contemporaines (planifiées ou de marché)

Caractéristiques = grande entreprise, priorité accordée à la croissance


de production, productivité

b. L’analyse critique des idéologies totalitaires

Le nazisme et le communisme constituent des interprétations


engoblantes systématiques et dogmatiques de l’histoire et de la société

39
Les totalitaires peuvent être éduqués et avoir de la culture > choqué par
les autodafés

c. Une réflexion sur la connaissance historique

L’histoire ne peut donner lieu qu’à une pluralité d’explications, chacune


étant à la fois partielle et inachevée

v Héritage :

Ø Ethique intellectuelle, engagement citoyen

Ø Invite à comprendre notre monde avant de le juger

Ø Liberté politique (ni conformiste ni rebelle)

• Raymond Boudon

v Ses travaux portent sur les méthodes sociologiques et l’examen de la validité


scientifique des concepts et théories sociologiques

v Ce qui est important, ce sont les actes individuels > les théories générales du
changement social n’existent pas et ne peuvent exister (// atomisme)

v Constate que l’économie trouve l’un de ses fondements dans un présupposé


psychologique (= la recherche du bien-être et de l’intérêt)

v // Utilitarisme, « MOI » : chaque individu, par le calcul économique (= maximiser


ses avantages/minimiser ses pertes), raisonne de son côté et conjugue son
action à celles des autres (sans qu’il y ait eu concertation)

v Cela peut engendrer des effets pervers (= résultent du fait que chaque individu a
eu exactement la même idée en même temps et l’a traduite en action, ex :
embouteillages en juillet ; dévalorisation des diplômes)

v Veut marquer une pause dans la sociologie déterministe

v Idées essentielles :

a. L’individualisme méthodologique

= Consiste à expliquer les phénomènes sociaux à partir de l’analyse des


comportements individuels)

Individus // atomes

Repose sur deux axiomes fondamentaux :

1. On ne peut expliquer les phénomènes sociaux qu’à partir des


individus

2. Les individus sont rationnels > une action est rationnelle pour peu
qu’elle soit orientée par un intérêt, une valeur ou même une
tradition (l’individu a « de bonnes raisons d’agir ») > rationalité
située (liée à son environnement)

Deux postulats :

40
1. De l’égoïsme = on pense seulement aux conséquences de nos
actions sur nous-même

2. De la maximisation = on veut toujours profiter le plus possible >


effet pervers

L’homo oeconomicus agit toujours par intérêt ≠ le sociologicus agit par


rapport à ses valeurs et habitudes

b. L’effet émergent, d’agrégation ou de composition

= Résultat collectif non voulu de l’agrégation des actions individuelles

Effet de composition simple = naît de l’addition de comportements


individuels (ex : le capitalisme est né de mêmes comportements
calvinistes) >< complexe = négatif et non intentionnel (effet social
pervers)

• Pierre Bourdieu

v Philosophe > découvre la sociologie de terrain en Algérie > devient l’assistant


de Raymond Aron > devient un des sociologues les plus en vue (et polémiques)
des années 60

v La société est un système de relations qui à la fois relie et oppose les individus >
vision holiste et structuraliste

v Réinterprétation du marxisme : la classe populaire est dominée par…

Ø L’aliénation économique = pas d’accès aux moyens de production

Ø L’aliénation politique = répression si révolte

Ø L’aliénation idéologique = ne voudra pas se rebeller car culturellement


endoctrinée et attachée à ses (faibles) avantages

v Le structuralisme constructiviste :

Ø Structuralisme = existence d’un déterminisme des classes selon lequel les


instances dominantes s’efforcent de reproduire un ordre établi qui les
avantage

Ø Constructivisme = l’individu possède une marge d’autonomie à l’intérieur


des milieux (« champs ») où il est amené à déployer une stratégie

Ø Structuralisme constructiviste = il existe dans le monde social lui-même des


structures indépendantes de la volonté des agents (= structuralisme) mais il
existe également une genèse sociale d’habitus et de champs (=
constructivisme) > objectivisme des structures sociales + subjectivisme des
agents

Ø Habitus = système mental de dispositions durables à travers lesquelles les


agents perçoivent et apprécient le monde environnant ; relais entre les deux
réalités mentionnées ci-dessus ; transformation d’avoir en être

41
v La théorie des champs :

Ø Tout individu évolue à l’intérieur d’espaces sociaux plus ou moins


autonomes (= des champs)

Ø Dans tout champ, les interactions obéissent à des règles spécifiques > les
acteurs développent des stratégies grâce à leurs capitaux :

Capital économique = pouvoir financier (revenu et patrimoine)

Capital culturel = savoir et savoir-faire, possession d’objets culturels,


titres et diplômes

Capital social = relations, contacts, réseau de communication durable

Ø Ces capitaux se convertissent réciproquement et forment un capital


symbolique (= sorte de charisme qui procure à son détenteur prestige,
autorité et notoriété grâce à des capitaux particuliers) > toute forme de
capital ayant une reconnaissance particulière au sein de la société

Ø Le capital économique émerge davantage que les autres pour assurer de la


façon la plus prépondérante (= classes sociales)

v Idées essentielles :

a. Une théorie générale des pratiques sociales, élaborée àpd :

L’habitus = ensemble de dispositions intériorisées par les individus qui


orientent les pratiques sociales > notre perception dépend de ceux-
ci !

Les champs = sous-ensembles de l’espace social à l’intérieur desquels


s’exercent des processus de compétition

Les capitaux = enjeux et ressources dans le jeu social

b. Une théorie générale de la domination, indissociable de celle des


pratiques sociales (car le pouvoir s’inscrit dans la domination)

c. Une démarche méthodologique originale, qui tente de dépasser


l’opposition entre objectivisme et subjectivisme

d. Une approche particulière des classes sociales :

La stratification sociale apparaît comme un « superchamps »

Les luttes de classes au niveau sociétal reflètent les luttes de fractions


aux niveaux des champs

Cette violence symbolique vise à empêcher tout changement radical


de structure (ex : révolution) MAIS la société n’est pas immobile pour
autant (car les acteurs peuvent toujours ajuster leur stratégie)

Le « dominé » dans un champ pourra être « dominant » dans un autre


(ex : un professeur est dominant dans l’enseignement mais dominé
dans le domaine médical)

42
• Michel Crozier

v Fondateur et directeur du Centre de Sociologie des Organisations

v Idée d’une approche stratégique des faits, au cœur d’une conception


actionnaliste :

Ø = Refuse le principe d’une extériorité des phénomènes sociaux

Ø La conduite humaine est toujours l’expression d’une liberté > l’acteur n’est
jamais (totalement) contraint dans une organisation

Ø // Friedberg (entreprises et organisations), Goffmann (institutions totales),


Touraine (grands mouvements sociaux de contestation)

v Principes de l’analyse stratégique :

Ø Une situation organisationnelle donnée ne contraint jamais totalement un


acteur

Ø Cette marge de liberté rend les comportements imprévisibles

Ø Chaque acteur dispose d’un pouvoir sur les autres

Ø Chaque acteur s’efforce de contraindre les autres et d’échapper à leurs


propres contraintes

v Analyse du phénomène bureaucratique :

Ø Plus une organisation est bureaucratique, plus son fonctionnement est


prévisible

Ø Or, la prévisibilité des actions d’autrui est le meilleur moyen de les contrôler

Ø Réciproquement, un moyen d’assurer son pouvoir consiste à se rendre


imprévisible (ce qui est facilité par des compétences particulières)

Ø Conclusion : moins un individu sera soumis à des réglementations, moins il


sera prévisible et plus il aura de pouvoir

v Idées essentielles :

a. La logique des organisations bureaucratiques

Les individus sont pris dans des relations de pouvoir et luttent pour
accroître leur pouvoir (= quand un individu A et capable d’obtenir d’un
individu B un comportement que ce dernier n’aurait pas eu sans
l’intervention de A)

> Cela rigidifie les organisations car elles sont obligées de multiplier les
règles (pour diminuer l’incertitude)

> Elles deviennent alors des bureaucraties incapables d’évoluer

L’organisation…

§ Etablit des canaux de communication entre membres

43
§ Assoit son autorité par des sanctions et récompenses

§ Développe l’esprit de compétition entre acteurs

b. L’analyse des relations de pouvoir

= Stratégies d’acteurs qui mobilisent des ressources, négocient et


concluent des alliances pour atteindre des objectifs dont la rationalité est
limitée

c. Une réflexion sur la modernité des sociétés contemporaines

Transformation des relations de travail > remise en cause des hiérarchies


traditionnelles > modes de gestion où la communication et la
coopération priment

Les sociétés modernes sont bloquées car les Etats et leurs bureaucraties
empêchent l’innovation (même les innovations technologiques ont
renforcé cela)

Solution = désengagement massif de l’Etat + concurrence entre


organisations

• Alain Touraine

v Actionnaliste (conception anti-déterministe):

Ø Estime que la règle n’est pas antérieure à l’action > la règle est créée,
modifiée, contestée par l’action

Ø L’acteur est un collectif d’individus, un mouvement social

Ø L’ordre n’est qu’une traduction partielle et momentanée des conflits de


pouvoir

Ø De là l’importance des mouvements sociaux, qui prouvent que les


institutions sont produites par les rapports sociaux

Ø Rapports de classe conflictuels car une classe dirigeante impose son modèle
à une classe dominée

Ø Contre la conception d’une réalité méta-sociale (= représentation extérieure


à la société, qui lui donnerait caution et sens)

Ø Action sociale = travail de la société sur elle-même

Ø Selon lui, le sociologue doit pouvoir concilier distanciation et engagement


dans l’organisation

v 3 périodes :

Ø Sociologie du travail/conscience ouvrière

Ø Mai 68 et étude des mouvements sociaux en Amérique Latine

Ø Retour de l’Acteur

v Idées essentielles :

44
a. L’analyse de la société post-industrielle

= Caractérisée par l’importance grandissante de nouvelles formes


d’organisation/production (ex : rôle de l’information) et
d’aliénation/dépendance (ex : manipulation de l’information)

Société tournée vers le changement car a pris conscience qu’elle a son


origine dans ce qu’elle produit elle-même

Société post-industrielle:
accumulation de
Société industrielle:
connaissances (pour
accumulation de capital
réaliser une production
matérielle)

b. L’étude des mouvements sociaux

Mouvement social = groupe social engagé dans une action collective


revendicatrice

Le conflit est culturel (lié à la production de connaissances, savoirs et


représentations)

NB : Les mouvements sociaux des années 70 (ex : anarchisme) ne sont


jamais devenus des acteurs centraux de la société post-industrielle selon
lui

c. La sociologie de l’intervention

But = ne pas séparer la connaissance sociologique de l’action sociale

Repose sur trois principes :

1. Etudier un groupe de participants actifs (= représentant d’un


mouvement réel)

2. Stimuler l’auto-analyse du mouvement (= membres considérés


comme porteurs de sens de leur action)

3. Elaborer des hypothèses sur le niveau le plus élevé de l’action


considérée (= si reprises par le groupe > pertinentes (sinon, rejetées))

v Obstacles au développement de la sociologie de l’action :

1. Croyance au déterminisme (Marx) >< on a toujours le choix

2. Idéologie des élites (Crozier) >< le peuple ne peut pas s’autodéterminer

3. Conceptions étatistes >< l’état n’est jamais neutre, il est motivé par des
idéologies et pouvoirs de classes

4. Vision 1D de la société (Foucault, Marcuse = anarchisme) >< il faut diffuser


le pouvoir grâce aux institutions sociales

45
VIII. Le cas du Monopole industriel : exemple d’analyse stratégique de Michel Crozier -
MOI

• Comparaison avec Durkheim :

v Similitudes

Ø Pas des pères fondateurs (apprennent la sociologie en la faisant)

Ø Fondateurs d’une école

Ø Même méthode sociologique et rigueur scientifique

v Différences :

Ø « ON » >< « MOI »

Ø Construction quasi ex nihilo >< travail basé sur la riche histoire de la


sociologie et de sa méthodologie et sur une observation du terrain

Ø Expliquait le social par le social >< explique les dysfonctionnements par la


structure même et le comportement rationnel des acteurs

• Etude assez classique qui initie une école française de sociologie (« la pensée
stratégique »)

• Travail portant sur le fonctionnement des grandes entreprises françaises

• Rupture avec l’esprit du temps (structuralisme d’après-guerre) > postulat d’un


individu social actif dans son monde (et non déterminé par lui)

• S’intéresse aux organisations > entreprise = microcosme mettant en lumière le


fonctionnement du social (dans une partie de la sphère économique) mais aussi de
nos sociétés industrielles dans leur ensemble

• Le choix de l’organisation est donc une manière d’aborder le fonctionnement social

• Met en relation un type d’organisation avec le système socioculturel de la France

• Se contente de décrire l’organisation telle qu’elle est, sans proposer de solution


(travail de conseil)

i. Une sociologie des organisations (= quelque chose dont l’existence est régie par
des règles formalisées et dont la frontière est également formellement posée)

• Pour qu’il y ait organisation, il faut une action organisée qui dure dans le temps (ex :
entreprise, association, institution, ONG, asbl) > caractéristiques = durée/pérennité
+ caractère formel

• Evolution :

46
v Williamson : « l’organisation est la manière dont le marché se décharge de la
négociation permanente qui est au centre du mécanisme économique
néoclassique »

v La théorie des organisations visait à établir la meilleure organisation possible


(« one best way ») > ex : taylorisme

v Sociologie du travail :

Ø Remet en question l’idée que l’individu est au service d’une organisation >
s’intéresse à l’action humaine, dirigée vers un objectif collectif

Ø Mettre toute l’organisation au service d’une mission ne sera ni efficace ni


conforme à la réalité

Ø Une fois l’objectif atteint, l’organisation disparaît > il faut trouver le juste
milieu de participation

Ø Paradoxe : un individu qui rejoint une organisation perd une partie de sa


liberté en acceptant ses règles > il le fait seulement par intérêt (cf. MOI),
pour en retirer des bénéfices (sinon il quitte l’organisation)

• NB : Dans la réalité, l’optimum existe rarement !

• Organisation // société :

v Différence de taille et de complexité (une organisation est une société miniature)

v L’organisation est plus simple de manière heuristique

v Mécanismes fondamentaux communs

v Leur ambition est l’induction (appartenir à une organisation permet d’expliquer


la société)

v Existe toujours indépendamment des individus

v Exemples :

Ø Taylorisme (XIXe)

Analyse scientifique du travail

Il faut brider le facteur humain par la division du travail

L’opérateur (l’humain) se réduit à son caractère mécanique

Fordisme = a voulu motiver ses ouvriers avec un bon salaire

Ø Mouvement des relations humaines (post 2GM)

Expérience : 3 ateliers où l’éclairage change

Hypothèse : la productivité est plus importante dans un atelier éclairé

Ici, la motivation doit être une récompense symbolique (être observé, se


sentir utile)

• Intérêt paradigmatique (MOI):

47
v Les organisations sont représentatives de la société contemporaine : elles allient
la complexité à l’action et l’existence de règles à l’adaptation > permettent de
poser un « diagnostic » (sociologie générale)

v Son problème central est celle des limites de la liberté d’action > la liberté est
au centre ; il n’est pas question de voir une structure enfermer les individus

v Approche utilitariste : l’individu est acteur de son devenir ; le changement est


constant et induit par l’action des uns sur les autres

v Relève de l’individualisme méthodologique : un phénomène collectif s’explique


idéalement comme la résultante d’actions, de croyances, d’attitudes
individuelles

• Crozier est-il pour autant de droite ou conservateur ? Il ne fait qu’en effet poser des
constants ou des jugements de faits, jamais des jugements de valeur…mais il est
clair que son travail sert avant tout le patronat !

ii. L’analyse stratégique

• Jusqu’ici, les démarches d’analyse développées face aux organisations privilégiaient


la structure sur l’action > pour Crozier, les organisations sont des moyens pour les
individus (et non l’inverse !)

• Sa théorie de l’analyse stratégique sert au départ à décrire le fonctionnement


organisationnel et permet d’aborder la société elle-même

• Objectif = établir une théorie des phénomènes bureaucratiques > théorie générale
des systèmes culturels contemporains

• Se résume à travers quatre concepts (l’action, le pouvoir, la rationalité et la stratégie)


et une notion (l’intérêt)

• Principaux éléments (concepts ≠ caractéristiques de la réalité !) :

a. Le concept d’acteur

Ø L’action est ce qui oblige les individus à se fédérer

Ø L’acteur défend un intérêt particulier dans une action précise

Ø Peut être collectif (ex : un auditoire a pour intérêt commun de réussir son
année)

Ø Ex. d’action collective dans une entreprise: production, relations amicales


entre ouvriers

Ø Les acteurs se définissent en fonction des intérêts divergents qu’ils défendent


dans une action collective précise > géométrie variable en fonction de
l’action collective (ex : ingénieur ≠ jeune apprenti)

b. Le concept de rationalité

48
Ø Tous les comportements sont rationnels (NB : le seul sociologue qui semble
donner de l’importance aux actes non-rationnels est Pareto) en fonction des
intérêts de chacun ; dans une action collective

Ø Elle n’est pas formelle mais contextuelle

Ø A la fois celle de l’action et celle de l’organisation

Ø Typologie :

Rationalité paramétrique = mise en relation de ses moyens avec les fins


recherchées > on peut réaliser au moindre coût en effectuant le meilleur
choix possible

Rationalité limitée (Herbert Simon > Crozier) = substitue à l’idée du


meilleur choix possible la rencontre d’une série de critères de choix > le
bon choix est le premier à rencontrer ces critères minimaux

Ø Celle-ci est donc structurée sur base de l’intérêt de chacun et diffère selon les
intérêts (ex : ouvrier ≠ patron)

c. Le concept de pouvoir

Ø = Capacité que possède quelqu’un d’obtenir d’autrui ce que ce dernier ne


veut pas lui donner (caractère contraignant) > A a du pouvoir sur B dans la
mesure où il peut obtenir de B que celui-ci fasse des choses qu’il ne ferait pas
autrement

Ø Rappel : Weber oppose pouvoir (= coercition de l’un sur l’autre) à l’autorité (=


acceptation de la légitimité de l’un sur l’autre) > 3 types (charismatique –
traditionnelle – rationnelle légale) > le pouvoir commence quand l’autorité
s’arrête

Ø Chez Crozier, il est bien question de pouvoir :

Celui-ci n’est jamais acquis par un acteur ; il est le propre d’un système

Relation d’échange inégalitaire > chacun y trouve son intérêt mais


personne ne le possède

Pour disposer d’une relation de pouvoir, il faut maîtriser une « zone


d’incertitude »

d. Le concept de stratégie

Ø Concept le plus ambigu : définit la stratégie (= tactique à long terme) par la


définition habituelle de la tactique (= à court terme)

Ø Tout système social est fondamentalement politique, composé d’individus


concrets

Ø La stratégie correspond à la sauvegarde des intérêts de l’acteur concerné ;


c’est le résultat de l’action

49
Ø L’acteur fait des choix qui dépendent de la manière dont il perçoit sa situation
et des moyens dont il dispose pour en tirer profit

Ø L’analyse stratégique consiste donc à gérer les problèmes auxquels les


organisations sont confrontées

iii. Un cas : le monopole industriel

• S’intéresse à un phénomène largement culturel : la bureaucratie (= mode de gestion


de l’incertain dans l’organisation ; mode de structuration de l’action en commun qui
allie logique et rigidité)

• La bureaucratie est dysfonctionnelle, inefficace car parfaitement rationnelle

• Description exacte (cf. annexe 1) : analyse des ateliers de production avec 3


catégories de personnel > chefs d’atelier, ouvriers de production peu formés,
ouvriers d’entretien (sous la responsabilité d’ingénieurs, extérieurs à l’atelier)

• Ce que toute organisation cherche à éviter est l’incertain > pour cela, elle met deux
éléments en place :

v Des règles impersonnelles = doivent prévoir toutes les situations, protéger les
membres de l’arbitraire

v La centralisation de la décision = consiste à éloigner le lieu de la prise de


décision de celui de son exécution

• L’organisation réduit son incertitude mais devient alors rigide (elle ne se réfère qu’à
sa cohérence interne, parfaite et coupée du monde) > 3 conséquences :

1. Zone d’incertitude

Ø Typologie :

1) Expert (induites par le savoir(-faire))

2) Marginal-sécant (la maîtrise des flux communicationnels)

3) Portier (le rapport à l’environnement)

4) L’usage de la règle formelle

Ø Les règles impersonnelles ne peuvent pas tout prévoir (ex : panne)

Ø Les acteurs qui maîtrisent cette zone d’incertitude ont une capacité de
négociation > celle-ci définit une relation de pouvoir

2. Groupes de pairs et normes de groupes

Ø Les groupes de pairs sont des individus réunis par la structure-même de


l’organisation (conditions identiques, intérêts et conscience communs)

Ø >< L’acteur regroupe tous les individus de manière analytique

50
Ø Ceux-ci développent des normes/comportements standardisés qui sont des
lois informelles (ni écrites ni même édictées explicitement)

3. Déviation des buts/effet pervers

Ø Déviation des buts = fait que les règles soient rapidement respectées pour
elles-mêmes (sans raison énoncée)

Ø Rapidement, prenant la règle pour son objet, l’organisation dévie du but


qu’elle poursuivait (ex : création d’un groupe d’ouvriers d’entretien > meilleur
fonctionnement de l’atelier rigidité plus grande)

• Ces trois conséquences se renforcent l’une l’autre :

Ø Les zones d’incertitude soudent encore plus les groupes de pairs

Ø Les déviations de buts proviennent du développement de zones d’incertitude


et de normes spécifiques

• Le phénomène est en fait un enchaînement systémique :

v Cette situation est la cause de la résistance au changement (= comportement


rationnel : il remettrait en cause tous les équilibres atteints) > situation bloquée
qui ne peut déboucher que sur une crise

v Le changement est alors une rupture d’équilibre pour que l’organisation puisse
à nouveau être en phase avec la réalité de son environnement…

v A la fin de ce cycle se trouve une nouvelle bureaucratie, adaptée pour un


temps à son environnement

v NB : Si les acteurs n’étaient pas rationnels, la bureaucratie fonctionnerait


merveilleusement bien…

51
L'organisation
veut diminuer
l'incertitude

Règles formelles
Changement + centralisation
des décisions

Crise Rigidité

Zones
d'incertitudes +
Résistance au
effets pervers +
changement
normes de
groupe

iv. Les apports de cet exemple à notre démarche

• Critiques :

v Son concept de stratégie n’insiste pas assez sur son caractère de construction
analytique

v Met trop en avant la notion d’intérêt (or, si tout est intérêt, alors rien n’est
intérêt)

• Pour lui, il n’y a pas d’opposition entre le formel (= la mission de l’organisation) et


l’informel (= les actions disparates de ses membres en son sein)

• Paradigme utilitariste : individus/acteurs libres et relativement autonomes

• Les concepts qu’il développe auront comme vocation de s’exporter à d’autres


champs d’action (et la société générale)

• Héritage :

v Friedberg propose de dépasser la dichotomie entre organisation (« formelle »)


et action collective (« informelle ») > double erreur

v La règle (= formalisation de l’organisation comme loi) et le pouvoir (=


dynamique de l’interaction sociale) ne peuvent s’envisager l’une sans l’autre

52
v La boucle est bouclée : Crozier analysait les organisations car il y voit la société
industrielle dans sa globalité > Friedberg les quitte car elles ne sont plus qu’un
cas particulier

v Pour Friedberg, la société est une action organisée (« ce qui fonctionne en


microcosme fonctionne aussi en macrocosme »)

• La démarche de Crozier permet de transformer un fait social au fait sociologique :

Comment se fait-il qu'une L'organisation est un système

Fait sociologique
Fait social

organisation soit traversée d'actions traversé par la


de divers intérêts qui la pluralité de stratégies des
handicapent sans l'empêcher acteurs qui la composent (qui
totalment pour autan de interprètent les règles et
fonctionner? concourent à la réalisation
collective recherchée)

IX. De la reproduction de la structure à l’incorporation du social – le travail de Loïc


Wacquant - EUX

• Paradigme de l’aliénation :

v = L’humain ne s’appartient plus à lui-même ; il est dominé par une structure qui
le traverse de part en part et lui confisque son autonomie (≠ structuro-
fonctionnalisme de Durkheim : le partage de valeurs n’est plus primordial)

v Marx : explique la confiscation opérée par le capital sur le travail > l’ouvrier est
étranger à son propre travail car il n’est ni maître de sa production ni de son
produit

v Bourdieu : dénonce la reproduction sociale en insistant sur l’enfermement des


différents participants

v Wacquant : la société exprime ses logiques autonomes au travers des


comportements individuels

• Rappel : Bourdieu

v Domination symbolique :

Ø Structurelle, sert les classes supérieures

Ø Toutes les relations sociales concourent à la reproduire (à l’insu ou à


l’encontre de la volonté de ses membres)

Ø « Il leur est fait violence mais ils la vivent comme leur dû »

53
Ø Les structures du monde social ne sont pas influencées par la volonté des
membres MAIS ceux-ci peuvent concourir à la reproduction de ces
structures !

Ø Exemple de l’enseignement :

L’école déforme au lieu d’élever

Elle reproduit une domination en imposant certains savoirs « légitimes »


(d’une seule partie de la société)

La « méritocratie » affirmée de l’école (qui est en fait un système qui


reconnaît « les siens ») est vécue comme la réussite ou l’échec personnel
de l’agent > l’agent assume personnellement la charge de la société

NB : Concept de l’illusio (= écart entre le monde subjectif des


sociologues et objectif des individus > produit de la violence
symbolique), remplace l’intérêt de Crozier

Les classes aisées réussissent car ce type de savoir est valorisé dans leur
sphère familiale >< l’échec des classes populaires est (presque) assuré

L’enseignement est hiérarchisé et élitiste (ex : ENA)

Ø Cette domination n’est évidemment pas perçue par les agents ; seul le
sociologue arrive à la mettre en lumière

Ø Exemple de la culture :

La distinction des différents types de culture se fait en fonction des


classes sociales > convergence des pratiques culturelles

La classe moyenne est frustrée car elle essaie d’imiter la bourgeoisie

v Le « dernier » Bourdieu s’engage dans la vie sociale, ce qui lui semblait


inconcevable à ses débuts > lance le mouvement « Raison d’agir »

• Son travail porte au point de départ sur l’exclusion sociale > objet choisi = le ghetto
noir, enfermement dans un paysage urbain spécifique et dans une condition sociale
déniant toute mobilité

i. Le point de vue de Bourdieu : aliénation, habitus et domination symbolique

• Rappel : réinterprétation de la vulgate marxiste > aliénation économique, politique


et idéologique

54
a. Un principe de base : l’aliénation

• La domination et l’aliénation sont bien des faits structurels > ne dépendent pas des
intentions des individus > tout est déterminé par la classe sociale

• 3 types de capitaux > économique, culturel, social > forment ensemble le capital
symbolique

• La reproduction des positions sociales s’effectue plus efficacement par le capital


culturel (dans les sociétés contemporaines) >< Marx : par le capital économique

• Le capital culturel se transforme aisément en capital économique/social (les autres


moins)

• Pari anthropologique : l’individu est aliéné et n’arrive pas spontanément à la


conscience de ce qu’il vit > ce schéma ignore totalement le sujet

• Son objectif est « subjectiver l’objectif (= promouvoir une attitude de doute


systématique p/r aux évidences du sens commun) et objectiver le subjectif »

b. Un concept central : l’habitus

• = Présence de la structure dans l’individu ; produit d’une histoire individuelle et


collective ; produit intégré et intériorisé par l’agent

• NB : Mécanisme fréquent de la société (ex : Ramadan, Carême = le fidèle inscrit


dans son corps la foi qu’il exprime)

• L’agent est « juste » alors qu’il ne comprend ni ne situe son intervention

• Habitus = fait social durkheimien qui donne un statut d’agent aux individus

• Nous paraît tellement naturel que nous apprécions inconsciemment ceux qui
partagent un habitus identique

• Les éléments sociaux sont construits, le contexte définit le social

c. Une domination structurelle

• La société se trouve dans l’individu devenu agent ; la structure prédomine

• Elle fournit à l’agent son habitus mais son influence n’est plus directe

• Bourdieu essaye de dépasser le débat holisme VS atomisme > pour lui, la société
est un système de relations qui à la fois relie et oppose les individus

• Vision holiste et structuraliste :

55
v Détermination de la société encore plus forte que dans le structuro-
fonctionnalisme (s’effectue à l’insu des gens en plus de les utiliser)

v L’intérêt n’est plus celui des acteurs mais celui de la société > utilitarisme doublé
d’une logique de la domination (« économiste de la domination »)

v Utilitarisme symbolique = la dimension symbolique des relations sociales


participe à la reproduction de la structure de notre société

ii. Wacquant au travail : du ghetto à la boxe

• Wacquant a donc deux influences : celle du « dernier » Bourdieu (pour sa théorie)


et de l’Ecole de Chicago (pour sa méthodologie de l’observation participante)

• Veut étudier l’exclusion sociale dans les villes américaines > comment étudier
empiriquement cette ségrégation lorsqu’on ne fait pas partie de la communauté
exclue ?

• Le ghetto n’est pas un lien d’observation en soi > se rend dans un club de boxe
d’un ghetto afro-américain de Chicago et s’y immerge totalement (rigoureux travail
de terrain, une recherche empirique)

• L’observation participante…

v Se réalise en présence du phénomène (et donc des gens, conscients d’être


observés)

v Veut comprendre les mécanismes d’exclusion par une démarche


anthropologique

• Caractéristiques de la boxe :

v Ses deux piliers sont l’ordre et la vertu

v Application (unique) de la loi du plus fort

v Univers salvateur pour les jeunes

v Intégration de mécanismes corporels (maîtriser son alimentation, ses relations


sociales, son rapport aux drogues etc.)

v Intégration de schèmes mentaux et espoir d’ascension sociale et


d’enrichissement personnel

v Ne se comprend que dans l’environnement social où elle s’enracine

v Propre aux populations marginalisées (enfermement, chômage, conditions de


vie insupportables)

v Motivation en deux temps : se battre pour survivre > sortir de sa condition

56
a. Méthode sociographique

• A travers une fréquence assidue, Wacquant participe intimement à la vie de ceux


qu’il étudie > spectateur ET participant

• Prouve que cette activité sportive est en fait une activité sociale ; le portrait des
populations (afro-américaines, hispaniques) déçues du rêve américain

• Cette activité sociale est propre aux populations marginalisées ; c’est une sorte
d’échappatoire (à la drogue, la pauvreté, la criminalité) > paradoxale vertu
protectrice de cet art violent

• Toutes les déclarations qu’il rapporte sont inscrites dans un vécu ; elles ne sont
jamais sollicitées

• L’attention qu’il porte à ce sport est pourtant purement opportuniste : il ne cherche


pas a priori à étudier le monde de la boxe

• Comparable à plusieurs démarches…

v Anthropologie (inductive): donne à voir une vie de l’intérieur

v Ethnographie : participe à l’activité de l’objet qu’il étudie et rapporte ce qu’il a


vu avec le contexte qui l’éclaire

v Sociographie : écrit une société telle qu’elle est vue et vécue de l’intérieur

b. Logique du corps et aspects de l’incorporation

• La boxe est un archétype de la réalité sociale ; c’est une acquisition par le corps et
dans le corps d’un habitus > la vie sociale ne s’explique pas ; elle s’incorpore

• L’attrait de la boxe est en quelque sorte le consensus du travail (Goffman) ou la


convention (Boltanski)

• Les logiques du corps et de l’incorporation sont métaphoriques de toute vie sociale


> l’univers de la boxe devient le modèle de l’habitus

• Métaphore : « L’habitus est comme la boxe » :

v C’est la rencontre de différents éléments qui constitue notre structure de


capitaux

v Pas vraiment de règle (on tape où l’on veut)

v La pratique l’emporte sur la théorie (apprentissage concret)

v Suppose d’être incorporé (discipline rigoureuse)

• Comme l’école, comme l’art, comme tout espace d’apprentissage ; la boxe met en
lumière la vie en société et l’aliénation qu’elle compose

57
iii. Les apports du travail de Wacquant

• Méthode originale : Wacquant fait véritablement corps avec son travail

• Troisième paradigme (« EUX ») : le déterminisme direct est remplacé par une


structure diffuse, incorporée par les agents

• La structure qu’il met en avant devient proche ; elle est diffuse et non explicite

• NB : Wacquant voudra même être incarcéré lors de son étude sur le système
carcéral aux US, mais cela lui sera refusé

• Son engagement n’est pas non plus du militantisme, mais plutôt de la sociologie
critique

• Son travail est fondamental inductif ; la théorie n’est mobilisée que pour rendre
compte des observations constamment menées

• La théorie de Bourdieu et la méthodologie de l’Ecole de Chicago semblaient


s’opposer mais les points de vue convergent

• Wacquant // Crozier :

Crozier Wacquant
Stratégie Objective (définie par le Subjective (vécue par le
sociologue) sociologue)
Intérêt A la recherche d’intérêt Sortir de sa condition (mais
personnel but statistiquement
impossible à réaliser >
illusio)
Action Cohérente Incohérente
Seul point commun Echec certain

X. Mise en place du collectif et dénonciation : le travail conventionnaliste de Luc


Boltanski

• Boltanski, disciple de Bourdieu :

v Cependant, il se détache du paradigme de son mentor (« EUX ») pour remettre


en cause l’indépendance des structures objectives vis-à-vis des agents qui les
subissent

v Non seulement cette structure est toujours la construction des agents ; mais ils le
savent > rupture radicale avec l’aliénation bourdivine

58
v Ce qui intéresse Boltanski est la description de la constitution d’un groupe social
en entité politique > chez Bourdieu, un groupe se forme suite à une rupture
(structuralisme) et son autonomie serait impossible (les individus étant agis par
l’habitus)

v Les cadres ne sont donc pas aliénés et ne sont pas dans l’illusio : ils ont trouvé
les « bonnes règles du jeu »

• Les cadres forment alors le résultat d’un travail de regroupement, de définition et de


délimitation sociale > épistémologie radicalement constructiviste

• Travail empirique = entretiens approfondis avec des cadres > objectif = comprendre
comment une catégorie purement professionnelle se constitue en groupe d’action

• Il interroge la logique sociale (= sociologie générale) même si son sujet relève de la


sociologie du travail/des organisations

• Question qui le motive = coordination interindividuelle (NB : points de rencontre


avec Crozier et Friedberg)

• Constitution d’un nouvel ordre d’analyse : la théorie des conventions > fondement
= montrer que les acteurs sociaux constituent les cadres de références qui serviront
à juger leur pertinence et efficacité

• Conventions établies par les acteurs = cadre/structure pragmatique ; construction


des personnes en présence

i. Une recherche au départ d’un paradigme : la dénonciation

• Problème envisagé de manière pragmatique (= donne priorité aux pratiques


concrètes des acteurs dans la constitution de solutions)

• Questions centrales : comment réaliser une collectivité à partir d’éléments singuliers


et disparates ? (ex : comment ranger une institutrice primaire et une professeure
universitaire dans le rangement « enseignement » ?) Quel est le fondement de
l’intérêt collectif ?

• Version « faible » de l’expérience : traite un problème concret (= la constitution de


catégories socioprofessionnelles) comme un jeu…

v Ce qui était demandé aux participants (ni sociologues, ni économistes, ni


statisticiens):

Ø Classer des fiches correspondant à des professions

Ø Trouver des ensembles cohérents

Ø Désigner une profession représentation d’un intérêt plus général

Ø Discuter de la pertinence des regroupements

59
v But = composer un collectif (des catégories) et les illustrer par un cas singulier
(une profession) qui devrait prendre une dimension générale et collective

a. L’origine d’un travail original

• Pour comprendre le mécanisme de la construction du collectif, il analyse le


processus légitime par lequel un cas singulier prend valeur général

• Sa recherche porte sur la dénonciation d’une injustice par une personne > il veut
comprendre quelle condition une telle dénonciation doit satisfaire pour incarner un
collectif (prendre valeur d’exemple pour tous)

• Décide d’étudier les dénonciations transmises au journal « Le Monde » (300 lettres):

v Veut faire une distinction entre :

Ø Les dénonciations légitimes = considérées comme quelque chose qui aurait


pu leur arriver

Ø Les dénonciations pathologiques = ayant utilisé des manœuvres importantes


pour se grandir

v Résultat : tous les membres du jury considèrent les mêmes lettres comme
pathologiques/légitimes

v Projet = faire de l’affaire un concept sociologique > l’affaire est une forme
sociale ; c’est un concept décrivant la transformation de l’action individuelle en
action collective

v NB : « L’affaire Dutroux » (par ex.) répond à cette définition : expérience


personnelle qui concerne la collectivité par l’accès légitime à l’espace public

v Le succès d’une affaire dépend du fait que la personne dénonçant soit suivie

v Toutes ces dénonciations cherchaient à se dé-singulariser ; les dénonciations


pathologiques essaient également de se grandir (ex : en se présentant comme
soutenus par un comité… dont ils sont le seul membre) pour être légitime

• Bourdieu (structuralisme) : une démarche sociologique permet de comprendre les


acteurs agis >< Boltanski : montre des non-spécialistes, plongés dans la réalité
quotidienne, ayant une compétence de généralisation

• Le problème est celui des différends (= désaccords résolues par des personnes
« normales » sans passer par la violence physique mais en utilisant des règles
généralisantes) > répondent tous à un même mécanisme : convoquer une grandeur
commune et supérieure pour arriver à les résoudre

• Il existe donc deux mécanismes essentiels dans la dénonciation :

60
v La dé-singularisation (victime/dénonciateur)= évoquer un fait que ne concerne
pas la personne qui l’énonce > une personne prend la parole pour dénoncer une
injustice faite à un tiers

v La grandeur, ici l’opinion publique (dénonciateur/juge) = revendiquer une


grandeur équivalente à celle du juge pour présenter une dénonciation légitime
> stratégie pour être plus crédible

b. La constitution du collectif au travers d’une « affaire »

• Toute dénonciation suppose l’existence de 4 actants :

1. Le dénonciateur = celui qui dénonce l’injustice

2. La victime = celui en faveur de qui la dénonciation est faite

3. Le persécuteur = au détriment de qui la dénonciation est faite (but = montrer en


quoi il exerce dans l’affaire une action injuste)

4. Le juge = auprès de qui la dénonciation a lieu > peut transformer le cas singulier
en affaire collective (NB : ici = l’opinion publique réduite au lectorat du journal)

• Si dénonciateur = victime > confusion entre les deux

• Si dénonciateur ≠ victime > dé-singularisation (distinction entre les deux)

• Se constituent ainsi deux axes :

v L’un symbolisant la relation de proximité ou d’altérité entre la victime et le


dénonciateur

v L’autre symbolisant la qualité collective ou singulière de ce dénonciateur (= sa


proximité avec le juge)

61
• La dénonciation légitime sera celle effectuée par un collectif (ex : ONG) et portant
sur une injustice dont elle n’est pas victime > façon de résoudre des conflits hors
violence

• NB : Selon certains, le juge et les grandeurs évoquées ne peuvent plus être


l’opinion publique et la simple reconnaissance

ii. Une généralisation : la sociologie des conventions

• Cette grandeur commune est une convention (= type singulier d’anticipation ;


régularité de comportement auquel je me conforme parce que je sais que les autres
le font)

• NB : concept de la philosophie analytique américaine

• Ce point est à la fois arbitraire et pragmatique (= lié à une mise en acte)

• Dans l’action et par l’action, ces conventions (= comportements, actions) permettent


pratiquement une coordination entre les agents

• Ex : les rameurs dans une barque (s’ajustent en cours d’exercice jusqu’à arriver à une
convention pratique, ici ramer)

a. De la justification

• Etablit différents types de justice qui constituent les diverses dimensions permettant
de résoudre des accords

• Au centre de chacun de ces justifications/mondes d’action se trouve une cité

• Chaque cité répond à six axiomes nécessaires à son existence :

1. La commune humanité = tous les membres se reconnaissent une qualité


identique d’être humain (>< violence = négation de l’humanité)

2. La dissemblance = les membres ne sont pas identiques ou interchangeables >


chacun possède des qualités et caractéristiques propres

3. La commune dignité = chacun est respectable pour tous

4. L’ordre de la grandeur = il est toujours possible de ranger les individus en


fonction de la grandeur qu’ils ont acquise dans une cité

5. La formule d’investissement = en investissant temps et travail, chacun peut


accroître son état de grandeur dans la cité

6. Le bien commun = l’accroissement de grandeur de chacun bénéficie à tous

• Chaque cité (principe assez abstrait), lorsqu’elle est investie par des objets, constitue
un monde (où il est nécessaire de se justifier)

62
• A chaque cité correspond une grandeur commune spécifique et une dignité
particulière :

Cité Basée sur Grandeur Exemple


Inspirée Saint-Augustin Originalité, créativité, Marcher sur
(mondes artistique passion l’eau (Jésus) ; être artiste
et religieux)
Domestique Bossuet Tradition, bon sens, Logique du pistonné
interconnaissance
Civique Rousseau Intérêt/bien collectif, Se sacrifier au profit des
(monde politique) renoncement à l’état autres
particulier
De l’opinion et du Hobbes Opinion publique, Autographe
renom reconnaissance par
les autres
Marchande Adam Smith Concurrence, intérêt Circulation des objets
Industrielle Saint-Simon Efficacité, réalisation, Rapport moyens/fins
travail
Par projet Rajoutée par Activité, flexibilité, Connectivité des
(21ème siècle) Boltanski mobilité mondes « réseaux »

• NB : A l’inverse, chacune définit aussi un état de petitesse

• Ces 7 cités (consubstantielles) prouvent que la réalité sociale est plurielle

• Chacun est présent chaque cité mais y occupe une place plus ou moins importante
en fonction de son investisseent

• Typologie des conflits :

v Au sein d’une cité peuvent se produire des litiges (= remises en cause de l’état
de grandeur qui se résolvent par une épreuve au sein de la cité)

v Entre cités se produisent des différends (= litiges avec remise en question du


lieu-même) > l’épreuve est plus complexe

v Le litige (se déployant dans un monde), comme le différend (entre mondes), se


réduit toujours dans une épreuve rappelant les axiomes et les grandeurs
spécifiques aux cités concernées

v Réduire un désaccord est donc une épreuve en deux temps :

1. Réduire le différend à un litige grâce au bien commun (6ème axiome) :

Différend entre une vedette (cité du renom) et un artiste (cité inspirée)

Dans quelle cité faut-il les juger ?

La vedette jugée dans le monde de l’inspiration y gagnera plus car grâce


à son renom, elle sera reconnue comme « artiste »

63
Dans la cité du renom, l’artiste sera seulement vu comme un inconnu
(certes talentueux)

L’épreuve sera donc jugée dans le monde du renom

2. Régler le litige dans la même cité

b. Que faire des mondes : les repères dans l’action

• Selon Eymard-Duvernay, les cités disparaissent largement au profit de normes plus


souples et plus mobiles > les personnes se retrouvent dans leur action concrète à
mobiliser de simples repères dans l’action

• Ce repère (objet, personne, comportement) permet alors de se coordonner dans


l’action sans qu’il soit pour autant nécessaire de disposer d’un code commun (ex :
ensemble HLM)

c. Les registres d’action

• L’accord se construit donc dans un cadre hors violence : dans le cas de la justice, un
principe d’équivalence est mobilisé pour arriver à évaluer (voire à mesurer) les actes
et les personnes

• Mais toutes les situations ne correspondent pas à ce type (la justice) > analyse plus
= ensemble des régimes d’action

• Cette matrice repose sur deux distinctions :

v Entre régimes de dispute et de paix

v Entre régimes reposant sur des équivalences ou sur des équivalences tacites (ou
désactivées)

Régimes Dispute Paix


d’action

JUSTICE ROUTINE

− Il n’y a pas violence mais il y a − On ne se dispute pas


désaccord : les personnes ne − Régime pacifié par la présence
Equivalence s’entendent pas sur un fait d’objets matériels (ex :
− Il est possible de réduire ce ordinateur) et symboliques (ex :
désaccord en faisant référence à loi) qui rendent le monde
une grandeur/équivalence routinier et naturel
particulière − On fait confiance aux objets (qui
− On le résout soit en organisant renferment de l’équivalence)
une épreuve p/r à un litige, soit sans vraiment réfléchir > on

64
en réduisant le différend à un applique le règlement, on suit
litige (= une épreuve) les grandeurs de manière
− Ex : conflit entre Theo Francken automatique
(cité marchande > intérêt) et la
famille namuroise souhaitant
accueillir des réfugiés (cité
domestique > bon sens)

VIOLENCE AGAPE

− Manière de résoudre une − Amour spirituel, transcendant et


dispute sans respecter aucune inconditionnel > aucune place
Pas règle/équivalence > tout devient pour la dispute
d’équivalence permis et rien n’est impossible − Sans équivalence : cet amour ne
− La « loi » est celle du plus fort ou doit pas être réciproque !
du plus rusé − Régime instable (peut basculer à
− Ex : opposition des Montaigu et tout moment dans la violence)
Capulet − Ex : Une ONG est non-
conflictuelles ; elle ne juge ni les
bourreaux ni les victimes (elle
les « aime » tous)

• Il est possible de basculer d’un régime à l’autre (ex : le passage de l’amour (agapè) à
la violence = partagent tous les deux une absence totale d’équivalence)

iii. Les applications : usage d’une théorie

• Cette théorie trouve des applications en économie et en sociologie > « socio-


économie des conventions » > les lois naturelles de l’économie deviennent sociales
et situées

• Ces concepts seront surtout utilisés par les sociologues des organisations

• Théorie plus dynamique que celle de Crozier :

v Les personnes prises dans l’action définissent la situation où elles se trouvent

v L’existence de plusieurs mondes permet d’expliciter des conflits ou tensions


qu’ils rencontrent

v Ex : l’entreprise est toujours le lieu de plusieurs mondes (l’ingénieur est dans


l’efficacité // le vendeur dans le marché)

65
iv. La dénonciation, un quatrième exemple de démarche sociologique

• Démarche totalement contemporaine : rien n’est définitif ; tout repose sur des accords
spécifiques négociés entre les parties prenantes

• Quatre points de contenu essentiels :

1. Le temps

Ø Variable essentielle à la compréhension de la réalité sociale

Ø Séquences courtes

Ø Confrontation à la nouveauté, l’incertain, l’inattendu

2. L’action

Ø Paradigme purement pragmatique

Ø Se déploie dans le temps et constitue différents régimes

Ø La pluralité de régimes d’action implique celle des mondes d’action

3. Les compétences

Ø Les personnes sont aptes à choisir un régime d’action mais aussi à juger
l’action et les comportements

Ø Remise en cause radicale de la sociologie critique (le structuralisme de


Bourdieu)

4. Les objets

Ø Constituent également des « êtres » dans les mondes d’action

Ø Peuvent correspondre à des repères entre les situations

Ø // Sociologie de la traduction (Latour) : analyser un objet, c’est analyser un


objet porteur de sens social (ex : hygiaphone) > les objets traduisent des
réalités particulières

• Son travail participe à deux approches centrales dans la sociologie contemporaine :

1. Le constructivisme = idée que le monde social n’est pas autre chose que ce que
les gens qui l’habitent en font

2. La pragmatique = met l’action au centre de ses préoccupations

• Critiques :

v Négatif

Ø Selon Boltanski lui-même : n’a recouru qu’à une seule « grandeur », l’opinion
publique

66
Ø Caractère mécanique, figé de son travail (enfermement de conventions dans
un nombre fini de cités et de mondes) MAIS il ne faut pas réifier son
approche

v Positif

Ø Méthode qui apporte des nouveautés :

Durkheim // statistiques

Crozier // enquête de terrain

Bourdieu // observation et enquête

Boltanski // étude de documents (lettres, traités) et entretiens

Ø Quatrième paradigme (« NOUS ») : actionnalisme pragmatique et


constructiviste ; le changement est une mutation permanente et l’ordre
provient du conflit

• Conclusion :

v Le paradigme est différent, les méthodes sont originales et la démarche


demeure toujours scientifique

v La sociologie survit à la pluralité de ses points de vue/paradigmes

v NB : Si l’on reste dans la dualité de base, Boltanski se situe du côté de la


branche individualiste/atomiste

67
XI. Thèmes de recherche – exemples

1) La communication

i. Définition

• Recouvre une multiplicité de sens que les récentes innovations technologiques ont
encore complexifiée

• La communication a suscité l’intérêt de la plupart des sciences (physique, biologie,


philosophie, psychologie etc.), y compris de la sociologie

• Sa place ne fait que grandir dans la société contemporaine > aujourd’hui, environ 80%
de la population de l’UE travaille de près ou de loin dans ce secteur

• Définition : « La communication désigne tout processus de transmission et de


perception des messages entre individus ou groupes »

ii. Les communications de masse

a. Communication et société traditionnelle

• La société traditionnelle est plutôt caractérisée par les aspects suivants :

v Seuls existent les rapports d’humain à humain

v Les croyances, normes et valeurs constituent un système accepté de tous

v Les remises en question de la représentation du monde et de la société n’existent


pas

v La communication n’influe pas les comportements fondamentaux, encore moins les


normes et règles

b. Communication et société moderne

• Tous les grands organes de diffusion renvoient dans la société des images stéréotypées
(= fonctionnement de la société industrielle)

• Les journalistes, artistes, écrivains, producteurs ont pour métier de manipuler ces
stéréotypes

68
• Il y a une sorte de jeu entre les rapports face à face et les rapports à distance qui
constituent les échanges d’opinion > permettra aux individus de se conduire « comme il
faut »

• Mot d’ordre : se décrire en face d’autrui et comprendre autrui pour pouvoir se mettre à
sa place

c. Schéma de la communication dans la société moderne

• = « Two-step flow of communication » (Katz et Lazarsfeld)

• L’émetteur envoie des messages qui touchent un certain nombre de personnes ; celles-
ci seront soit des « influents » (leaders d’opinion/opinion givers), soit des récepteurs
ordinaires (la masse/opinion receivers)

• Les récepteurs ordinaires reçoivent le message des « mass media » mais ils ne se
formeront une opinion qu’après avoir discuté avec les influents et les autres récepteurs
> tous ensemble, ils forment le groupe élémentaire

• Chaque individu participe à plusieurs groupes élémentaires, ce qui permet des


influences contradictoires et donc une certaine autonomie de choix

• Il y a deux types fondamentaux d’influents :

v L’influent cosmopolite/le portier = celui qui laisse entrer certaines informations puis
referme la porte à d’autres (toujours sélectif) > pouvoir de manipulation énorme

v L’influent local = a relativement peu de contacts avec l’extérieur (plongé au sein de


son groupe) > fournit peu d’informations mais aide le groupe à les interpréter

d. Les effets de la communication de masse

• Trois grandes thèses s’affrontent :

v L’uniformisation culturelle (Wolton et Missika)

Ø La télévision est vue comme un médium aliénant les esprits (car montrant à
tout le monde la même chose)

69
Ø Les possibilités de manipulation sont infinies

Ø La toute-puissance des producteurs impose son idéologie dominante à la


masse en « s’introduisant dans son foyer »

Ø La TV ne reproduit pas la diversité sociale > les aspects montrés reflètent


seulement les valeurs dominantes de la modernité

Ø NB : Les médias n’ont pas créé ces inégalités culturelles mais contribuent à les
diffuser

Ø Cette uniformisation débouche sur le « village global » de Mc Luhan où la


communication est homogène, banalisée, au mépris de toutes les diversités

Ø Insiste sur le déterminisme technologique et politique qui endort l’humain

v Les possibilités de choix des acteurs sociaux

Ø Grâce aux médias, les individus trouvent à la fois un refuge face à l’agitation
du quotidien et une ouverture sur le monde, riche de nouvelles découvertes

Ø Le récepteur n’est pas une « pâte molle » sur laquelle viendrait s’imprimer le
message

Ø Le récepteur sélectionne les messages, les interprète, les juge en fonction de


ses croyances etc.

v La médiatisation groupale

Ø Reconnaît que les leaders d’opinion sont des agents médiateurs qui filtrent
les messages…

Ø …Mais modère l’influence des effets

Ø Bourdieu a démontré la différence de perception des messages en fonction


du niveau d’instruction et du système de valeurs des groupes

iii. Les nouveaux systèmes de communication

• Le terme « nouvelles technologies » est absurde : il y a constamment de nouveaux


développements (effet marketing sans plus)

• La nouveauté vient essentiellement du fait des acteurs qui acceptent de plus en plus
l’idée que la société devienne de « l’information »

• Réflexion à trois niveaux :

v L’invention des usages quotidiens

v La conception des nouvelles technologies

v Les conséquences sur la société

70
a. L’invention

• Il existe un décalage entre les usages proposés par les équipes de programmation et
les pratiques des utilisateurs

• « L’appropriation sociale » de l’innovation est le fait des médiateurs, mais plus souvent
encore des individus eux-mêmes (qui inventent d’autres usages, en fonction de leurs
expériences et savoirs)

b. La conception des innovations

• L’épistémologie des sciences a longtemps pratiqué une distinction entre la découverte


scientifique et ses applications techniques

• La réalité est différente :

v Les recherches scientifiques sont orientées par les représentations sociales des
chercheurs…

v …D’où la nécessité de compromis entre chercheurs et utilisateurs : soit le produit


nouveau reste ouvert aux initiatives de l’usager, soit l’utilisateur le refuse (ce qui
peut apparaître comme une prise de pouvoir des ingénieurs de conception)

c. La société de l’information

• Si le monde économique est bouleversé, on ne constate pas pour le moment un


changement radical du mode de vie hors travail

• On assiste plutôt à un renouvellement des inégalités et des problèmes de société > loin
de l’idée que chaque technologie serait nécessairement plus créative et plus égalitaire
(rattrapage du tiers-monde, communication rétablie, résolution des crises économiques)

• L’informatique associée aux télécommunications reste tout de même une des inventions
majeures du XXe siècle > questionnement dans deux aspects de cette évolution :

v Les grands réseaux et la diversité des cultures

Ø La vie économique et sociale repose de plus en plus sur de très grands réseaux
techniques

Ø Les réseaux favorisent-ils l’apparition de nouvelles formes de sociabilité ?

Ø La plupart des conclusions constatent ceci :

Perte d’initiative des habitants

Dépendance accrue du tiers-monde à l’égard des pays dominants

71
Uniformisation culturelle (cf. américanisation des médias)

v La vie humaine et les machines « intelligentes »

Ø Peut-on imiter l’intelligence humaine ? Quel type de tâches peut-on transférer


aux machines ? Que restera-t-il à l’humain ?

Ø Une critique radicale de l’inflation technologique n’est pas à ignorer : nombreux


sont les intellectuels qui…

Rappellent que l’humanité est un acteur collectif responsable de son propre


devenir

Enjoignent à abandonner le rêve d’une prospérité sans limite, pour élaborer


une éthique de la technique

2) Le pouvoir politique

i. Le pouvoir, relation et domination

• Soit deux acteurs (individuels ou collectifs) ; le pouvoir est la relation par laquelle l’un
des deux acteurs amène l’autre à agir autrement qu’il ne l’aurait fait s’il n’était pas entré
dans cette relation

• Le pouvoir est capacité : soit l’individu a des caractéristiques intrinsèques (ex : le


charisme), soit les structures de la société lui en donnent

• Quelqu’un a du pouvoir en fonction du poste qu’il occupe dans ces structures

ii. Le pouvoir, mode de relation

• Les relations entre acteurs s’inscrivent dans un cadre structuré mais il existe toujours un
espace de liberté dans lequel le pouvoir peut se développer

• Crozier met en valeur quatre grandes sources de pouvoir correspondant à la typologie


des zones d’incertitudes :

v La compétence particulière (= expert)

v La maîtrise des informations (= marginal-sécant)

v Les règles générales, qui limitent l’autorité (= usage de la règle formelle)

v Les relations de l’organisation avec l’extérieur (= portier)

72
iii. Le pouvoir, rapport de domination

• Un acteur détient du pouvoir en fonction de la légitimité de celui-ci dans un univers


structuré

• Rappel : cette légitimité/autorité est charismatique, traditionnelle ou légale-rationnelle


(Weber)

Pouvoir légal- Pouvoir traditionnel Pouvoir charismatique


rationnel
Source de la Autorité Autorité personnelle : Autorité personnelle :
légitimité traditionnelle : la règle coutumière absence de règles
la règle et le droit
Appareil du Corps de Corps de dignitaires et Corps de disciples et
pouvoir fonctionnaires conseillers personnels de militants
hiérarchisés
Type La bureaucratie La patrimonialité Les périodes de
caractéristique centralisée (= appropriation privée changement
des fonctions de révolutionnaire
pouvoir)

• Les sociétés occidentales sont caractérisées par la prédominance du pouvoir légal, l’Etat
étant le détenteur du monopole de la violence physique légitime

• L’Etat a en effet confisqué les pouvoirs militaires et a étendu son pouvoir par
l’intermédiaire d’une bureaucratie légale-rationnelle et au service du bien public (grâce
à des fonctionnaires)

iv. La question est : qui détient réellement le pouvoir ? Qui se cache derrière
l’Etat ?

• Il n’y a pas de réponse unique :

v Pareto oppose les élites (qui détient un pouvoir polyarchique) aux masses

v Marx considère qu’il y a une lutte des classes (d’une oligarchie économique ; les
capitalistes, sur le prolétariat)

v Bourdieu pense que le pouvoir est entre les mains d’une oligarchie (= propriétaires
des moyens de production)

v D’autres encore estiment qu’il y a unité du groupe dirigeant ou diversité des


catégories dominantes

• Pareto :

v L’élite est ensemble des individus dotés de qualités exceptionnelles dans un


domaine d’activité spécifique

73
v L’élite politique (l’élite dominante donc) se divise en deux catégories : d’un côté, les
lions (qui gouvernent par la force) ; de l’autre, les renards (par la ruse)

v Dans nos sociétés, il y a une pluralité des élites (car de nombreux domaines
d’activité sans cesse en mouvement), dont la circulation est nécessaire pour une
société harmonieuse

v Aron distingue les détenteurs du pouvoir spirituel, militaire, économique,


administratifs et politique

v > La société démocratique est polyarchique dans la mesure où le pouvoir est


partagé entre différents groupes

v NB : Le terme « polyarchique » est parfois préféré à « démocratique » car le peuple


ne gouverne jamais que par délégation de son pouvoir à une élite politique !

• Au contraire, certains auteurs dénoncent une oligarchie :

v Bourdieu montre que cette classe dirigeante est la nouvelle noblesse de la société
démocratique (cf. réussite scolaire)

v Marx défend l’idée que le pouvoir politique sert seulement l’intérêt particulier de la
bourgeoisie ; à la différence d’autres sociologues, il fait reposer le pouvoir sur des
bases économiques > celui-ci disparaîtra quand les conditions de domination
bourgeoise seront supprimées

v. Genèse du pouvoir politique

• Le pouvoir politique peut être envisagé de plusieurs manières :

v PDV juridique = s’identifie aux gouvernants

v PDV philosophique = s’apparente à une substance (le commandement)

v PDV sociologique = relation sociale instaurée entre des individus ou groupes


sociaux

• Weber : la particularité de celui-ci réside dans l’existence d’un groupement de


domination (= un groupe au sein duquel les membres sont soumis à des relations de
domination en fonction de règlements en vigueur)

• Il a la maîtrise d’un territoire et exerce son autorité sur ses habitants grâce au monopole
de la violence physique légitime : à l’exception de l’Etat, aucune autre autorité n’a la
possibilité de faire appel à la force publique, ni ne peut restreindre la liberté d’un
individu

74
Typologie du/des pouvoir(s) Qui se cache derrière l’Etat ?

1. La compétence particulière
2. La maîtrise des informations
Crozier 3. Les règles générales
4. Les relations de l’organisation
avec l’extérieur
1. Charismatique
Weber 2. Traditionnel
3. Légal-rationnel
Pareto Elitiste/polyarchique L’élite politique (lions et renards)
1. Spirituel Prêtres, savants, idéologues ;
2. Militaire officiers ; propriétaires,
Aron 3. Economique technocrates ; hauts
4. Administratifs fonctionnaires ; parlementaires,
5. Politique gouvernants

Marx Oligarchique économique La bourgeoisie capitaliste


Bourdieu Oligarchique La classe supérieure

vi. Naissance du pouvoir politique

• Nous dirons que le pouvoir politique est né avec la naissance de l’Etat moderne, au XVIe
siècle

• Ce processus s’est traduit par un autocontrôle progressif des conduites individuelles et


par un refoulement de la violence physique

• A partir du moment où l’Etat se modernise, les relations sociales se diversifient > le


pouvoir apparaît alors comme élément de régulation d’une société

• NB : Cette théorie s’oppose aux théoriciens du contrôle social (Rousseau, Locke,


Hobbes)

vii. La démocratie

• La démocratie, valeur et système politique :

v Valeur, la démocratie est fondée sur la conviction que les humains naissent libres et
égaux en droit

v Système politique, la liberté et l’égalité des chances doivent être assurées par le
gouvernement, par l’intermédiaire du vote

75
v NB : il ne faut pas non plus l’ériger en valeur suprême ; c’est une manière de
gouverner parmi d’autres (et imparfaite)

• Typologie :

v Démocratie directe = les citoyens exercent le pouvoir directement

Ø Grèce antique : seule vraie référence

Ø Suisse : le référendum populaire est fréquent mais a surtout pour conséquence


un certain conservatisme (et en cas de crise, le repli sur soi et le retour aux
traditions) car seuls les opposants au projet de loi votent systématiquement

v Démocratie représentative (fondée en 1789) = les citoyens délèguent le pouvoir à


des représentants

Ø Concerne la plupart des pays occidentaux

Ø Garantit :

Séparation des pouvoirs

Pluralisme des partis politiques

Libertés d’opinion, de presse et d’association

• Cette évolution a renforcé les contradictions du système démocratique ; dans la théorie,


la démocratie suppose une société de petite dimension, or…

v L’élection de représentants du peuple et le principe de majorité simple sont


contradictoires avec la liberté et l’égalité (ex : les élections témoignent d’un
véritable clivage)

v La technicité croissante des décisions rend les décisions inintelligibles par la grande
majorité de la population

v Le pouvoir exécutif prime et exercice une technocratie (ex : décisions appuyées sur
l’avis d’experts)

• Quant au citoyen, son vécu démocratique est souvent valorisé ; pourtant…

v L’égalité des conditions n’existe pas (et la reproduction sociale dans les démocraties
est la plus difficile à supporter) > ne représente pas les minorités

v L’individu risque d’accumuler les déceptions (car confronté à un champ de


possibilités très large) > anomie > individualisme et repli sur soi

v L’individualisme conduit à un appauvrissement du tissu social et de la solidarité > la


solidarité institutionnalisée domine > l’Etat-providence a de moins en moins de
moyens > individualisme (cercle vicieux)

v « L’individualisme est d’origine démocratique et il menace de se développer à


mesure que les conditions s’égalisent. Non seulement la démocratie fait oublier à
chaque homme ses aïeux, mais elle lui cache ses descendants et le sépare de ses
contemporains », Tocqueville

76
Egalité des
conditions

L'Etat-Providence
n'a pas assez de
moyens pour Déceptions
satisfaire tout le
monde

Appauvrissement Anomie,
du tissu social et individualisme,
de la solidarité repli sur soi

viii. La politique : un métier

• Avec l’introduction du suffrage universel, l’activité politique est devenue petit à petit un
« métier », une occupation à plein temps et rémunérée

• La lutte pour la conquête de postes fait partie intégrante de l’activité politique ; c’est un
des fondements du système démocratique

• Une écrasante majorité des politiciens proviennent des catégories supérieures de la


population (industriels, professions libérales, cadres supérieurs, professions
intellectuelles)

• NB : Weber parle « d’entreprises politiques » (et non de partis)

ix. Les électeurs et l’opinion publique

• Selon la théorie classique de la démocratie, les gouvernés ont le dernier mot

• En réalité, la division du travail effectuée au sein de l’activité politique aboutit :

v A la spécialisation des fonctions

v Au développement des intérêts spécifiques des professionnels

77
• Les débats politiques deviennent des batailles d’experts > les électeurs ne s’expriment
plus qu’à travers les élections

• Max. 10% de la population participe réellement à la vie politique ; le jeu politique


s’étant considérablement complexifié > cette participation grandit avec la position
sociale et le volume de capital culturel possédé

• La démocratie ne fait disparaître qu’en apparence les différences sociales

• Le sondage d’opinion est-il vraiment un triomphe de la démocratie directe ?

v On est tenté de s’y fier pour cinq raisons :

1. Certains faits crédibilisent fortement la technique du sondage (ex : moyen de


prévoir et d’anticiper les résultats électoraux)

2. Les sondages préélectoraux gagnent en précision au fur et à mesure que l’on se


rapproche de la date de l’élection (même si la majorité décide de son vote à la
dernière minute)

3. Les instituts de sondage les créent à l’attention du personnel politique, sensible


à de telles données « scientifiques »

4. Ceux-ci offrent de nouveaux débouchés en sciences sociales

5. Les journalistes peuvent invoquer « l’opinion publique »

v Selon Bourdieu, une telle méthode n’est pas pertinente ; en effet, tout sondage
d’opinion prend pour évidence :

Ø Que tout le monde possède une opinion sur n’importe quel sujet > faux : toute
question ne suscite pas un intérêt égal dans la population

Ø Que toutes les opinions se valent > les réponses émises ne possèdent pas
socialement la même signification (ex : un médecin et un patient sur le thème
d’une médecine sociale)

Ø Qu’il existe un accord préalable sur les questions posées > chaque milieu social
a ses sujets de préoccupation

v Conséquence sur le politique :

Ø Le politicien veut l’opinion publique de son côté > campagne électorale quasi
permanente, coups médiatiques, doit agir vite

Ø Les sondages ne rapprochent pas la population de la politique

Ø Le jeu politique tend à se replier sur lui-même tout en donnant aux citoyens une
illusion de transparence

v En conclusion : les sondages apprennent davantage sur les sondeurs que sur les
sondés !

78
3) Les classes sociales

i. Le concept de classe sociale

a. Naissance d’une société de classes

• XIXe siècle en Europe = dominé par la propriété > Touraine : le clivage principal de
notre société est l’opposition entre possédants et non-possédants

• La société de classes représente la société comme une opposition de deux classes


fondamentales, aux intérêts contradictoires, engagées dans un jeu à somme nulle, où ce
que l’un gagne, l’autre le perd ; autour du pouvoir et de la richesse

• Trois composantes :

v Culturelle = les milieux socio-culturels sont distincts

v Sociale = les tensions sociales sont faiblement institutionnalisées

v Industrielle = le modèle social de référence est l’industrialisation

• Rappel : Marx établit une théorie des classes sociales (= groupements antagonistes qui
s’opposent sur la détention des moyens de production) dont le critère économique
prépondérant ; l’appartenance à une classe est fondée sur la place occupée dans le
processus de production et dans la conscience que l’on a de cette situation

b. Décomposition de cette image

• Weber : les classes sociales ne sont qu’une modalité parmi d’autres de la stratification
sociale (3D = économique – statutaire – politique)

• Touraine : il y a actuellement transformation des trois composantes (marxistes) de la


société de classes

v Les genres de vie sont remplacés par des niveaux de vie (la dimension économique
est moins importante > ex : le folklore est apprécié par les classes supérieures)

v Réduction des écarts culturels entre villes et campagnes (va-et-vient, ex : habiter à la


campagne et travailler en ville)

v Le paupérisme frappe une classe des catégories

v Les « rapports de classe » sont plus importants (ex : syndicats, bureaucraties)

v Organisation du pouvoir plus puissante et cohérente

v Autonomie croissante des revendications et luttes salariales (conflits de classes


organisationnels)

79
v Conclusion : la dualité possédants/non-possédants a perdu de son sens aujourd’hui

ii. Une société stratifiée (Remy, Voye, Servais)

• La société pourrait être comparée à un jeu de cartes et aux transactions possibles entre
les joueurs :

v Distribution inégale des cartes // inégalités quotidiennes

v Distribution inégale des atouts // hiérarchie de la société

v Ensemble des règles du jeu // chemins à suivre dans une perspective sociale

• Chaque classe sociale connaît une certaine situation objective déterminée par des
caractéristiques économiques, familiales etc. (= conditions d’existence, Bourdieu) >
engendre des pratiques sociales différentes

• NB : Vision plus individualiste

iii. Les milieux de vie

• D’après leur position et leur condition, les individus ont naturellement des intérêts
opposés :

v Logique de besoins stables = dans une culture populaire traditionnelle, dès que les
besoins urgents sont assouvis, on ne travaille plus

v Logique de besoins croissants = plus on paye, plus les gens travaillent

• Ces pratiques différentes peuvent être comprises si elles sont replacées dans un
contexte plus global ; celui des milieux de vie (= mettent en évidence les conditions
d’existence et positions dans les hiérarchies)

• Tous les critères n’ont pas la même importance, certains influencent plus les autres :

v Les études apportent une qualification pour trouver une profession, grâce à laquelle
on aura un revenu

80
v Ceci aura un impact sur la vie relationnelle et l’insertion écologique d’un individu ;
qui, ensemble, entraîneront un type de consommation

v Tout ceci déterminera un mode de vie

• Les classes sociales sont ici des groupements informels d’individus caractérisés par une
appropriation différente de ces critères

• Bourdieu regroupe les individus en trois classes sociales (CSP):

Classe supérieure Classe moyenne Classe inférieure


Professions v Professeurs v Artisans v Manœuvres
v Cadres publics v Petits v Ouvriers
v Professions commerçants (spécialisés)
libérales v Employés de v Contremaîtres
v Ingénieurs commerce v Salariés
v Cadres privés v Employés de agricoles
v Patrons bureau v Agriculteurs
d’industrie v Cadres
v Gros administratifs
commerçants v Instituteurs
v Techniciens
v Services médico-
sociaux
Caractéristiques v Haut niveau v Niveau moyen (à v Faible niveau
d’études faible) de d’études
v Prestige élevé responsabilité v Revenus moyens
v Salaires moyens v Revenus et à faibles
à élevés niveau d’études
v Prestige et moyens
argent

• La classe sociale n’est pas déterminée par la propriété-même mais par la structure de
relations entre toutes les propriétés

• Une classe sociale ne se détermine pas que par sa position dans les rapports de
production > appartenance ethnique, sexe etc.

iv. Le projet

• = Tentative d’appropriation des choses que l’on ne possède pas mais qui existent, et ce
dans une trajectoire histoire

• L’être humain est caractérisé par sa capacité à se projeter, à vivre en fonction de l’avenir

• Ex : dans une société qui privilégie le capital économique, le bien valorisé sera l’argent
et le projet visera une amélioration de la position de classe

81
v. Le concept de capital

a. Max Weber : classe, ordre, parti

• Les bases du pouvoir ne se situent pas uniquement dans la propriété des biens de
production

• Marx >< Weber : il peut y avoir des solidarités/oppositions aussi bien à l’intérieur d’une
classe qu’entre les classes > distinction entre « ordre » et « classe »

Ordre Classe Parti


Définition Distinction sociale liée à Constituée d’individus Groupement
une manière de qui se trouvent dans s’opérant autour
vivre/réagir une même situation d’un intérêt
de classe ; elle-même
définie par la chance
de disposer ou non de
biens
Caractéristiques Peut naître : Plus le parti est le
− D’un mode de vie porte-parole
propre ou du genre d’une classe, plus
de profession elle durera
− D’un charisme longtemps
héréditaire (basé sur
les origines sociales)
− De l’appropriation
monopolistique des
pouvoirs politiques

• Le passage d’un ordre à une classe (et enfin à un parti) montre une prise de conscience
plus importance des conditions d’existence

• Weber accorde donc beaucoup d’importance à la profession, qui engendre des modes
de vie différents

b. Apport de la sociologie américaine

• Elément-clé = la profession (// Weber)

• Privilégie davantage les modes de représentation des métiers que leur contenu

• Question : « Ne passe-t-on pas d’une société à culture dominée par le métier à une
société à culture dominée par le statut ? »

82
• > La position statutaire résulte de la reconnaissance par la collectivité des qualités et
des performances des individus

c. Les capitaux

• Rappel : Bourdieu privilégie le concept de capital à celui d’ordre social (Weber) ou de


position statutaire (sociologie USA)

• Nous disposons tous de quatre capitaux (économique – culturel – social – symbolique)


dont le volume est inégalement réparti

d. La dissonance

• Un effet de dissonance peut apparaître lorsqu’il y a des niveaux très différents dans la
possession des capitaux (ex : un capital économique fort pour un culturel faible)

• Part du postulat suivant : chaque individu espère recevoir plus qu’il ne donne

• George Homans construit une théorie, à partir de quatre variables (éducation – ethnie –
profession – revenu) où il parle de dissonance et de statut incongruent (>< statut
congruent = un haut investissement correspond à une haute récompense)

v Si investissements > récompenses : sentiment d’injustice > volonté de changer la


société

v Si investissements < récompenses : sentiment de culpabilité > niera le lien entre


investissement et récompense

Dimensions d’investissements Dimensions de récompense


v Ethnie (inv. inné) v Profession (réc. sociale)
v Education (inv. acquis) v Revenu (réc. matérielle)

• L’effet de dissonance provoqué par un statut incongruent amène les individus à réagir :

v Essai de mobilité sociale

v Isolation sociale (voire suicide)

v Développement de PTS

v Défense d’une politique libérale

v Préférence pour un changement social radical

• NB : L’individu ne choisit l’objet de son projet ; un médiateur le lui désigne (car les
pratiques sociales sont souvent des pratiques d’imitation ou de distinction) > la

83
perception des inégalités dépend de la distance entre médiateur et sujet (ex :
démocratisation du tennis > clubs « sélects »)

vi. La théorie des champs (Bourdieu)

a. Le champ comme concept analytique

• Rappel : tout individu évolue à l’intérieur d’espaces sociaux plus ou moins autonomes,
les champs (= sous-système, ensemble d’activités spécifiques)

b. La logique des champs

• Trois champs ont toujours existé (politique – économique – religieux) ; ils ont structuré
les sociétés humaines et en ont généré d’autres

• Chaque champ a sa spécificité et entretient des rapports avec les autres (ex : le champ
juridique permet de rationaliser les exigences du champ politique)

• Les acteurs participent à des champs divers (ex : le ministre sera plus important dans le
champ politique que dans le médical) et peuvent avoir plusieurs positions dans un
même champ > l’individu qui développe ses capitaux dans un seul champ est
relativement faible

c. La hiérarchisation des champs

• Poser cette question revient à en poser deux autres :

v Y a t-il un champ qui sert de modèle pour penser l’organisation des autres

v Quel est l’argument de choix qui aidera, in fine, à trouver la solution ?

• Un champ est en position hiérarchique forte quand il se laisse peu évaluer par les autres
(ex : il est plus aisé pour un scientifique de rejoindre le champ littéraire que l’inverse)

• Plus le champ est autonome, plus il gère ses conflits lui-même

d. Conflits de légitimité et transformation des champs

• Le champ n’est pas un donné figé dans le temps (ex : les biens symboliques du champ
religieux ont énormément évolué au cours du temps)

84
• Le conflit de légitimité implique un conflit de pouvoir (pouvoir technique) et une crise
d’identité (pouvoir symbolique)

• Actuellement, les corps traditionnels (ex : médical) perdent une partie de leur pouvoir
symbolique face à l’évolution des savoirs parallèles (ex : hypnose)

• Résultat final = transformation du champ ou création de nouveaux champs

• NB : champ (Bourdieu) // monde (Boltanski) :

v Points communs = définition d’espaces sociaux structurant le social ; conflits de


légitimité ou désaccords

v Différences = conscience faible (ou nulle) des individus >< conscience importante

vii. Habitus et ethos de position (Bourdieu)

a. Ethos de position et habitus : essai de clarification

• Rappel : l’habitus est l’ensemble des dispositions que l’individu incorpore pour les
mettre au service de ses pratiques sociales

• Ethos de position (Weber, Bourdieu) = ensemble des principes moraux implicites


propres à une catégorie sociale et qui régissent leurs conduites quotidiennes

• Les deux concepts font appel à une dynamique psychique et aux conditions objectives
d’existence

b. Caractéristiques de l’ethos (analogie avec la théorie des jeux)

• Le jeu de hasard (ethos sous-prolétaire)

v La vie est perçue comme une loterie

v Il est impossible de faire un calcul sur l’avenir

• Le jeu avec des règles et l’individualisation (ethos de la classe moyenne)

v Les règles sont connues

v La tactique est individuelle vise à améliorer ou renverser la position (min. de


risques/max. de gains)

v Possible de faire des compromis

• Le jeu avec règles et la force collective (ethos prolétaire/ouvrier)

v Ce n’est pas par l’individualisme mais par la force collective que l’on peut améliorer
sa position

85
• Le jeu avec règles et les univers imaginés

v Ceux qui voient l’ethos comme un jeu de hasard imagineront des univers
merveilleux mais inaccessibles

v Ceux qui le voient comme un jeu avec règles imagineront des univers merveilleux
mais à portée de projets

v Conclusion : cette vision du monde a une répercussion sur la perception de soi (qui
aboutit souvent à un repli sur soi)

c. La pluralité des registres de lecture

• Le registre pratique = fait appel à la chose matérielle (monde ouvrier)

• Le registre du rêve = refusé par le monde ouvrier

• Le registre théorique = autre dimension des univers imaginés (correspondance entre


théorie et pratique)

• Le registre moralisateur = sentiment de supériorité et de ne pas être reconnu à sa juste


valeur (monde rural)

• Conclusion : chaque position établit une hiérarchie qui lui est propre dans l’usage des
différents registres, au sein des différents champs

d. Langage, espace, temps

• Selon la position de classe, ce rapport peut être abstrait ou concret :

v Le langage = la classe supérieure bénéficie d’un enseignement supérieur (rapport


abstrait) >< le langage est ancré dans la vie quotidienne de la classe inférieure
rapport concret)

v L’espace = certains s’identifient à un territoire (concret) >< certains se retrouvent


dans un univers familier, peu importe les substitutions de lieux/personnes (abstrait)

v Le temps = lu sous forme de discontinuité, sans projet d’avenir (concret) ><


continuité (abstrait)

86
viii. Les trajectoires sociales

a. Le champ des possibles

• Jeu où tout le monde connaît les règles mais la tactique est individuelle > un « champ »
des possibles » est offert à un acteur déterminé

• Chaque capital correspond à plusieurs trajectoires : le passage d’une à l’autre dépend


d’événements collectifs (ex : guerre, crise) ou individuels (ex : rencontres), qui
dépendent eux-mêmes de la position et des dispositions des acteurs

b. Trajectoire modale et déviante

• La position et la trajectoire individuelle ne sont pas indépendantes l’une de l’autre > les
trajectoires sociales sont liées aux classes sociales

• Chaque classe sociale possède…

v Sa trajectoire modale = cheminement normal de l’individu ; ce à quoi on s’attend


(ex : la fille d’un CEO qui fait Solvay)

v Ses trajectoires déviantes = inattendues ; l’individu se déclasse soit par le haut, soit
par le bas (ex : le fils d’un ouvrier qui fait droit)

c. Les stratégies de reproduction

• = Ensemble de pratiques par lesquelles on conserve/augmente son patrimoine et


corrélativement ; maintient/améliore sa position dans la structure des rapports de classe

• Celles-ci s’opposent à la mobilité sociale ; elles visent essentiellement à combattre la


régression sociale

• Typologie :

v De fécondité = limiter le nombre d’enfants pour réduire le nombre de prétendants


au patrimoine

v Successorales = transmettre son patrimoine d’une génération à l’autre

v Educatives = produire des acteurs sociaux capables et dignes de recevoir l’héritage


du groupe

v Prophylactiques = maintenir le patrimoine biologique du groupe (écarter la maladie)

v Economiques = assurer la reproduction du capital économique

87
v D’investissement social = instaurer des relations sociales directement
mobilisables/utilisables

v Matrimoniales = assurer la reproduction biologique du groupe sans menacer sa


reproduction sociale (ex : familles royales)

v Idéologiques = légitimer les privilèges en les naturalisant

ix. La question de la classe moyenne

a. Situation objective de la classe moyenne

• La classe moyenne est en position intermédiaire > ni fusion, ni démarcation avec les
autres classes

• Elle est caractérisée par son ambiguïté :

v Soit elle est dans une position de neutralité > risque = se retrouver au service de la
classe supérieure

v Soit elle fonde son pouvoir dans la confiance > risque = être en rupture de langage
avec la base

• En réalité, il existe des classes moyennes (en compétition) :

Nouvelles classes
Anciennes classes
moyennes = actifs salariés,
moyennes = membres de
membres de professions
professions
intermédiaires et
indépendantes (petite
employés (création du
bourgeoisie)
capitalisme du XIXe s.)

b. Classe moyenne et perception de soi

• Elle se perçoit en termes de double négation (« mieux » que ceux d’en bas et capable
de devenir comme ceux d’en haut) > désir de mobilité sociale

• Elle mise tout sur le capital économique et semble négliger les autres (= dissonance) ;
tout comme elle n’affirme sa présence que dans un seul champ

• Sa valeur est l’authenticité, la bonne conscience > incapacité d’opposition radicale >
insécurité culturelle permanente (liée au fait qu’elle se définit à partir des autres)

• Cependant, sa situation varie en fonction des pays :

88
v USA = fierté de pouvoir s’exprimer dans un langage simple, d’être compris de tous ;
relative sécurité économique

v France = honte, recours à un langage de « caste »

c. La petite bourgeoisie

• Se distingue par une consommation culturelle élevée qui tend à se rapprocher de la


culture dominante sans jamais l’atteindre tout à fait

• Ex. de la photographie :

v Classes défavorisées = utilisée pour consacrer les moments forts

v Petite bourgeoisie = prétention esthétique

v Classes supérieures = préfèrent la peinture/sculpture (pratiques plus chargées de


noblesse)

• Se divise en trois groupes :

v La petite bourgeoisie en déclin = travailleurs indépendants (artisans et


commerçants) dont les effectifs baissent depuis les années 60

v La petite bourgeoisie d’exécution = professions intermédiaires

v La petite bourgeoisie nouvelle = agents sociaux détenteurs d’un capital culturel


élevé mais au capital social insuffisant pour appartenir à la classe dominante

89

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