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tique prennent une place croissante dans les marché intérieur pour le développement d'une
157 villes « à métro » du monde. En kilomé- filière, le métro automatique les dissiperait.
trage, les lignes entièrement automatiques ne Thales est leader mondial des CBTC, les sys-
représentent encore que 6 % du total. tèmes de communication qui permettent le
Aujourd'hui, de tous les pays du monde, c'est la plein développement des automatismes. Il est
La France est le pays France qui a le plus grand nombre de kilomètres suivi par Siemens, groupe certes allemand,
qui compte le plus grand de métro automatique (16 % du total), devant la mais avec une forte composante dans ce do-
nombre de kilomètres Corée (15 %). et Singapour (12 %). La France, maine du savoir-faire français venu de l'ancien
de métro automatique c'est-à-dire Lille, Lyon, Paris, Rennes et Toulouse. Matra, l'inventeur du Val et le concepteur, pour
(ici la ligne D de Lyon). Si l'on avait des doutes sur l'importance d'un la RATP des automatismes des lignes 14, 1, et
Grande-Bretagne
Un marché qui se modernise
C'est à Londres que le métro a ét~ inventé il y a un siècle et demi. Depuis, /'Underground
londonien a poursuivi sa croissance et se modernise à grande vitesse, alors que dans
la plupart des autres agglomérations britanniques, des nouveaux tramways et des trains
de banlieue revitalisés se sont développés ces dernières décennies, prenant parfois le nom
flatteur de « Metro », comme les tramways Metrolink de Manchester ou le train régional West
Yorkshire Metro autour de Leeds. Mais on peut également recenser trois « vrais » métros
britanniques en dehors de Londres. Trois réseaux hors normes qui ont entamé une phase
de modernisation. Et à l'exception du réseau circulaire de Glasgow, on constate que les métros
britanniques gardent de forts liens historiques et techniques avec le réseau ferre « lourd ».
Londres L'automatisation
de l'Underground est en vue ...
(SSL), n'en sont pas moins
compatibles sur certaines
sections aériennes en ban-
lieue, y compris du point de
vue électrique, étant équipées
d'un troisième et d'un qua-
trième rail (spécialité londo-
nienne!).
Mais pour ce qui est du maté-
riel roulant, les SSL et le Tube
forment deux ensembles tota-
lement distincts. Par exemple,
durant l'expérience des PPP
(2000-2010), les quatre lignes
SSL formaient un des trois
groupements du réseau, les
deux autres comprenant cha-
cun trois lignes de Tube. A
noter qu'en dépit de cette tentative de « priva-
250 nouvelles rames
seront mises en service
entre 2023 et 2033
A vec ses 402 km et 270 stations desservis
par 11 lignes, le métro de Londres trans-
porte 4,8 millions de voyageurs chaque jour,
tisation », le métro londonien reste exploité par
Londcm Underground Ltd (LUL), filiale de l'au-
pour Je « New Tube ». soit un peu moins que le métro de Paris. Mais torité organisatrice Transport for London (TfL).
Le choix du constructeur
comparer les deux réseaux est difficile, vu Du côté des SSL, qui représentent 40 % du
est en cours pour
l'étroite imbrication depuis ses débuts, en 1863, réseau londonien, un plan général de moder-
ces rames dont Je design
révolutionnaire est signé entre les lignes de I'« Underground » et le ré- nisation chiffré à 5,4 milliards de livres (6,1 mil-
PriestmanGoode. seau ferré. Qui plus est. ce réseau « souter- liards d'euros) a été engagé. Le matériel roulant
rain »,dont les trains étaient à vapeur à l'origine, a été totalement renouvelé en sept ans (2010-
s'est dédoublé dès 1890, quand sont apparues 2017), avec la livraison de 192 rames S Stock
les lignes dédiées aux trains électriques à par Bombardier. TfL a chargé Thales de fournir
grande profondeur et à petit gabarit, dont les d'ici 2023 un CBTC pour ce réseau complexe
tunnels ont vite reçu le surnom de « Tube ». Ces regroupant des tronçons communs (la Circle
lignes de Tube et les autres lignes de !'Under- Line) et de nombreuses branches. LObjectif est
ground, aujourd'hui appelées Sub-surface lines de passer à 32 trains par heure, soit une capa-
'
7 J EN ~COL:JVERTU RE
1 -
cité accrue d'un tiers. Enfin, dans le cadre de de l'est de Londres. Aux structures légères des
ce plan général, les voies et les quais ne sont débuts, à l'air libre, puis au réemploi d'ouvrages
pas oubliés. ferroviaires, ont succédé des réalisations plus
Du côté du Tube, les stratégies diffèrent d'une «lourdes» et adaptées: stations souterra ines,
ligne à l'autre. Seu le la Victoria Line a bénéficié viaducs et tunnels sous la Tamise. Vu ses ca-
d'un nouveau matériel roulant depuis l'an 2000 ractéristiques dimensionnelles (rayons de cour-
(le modèle 2009, fourni par Bombardier), alors bure, gabarit), électriques (troisième rail) et de
que les générations précédentes continuent de conduite automatique, le DLR n'est pas com-
faire l'objet de modernisations. Un contrat a été patible avec !'Underground ; il est classé métro
signé avec Bombardier en août dernier pour léger, comme son nom l'indique. Son exploita-
les trains du modèle 1992. Mais on attend les tion est assu rée par le groupement KeolisAmey
250 rames de métro du programme New Tube pour Docklands Light Rail Ltd, filiale de TfL.
for London, à mettre en service entre 2023 et Avec ses petites rames et une fréquentation
2033. Signé PriestmanGoode, le design révolu- en hausse constante (340 000 voyageurs par
tionnaire du « nouveau Tube» est déjà connu. jour), le DLR est de plus en plus surchargé aux
Reste à choisir le constructeur, en cours de heures de pointe. TfL sou haite renouveler un
sélection. Les futures rames du Tube devraient tiers du matériel roulant à partir de 2022 et of-
circuler une cinquantaine d'années. Elles de- frir ainsi une capacité accrue de plus de 30 %
vront donc intégrer des fonctionnalités dont la sur le réseau. Actuellement, ce dernier compte
généralisation est prévue pendant la période, à 38 km, organisés en sept lignes et desserva nt
commencer par la conduite automatique inté- 45 stations.
grale. D'autres caractéristiques déjà présentes
sur les nouvelles rames SSL devraient égale- En attenda!'ilt PE~~zabeth
ment faire leur apparition dans la prochaine LJne
génération de rames de Tube, comme l'intercir-
culation de bout en bout, des portes plus larges Un quatrième réseau se développe depuis
et une ventilation réfrigérée. 2007: l'Overground, qui reprend et intègre
Premier pas vers l'automatisation intégrale, le aussi bien des voies ferrées modernisées que
CBTC est présent sur trois lignes du Tube, avec d'anciennes lignes de !'Underground. Techni-
des résu ltats impressionnants, après quelques quement, l'Ov,erground reste compatible avec
problèmes de jeunesse. Ainsi, sur la Jubilee le réseau ferré, mais il est exploité pour TfL
et la Victoria Line, les éq uipements Thales et com me un métro (trains et arrêts fréquents)
lnvensys permettent respectivement de faire avec un matériel aménagé façon Underground.
circuler 30 et 34 trains par heure. Et la moder- L'opérateur actuel est Arriva.
nisation de la Northern Line, éga lement pilotée Enfin, tout le monde attend !'Elizabeth Line,
par Thales, est un succès technique. première ligne du futur « RER » Crossrail, dont
l'exploitation sera effectuée par MTR pour le
compte de Tfl. Ici encore, on est technique-
ment en présence de trains << lourds», desti-
nés à circuler sur le réseau ferré national, mais
L'avènement de la conduite automatique a aménagés comme des métros. Ce qui est as-
donné naissance en 1987 à un troisième réseau sez logique, vu que la traversée souterraine de
londonien, celui des Docklands (Docklands Londres, qui appartiendra à TfL, aura tout d'un
Light Rail, DLR), qui irrigue les quartiers d'af- « supermétro », avec CBTC et stations équi-
faires et de logements en plein développement pées de portes palières.
Glasgow
l' «« Orang mécanil ,;o 'Ue }} ·fait: peau neu e
Glasgow est la ville la plus peuplée d'Ecosse et deux fois la Clyde le long du tracé de 10 km.
la troisième au monde à avoir eu un métro, ici Ses trains actuels étant de coulel'.ir· orange, le
appelé « Subway ». Depuis 1896, ses rames de Subway est surnommé « Clockwork Orange »
petites dimensions tournent en rond comme - en français « Orange mécanique ».
une horloge sous le centre-ville, traversant Mû par câble à ses débuts, ce métro se mo-
dernise cycliquement, tous les 40 ans environ: Stadler. Ces rames seronU es premières que le
électrifié par troisième rail au milieu des années constructeur suisse produira pour un métro au-
1930, il a été profondément relooké pour rece- tomatique, alors qu'Ansaldo STS, désormais fi-
voir ses trains actuels à la fin des années 1970, liale du groupe Hitachi, fournira le CBTC et rem-
avant de s'apprêter maintenant à passer à l'âge placera les automatismes, la signalisation ainsi
automatique. Tout aussi cycliquement, des pro- que le poste de contrôle actuels. Ceci après une
jets d'extension voient le jour, mais le réseau du phase transitoire, qui nécessitera la présence de
Subway ne s'est pas développé en 120 ans, lais- cabines provisoires en extrémité des rames. Sur
sant aux trains la desserte des banlieues et se ce marché hors normes, Stadler fournit un ma-
contentant de 35000 voyageurs par jour. tériel roulant« sur mesure »,avec un écartement
L'autorité organisatrice des transports du Strath- inhabituel (1219 mm) et un gabarit réduit
clyde (SPT, qui exploite la ligne en direct) a Prévu pour 2020, le passage à la conduite auto-
commandé 17 rames de quatre caisses à in- matique comprendra également la pose, dans
tercirculation. Soit un marché de 200 millions les 15 stations, de portes palières « à mi-hau-
de livres Sterling (225 millions d'euros) pour le teur » qui vu les dimensions des rames seront
consortium Ansta regroupant Ansaldo STS et presque aussi hautes que ces dernières!
(milieu des années 1980), puis vers l'aéroport seurs et les escalators dans les prochaines
(1991) et enfin vers Sunderland (2002). Ce der- années, pour un montant de 350 millions de
nier prolongement oblige à cohabiter avec des livres (près de 400 millions d'euros). Et à plus
trains « lourds» sur une ligne du réseau ferré long terme, au début des années 2020, Nexus
britannique, préalablement électrifiée pour le envisage l'arrivée d'un nouveau matériel rou-
métro. lant, investissement évalué à 400 millions de
Le réseau est organisé en deux lignes totalisant livres (450 millions d'euros). Pour simplifier
75 km, desservant 60 stations et transportant cette modernisation, Nexus est revenu en
plus de 100 000 voyageurs chaque jour. Mais avril dernier à une exploitation directe, après
ce métro commence à montrer des signes de sept ans de délégation à DB Regio. Pour la
fatigue et un plan de rajeunissement doit être prochaine décennie, les plans d'extension du
mis en œuvre. L'.autorité organisatrice Nexus Tyne and Wear Metro ne manquent pas, l'idée
souhaite moderniser les rames, les voies, les étant d'exploiter les nombreuses plateformes
câblages, la radiocommunication, les ascen- ferroviaires abandonnées de la région.
Liverpool
Un « métro » aux racines ferroviaires
rail (depuis 1903 et 1904) et par leur exploita-
tion à part, avec une curiosité: sous Liverpool,
la Wirral Line rebrousse par une boucle à voie
unique, comme la ligne 7 bis du métro parisien.
Toutes ces particularités font que, comme les
métros britanniques, ce réseau soit géré par
l'autorité organisatrice des transports régio-
naux, ici Merseytravel, pour le compte de la
Liverpool City Region Combined Authority,
même si les lignes Merseyrail font formellement
partie du réseau ferré britannique. L'.exploitation
est assurée par le groupement Serco-Abellio
dans le cadre d'une franchise.
Si elles donnent Les deux rives de l'embouchure de la Mersey et Pour renouveler son matériel roulant, la Liver-
l'impression d'être le centre de Liverpool sont traversés en tunnel pool City Region Combined Authority a com-
du métro dans les sept par deux lignes, Wirral et Northern, qui se pro- mandé à Stadler 52 metro trains (« rames de
stations souterraines longent sur les voies ferrées des environs pour métro »,donc) de quatre caisses pour un mon-
du centre-ville, les lignes
former un réseau de 120 km, appelé Merseyrail tant de 460 millions de livres Sterling (515 mil-
Wirral et Northern se
depuis 1977 et desservant 67 gares. Parmi ces lions d'euros) à mettre en service d'ici 2021. En
prolongent sur les voies
ferrées des environs. dernières, sept se présentent sous la forme de vertu de ce contrat, qui comprend une option
stations de métro souterraines, ouvertes il y sur 60 rames, le constructeur sera aussi respon-
a 40 ans sous les centres de Liverpool et de sable de la maintenance peod_ant 35 ans, avec
Birkenhead. L'.impression d'avoir affaire à un réembauche de 115 agents du réseau Mersey-
métro est renforcée par l'électrification en cou- rail. Plus rapides, plus capacitaires et 100 % ac-
rant continu de ces deux lignes, par troisième cessibles de plain-pied (plancher de 960 mm
et quais hauts), ces rames à intercirculation
présenteront des « plus » inhabituels pour un
Le métro disparu de Liverpool métro: des batteries pour les manœuvres en
Liverpool a eu par le passé un autre métro, aérien: l'Overhead Railway. atelier et une prédisposition pour être alimen-
Lors de son inauguration en 1893, c'était le plus moderne du monde: tées sous 25 kV 50 Hz (comme le réseau ferré
électrique (le deuxième après le Tube de Londres et le premier en aé- britannique) et recevoir un équipement ERTMS
rien), avec une signalisation automatique lumineuse et des rames en niveau 2. De quoi ne pas couper le lien avec le
unités multiples (deux premières mondiales), ainsi que des escaliers réseau ferré national et envisager des prolon-
mécaniques (alors rarissimes). Endommagé pendant les bombarde- gements de dessertes sur ce dernier. Décidé-
ments et de moins en moins rentable après-guerre, l'Overhead, deve- ment, les métros britanniques restent fidèles à
nu vétuste, a fini par fermer en 1956. Même les métros sont mortels ... leurs origines ferroviaires.
Patrick LAVAL
Le gouvernement cherche
de nouveaux modèles
de financement, du type PPP
politiques lourdes, avec la création d'un nouvel
Etat, Je Telangana, où se trouve Hyderabad. Les
Convertisseur OC/OC Séries URB1D-'R3
opérateurs ont, semble-t-il, sécurisé leurs re·
venus de prestataires. Et espèrent que l'on va • Tension d'entrée: 40 à 160VDC
avoir recours à eux dans la suite du programme. • Tension d'isolation: jusqu'à 3000VDC
Surtout si l'Inde supprime la pénalité fiscale de
15 %, qui frappe un exploitant privé par rapport • Température de fonctionnement: -40°C à +100°C
à un exploitant public. Si l'accès au marché est • Boîtier type Brick conforme aux standards internationaux
moins complexe et si la part de ce qui est ouvert
• Rendement jusqu'à 88%
au privé (et la rétribution afférente) est plus forte
qu'aujourd'hui. Il faut donc convaincre. Il faut, dit • Protections: UVP, OVP, OCP, SCP
Bernard Tabary, montrer aux Indiens «l'intérêt • EN50155/ EN60950 (en cours)
qu'on peut tirer de la valeur ajoutée qu'apporte
un opérateur ». Les Français - qui sont assez • Pom plus d'inlmmalions. merci de consulle1 la fiche 1ec.hnique.
soudés dans le pays - produisent des « white
Industrie Le furtur co
Alstom l'affirme à pro- Gurgaon (près de Delhi) et un centre d'ingénie-
pos de sa fusion pro- rie à Hyderabad (Telangana). Et il a conçu son
grammée avec Siemens implantation indienne aussi pou r l'exportation,
Mobility: nous sommes notamment en Australie. Tout comme le fait
très complémentaires. d'ailleurs Alstom.
En Inde, pour le maté- Quant à l'ingénierie française, elle est aussi très
riel roulant des métros, présente en Inde. «JI n'y a sans doute pas un
cela se vérifie. Siemens métro en Inde, dit Philippe Lorand, dans lequel
n'est pas présent. Ais- Systra n'ait pas joué un rôle. » Et Egis, lui aussi
tom au contraire est un très présent, par exemple à Chennai ou à Kochi.
fournisseur confirmé. Bon nombre d'industriels, après la quasi-ferme-
Le groupe a son siège ture du marché chinois, ont fait le pari de l'Inde.
Les rames du métro à Bangalore (Karnataka), où il a aussi implanté Mais le « Make in lndia », célèbre mot d'ordre
deLuknow sa signalisation. L'activité traction est à Coimba- du Premier ministre Narendra Modi, s'applique
ont été produites tore (Tamil Nadu), l'assemblage se fait à Sricity désormais au métro. Comme l'a dit le 11 octobre
dans les usines (Andhra Pradesh). C'est de là que sont sortis Henri Poupart-Lafarge, PDG d'Alstom, devant
indiennes d'Alstom.
des métros pour Lucknow (20 trains), Kochi les commissions des affaires économiques de
(25 trains), Chennai (42 trains). Alstom est aussi l'Assemblée nationale et du Sénat, désormais
présent dans la signalisation (Bangalore, Delhi, « 70 % de la valeur ajoutée d'un métro doit être
Jaipur), ou dans l'infra su r la ligne 7 de Delhi. produite en Inde ». Le groupe dans sa straté-
S'il ne rencontre pas son concurrent-partenaire gie de globalisation a pris les devants et n'est
allemand sur ce marché, Alstom doit affronter pas gêné par les nouvelles mesures. Mais
on s'en doute, le chinois CRRC (qui équipe le l'étape suivante est connue: à côté de CRRC,
métro de Mumbai), le coréen Rotem (Hydera- de Hitachi, de Rotem «nous aurons un jour un
bad), l'espagnol CAF (Delhi Airport Metro Ex- concurrent indien "· Pour l'instant, sur un mo-
press, ligne est - ouest du métro de Calcutta), dèle commun à bien des pays (et que l'Europe
ou le canadien Bombardier (Delhi). Bombardier occidentale a elle aussi bien connu), ce sont les
est lui, aussi fortement implanté en Inde où il Chemins de fer qui assurent la construction et
exploite une usine de production de véhicules la maintenance de leurs matériels. Sur le mo-
ferroviaires avec atelier de montage de bogies dèle de la Chine ou la Russie, c'est de morceaux
à Savl1, près de Vadodara (Gujarat), une usine d'lndian Railways que pourrait naître un jour un
de fabrication de systèmes de propulsion, un industriel indien du ferroviaire. Pour l'instant, on
centre de systèmes de contrôle ferroviaire à n'y est pas. F O.
ne rame de métro, c'est bien plus qu'un train. détection d'obstacles lors de la fermeture des
U A la base, c'est un matériel roulant censé portes, climatisation, télésurveillance .. .
transporter en toute sécurité, dans un environ- Tous les réseaux n'ont pas les mêmes exi-
nement généralement souterrain ou en viaduc, gences. Que ce soit sur le MF 2000 de la RATP
de nombreux voyageurs, avec des temps ou la prochaine génération du Tube de Londres,
d'échange réduits dans les stations. Ces points le design est préalablement imposé aux sou-
peuvent sembler évidents, mais les réseaux missionnaires. A Londres et à Singapour, une
pionniers les ont appris par expérience, tel le mé- grande importance est donnée à la sortie de
tro parisien après une série de désagréments et secours par les portes frontales aux deux extré-
d'accidents, dont le tragique incendie de Cou- mités de la rame, exigence inconnue de la plu-
ronnes (1903). Quelques années plus tard, les part des réseaux. Ces derniers sont également
caractéristiques du métro « classique» étaient divisés entre les partisans des sièges longitudi-
fixées pour des décennies: à Paris, les rames naux ou transversaux, l'ouverture automatique
Sprague-Thomson feront partie du paysage de des portes ou non. Et, d'une région du monde
1908 à 1983. Ceci alors que certaines caractéris- à l'autre, la densité des voyageurs debout par
tiques générales étaient adoptées de par le mètre carré en heure de pointe peut varier de
monde, comme l'alimentation électrique en cou- quatre à huit, voire plus.
rant continu 600 à 750 V par troisième rail, voire Question dimensions, il est assez facile de ré-
1500 V par ligne aérienne de contact, de nom- pondre aux exigences des nouveaux réseaux,
breuses portes ou des accélérations impor- qui voient« large »et surtout« standard >>. Plus
tantes. Sur ce dernier point, les progrès de l'élec- simple que pour les réseaux pionniers comme
tronique de puissance Londres (deux ga-
ont permis de mieux Avec l'arrivée du CBTC, les réseaux barits, troisième et
contrôler le «jerk », veulent presque toujours des métros quatrième rails élec-
grandeur dérivée de automatiques sur les lignes nouvelles triques), Paris (petit
l'accélération qui, lors- gabarit, avec ou sans
qu'elle est trop importante, a la fâcheuse consé- pneus) ou Berlin (deux gabarits et deux types
quence de faire tomber les voyageurs. de troisième rail). Cela dit, de grandes familles
Au fil du temps, les exigences des réseaux sur sont ainsi apparues. Comme les métros de type
le matériel roulant se sont étoffées en matière « soviétique » inspirés de celui de Moscou, de
de sécurité, de confort et de consommation l'ex-URSS à l'Europe centrale, ou les métros à
d'énergie, y compris à mi-vie. Car, en dépit d'un pneus inspirés de celui apparu à Paris dans les
usage intensif, les rames de métro durent gé- années 1950, qui a convaincu Montréal, Mexico,
néralement de 30 à 50 ans. D'où la nécessité Santiago, Lyon ou Marseille. Outre une réduc-
de procéder à du rétrofit: nouvelles livrées, sur- tion des bruits et de vibrations, le pneu autorise
faces antigraffiti, remplacement des sièges ou de meilleures accélérations et décélérations.
de l'éclairage (adoption des LED), installation Toutefois, au fil des évolutions de l'électronique
de systèmes d'info-voyageurs, modernisation de puissance, le roulement « fer sur fer » clas-
de l'ergonomie de conduite et de la sécuri- sique s'est montré au moins aussi silencieux et
té passive (antichevauchement, résistance à performant, sans nécessiter de travaux préa-
la compression), voire le remplacement des lables sur la voie. Mais les réseaux qui ont déjà
chaînes de traction (pour les économies d'éner- un métro à pneus y restent fidèles, alors que les
gie et les performances). autres n'y voient plus nécessairement un signe
Les nouveaux matériels se doivent d'incorpo- de modernité .. ,
rer ces nouveautés, plus celles que l'on peut se Autre innovation parisienne des années 1950,
permettre d'adopter dès leur construction: choix la conduite automatique, qui s'e-st dans un
de matériaux légers et résistants aux graffitis, premier temps limitée au niveau GoA 2 (voir
conduite automatique (ou prédisposition à cette encadré p. 76), semi-automatique avec conduc-
dernière), intercirculation, accessibilité pour tous, teur comme à Paris, est passée dans les an-
nées 1980 aux niveaux 3 et 4, sans conducteur nibilité et sécurité. La fiabilité des nouveaux Parmi les grandes
voire sans personnel, tant pour des métros trains doit être supérieure à celle des parcs familles de métro,
« légers » (VAL, DLR) que pour des métros précédents ... alors qu'ils ont davantage d'élé- celui sur pneus
plus lourds (ligne D de Lyon). Mais c'est sur- ments susceptibles de connaître des défail- (ici des rames CAF dans
tout depuis l'apparition du CBTC (communi- lances (portes, climatisation, information) qui le métro de Santiago
du Chili) auquel
cation-based train contro0, que les réseaux se peuvent dans certains cas impacter la sécurité.
les réseaux qui l'ont
sont mis à vouloir presque systématiquement La maintenabilité a fait de réels progrès avec choisi restent fidèles.
des métros automatiques sur les lignes nou- les échanges d'organes ou la modularité des
velles, voire l'automatisation a posteriori des nouveaux matériels. Tout ceci se reflète dans le
lignes existantes. Et désormais se pose égale- niveau de disponibilité du matériel, capital pour
ment la question de la modernisation des mé- les exploitants car dimensionnant pour le parc.
tros automatiques des années 1980-90. Enfin, outre les réductions des consommations
Plus que sur des éléments techniques, c'est énergétiques, les questions d'environnement
sur les résultats que les réseaux ou leurs ex- se posent désormais tout au long du cycle de
ploitants reportent leurs exigences dans les vie, de la construction à la déconstruction, avec
cahiers des charges. Y figure en bonne place la des taux de recyclabilité de 95 % affichés par
sûreté de fonctionnement, qui s'articule autour certains constructeurs, en se basant sur la mé-
de quatre axes: fiabilité, maintenabilité, dispo- thode de calcul de l'Unife. Qui vivra verra!
En effet, aujourd'hui, produire un métro est tance aux côtés d'un concurrent (tel le nouveau
« un dosage entre la standardisation et la cus- MPM 10 Azur de Bombardier et Alstom pour
tomisation », pour reprendre un slogan d'Als- Montréal ou encore Alstom et Kawasaki pour
le métro de New York), d'autant plus qu'avec de base, alors qu'à Londres (modèle 2009) et
la généralisation du CBTC, ce dernier ne sera Stockholm (futur C30), des adaptations ont été
pas nécessairement fourni par le constructeur nécessaires.
du matériel roulant (Thales produit des CBTC, CAF propose sa solution lnneo, retenue par
mais pas de trains). Et si le marché chinois est 39 projets dans de nombreux pays hispano-
désormais fermé aux trains produits ailleurs, les phones (Espagne, Mexique, Chili, Colombie,
constructeurs de ces derniers peuvent toujours Equateur, Venezuela), mais pas seulement.
participer aux projets en Chine par la fourniture Alger, Bruxelles, Istanbul, Rome et Sâo Paulo
de chaînes de traction (tels Alstom, Bombardier ont également choisi CAF, qui propose tous les
ou Toshiba). niveaux de conduite automatique, mais aus-
La consolidation en cours dans le secteur fer- si des métros à pneus de type parisien, pour
roviaire n'épargne pas les constructeurs spé- Mexico ou Santiago du Chili.
cialisés dans les métros. Pour autant, les plate- CRRC n'a pas donné de nom à ses métros,
formes reprises ou développées par Adtranz pour l'essentiel étudiés avant l'unification du
figurent toujours au catalogue de Bombardier constructeur chinois. Essentiellement présent
et Siemens propose toujours un dérivé du Val en Chine (26 réseaux), CRRC équipe égale-
de Matra. ment deux réseaux en Inde et un dans cinq
Le Metropolis d'Alstom a été commandé par pays (Argentine, Philippines, Iran, Turquie, Ara-
22 réseaux (plus de 5000 voitures vendues), bie saoudite), dont celui de La Mecque.
dans 17 pays, généralement pour de nouvelles Hitachi Rail a repris la gamme de métros auto-
lignes (Saint-Domingue, Panama, Sydney... ) matiques d'Ansaldo STS (avec véhicules Ansal-
dont 300 rames à conduite automatique (Sin- doBreda), soit neuf projets réalisés ou en cours.
gapour... ). Pour autant, Alstom revendique En plus d'intégrer les métros automatiques, An-
avoir produit plus de 17000 voitures en service saldo STS équipe 16 réseaux de son CBTC.
dans plus de 50 réseaux, dont certaines (MF 01 Hors du Japon, Kawasaki est présent sur sept
et MP 05 pour la RATP) utilisent des éléments projets de métro, dont quatre à New York et un
de la plateforme sans en faire partie. dans trois pays (Taiwan, Hongkong et Singa-
Bombardier propose deux gammes de mé- pour).
tros : les automatiques «légers» lnnovia et La famille de métros Inspira de Siemens a
les « lourds » Movia. Héritière des « people aussi certains métros proches du design de
movers » Westinghouse C-100, lnnovia équipe base (Varsovie, 2,65 m de large), certains
essentiellement 16 aéroports, mais aussi s'en éloignent plus (Riyad, 2,74 m de large) et
quatre lignes urbaines courtes. Cette gamme d'autres contiennent des éléments de la plate-
comprend aussi six métros automatiques de forme (comme l'extraordinaire métro de 2,9 m
moyenne capacité, dont le SkyTrain de Van- de Jarge pour Munich). Au total, 950 voitures
Les constructeurs
couver, au mode de propulsion hors normes Inspira ou inspirées de ce dernier ont été com-
proposent souvent
(moteur linéaire). S'y ajoutent quatre monorails mandées par six réseaux dans cinq pays.
une gamme standard
qu'ils peuvent customiser automatiques. Au total, plus de 500 véhicules Siemens propose également les métros auto-
pour les clients sont commandés ou en service. matiques légers CityVal et AirVal, dans la lignée
en fonction des exigences Ce qui est largement moins que les 4000 du Val de Matra. Ce dernier équipe 13 lignes
du réseau (ici le Movia voitures Movia vendues à 28 réseaux. A Bu- dans cinq pays (dont sept S_!Jr cinq réseaux
C30 de Bombardier carest, Delhi, Singapour, Shanghai, Shenzhen en France, dont deux aéroports), avec près de
pour Stockholm). ou Guangzhou, on reste proche du concept 1000 véhicules commandés.
Nouveau venu dans le marché des métros,
Stadler a trouvé sa place dans le « sur-me-
sure », produisant des rames pour les lignes
atypiques comme celles à petit gabarit de Ber-
lin, le Subway de Glasgow ou le réseau Mersey-
rail autour de Liverpool.
Les métros produits par Metrovagonmash,
filiale de Transmashholding, sont en service
sur 19 réseaux de 11 pays, dont nombre ont été
équipés à l'époque soviétique.
Skoda est également présent sur les réseaux
de type sovietique.
Patrick LAVAL