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Abélès Marc. Anthropologie politique de la modernité. In: L'Homme, 1992, tome 32 n°121. Anthropologie du proche. pp. 15-30;
doi : https://doi.org/10.3406/hom.1992.369468
https://www.persee.fr/doc/hom_0439-4216_1992_num_32_121_369468
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sur les mutations qui caractérisent cette fin de siècle dans le domaine tant des
idées que des pratiques, il est clair qu'on ne saurait sous-estimer leur impact
sur les sciences de la société et la manière dont elles abordent leur objet. En
même temps, il est bien évident que la recherche suit un tracé qui lui est propre
et produit des connaissances dans un cadre qu'elle ne cesse de remanier et de
remodeler en fonction de ses questionnements et de ses avancées. Sans mettre
en cause cette autonomie du processus scientifique, il n'est pas inintéressant
de considérer dans quelle mesure et selon quelles modalités se rejoignent
l'interrogation sur le devenir du politique qui caractérise la conjoncture actuelle,
et le travail d'af finement descriptif et conceptuel auquel se livrent les
anthropologues.
Commençons par le commencement : l'idée d'une anthropologie des
pouvoirs n'est pas neuve. Elle est l'héritière de la philosophie des Lumières ; en
se passionnant pour des questions comme celle de l'origine de l'État et des formes
archaïques de la domination, Morgan et ses disciples ne faisaient que prolonger
une tradition encore bien vivace qui mettait l'accent sur le contraste entre les
expressions primitives du politique et celles qui caractérisent les institutions
modernes. L'ethnologue campait en quelque sorte dans l'univers préétatique,
laissant à d'autres le soin d'étudier les pouvoirs contemporains. Mais notons
que si historiens et ethnologues n'éprouvaient guère de difficulté à prendre
quelque distance à l'égard de leur objet, il n'en fut jamais de même pour tous
ceux qui s'intéressaient à l'État moderne. Le principal obstacle, qu'a
parfaitement souligné M. Weber (1965), tient au chevauchement permanent en ces
matières entre discours analytique et discours normatif. Pour L. Strauss (1954 :
205-206), la question du pouvoir, telle qu'elle émerge chez les théoriciens du
droit naturel et les philosophes politiques dès le XVIIe siècle, est inséparable
d'une interrogation sur l'ordre politique juste. Cet entrecroisement du cognitif
et du normatif a profondément marqué l'approche « scientifique » du
politique. Et ce, d'autant plus que l'opposition entre des choix idéologiques
fortement structuré acculait le discours sur le pouvoir à prendre appui, volens nolens,
sur des références de ce type.
Les innombrables travaux consacrés depuis le début du siècle à l'État, à la
démocratie, au centralisme, aux élites, à la bureaucratie, au pouvoir, portent
la trace de débats qui concernent au premier chef les finalités de la politique et
de la société. En soulignant le caractère implicitement téléologique de mainte
étude politique, il ne s'agit pas de formuler un jugement sur leur qualité
intrinsèque, mais plutôt de mettre en évidence un type d'approche inséparable d'un
vaste projet philosophique, en son principe progressiste et visant à frayer la route
des gouvernants vers la justice et celle des gouvernés vers la liberté. Certes il
est très clair que ces considérations n'avaient pas cours dans certains domaines
bien circonscrits, et qui ont connu une remarquable vitalité, qu'il s'agisse des
études d'opinion, des monographies ou de la sociologie électorale, parce qu'on
avait affaire là à des questions jugées plus « techniques » et où les méthodes
quantitatives imposaient un tout autre style. Pour sa part l'anthropologue politiste,
Anthropologie et modernité 17
que d'une constatation simple liée au travail de terrain dans les sociétés où
nous vivons. Elle a contribué à modifier notre appréhension de l'objet
politique en mettant en cause des cadres figés et une pensée dichotomique qui
fonctionnait sur la base de couple d'opposition implicitement admis, tel que
centre/périphérie, local/national, tradition/modernité, etc. Qu'on nous permette
de souligner certains aspects essentiels de cette évolution de l'anthropologie
politique en envisageant successivement deux problèmes auxquels elle se trouve
confrontée : l'un concerne l'articulation territoriale de l'État contemporain et
la gestion des identités en son sein ; l'autre est relatif à la temporalité des
pratiques politiques et à leur inscription dans une historicité qui échappe
partiellement à leur maîtrise.
Tout en manipulant presque inconsciemment l'opposition entre non-État
et État, les anthropologues ont fini par oublier qu'une des caractéristiques
essentielles des sociétés à État consistait dans l'interaction permanente entre local
et global : interaction dont ne rend compte qu'imparfaitement la notion de
centralisation. En associant la centralisation à la nature de l'État moderne, on
tend en effet à masquer la complexité du mode d'enchevêtrement des espaces
politiques, tel qu'on l'observe dans la réalité. Lorsqu'on étudie l'exercise
localisé du pouvoir dans ce contexte, on ne peut éluder la question de l'insertion
de la dimension locale dans un processus politique englobant. C'est la
constatation qu'ont pu faire des chercheurs travaillant dans des groupes et des
collectivités territoriales intégrées de longue date à la vie politique nationale5. Nos
propres investigations dans un département français (Abélès 1989) dont
certains élus participent également au gouvernement du pays nous ont amené à
mettre au premier plan cette question de l'articulation des espaces politiques,
de la construction historique d'identités locales qui loin d'être un donné stable
et permanent, a pu faire au cours des temps l'objet de multiples recompositions.
L'anthropologie des espaces politiques qui s'attache à réinscrire le «
terrain » dans un ensemble ramifié et englobant de pouvoirs et de valeurs offre
aussi le moyen de penser l'État « en perspective », à partir des pratiques terri-
torialisées des acteurs locaux, qu'il s'agisse des politiciens, des gestionnaires
ou des simples citoyens. La nécessité d'envisager sur un mode pluridimensionnel
les stratégies et les modes d'insertion de tous ceux qui, de près ou de loin,
participent au processus politique n'implique nullement de renoncer à l'approche
localisée où les méthodes ethnographiques ont fait leurs preuves. Mais il importe
de substituer à l'illusion du microcosme et de la clôture, une réflexion sur les
conditions de production des univers auxquels se trouvent confrontés les
ethnologues6.
Cette recontextualisation du politique n'est pas seulement d'ordre spatial ;
elle comporte aussi une dimension temporelle. L'objet de l'anthropologue ne
s'identifie plus à la tradition ; ce qui mérite attention, c'est l'agencement de
registres temporels hétérogènes qui impriment leur marque notamment aux savoir-
faire politiques autochtones. La conjugaison, dans l'action, de la reproduction
et de l'innovation, la manière dont des thématiques et des symboliques ancestrales
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démocratie. Le très fort taux d'abstention aux élections récentes en France est
significatif de cette évolution. Plus généralement le désintérêt manifeste à l'égard
des organisations politiques et syndicales n'a d'égal que la méfiance qui entoure
les « professionnels de la politique ». Le contraste est patent entre la richesse
des moyens de communication dont disposent les hommes politiques et leur
incapacité à mobiliser les électeurs. Outre l'abstention, le suffrage négatif est
de mode, qu'il s'agisse de « voter contre » ou de « voter pour le moindre mal »,
manière toute démocratique de signifier un refus de l'état de choses ou
l'inadéquation des alternatives proposées par la classe politique.
Ces comportements sont-ils le simple effet d'une situation politique et
idéologique inédite, et de la difficulté de s'adapter à la nouvelle répartition des
donnes entre les protagonistes d'un jeu jusqu'alors sans surprise ? Cette
explication ne rend compte qu'imparfaitement d'une mutation plus générale qui a
trait au statut même du politique, à la place qui est la sienne dans notre société.
Nous avons pris l'habitude d'associer étroitement la pensée du politique et la
réflexion sur l'État, au point de perdre le recul nécessaire pour adopter, à l'égard
de nos institutions et de leur fonctionnement, un regard où cessent de se confondre
le point de vue analytique et la perspective normative. Qu'on en condamne
l'omniprésence ou qu'on en exalte les bienfaits, on admettait implicitement une
définition de l'État conçu comme un condensé des contradictions de la société,
« résumé officiel » de celle-ci, selon la célèbre formule de Engels. Définition
qui s'accordait avec une situation historique marquée à l'Est et à l'Ouest par
la concentration de l'activité politique dans le cadre de structures façonnées
par les pratiques étatiques et d'organisations politiques et syndicales qui s'étaient
progressivement intégrées dans le même moule institutionnel. On peut avancer
l'hypothèse selon laquelle cette absorption de l'activité du politique par l'État,
le fait que l'État soit devenu le lieu du politique, est le produit d'un processus
historique et par conséquent correspond à une époque éphémère. Cette
hypothèse concorde notamment avec les recherches des anthropologues et des
historiens qui ont clairement montré que l'État n'était qu'un mode de
gouvernement parmi d'autres possibles. Dans ces conditions l'assimilation hâtive entre
modernité et prééminence de l'État présente le danger de rendre
incompréhensible une évolution qui aboutit précisément à déplacer le lieu du politique.
Or c'est sans doute une évolution de ce type que nous vivons aujourd'hui,
et qui affecte très directement notre culture politique. Entendons par culture
politique un ensemble de manières de faire et de penser la politique partagées
par une collectivité humaine. C'est cette culture qui assigne leur place aux hommes
« qui vivent de la politique », selon l'expression de Max Weber. Dans la
démocratie antique la politique est définie par le débat, note M. Finley (1985). Dans
notre société l'activité politique combine trois éléments : outre le débat public
sur des orientations et des choix qui concernent la communauté tout entière
et où s'affrontent les professionnels de la politique et leurs partis respectifs,
il y a la politique comme administration d'une collectivité — l'homme
politique moderne comme entrepreneur public — et la politique comme expression et
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Cette « crise de légitimité » dont fait état Habermas (1985) a d'ores et déjà
bouleversé le paysage politique en créant des zones d'incertitudes dans un jeu
jusqu'alors bien réglé. Alors que les analystes mettent souvent l'accent sur les
caractères négatifs de cette situation, tels que le désintérêt des individus pour
le politique et le « déficit démocratique » qui peut s'ensuivre, on peut, à l'inverse,
prôner une tout autre approche. Il serait certes aisé d'opposer le positif
(émergence de nouveaux contenus et, à terme, régénération possible du tissu
politique de nos sociétés), mais sans sacrifier à une démarche soucieuse de soupeser
le plus et le moins, à la multiplicité des diagnostics si pertinents soient-ils, on
préférera prendre les pratiques politiques pour ce qu'elles sont, afin de mieux
comprendre le déplacement du lieu du politique qui s'opère aujourd'hui. Dans
cette perspective deux axes de recherche nous paraissent essentiels : l'un est
relatif à la représentation politique et aux modes de construction de la
légitimité ; il s'agit de mettre en relief les conditions de production et de pérennisation
de ceux qui exercent le pouvoir, mandatés par la société civile. Parallèlement,
et c'est le second axe, il importe d'envisager les formes de territorialisation du
politique et l'évolution qui affecte nos pratiques de l'espace politique. Nous
retrouvons là la question de la recomposition de cet espace, dans un contexte
historique marqué par la mise en cause du paradigme État/nation et des
catégories d'identité nationale et de centralisme qui s'y rattachent. On voit ainsi
se dessiner les lignes de forces d'une problématique plus générale7 qui peut
orienter de manière féconde le travail des anthropologues, mais à condition
que ceux-ci mettent en place une stratégie d'investigation appropriée.
La démarche la plus efficace, en la matière, consiste à procéder de biais,
en mettant au jour certains aspects de l'action politique qui n'apparaissent pas
nécessairement comme les plus essentiels. On peut donner l'exemple des recherches
consacrées depuis quelques années au rituel et à la symbolique politique. A
première vue, on a affaire à Pinessentiel, au décorum, au cérémonial, par
opposition à l'action proprement dite. Observer des hommes d'État se livrant à des
commémorations ou inaugurant des monuments, décrire des cortèges de
manifestants, s'intéresser aux voyages officiels des grands de ce monde, tout cela
peut donner une impression de gratuité et d'esthétisme. En fait, en analysant
ces phénomènes on s'aperçoit rapidement que ce qui est en jeu dans de telles
pratiques, c'est la façon dont une société pense la légitimité et les échanges
symboliques entre la strate politique et le reste de la société. Grâce aux
historiens, nous disposons d'études très approfondies de ces échanges symboliques
dans les sociétés d'ancien régime. De leur côté les ethnologues ont beaucoup
écrit sur les formes rituelles associées aux univers politiques exotiques. La
reconnaissance de l'imbrication du symbolique et du politique ne pouvait que
stimuler l'anthropologie du rituel politique dans les sociétés acéphales et dans
les États archaïques. En ce qui concerne la société contemporaine, le fait
d'étudier dans la même perspective la communication politique moderne permet de
mettre en relief les rapports de sens et les rapports de force qui orientent nos
pratiques.
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Août 1990
CNRS, Paris
Laboratoire d'Anthropologie sociale
NOTES
1. « L'anthropologie politique aujourd'hui » (Izard, ed., 1988) offre un intéressant aperçu de la
démarche d'anthropologues confrontés à des terrains très différents. Sur ces thèmes, on peut
également se référer aux ouvrages d'ABÉLÈs 1990, de Balandier 1985, Kertzer 1988, Pourcher 1987.
2. Les « Études d'anthropologie politique » (1973) témoignent de la fécondité des recherches
anthropologiques en ce domaine : sur leurs enjeux théoriques, voir l'éclairante introduction de J. Pouillon.
3. On se référera sur ce point aux remarques de Lefort 1986.
4. On renvoie ici notamment à Boissevain 1965, et Schneider 1976.
5. Voir à ce sujet Abélès, éd. 1986 et Rogers 1991.
6. C'est la démarche qu'ont adoptée G. Althabe et son équipe dans leurs travaux d'anthropologie
urbaine (Althabe et al. 1985).
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7. Pour un exposé plus détaillé de cette problématique, voir Abélès 1990. Ne pouvant, dans les limites
de cet article revenir sur la question des espaces politiques, on renverra sur ce point le lecteur à
un texte publié antérieurement (Abélès 1988b).
8. Kubik s'est intéressé plus particulièrement aux vingt dernières années, marquées par la contestation
des pratiques politiques officielles et par la montée en puissance de Solidarité. Dans un contexte
différent, mais selon une approche analogue, voir aussi les travaux de Me Leod (1990, 1991) sur
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ABSTRACT
Marc Abélès, The Political Anthropology of Modernity. — Recent developments in political
anthropology must be placed in their general context: on the one hand, the evolution of
the discipline as it becomes interested in phenomena having to do with power in our own
societies; and on the other, a crisis of traditional legitimacy along with political upheaval. It
is increasingly necessary to look at the ways that power is acquired and transmitted but
also to examine political actions in everyday life, in particular the symbols and rites associated
with them. Anthropology can help us understand the changes under way by taking into
account the multilayered complexity of political reality.
RESUMEN
Marc Abélès, Antropología política de la modernidad. — Los desarrollos recientes de la
antropología política deben de ser localizados en un contexto mas amplio. Por una parte
observamos una evolución de la disciplina que conduce a interesarse a los fenómenos de
poder en nuestras propias sociedades. Por otra nos enfrentamos a una crisis de legitimidades
tradicionales y a un derrumbamiento del paisaje político. Cada vez es mas acuciante considerar
de diferente manera los modos de adquisición y devolución del poder, aunque también el
cotidiano de la acción política, el simbolismo y los rituales que se le asocian. La antropología
puede ayudarnos de esta manera a pensar en las mutaciones que se llevan a cabo, restituyendo
toda la importancia y la complejidad de la realidad política.