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Moles Abraham. Notes pour une typologie des événements. In: Communications, 18, 1972. L'événement. pp. 90-96;
doi : https://doi.org/10.3406/comm.1972.1261
https://www.persee.fr/doc/comm_0588-8018_1972_num_18_1_1261
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dont il n'est qu'un des aspects; il aboutira lui-même à un marché noir et à des
événements successifs [crime, pillage etc.) qui ont une relation causale nette
avec lui. En fait, le phénomène observé n'est événement que précisément dans la
mesure où cette chaîne causale n'est pas claire aux yeux de l'observateur, sinon
il est récupéré dans la rationalité déterministe. Ce n'est que par abus de langage
qu'on qualifie « d'événements » des manifestations répétitives et dont la période
de répétition est connue et mémorisable : les marées d'équinoxe sont des
événements pour les touristes, et des faits ou des phénomènes pour les habitants des
côtes bretonnes.
L'événement se cristallise, se fige et, par là, se détruit dans le document qui est
la « Nouvelle » inscrite en archives, cataloguée en statistiques, datée et
répertoriée sur une quelconque fiche.
Dans la pratique sociale, les « événements » sont liés à la renommée des êtres
qui les subissent : la mort du chien de Brigitte Bardot est un événement. Les
personnages célèbres peuvent donc être considérés a priori comme des sources
d'événements, en tout cas, dans une courte période de leur histoire, car certains
personnages deviennent célèbres parce qu'ils ont vécu beaucoup d'événements
et tout micro-événement qui leur arrive par la suite est promu au titre
d'événement proprement dit à partir d'un certain seuil de célébrité du porteur. Il y a
donc un cycle de sécrétions événementielles qui construit le personnage public.
L'individu anonyme participe ou mieux, crée de toute pièce l'événement : ainsi de
l'expédition de Thor Heyerdahl sur le Kontiki; l'individu étant monté au-dessus
du seuil d'anonymat (ou de célébrité), les aventures qu'il a avec son divorce ou
son mariage, seront promues au niveau de l'événement, et s'il a ensuite quelques
démêlés avec x, y, ou z, ceux-ci ont droit à l'intérêt de la société. Ce cycle
événementiel est donc pratiquement créé par les mass media qui ne sont ici que des
amplificateurs très puissants du mécanisme de célébrité tel qu'il a existé de tout
temps.
L'événement est situé dans l'espace et dans le temps. Dans le temps, c'est sa
date, mais la notion d'environnement est un aspect sous-estimé par les
historiens, grands spécialistes jusqu'à présent des événements. Pourquoi les
journalistes fréquentent-ils le bar du Grand Hôtel d'un pays en guerre? Parce qu'ils
savent de façon plus ou moins intuitive que la densité des événements au mètre
carré y est plus grande qu'à 200 mètres de là. La répartition spatiale des
événements ou tout au moins de leurs traces par unité de surface définit des lieux
fertiles en péripéties et aucune étude sérieuse de toposociologie n'a été faite à cet
égard; il est bien évident que le nombre d'événements est lié à la nature des
personnages qui fréquentent tel ou tel lieu, à leur importance passée, présente
ou future, c'est-à-dire à leur pouvoir de décision et qu'il y a des lieux
fonctionnels à la création d'événements : cabines téléphoniques, antichambres
ministérielles, cols de montagne ou champs de bataille.
Dans la promotion de la quotidienneté, établie par le système social
contemporain, les chances pour un individu donné de participer à un événement sont
plutôt moins grandes que celles qu'il pouvait avoir à l'époque de la Guerre de
Trente ans, ceci entre autres, à cause de la tendance homéostatique à la
sécurisation des êtres; mais ce point mériterait d'être discuté sur le plan d'une théorie
de l'histoire, car il n'est pas dit que nous parvenions effectivement à une fin de
l'histoire. On peut légitimement définir, par exemple, le centre de la ville comme
le lieu où la densité des micro-événements est maximum. A cet égard, une
grandeur spécifique d'un ensemble d'événements est l'entropie, ou, plus simplement,
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1. d'une part ce que jamais on n'a vu deux fois, ce qui est le produit d'un
aléatoire, ce qui, en bref, est événementiel;
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