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• 1 – « Car ces très savants gentilshommes [ceux de la Camerata Bardi] m’ont toujours encouragé,
et convaincu par des raisons très claires, de ne pas priser cette sorte de musique qui, en ne laissant
pas bien comprendre les paroles, gâte l’idée et le vers, en allongeant ici et en raccourcissant là les
syllabes pour s’adapter au contrepoint, lacération de la Poésie, mais de m’en tenir à la manière si
louée par Platon et d’autres philosophes, qui airment que la musique n’est pas autre chose que
le texte, le rythme et enin le son, et non le contraire. […] Ils me dirent qu’ils n’avaient jamais
entendu jusqu’ici autant d’harmonie émanant d’une seule voix seule accompagnée d’un simple
instrument à cordes, qui possédât autant de force pour remuer les passions de l’âme », G. Caccini,
J.-P. Navarre (dir.), Le nuove musiche, Paris, Le Cerf, 1997, p. 49-51.
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dans un traité consacré aux diférents genres musicaux : s’il reconnaît le « diletto »
que procure un concert de voix, plus sonore et plus varié, « la perfection de la
musique consiste dans la grâce et la beauté du chant, et à faire entendre tous les
sentiments du poète, sans que les mots se perdent […] car la inalité de la musique
n’est pas le plaisir (diletto), mais le mouvement des passions (commotione degli
Afetti 2) », c’est-à-dire à proprement parler l’émotion. La musique, la gestuelle et
tous les agréments (décors, éclairage, position des musiciens) qui gravitent autour
des premières représentations dramatiques intégralement chantées, ne font qu’ac-
compagner en efet une parole porteuse de toute la gamme des émotions ; ils la
servent et lui sont donc entièrement subordonnée. Cela signiie que la voix du
chanteur 3, du moins dans le premier tiers du xviie siècle, se confond avec la
déclamation pathétique ayant une valeur d’épiphanie, à l’exclusion de toute forme
de virtuosité gratuite qui fera, au contraire, la fortune des chanteurs « stariiés »
de la in du siècle.
Pour tenter d’approcher au plus près les caractéristiques vocales du chanteur
italien du Seicento, nous aborderons trois traités de dramaturgie musicale qui
illustrent assez bien l’évolution de ce genre moderne, depuis la fable pastorale
lorentine des années 1620, jusqu’au dramma per musica vénitien dominant désor-
mais toute la péninsule dans les dernières décennies du xviie siècle. Dans Il Corago,
ovvero alcune osservazioni per metter bene in scena le composizioni drammatiche,
un traité anonyme demeuré inédit jusqu’au xxe siècle 4, l’auteur – probablement
Pierfrancesco Rinuccini, ils du poète Ottavio 5 – décrit en efet, sur le mode pres-
criptif, toutes les modalités de représentation du drame musical : ses observations
portent sur la construction de la salle, les décors, la machinerie, l’éclairage, la
disposition des musiciens, les rapports entre le poète et le compositeur, la durée
• 2 – « La perfettione della Musica consiste nel bello e gratioso cantare ; e nel fare intendere tutti i
sentimenti del poeta, senza che le parole si perdano […] non essendo il ine della Musica il Diletto, ma la
commotione degli Afetti », G. B. Doni, Discorso sopra la perfettione delle Melodie, in Id., Compendio
del Trattato de’ Generi e de’ Modi della Musica, Roma, Andrea Fei, 1635, p. 103.
• 3 – Sur la voix au xviie siècle, dans le domaine poétique, théâtral et musical, nous renvoyons
à deux ouvrages : La voix au XVIIe siècle, Littératures classiques, n° 12, 1990 ; Olivia Rosenthal
(dir.), À haute voix. Diction et prononciation aux XVIe et XVIIe siècles, Paris, Klincksieck, 1998. Plus
spéciiquement sur le chanteur d’opéra italien, cf. S. Durante, « Le chanteur », Histoire de l’opéra
italien, tome 4, « Le système de production et ses implications professionnelles », Liège, Mardaga,
1992, p. 367-441 ; J. Rosselli, Il cantante d’opera. Storia di una professione (1600-1990), Bologna,
Il Mulino, 1993.
• 4 – L’ouvrage fut publié seulement en 1983 : cf. Paolo Fabbri e Angelo Pompilio (dir.), Il Corago,
ovvero alcune osservazioni per metter bene in scena le composizioni drammatiche, Firenze, Olschki,
1983.
• 5 – L’hypothèse est argumentée de façon convaincante par Fabbri et Pompilio dans l’introduction
à leur édition (ibid., p. 9).
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d’un opéra (entre trois et cinq heures) et surtout, sur la manière de chanter une
poésie dramatique représentée sur scène et tout entière accompagnée de musique.
L’auteur insiste tout d’abord sur la nécessité irréfragable de la monodie déclamée,
seule apte à assurer l’intelligibilité du texte poétique eu égard aux dérives d’un
chant polyphonique fondé sur l’idiosyncrasie de l’interprète :
« Ora non è dubbio che meglio una persona sola cantando fa intendere le
parole alli ascoltanti, che non fanno molti insieme, imperoché se bene si
componghi la musica a più voci di modo che tutti i cantori pronunziano
insieme tutte le medesime sillabe (cosa che a lungo andare rende l’armonia
priva di grazia portando languore e noia), nulladimeno la pronunzia stessa
della medesima sillaba ha diversità individuale appresso diverse personé,
imperoché questa vocale a da uno sarà proferita più largamente onde si
avicina al o, da un altro può venir pronunziata più stretta onde si accosta
al u, sì che dalla diversità di questa medesima vocale proferita insieme da
cinque o sei persone ne nasce una tal confusione che non si pénétra se si
pronunzi l’a o vero l’o o pure l’u, onde tanto meno poi si possono intendere
le parole intiere 6. »
Il insiste ensuite, dans le chapitre consacré aux diférentes manières de « mettre
en musique les actions dramatiques », sur l’importance de la gravitas, de la lenteur
de la déclamation, garante d’une parfaite élocution 7. Ce point de vue est justiié
par des considérations logiques liées à la spéciicité même du recitar cantando
et à la question de la réception du texte déclamé : si l’acteur, qui est dans une
• 6 – « Or il ne fait point de doute qu’une personne seule qui chante fait mieux entendre les paroles
aux auditeurs que plusieurs personnes chantant ensemble, car la musique à plusieurs voix est
composée de telle sorte que tous les chanteurs prononcent ensemble les mêmes syllabes (chose qui
à la longue ôte à l’harmonie sa grâce en suscitant langueur et ennui), néanmoins la prononciation
de la même syllabe est diférente selon les individus : la voyelle a sera prononcée par untel plus
ouvertement en se rapprochant du o, par un autre de manière plus serrée en se rapprochant du u,
si bien que de la diversité de cette voyelle prononcée par cinq ou six personnes à la fois naîtra une
confusion telle que l’on ne saura si l’on prononce le a, le o ou bien le u, et l’on entendra d’autant
moins sûrement les paroles tout entières », ibid., p. 43.
• 7 – Ce point avait déjà été soulevé par Leone de’ Sommi en 1575 : « Je leur [aux acteurs] interdit,
ensuite, comme un vice abominable, d’accélérer [leur débit] ; au contraire, si je peux, je les oblige
à réciter très lentement, et je dis bien très lentement, en les faisant articuler sans hâte toutes les
paroles jusqu’aux dernières syllabes. […] Et je veux que vous sachiez que, bien que souvent celui qui
récite ait l’impression de parler lentement, ce n’est jamais si lent qu’à l’auditeur cela ne semble très
rapide, pourvu que la récitation ne soit pas hachée, mais soutenue, de façon à ne pas être afectée
et ennuyeuse », (Come vizio pestilente, poi, li proibisco lo afrettarsi, anzi li costringo, potendo, a recitar
molto adagio, et dico molto, facendoli esprimere con tardità ben tutte le parole in all’ultime sillabe […]
Et voglio che sappiate che, quantunque spesso paia a chi recita in scena di dire adagio, non è mai tanto
tardo che a l’uditore non paia velocissimo, pur che ‘l dir non dia spezzato, ma sostenuto, in modo che
non induca afettazione et noia), L. De’ Sommi, F. Marotti (dir.), Quattro dialoghi in materia di
rappresentazione sceniche, Milano, Il Poliilo, 1968, p. 40-41.
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posture d’artiice, doit déclamer lentement son texte pour signiier à la fois la
maîtrise du discours et en assurer la perception auprès de l’auditoire, a fortiori
le chanteur – tout autant acteur au xviie siècle 8, – qui superpose deux types de
discours, l’un musical, l’autre théâtral, devra renforcer le caractère solennel de sa
déclamation dont l’intelligibilité risque d’être entravée par la juxtaposition même
de ces deux langages. La conséquence directe et logique de ces observations est que
pour pouvoir bien chanter, il faut savoir bien déclamer 9, et la déclamation repose,
au théâtre comme à l’opéra, sur une forte concentration d’énergie appliquée aux
éléments pathétiquement signiiants du discours. C’est précisément cette concen-
tration énergétique de la déclamation chantée – et, nous le verrons, sa composante
éminemment rhétorique – qui confère au style vocal du xviie siècle son caractère
artiiciel. La précellence de la déclamation musicale suppose la maîtrise absolue
du texte, mais implique aussi la primauté du poète sur le musicien, et consé-
quemment le rejet des trilles, des passaggi et autres gorgheggi qui lattent l’oreille
au détriment d’une représentation eicace, c’est-à-dire rhétorique et pathétique,
des afetti. L’aria, qui ne deviendra que dans la seconde moitié du xviie siècle la
forme musicale dominante à l’opéra, est dans le premier tiers du Seicento, un
élément tout à fait secondaire de la déclamation musicale : elle est d’abord placée
hiérarchiquement à la seconde place dans les diférentes manières d’appréhender
musicalement la parole poétique 10, car elle présente l’inconvénient de ne pas être
toujours conforme à la représentation des afetti, en raison d’une non parfaite
adéquation entre la ligne mélodique – par déinition portée à une forme d’autono-
misation – et les mots qu’elle « habille ». Entre un soutien minimaliste du musicien
à une parole proche de la déclamation parlée et la prééminence arbitraire de la
musique des arie, la seule manière authentique d’envisager la « musica recitativa »
est celle qui accorde à la parole un poids non seulement prioritaire, mais absolu :
la variété prosodique, la charge pathétique qu’elle induit, suscitent le « diletto » et
repoussent en conséquence le risque de monotonie, le « tedio » provoqué à la fois
par un accompagnement musical monocorde et par une ligne mélodique riche et
• 8 – Cf. A. Maugars : « Outre ce, ils sont presque tous Comédiens naturellement ; et c’est pour
cette raison qu’ils réussissent si parfaitement bien dans leurs Comédies Musicales », A. Maugars,
Response faite à un curieux sur le sentiment de la Musique d’Italie, escrite à Rome le premier octobre
1639 (s. l. n. d.), édition et traduction J. Heuillon, Paris, GKC, 1992, p. 24.
• 9 – « Surtout, pour être bon récitant en chantant, il faut être aussi bon récitant en parlant, car
nous avons vu que ceux qui avaient démontré une grâce particulière en déclamant ont fait des
merveilles lorsqu’il ont su chanter », (Sopra tutto per esser buon recitante cantando bisognerebbe esser
anche buono recitante parlando, onde aviamo veduto che alcuni che hanno avuto particolar grazia in
recitare hanno fatto meraviglie quando insieme hanno saputo cantare), ibid., p. 91.
• 10 – « Cette seconde manière d’accompagner par la musique la poésie… », (Questo secondo modo
d’accompagnare con musica la poesia…), ibid., p. 60.
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• 11 – N. Pirrotta, Li due Orfei, Torino, Einaudi, 1975 ; A. L. Bellina, L’ingegnosa congiunzione.
Melos e immagine nella « favola » per musica, Firenze, Olschki, 1984 ; Piero Gargiulo (dir.), « Lo
stupor dell’invenzione ». Firenze e la nascita dell’opera, Atti del Convegno Internazionale di Studi,
Firenze (5-6 octobre 2000), Firenze, Olschki, 2001.
• 12 – Cf. F. Decroisette, « “Lo stupore” et “la meraviglia” : étude de réception », F. Decroisette,
F. Graziani, J. Heuillon (dir.), La naissance de l’Opéra. Euridice 1600-2000, Paris, L’Harmattan,
2001, p. 337-368.
• 13 – « Étant donné qu’il s’agissait de poésie dramatique, et qu’il fallait par conséquent imiter
par le chant qui parle (et sans aucun doute on n’a jamais parlé en chantant), j’estimai que les
anciens Grecs et Romains (qui, selon une opinion fréquente, chantaient entièrement sur scène les
tragédies), employaient une mélodie qui, dépassant celle du parler ordinaire, et restant en deçà du
chant prenait une forme intermédiaire. » Onde veduto, che si trattava di poesia Dramatica, e che però
si doveva imitar col canto chi parla (e senza dubbio non si parlò mai cantando) stimai che gli antichi
Greci e Romani (i quali secondo l’openione di molti cantavano su le Scene le Tragedie intere) usassero
un’armonia, che avanzando quella del parlare ordinario, scendesse tanto dalla melodia del cantare, che
pigliasse forma di cosa mezzana. J. Peri, « A’ Lettori », Musiche sopra l’Euridice, Firenze, Giorgio
Marescotti, 1600, SP.
• 14 – M. Da Gagliano, « Il piacere e lo stupore che partorì negli animi degli uditori questo
nuovo spettacolo non si può esprimere : basta solo che per molte volte ch’ella s’è recitata, ha
generato la stessa ammirazione e lo stesso diletto », La Dafne … Rappresentata in Mantova,
Firenze, Cristofano Marescotti, 1608, SP. Le livret, dans la version primitive de 1598, a été édité
dans « I Meridiani », Giovanna Gronda, Paolo Fabbri (dir.), Libretti d’opera italiani dal Seicento
al Novecento, Milano, Mondadori, 1997, p. 3-20.
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demi-siècle le chant italien, repose en réalité sur un double paradoxe : ce qui est
présenté comme une révolution (« cosa mai udita ») revendique, nous venons de
le voir, une iliation avec le théâtre des Anciens 15 ; par ailleurs, la « révolution »
que constitue le « recitar cantando » se déinit en fait par une sorte d’imitation du
parler nature 16. La musique accompagnant la parole poétique reproduit les modu-
lations du « recitar comune », adhère au plus près à la prosodie d’une parole certes
poétique, mais restituée « comme si les vers semblaient réduits à de la prose 17 »,
nous dit encore l’auteur du Corago, ain de privilégier une fois de plus le sens,
véhicule des afetti.
Cette insistance particulière sur la précision dans la déclamation, la clarté
de l’élocution revient très souvent aussi bien dans les traités prescriptifs rédigés
tout au long du siècle que dans les nombreux témoignages sur les grandes igures
vocales, y compris lorsque l’opéra s’ouvre au public et cesse d’être un spectacle
exclusivement aristocratique. La forme intermédiaire que constitue d’une certaine
façon l’école romaine, qui tout en restant un genre élitiste s’ouvre au mélange des
registres, respecte la même exigence, comme en témoigne notamment le voyageur
français Jean-Jacques Bouchard qui laissa un compte-rendu précieux du carnaval
romain de 1632 durant lequel il assista à la représentation du Sant’Alessio de Giulio
Rospigliosi et Stefano Landi. Dans cet opéra, « toute la representation fut recitée
en musique avec ces stili recitativi qu’ils usent en Italie, et l’on oyait toutes les
parolles aussi distinctement que s’ils n’eussent fait que parler 18 ». Et à partir de
1637, les premiers opéras populaires vénitiens, s’ils représentent une véritable révo-
• 15 – Cf. les propos de Rinuccini qui font écho à ceux de Peri précédemment cités : « Selon une
opinion très répandue, ô reine très Chrétienne, les anciens Grecs et Romains chantaient entière-
ment sur scène leurs tragédies, mais une si noble manière de chanter ne fut non seulement renou-
velée, mais non plus que je sache jusqu’à présent adoptée par personne, ce que je croyais être un
défaut de la musique moderne, de très loin inférieure à la musique ancienne. Mais une telle pensée
me fut totalement ôtée de l’esprit par M. Jacopo Peri… », (E stata openione di molti, Christianissima
Regina, che gl’antichi Greci e Romani cantassero su le scene le Tragedie intere, ma sì nobil maniera di
recitare non che rinnovata, ma ne pur, ch’io sappia in qui era stata tentata da alcuno, e ciò mi credev’io
per difetto della musica moderna di gran lunga all’antica inferiore, ma pensiero sì fatto mi tolse intera-
mente dell’animo M. Jacopo Peri…), O. Rinuccini, « Alla Christianissima Maria Medici regina di
Francia e di Navarra », L’Euridice […, In Fiorenza, Nella stamperia di Cosimo Giunti, 1600, SP.
• 16 – « Cette musique récitative n’étant rien d’autre qu’une imitation modulée de la déclamation
ordinaire… », (non essendo altro questa Musica recitativa che una imitazione modulata del commun
recitare), Il Corago, op. cit., p. 82.
• 17 – « I suggetti che si recitano sono ordinariamente o in versi o in prosa ; quelli in versi deve
pogerli talmente che paino ridotti in prosa », ibid., p. 97.
• 18 – J.-J. Bouchard, « Le carnaval à Rome en 1632 », Id., Emanuele Kanceff (dir.), Journal, I,
Torino, G. Giappichelli, 1976, p. 152. Le manuscrit du Journal sur lequel se fonde cette édition,
est conservé à la bibliothèque des Beaux-Arts de Paris.
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lution dans le système de production d’un genre devenu désormais un négoce 19,
une entreprise à proprement parler, n’en gardent pas moins une certaine iliation
avec l’esthétique lorentine, dans le choix des sujets mythologiques (ils reviendront
en force dans la production du Teatro Novissimo entre 1641 et 1645 20), dans
l’usage des machines et dans la prédominance encore forte du recitar cantando.
Précisément, le lien le plus étroit entre le nouveau contexte musical vénitien et
la dimension néo-platonicienne des conceptions lorentines d’une musica rheto-
ricans est assuré par la libertine académie des Incogniti 21, dont de nombreux
dramaturges per musica irent partie (Giulio Strozzi, Giovan Francesco Busenello,
Giovanni Battista Fusconi ou encore Scipione Errico). Les drames mythologiques
du Novissimo représentés sous son égide, n’hésitent cependant pas à mêler les
diférents registres, selon une esthétique – inspirée de l’école romaine – que l’on
peut d’ores et déjà qualiiée de vénitienne. Parallèlement aux représentations qui
ont lieu dans les salles plus modestes, comme le San Cassiano ou le San Giovanni e
Paolo, cette typologie des voix plus diversiiée (aux personnages nobles répondent
les igures allégoriques ou divines, ainsi que les vieilles nourrices nymphomanes
héritées de la comédie érudite de la Renaissance), ofre ainsi au public un éventail
vocal jusque là absent des pastorales musicales, rétives à introduire toute dimension
comique 22. Ces représentations trouvent un écho dans les débats académiques 23
dans lesquels la musique et la voix du chanteur qui l’incarne réactualisent l’idée
néo-platonicienne de l’harmonia mundi. Dans les Bizzarrie academiche de Giovan
Francesco Loredano, fondateur des Incogniti, plusieurs discours sont consacrés
• 19 – L’expression est présente chez Ivanovich, le premier historien de la vie théâtrale et musicale
vénitienne : « In Venezia è [il teatro di musica] fatto negozio », C. Ivanovich, Memorie teatrali di
Venezia, dans Minerva al tavolino, Venezia, Pezzana, 1681, p. 378.
• 20 – Après l’Andromeda de Ferrari et Manelli qui inaugura le théâtre San Cassiano en 1637, le
théâtre Novissimo, première salle expressément construite pour des représentations d’opéra, sous
l’égide de l’académie des Incogniti, se distingua par la production d’un certain nombre de drames
mythologiques : La inta pazza (1641), Il Bellerofonte (1642), L’Alcate (1642), La Venere gelosa
(1643), La Deidamia (1644) et L’Ercole in Lidia (1645).
• 21 – Sur cette académie, cf. M. Miato, L’accademia degli Incogniti di Giovan Francesco Loredano
(1630-1661), Firenze, Olschki, 1998 ; J.-F. Lattarico, Venise Incognita. Essai sur l’académie liber-
tine au XVIIe siècle, Paris, Honoré Champion, 2012.
• 22 – Cet interdit est lié à la nature même de la déclamation chantée (« ragionare armonico ») ;
considérée comme « plus élevée, plus majestueuse, plus douce et plus noble que le parler ordinaire »
(Il Corago, op. cit., p. 63), elle ne saurait prendre en compte que les personnages sublimes et divins,
ce qui exclut « les personnes proches de notre temps », dont font partie traditionnellement les
personnages comiques.
• 23 – Cf. I. Cavallini, « L’armonia come utopia e le dissonanze del reale : la musica nel dibattito
di alcune accademie venete del Seicento », Francesco Passadore, Franco Rossi (dir.), Musica,
scienza e idee nella Serenissima durante il Seicento (13-15 décembre 1993), Atti del Convegno
internazionale di studi, Venezia – Palazzo Giustinian Lolin, Venezia, Edizioni Fondazione Levi,
1996, p. 107-117.
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• 24 – S. Guazzo, La civil conversatione […] divisa in quattro libri, Venezia, Salicato, 1579.
• 25 – Cf. G. Benzoni, « La simbologia musicale nelle imprese accademiche », Studi veneziani,
n. s., XXII, 1991, p. 117-136. Article dans lequel l’auteur étudie, entre autres, la portée musicale
de la devise des Incogniti.
• 26 – « Se sia più potente ad innamorare o bel volto piangente o bel volto cantante », G. F.
Loredano, Bizzarrie academiche, Parte prima, Venezia, Ad istanza dell’Academia, 1648, p.
206-230.
• 27 – « Composto di voci, e di spirito, e quasi un’anima dell’anima stessa », « rapisce i cuoir,
tiranneggia l’anime, e fa vedere gli huomini, quasi in estasi amorosa, imparadisati, per così dire
di gioia », ibid., p. 219.
• 28 – C’est précisément la critique d’une musique scénique devenue objet de négoce, « instru-
ment d’un commerce indigne », qui est à l’origine de la satire de Loredano contre Anna Renzi,
coupable d’avoir un contact direct avec l’argent et pour cette raison même exclue du Parnasse, (G.
F. Loredano, « Anna Renzi chiede luogo in Parnaso, e non viene ricevuta », Bizzarrie academiche,
Parte seconda, Venezia, Valvasense, 1647, p. 217-220). C’est Apollon qui déplore que « la musique,
qui est un attribut divin, soit devenue l’instrument d’un commerce indigne », (la Musica, ch’è un
attrovato divino, divenuta stromento d’una poco honorata mercantia), ibid., p. 219.
• 29 – Sur Barbara Strozzi, cf. E. Rosand, « Barbara Strozzi, “virtuosissima cantatrice” : he
Composer’s Voice », Journal of American Musicological Society, XXI, 1978, p. 241-281.
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• 35 – « Non proferiva sillaba, che l’Orecchie non invaghisse, non formava pianto, che non havesse
compagni nelle lagrime », Le glorie della Signora Anna Renzi Romana, Venezia, Surian, 1644, p. 6.
• 36 – « Ha una lingua sciolta, una pronuntia suave, non afettata, non presta, una voce piena,
sonora, non aspra, non roca, ne che ti ofenda con la soverchia sottigliezza », ibid., p. 9.
• 37 – « Mais j’ai déjà souvent réléchi sur l’origine de cette grâce, et, si on laisse de côté ceux qui la
tiennent de la faveur du ciel, je trouve qu’il y a une règle très universelle, qui me semble valoir plus
que tout autre sur ce point pour toutes les choses humaines que l’on fait ou que l’on dit, c’est qu’il
faut fuir, autant qu’il est possible, comme un écueil très acéré et dangereux, l’afectation, et, pour
employer peut-être un mot nouveau, faire preuve en toute chose d’une certaine désinvolture, qui
cache l’art et qui montre que ce que l’on a fait et dit est venu sans peine et presque sans y penser »,
B. Castiglione, Le livre du courtisan, présenté et traduit de l’italien d’après la version de Gabriel
Chappuis (1580) par Alain Pons, I, Paris, G.-F./Flammarion, 1991, 26, p. 54.
• 38 – « La nostra Signora Anna è dotata d’una espressione sì viva, che paiono le risposte, e i discorsi
non appresi dalla memoria, ma nati all’hora », ibid., p. 8.
• 39 – « Grande intelletto, molta imaginativa, e bella memoria, come se non fussero queste tre cose
contrarie, e non havessero nell’istesso sogetto alcuna naturale oppositione », ibid., p. 10.
• 40 – C’est le cas par exemple de la description – quasi contemporaine de celle d’Anna Renzi – de
la voix du castrat Loreto Vittori, également compositeur et poète, dont l’accent est mis tout aussi
bien sur ses dons de virtuose que sur sa parfaite maîtrise de l’élocution : « Il a une voix gracieuse
et splendide, capable d’exécuter n’importe quelle variation, n’importe quel changement, et d’une
souplesse telle qu’elle répond facilement à toute sollicitation ; elle est tour à tour aiguë, grave,
rapide, lente, forte, légère… Ce véritable artiste, s’il doit représenter la voix et les paroles d’un
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d’Italie, Maugars décrivait à son tour la voix de l’autre « diva » du Seicento, Leonora
Baroni :
« Je me contenteray seulement de vous dire, qu’elle est douée d’un bel
esprit, qu’elle a le jugement fort bon, pour discerner la mauvaise d’avec la
bonne Musique ; qu’elle l’entend parfaitement bien, voire mesme qu’elle
y compose : ce qui fait qu’elle possède absolument ce qu’elle chante, et
qu’elle prononce et exprime parfaitement bien le sens des paroles. […] Elle
chante avec une pudeur asseurée, avec une généreuse modestie, et avec une
douce gravité. Sa voix est d’une haute estendüe, juste, sonore, harmonieuse,
l’adoucissant et la renforçant sans peine et sans faire aucunes grimaces 41. »
Dans les préfaces et autres adresses au lecteur de plusieurs drammi per musica
vénitiens 42, les auteurs ne cessent de souligner l’importance de la voix – élément
de l’actio dans la rhétorique des anciens – dans la restitution idèle des afetti.
L’incarnation d’une parole faite chair, dans sa matérialité sonore et physique, est,
on le sait, ce qui déinit fondamentalement l’esthétique baroque de la déclama-
tion, au théâtre comme à l’opéra. Si l’évolution du genre a abouti, dans la seconde
moitié du siècle, à un accroissement des formes closes, au détriment des récitatifs
de plus en plus réduits, certains témoignages de voyageurs étrangers montrent
malgré tout la persistance de cette attention particulière à l’élocution et partant à
la parfaite intelligibilité du texte poétique, ce dernier fût-il d’une qualité moindre
que celui des premiers drames musicaux.
Dans La ville et la république de Venise, publié en 1680, témoignage précieux
d’un voyage accompli entre 1672 et 1674, le français Alexandre Toussaint de
Limojon consacre un chapitre aux opéras dans lequel plane constamment la
comparaison entre la musique française et italienne – dans l’esprit d’un Maugars 43,
homme bouleversé par la colère, se choisit une voix aiguë, excitée, souvent précipitée ; s’il doit
montrer de la compassion et de la tristesse, une voix lexible, brisée, plaintive ; s’il doit exprimer la
crainte, il utilise une voix soumise, hésitante, humiliée… Et comme il se fait admirer par la clarté
de la voix et l’articulation limpide des paroles ! », J. N. Erythraeus (G. V. Rossi), Pinacotheca
altera, Colonia (Amsterdam), Kalcovius, 1645, p. 215-221, cité par S. Durante, « Le chanteur »,
Histoire de l’opéra italien, tome 4, op. cit., p. 381.
• 41 – A. Maugars, Response faite à un curieux sur le sentiment de la Musique d’Italie, op. cit., p. 26.
• 42 – En particulier dans les importants paratextes de l’Ulisse errante de Giacomo Badoar, des
Nozze d’Enea con Lavinia de Torcigliani, ou de la Venere gelosa ; cf. à ce sujet A. Chiarelli, A.
Pompilio, « Or vaghi or ieri », Cenni di poetica nei libretti veneziani (circa 1640-1740), Bologna,
CLUEB, 2004.
• 43 – A. Maugars, Response faite à un curieux sur le sentiment de la Musique d’Italie, escrite à Rome
le premier octobre 1639, op. cit.
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• 44 – Abbé Raguenet, Parallèle des Italiens et des Français en ce qui regarde la musique et les opéra,
Paris, 1702.
• 45 – J.-L. Lecerf De La Viéville, Comparaison de la musique italienne et de la musique française,
où, en examinant en détail les avantages des spectacles et le mérite des deux nations, on montre quelles
sont les vraies beautés de la musique, Bruxelles, Chez François Foppens, 1704.
• 46 – A. Toussaint De Limojon, La Ville et la République de Venise, Paris, Chez Louis Billaine,
1680, p. 419.
• 47 – Qui n’eurent guère de fortune en France et se produisirent la plupart du temps dans un
contexte privé. Sur la présence des castrats en France après l’échec de l’Orfeo, cf. P. Barbier, La
maison des Italiens. Les castrats à Versailles, Paris, Grasset, 1999.
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parlent, ou s’ils ne font ni l’un ni l’autre & tous les deux ensemble. Chacun
à son goust : pour moy j’avoue qu’entr’autres choses, leurs roulemens outrez
ne sont pas au mien, quoy qu’il y ait beaucoup de travail à y parvenir, &
que ce soit un endroit merveilleux, pour les oreilles de ce pais. […] Il y a
encore une chose dont ils sont charmez, & que je croy qui ne vous plairait
guerres. Je veux parler de ces malheureux hommes qui se sont faits mutiler
comme des lâches, ain d’avoir la voix plus belle. La sotte igure à mon
avis, qu’un pareil estropié, qui vient tantost faire le Rodomont, & tantost
le passionné pour les Dames, avec sa voix de illette, & son menton lestri :
cela est-il supportable ? Il est impossible que des gens bastis comme ceux-là
ayent le feu qui est nécessaire pour la beauté de l’action, & aussi n’y a-t-il
rien de plus froid & de plus languissant, que la manière dont ils débitent
leur marchandise 48. »
Au-delà de la polémique, tout autant musicale que linguistique, qui voit s’af-
fronter les partisans de la musique française et de la musique italienne (dans les
deux camps certains récusant même la légitimité d’une mise en musique de la
langue dans un contexte exclusivement théâtral 49), il faut voir dans ce témoignage
le relet d’un glissement achevé du recitar cantando, triomphant à Florence et à
Venise dans la première moitié du Seicento, déclinant à partir des années 1670,
lorsque les arias et les ariette se multiplient, remplacé désormais à la in du siècle
par un cantar recitando qui a, semble-t-il, ravi à la parole poétique son absolue
primauté.
En 1691, le poète et théoricien Giuseppe Gaetano Salvadori publie à Naples 50
un important traité de dramaturgie musicale, La poetica toscana all’uso, dans lequel
il rend compte des nouvelles exigences du public de plus en plus désireux d’arias
virtuoses et réfractaire au « tedio », à l’ennui suscité par un usage jusqu’alors excessif
des récitatifs qui se bornent à faire avancer l’action, mais sont désormais dépourvus
de tout charme musical. Le traité, le seul au xviie siècle, avec celui de Perrucci,
consacré au théâtre chanté après l’avènement de l’opéra public vénitien, se présente
tout d’abord comme un manuel classique de versiication. Salvadori tient compte
• 48 – M. Misson, Nouveau Voyage d’Italie, tome 1, La Haye, H. Van Bulderen, 1698, p. 237-238.
• 49 – C’est le cas en France de La Fontaine ou de Saint-Evremond qui railla dans sa pièce
Les Opera, le caractère invraisemblable d’un texte dramatique intégralement chanté. En Italie, la
condamnation est moins radicale, mais elle critique tout de même de manière virulente la musique
moderne responsable de la corruption de la poésie dramatique. L’inluence de la tragédie française
est perceptible dans les écrits d’un Muratori, d’un Gravina, qui condamne lui la corruption de
la poésie responsable de la décadence musicale, ou d’un Martello qui adopte une position de
compromis.
• 50 – G.-G. Salvadori, La poetica toscana all’uso, Napoli, Gramignani, 1691. Sur ce traité cf. P.
Fabbri, « Rilessioni teoriche sul teatro per music anel Seicento : “La poetica toscana all’uso” di
Giuseppe Gaetano Salvadori », Opera & libretto I, Firenze, Olschki, 1990, p. 1-31.
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• 51 – Dans les premières pages du traité, Salvadori reprend même le célèbre postulat présent au
début du chant VII de l’Adone de Marino (« La musica e la poesia sono due sorelle ») : « Car il est
vrai que la musique et la poésie sont deux sœurs », (Essendo vero che la musica e la poesia sono
due sorelle), G.-G. Salvadori, La poetica toscana all’uso, op. cit., p. 4.
• 52 – « I recitativi s’aborriscano quanto la peste, e si ponga il solo necessario, che il popolo non gli
ama », (on doit fuir les récitatifs comme la peste, et n’employer que le strict nécessaire car le peuple
ne les aime pas), ibid., cité par P. Fabbri, « Rilessioni teoriche… », art. cit., p. 25.
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• 53 – Sur le contexte idéologique et esthétique qui a abouti au retrait de cet opéra, dont les
répétitions étaient bien engagées, cf. M. Calcagno, « Fonti, ricezione e ruolo della committenza
nell’Eliogabalo musicato da F. Cavalli, G. A. Boretti e T. Orgiani (1667-1687) », D. Fabris (dir.),
Francesco Cavalli. La circolazione dell’opera veneziana nel Seicento, Napoli, Turchini Edizioni, 2005,
p. 77-99.
• 54 – « Mancante di briose ariette », comme on peut lire dans une lettre de Pietro Dolin adressée
au Duc de Brunswick le 23 décembre 1672, citée par E. Rosand, Opera in Seventeenth-Century
Venice: he Creation of a Genre, Berkeley, University of a California Press, 1991, p. 441-442.
• 55 – « Adorno di frequenti ariette » ; « più breve recitativo » ; cité par P. Fabbri, « Rilessioni
teoriche… », art. cit., p. 7.
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aboutit à privilégier la seule dimension pathétique du chant – ain que les arias
« lusinghino l’udito con l’armonia 62 », (lattent l’ouïe par l’harmonie). Mais Perrucci
fait le constat de ce bouleversement plus qu’il ne le condamne. Malgré le renver-
sement hiérarchique poésie/musique, le comédien et le chanteur usent des mêmes
règles héritées des pratiques oratoires : « Ainsi les règles seront communes aux
musiciens qui chantent et jouent et aux comédiens qui déclament concernant la
mémoire, la gestuelle et l’action 63. »
Devant une professionnalisation toujours plus airmée du chanteur au cours
du xviie siècle, qui débouche sur une autonomisation assumée de l’activité, la
voix lyrique, à l’origine étroitement liée aux pratiques théâtrales du comédien et
rhétoriques de l’orateur, décrit dans son évolution le passage d’un contexte privé à
un contexte public dans lequel le chanteur devient, à partir du xviiie siècle, l’objet
d’une délectation pathétique éloignée des prescriptions rhétoriques qui assuraient
un juste équilibre entre l’utile et le dulci horacien. Cette dérive, on le sait, abou-
tira à la réforme arcadienne de l’opéra et à un retour à la dignité poétique, en
particulier grâce aux drames métastasiens. Mais l’histoire complexe des rapports
entre poésie et musique, surtout à l’opéra et même au-delà 64, est une histoire que
l’on peut qualiier de cyclique : d’une réforme l’autre, (l’Arcadia, Gluck, Wagner,
jusqu’au Sprechgesang), elle semble toujours revenir aux fondamentaux qui virent
la création du chant monodique : la parfaite adéquation de la musique et de la
parole, qu’incarnaient, dans un égal mouvement de soule et d’énergie, les efets
éloquents de la voix.
• 62 – Ibid.
• 63 – « Le regole dunque a i musici, che cantano, e rappresentano, saranno comuni nella memoria,
gestire, et azioni con i recitanti, che parlano », ibid.
• 64 – Cf. Muriel Plana et Frédéric Sounac (dir.), Les relations musique-théâtre : du désir au modèle,
Actes du colloque international – IRPALL, (25-27 octobre 2007, Toulouse II-Le Mirail), Paris,
L’Harmattan, 2010.