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de l'impression de l'article : Considérations préanalytiques pour le dosage des médicaments EM|Premium
Imprimé par ALGERIE CERIST le mercredi 17 juin 2015
Biologie médicale
[90600040]
Considérations préanalytiques pour le dosage des
médicaments
Michel Lavit
Laboratoire de pharmacocinétique et de toxicologie clinique, centre hospitalier universitaire Rangueil, 1, avenue
JeanPoulhès, 31403 Toulouse cedex 4 France
Georges Houin : Professeur des Universités de pharmacologie.
Cinétique des xénobiotiques, faculté des sciences pharmaceutiques, Toulouse France
Résumé
Des différences significatives en termes de concentration peuvent apparaître avant l'analyse. Elles
définissent la variabilité préanalytique qui constitue un élément de la variabilité globale affectant un
résultat biologique. Les principales sources de variabilité doivent être identifiées et des mesures
préventives apportées pour en limiter les conséquences cliniques. Certains facteurs agissent in vivo
avant et pendant le prélèvement; d'autres, in vitro, concernent la manipulation et la conservation de
l'échantillon.
© 2004 Elsevier SAS. Tous droits réservés.
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INTRODUCTION
Le Guide de bonne exécution des analyses (GBEA) de biologie médicale stipule que «la recherche de la
qualité doit être la préoccupation essentielle et constante de tout biologiste» afin de garantir
l'exactitude et la précision de tout résultat. Une telle démarche impose la connaissance et la maîtrise
des facteurs de variabilité pouvant affecter une analyse. Conventionnellement, ces derniers sont
classés en trois catégories principales : préanalytique, analytique et postanalytique. Dès lors, certains
auteurs se sont efforcé, à partir d'études prospectives, d'estimer leurs distributions pour un
laboratoire donné. À titre d'exemple, Plebani et al [18] concluent à la prévalence des erreurs pré et
postanalytiques (70 % et 20 % respectivement), corroborant ainsi d'autres travaux. Ce constat peut
s'expliquer par l'attention particulière que les biologistes attachent à la phase purement analytique,
par le développement de technologies de plus en plus performantes, de l'informatique et des
programmes de contrôle de qualité interne et externe [10].
Les erreurs préanalytiques les plus fréquentes sont communes à toutes les disciplines biologiques et
concernent, notamment en milieu hospitalier, la démographie du patient et/ou du prescripteur, une
inéquation entre la prescription et le prélèvement, le transport des échantillons, l'enregistrement des
examens, la répartition en aliquotes... Ces différents points doivent faire partie des programmes
d'assurance qualité afin d'identifier et de corriger les dysfonctionnements.
Dans le domaine précis du dosage de médicament, d'autres facteurs préanalytiques plus spécifiques
peuvent contribuer à la variabilité globale des résultats et être à l'origine de problèmes
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d'interprétation. L'objet du présent article n'est pas d'en dresser une liste exhaustive mais de
sensibiliser le biologiste ou l'analyste à l'importance de cette étape préanalytique et à ses éventuelles
conséquences cliniques.
Certains facteurs sont inhérents au patient avant et pendant le prélèvement biologique; d'autres sont
relatifs à la manipulation du prélèvement [3, 19, 27].
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FACTEURS DE VARIABILITÉ IN VIVO
Avant le prélèvement
Avant le prélèvement, le taux circulant de médicament dans l'organisme dépend de nombreux
facteurs qui échappent totalement, sauf cas particulier de protocole d'étude clinique, au contrôle du
biologiste. Ils sont néanmoins mentionnés dans cette partie pour rappeler leur importance dans la
variabilité d'un résultat. La contribution du clinicien apparaît alors fondamentale par le biais des
renseignements cliniques portés sur la demande d'examen. Ceuxci constituent un outil précieux à la
validation biologique.
D'un point de vue pharmacocinétique, le devenir d'un médicament est soumis à une variabilité
interindividuelle d'ordre pharmacogénétique et intraindividuelle consécutive à l'effet de facteurs
d'environnement.
Facteurs intrinsèques
Peuvent être rapportés des facteurs biologiques tels l'âge, le sexe, l'origine ethnique, les modifications
temporelles (journalières, saisonnières...) définissant la chronopharmacocinétique, les cycles
menstruels et la grossesse.
Certains d'entre eux peuvent être pris en compte par l'adaptation des valeurs de référence à une
population donnée.
La grossesse mérite un développement particulier. Elle est, en effet, caractérisée par des adaptations
physiologiques majeures entraînant des modifications pharmacocinétiques, notamment sur la
distribution : hypoalbuminémie, augmentation du volume plasmatique caractérisée par une
hémodilution et existence d'un nouveau site de distribution, le foetus.
Facteurs extrinsèques
Les facteurs environnementaux susceptibles d'influencer le taux circulant d'un médicament sont
nombreux et, en général, difficilement appréciables. Outre les pathologies intercurrentes,
l'alimentation, le tabagisme et l'alcoolisme chronique, il convient de citer les cas de
polymédicamentation. Un médicament associé peut engendrer des interférences pharmacocinétiques
à différents niveaux mais aussi analytiques. Aucune technique utilisée en routine, hormis peutêtre la
spectrométrie de masse, ne présente une spécificité absolue. Ces interférences peuvent être
responsables de résultats aberrants, faussement positifs ou empêcher l'identification formelle et la
quantification d'un composé. Les renseignements cliniques revêtent, dans ce cadre, une importance
capitale pour l'interprétation des résultats.
Certaines thérapeutiques sont aussi à l'origine de résultats altérés comme, par exemple, le
remplissage vasculaire en réanimation qui entraîne une hémodilution.
Lors d'un dosage immunologique de digitaliques, des substances endogènes dénommées «digitalislike
immunoreactive factors» sont parfois source d'interférences, notamment en cas de grossesse,
d'insuffisance rénale chronique, d'hypertension et chez le nouveauné.
Pendant le prélèvement
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Les modalités de recueil de l'échantillon biologique constituent la principale source de variabilité
préanalytique. Il est de la responsabilité du biologiste, même s'il n'effectue pas le prélèvement, de
maîtriser cette phase par l'élaboration de documents qualité et/ou l'information des services cliniques.
L'exposé sera volontairement limité au prélèvement sanguin [4, 13, 17, 23, 24, 26].
Horaire de prélèvement
De nombreuses études [9] mettent en évidence que, dans le cadre d'une surveillance thérapeutique,
les résultats s'avèrent souvent peu interprétables du fait de mauvais horaires de prélèvement. Le
clinicien et le biologiste doivent adopter une démarche rationnelle afin d'éviter la multiplicité des
examens injustifiés préjudiciables en termes de santé et de finance publiques. Il apparaît ainsi
fondamental de rappeler certains concepts.
Prélèvement à l'équilibre
Lors de traitements chroniques (même dose à intervalle régulier), les concentrations augmentent
jusqu'à un équilibre qui, en l'absence de dose de charge, n'est obtenu qu'après cinq demivies
d'élimination. Cette durée est totalement indépendante de la dose administrée. Il est donc
indispensable de n'effectuer les prélèvements, notamment après chaque adaptation de posologie,
qu'une fois cet équilibre ou le nouvel équilibre atteint. Cette règle s'applique particulièrement aux
médicaments caractérisés par des cinétiques dose ou temps dépendantes. Une suspicion de toxicité
ou évidemment une intoxication constitue la seule exception à la règle.
Les aminosides sont classiquement administrés en dose fractionnée toutes les 8 ou 12 heures.
Certains protocoles (accumulation minimisée, effet postantibiotique) préconisent cependant une
injection unique par 24 ou 48 heures. Dans ce cas, chaque dose peut être considérée comme une
première dose de telle sorte que l'équilibre n'est jamais atteint. Le prélèvement peut alors être
effectué plus rapidement.
Prélèvement par rapport à la prise
Le temps de prélèvement des échantillons sanguins est crucial pour une interprétation correcte des
résultats. Il dépend des propriétés pharmacocinétiques du médicament, de sa forme galénique, du
schéma posologique et des raisons cliniques à l'origine du dosage.
Les concentrations ne sont réellement le reflet des effets pharmacologiques qu'au cours de la phase
terminale d'élimination lorsque les phases de résorption et de distribution sont achevées. Ainsi,
l'adaptation de posologie de la plupart des médicaments est basée sur la détermination de la
concentration résiduelle ou vallée. Le prélèvement idéal est celui réalisé juste avant l'administration
suivante (30 minutes). Des considérations d'ordre pratique sont souvent à l'origine de différences
significatives entre le minimum réel et le minimum mesuré pour des médicaments à courte demivie
(aminosides). Il est ainsi essentiel d'assurer une certaine constance en matière de prélèvement pour
assurer la validité des zones thérapeutiques et des comparaisons de résultat. Ceci est d'autant plus
vrai que de nombreux xénobiotiques sont soumis à des influences circadiennes (acide valproïque,
carbamazépine, paracétamol et antiinflammatoires non stéroïdiens [AINS], aminosides). L'horaire de
prélèvement est, en revanche, moins critique pour des molécules présentant une demivie
importante (digoxine, phénobarbital...). Un échantillon peut être obtenu durant l'intervalle
posologique après la fin de la phase de distribution (12 heures pour la digoxine).
Pour les aminosides administrés en dose unique, il est possible de prélever de manière aléatoire et de
reporter le résultat sur des abaques afin de définir le rythme d'administration adéquat.
Des concentrations maximales ou pics sont aussi intéressantes à déterminer pour apprécier les effets
d'une dose de charge et adapter les doses dites d'entretien. Un autre domaine d'application est celui
des médicaments dont les valeurs de référence sont à la fois les concentrations minimale et maximale
(aminosides). Le prélèvement requiert aussi certaines précautions. Dans le cadre d'administration
intraveineuse, le pic de concentration réel est obtenu en quelques minutes, dans le bras opposé au
point d'injection, en l'espace d'un cycle complet de la circulation, pour les produits présentant une
cinétique monocompartimentale. Pour les médicaments obéissant à une cinétique bicompartimentale,
l'effet thérapeutique est habituellement corrélé aux concentrations obtenues après la phase de
distribution. Les pics d'aminosides, par exemple, même s'il ne s'agit pas de pics pharmacocinétiques
réels, sont atteints entre 30 et 60 minutes après la fin de la perfusion. Le cas de la vancomycine est
singulier et illustre parfaitement l'importance d'une stratégie d'échantillonnage. En effet, la pente de
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la courbe des concentrations pendant la phase de distribution est si prononcée que des différences
aussi faibles que 15 minutes dans les échantillonnages peuvent se traduire par des différences de 10
15 μg/mL dans les concentrations. En ce qui concerne les voies extravasculaires, il convient de
prendre en compte la phase de résorption et la formulation du médicament (formes à libération
prolongée).
La notion de prélèvement est aussi très importante à considérer en toxicologie. L'interprétation est
basée sur la confrontation des résultats avec l'anamnèse, l'heure supposée d'ingestion et l'horaire de
prélèvement. De plus, l'évaluation pronostique conditionne parfois le prélèvement proprement dit. Par
exemple, la prise en charge d'une intoxication au paracétamol est fondée sur la détermination de sa
concentration à la 4 e et à la 12 e heure afin d'évaluer le risque hépatotoxique (nomogramme de
Rumack) et l'indication d'un traitement par la Nacétylcystéine.
Conditions de prélèvement
Le taux de l'analyte dans l'échantillon peut être conditionné par la technique de prélèvement mise en
oeuvre. Certaines notions ou précautions méritent dès lors d'être exposées [6].
Attitude du patient
Un exercice physique [7, 12] induit des modifications biologiques notables caractérisées par une
importante variabilité intraindividuelle (entraînement, température, prise liquidienne) :
réduction du volume plasmatique résultant d'échanges entre les secteurs intravasculaire et
interstitiel et de déperdition par sudation, réduction du volume urinaire;
perturbation profonde de l'équilibre acidobasique.
Une telle hémoconcentration (15 %) est également observée lors du passage d'un décubitus à une
position orthostatique.
Traduisant les phénomènes d'adaptation de l'organisme, le taux de certains composés endogènes,
susceptibles de causer des interférences analytiques, est augmenté (adrénaline, cortisol...). Il en est
de même de l'albuminémie (1020 %); le taux de liaison aux protéines de certains médicaments s'en
trouve naturellement affecté. Des observations similaires sont également décrites dans les situations
de stress psychologique [2].
Les concentrations plasmatiques de digoxine diminuent significativement (25 %) lors d'un effort, avec
augmentation du volume de distribution au profit des muscles squelettiques. Ce phénomène est
d'autant plus remarquable que le sujet est âgé.
Il est, par conséquent, essentiel que l'équilibre biologique soit restauré au moment du prélèvement.
Pour satisfaire à cet impératif, le patient doit être assis, relaxé et au repos depuis au moins 15
minutes.
Type de prélèvement
Le prélèvement par ponction veineuse au niveau de l'avantbras constitue la technique la plus
largement utilisée. Cette étape a fait l'objet d'une standardisation par la publication de protocoles [1].
Certains points méritent d'être soulignés.
L'application prolongée d'un garrot induit des variations de concentration sanguine.
Des échantillons prélevés en série peuvent présenter des compositions différentes.
En cas d'administration intraveineuse, il est impératif de prélever au niveau du bras opposé
par rapport au site d'injection. De très nombreux résultats aberrants sont la conséquence
d'un prélèvement réalisé sur ou à proximité d'une voie de perfusion.
Les prélèvements à l'aide d'un cathéter sont fréquents car nettement moins invasifs. Il faut
alors s'assurer que l'échantillon soit représentatif du sang circulant. Pour éviter des
problèmes de dilution, il est de règle d'éliminer une quantité de sang au moins égale au
volume intérieur du cathéter. Les tubes doivent être rapidement homogénéisés par
retournement (présence d'additifs).
Les échantillons destinés à la recherche et/ou au dosage de composés volatiles doivent être
obtenus à l'aide de seringues étanches.
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Il existe des alternatives au prélèvement classique précédemment énoncé, mises en oeuvre dans
certaines situations cliniques.
Toutes les précautions doivent être prises pour éviter une hémolyse du prélèvement. D'une part,
l'hémolyse accroît les taux sériques ou plasmatiques de médicaments réputés se concentrer dans les
érythrocytes (digoxine, chlortalidone, acétazolamide). D'autre part, elle peut générer des interférences
analytiques, notamment avec les techniques colorimétriques et immunologiques. Les résultats
obtenus sur un échantillon hémolysé sont à interpréter avec prudence. Il en est de même en cas
d'hyperbilirubinémie ou d'hyperlipémie (nutrition parentérale).
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FACTEURS DE VARIABILITÉ IN VITRO
Une fois le prélèvement effectué, il est fondamental et évident que le composé présent in vivo doit
conserver ses propriétés tant qualitativement que quantitativement jusqu'au moment de son
analyse. L'ensemble des processus mis en oeuvre au cours de cette étape «in vitro» est sous l'entière
et unique responsabilité du biologiste.
Bien qu'une approche au cas par cas s'avère le plus souvent incontournable, il est permis de dégager
plusieurs points critiques.
Choix de la matrice
Le choix de la matrice secondaire (sang total, sérum, plasma) est guidé par la technique analytique
utilisée et par les caractéristiques du xénobiotique à doser [6].
Un dosage sur sang total est requis pour des médicaments présentant une forte affinité pour les
globules rouges (ciclosporine, tacrolimus, amiodarone, chloroquine...), d'autant que la distribution
entre les fractions cellulaires et non cellulaires du sang est caractérisée par une grande variabilité,
influencée notamment par la température (augmentation de la concentration plasmatique
parallèlement à la température). Dans les autres cas, un tel dosage est possible à condition que la
méthode ait été validée sur cette matrice. Il faut alors prendre en compte l'effet de dilution induit par
les éléments figurés du sang.
Bien qu'un volume supérieur de plasma puisse être obtenu à partir d'une même quantité de sang, le
sérum est préférentiellement utilisé en routine. Il est, d'une part, totalement dépourvu de fibrine
pouvant obstruer les systèmes de pipetage ou les cartouches d'extraction et, d'autre part, il ne
comporte pas d'anticoagulants qui sont souvent à l'origine de perturbations physicochimiques ou
analytiques. Il faut toutefois veiller à la rétraction complète du caillot (1 heure à température
ambiante) qui peut se trouver prolongée pour des patients sous traitement anticoagulant ou
thrombolytique. L'obtention de plasma, recueilli sur EDTA en général, est certes plus rapide mais
l'échantillon doit être centrifugé dans les meilleurs délais car l'effet des anticoagulants n'est que
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temporaire.
Des concentrations plasmatiques significativement plus faibles par rapport au sérum sont décrites
dans la littérature pour de nombreux médicaments. Ces différences sont généralement attribuées à
l'anticoagulant utilisé. Cet aspect est discuté plus loin dans cet exposé. Kaladjian et al [8] décrivent,
en revanche, l'inverse pour la clozapine et son métabolite. Ils émettent l'hypothèse d'un métabolisme
plus marqué dans le sérum en observant parallèlement une activité des myéloperoxydases des
neutrophiles plus prononcée.
Interactions contenu/contenant
Le matériel utilisé doit s'avérer le plus inerte possible afin de ne pas engendrer des artefacts sur
l'échantillon sanguin recueilli et de préserver les caractéristiques de l'analyte. Le choix doit
uniquement se reporter sur des dispositifs qui ont été testés pour d'éventuelles interférences.
Anticoagulants
Les anticoagulants sont connus pour entraîner des perturbations, parfois non négligeables. Ils ne sont
pas tous équivalents et leur influence intervient à différents niveaux [20] :
phénomène de dilution : par la présence même de l'additif dans le tube surtout si le ratio
anticoagulant/sang n'est pas respecté (citrate de sodium), par effet osmotique exercé sur
les globules rouges (fluorure de sodium);
modification de la distribution entre plasma et érythrocytes (EDTA);
hémolyse (fluorure de sodium);
présence de microcaillots et agrégats dans les plasmas héparinés gênant le dosage de la
ciclosporine [15];
formation de complexes : aminosides et héparine;
interférence analytique : lithium et héparinate de lithium;
modification de la liaison des médicaments aux protéines plasmatiques : le sérum est la
matrice de choix pour le dosage de la fraction libre. L'héparine, in vivo, augmente l'activité
des lipoprotéines lipases avec pour corollaire une libération d'acides gras qui déplacent les
médicaments (acides faibles en particulier) de leurs sites de fixation.
Il n'existe pas de règle générale et une étude au cas par cas est alors nécessaire. Par exemple, il est
parfaitement établi que des additifs à base de citrate ou d'oxalate diminuent les concentrations de
phénytoïne et d'acide valproïque.
Tubes et bouchons
Les matériaux doivent être aréactifs de manière à éviter toute contamination ou adsorption. Ce
principe s'applique aussi aux dispositifs de prélèvement (seringue, cathéter...).
Le phénomène d'adsorption sur le plastique et certains verres est bien connu pour quelques
substances (D 9 tétrahydrocannabinol, paclitaxel), évoqué pour d'autres (morphine, digoxine).
L'exemple du paclitaxel est, à ce titre, remarquable. Song et al [22] démontrent que les
concentrations de ce produit, en solution aqueuse, diminuent d'environ 50 % en 20 heures, sans
mise en évidence de produit de dégradation. De plus, l'excipient (crémophor) interagit avec les PVC
pour former des phtalates.
Il existe un biais positif dans la détermination de la lithémie par électrode ionsélective, introduit par
un surfactant siliconé présent dans certains tubes plastiques.
Par précaution, l'utilisation de matières plastiques doit être évitée. Il est parfois nécessaire d'avoir
recours, malgré un coût plus important, à des verres silanisés.
Certains systèmes de fermeture ont aussi été mis en cause du fait de la libération de certains
composés azotés ou phosphorés (tris2butoxyéthylphosphate par exemple). Ces produits
contaminants peuvent déplacer le médicament de ses sites de liaison avec une redistribution au profit
des érythrocytes, interférer avec les systèmes analytiques (détecteurs azotephosphore en
chromatographie gazeuse).
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Séparateurs
Les tubes contenant des gels séparateurs (formation d'une barrière entre caillot et sérum après
centrifugation) sont largement utilisés car ils offrent de nombreux avantages techniques :
manipulation aisée, extraction maximale du sérum, gain de temps. Ils font cependant l'objet de
controverses car ils peuvent fixer des molécules présentes dans le prélèvement, en particulier les
substances basiques (antidépresseurs tricycliques, par exemple). Ce phénomène est d'autant plus
marqué que le volume de sang est faible et que le temps de contact est prolongé. Les tubes SST
BectonDickinson entraînent une diminution significative des taux de phénytoïne dès l'étape de
centrifugation [11].
Par conséquent, ces tubes doivent être évalués au préalable en fonction des molécules à doser. Il est
prudent d'assurer un remplissage maximal et de recueillir le sérum dans les plus brefs délais (12
heures).
Traitement de l'échantillon
Après le prélèvement ou à l'arrivée au laboratoire, l'échantillon doit être traité dans des conditions
optimales et prédéfinies pour garantir son intégrité. Les différentes manipulations dépendent du
médicament, de la technique analytique et du délai avant l'analyse.
Centrifugation
La séparation du plasma ou du sérum des éléments figurés est à réaliser dans l'heure. Le sang total
n'est conservé que si le dosage est effectué sur cette matrice et uniquement sur une courte période
car l'activité des anticoagulants n'est pas permanente.
Les paramètres de centrifugation (vitesse, durée, température) sont importants à considérer. Des
vitesses trop rapides, bien que produisant une meilleure séparation, génèrent des échauffements par
friction, néfastes pour des molécules thermolabiles. La température influence la répartition entre
globules rouges et plasma (morphine) [25]. Ces paramètres doivent être parfaitement standardisés
lors de l'évaluation de la fraction libre par ultracentrifugation. À défaut de spécification, il est conseillé
de centrifuger à température ambiante, à 1 500 g pendant 10 minutes.
Conservation
L'instabilité de l'analyte dans l'échantillon, notamment en cas d'analyse différée, est certainement le
facteur de variabilité le plus important de la phase préanalytique. La dégradation de certaines
molécules ou classes chimiques, dans certaines conditions opératoires, est parfaitement décrite dans
la littérature. Le laboratoire doit disposer alors de documents définissant précisément la prise en
charge du prélèvement mais aussi les modalités de transport. En l'absence d'information, il est de
règle d'évaluer la stabilité au cours de la validation de la technique analytique.
Les processus de dégradation des xénobiotiques sont divers. Certains composés s'avèrent photolabiles
(LSD, fibrates, midazolam, bléomycine, chlorpromazine...). D'autres sont très instables à température
ambiante ou même à + 4 °C. Un échantillon de fluorouracil doit être placé dans la glace dès le
prélèvement. Les benzodiazépines et plus particulièrement les nitrobenzodiazépines (clonazépam,
flunitrazépam, nitrazépam...) sont, à cet égard, très intéressants. Ils se dégradent plus facilement
dans une matrice biologique qu'en solution aqueuse, mettant ainsi en évidence une décomposition à
la fois chimique et enzymatique. Ceci est encore plus prononcé sur un prélèvement postmortem
[14].
Sauf cas particulier, la règle suivante prévaut. Les échantillons analysés dans les 24 heures peuvent
être conservés à + 4 °C. Toute analyse différée impose une congélation à 20 °C, voire 80 °C. Il est
parfois nécessaire d'adjoindre du fluorure de sodium pour inhiber les systèmes enzymatiques
responsables d'instabilité ou de productions endogènes (éthanol, cyanures).
Pour pallier le risque de dégradation lors de cycles congélationdécongélation, il est recommandé de
répartir l'échantillon en deux aliquotes. La taille du récipient est choisie de manière à minimiser les
risques d'évaporation.
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Une dénaturation des protéines est généralement observée lors de congélation et/ou de
décongélation. Pour les études de la fraction libre, il faut conserver le dialysat ou l'ultrafiltrat plutôt
que le sérum.
La décongélation est, de préférence, réalisée à température ambiante pour limiter le risque de
décomposition thermique. Une fois décongelé, l'échantillon doit être homogénéisé pour annuler les
gradients de concentration et analysé rapidement.
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CONCLUSION
L'avènement, ces dernières années, de technologies de plus en plus sophistiquées a considérablement
amélioré la qualité des analyses de laboratoire, notamment en termes de sensibilité, de spécificité et
de reproductibilité. Ce bénéfice ne doit pas être annihilé par une variabilité préanalytique
conséquente. L'échantillon prélevé doit, d'une part, être représentatif du fluide in vivo et, d'autre part,
ses caractéristiques doivent être maintenues constantes jusqu'à l'analyse. Dès lors, il apparaît
fondamental de tenter d'appréhender toutes les sources de variabilité préanalytique et de les maîtriser
pour en limiter les conséquences cliniques. Cette démarche s'inscrit parfaitement dans le cadre du
GBEA bien que tous les facteurs ne puissent pas être contrôlés par le biologiste, en particulier en
milieu hospitalier. Deux aspects méritent finalement d'être mis en exergue : la qualité du
prélèvement et la stabilité de l'analyte dans l'échantillon.
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