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de l'impression de l'article : Agrégométrie EM|Premium
Imprimé par ALGERIE CERIST le mercredi 17 juin 2015
Biologie médicale
[90600010]
Agrégométrie
Tahar Chakroun : Assistant hospitalouniversitaire
Ismail Elalamy : MD, PhD
service d'hématologie biologique, hôpital HôtelDieu, 1 place du Parvis NotreDame, 75181 cedex 04, Paris
France
Résumé
L'agrégométrie est un test spécifique d'exploration des fonctions plaquettaires. Ce test est réalisé à 37
°C dans un agrégamètre. Ce dernier mesure la variation de transmission lumineuse d'une suspension
de plaquettes (plasma riche en plaquettes ou plaquettes isolées) soumise à une agitation mécanique
en présence d'un agoniste plaquettaire exogène (ADP, collagène, acide arachidonique...). Le
pourcentage de transmission lumineuse et les caractéristiques des tracés d'agrégation obtenus sont le
reflet de la capacité fonctionnelle des plaquettes. Outre l'étude des fonctions plaquettaires,
l'agrégométrie est utilisée pour l'exploration du facteur Willebrand et pour le diagnostic biologique des
thrombopénies induites par l'héparine.
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INTRODUCTION
L'hémostase primaire est la résultante de l'interaction de la paroi vasculaire lésée et des plaquettes
avec certains facteurs plasmatiques (facteur Willebrand, fibrinogène). L'anomalie de l'hémostase
primaire se traduit cliniquement par des manifestations hémorragiques principalement
cutanéomuqueuses (purpura, ecchymoses...) plus ou moins sévères. Le diagnostic biologique de ces
déficits est basé sur des techniques dites globales (temps de saignement, temps d'occlusion in vitro ou
PFA100TM) et des techniques plus spécifiques qui permettent d'apprécier l'aspect quantitatif et/ou
qualitatif des plaquettes et des facteurs plasmatiques.
Les fonctions plaquettaires peuvent être étudiées par agrégométrie. Les tests d'agrégation sont
réalisés en sang total, en plasma riche en plaquettes (PRP) ou en suspension de plaquettes lavées.
Cette méthode évalue in vitro la capacité des plaquettes à agréger en réponse à des agonistes de
nature diverse. Décrite pour la première fois par Born (1962), la méthode photométrique en PRP reste
la technique la plus courante pour l'étude de l'agrégation plaquettaire.
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PRINCIPE (FIG 1)
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Le test d'agrégation plaquettaire est réalisé dans un agrégamètre à 37 °C. Un faisceau lumineux
(monochromatique) traverse une cuvette en verre siliconé à fond plat (7,5 mm/50 mm) contenant la
suspension plaquettaire. Un moteur placé sous la cuvette de mesure permet d'agiter un barreau
magnétique siliconé (3 à 5 mm) pour faciliter le mélange et l'homogénéisation du milieu et créer une
force de cisaillement apte à activer mécaniquement les plaquettes et à amplifier la réponse aux
agonistes. En présence d'agoniste, les plaquettes soumises à une agitation continue (1100 tr/min)
vont agréger. Cette agrégation entraîne un éclaircissement du milieu se traduisant par une
augmentation de la transmission lumineuse (TL). Une cellule photoélectrique mesure en continu la
variation de TL. Les résultats sont représentés sous la forme d'une courbe d'agrégation (TL/temps)
dont l'aspect dépend de la nature et de la concentration de l'agoniste utilisé.
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TECHNIQUE
Préparation de l'échantillon
Le sang est prélevé par ponction veineuse franche dans un tube en plastique ou en verre siliconé
contenant du citrate trisodique 3,8 % ou 3,2 % tamponné (1 v de citrate/9 v de sang) et centrifugé à
150 g pendant 10 minutes à 20 °C. Les prélèvements peuvent être réalisés en flux libre ou sous
®
Vacutainer (Becton Dickinson). Après centrifugation, le PRP est décanté et conservé à température
ambiante (18 à 20 °C) en tube bouché (pour limiter les variations de pH). Le plasma pauvre en
plaquettes (PPP) est obtenu par centrifugation du sang résiduel à 2500 g pendant 15 minutes. Les
tests d'agrégation doivent être effectués dans les 3 heures suivant le prélèvement compte tenu de la
désensibilisation de certains récepteurs et de l'épuisement potentiel des plaquettes.
Dans certains cas et pour apprécier l'influence éventuelle de certains facteurs plasmatiques sur la
fonction plaquettaire, l'isolement des plaquettes par « lavage » est nécessaire, la méthode la plus
utilisée étant la technique de Mustard modifiée.
Étalonnage de l'agrégomètre
Il s'effectue après stabilisation de la température à 37 °C. La référence 100 % de TL s'effectue sur
une cuve contenant du PPP et le 0 % sur une cuve contenant du PRP autologue.
Inducteurs
Ils peuvent être de nature physiologique ou synthétique et ils sont utilisés à différentes
concentrations. Il est recommandé de préparer les solutions d'inducteur extemporanément à partir de
solutions mères et de les garder dans la glace fondante durant toute la manipulation. Il est aussi
fortement recommandé de les ajouter au milieu réactionnel à des faibles volumes (5 à 10 μl).
Inducteurs naturels
Ce sont les inducteurs responsables de l'activation plaquettaire in vivo.
Adénosine 3,2 diphosphate (ADP, Stago) : il agit en se fixant sur des récepteurs purinergiques
(P2Y1, P2Y12, P2X1) et est utilisé à des concentrations variables (10, 5, 2,5 et 1,25 μM).
Acide arachidonique (AA, sigma) : il entraîne l'activation de la voie des cyclooxygénases et la
formation du thromboxane A2 (TXA2), puissant inducteur de l'agrégation plaquettaire. La
concentration habituellement utilisée est de 1 mM.
Thrombine : elle ne peut être utilisée que sur une suspension de plaquettes lavées. Elle est
habituellement utilisée à la concentration de 0,1 U/ml.
Adrénaline : elle est utilisée le plus souvent à deux concentrations (50 et 5 μM).
Collagène : utilisé à des concentrations variables (5, 1, 0,5 et 0,25 μg/ml), il entraîne la sécrétion et
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l'agrégation plaquettaire en se fixant sur la GPIa, CD36 (GPIV)...
Inducteurs synthétiques
U46619 : analogue structural des endoperoxydes cycliques de prostaglandines dont la PGH2. C'est un
TXA2 mimétique et il agit via ces récepteurs.
TRAP (thrombin receptor agonist peptide) : peptide de synthèse thrombine mimétique.
Ristocétine : antibiotique non utilisé en clinique qui entraîne la fixation du facteur Willebrand sur le
complexe GPIbIX.
Ionophore A 23187 : utilisé pour l'étude des mouvements calciques...
Phorbol myristate acétate (PMA) : utilisé pour l'exploration de l'activation de la protéine kinase C (PKC)
voie royale de l'activation plaquettaire.
Protocole expérimental
Selon les appareils, de 250 à 300 μl de PRP ajusté à 300 G/l par l'ajout de PPP autologue sont
introduits dans une cuve de mesure contenant un barreau magnétique. Après 1 à 2 minutes de
stabilisation (équilibre thermique et électrique) sous agitation (1100 tr/min) et à 37 °C, l'inducteur
est ajouté (10 à 20 μl) à différentes concentrations (en général deux concentrations). Cinq agonistes
sont habituellement utilisés : ADP, AA, collagène, adrénaline et ristocétine. L'enregistrement se
déroule sur 5 à 10 minutes.
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RÉSULTATS ET INTERPRÉTATION
Les résultats sont représentés sous la forme d'une courbe d'agrégation (fig 2). L'analyse de cette
courbe permet de définir quatre paramètres :
le temps de latence (l) : exprimé en s représente le temps écoulé entre l'ajout de l'agoniste
et le début de l'augmentation de la TL;
la vélocité d'agrégation (en % de TL/min) : la pente de la tangente à la courbe d'agrégation;
la TL maximale (en %);
le pourcentage de désagrégation à 5 minutes.
L'aspect des courbes d'agrégation dépend de l'agent agrégeant, de sa concentration et de la qualité
fonctionnelle des plaquettes. Chez le sujet normal, les courbes obtenues avec l'ADP, le collagène, l'AA
et l'adrénaline sont représentées en figure 3.
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CAUSES D'ERREUR
Prélèvement de plus de 3 heures, numération plaquettaire dans le PRP trop faible pour la sensibilité de
détection de l'appareil (< 100 G/l), plasma hyperlipémique ou ictérique responsable d'une turbidité
trop élevée donnant une différence trop faible de TL entre le PRP et le PPP; vitesse d'agitation trop
lente ou trop rapide qui influence la réactivité des plaquettes, température d'incubation inadéquate...
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VARIANTES
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Mesure de l'agrégation plaquettaire en sang total par impédancemétrie
L'agrégation est mesurée par la variation d'impédance entre deux électrodes de platine immergées
dans le sang. Après la stabilisation du passage du courant, l'inducteur induit la formation d'agrégats
dont le dépôt entraîne une modification de l'impédance proportionnelle à la taille des agrégats formés.
Les courbes d'agrégation sont seulement de type monophasique, irréversible, à la différence de la
photométrie. L'impédancemétrie présente l'avantage de pouvoir étudier les plaquettes dans leur
milieu physiologique et en cas de thrombopénie (< 100 G/l). En revanche, elle est moins sensible que
la technique photométrique et sujette à plusieurs interférences (hématies qui gênent le dépôt des
agrégats sur l'électrode).
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APPLICATIONS DE L'AGRÉGOMÉTRIE
Recherche d'une hyperactivité plaquettaire
Une hyperactivité plaquettaire peut être à l'origine d'accident thromboembolique artériel. Cette
activité accrue peut se traduire par une autoagrégation (sans l'apport d'agoniste) ou par une
agrégation encore présente aux faibles doses d'au moins deux agonistes différents qui normalement
n'induisent pas dans ces conditions d'agrégation chez un sujet normal. Trip et al (1990) ont montré
que les sujets avec une agrégation spontanée ont un risque élevé de récidive d'infarctus du
myocarde. Mais il est important de noter qu'une hyperactivité in vivo peut se traduire in vitro par une
hypoagrégabilité due à l'épuisement plaquettaire.
Exploration des anomalies fonctionnelles plaquettaires
Elle représente la principale application de ce test. Les thrombopathies peuvent être acquises ou
constitutionnelles (tableau I). Les courbes d'agrégation typique des anomalies les plus fréquentes
sont représentées sur la figure 4.
Diagnostic des thrombopénies induites par l'héparine (TIH)
La TIH survient généralement entre le 5 e et le 10 e jour chez environ 3 % des sujets traités par
l'héparine. Cette affection est due à une activation plaquettaire in vivo par un mécanisme
immunologique. Le test d'agrégation permet de mettre en évidence dans le plasma de malade des
anticorps dirigés contre le complexe PF4héparine capables d'entraîner l'agrégation de plaquettes
témoins en présence d'héparine. Il faut noter que ce test n'est qu'un des éléments du diagnostic de la
TIH.
Dosage de l'activité cofacteur de la ristocétine du facteur Willebrand (FvW :CoR)
Dans tous les types de la maladie de Willebrand (excepté le type 2N), les taux de FvW :CoR sont
diminués. L'agrégométrie est le test de référence pour le dosage du FvW :CoR. La vélocité des courbes
d'agglutination en présence de ristocétine est proportionnelle au taux du FvW plasmatique.
Autre
Étude de la sécrétion d'ATP intragranulaire, contrôle de qualité des concentrés plaquettaires...
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Fig. 1 :
Fig. 1 :
Principe de fonctionnement d'un agrégomètre.
1. Source lumineuse polychromatique.
2. Filtre monochromatique
3. Faisceau monochromatique.
4. Cuve contenant du PRP.
5. Barreau magnétique.
6. Moteur rotatif 1100 tours/min.
7. Lumière transmise.
8. Diode photoélectrique.
9. Enregistreur.
Fig. 2 :
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Fig. 2 :
Profil agrégométrique en présence de collagène (1 μg/ml). l : représente le temps de latence. Tg : la tangente à la courbe
dont la pente représente la vélocité de l'agrégation.
Fig. 3 :
Fig. 3 :
Profils agrégométriques obtenus pour un sujet normal par la technique photométrique.
Fig. 4 :
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Fig. 4 :
Profils agrégométriques des principales anomalies plaquettaires.
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Tableaux
Tableau I
Tableau I Principales thrombopathies constitutionnelles et acquises.
Thrombopathies héréditaires
Thrompathies acquises
Médicamenteuses Autres
Aspirine Syndrome néphrotique
Antiinflammatoires stéroïdiens Syndromes myéloprolifératifs
Antiagrégants plaquettaires (ticlopidine, clopidogrel, Maladie hépatique
dipyridamole)
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