BM7615 Collage Des Matériaux - Mécanismes. Classification Des Colles

Réf.
: BM7615 V1
Collage des matériaux -

Date de publication :
10 juillet 2002
Mécanismes. Classification
des colles
Cet article est issu de : Mécanique | Travail des matériaux - Assemblage
par Philippe COGNARD
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Collage des matériaux

Mécanismes. Classification des colles
par Philippe COGNARD
Ingénieur de l’École supérieure de physique et de chimie industrielles de Paris
Directeur commercial à la société Bostik Findley
Expert près les tribunaux
1. Collage structural comparé aux autres méthodes

d’assemblage............................................................................................ BM 7 615 - 2
2. Sollicitations. Forme et dimensionnement des joints.................. — 7
3. Mécanismes du collage : principes théoriques .............................. — 7
3.1 Définitions ................................................................................................... — 7
Parution : juillet 2002 - Ce document a ete delivre pour le compte de 7200049459 - universite savoie mont blanc // 130.190.247.202
3.2 Adhésion ..................................................................................................... — 7

3.2.1 Mouillage............................................................................................ — 7
3.2.2 Adsorption physique ......................................................................... — 11
3.2.3 Forces de liaisons chimiques ............................................................ — 11
3.2.4 Influence de la distance adhésif-substrat ........................................ — 11
3.3 Développement de la cohésion : prise de la colle ................................... — 12
3.4 Conclusions................................................................................................. — 12
4. Conception et calcul des joints collés.............................................. — 12
5. Principales familles de colles et adhésifs........................................ — 12
5.1 Adhésifs époxydes ..................................................................................... — 13
5.2 Adhésifs polyuréthanes réactifs ................................................................ — 14
5.3 Colles thermodurcissables (UF, PF, MF, RF)............................................... — 15
5.4 Adhésifs à base de monomères polymérisables ..................................... — 15
5.4.1 Adhésifs cyanoacrylates ................................................................... — 15
5.4.2 Adhésifs anaérobies .......................................................................... — 16
5.5 Adhésifs acryliques structuraux ou acryliques modifiés ........................ — 17
5.6 Adhésifs hot melts ou thermofusibles...................................................... — 18
5.7 Plastisols PVC.............................................................................................. — 19
5.8 Adhésifs élastomères, colles contact au néoprène ................................. — 19
5.9 Colles émulsions vinyliques et copolymères ........................................... — 20
Pour en savoir plus ........................................................................... Doc. BM 7617
usqu’à la seconde Guerre mondiale, l’assemblage des matériaux s’effectuait

J principalement par des moyens mécaniques : boulons, vis, rivets, brasage
(des métaux), couture (des cuirs et textiles). Seuls la fabrication de meubles et
l’emballage faisaient un peu appel au collage.
C’est au cours de cette guerre que l’assemblage par collage a pris son essor.
D’une part, le développement de nouveaux produits chimiques apportant de
nouvelles propriétés d’adhérence, de durcissement nécessaire au contrôle de la
prise des colles, de durabilité, entre autres, a permis d’adapter cette technique
d’assemblage à d’autres applications. D’autre part, le collage a tiré partie du
développement de l’industrie aéronautique en temps de guerre, les construc-
teurs américains et anglais commençant à utiliser cette technique pour la fabri-
cation d’éléments de structure d’avions en grandes séries.
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Génie mécanique BM 7 615 − 1
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COLLAGE DES MATÉRIAUX _______________________________________________________________________________________________________________
Le marché du collage s’est alors élargi aux autres secteurs industriels. Ainsi,
le marché français des colles et adhésifs est passé de quelque 5 000 t/an en 1920
à 400 000 t/an en 2000.
L’objet de cet article est l’étude des mécanismes d’adhérence, des caractéris-
tiques des produits, des règles générales de conception, les principaux types
de colles, adhésifs et produits d’étanchéité destinés à l’assemblage solide et per-
manent des principaux matériaux structuraux ou semi-structuraux (métaux,
matières plastiques, bois, verre, élastomères...).
Cet article constitue la première partie d’un ensemble consacré au collage des matériaux :
— Collage des matériaux. Mécanismes. Classification des colles [BM 7 615] ;
— Collage des matériaux. Caractéristiques et mise en œuvre des colles [BM 7 616] ;
— Collage des matériaux. Pour en savoir plus [BM 7 617].
Le collage des matériaux fait également l’objet de plusieurs articles spécialisés dans la collec-
tion des Techniques de l’Ingénieur auxquels le lecteur pourra se reporter.
Nota : L’abréviation CND est utilisée pour contrôle non destructif.
1. Collage structural comparé structural (défini comme donnant des résistances au cisaillement
de 4 à 10 MPa et des performances physico-chimiques moyennes).

aux autres méthodes ■ Positionnement du collage
d’assemblage La figure 1 positionne le collage par rapport aux autres métho-
des d’assemblage des matériaux :
Nous ne parlerons ici que du collage structural, qui consiste à — le tableau 1 compare les différentes méthodes d’assemblage
utiliser des colles et adhésifs à hautes performances (solidité, des métaux : assemblage mécanique, soudage, brasage et collage ;
cohésion élevées, résistance à la chaleur et à d’autres sollicitations — le tableau 2 indique comment choisir la méthode la plus
et performances mécaniques élevées), afin d’obtenir des assembla- appropriée pour l’assemblage des matières plastiques : collage,
ges durables dont la solidité est comparable à celle des matériaux soudure (thermique, aux solvants, aux ultrasons, par induction, etc.)
constitutifs (métaux, plastiques, bois, verre...), et du collage semi- selon les plastiques à assembler.
Procédé de fabrication
Autres procédés
Assemblage
de fabrication
Assemblage Assemblage Assemblage

mécanique thermique physique/chimique
Coulée
remplissage
Non ou
Séparable Non séparable Séparable Non séparable Séparable difficilement
séparable
Pression Pression Déformation Brasage Soudage Autoadhésif Collage
Fasteners
Vissage Rivetage Pliage Agrafage Sertissage
Clips
Figure 1 – Positionnement du collage par rapport aux autres méthodes d’assemblage
BM 7 615 − 2 © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie mécanique
______________________________________________________________________________________________________________ COLLAGE DES MATÉRIAUX
(0)
Tableau 1 – Comparaison des diverses méthodes d’assemblage des métaux

Caractéristiques Assemblage mécanique
Soudure autogène Brasage Collage
de l’assemblage (vis, rivets, boulons)
Métaux et matériaux Métaux identiques difficile Métaux différents éventuel- M a t é r i a u x d i f f é r e n t s Tous matériaux différents.
pouvant être assemblés pour certains matériaux (Al, lement. (métal/métal, métal/plas-
Ti). tique, plastique/bois...).
Formes et dimensions Surfaces grandes, Surfaces toutes dimen- Pièces de toutes formes Pièces de toutes formes et
des pièces moyennes, petites sions. mais avec un dimensionne- toutes dimensions, mais le
(par cordon de soudure). Permet un assemblage bout ment et une conception joint doit travailler en
Permet un assemblage bout à bout. adéquate préalable des par- cisaillement uniquement.
à bout. ties à assembler. Pas d’assemblage bout à
bout.
Exemples typiques Plaques, à plat ou en angle, Plaques, à plat ou en angle, B r i d e s , c a p o t s , a n g l e s , Renfort, pièces de révolu-
de pièces assemblées cornières, renforts. cornières, renforts, petites tôles. tion, cornières, encas-
pièces (électronique). trements à plat.
Planéité des pièces, surfa- Seule la partie soudée doit Seule la partie soudée doit Nécessité de percer des Pièces planes et parallèles à
çage, usinage des pièces, avoir une configuration avoir une configuration trous et tarauder les pièces. l’endroit de l’assemblage.
préparation des surfaces adaptée (fraisée...). adaptée (fraisée...). Bonne planéité nécessaire à Traitement de surface du
Préfluxage. l’endroit de l’assemblage. métal.
Impossibilités Certains métaux ou alliages Certains assemblages de Difficulté avec les petites Aucune impossibilité.
ne peuvent pas être soudés deux métaux différents sont pièces (mais technique utili-
(fonte, cuivre, bronze, zinc). impossibles (...). sée en horlogerie) et avec
les matériaux ne pouvant
pas être usinés, percés.
Permanence de l’assem- Assemblage permanent. Assemblage destiné à être A s s e m b l a g e a i s é m e n t Permanent.

blage, démontage, répara- permanent (mais que l’on démontable. Non démontable.
tion peut dessouder). Réparation facile.
Répartition des contraintes Parfois irrégulière. Bonne. Contraintes concentrées à Excellente répartition des
(cf. figure 2) l’endroit des trous, vis, contraintes de cisaillement
rivets et boulons. sur toute la surface, mais
mauvaise dans le cas du cli-
vage ou du pelage.
Résistance mécanique Peut être très élevée. Peut être très élevée. Peut être très élevée. Élevée en cisaillement.
Faible en clivage ou pelage.
Résistance à la fatigue, aux Bonne mais doit être étu- Bonne mais doit être étu- Les assemblages peuvent Excellente résistance à la
vibrations diée. diée. se desserrer lorsqu’ils sont fatigue.
soumis aux vibrations.
Apparence Bonne mais cordons de Bonnes mais cordons de Saillie des têtes de rivets et Permet d’obtenir des surfa-
soudures apparents et fai- soudures apparents et fai- boulons. ces lisses.
sant relief. sant relief. Joints invisibles.
Légère distorsion des tôles. Possible distorsion légère Surfaces non marquées.
des pièces.
Poids Neutre vis-à-vis du poids. Globalement n e u t r e Alourdit la structure (impor- Permet de réduire le poids
vis-à-vis du poids. tant en aéronautique). des structures assemblées
grâce à l’utilisation de
pièces plus minces.
Résistance à la chaleur Très haute résistance (égale Résistance élevée (égale à Très haute résistance (égale Limitée (température maxi-
à celle des métaux assem- celle du métal d’apport). à celles des métaux en pré- male de 120 °C pour les col-
blés). sence). les époxydes et de 300 °C
pour les colles thermosta-
bles).
Résistance à l’eau, Excellente. Bonne. L’eau n’a pratiquement pas Risque de corrosion si les
à la corrosion Très peu de risque de corro- d’action sur les assemblages. assemblages sont sous ten-
sion. Possibilité de corrosion sion.
bimétallique.
Équipement, outillage Poste de soudure avec bou- Poste de soudure moins Manuel, simple. Simple pour collages à froid.
nécessaires teilles de gaz. onéreux que pour la sou- Système de chauffe pour
dure. collage à chaud.
Main-d’œuvre Doit être qualifiée. Doit être qualifiée. Peu qualifiée. Doit être qualifiée.
Soigneuse dans la prépara-
tion.
Contrôles de fabrication Contrôles non destructifs CND : examen visuel, essai Contrôle visuel (présence Diverses méthodes :
(CND) : examen visuel, d’étanchéité, radiographie des vis, boulons, rivets), — éprouvettes suiveuses :
essai d’étanchéité, radiogra- (à rayons X notamment), vérification du serrage des — tractionnement ;
phie (à rayons X notam- ultrasons, etc. vis et boulons. — CND : examen visuel,
ment), ultrasons, etc. Simples. essai d’étanchéité, radiogra-
phie (à rayons X notam-
ment), ultrasons, etc.
(0)
Tableau 2 – Méthodes d’assemblage des diverses matières plastiques (1) (2)
haute fréquence
à la chaleur (3)
aux ultrasons
par induction
Assemblage
par friction-
mécanique
au solvant
Adhésifs
Soudure
Soudure
Soudure
Soudure
Soudure
Soudure
rotation
Thermoplastiques
ABS............................................................................. X ... X X X X X X
Acetals........................................................................ X ... X X X X X
Acryliques .................................................................. X ... X X X X ... X
Cellulosiques ............................................................. X ... ... ... X X ... ...
Éthylène copolymères .............................................. ... X ... ... ... ... X ...
Fluoroplastiques (Teflon).......................................... D
Ionomère (Surlyn Du Pont)....................................... ... X ... ... ... ... X ...
Nylons, Polyamides .................................................. X X X X D ... ... X
Phénylène oxide (Noryl) (PPO)................................. X ... ... X X X X X
Polyesters thermoplastiques.................................... X ... ... X X X ... X
Polyamide-imide ....................................................... X ... ... X ... ... ... ...

Polyaryl éther............................................................. X ... ... X ... ... ... X
Polyaryl sulfone......................................................... X ... ... X ... ... ... X
Polybutylène .............................................................. ... ... ... ... ... ... ... X
Polycarbonate............................................................ X ... X X X X X X
Polycarbonate/ABS ................................................... X ... ... X X X X X
Polyéthylène .............................................................. D X X X ... X X
Polyimide ................................................................... X ... ... X ... ... ... ...
Polypropylène............................................................ D X X X ... ... ... ...
Polystyrènes .............................................................. X ... X X X X X X
Polysulfones .............................................................. X ... ... X X ... ... X
Mélange PVC/acrylique............................................. X ... X X ... ... ... X
Mélange PVC/ABS ..................................................... X X ... ... ... ... X ...
Styrène acrylonitrile.................................................. X ... X X X X X X
Vinyliques (PVC) ........................................................ X X X X X ... X ...
Thermodurcissables
Glyceronaphtaliques ................................................. X ... ... ... ... ... ... ...
Diallyl phthalate......................................................... X ... ... X ... ... ... ...
Époxides, composites base époxydes..................... X ... ... X ... ... ... ...
Mélamines ................................................................. X ... ... ... ... ... ... ...
Phénoliques ............................................................... X ... ... X ... ... ... ...
Polybutadiènes .......................................................... X ... ... ... ... ... ... ...
Polyesters, Polyester renforcé verre........................ X ... ... X ... ... ... ...
Silicones..................................................................... ... ... X ... ... ... ...
Polyuréthanes............................................................ X ... ... X ... ... ... ...
(1) Sources diverses (cf. [BM 7 617]).
(2) D = difficile mais possible avec certains traitements de surfaces.
(3) Soudure à la chaleur : peut être réalisée par divers moyens : plaques chauffantes, bec à gaz, résistance électrique noyée dans les pièces, laser, au miroir.
■ Avantages et inconvénients du collage L’économie de temps est surtout intéressante pour les pièces de
● Chaque méthode comporte des avantages et des inconvé- grandes surfaces puisqu’on peut les enduire et les assembler sur
nients, mais le collage offre des avantages importants (cf. la chaîne de fabrication en une seule opération (pas de perçages,
tableau 3) : d’usinages coûteux...) ;
— meilleure répartition des contraintes (cf. figure 2) : le collage — possibilité d’assembler des très petites pièces, des pièces fra-
forme un joint sur toute la surface, alors que les autres types giles (électronique, bijouterie, pièces en verre, médical par exemple
seringues, cathéters), des pièces très minces (revêtement de films
d’assemblages sont discontinus (rivets, vis...) et induisent des
concentrations de contraintes locales et une répartition irrégulière ou feuilles) ;
de la rigidité de la pièce ; — meilleur rapport résistance mécanique/poids, car :
— assemblages peu visibles : on ne voit pas la colle, et on peut • on peut utiliser des pièces plus minces, qui ne pourraient pas
obtenir des pièces à l’aspect lisse, sans surépaisseurs, qui permet- être assemblées par rivets ou vis par exemple,
tent un design plus léger, plus fin ; • on supprime le poids des rivets et vis ;
— abaissement de poids, ne serait-ce que par la suppression des — possibilité de réaliser des pièces composites, par exemple :
moyens traditionnels de fixation (vis, rivets...) ce qui a permis par laminés, stratifiés, composites divers, structures renforcées, pan-
exemple d’alléger de 20 % les pièces d’avions collées par rapport neaux-sandwichs (cf. figure 3) ;
aux pièces rivetées, et davantage encore en remplaçant les métaux — possibilité d’assembler des métaux très difficiles à souder, tels
par des matériaux composites, qui eux-mêmes utilisent le collage que l’aluminium, le titane, deux métaux différents ;
(cf. [BM 7 616], § 1.1.2) ; — l’adhésif peut aussi assurer d’autres fonctions :
— possibilité d’assembler des matériaux différents, d’épaisseurs • s’il a une épaisseur suffisante et un comportement élastique il
très différentes : métaux sur plastiques, caoutchouc, bois, feuilles peut apporter des propriétés anti-vibratoires donc insonorisantes
minces décoratives, sur matériaux massifs, tôles sur nids d’abeilles (par exemple, collage de raidisseurs de capot et de portes en
dans les panneaux-sandwichs (cf. figure 3) ; construction automobile),
— possibilité d’augmenter la vitesse de production en automati- • il peut être isolant électrique et empêche alors la corrosion
sant les opérations d’assemblage, par exemple on peut appliquer galvanique des métaux (par exemple : adhésif époxyde spécial),
rapidement l’adhésif en traits, en bandes ou en surfaces continus, • il peut être au contraire conducteur extrinsèque d’électricité en
avec un système adéquat, puis assembler, presser, sécher ou durcir y incorporant des particules conductrices métalliques,
(totalement ou partiellement) l’adhésif sur la chaîne. • il peut être étanche. (0)
Tableau 3 – Intérêt du collage par rapport aux autres méthodes d’assemblage

Avantages Inconvénients
— Le collage est l’une des meilleures méthodes d’assemblage pos- — Le collage est mal connu par les industriels, les mécaniciens : on ne
sible : sait pas « comment ça colle ».
• pour les petites pièces (montage des puces et composants élec-
troniques, bijouterie) ; — La mise en œuvre de cette technique d’assemblage nécessite for-
• pour les pièces, tôles ou feuilles minces, très fragiles ; mation, adaptation et connaissance de la technique du collage : une
• c’est la seule méthode possible pour certaines pièces (panneaux- conception adaptée de la part des bureaux d’études, du soin de la part
des ouvriers, un contrôle de la part de la maîtrise.
sandwichs, revêtements en feuilles minces décoratifs ou protec-
teurs, stratifiés). — Un bon collage nécessite une bonne préparation des surfaces, des
— Cette technique permet d’assembler des matériaux différents, par surfaces planes, propres...
exemple : plastique sur métal, sur bois, métaux différents (ce qui ne
permet pas la soudure autogène), plastiques différents, matériaux — La durabilité des collages est limitée : elle varie de 5 à 40 ans, selon
ayant des coefficients de dilatation différents... les types d’adhésifs, les contraintes et l’environnement.
— Méthode qui assure une meilleure répartition des contraintes — La résistance à la chaleur est limitée : les colles classiques pour
(cf. figure 2). métaux ne résistent qu’à environ 70 à 150 oC avec cependant des
adhésifs thermostables très spéciaux qui résistent à 200 voire 300 oC.
— Le collage permet d’obtenir un allègement de la structure assem-
blée (par la suppression des rivets, vis et boulons). — Collages sensibles à l’humidité et risques de corrosion si la prépa-
— Évite tout affaiblissement des pièces assemblées (pas de trous à ration des surfaces n’est pas parfaite.
percer).
— La durée de durcissement peut être parfois longue : 10 à 20 h à tem-
— Offre un meilleur aspect visuel : donne des surfaces lisses (pas de pérature ambiante.
rivets ou de boulons), améliore l’aérodynamisme en aéronautique,
permet de réaliser un joint non visible. — Le joint de colle doit travailler en cisaillement, jamais en traction
pure ni en clivage, sa résistance au pelage est faible.
— Les joints collés présentent une élasticité leur permettant d’amortir
les vibrations dans certains cas (plastisols dans l’automobile par
exemple) ou de tolérer des variations dimensionnelles, sans déforma-
tions.
— Les joints collés peuvent être isolants ou conducteurs électriques.
— Les joints collés peuvent être étanches.
— Les assemblages collés présentent un meilleur rapport résistance
mécanique/poids.
— La dépose des colles peut être rapide et automatisée, ce qui peut
abaisser le coût d’assemblage.
— Méthode la mieux appropriée à l’assemblage des pièces de révo-
lution, avec une excellente résistance aux couples.
Cordon de soudure
Parement
tôle ou
composite
3 Adhésif
2 Nid d'abeille
aluminium
1
2
3 Répartition irrégulière des contraintes
1 zone de forte chaleur Parement
2 zone d'affaiblissement
3 partie non influencée
a soudure Figure 3 – Panneau sandwich à âme en nid d’abeille collé
— résistance à l’eau, à l’humidité limitée : l’humidité peut péné-

trer entre le film de colle et les matériaux et y cheminer lentement,
ce qui peut provoquer corrosions et décollements, surtout si les piè-
s
ces sont soumises à des sollicitations mécaniques permanentes ;
— le joint et les pièces doivent être soigneusement dimensionnés

afin que l’adhésif travaille en cisaillement, avec des sollicitations
d mécaniques réparties sur de grandes surfaces, et jamais en tension
pure ou en clivage ou même en pelage, car dans ces derniers cas
d b les efforts sont trop concentrés sur de petites surfaces. Le tableau 4
présente les formes souhaitables et celles qu’il faut proscrire ;
s Maxima de contrainte aux bords des rivets — nécessité d’une bonne préparation de surfaces. En effet, afin
b distance entre logements des rivets de bien adhérer sur les matériaux, les surfaces doivent être : sèches,
d diamètre des rivets suffisamment planes car les adhésifs ne peuvent avoir de bonnes
s épaisseur de la tôle performances qu’en faibles épaisseurs, de l’ordre de 0,01 à 0,1 mm
en général (seuls certains adhésifs particuliers peuvent être utilisés
jusqu’à 1 mm d’épaisseur maximale), les surfaces doivent être pro-
b rivetage pres, débarrassées de toute contamination (couches d’oxydes fra-
giles, graisses...) et pour cela dans le collage des métaux, on traite
les surfaces par diverses méthodes physico-chimiques, dans des
bains préalables au collage, selon des méthodes que nous citerons
s dans l’article [BM 7 616] ;
— les techniques de collage sont encore mal connues des
ingénieurs et des mécaniciens, qui sont mieux formés aux tech-
niques traditionnelles (fixations mécaniques, formage, soudure,
brasage...) : ils ne connaissent pas les mécanismes d’adhérence et
Film de colle
ne savent pas toujours comment dimensionner et calculer le joint

Iu de colle, bien qu’il existe maintenant des programmes de calcul et
de dimensionnement des pièces collées très bien conçus et faciles
à utiliser (cf. § 3) ;
— le joint de colle est peu, voire pas visible, contrairement à une
vis ou à un rivet.
s épaisseur de la tôle Il faut donc former les ingénieurs et techniciens, les designers, les
architectes, et les ouvriers au collage. Il faut également intégrer des
Iu longueur de recouvrement
contrôles très stricts sur les chaînes de fabrication pour vérifier que
chaque opération (traitement de surface, application, durcisse-
ment...) a bien été faite ;
c collage en « escalier »
— la sélection d’un adhésif pour un collage donné est un pro-
Figure 2 – Répartition des contraintes dans différents types d’assemblage
blème complexe, d’une part parce qu’il en existe des dizaines de
types différents, des centaines voire milliers de formules et réfé-
rences, d’autre part parce qu’il faut tenir compte de vingt paramè-
● Le collage présente aussi des inconvénients :
tres différents, qu’il faut connaître précisément les caractéristiques
— résistance à la chaleur limitée. La température maximale qu’ils mécaniques, physiques et chimiques des adhésifs proposés par les
supportent est de : nombreux fournisseurs (cf. [Doc. BM 7 617]), et parce qu’il n’existe
• 60 oC à 80 oC pour les adhésifs banals, pas d’adhésif universel « qui colle tout » ;
• 140 oC pour les adhésifs structuraux époxydes, — la plupart des adhésifs ne permettent pas le démontage
• 300 oC pour les adhésifs structuraux thermostables très spé- (contrairement aux fixations mécaniques) il est impossible de rec-
ciaux et onéreux, utilisés uniquement en construction tifier un ajustage incorrect des pièces assemblées après la prise de
aéronautique et militaire ; l’adhésif ;
— la durabilité des collages varie de façon importante, de 5 à

40 ans, selon les adhésifs utilisés et selon les conditions environ-
nementales (température, humidité, contraintes mécaniques, forme
Mode de collage Répartition des contraintes
des joints et types de sollicitations mécaniques). Cependant la dura-
bilité et la fiabilité des adhésifs ont fait des progrès considérables F
depuis 1970.
Concentration des contraintes sur

une trop petite surface collée
2. Sollicitations. Forme et
dimensionnement des joints F a traction
Il existe divers types de sollicitations mécaniques des joints,

représentés sur la figure 4. F
Dans les opérations de collage, il est très important que l’adhésif

ou la colle travaille en cisaillement, afin de répartir les tensions sur
une surface la plus grande possible. Les autres modes de sollici- Meilleur mode de travail pour les
tations (traction, pelage, clivage) sont à éviter voire à proscrire. joints collés car les contraintes sont
réparties sur une grande surface
Le tableau 4 présente diverses configurations de pièces et de
joints pour lesquelles on a précisé les avantages, inconvénients et
restrictions d’usage.
F b cisaillement
3. Mécanismes du collage :
F F
principes théoriques Localisation
des contraintes
3.1 Définitions
Une colle (ou un adhésif) est un produit chimique qui permet
d’assembler deux matériaux. On dit qu'un joint "travaille" en pelage lorsque l'un, au moins,
des supports est souple et que la force d'arrachement est
On appelle colle, les colles traditionnelles telles que les colles perpendiculaire au plan de collage.
vinyliques ou colles blanches, les colles à base de caoutchouc
(colles contact ou néoprène...) et certaines colles thermodurcis- c pelage
sables : urée-formol.
On tend de plus en plus à appeler adhésifs les colles modernes,
Tension
performantes, telles que les époxydes, polyuréthanes, thermofusi-

bles (ou hot melts ), les cyanoacrylates et anaérobies, les acryli-
ques. F
D’abord liquide ou fluide, la colle est étalée sur l’une (ou sur les
deux) surfaces à assembler et s’y accroche par divers mécanismes
physiques ou chimiques. C’est le phénomène dit d’adhésion
Compression
(cf. § 3.2). Distance

F
Puis, les matériaux sont assemblés et la colle durcit ou sèche :
c’est ce que l’on appelle le durcissement ou le séchage ou la prise
ou la polymérisation de la colle, qui met en œuvre divers mécanis-
mes physiques et chimiques (cf. § 3.3).
On dit qu'un joint "travaille" en clivage lorsque les deux éléments
Les colles (ou adhésifs) se caractérisent donc par l’adhésion et la collés sont rigides et la force d'arrachement perpendiculaire au
cohésion (ou solidité finale). plan de collage.
d clivage
La norme EN 923 définit tous les termes utilisés dans le collage.
3.2 Adhésion
L’adhésion est une liaison interfaciale. Les forces de liaison peu- Glissement dans le temps des
vent être soit d’origines physiques, soit d’origines chimiques. Le 2 matériaux () l'un par rapport à
phénomène d’adhésion fait intervenir plusieurs facteurs. l'autre sous l'effet de leur poids ou
d'une force P
3.2.1 Mouillage P
e fluage
Considérons un liquide mis en contact avec un solide.
La variation d’énergie libre du système solide/liquide correspond
au travail nécessaire pour séparer un élément de surface unitaire. Figure 4 – Divers modes de sollicitations mécaniques des collages
(0)
Tableau 4 – Configurations des collages et joints : avantages et restrictions (1)
Mesures de précaution lors de la construction des joints

pour éviter les efforts de pelage
Divers modes d’assemblage

Dans les différents cas décrits ci-dessous, les éléments assemblés sont prévus pour transmettre des charges orientées de telle sorte que les
contraintes principales dans ces éléments soient des contraintes de tension. Les contraintes principales dans la colle sont, elles, de cisail-
lement et dans des plans parallèles à la tension principale. Elles se manifestent à la fois dans le matériau « colle » et dans le plan de l’interface
colle/support. Toutefois, pratiquement, le joint est souvent soumis à des efforts secondaires de flexion.
Joint en bout, bord à bord, ou butée simple

L’inconvénient principal de ce type de joint est une résistance insuffisante pour la
transmission des sollicitations, la surface de collage étant très restreinte, la résis-
tance de l’adhésif est très faible par rapport à celle des pièces assemblées. Ce type
de joint est donc formellement déconseillé.
Joint à recouvrement simple

La répartition des charges est satisfaisante pour ce qui est des sollicitations
normales.
La répartition excentrique des charges engendre un moment de flexion.
Joint à recouvrement simple biseauté

Cette forme permet une répartition plus favorable des contraintes, en les rédui-
sant aux extrémités.
Joint biseauté en bout, enture

Assez bonne répartition des charges mais la section collée est faible.
Joint à mi-épaisseur, ou recouvrement en gradin

Ce joint a une bonne résistance mais il est difficile à usiner (ne peut être réalisé
qu’avec des tôles ou pièces épaisses).
Joint embrevé ou recouvrement avec pliage

Ce type permet une répartition plus favorable des contraintes et il est relativement
aisé à réaliser.
Joint à recouvrement avec sertissage (pour les tôles)

Encore plus solide et plus fiable que les précédents car il combine les avantages
du collage et du sertissage.
Joint bord à bord à recouvrement, avec couvre-joint simple

Dans la pratique, ce joint est recommandé lorsqu’une surface doit être lisse sans
préparation particulière, permet une transmission satisfaisante des sollicitations
pour les contraintes normales. Mais la répartition des charges est assez excen-
trique (apparition possible de contraintes de pelage ou de clivage).
Joint à double recouvrement

La répartition symétrique des sollicitations permet d’obtenir des valeurs élevées
de la résistance mécanique. Le rapport d’épaisseur des substrats de 1-2-1, est, en
général, le plus favorable pour la bonne utilisation des matériaux.
(1) Les configurations de panneaux réalisés par collage à partir de profilés divers sont représentées (figure 7) dans l’article Colles et adhésifs. Applications dans
le bâtiment [C 961] dans le traité Construction.
Tableau 4 – Configurations des collages et joints : avantages et restrictions (1) (suite)

Joint bord à bord à double recouvrement symétrique ou joint à double couvre-
joint
Ce type de joint permet une très bonne transmission des sollicitations sous les
contraintes les plus élevées. Les sollicitations sont réparties symétriquement,
sans aucune déformation en charge. Sous charges dynamiques, l’assemblage
résiste à un nombre de cycles beaucoup plus élevé.
Principal inconvénient : les couvre-joints forment une saillie de part et d’autre de
l’assemblage.
Joint bord à bord, à mi-épaisseur et double recouvrement
Cette liaison double, par couvre-joints noyés, assure une répartition très favorable
des contraintes, mais est de fabrication onéreuse.
Joint en bout, à double recouvrement symétrique biseauté

Ce type de couvre-joint n’est économique que si l’on dispose de profilés métal-
liques adéquats.
Assemblages d’angles
Dans ces joints, le collage est renforcé soit par des encastrements, soit par des assemblages mécaniques.
Assemblage d’angles
Exemple d’utilisation : assemblage de cadres de fenêtres métalliques.

Bord à recouvrement ou joint en demi-bout croisé
Exemple : assemblage de cadres en bois en menuiserie.
Joint rainuré
Exemple : assemblage de containers métalliques.
Joint à tenon et mortaise
Exemple : assemblage de meubles en bois.
Joint à languettes
Exemple : meubles en bois.
Joint à chevilles
Exemple : meubles en bois.
Tableau 4 – Configurations des collages et joints : avantages et restrictions (1) (suite)
Assemblages à angles droits
non
Directions des contraintes admissibles, non non oui moyen oui oui oui
peu recommandées ou interdites
Il faut éviter les efforts de pelage et de clivage.
oui non oui oui oui
Joint à croisé à mi-épaisseur,

joint à entaille
Joint d’angle renforcé avec cordon d’adhésif
Joint à queue d’aronde

(assemblage de bois)
Assemblage de tubes
Emmanchement Collage tube avec Jonction tube avec

direct manchon rapporté raccord moulé
Un type d’assemblage particulièrement important est celui des tubes, pour la plu-
part destinés au transport des fluides et à la mécanique. Ces tubes sont soumis à
des efforts complexes à l’endroit des jonctions collées : cisaillement, compres-
sion, flexion. Il est possible de renforcer les performances mécaniques de la jonc- Boulonnage
tion avec des colliers de serrage ou des brides de jonction.
Les raccords de tubes, avec ou sans manchon, se prêtent facilement au collage et

Tube
les adhésifs résistent bien aux efforts de torsion et aux couples.
Opercule
collé Raccord
moulé
Ce travail correspond à l’énergie d’adhésion qui se traduit par

l’équation de Dupré :
WSL = γ S + γ L – γ SL (1)
avec γ S tension superficielle du solide, γL
γ L tension superficielle du liquide, Liquide
γ SL tension interfaciale solide/liquide. θ
Si à l’équilibre θ est l’angle de raccordement du liquide avec le γS Solide γSL
solide (cf. figure 5) on a, d’après Young :
γ S = γ SL + γ L cos θ (2)
Figure 5 – Mouillage d’un solide par un liquide
ce qui permet d’écrire :
WSL = γ L (1 + cos θ ) (3)
Lorsque le mouillage est parfaitement réalisé, l’angle de raccor-
dement θ est nul et l’énergie d’adhésion est maximale et égale à R'
2 γL. R R
En fait, l’énergie d’adhésion est supérieure à l’énergie de cohé-
sion de l’adhésif (c’est-à-dire du liquide dans ce qui précède). H O O H
+ – – +
– + + – Métal
On en déduit que, théoriquement, la rupture d’un joint collé
ne devrait pas s’effectuer à l’interface colle/solide mais de Dipôle
induit
manière cohésive, c’est-à-dire soit dans le joint de colle, soit
dans le support.
Figure 6 – Dipôle induit
L’énergie mise en jeu devrait donc être :

2 γ L (ou 2γ S si γ S < γ L)
le substrat (cf. figure 6). Les énergies de liaisons sont faibles, de
La théorie est très divergente de la pratique puisque, pour un l’ordre de 2 kJ/mole ;
liquide ayant une énergie de surface voisine de 30 mJ · m–2, et en — cas d’un polymère polaire sur un édifice ionique (du verre par
admettant que les forces intermoléculaires sont à peu près négli- exemple). Des liaisons dipôle-dipôle peuvent alors s’établir ;
geables à des distances de 0,3 nm, la force nécessaire pour séparer — des liaisons hydrogène peuvent s’établir résultant de l’interac-
ce liquide d’un solide, perpendiculairement à leur surface de tion entre un atome électronégatif (oxygène, halogène) et un atome
contact, serait voisine de 200 MPa. En pratique, on n’atteint au d’hydrogène, dans le cas par exemple d’adhésifs polyuréthanes sur
mieux que le dixième de cette valeur. certains plastiques tels que le PVC, les polyamides et nylons. Les
Par ailleurs, pour qu’il y ait collage, il faut qu’il y ait mouillage et énergies de liaisons sont alors élevées et peuvent atteindre
donc que l’angle de raccordement liquide/solide soit voisin de 0 ou 40 kJ/mole.
que cos θ soit le plus grand possible.
La relation (2) peut s’écrire :
3.2.3 Forces de liaisons chimiques
γ S – γ SL
cos θ = ---------------------
- (4)
γL Les forces de liaisons chimiques se développent lorsque les
molécules ou atomes du substrat et de l’adhésif sont susceptibles
On en déduit immédiatement qu’un bon mouillage sera réalisé de mettre en commun un certain nombre d’électrons et de réaliser
lorsque la tension superficielle de l’adhésif γ L est petite, l’énergie ainsi des liaisons ioniques ou covalentes.
de surface du solide γ S grande et l’énergie interfaciale γ SL faible. Bien que les phénomènes chimiques soient moins généraux que
Cependant, γ L ne peut pas être trop petite car, alors, l’énergie les phénomènes d’attraction physique, ils sont de première impor-
d’adhésion serait très faible. tance dans le cas des adhésifs. En effet, les liaisons chimiques met-
tent en jeu des énergies très importantes pouvant aller jusqu’à :
• 100 à 500 kJ/mole pour les liaisons covalentes ;
3.2.2 Adsorption physique • 500 à 1 000 kJ/mole pour les liaisons ioniques.
L’adhésion peut être assurée par des forces d’attraction intermo- Cela peut être le cas avec des adhésifs polyuréthanes, contenant
léculaires de Van der Waals, qui n’agissent qu’à très faibles distan- des groupements réactifs —NCO qui réagissent avec les grou-
ces, de l’ordre de 0,5 nm. pements —OH de certains substrats. Ce qui explique, en partie,
l’excellente adhérence des polyuréthanes sur de nombreux subs-
On distingue plusieurs natures d’interactions : trats (plastiques, bois).
— cas d’un polymère non polaire sur une surface métallique (par
exemple, polyéthylène sur métal). Les seules forces qui peuvent
s’établir sont les forces de dispersion, interactions entre dipôles for- 3.2.4 Influence de la distance adhésif-substrat
més temporairement dans le polymère et dans le métal. Les éner-
gies d’attractions moyennes sont dans ce cas de 1 à 20 kJ/mole. Ces L’importance de ces diverses liaisons (cf. § 3.2.2 et § 3.2.3) dans
forces d’attraction n’agissent qu’à très faible distance car elles le phénomène de collage dépend de l’écartement entre les molé-
décroissent avec la puissance 6 de la distance ; cules de colle et du substrat (figure 7). Les collages les plus effi-
— cas d’un polymère polaire sur une surface métallique (par caces sont obtenus pour des écartements très faibles de l’ordre
exemple adhésifs époxydes, polyuréthane, cyanoacrylates, PVC sur du dixième de nanomètre (angström), d’où l’intérêt d’un bon
métal). Des forces d’induction peuvent agir entre un dipôle perma- mouillage et d’un bon pressage des surfaces entre elles au
nent existant dans le polymère (de la colle) et un dipôle induit dans moment de l’assemblage.
— inversement une mauvaise affinité chimique peut fortement

Liaison Van der Waals affaiblir le collage ;
Répulsion — le coefficient de dilatation thermique et le module d’élasticité
Liaison hydrogène
de l’adhésif doivent être compatibles avec les coefficients de dila-
0,5 1,0 d (nm) tation des deux substrats, pour ne pas créer de tensions internes
0 trop élevées.
4. Conception et calcul
des joints collés
Liaison Différentes méthodes de calcul basées sur les diverses théories
covalente du collage existent pour calculer et dimensionner les assemblages
400 collés. Elles font appel à des calculs et outils mathématiques
Attraction
complexes développés dans les ouvrages cités en bibliographie
Énergie de liaison (kJ/mole)

(cf. [Doc. BM 7 617]).
Cependant, il existe plusieurs programmes informatiques faciles
à mettre en œuvre (par des ingénieurs, des bureaux d’études...),
qui ont été développés par des organismes techniques et scientifi-
ques tels que le CETIM (Centre technique de l’industrie mécanique)
en France, par des laboratoires et des universités européennes
Liaison ayant un département Matériaux et collage (cf. [Doc. BM 7 617]).
ionique On citera à titre d’exemple les logiciels CADIAC, CASTOR 3D du
800
CETIM.
Ces logiciels permettent de calculer la répartition des contraintes

Figure 7 – Énergies des liaisons en fonction de la distance d dans des assemblages collés et s’appliquent aux configurations
d’assemblages les plus couramment utilisées dans l’industrie.
Les méthodes de calcul sont issues des différentes approches
En pratique, les forces d’adhésion réellement développées sont analytiques théoriques publiées. Elles concernent les assemblages
beaucoup plus faibles que les forces théoriques indiquées précé- plans (à simple recouvrement sollicités en traction et à double
demment (§ 3.2.2 et § 3.2.3) parce que les supports ne sont pas recouvrement sollicités en traction ou cisaillement), les assembla-
plans à l’échelle moléculaire et ne sont donc pas partout en contact ges cylindriques sollicités en traction ou torsion.
avec les molécules de la colle, ou parce que les supports peuvent
être pollués localement (par des graisses, des poussières, des oxy- Le comportement des adhésifs est assimilé à un comportement
des, ou des matériaux corrodés). purement élastique et dans le cas des assemblages plans il peut
aussi être assimilé à un comportement élasto-plastique.
Par l’utilisation de critères de rupture (contrainte ou déformation
3.3 Développement de la cohésion : maximale admissible par l’adhésif), le logiciel déduit la force limite
admissible par l’assemblage.
prise de la colle
L’option dimensionnement du logiciel permet à l’utilisateur de
Après l’assemblage des deux matériaux ou substrats, la colle voir rapidement l’influence des principaux paramètres sur la résis-
doit durcir ou sécher, afin de donner une liaison solide, mécani- tance de l’assemblage et de simuler diverses conformations des
quement résistante entre les deux matériaux : c’est le phénomène assemblages.
de prise de la colle. Ils permettent également d’optimiser la répartition des
Le mode de prise des colles et adhésifs dépend de leur nature contraintes.
physique et chimique. Plusieurs méthodes peuvent être utilisées Les résultats sont visualisés à l’écran ou sur imprimante (ou
pour obtenir la prise. Elles font l’objet des paragraphes 1.2 et 2.6 table traçante pour les graphiques).
de l’article [BM 7 616].
Une fonction d’aide permet à l’utilisateur de connaître les carac-
téristiques mécaniques des principaux matériaux ou adhésifs.
3.4 Conclusions D’autres logiciels permettent de calculer des pièces, y compris
de grandes dimensions.
Aucune des approches théoriques des phénomènes d’adhésion Le logiciel PRESUR du CETIM permet de choisir la méthode de
n’est susceptible d’expliciter de manière pleinement satisfaisante préparation de surface.
les faits expérimentaux. Cependant, certains principes peuvent en Enfin, le CETIM propose plusieurs banques de données sur les
être déduits. Nous retiendrons les suivants : adhésifs recensant les fournisseurs, références et caractéristiques
— une composition collante doit avoir au moment de son utili- des adhésifs.
sation une faible tension de surface (laquelle est fonction inverse
de la température et de la pression) ;
— les compositions collantes sont préférentiellement des maté-
riaux polymères plastiques ou élastomères ; 5. Principales familles
— la rupture d’un joint correctement collé doit se produire de
manière cohésive, c’est-à-dire dans le joint ou dans le support mais de colles et adhésifs
pas à l’interface ;
— la cohésion du joint sera d’autant meilleure que les matériaux, Pour toutes définitions et explications concernant les caractéris-
substrats et colle présenteront entre eux des interactions molécu- tiques des colles et adhésifs, le lecteur se reportera à l’article
laires intenses physiques et chimiques ; [BM 7 616].
5.1 Adhésifs époxydes

Ce sont des adhésifs à hautes performances, structuraux dans
tous les cas, dont la prise et le durcissement sont réalisés :
— soit à chaud pour les époxydes monocomposant ;
— soit à température ambiante pour les bicomposants.
■ Différents types d’adhésifs

Divers types d’adhésifs époxydes existent.
On obtient des conditions de durcissement et des performances
différentes en faisant varier les durcisseurs et les formules.
● Adhésifs époxydes à deux composants
Le durcisseur est ajouté au moment de l’emploi. Il peut être de
différents types :
— amines primaires, secondaires, aliphatiques ou aromatiques ;
— polyamides ;
— polysulfures, pour obtenir des adhésifs moins rigides que les
époxydes classiques.
Figure 8 – Adhésif époxyde en film
● Adhésifs époxydes à un composant
L’adhésif est livré en un seul composant qui contient à la fois la
résine époxyde et le durcisseur, ce dernier pouvant être : — la viscosité du mélange, la consommation du mélange ;
— une amine primaire, secondaire ou tertiaire ; — la durée pratique d’utilisation du mélange ;
— des prépolymères aminés ; — les température et durée de durcissement (ou de réticulation).
— dicyandiamide, des acides carboxyliques ou anhydrides. ■ Performances techniques
● Adhésifs hybrides et renforcés Les adhésifs époxydes présentent :

Ce sont généralement des adhésifs monocomposants : — une adhérence élevée sur métaux, verre, divers plastiques et
— époxy-nylon, époxy renforcés au caoutchouc nitrile pour aug- composites, bétons, bois ;
menter la flexibilité ; — des contraintes d’arrachement élevées en traction et en
— époxy-phénoliques dont la résistance à la chaleur peut attein- cisaillement (10 à 35 MPa) qui les rendent aptes à réaliser des
dre 300 oC. assemblages structuraux et à remplacer des assemblages méca-
niques ;
● Films — une excellente résistance à la chaleur :
Les adhésifs époxydes peuvent être livrés sous forme de films • 100 oC en continu avec des formulations banales,
(cf. figure 8) durcissant à chaud (dans l’industrie aéronautique par • 150 oC en continu avec durcisseurs à chaud sélectionnés,
exemple). • 250 oC avec des adhésifs époxy-phénoliques ;
— une résistance à l’eau, aux solvants, aux acides et bases, en
■ Mise en œuvre raison de leur réticulation tridimensionnelle d’où leur utilisation
La mise en œuvre des adhésifs époxydes comporte les étapes pour la fabrication de pinceaux ;
suivantes : — une bonne tenue à la fatigue : 104 cycles à 50 % de la charge
— traitement des surfaces, afin d’obtenir des collages structu- maximale statique, 105 à 106 cycles à 30 %, ce qui permet de les uti-
raux surtout dans le cas des surfaces métalliques. À noter cepen- liser en construction aéronautique et automobile.
dant qu’il existe des adhésifs époxydes spéciaux qui adhèrent sur
■ Avantages
tôles grasses, utilisés en carrosserie automobile ;
Les adhésifs époxydes présentent les avantages suivants :
— mélange des deux composants, manuel ou automatique ;
— performances techniques élevées ;
— application de l’adhésif. La couche d’adhésif peut atteindre — très faible retrait lors du durcissement, ces adhésifs peuvent
une certaine épaisseur (0,5 mm maximum) car les adhésifs époxy- coller deux matériaux différents comme le métal sur les composites,
des ont 100 % d’extrait sec et ne font pas de retrait lors du le bois, le verre ;
durcissement ; — absence de sous-produits volatils dégagés lors de la polymé-
— assemblage, une légère pression d’accostage suffit ; risation ;
— durcissement : — ces adhésifs remplissent l’intervalle du joint (jusqu’à quelques
dixièmes de millimètres d’épaisseur) ce qui permet donc d’assem-
• à froid (entre 20 min et 16 h selon les formules) pour adhésifs bler des pièces qui ne sont pas parfaitement planes.
époxydes bicomposants,
• à chaud (10 à 30 min pour des températures comprises entre ■ Inconvénients
120 oC et 175 oC) pour les adhésifs époxydes monocompo- Les inconvénients des adhésifs époxydes sont les suivants :
sants. Éventuellement on peut obtenir une prégélification en — résistance au pelage faible sauf avec des formules spéciales ;
quelques secondes à 150 oC pour assurer déjà un certain — risque de dermatose allergique (chez les sujets sensibles) ;
maintien des pièces ou pour permettre le passage en bain de — prix relativement élevé : 5 à 20 €/kg selon les performances.
primaire ou peinture. L’apport de chaleur peut être réalisé par
presse à plateaux chauffants, par passage en étuve ou en ■ Principales utilisations
autoclave par haute fréquence, par induction, etc. Les adhésifs époxydes sont utilisés principalement dans les sec-
teurs suivants :
■ Caractéristiques de mise en œuvre
— aéronautique : collages de nids d’abeille sur tôles ou compo-
Les paramètres de mise en œuvre sont : sites, collage de pièces métalliques (raidisseurs sur tôles) (cf.
— la proportion des deux composants ; figure 9) ;
— prise et polymérisation : à la température ambiante - durée

Longeron NIDA Revêtement Bandes en plus ou moins longue (de quelques heures jusqu’à 48 h) selon les
carbone AG5 composite-carbone alliage formules ; ou à la chaleur pour les polyuréthanes monocomposants.
collé sur le NIDA de titane
(avec film époxyde)
Les paramètres caractéristiques de mise en œuvre sont :
— les proportions du mélange pour les polyuréthanes bi-
composants ;
— la viscosité du mélange, qui conditionne le type d’applicateur ;
— la durée de vie en pot du mélange ;
— la consommation (en g/m2) ;
— les conditions de prise et de polymérisation en fonction de la
température, du temps (et de l’humidité de l’air ambiant dans le cas
Bord d'attaque des adhésifs polyuréthanes monocomposants).
AU 4G1
■ Performances techniques
Ferrure dural (AU 4SG)
rapportée par vis Les adhésifs polyuréthanes réactifs présentent les performances
techniques suivantes :
Cornières en alliage — bonne résistance au cisaillement (de 6 à 20 MPa). Ils peuvent
de titane collées donc être utilisés dans des assemblages semi-structuraux voire
structuraux ;
Figure 9 – Aileron du Mirage F1 — résistance à la chaleur : 75 oC à 100 oC après réticulation
complète ;
— film de colle souple ou rigide à volonté, selon les formulations.
— automobile et transports : panneaux-sandwiches pour carros- Ils sont souvent sélectionnés pour leur bonne résistance au pelage ;
series isothermes, portes serties et collées, collages de renforts — bonne résistance à l’eau, aux solvants.
« oméga » sur tôles, phares collés (optique verre ou plastique sur
réflecteurs) ; ■ Avantages
— bâtiment et travaux publics (cf. [C 961]) :
• carrelages de sols industriels, joints antiacides, Ces adhésifs présentent les avantages suivants :
• collage de voussoirs préfabriqués, construction de ponts, scel- — possibilités de formulation très étendues, permettant d’adap-
lements et collage métal/béton ; ter la formule au problème posé ;
— industrie électronique et électrique : — excellente adhérence sur la plupart des matériaux : métaux,
• circuits imprimés, nombreux plastiques [y compris le PVC (polychlorure de vinyle)
• enrobage, encapsulage ; plastifié et les plastiques renforcés], bois, matériaux fibreux, verre,
etc. ;
— industries diverses (pinceaux, skis, vélos...). — bonnes performances techniques et mécaniques détaillées
précédemment ;
— prix modérés (3 à 6 €/kg), bon rapport performances/prix ;
5.2 Adhésifs polyuréthanes réactifs — résistance aux huiles, graisses et plastifiants ;
— possibilités variées de mise en œuvre (un ou deux compo-
Les adhésifs polyuréthanes réactifs sont mono- ou bi-composants, durée de prise ajustable).
sants et font leur prise ou leur durcissement par réaction chimique.
Ils sont généralement à haut extrait sec (ES) ou à 100 % d’extrait
■ Inconvénients
sec.
Les inconvénients de ces adhésifs sont :
■ Nature chimique et différents types
— conservation des isocyanates limitée (9 mois) ;
Différents types d’adhésifs polyuréthanes réactifs existent : — nocivité des isocyanates (leur utilisation exige certaines
— polyuréthane monocomposant : polymères à terminaisons précautions : ventilation par exemple).
isocyanates, à 100 % d’extrait sec, réticulant à l’humidité de l’air ;
— polyuréthane bicomposant : systèmes polyol ou prépolymère ■ Principales utilisations
hydroxylé + isocyanates ou prépolymère isocyanate. Il y a de nom-
breuses possibilités de formulation : on peut obtenir à volonté des Les adhésifs polyuréthanes réactifs sont utilisés principalement
films de colle souples ou rigides, plus ou moins réticulés, plus ou pour :
moins polaires ; — le contrecollage de films plastiques :
— hot melts : polyuréthanes monocomposants réagissant à • complexes d’emballages polyéthylène, polypropylène, poly-
l’humidité. amide, polyester, etc.,
• PVC plastifié sur bois, panneaux, métal ;
■ Mise en œuvre
— le bâtiment : fabrication de panneaux-sandwiches divers ;
La mise en œuvre des adhésifs polyuréthanes réactifs comporte — les collages structuraux de plastiques renforcés (SMC) (cf.
les étapes suivantes : figure 10) ;
— mélange éventuel des deux composants (éventuellement par — collage verre sur métal (pare-brises), avec des mastics partiel-
machines de mélange) ; lement souples ;
— application : — collages de plastiques divers ;
• par extrusion (cordons...) pour les mastics de collage ou
— collage de bois, panneaux, mousses isolantes rigides ;
d’étanchéité,
• à l’encolleuse à rouleaux pour le collage de matériaux en — électricité, électronique : potting, encapsulage.
feuilles, Il existe aussi des adhésifs polyuréthanes thermoplastiques en
• autres systèmes (hot melts, ...) ; solution ou en émulsion, qui sont utilisés :
— trois paramètres pour le cycle de durcissement : température,

durée et pression (le collage à chaud demande quelques minutes
à des températures de 90 à 120 oC) ;
— consommation : 100 à 300 g/m2 selon les applications et la pla-
néité des substrats ;
— viscosité des mélanges ;
— durée de vie en pot du mélange ;
— épaisseur du joint (il existe des UF joints épais pouvant aller
jusqu’à 1 mm d’épaisseur).
Ces colles thermodurcissables présentent les performances tech-
niques suivantes :
— collages puissants, structuraux présentant des résistances au
cisaillement de 6 à 12 MPa (pour des collages bois/bois la rupture
s’effectue dans le bois) ;
— bonne résistance à la chaleur (90 oC à 120 oC) ;
— joints de colle durs et relativement cassants.
■ Avantages
Les avantages de ces colles thermodurcissables sont :
— un faible prix de revient (de 0,5 €/kg pour les UF ordinaires à
3 €/kg par les RF) ;
— la possibilité de durcissement à froid ou à chaud, par haute
fréquence ;
— de faibles exigences quant à la siccité du bois ;
Figure 10 – Collage de hayon d’automobile en composite — une résistance mécanique élevée.

avec un mastic polyuréthane appliqué au robot ASEA
■ Inconvénients
Ces colles présentent les inconvénients suivants :
— soit en double encollage comme des colles contact (pour le — dégagement de formol libre au moment du pressage, mais on
collage de semelles de chaussures par exemple) ; peut y remédier grâce à des formules spéciales ;
— tenue à l’eau médiocre dans le cas des UF, mais excellente
— soit par réactivation à la chaleur du film de colle après appli-
pour les RF et MF ;
cation et séchage (par exemple : collage de garniture de pièces de
— retrait et tensions internes si elles sont employées en couches
voitures ou de panneaux dans le meuble).
épaisses (sauf avec les urée-formol joints épais) ;
— ne conviennent que pour les matériaux rigides et poreux
(bois).
5.3 Colles thermodurcissables (UF, PF, MF, RF) ■ Principales utilisations
Ces colles thermodurcissables sont principalement utilisées
■ Description
pour :
Les colles thermodurcissables urée-formol (UF), phénoliques- — le bois et les meubles : placages, assemblages, collage de stra-
formol (PF), résorcine-formol (RF) et mélamines-formol (MF) se tifiés, liants pour la fabrication de panneaux agglomérés ;
présentent sous forme de sirop ou de poudre. Elles sont utilisées — la fabrication du contreplaqué, de panneaux lattés ;
avec adjonction de « durcisseur » et font leur prise par une réaction — la fabrication de portes isoplanes et de menuiseries inté-
chimique (dite de condensation). rieures ;
— la fabrication de charpentes lamellées collées avec les résor-
■ Nature chimique cine-formol (RF) (cf. figure 11) ;
Urée, phénol, mélamine et résorcine se condensent avec le for- — la fabrication de meubles en bois lamellé avec des colles MF :
mol pour donner, en milieu légèrement alcalin des méthylol-urée les pièces courbes sont pressées et durcies par des systèmes à
ou des phénol-urée, mélamine-urée... haute fréquence pendant quelques minutes.
Au moment de l’emploi, on ajoute à la résine (UF, MF, RF ou PF)
un « durcisseur » en général acide. Plusieurs types de durcisseurs
peuvent être utilisés avec la même résine : on peut ainsi faire 5.4 Adhésifs à base de monomères
varier la vitesse de prise. polymérisables
Selon les cas, la prise peut se faire à chaud ou à froid.
Ces colles contiennent de l’eau et dégagent de l’eau lors de la 5.4.1 Adhésifs cyanoacrylates
condensation. Il est donc nécessaire :
Ce sont des monomères qui polymérisent en quelques dizaines
— que l’un au moins des substrats soit poreux ; de secondes à température ambiante lorsqu’ils se trouvent en pré-
— de maintenir les pièces sous pression pour les empêcher de sence de bases faibles et en très faible épaisseur telle celle d’un
se séparer. joint de colle. La polymérisation est inhibée par des conditions
acides.
■ Caractéristiques et paramètres de mise en œuvre
La vitesse de polymérisation dépend de la nature des matériaux
La mise en œuvre de ces colles est caractérisée par les paramè- à coller, de leur pH, de la température ambiante, et de l’humidité
tres suivants : de l’air qui initie la polymérisation.
— ils sont monocomposants ;

— 100 % d’extrait sec ;
— durcissement très rapide ;
— résistance mécanique élevée ;
— conviennent sur divers substrats (métaux, plastiques, caout-
chouc) ;
— résistants aux solvants ;
— durabilité bonne sur plastiques et sur caoutchouc.
■ Inconvénients
Les inconvénients de la mise en œuvre des adhésifs cyanoacry-
lates sont :
— joint cassant surtout avec les métaux, mauvaise résistance aux
chocs (de nouveaux cyanoacrylates présentent une meilleure résis-
tance aux chocs) ;
— résistance à la chaleur moyenne (surtout sur les métaux) ;
— résistance à l’humidité médiocre (surtout sur les métaux) ;
— nécessitent une préparation de surfaces (car ils sont sensibles
à la contamination des surfaces) ;
— collent à la peau ;
Figure 11 – Charpentes lamellées collées extérieures, — prix élevé 40 à 50 €/kg.
collées avec des colles résorcine-formol (RF)
■ Princi pales utilisations
Les principales utilisations des adhésifs cyanoacrylates sont :
■ Nature chimique — collage de caoutchouc sur lui-même ou sur métal (matériel
médical, tampons de caoutchouc, joints) ;
Il s’agit de monomères méthyl ou éthyl cyanoacrylates :

— fixation rapide des composants sur les plaques de circuits
— pour le collage des métaux, les méthyl cyanoacrylates donnent imprimés ;
des joints plus solides et résistants aux chocs ; — collages plastiques sur métal en téléphonie, petite mécanique ;
— pour le collage des plastiques et du caoutchouc, les éthyl cya- — collages de métaux et plastiques en micro-mécanique, indus-
noacrylates sont privilégiés. tries de précision, horlogerie ;
■ Mise en œuvre — jouets, articles de sport, bijouterie fantaisie ;
— électronique : fixation de fils électriques et de petites pièces,
Ces adhésifs sont surtout utilisés pour coller de petites pièces ; assemblage de haut-parleurs, collage de ferrites et d’aimants dans
très fluides, ils sont appliqués à l’aide de flacons munis de fines des petits moteurs électriques ;
pipettes et, pour des productions de séries, avec des applicateurs — rasoirs jetables : collage des patins lubrifiants ;
capables de délivrer des gouttes calibrées d’adhésif. — collage d’écrans de soie sur les cadres en impression.
La mise en œuvre de ce type d’adhésif se caractérise ainsi :
5.4.2 Adhésifs anaérobies
— polymérisation à température ambiante ;
— 2 à 3 gouttes (soit 20 à 30 mg) suffisent pour coller une surface Ce sont des monomères acryliques qui durcissent en l’absence
de 10 cm2, soit 20 à 30 g/m2 ; d’air, par exemple lorsqu’on les enferme entre deux pièces métal-
— prise en : liques en fine épaisseur pour éliminer l’air. Les surfaces métalli-
• moins de 10 secondes sur les caoutchoucs, ques accélèrent la polymérisation.
• 10 à 70 secondes sur les métaux et plastiques ;
Ils adhèrent bien sur les métaux, le verre, les céramiques, les
— durcissement complet en quelques minutes ou même quel-
plastiques thermodurcissables. La vitesse de prise dépend des
ques dizaines de secondes ;
matériaux à assembler :
— viscosité très faible ; 2 · 10–3 Pa · s pour les méthyl, éthyl et
butyl cyanoacrylates, jusqu’à 1 ou même 10 Pa · s pour des formu- — avec certains plastiques il faut plusieurs heures à froid ou
les épaissies ; application de chaleur, ou utilisation de primaires ;
— épaisseur maximale du joint de colle : 0,1 à 0,25 mm ; — sur les métaux il ne faut que quelques dizaines de minutes.
— temps ouvert court car risque de commencer à polymériser à Plusieurs types d’adhésifs anaérobies sont disponibles :
l’humidité de l’air ambiant, si les surfaces sont basiques. — grades machines, pour le blocage d’écrous, la fixation de rou-
■ Performances techniques lements à billes dans leur logement ;
— grades structuraux, qui offrent des résistances au cisaillement
Les adhésifs cyanoacrylates présentent les performances sui- élevées sur des surfaces planes.
vantes :
Ces adhésifs permettent d’élargir les tolérances d’usinage et
— résistance au cisaillement : d’éliminer les rondelles Grower, les écrous autofreinants et les
• 15 MPa pour le collage d’acier laminé à froid avec du cyano- goupilles ou clavettes.
acrylate d’éthyle,
• 3,5 MPa pour du collage de nylon sur nylon, Les principales caractéristiques de ces adhésifs sont présentés
• 5 MPa pour les collages ABS/ABS (ABS : résine polyacrylique sur le tableau 5
- butadière styrène) ;
■ Avantages
— faible résistance au pelage en T : 100 à 300 N/m ;
— résistance à la chaleur moyenne : 90 oC environ en continu. Les adhésifs anaérobies présentent les avantages suivants :
— prise rapide sur les métaux ;
■ Avantages — viscosité très variable, du plus fluide jusqu’à une consistance
Ces adhésifs présentent les avantages suivants : de mastic ;
a blocage d'écrou b fixation de pignon c fixation d'un roulement d étanchéité de filetage e assemblage de tube
sur un axe à bille dans son logement
Figure 12 – Applications des adhésifs anaérobies
(0)
Tableau 5 – Caractéristiques mécaniques des adhésifs anaérobies (source Société Three Bond)
Vitesse de Couple (MPa) (2) (3)

Résistance
durcissement boulons acier
cisaillement (1) Jeu entre les pièces
Viscosité Vitesse de (∅ 10 mm JIS 2nd
Grades
( ± 20 %)
(MPa) (20 à 25 oC) durcissement class) Application (4)
références
(MPa · s) à température
Conseillé Maximum Partiel Total
Rupture Résiduel Déblocage Résiduel
(mm) (mm) (min.) (h)
1303 (3H) 150 25 à 35 12 à 14 30 à 35 25 à 35 0,005 à 0,01 0,15 20 24 Fixation de pièces

30 min à 80 oC cylindriques (roues,
FORT
20 min à 100 oC poulies, axes, etc.)

1305 (5H) 600 25 à 35 12 à 14 30 à 35 25 à 35 0,01 à 0,02 0,3 20 24 10 min à 120 oC Freinage fort
d’écrous et goujons
1322 (3M) 150 15 à 20 4à6 10 à 15 25 à 30 0,005 à 0,01 0,15 30 24 Freinage et étan-
chéité de vis et
1324 (5M) 600 15 à 20 4à6 10 à 15 25 à 30 0,01 à 0,02 0,3 30 24 d’écrous
30 min à 80 oC
MOYEN
1374 750 15 à 20 4à6 10 à 15 15 à 20 0,01 à 0,02 0,3 30 24 20 min à 100 oC Freinage de boulons
(5M-K) 10 min à 120 oC avec un grand jeu
Étanchéité de rac-
1327 (25M) 2500 20 à 30 8 à 12 20 à 30 20 à 25 0,02 à 0,05 0,5 30 24 cords et de plans de
joint
30 min à 80 oC
FAIBLE
1342 (3L) 150 10 à 16 2à3 5à7 5à7 0,005 à 0,01 0,15 30 24 Freinage et étan-
20 min à 100 oC chéité de vis et
1344 (5L) 600 10 à 16 2à3 5à7 5à7 0,01 à 0,02 0,3 30 24 10 min à 120 oC écrous
(1) La résistance au cisaillement à la rupture est mesurée sur éprouvettes ∅ 6 jeu diamétral 0,02 mm.
(2) La résistance au couple résiduel est calculée à partir des couples obtenus sur boulons ∅ IO (JIS 2nd class).
(3) 80 % de la résistance finale est obtenue après 2 heures environ
(4) Tous les grades Three Bond 100 peuvent être utilisés entre – 60 °C + 150 °C.
— excellent pouvoir capillaire ce qui leur permet de pénétrer Sous forme de mastics, ils sont également très utilisés comme
entre les filets des boulons et écrous ou dans le jeu entre les pièces produits d’étanchéité en mécanique et construction automobile,
(cas de blocages de roulements à billes) ; par exemple pour les joints de culasses, de pipes d’échappement,
— bonne résistance mécanique, au cisaillement et aux couples – car certains grades résistent à des températures élevées (de 150
comme le montre le tableau 5 ; à 200 oC).
— résistance à la température jusqu’à 150 oC voire 200 oC ;
— bonne résistance aux huiles et graisses, à l’humidité et aux
solvants, au brouillard salin ;
5.5 Adhésifs acryliques structuraux
— prix élevé au kilogramme mais modique à la pièce fixée ou acryliques modifiés
compte tenu de la faible quantité utilisée, car ces adhésifs s’utili-
sent sous une épaisseur maximale de quelques dixièmes de milli- Ce sont des produits à deux composants : résine acrylique (par
mètres et une goutte suffit pour bloquer un écrou. exemple polyméthylméthacrylate greffé sur des élastomères) +
durcisseur. Dans certains cas, la résine est appliquée sur l’un des
■ Principales utilisations substrats et le durcisseur sur l’autre.
Les adhésifs anaérobies sont très utilisés pour le blocage et le ■ Performances techniques
freinage d’écrous où ils réalisent une prise rapide lorsqu’ils seront
comprimés entre les filets métalliques et pour la fixation de pièces Ces adhésifs ont des performances élevées :
cylindriques grâce à leur résistance élevée aux couples (cf. — résistances au cisaillement de 10 à 30 MPa ;
figure 12). — résistance au pelage moyenne ;
— bonne résistance aux chocs ;

— tenue à la chaleur bonne jusqu’à 120 oC.
■ Avantages
Ces adhésifs acryliques présentent les avantages suivants :
— adhérence sur de nombreux matériaux (plastiques, métaux,
verre), parfois même sur des surfaces grasses ;
— prise très rapide (en quelques minutes à température
ambiante), ce qui octroie une facilité d’emploi ;
— bonne résistance aux intempéries, à l’humidité.
■ Inconvénient
Ces adhésifs deviennent cassants à basse température (– 40 oC).
■ Réticulation UV
Certains adhésifs acryliques peuvent être réticulés par les UV et
sont donc utilisés pour le collage du verre, mais aussi pour la fixa-
tion de fils ou petits composants en électronique.
Figure 13 – Applicateur pour adhésifs thermofusibles avec cordon
d’alimentation chauffant et pistolets applicateurs
5.6 Adhésifs hot melts ou thermofusibles
Ces adhésifs sont à base de matières thermoplastiques solides à — temps ouvert très court de 2 s à 10 s selon les formules ;
la température ambiante. — temps de prise très court de 1 s à 30 s ;
Pour le collage solide des matériaux visés ici (métaux, bois, plas- — viscosité à la température d’application de 500 à 10 000 MPa · s
tiques) on doit utiliser uniquement les adhésifs thermofusibles per- selon les systèmes d’application.
formants suivants :
— polyamides, appliqués en général autour de 200 oC, ils adhè-
rent bien sur les plastiques, les métaux et le bois et résistent jusqu’à Ces adhésifs présentent les performances techniques suivantes :
140 oC environ ; ce sont des adhésifs semi-structuraux ; — tenue mécanique :
— hot melts EVA (éthylène-acétate de vinyle) ; ils conviennent • pour les polyamides :
pour les collages de plastiques sur bois et panneaux de particules, – résistance au cisaillement de 5 à 10 MPa ;
dans la fabrication de meubles, mais n’adhèrent pas sur les métaux – résistance au pelage de 3 à 10 kJ/m de large ;
et ont des performances insuffisantes pour le collage des métaux ; • pour les hot melts polyuréthanes réactifs, résistance au cisail-
— hot melts réactifs à base de polyuréthanes (PU) ou d’épo- lement de 15 à 20 MPa,
xydes : après application de ces adhésifs, ils sont durcis de • ce sont des adhésifs semi-structuraux ;
diverses façons :
— tenue à la chaleur limitée par leur température de ramollisse-
• soit vers 200 oC dans le cas des adhésifs époxydes, par exem- ment car ce sont des thermoplastiques (sauf les hot melts PU et les
ple pour le collage de tôles grasses dans l’automobile, époxydes) :
• soit par réaction avec l’humidité ambiante dans le cas des hot • les hot melts EVA commencent à fluer à 60 oC,
melts polyuréthanes réactifs, qui doivent être livrés dans des • les hot melts polyamides à 120 oC,
conditionnements parfaitement étanches. • les hot melts PU réactifs résistent à 120 oC voire 140 oC ;
■ Mise en œuvre — ils peuvent être plastiques (EVA, polyamides) ou élastomères
(styrène isoprène styrène - SIS, styrène butadiène styrène - SBS) ;
Pour appliquer ces adhésifs, on les fond d’abord à des tempéra- — adhérence sur les divers matériaux : elle dépend des formules
tures comprises entre 150 oC et 210 oC selon les formules et les et types d’adhésifs.
applications. Ils deviennent alors plus ou moins fluides et on les
applique alors sur l’un des deux substrats. Puis on assemble ■ Avantages
immédiatement et on presse : l’adhésif se refroidit alors plus ou Ces adhésifs présentent les avantages suivants :
moins vite et redevient solide, réalisant ainsi le collage.
— prise quasi immédiate d’où :
Nota : l’évolution de la viscosité en fonction de la température expliquant les caractéris- • gain de place (convoyeurs courts),
tiques des adhésifs thermofusibles est représentée dans l’article [BM 7 616].
• cadences élevées,
Ces adhésifs sont appliqués : • opérations facilement automatisables, sur chaînes ;
— par buses, par pistolets spéciaux (figure 13), et molettes en — ils sont livrés sous forme solide, à 100 % d’extrait sec, d’où :
général ; • facilité de stockage et de manutention,
— par filière plate, pour l’enduction de larges surfaces sur des • pas de solvants (sécurité), insensibilité à l’humidité et au gel ;
feuilles ; — ils sont réactivables à la chaleur à volonté (thermocollants,
— par injection par plaque chauffante percée de trous dans démontage) ;
l’industrie de la chaussure ; — ils font leur prise sans aucun dégagement, ils peuvent donc
— au rouleau chauffant sur des plaqueuses de chants utilisées coller des substrats imperméables (plastiques).
dans la fabrication de meubles.
■ Inconvénients
■ Caractéristiques de mise en œuvre Ces adhésifs thermofusibles présentent les inconvénients sui-
Les paramètres caractéristiques de mise en œuvre de ces adhé- vants :
sifs sont : — tenue à la chaleur et au fluage médiocres ;
— température d’application allant de 140 à 220 oC selon les for- — nécessitent des cadences très rapides car temps ouvert très
mules ; court ;
— exigent un matériel de mise en œuvre adapté (applicateurs — bonnes adhérences sur les métaux (acier brut de laminage ou
Nordson, machines spéciales pour le bois, la chaussure) ; traité ou revêtu d’apprêt peinture, aluminium, acier inox), verre,
— ne peuvent pas être utilisés sur matériaux sensibles à la polyester armé de fibres de verre, certains plastiques ;
chaleur ; — bonne résistance au cisaillement : de 7 à 10 MPa ;
— collages en général non structuraux (sauf les polyamides et les — excellente résistance à l’allongement (jusqu’à 150 %) ce qui
PU réactifs). leur confère aussi une excellente tenue à la fatigue et aux vibrations,
d’où leur utilisation pour le collage des raidisseurs de portes, de
■ Utilisations
capots en carrosserie automobile ;
Les principales utilisations de ces adhésifs thermofusibles sont : — bonne résistance à la chaleur humide (supérieure à 500 heures
— fabrication de meubles : collage des chants avec les EVA, à 70 oC et 100 % d’humidité relative HR), résistance à l’huile moteur
assemblages bois/bois avec les PU réactifs ; (200 heures à 140 oC), à l’essence.
— emballage, reliure, couches bébés, textiles, cuir pour lesquels
on ne désire ni cohésion élevée, ni tenue à la chaleur, mais où par ■ Avantages
contre il faut des cadences de production très grandes ; Les avantages offerts par ces adhésifs sont :
— chaussures : montage des dessus (collage du cuir ou plastique — ne nécessitent pas de préparation de surfaces et adhèrent sur
sur premières en carton avec des polyamides) ; tôles grasses ;
— enductions autoadhésives, en remplacement des autoadhésifs — bonnes performances mécaniques et bonne durabilité ;
en solution (pour éliminer les solvants coûteux et dangereux), et en — assurent également l’étanchéité entre les deux parties assem-
émulsions qui nécessitent des étuves de séchage ; blées ;
— enductions thermocollantes ;
— facilité de mise en œuvre (un seul composant, applicables en
— collage de filtres (papier sur métal), de bobines déflectrices sur
épaisseurs variables) ;
les tubes télévision avec des polyamides.
— bas prix (0,75 à 1,5 €/kg en 2002 donc nettement moins chers
■ Prix que les époxydes).
En 2002, le prix de ces adhésifs est : ■ Utilisations
• 1,50 €/kg pour les hot melts bois à base EVA ; Ces adhésifs sont utilisés principalement pour :
• 6 €/kg pour les polyamides et les polyuréthanes réactifs.
— la carrosserie automobile : collage de raidisseurs métal (acier)

sur portes et capots, collage de la contreporte intérieure sur l’exté-
rieur de porte. Les pièces métalliques sont en général soudées par
5.7 Plastisols PVC points au travers de la couche de plastisol ;
— les caisses de machines à laver, réfrigérateurs : collage acier
Ce sont des pâtes à base de PVC (polychlorure de vinyle) sur acier.
+ plastifiants + résines.
Elles sont appliquées à froid sur l’un des substrats (métaux). On
assemble les deux matériaux puis on passe les pièces en étuve 5.8 Adhésifs élastomères, colles contact
entre 150 oC et 180 oC. Il se produit alors une gélification par la au néoprène
pénétration du plastifiant entre les molécules de PVC qui est alors
dissout. On obtient par refroidissement une masse plastique, cohé-
sive, adhérant fortement au métal. Les adhésifs élastomères sont à base d’élastomères divers :
[caoutchouc nitrile, caoutchouc styrène-butadiène, les plus connus
Ces plastisols sont essentiellement utilisés en construction auto- étant à base de caoutchouc polychloroprène (ou néoprène)] + rési-
mobile pour le collage tôle sur tôle, où le durcissement à chaud se nes tackifiantes (c’est-à-dire qui procurent la fonction « collante »),
fait en même temps que le durcissement de la peinture de finition en milieu solvanté.
en étuve.
On y adjoint éventuellement un durcisseur isocyanate pour aug-
Les plastisols PVC sont appliqués le plus souvent en cordons, menter la résistance à la chaleur et l’adhérence sur le caoutchouc.
par extrusion, avec une pompe pneumatique type Graco, Pyles,
Kremlin, ou par pulvérisation airless. Ces adhésifs comportent entre 18 et 26 % d’extrait sec.
■ Caractéristiques de mise en œuvre ■ Mise en œuvre

Les caractéristiques de mise en œuvre de ces pâtes adhésives La colle néoprène fluide, est appliquée sur les deux matériaux à
sont : assembler. On laisse sécher le solvant pendant environ 10 min puis
— viscosités : ces adhésifs peuvent être fluides, pistolables et on assemble et on soumet l’assemblage à une pression de très
auto-nivelant ou se présenter sous forme de mastics très épais, ne courte durée de 0,3 à 0,5 MPa. Les deux films de colle se soudent
coulant pas et pouvant remplir des joints jusqu’à 2 mm d’épaisseur ; alors entre eux instantanément, par simple contact.
— pas de préparation de surface, car ils adhèrent même sur tôles La colle est appliquée :
grasses ; — au pinceau, à la spatule pour les petits travaux ;
— cuisson : 20 à 30 minutes à des températures comprises entre — par pulvérisation au pistolet à air.
130 oC et 180 oC selon les formules, en étuves à air chaud, ou à
infra-rouges, et sur les surfaces ferromagnétiques (acier) on peut ■ Caractéristiques de mise en œuvre
utiliser les hautes fréquences. Une simple pression d’accostage suf-
Ces caractéristiques sont les suivantes :
fit, les pièces sont souvent maintenues ensemble avec quelques
points de soudure effectués au travers de la couche de plastisol — consommation : de 120 à 160 g/m2 sur chaque face ;
avant cuisson. — temps de gommage : 10 à 15 min ;
— temps ouvert : 20 min à 2 h ;
Il arrive souvent que les apprêts, les plastisols de collage et/ou
les peintures qui ont à peu près les mêmes conditions de cuisson — viscosité variant de 100 à 5 000 MPa · s. (Ces adhésifs existent
(température et durée) soient cuits ensemble dans le même four. aussi sous forme de mastics en cartouches).
Nota : le temps de gommage est la durée minimale nécessaire pour que le film adhésif
■ Performances techniques ait perdu suffisamment de solvant par évaporation à l’air et devienne suffisamment collant
pour pouvoir assembler sans qu’il y ait d’inconvénients (glissement, emprisonnement de
Ces adhésifs présentent les performances techniques suivantes : solvants à l’intérieur du joint).
■ Performances techniques ■ Mise en œuvre

Ces adhésifs présentent les performances suivantes : La mise en œuvre de ces colles comporte les étapes suivantes :
— résistance au cisaillement et à la traction de 1,5 à 4 MPa ce qui — application de la colle :
permet de réaliser des collages semi-structuraux ; • encolleuse à rouleau, buse, molette avec extrusion dans les
— tenue à la chaleur moyenne : industries du bois, du meuble, de l’emballage,
• de 70 à 80 oC pour les formules ordinaires, • spatule dans le bâtiment ;
• 100 oC pour les formules à durcisseur incorporé, — assemblage, après respect du temps ouvert ;
• 130 oC pour les formules à adjonction de durcisseur ; — pressage, après respect du temps d’assemblage fermé, par
— résistance au froid, jusqu’à – 50 oC ; divers moyens :
— bonne résistance au pelage (film de colle très souple). • presse à plateaux froids ou chauffants, cadreuses dans le bois
et le meuble,
■ Avantages
• rouleaux pour l’encollage de plaques ou feuilles,
Ces adhésifs présentent les avantages suivants : • serre-joints en menuiserie, etc.
— application et durcissement à température ambiante ;
— mise en œuvre aisée (utilisation facile en atelier, sur chantiers
avec un matériel simple) ; Les paramètres caractéristiques à prendre en compte lors de la
— prise immédiate ; mise en œuvre de ces colles sont :
— bonnes performances techniques décrites ci-avant ; — température de l’atelier, humidité des matériaux ;
— excellente adhérence sur de très nombreux matériaux : — consommation et mode d’encollage ;
• métaux, plastiques, bois, stratifiés décoratifs (Formica...), — temps d’assemblage ouvert (de quelques minutes maximum) ;
• cuir, matériaux fibreux, papier, carton, textiles, — conditions de pressage et de prise (pression, température) ;
• caoutchouc divers ; — temps de prise complète (d’environ 1 h à 24 h selon la tem-
— souplesse du joint de colle ; pérature et le pouvoir absorbant des matériaux).
— prix modique : 2 à 2,3 €/L en 2002.
■ Inconvénients Ces colles présentent les caractéristiques techniques suivantes :
On retiendra les inconvénients suivants : — bonne résistance à l’arrachement : 5 MPa en cisaillement pour
— tenue à la chaleur moyenne ; un collage bois sur bois ;
— grande inflammabilité des solvants ; — résistance à la chaleur : 60 oC à 80 oC ;
— nocivité de certains solvants. — mauvaise tenue à l’eau (sauf pour certaines formules spéciales
à un ou deux composants classées D3 ou D4 vis-à-vis de la tenue
■ Principales utilisations à l’eau froide ou chaude (cf. [BM 7 616]).
Les principales utilisations de ces colles sont : ■ Avantages
— fabrication de chaussures et industrie du cuir (montage, col-
L’utilisation de ces colles offre les avantages suivants :
lage des semelles en caoutchouc ou en cuir) ;
— collage de revêtements de sols (PVC, caoutchouc) dans le — facilité d’emploi, elles peuvent être appliquées avec un maté-
bâtiment ; riel simple ;
— meubles : collage de garnitures de sièges en mousse souple, — ininflammables, non toxiques ;
collage de stratifiés décoratifs (Formica, Polyrey) sur panneaux de — grande souplesse d’utilisation (à froid, à chaud, sous haute
particules ; fréquence) ;
— panneaux-sandwiches à base de matériaux très divers (fibro- — très bien adaptées au collage de matériaux fibreux ;
ciment, bois, métaux, mousses isolantes) ; — bonne résistance au vieillissement ;
— transformation du caoutchouc : bateaux pneumatiques, systè- — prix modique (0,75 à 1,5 €/kg).
mes spéciaux vulcanisant à chaud (silent blocks ) ; combinaisons de ■ Inconvénients
plongée, collage de revêtements de caoutchouc ;
— automobile : collages de profilés de caoutchouc, garnissage de Les inconvénients que présentent ces colles sont :
sièges, etc. — tenue à la chaleur modeste ;
— faible tenue à l’eau ;
— faible tenue aux solvants, aux produits chimiques ;
— l’un au moins des matériaux collés doit être capable d’absor-
5.9 Colles émulsions vinyliques ber l’eau de la colle.
et copolymères
■ Principales utilisations
Ce sont des colles blanches en milieu aqueux, dont la prise est Ces colles blanches sont principalement utilisés dans les sec-
réalisée par absorption de leur eau par les substrats poreux, et qui teurs industriels suivants :
sont constituées de : — bois et meubles : placages et assemblages bois sur bois ;
— acétates de polyvinyle (PVAC) en émulsion ou copolymères — emballage et transformation du papier-carton :
vinyliques, plastifiées ; • fabrication de sacs, sachets, enveloppes,
— émulsions VAE (acétate de vinyle-éthylène) ; • cartonnages, fabrication de caisses carton, étuis ;
— charges minérales et additifs divers (épaississants, tackifiants). — bâtiment : collage de revêtements muraux et de parquets.
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BM7615 Collage Des Matériaux - Mécanismes. Classification Des Colles

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Collage des matériaux -

Cet article est issu de : Mécanique | Travail des matériaux - Assemblage

par Philippe COGNARD

Pour toute question :

Collage des matériaux

1. Collage structural comparé aux autres méthodes

3.2 Adhésion ..................................................................................................... — 7

usqu’à la seconde Guerre mondiale, l’assemblage des matériaux s’effectuait

COLLAGE DES MATÉRIAUX _______________________________________________________________________________________________________________

de 4 à 10 MPa et des performances physico-chimiques moyennes).

Assemblage Assemblage Assemblage

Pression Pression Déformation Brasage Soudage Autoadhésif Collage

Figure 1 – Positionnement du collage par rapport aux autres méthodes d’assemblage

______________________________________________________________________________________________________________ COLLAGE DES MATÉRIAUX

Tableau 1 – Comparaison des diverses méthodes d’assemblage des métaux

Permanence de l’assem- Assemblage permanent. Assemblage destiné à être A s s e m b l a g e a i s é m e n t Permanent.

COLLAGE DES MATÉRIAUX _______________________________________________________________________________________________________________

Tableau 2 – Méthodes d’assemblage des diverses matières plastiques (1) (2)

Polyamide-imide ....................................................... X ... ... X ... ... ... ...

______________________________________________________________________________________________________________ COLLAGE DES MATÉRIAUX

Tableau 3 – Intérêt du collage par rapport aux autres méthodes d’assemblage

COLLAGE DES MATÉRIAUX _______________________________________________________________________________________________________________

a soudure Figure 3 – Panneau sandwich à âme en nid d’abeille collé

— résistance à l’eau, à l’humidité limitée : l’humidité peut péné-

— le joint et les pièces doivent être soigneusement dimensionnés

ne savent pas toujours comment dimensionner et calculer le joint

______________________________________________________________________________________________________________ COLLAGE DES MATÉRIAUX

— la durabilité des collages varie de façon importante, de 5 à

Concentration des contraintes sur

Il existe divers types de sollicitations mécaniques des joints,

Dans les opérations de collage, il est très important que l’adhésif

performantes, telles que les époxydes, polyuréthanes, thermofusi-

(cf. § 3.2). Distance

COLLAGE DES MATÉRIAUX _______________________________________________________________________________________________________________

Tableau 4 – Configurations des collages et joints : avantages et restrictions (1)

Mesures de précaution lors de la construction des joints

Divers modes d’assemblage

Joint en bout, bord à bord, ou butée simple

Joint à recouvrement simple

Joint à recouvrement simple biseauté

Joint biseauté en bout, enture

Joint à mi-épaisseur, ou recouvrement en gradin

Joint embrevé ou recouvrement avec pliage

Joint à recouvrement avec sertissage (pour les tôles)

Joint bord à bord à recouvrement, avec couvre-joint simple

Joint à double recouvrement

______________________________________________________________________________________________________________ COLLAGE DES MATÉRIAUX

Tableau 4 – Configurations des collages et joints : avantages et restrictions (1) (suite)

Joint en bout, à double recouvrement symétrique biseauté

Exemple d’utilisation : assemblage de cadres de fenêtres métalliques.

Bord à recouvrement ou joint en demi-bout croisé

Exemple : assemblage de cadres en bois en menuiserie.

Exemple : assemblage de containers métalliques.

Joint à tenon et mortaise

Exemple : assemblage de meubles en bois.

Exemple : meubles en bois.

COLLAGE DES MATÉRIAUX _______________________________________________________________________________________________________________

Tableau 4 – Configurations des collages et joints : avantages et restrictions (1) (suite)

Assemblages à angles droits

Il faut éviter les efforts de pelage et de clivage.

oui non oui oui oui

Joint à croisé à mi-épaisseur,