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3DUBOURGNON Dylan

L2 Arts Plastique
Semestre 4, session 2, 2018-2019

Dossier Sciences de l’Art

Sujet : L’effet réseau et l’effet “réalité seconde” - tels que la philosophe Anne
Cauquelin les a définis dans son ouvrage L’art contemporain -, s’expriment-ils dans le
manifeste de G. Mollet-Viéville ?

En premier lieu, nous pouvons nous demander qu’est-ce que l’effet réseau et
l’effet « réalité seconde » ? Il s’agit de termes inventés et utilisés par Anne Cauquelin
dans son ouvrage l’art contemporain.
Pour commencer, l’effet « réalité seconde » appelé aussi, la pensée simulation,
convoque principalement le langage et le titre. Le langage occupe une place centrale et
l’artiste travaille sur ce dernier. Cependant la pensée simulation convoque certes tout
ce qui représente le réel (le langage) mais aussi les doubles du réel, comme la
photographie par exemple. L’effet « réalité seconde s’exprime dans le fait de nommer,
autrement dit de l’importance des noms qui vont faire exister les œuvres. Le double
fait office de la chose. Finalement dans la pensée simulation l’artiste porte plus
d’intérêts pour la démarche, le processus. Ainsi l’objet s’efface et le langage devient
œuvre.
En suite, l’effet réseau, ou aussi appelé la pensée réseau, c’est le fait de marquer
de l’importance dans les échanges, être lier au plus grand nombre d’acteurs possible.
C’est-à-dire l’importance de la monstration, des expositions, de la médiatisation, des
informations etc. La création, l'œuvre en elle-même ne suffit pas. Le plus important
c'est la monstration. L’effet réseau touche à l’importance de la visibilité de l’œuvre en
soit et non pas de sa qualité esthétique. La pensée simulation ainsi que la pensée réseau
sont par ailleurs représentative du système sélectif du Kunt Kompass, liste évaluant les
œuvres et donnant de l importance à la visibilité de part le classement de ces dernières.
Pour finir, Ghislain Mollet-Viéville est un critique d’art ainsi qu’un expert
honoraire auprès de la Cour d’appel de Paris. Née le 18 octobre 1945 à Boulogne-
Billancourt. Il est un adepte de l’art minimal et conceptuel. Il à notamment inventé
l’expression « agent d’art » afin de désigner l activité de gestionnaire de l’art dans ses
rapports avec la société.
Afin de répondre à la problématique posée par le sujet nous allons voir en quoi,
dans un premier temps : l’effet réalité seconde ou pensée simulation ce retrouve dans
le manifeste de Ghislain Mollet-Viéville. Puis dans un second temps si l’effet réseau
ou pensée réseau ce répercute lui aussi dans les termes du manifeste de Ghislain
Mollet-Viéville.

Avant de commencer il faut tout d’abord faire une distinction entre l’art
moderne et l’art contemporain. L’art moderne est principalement axé sur le savoir-
faire et sur le fait que le contenu est ce qu’il y a de plus important dans une œuvre
d’art. C’est aussi un schéma linéaire et tripartite comportant le producteur (artiste),
l’intermédiaire (marchands, galeristes, critique, agent) et le consommateur (le grand
public qui fait la réputation des artistes, collectionneur, amateurs).. L’artiste n’est pas
le seul producteur de l’œuvre. Le secteur de l’art et les institutions participent à la
création de l’œuvre. L’art contemporain à une structure circulaire en boucle,
Producteur→ Artiste → Consommateurs: alors que l’art moderne contraste avec un
schéma bien plus linéaire. Il remet donc en cause la structure schématique de l’art
contemporain. Ils existent différents acteurs qui interviennent dans la sphère de l’art, la
circulation des œuvres obéit à des mécanismes qui ont été engendrés par le système de
production et de consommation. Dans ce cas de nouveau rôles apparaissent :
marchands, galeriste, critique par exemple.
Ceci dit, voyons comment le communiqué-manifeste de G. Mollet-Viéville ce
racole au concept de réalité seconde ou autrement dit à la pensée simulacre. Tout
d’abord après lecture du communiqué il apparaît que G. Mollet-Viéville attache une
grande importance à l’image, au nom de L’artiste en soit. À la ligne 17 nous pouvons
lire « aussi est-il souvent mis en jeu au travers de son nom, de son image ou de la
signature, par les œuvres qu’il présente ». Ceci rentre totalement dans l’idée de la
pensée simulacre car pour rappel l’effet « réalité seconde » concerne tout ce qui se
rapporte au langage, aux titres, aux techniques de communication, dans la diffusion
etc. Et on remarque tout de suite que certains mots importants dans le texte font
immédiatement échos à cette pensée simulation comme cité plus haut. Le nom de
L’artiste semble être plus important que sont travail. Ici il n’est pas question d’art mais
bien du contexte dans le quel est présenté cette art. Dès lors que telle ou telle personne
est connue, c’est parce qu’elle fait de grandes choses. Peu importe ce que la personne
fait, on associe directement son nom à la célébrité, la grandeur est à l’importance.
Ainsi comme le dit G. Mollet-Viéville :  « Des rapports inédits s’instaurent entre
artiste et collectionneurs ». Plus le nom de l’artiste est connu plus la mesure d’un
évènements auquel cette personne participe aura de l’importance. De plus à la ligne 20,
l’auteur de ce communiqué expose une phrase faisant figure de publicité :  « il
propose, par exemple, cette publicité : PRESENTLY, I HAVE NOTHING TO SHOW
AND I’M SHOWING IT ». Littéralement : actuellement je n’ai rien à montrer et je le
montre. Cela démontre bien l’idée d’un simulacre, d’autant plus d’en le monde de l’art
où l’idée conventionnelle serait de venir admirer de l’art. Cependant avec cette simple
phrase, l’auteur de cette publicité indique clairement que le ‘je’ n’a pas forcément
quelque chose à présenter mais en revanche le fait qu’il ‘le montre’ implique sa
présence. C’est en ce sens qu’une personnalité, un nom devient plus important que le
travail de ce dernier. L’on ce déplace pour voir une célébrité, l’on ce déplace pour ce
dire que l’on n’a vue la ‘star’.
Cependant des contraintes sont apporté par cette communication de la
personnalité. « il s’agit moins pour lui de participer aux activités d’un marché de
l’objet d’art que d’œuvrer au développement du marché artistique lui-même »
(ligne13-14). Ne pas être visible implique donc de ne pas exister. Multiplier des
relations c’est une condition obligatoire, et vitale. En même temps l’artiste ne maîtrise
pas ce fonctionnement. Le choix, la visibilité acquise par la monstration, ne dépend
pas d’un acteur en particulier, mais dépend de la circulation de ce nom, en somme le
choix n’appartient pas à l’artiste. Avec ces nouvelles règles, tout se passe comme si le
pouvoir de décision était déporté par les acteurs. Déporté c’est-à-dire que ce sont
d’avantage les relations, les liens, la circulation de l’information qui au final décident,
c’est l’ubiquité qui décide de ces échanges. Et cette ubiquité, personne ne peut la
maîtriser. En arrière-plan on reconnaît la pensée réseau, c’est-à-dire multiplier les
échanges. Une fois que le nom de l’artiste circule, il est alors partout à la fois.

La pensée réseau est fortement présente dans ce texte. A commencer par le fait
que le communiqué-manifeste parle des artistes s’inscrivant dans l’art contemporain.
Or l’art contemporain est étroitement lié à la pensée réseau. C’est-à-dire qu’ils ont
pour principal objectif de montrer et de communiquer. Cela ce démontre notamment
par la phrase « des musées, des galeries ou des écoles d’art, se plaît il à investir ces
supports privilégiés que constituent la presse, les affiches, les annonces publicitaires,
les émissions de radio, les vernissages, les catalogues, les interviews, les conférences »
en ligne 10 à 12. Cela démontre bien l’importance de la communication et de la
médiatisation de l’art avant l’importance de l’art en soit. La visibilité est donc au cœur
de la distribution. Mais ceci pause la question de l’objet d’art. L’œuvre d’art ou objet
d’art est une création artistique ou esthétique visant à la contemplation et la réflexion.
Cependant avec l’effet réseau ou autrement dit la pensée réseau, l’art devient
marchandise. Un objet sans substance intellectuelle devenant un simple objet de
consommation. L’œuvre ne suffit plus, elle est exposé au plus grand nombre et ainsi la
monstration devient l’identité de l’œuvre. Comme le dit G. Mollet-Viéville : « l’art
tenant moins aujourd’hui à la réalité physique de ses objets qu’à la façon dont ils
s’inscrivent dans un contexte ». Cela démontre bien que la pensée réseau est au cœur
même de la définition de l’agent d’art.
Le marché de l’art telle que le définit IESA, art et culture est donc le marché
sur lequel s’échangent les œuvres d’art, telle est la définition du marché de l’art. Cette
dénomination englobe le commerce des objets d’art entre différents acteurs : les
artistes, les intermédiaires qui sont les galeristes, les courtiers d’œuvres d’art ou les
conseillers en gestion de patrimoine, et les acheteurs, amateurs d’art ou
collectionneurs. Ce marché est segmenté : art ancien, art contemporain, art classique,
art primitif… Il se développe continuellement depuis la deuxième moitié du XVème
siècle et se démarque par l’évolution de nombreux métiers liés à l’estimation, la
certification et la vente d’œuvres d’art. C’est dans ce contexte que la pensée réseau
prend tout son sens. Elle est d’autant plus explicite dans le communiqué-manifeste de
Ghislain Mollet-Viéville car ce dernier « s’attache principalement à la médiatisation de
l’art » ligne 8-9. Plus précisément l'effet de réseau est le phénomène par lequel
l'utilité réelle d'une technique ou d'un produit dépend de la quantité de ses utilisateurs.
Un effet de réseau est donc un mécanisme d'externalité économique. Il peut être aussi
bien être positif que négatif, bien que le terme soit plutôt appliqué au premier cas,
surtout dans les techniques de pointe. Le terme effet de réseau exprime le fait que
l'usage de telles techniques passe par des mouvements ou échanges en réseau, et ce
phénomène est la source du mécanisme qui cause ce type d'effet. C'est le cas de
nombreuses technologies et services de communications .
Notre activité dépend du nombre des relations que l'ont tisse avec d'autre
acteurs, en conséquence de cette nouvelle directive de dépendre de l’information elle
engendre la multiplication des producteurs de l'art. La place des acteurs du monde de
l'art quelques que sois leur fonction, cette place prime, et à pour conséquences des
nouvelles manière de pensée, ainsi que de détrôner le contenu à la faveur du contenant.
La notion de place ce rapporte à une activité qui ne dépend plus des œuvres mais de
son réseau (système qui consiste à établir des liens).Être actif signifie de disposer de
multiples relation et d’avoir des possibilités d'échanger avec les plus actifs ( qui
dépendent le plus de l'information). L’objectif étant d’avoir le plus rapidement
possible beaucoup d’informations avant tout le monde. Ce n'est plus un régime de la
consommation mais bien de la communication. Et cette pensée ce retrouve tout à fait
dans le communiqué-manifeste de G. Mollet-Viéville. Les différents acteurs du
système de l’art Contemporain agissent ensemble contrairement au système Moderne
tripartite dans lequel les rôles étaient définis et dans lequel c’était le consommateur qui
faisait la valeur de l’œuvre.

Pour conclure, le communiqué-manifeste de Ghislain Mollet-Viéville rend bien


compte de cet état du visible. L’agent d’art rentrant tout à fait dans l’idée de la pensée
réseau ainsi que de la pensée simulation. En somme, ce manifeste représente avec
justement les concepts de l’effet réseau et de l’effet « réalité seconde », termes de
l’auteur de L’art contemporain, Anne Cauquelin. L’art devenant un moyen de
communication ce détournant de la définition de l’objet d’art et ainsi donnant à
l’artiste un statut médiatique à travers la monstration de son propre art.

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