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Amnesty International s’est entretenu avec plusieurs frères et le père d’Idrissa Goudiaby sur
les circonstances de ce décès. Selon son frère, Mamadou Goudiaby,
« Idrissa n’était pas à la manifestation mais il était sorti de la concession pour ramener les
enfants à la maison. Il est taximan et quand il y a manifestation à Ziguinchor, il termine sa
journée à midi et ne travaille pas le reste de la journée. Les enfants étaient éparpillés dans le
quartier et il essayait de les faire rentrer ».
Rapportant les témoignages de ceux qui ont acheminé le corps de son frère à l’hôpital, il
affirme «La balle l’a atteint au cou, et il est tombé près de la Pharmacie Néma au quartier
Grand-Dakar. Ce sont les gens du quartier qui l’ont amené à l’hôpital alors qu’il perdait son
sang, car les sapeurs-pompiers prenaient beaucoup de temps ».
Albert « Abdoulaye » Diatta est mort lors de la manifestation à Bignona. Sa famille, qui
affirme qu’il aurait également été atteint mortellement par balles, n’est toujours pas en
possession du corps, acheminé à l’hôpital régional de Ziguinchor pour autopsie.
Un autre individu, toujours non identifié à ce jour, est mort dans le quartier de Bopp, à Dakar,
près de la mosquée Massalikoul Jinane lors de la manifestation du 17 juin. Si les manifestants
interviewés par les médias précisent que l’individu est décédé à la suite de tirs de grenades
lacrymogènes par la police qui auraient été la cause du déclenchement d’un feu sur des
matelas, la police affirme dans un communiqué public datant du 18 juin que l’individu décédé
a déclenché l’accident par inadvertance en s’apprêtant à brûler un pneu.
Alors que de nouvelles manifestations sont prévues ce 29 juin, Amnesty International rappelle
que lors de manifestations, le recours à la force par les forces de sécurité doit être nécessaire
et proportionnel au but légitime du maintien de l’ordre, et le recours aux armes à feu est
illégal sauf dans les cas de danger imminent de mort ou blessure grave pour soi ou pour
autrui.
Arrestations arbitraires
Certaines personnes ont par ailleurs été arrêtées durant la manifestation du 17 juin à Dakar
dont des figures et leaders de la coalition YAW mais aussi des dizaines de manifestants. C’est
le cas de Mame Diarra Fam et de Dethié Fall, députés, et d’Ahmed Aidara, maire de la
commune de Guédiawaye. Ce dernier a été jugé et condamné pour « participation à un
attroupement non armé », à une peine d’un mois de prison avec sursis et à une amende de
50.000 FCFA, le 27 juin. Dethié Fall avait été arrêté devant le siège de son parti sur la voie de
dégagement nord (VDN) à Dakar, alors que Mame Diarra Fam a été arrêtée devant la maison
du maire de Dakar Barthélémy Dias. Dethié Fall a été condamné à une peine de six mois avec
sursis pour participation à une manifestation non-autorisée alors que Mame Diarra Fam et 82
autres prévenus ont été acquittés pour les mêmes charges. Ces personnes ont été arrêtées
arbitrairement pour avoir participé ou pour avoir appelé à la participation à ces
manifestations.
Compléments d’information
Les manifestations organisées le 17 juin à Dakar et ailleurs dans le pays, à l’initiative des
partis de l’opposition au pouvoir, visaient à dénoncer le rejet par une décision du Conseil
constitutionnel de la liste nationale de l’opposition pour les prochaines élections législatives.
L’an dernier, le 03 mars 2021, des manifestations spontanées ont éclaté dans plusieurs villes
du Sénégal, à la suite de l’arrestation par la gendarmerie de l’opposant politique Ousmane
Sonko, alors qu’il se rendait à une convocation judiciaire dans le cadre d’une plainte pour
viols. Quatorze personnes avaient été tuées durant les 5 jours de manifestations et près de 600
personnes ont été blessées selon la Croix-Rouge Sénégalaise.