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Oui ou non ? Malgré une faible participation, les Sénégalais se sont prononcé ce
dimanche 20 mars sur le projet de révision de la Constitution proposé par le
président Macky Sall. Selon les résultats partiels publiés ce lundi par les médias, le
"oui" l'a emporté au référendum constitutionnel, visant notamment une réduction du
mandat présidentiel.
Rétropédalage et trahison
C’est d’ailleurs ce point là précisément qui agite le pays depuis
plusieurs semaines. En effet, le 16 février dernier, Macky Sall a
annoncé qu’après concertation avec le conseil constitutionnel, il
ne réduirait finalement pas son mandat actuel de 7 à 5 ans. Et
que, par conséquent, il gouvernerait le pays jusqu’en 2019.
Pourtant, il en avait fait une promesse de campagne en 2012,
qu’il a réitérée plusieurs fois depuis son élection.
« Macky Sall a fait comme les politiciens souvent : on promet quelque chose avant les
élections mais une fois qu’on est au pouvoir on reconsidère sa promesse », explique
Seidik Abba, journaliste, écrivain et rédacteur en chef de Mondafrique. « Il a mis
trois ou quatre années pour arriver à ce rétropédalage donc on avait déjà des doutes, y
compris dans son propre parti », poursuit le journaliste avant d’ajouter : « le pouvoir
change les gens, il y a pris goût et je pense que son entourage aussi l’a
influencé » dans sa décision.
Après cette annonce choc, des membres de la société civile ainsi que des partis
d’opposition et des mouvements citoyens comme Y’en a marre ont donc décidé de
former le "front du non", le 24 février dernier. Ils accusent notamment le président de
précipiter le référendum sans laisser le temps suffisant à la société civile et à
l'opposition de débattre, de discuter et d'échanger avec le pouvoir, et de vouloir
promouvoir l'homosexualité via des formulations "floues" dans le texte.
Mais ce qu'ils lui reprochent par dessus tout, c'est de les avoir trahis en ne respectant
pas sa promesse de réduction du mandat actuel. Ils ont d'ailleurs surnommé cela le
"wax-waxeet", une expression née au temps d’Abdoulaye Wade et qui signifie "Je l'ai
dit, je me dédis". Une chanson a même été écrite pour dénoncer cette "trahison".
Pour les partisans du "non", Macky Sall aurait dû aller jusqu’au bout de son
engagement et ne pas écouter l’avis du Conseil constitutionnel. « Il ne s’agit pas d’une
décision qui pourrait s’appliquer de manière formelle (…) Il s’agissait d’un avis
consultatif », a souligné lors du débat africain sur RFI, Babacar Gaye, porte-parole du
Parti Démocratique Sénégalais (PDS).
En effet, après son élection en 2000, Abdoulaye Wade, l’ex-président sénégalais avait
modifié la Constitution en réduisant le septennat à un quinquennat, renouvelable une
fois. En 2007, il est réélu et décide de réviser un nouvelle fois la Constitution pour
rétablir le septennat. Lors de l’élection présidentielle de 2012, alors que la majorité
des Sénégalais pensent qu’il n’a pas le droit de briguer un troisième mandat,
Abdoulaye Wade décide de se présenter à l’élection. A la surprise générale, sa
candidature est validée par le Conseil constitutionnel qui considère que la
Constitution de 2001 ne s’applique pas à son premier mandat, commencé en 2000.
Cette décision provoque de graves heurts et la formation du Mouvement M23 juin,
résistance active à la candidature de Wade.