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DU XVE SIÈCLE
Clémence Revest
Clémence Revest
* Je tiens à remercier Guillaume Calafat, Antoine Lilti et Étienne Anheim pour leurs
suggestions.
1 - Il faut avant tout souligner l’influence toujours prégnante de l’œuvre de Paul Oskar
KRISTELLER, Renaissance Thought and its Sources, éd. par M. Mooney, New York,
Columbia University Press, 1979 ; Id., Studies in Renaissance Thought and Letters, Rome,
Ed. di storia e letteratura, 1956-1996, 4 vol. L’approche philologique promue par
Giuseppe BILLANOVICH doit encore être évoquée : Petrarca letterato, vol. I, Lo scrittoio
del Petrarca, Rome, Ed. di storia e letteratura, 1947. Pour une vue d’ensemble sur les
modèles d’interprétation de l’humanisme (issus pour beaucoup de traditions intellec-
tuelles germaniques) : James HANKINS, « Two Twentieth-Century Interpreters of
Renaissance Humanism: Eugenio Garin and Paul Oskar Kristeller », Humanism and
Platonism in the Italian Renaissance, vol. I, Humanism, Rome, Ed. di storia e letteratura,
[art. 2001] 2003, p. 573-590 ; Id., « Renaissance Humanism and Historiography Today »,
et Robert BLACK, « The Renaissance and Humanism: Definitions and Origins », in
J. WOOLFSON (dir.), Palgrave Advances in Renaissance Historiography, Basingstoke, 665
quête des origines ou plutôt des racines de l’humanisme, qui s’est particulièrement
intensifiée depuis les travaux de Ronald Witt et de Robert Black, et s’est polarisée
sur les évolutions littéraires (qu’il s’agisse de rhétorique, de pédagogie, de philo-
logie ou, plus largement, de l’intérêt porté à la culture antique) 2, tend à araser ou
à repousser au second plan les processus catalyseurs de ces éléments en un véritable
fait de société, porteur d’un projet de civilisation et doté d’un prestige social
reconnu 3 ; autrement dit, la constitution d’un empire intellectuel qui assura l’expan-
sion d’un paradigme culturel dont le rayonnement s’est étendu bien au-delà de sa
production savante la plus pure pour envahir le champ des imaginaires et des
valeurs, jusqu’à s’arrimer au langage politique ordinaire ou à créer les plus triviaux
poncifs académiques 4. Or c’est bien un tel changement d’échelle et de portée qui
détermine en amont l’intérêt ancien et nourri de la recherche pour l’humanisme,
plus encore pour ses « origines ». Il paraît nécessaire en ce sens d’attirer l’attention
sur ce moment au cours duquel un ensemble de pratiques et d’idées, forgé à partir
de matériaux déjà existants, structura l’identité d’une élite reconnue comme telle
et produisit dans le même temps un système de représentation et de distinction
remarquablement invasif : un moment fondamental d’élaboration symbolique qui
se fit aussi à travers un effort de démarcation 5 – vis-à-vis notamment des tradi-
tions académiques et des figures intellectuelles établies – et qui cristallisa pro-
gressivement, à partir d’une variété de contributions individuelles, un « espace
des possibles 6 ». On entend donc opérer, littéralement, une mise au point autour de
la naissance de l’humanisme, entendue au sens de son take-off et de son affirmation
comme culture alternative conquérante, puis comme modèle dominant, au cours
de la première moitié du XVe siècle. Il y aurait un effet de précipité primordial,
en quelque sorte, à mettre au centre des interrogations en faveur de ce « retour
du paradigme » dont Riccardo Fubini a depuis plusieurs années déjà souligné la
nécessité 7.
Un tel paradigme peut sembler bien nébuleux dès lors que l’on s’efforce de
catégoriser des lettrés ou de qualifier des textes et des comportements sociaux
comme « humanistes ». Cette relative évanescence contraste de manière frappante
avec l’apparente évidence d’une aventure collective en train de s’accomplir,
exprimée tant par la conscience qu’en eurent ses contemporains qu’à travers nos
découpages macrohistoriques, qui associent la rupture entre « Moyen Âge » et
« Renaissance » à ce qui aurait été un véritable raz de marée de la culture huma-
niste. Le problème est d’autant plus patent que l’humanisme ne se matérialisa pas
dans une construction institutionnelle propre, productrice de marques consacrées
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titre, généralement scandé de manière linéaire par la succession des grands auteurs,
voire de leurs plus actifs ou prestigieux partisans) tout en étant considéré comme
essentiel à l’éclosion d’un nouveau cycle de l’histoire occidentale.
Nous concentrerons notre propos sur les décennies 1400-1430 en Italie qui,
au cœur de cette séquence bien connue qui va de Pétrarque à Lorenzo Valla,
semblent constituer un temps d’accélération déterminant 8. Nous n’avons ni la
naïveté ni la prétention de fournir la feuille de route intégrale d’un phénomène
dont les dimensions dépassent largement le cadre d’un article : il s’agit de plaider
pour un recadrage et de présenter un essai de réflexion transversale en nous
appuyant sur quelques exemples caractéristiques. Cette étude sera en particulier
attentive aux mécanismes de structuration interne de l’humanisme comme mouve-
ment. En observant, d’abord, l’émergence d’une conscience collective ancrée dans
un rapport réflexif à l’histoire, nous reviendrons sur les relations entre groupes
sociaux, productions savantes et mémoire que permet d’appréhender la notion de
mouvement, tout en évoquant l’ossature idéologique qui fit l’esprit de l’huma-
nisme (c’est-à-dire l’aspiration à un « retour de l’Antiquité »). L’analyse de la
constitution corrélée d’un répertoire commun de références et de pratiques et d’un
système de sociabilité dynamique nous permettra ensuite de penser l’émergence
d’un champ culturel, incarné à travers nombre de figures intermédiaires ou subal-
ternes. Sera mise au jour, enfin, la fixation de repères identitaires génériques, à
savoir le développement de modèles de dénomination distinctifs, la revendication
d’une prééminence sociale et la mise en récit d’un puissant mythe des origines,
emblématiques de la formalisation d’un « esprit de corps ».
La perspective intrinsèque que nous avons choisie d’adopter nous contraint,
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une formidable ductilité qui, bien loin d’en faire un mouvement fermé sur lui-
même (ce dont notre propos pourrait de prime abord donner l’illusion), lui conféra
un aspect « caméléonique », transversal à de multiples sphères politiques ou savantes.
C’est précisément pour permettre une meilleure articulation entre les multiples
pistes d’enquête que soulève la question des causes et des formes de l’essor de
l’humanisme comme modèle dominant (des pistes que la recherche française,
longtemps peu investie dans ce domaine, a depuis quelques années commencé à
explorer 10) que cet effort de focalisation nous a semblé nécessaire. À cette fin, la
perspective sera dans un premier temps déplacée quelque peu en aval, pour partir
d’un constat primordial : si l’humanisme est né, c’est d’abord parce que ses partisans
l’ont eux-mêmes proclamé.
ce que les disciples des disciples de Pétrarque, leurs émules, leurs imitateurs et
leurs partisans ont participé et participent encore à un même mouvement de large
portée qui, en rénovant la langue, rénove, au sens premier, la civilisation ; la
croyance en ce qu’ils sont les contemporains et les acteurs d’une ère glorieuse née
sous l’impusion d’un groupe restreint de pionniers déjà célèbres et d’une série de
conquêtes (le latin cicéronien, les manuscrits oubliés, la langue grecque) annoncia-
trice de la prochaine consécration de ce que nous appelons l’humanisme.
Dès lors, et notre dernière formulation permet de le pressentir, une difficulté
critique s’impose d’emblée : on doit en effet toujours partir du constat que notre
analyse procède immanquablement à partir et en regard d’un modèle autoproduit
de représentation, qui véhicule l’idée d’un progrès providentiel et qui a effectué
en amont le tri de ses grands personnages et de ses événements. De nouveau
s’ouvre cette éternelle bataille avec les noms qui hante l’historiographie de l’huma-
nisme : studia humanitatis, humaniste, humanisme (et ses dérivés, préhumanisme,
premier humanisme, protohumanisme, etc.), apparus en des époques diverses et
réemployés par la critique contemporaine dans des sens plus ou moins proches de
leur usage d’origine, de même que « classicisme » et « renaissance » 16. Voici une
histoire « à double fond » en quelque sorte, dont la structure mémorielle continue
d’enchâsser fermement le paradigme le plus usuel de sa description par les histo-
riens : que Lucia Gualdo Rosa ait choisi il y a une dizaine d’années de reprendre
les pages de Biondo pour illustrer la transition du préhumanisme à l’humanisme
peut en donner la mesure 17. Mais il ne s’agit pas de dénoncer comme nulle et non
16 - L’expression studia humanitatis est utilisée dès le dernier tiers du XIVe siècle et son
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composées par Barzizza autour de 1420 32, il faut songer à la constitution et à l’ample
circulation à partir des années 1400 de compilations généralement désignées
comme des « mélanges humanistes 33 ». Ces recueils de textes, qui s’apparentent
parfois à de véritables formulaires rhétoriques, permirent la constitution d’un réper-
toire commun et canonique qui normalisa la pratique par la pratique, laissant
d’amples possibilités de variations circonstanciées 34. Dans le cas si emblématique
des oraisons funèbres, il est révélateur que, sur les centaines de discours de ce
type que John Mc Manamon a pu recenser pour le long Quattrocento, seul un
nombre très restreint – moins d’une dizaine –, tous composés au cours des décen-
nies 1400-1430 dans un contexte florentin, vénéto-padouan ou curial, ont connu
une réelle fortune dans les années suivantes, jouant en quelque sorte le rôle de
matrice du genre 35.
Il faut ensuite faire état d’un certain nombre d’avancées techniques et
d’apports livresques qui constituent d’importants paliers dans l’accumulation des
connaissances à disposition. La collection épigraphique réalisée par Poggio lors de
son arrivée à Rome en 1403 (« je vois même qu’en peu de temps tu nous livreras
toute l’Urbs grâce à ces inscriptions antiques », se réjouit alors Coluccio Salutati 36)
pose les bases d’une proto-archéologie humaniste centrée sur la description métho-
dique des ruines romaines qui donne lieu, dans les années 1430-1440, à la réalisa-
tion de plusieurs œuvres majeures dans ce domaine et qui, plus largement, nourrit
et crédite une littérature de lamento autour des vestiges, elle-même en voie de
développement 37. Et ce n’est pas sans rapport avec ce recueil épigraphique que
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entendre ici l’écho des débats qui s’engagèrent à propos de l’évolution de la langue
latine, ce lieu de cristallisation de la pensée humaniste en doctrine de l’histoire 43.
Nous nous limitons à indiquer, dans le même ordre d’idées, que Vergerio rédigea
vers 1402 ce qui est considéré comme le premier traité pédagogique moderne, le
De ingenuis moribus, tandis que Bruni proposa au début des années 1420 une pre-
mière théorie de la traduction, avec son De interpretatione recta 44.
Par ce rapide tour d’horizon, nous voulons avant tout mettre en évidence un
ensemble de mutations documentaires (massification, standardisation, progression
technique, théorisation) qui traduisent un effet de seuil décisif, singularisant et
structurant l’humanisme comme culture alternative tout en définissant un large
catalogue commun, identifiable et reproductible. Ce dernier point est important
parce qu’il signifie au fond la constitution d’une « boîte à outils » offrant la possibi-
lité d’appropriations aussi bien magistrales que médiocres ; d’une sorte d’habitus
savant moyen ouvrant la voie à une dilatation par mimétisme 45. Au-delà des produc-
tions les plus virtuoses ou novatrices, une pratique stéréotypée put aussi se déve-
lopper, donnant lieu à la diffusion d’une phraséologie (l’opposition entre ténèbres
et lumières ou l’évocation d’un réveil des temps glorieux), de tics lexicaux (l’inter-
jection mehercule ou l’apostrophe patres conscripti, par exemple) ou de jeux symbo-
liques (comme prendre un pseudonyme antique), devenus des clichés culturels.
C’est ainsi qu’en sus des écrivains pleinement engagés dans l’invention de
l’humanisme, les quelques humanistes « pur jus » en quelque sorte (grosso modo
une douzaine d’auteurs pour les années 1390-1440), un large éventail de produc-
teurs lambda ou occasionnels se déploya. Pour certains notamment ce ne fut qu’une
facette supplémentaire de leur pratique lettrée, une nouvelle corde à leur arc, tel
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43 - Mirko TAVONI, Latino, grammatica, volgare. Storia di una questione umanistica, Padoue,
Antenore, 1984 ; Riccardo FUBINI, « La coscienza del latino negli umanisti », Umanesimo
e secolarizzazione..., op. cit., p. 1-75 ; Serena FERENTE, « Latino lingua materna », in
S. LUZZATTO et G. PEDULLÀ (dir.), Atlante della letteratura italiana, op. cit., vol. I, p. 335-
340 ; Fulvio DELLE DONNE, « Latinità e barbarie nel De verbis di Biondo: alle origini
del sogno di una nuova Roma », in V. DE FRAJA et S. SANSONE (dir.), Contributi. IV
Settimana di studi medievali, Roma, 28-30 maggio 2009, Rome, ISIME, 2012, p. 59-76.
44 - Voir les éditions suivantes : Pier Paolo VERGERIO, « De ingenuis moribus », in
C. W. KALLENDORF (éd.), Humanist Educational Treatises, Cambridge, Harvard Univer-
sity Press, 2002, p. 2-91 ; Leonardo BRUNI, « De interpretatione recta », in L. BERNARD-
PRADELLE (éd.), Leonardo Bruni Aretino. Histoire, éloquence et poésie à Florence au début du
Quattrocento, Paris, Honoré Champion, 2008, p. 613-679.
45 - Un parallèle peut être établi avec les travaux récents de Benoît Grévin autour de l’ars
dictaminis : Benoît GRÉVIN, « Les mystères rhétoriques de l’État médiéval. L’écriture du
pouvoir en Europe occidentale (XIIIe-XVe siècle) », Annales HSS, 63-2, 2008, p. 271-
300 ; Id., Rhétorique du pouvoir médiéval. Les Lettres de Pierre de la Vigne et la formation
du langage politique européen, XIIIe-XVe siècle, Rome, École française de Rome, 2008.
46 - Carla FROVA et Rita NIGRI, « Un’orazione universitaria di Paolo Veneto », Annali di
Storia delle Università italiane, 2, 1998, p. 191-197. Un tel choix rhétorique doit vraisem- 679
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facilita l’accès à la charge de poète officiel à la cour ducale en 1429 49. La circulation
des textes et la fortune (ou l’infortune) des auteurs, leur mise en relation et leur
réappropriation, font ainsi écho au rôle décisif d’un ensemble de passeurs intermé-
diaires et de protecteurs – de « sympathisants » et de « sponsors » pourrions-nous
dire – dans l’appréhension partagée d’un corpus de référence (œuvres, écrivains
majeurs, pratiques) et dans son façonnement comme éthos dans l’imaginaire collec-
tif 50. Ainsi faut-il d’abord comprendre la « mise en mouvement » de l’humanisme
à la lumière des dynamiques interdépendantes caractérisant une constellation
socioculturelle en expansion 51, c’est-à-dire pas seulement comme le fruit de l’acti-
vité menée par des cénacles de lettrés placés à l’avant-garde de la création intellec-
tuelle, mais aussi comme le signe d’une irradiation productive et réflexive, ancrée
dans une multiplicité rationalisante d’actes sociaux.
Rationalisante au sens où les modes mêmes de cette sociabilité produisent
un ordre de la reconnaissance et du mérite attribué ou non à chacun, consacrant
les uns, laissant d’autres dans l’oubli, instituant quoiqu’il en soit pour tous un
horizon convoité de réussite : être pleinement intégré aux débats et aux échanges
en pointe, voir ses écrits commentés et imités, bénéficier de vibrants éloges adres-
sés par les meilleurs orateurs 52. Lorsqu’en avril 1409, le Vénitien Lorenzo Falier
sollicite son ami padouan Ognibene Scola pour acquérir des lettres de Bruni (Scola
connaît le jeune Arétin pour l’avoir rencontré à Florence quelques années aupara-
vant) et que son destinataire, ne pouvant accéder à sa requête, lui promet du même
auteur « des traductions de textes grecs, un dialogue et un discours » qu’il a en sa
possession, on assiste, en même temps qu’à l’activation à très court terme de canaux
de diffusion « de seconde main », à la mise en place d’une coopération amicale
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intitulé Libellus penarum, sorte d’« écrit de prison » rédigé durant son incarcération
à Neuchâtel en 1415, il fit le décompte de ses relations, portant notamment aux
nues Bruni, alors qu’il ne fut jamais mentionné par ce dernier 65.
Certains se contentèrent d’une confortable position locale qui leur assura une
situation professionnelle stable et une petite notoriété. Ce fut le cas du Brescian
Bartolomeo Bayguera, notaire issu d’une famille marchande aisée, dont le principal
fait d’armes fut d’avoir été le secrétaire du cardinal romain Pietro Stefaneschi de
1405 à 1410 66. L’élection à l’épiscopat de Brescia, en 1419, d’un neveu du cardinal
Stefaneschi lui permit d’entrer à son service comme chancelier et d’y demeurer
au moins jusqu’en 1458. Ne sont conservées de sa plume que deux œuvres en
hexamètres latins, un court éloge qui remonte à 1416 et surtout l’Itinerarium, un
récit de plus de 3 000 vers relatant son voyage à Rome, daté de 1425 67. Il y évoque
longuement Francesco da Fiano, décédé en 1421 : c’est lui, le disciple de Pétrarque,
insiste-t-il, qui fut son maître dans l’art poétique, lui qui lui fit découvrir les mer-
veilles antiques de Rome 68. Les deux poèmes ont été composés dans le cadre
brescian : le premier est adressé au podestat de la ville, le second au nouvel évêque.
Bayguera mit ainsi à profit ses compétences de latiniste et son aura d’ancien curia-
liste, formé à Rome par un ancien disciple de Pétrarque, pour développer un
clientélisme local, que vint appuyer une lettre de présentation de l’œuvre compo-
sée par un humaniste lombard bien plus fameux, Antonio da Rho 69. Michele
Zambelli a d’ailleurs noté le fait qu’il a probablement joui d’une certaine célébrité
dans sa ville, puisque l’un de ses petit-fils le qualifia en 1491 de « poète lauréat » et
que sa sépulture fut décorée de fresques et accompagnée d’un épitaphe métrique à
sa mémoire 70. Il ne fut pas un pionnier de l’humanisme, il faut en convenir, ni ne
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71 - Paul COSTEY, « L’illusio chez Pierre Bourdieu. Les (més)usages d’une notion et son
application au cas des universitaires », Tracés, 8, 2005, p. 13-27, http://traces.revues.org/
2133.
72 - Erik PETERSEN, « ‘The Communication of the Dead’: Notes on the Studia humanita-
tis and the Nature of Humanist Philology », in A. DIONISOTTI, A. GRAFTON et J. KRAYE
(dir.), The Uses of Greek and Latin: Historical Essays, Londres, The Warburg Institute,
1988, p. 57-69 ; Benjamin G. KOHL, « The Changing Concept of the Studia humanitatis
in the Early Renaissance », Culture and Politics in Early Renaissance Padua, Aldershot,
Ashgate, [art. 1992] 2001, no VIII, p. 185-209.
73 - B. KOHL, « The Changing Concept of the Studia humanitatis in the Early Renais-
sance », art. cit., p. 203-209 (liste d’occurrences).
74 - Michael D. REEVE, « Classical Scholarship », in J. KRAYE (dir.), The Cambridge Compa-
686 nion to the Renaissance, Cambridge, Cambridge University Press, 1996, p. 20-46.
HUMANISME
anime l’individu : il n’étudie pas seulement les studia humanitatis, il est transporté
du désir de les connaître. Les auteurs empruntent en effet le plus souvent au
vocabulaire de l’amour pour décrire l’activité d’étude et l’emploi du superlatif est
courant pour désigner l’ardeur du lettré (celui-ci est au moins studiosissimus). En
ce sens, l’humaniste n’est pas représenté comme un spécialiste mais comme un
passionné, et c’est d’une émotion partagée que naît cette distinction d’une commu-
nauté de pairs.
Antiquitatis amator : c’est par ces termes que Bruni qualifie Niccoli, alors son
plus actif promoteur, dans une lettre composée vers 1405-1406 75. À propos de
Capra, il écrit au même Niccoli, le 8 octobre 1407, ces lignes éloquentes :
75 - Leonardo BRUNI, Epistolarum libri VIII, X, 6, éd. par L. Mehus, Florence, B. Paperinii,
1741, vol. II, p. 175, réimp. in J. HANKINS, Rome, Ed. di storia e letteratura, 2007
(Francesco Paolo LUISO, Studi su l’epistolario di Leonardo Bruni, éd. par L. Gualdo Rosa,
Rome, ISIME, 1980, I, 21).
76 - Bartholomeus Cremonensis mirifice, ut tibi alias narravi, studiis humanitatis deditus est ;
idque cum superiori tempore ante Presulatum studiosissime fecisset, non potest nunc Presul factus
eas, quas ante coluit, Musas non affectuose amare, earumque sacra ferre ingenti, ut Maro noster
ait, perculsus amore, L. BRUNI, Epistolarum libri VIII, II, 10, op. cit., vol. I, p. 44
(F. P. LUISO, Studi su l’epistolario di Leonardo Bruni, op. cit., II, 12). La référence à Virgile
est tirée des Géorgiques, II, v. 476-477.
77 - Cum eloquentiae studiosissimus sis et oratorum nostrorum scripta diligentissime legas et
avidissime perscruteris, Maria ACCAME LANZILLOTA, Leonardo Bruni traduttore di Demos-
tene: la « Pro Ctesiphonte », Gênes, Istituto nazionale di filologia classica e medievale, 1986,
p. 99.
78 - Ibid., p. 15, n. 6 ; Ludwig BERTALOT, « Zur bibliographie der Übersetzungen des
Leonardus Brunus Aretinus », Studien zum italienischen und deutschen Humanismus, op. cit.,
vol. II, p. 278. 687
CLÉMENCE REVEST
79 - [...] optimarum artium, ita tuae dignitatis, amantissimum, Gasparino BARZIZZA, Gasparini
Barzizii Bergomatis et Guiniforti filii opera, éd. par G. A. Furietti, Rome, Jo. Mariam
Salvioni, 1723, vol. I, p. 131-133.
80 - His etiam humanitatis studiis tantum delectatum est, ut quempiam semper ejus disciplinae
eruditum domi habere vellet, Pietro DONATO, Oratio in exequiis domini Francisci Zabarellae,
éd. par G. B. Mittarelli, Venise, Bibliotheca codicum manuscriptorum monasterii
S. Michaelis Venetiarum prope Murianum, 1779, col. 1235.
81 - Optima uterque colit studia et pulcherrima rerum / Illustresque ipsis quas nos infundimus
artes, Antonio LOSCHI, Doctissimo viro musarumque amicissimo domino Francisco de Fiano,
éd. par G. da Schio, Antonii de Luschis carmina quae supersunt fere omnia, Padoue, Typ.
del Seminario, 1858, p. 55-58, v. 78-79.
82 - Voir, en premier lieu, Marc FUMAROLI, L’âge de l’éloquence. Rhétorique et res literaria
de la Renaissance au seuil de l’époque classique, Paris, Albin Michel, [1980] 1994, p. 35-230.
83 - Nous nous écartons ici en particulier de l’analyse de R. Witt qui tend à identifier
cicéronianisme et classicizing oratory, signalant mais reléguant généralement au second
plan la doctrine éthique au profit d’une lecture stylistique : R. G. WITT, « In the Footsteps
of the Ancients »..., op. cit., p. 338-507, par exemple p. 498.
84 - Pierre LAURENS, « La médiation humaniste : Instauratio totius artis rhetoricae », in
L. PERNOT (dir.), Actualité de la rhétorique, Paris, Klincksieck, 2000, p. 59-69, particulière-
ment p. 61.
85 - Laurent PERNOT, La rhétorique dans l’Antiquité, Paris, Librairie générale française,
688 2000, p. 154-157.
HUMANISME
au cours de laquelle il définit l’orateur comme le vir bonus cum ratione dicendi et
loue le savoir philosophique de Cicéron 86. La collecte de manuscrits contenant les
écrits doctrinaux de la rhétorique antique (c’est-à-dire des œuvres présentant
moins son contenu technique que sa vocation sociale et politique) fut un moteur
consubstantiel de cette édification théorique, notamment les fameuses trouvailles
de 1416 à Constance (un volume complet de l’Institution oratoire de Quintilien)
et de 1421 à Lodi (le De l’orateur et L’orateur complets ainsi que le Brutus) 87. Elle
s’appuya également sur la réinterprétation idéalisée de la vie de l’Arpinate, en
particulier de son engagement politique, à partir de la réplique de Vergerio à
Pétrarque, en 1394 88, suivie par ce monument à la gloire d’un « homme vraiment
né pour être utile aux hommes aussi bien dans le domaine politique que dans celui
de la pensée théorique 89 » qu’est le Cicero novus de Bruni (1415).
On le perçoit aisément, au cœur de l’apologie de l’orator incarné en Cicéron
s’exprime une défense de l’engagement du lettré dans la vita activa, qui met sa
compétence philosophique et rhétorique au service des institutions publiques ; un
« humanisme civique », si l’on reprend l’expression célèbre et longuement discutée
de Hans Baron 90. Les enjeux sociaux immédiats auxquels s’articule une telle uto-
pie nous semblent devoir retenir particulièrement l’attention : en exprimant de la
sorte leur croyance dans la fonction suprême de l’orateur, les humanistes construisent
86 - Denique si sunt idem orator et eloquens, orator autem est vir bonus cum ratione dicendi :
consequens sit ut sit eloquens etiam bonus, Antonio LOSCHI, « Inquisitio super XI orationes
Ciceronis », in Q. A. PEDIANUS, Commentarii in orationes Ciceronis, éd. par J. de Colonia
et J. Manthen, Venise, 1477, p. 81 et, pour l’éloge de Cicéron comme philosophe, p. 82.
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Je rappellerai, comme nous le savons tous, l’incroyable prudence dans la prise de décision,
la sagesse dans les discours prononcés au Sénat, qu’il mit au service de celui-ci pour son
honneur et pour sa grâce, autant que sa santé le lui permit. Les pères conscrits, admiratifs,
l’appelèrent les uns le nouveau Caton, les autres le nouveau Caius Lelius. C’est pourquoi,
en ce qui concerne le jugement de notre prince, je dirai qu’en vérité comme celui-ci écoutait
attentivement ses dissertations très savantes, chaque fois qu’il était quelque peu soulagé
des lourdes tâches de l’État, et conversait librement avec lui des affaires majeures qui
agitaient son esprit, il voulait aussi qu’il connaisse tous ses secrets. Il était à la fois très
savant dans tous les artes et particulièrement doué pour la poésie et pour une exceptionnelle
éloquence. Ces studia humanitatis le rendaient, à bon droit, d’autant plus agréable
auprès d’un si grand prince, et d’autant plus admirable 93.
à son service un talent oratoire hors du commun. Imiter Cicéron signifie non seule-
ment reproduire sa prose, mais plus encore être un autre Cicéron. On doit aussi rappeler
les liens essentiels qu’entretient une telle promotion de l’orateur-philosophe avec
le développement d’un modèle éducatif fondé sur les studia humanitatis. La théori-
sation d’une pédagogie du vir bonus dicendique peritus pose les fondations, cela a
été souvent souligné, d’un programme de formation qui accorde une large place à
la pratique de l’éloquence et se présente comme la parfaite propédeutique du
futur gouvernant 94. Ce faisant, les humanistes affirment leur utilité singulière et
se construisent, d’un point de vue idéologique, un véritable pré carré social. Sans
approfondir la question ni des pratiques effectives ni des enjeux philosophiques,
il y a ici un tournant programmatique qui structure l’« esprit de corps » de l’huma-
nisme et, à la faveur d’une redéfinition autoréférentielle de la figure éthique de
l’homme de savoir, trace et proclame la rupture avec une hiérarchie culturelle
dominante 95. Car en creux, c’est une entrée en force dans un monde savant déjà
fortement institutionnalisé et concurrentiel qui se dessine, ne laissant d’autre alter-
native à ses rivaux que l’affrontement ou l’adaptation à la nouvelle donne : les
tensions qui agitèrent l’Italie du XVe siècle autour de la prééminence du droit,
étudiées par Patrick Gilli, en sont une remarquable illustration 96.
Enfin, dans la construction dynamique et polémique d’une identité, la mise
en récit d’un triomphe en train de s’accomplir entre en jeu. Nous revenons ainsi, en
un dernier moment, à cette dimension par laquelle nous avions ouvert notre
réflexion, à savoir la sublimation d’une histoire présente comme aventure collec-
tive, sous l’impulsion d’une génération de héros pionniers, annonçant le futur
déploiement d’une « renaissance » de l’antique âge d’or. En effet, certains élé-
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Un bref rappel s’impose : mettant à profit son désœuvrement lors des travaux
du concile de Constance, Poggio a effectué au moins quatre voyages pour se rendre
dans des bibliothèques monastiques entre l’été 1416 et l’été 1417 (en omettant la
question problématique du Vetus Cluniacensis auquel il a eu accès en 1415), notam-
ment à Saint-Gall, Fulda, Langres et Cologne 98. Il en rapporta plusieurs œuvres
antiques (de Cicéron, Vitruve, Tite-Live et Lucrèce entre autres) dont une version
complète de l’Institution oratoire de Quintilien. Cette trouvaille fait l’objet d’une
lettre adressée par l’humaniste à Guarino le 16 décembre 1416, soit quelques mois
après ses premières recherches à Saint-Gall 99. La lettre est avant toute chose un
morceau rhétorique dans lequel Poggio, ne boudant ni son plaisir ni sa fierté,
ménage ses effets de manche et dramatise sans nuance le récit 100. Après avoir fait
durer le suspense et exalté avec grandiloquence Quintilien, théoricien de la parfaite
éloquence, il développe une longue lamentation autour de la « lacération » d’une
grande partie de son œuvre, citant les vers de l’Énéide à propos de Déiphobe « au
corps tout déchiré, au visage cruellement lacéré ; il a la face, les deux mains, les
tempes dévastées, les oreilles arrachées, et le nez tranché, en une abominable
mutilation 101 ». L’apogée de cette envolée pathétique est atteint au moyen d’une
prosopopée de Quintilien lui-même, qui supplie qu’on lui vienne en aide 102. La
nouvelle de la trouvaille n’intervient qu’après ces développements, à la toute fin
de la lettre. L’épistolier souligne surtout avec emphase les conditions indignes
dans lesquelles l’ouvrage était conservé : il s’agissait, explique-t-il, d’une réclusion
tout à fait scandaleuse, « dans une prison absolument horrible et obscure, c’est-à-
dire au fond d’une tour, où même les condamnés à mort ne seraient pas relégués 103 ».
Au sein de cette mise en scène de soi, on note que, d’une part, l’humaniste
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98 - On sait aussi qu’il s’est rendu à Paris (au monastère de Saint-Victor) et en Normandie
autour de la même période ou au cours de sa pérégrination vers l’Angleterre entre la
fin de l’année 1418 et le début de l’année 1419. Sur les manuscrits qu’il trouva, voir
R. SABBADINI, Le scoperte dei codici latini e greci..., op. cit., vol. I, p. 77-82 ; Id., Storia e
critica di testi latini, op. cit., p. 43-49 et 383-396 ; A. DE LA MARE, The Handwriting of
Italian Humanists, op. cit., p. 64-65 ; Tino FOFFANO, « Niccoli, Cosimo e le ricerche di
Poggio nelle biblioteche francesi », Italia Medioevale e umanistica, XII, 1969, p. 113-128.
99 - Poggio BRACCIOLINI, Lettere, IV, 5, éd. par H. Harth, Florence, L. S. Olschki, 1984,
vol. II, p. 153-156. Une variante de cette lettre est également connue, adressée à
Giovanni Corvini, ibid., app. 3, p. 444-447.
100 - Fernand HALLYN, « Le fictif, le vrai et le faux », in J. HERMAN et F. HALLYN (dir.),
Le topos du manuscrit trouvé, Louvain/Paris, Peeters, 1999, p. 499-500.
101 - [...] lacerum crudeliter ora, / ora manusque ambas, populataque tempora raptis / auribus
et truncas inhonesto vulnere naris, VIRGILE, Énéide, VI, v. 496-498 (pour la citation dans la
lettre de Poggio : P. BRACCIOLINI, Lettere, IV, 5, op. cit., p. 154).
102 - Videbatur manus tendere, implorare Quiritum fidem, ut se ab iniquo iudicio tuerentur,
ibid., p. 155.
103 - [...] in teterrimo quodam et obscuro carcere, fundo scilicet unius turris quo ne capitalis
692 quidem rei damnati retruderentur, ibid.
HUMANISME
À propos de cette version des faits, deux remarques peuvent être faites.
D’abord, si les humanistes font de leur recherche une véritable quête au trésor
dans ce qu’ils appellent des prisons, ils ont, tout compte fait, trouvé des livres dans
des bibliothèques. Il ne s’agit pas de chanter, par esprit de contradiction, les
louanges de la culture monastique comme grande protectrice du patrimoine clas-
sique en Occident, ni de minimiser l’impact de ces trouvailles sur le développe-
ment du programme humaniste : les chercheurs de manuscrits ont bel et bien, de
leur point de vue, « découvert » des œuvres qui leur étaient inconnues et qui
contribuèrent de façon cruciale à l’édification de leur projet et de leur pensée.
Mais, au cœur d’une telle entreprise de collecte de textes, une représentation
symbolique de cette même activité par ses acteurs dota la trouvaille d’une significa-
tion capitale, celle d’une épopée annonciatrice de futurs triomphes, matérialisant
à leurs yeux l’orée d’une ère radieuse opposée de façon manichéenne à l’obscuran-
tisme « médiéval ». Appréhendée comme un mythe commun, la « libération » des
classiques participa à la construction d’un puissant imaginaire de soi.
Ensuite, une telle version établit une claire polarisation du récit autour de
Poggio, leader porté aux nues, même lorsqu’il est fait allusion – comme c’est le
cas dans la lettre de Barbaro – à ses deux compagnons de voyage, Bartolomeo
Aragazzi et Cencio dei Rustici. Ce dernier, un jeune humaniste romain, relata
d’ailleurs les découvertes de Saint-Gall dans une lettre dont la fortune fut bien
moindre (une seule copie manuscrite connue), au cours de laquelle il dresse un
tableau apocalyptique comparable aux descriptions précédentes mais n’accorde
aucune prééminence particulière au Florentin – il aurait même plutôt tendance à
se présenter comme l’inspirateur du projet 109. Une telle focalisation, encore relayée
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sepultos tenuerunt, ibid., p. 75. Francesco Barbaro fait lui-même référence à la lettre de
Poggio à Guarino, ibid., p. 77.
109 - La lettre adressée à Francesco da Fiano, non datée, est publiée dans Ludwig
BERTALOT, « Cincius Romanus und seine Briefe », Studien zum italienischen und deutschen
Humanismus, op. cit., vol. II, no 3, p. 144-147. On y lit notamment p. 145 : In Germania
multa monasteria sunt bibliothecis librorum latinorum referta. Que res spem mihi attulit aliquot
libros Ciceronis Varronis Livii aliorumque doctissimorum virorum qui extincti penitus esse viden-
tur, in lucem venturos, si accurata investigatio adhiberetur. Nam cum his proximis diebus ex
composito fama bibliothece allecti una cum Poggio atque Bartolomeo Montepulciano ad oppidum
Sancti Galli devenissemus. Il n’y est pas fait mention de l’exemplaire de l’Institution ora-
toire, ce qui laisse à penser que les chercheurs de manuscrits ont pu effectuer plusieurs
allers-retours entre Constance et Saint-Gall au cours de l’été. Voir également la lettre
que Bartolomeo Aragazzi rédige à l’attention d’Ambrogio Traversari le 19 janvier 1417 :
Bartolomeo ARAGAZZI, « Epistola », in A. TRAVERSARI, Ambrosii Traversarii generalis
camaldulensium epistolae et orationes, XXIV, 9, éd. par P. Canneto, Florence, ex typo-
694 graphio Caesareo, 1759, vol. II, col. 981-985 (réimp. Bologne, Forni, 1968).
HUMANISME
110 - Pierre NORA, « Entre mémoire et histoire. La problématique des lieux », in P. NORA
(dir.), Les lieux de mémoire, vol. I, La République, Paris, Gallimard, [1984] 1997, p. 23-45.
111 - John W. O’MALLEY, Praise and Blame in Renaissance Rome: Rhetoric, Doctrine, and
Reform in the Sacred Orators of the Papal Court, c. 1450-1521, Durham, Duke University
Press, 1979 ; Carlo DELCORNO, « La predicazione agostiniana (sec. XIII-XV) », Gli
Agostiniani a Venezia e la chiesa di Santo Stefano, Venise, Istituto Veneto di Scienze,
Lettere ed Arti, 1997, p. 87-108.
112 - Voir, sur ce point, les remarques éclairantes de Patrick GILLI, « Humanisme et
Église ou les raisons d’un malentendu » et « Les formes de l’anticléricalisme humaniste :
anti-monachisme, anti-fraternalisme ou anti-christianisme ? », in P. GILLI (dir.), Huma-
nisme et Église en Italie et en France méridionale, XVe siècle-milieu du XVIe siècle, Rome, École
française de Rome, 2004, respectivement p. 1-15 et 63-95.
113 - Voir, par exemple, Nancy G. SIRAISI, « Oratory and Rhetoric in Renaissance Medi-
cine », Journal of the History of Ideas, 65-2, 2004, p. 191-211. 695
CLÉMENCE REVEST
Clémence Revest
École française de Rome/Centre Roland Mousnier
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114 - G. Cappelli passe ainsi successivement en revue les formes de l’ancrage politique
de l’humanisme à Florence, Venise, Rome, Milan, Ferrare, Bologne, Mantoue, Urbino
et Naples, entre la fin du XIVe et le milieu du XVe siècle : G. CAPPELLI, L’umanesimo
italiano da Petrarca a Valla, op. cit., p. 55-304.
115 - Voir notamment les réflexions d’É. Anheim sur les rapports entre développement
de l’humanisme et mutation de la société de cour comme espace culturel : É. ANHEIM,
696 « Culture de cour et science de l’État... », art. cit.