Vous êtes sur la page 1sur 8

Chapitre II:

MORPHOLOGIE ET STRUCTURE DE LA CELLULE BACTERIENNE

I. Technique d’étude
I.1. Observation de la cellule
La mise au point du premier microscope par Antony V. Leevwenhoek au cours du XVIIIème siècle
marque le point de départ de la microbiologie. L'appareil utilisé, constamment amélioré depuis, permet
avec des grandissements pouvant aller jusqu'à 2500 d'observer des structures dont la taille est de l'ordre
de 1 µm. Divers procédés peuvent être utilisés :
 Observation entre lame et lamelle. dite à l'état frais. de micro-organismes en milieu
liquide. Elle permet d'observer la forme et la mobilité.
 Observation de frottis séchés, fixés et colorés. Les colorations de Gram et de Ziehl-
Nielsen permettent la reconnaissance des bactéries pathogènes : d'autres colorations font apparaître
spécifiquement les cils, les spores..... Les frottis sont examinés à «l'immersion» en plaçant une goutte
d'huile spéciale entre la lentille de l'objectif et la préparation afin d'obtenir une image plus nette.

Tout cela concerne la microscopie dite photonique, où l'on utilise le rayonnement lumineux. Le
pouvoir de résolution reste cependant limité et pour révéler des éléments d'une taille de 5 à 10 nm, on
fait appel à la microscopie électronique, en utilisant la propriété des différentes structures de retenir ou
de laisser passer un faisceau d'électrons.
La microscopie électronique à balayage permet d'obtenir des images «en relief» de la cellule
bactérienne.

I.2. Séparation des constituants cellulaires


L'étude plus précise des constituants cellulaires nécessite leur séparation. Pour les libérer, il faut
rompre les enveloppes protectrices de la cellule (paroi et membrane). On a recours à différents
procédés :
 Les ultrasons ;
 Les enzymes, comme le lysozyme, qui détruisent la paroi bactérienne ;
 La pression osmotique, où des bactéries traitées par le lysozyme et placées en milieu
hypotonique gonflement et éclatent ;
 La pression mécanique, où le broyage par des billes de verre assure la rupture de la paroi et
de la membrane ;
 Le froid, par le procède de cryolyse, c’est à dire par congélations et décongélations
successives
Les méthodes de fractionnement par ultra-centrifugation ou par centrifugation en gradient de
densité permettent de séparer les différents organites cellulaires

Cours de microbiologie générale Page 1


I.3. Analyse fine ultrastructurale

Pour rechercher, en microscopie électronique, un ou plusieurs constituants chimiques au niveau


cellulaire, on peut avoir recours à l’analyse cytochimique ultrastructurale.
L’étude de chaque constituant pris isolément fait appel au procédé classique du fractionnement
chimique :
-hydrolyse acide (chlorhydrique, trichloracétique)
-mise en solution par solvants organiques (alcool. alcool-éther).

On arrive à obtenir séparément les glucides, les protéines, les lipides et les acides nucléiques.
Cette étude sera complétée par des traitements enzymatiques (glycosidases, endopeptidascs et
exopeptidases, lipases, endonucléases et exonucléases), des analyses chromatographiques ou
électrophorétiques et des séquençages protéiniques ou nucléotidiques. On pourra obtenir ainsi la
composition chimique globale de la cellule bactérienne.

Tableau 1 : Composition élémentaire d’Escherichia coli

Elément % du poids sec


Carbone 50±5
Azote : 10.3
par Kjeldahl
par analyse isotopique 15
(Roberts et coll.)
phosphore 3,2
soufre 1,1
Cendres (total) 12,75
sels fixes (non extractibles par l'eau)
sels libres (extractibles)
Macromolécules
protéines 50
acides nucléiques t ADN 3-4
ARN 10
polysaccharides 4-9
lipides 10-15
Pool de métabolites
amino-acides, nucléotides libres, sucres, acides organiques, esters,
oligopeptides (glutathion), ATP, vitamines, coenzymes.
Teneur en eau (% du poids) : 73-78

II. Cellule bactérienne

Les bactéries sont les plus petits organismes connus douées de métabolisme et capables de croitre
et de se deviser aux dépens de substances nutritives. Leur diamètre est habituellement d’environ 1 µm.
C’est la microscopie électronique qui a mis en lumière l’architecture de la bactérie telle qu’elle est

Cours de microbiologie générale Page 2


représentée sur la figure 1. Les coupes ultrafines ont permis en particulier de découvrir sa structure
détaillé.

Figure 1 : Schéma de la cellule bactérienne

La cellule apparaît entourée d’une enveloppe rigide, la paroi, qui lui donne sa forme, sa résistance
et qui entoure une seconde enveloppe beaucoup plus mince et plus délicate, la membrane
cytoplasmique. Le cytoplasme sous-jacent, en général très homogène, contient essentiellement des
granulations, d’aide ribonucléique, les ribosomes, parfois aussi des substances réserves. Il ne renferme
aucun des organites décrits dans cellule eucaryote (réticulum endoplasmique, mitochondrie, etc.).
Dans le cytoplasme, l’appareil nucléaire distingue par son aspect fibrillaire. Il n’est pas entouré
d’une membrane. La paroi, la membrane, le cytoplasme et l’appareil nucléaire représentent, les
structures essentielles de la cellule, qui sont toujours présentes. D’autres structures peuvent
éventuellement s’y adjoindre : la capsule, enveloppe externe, qui peut prendre développement
considérable lorsqu’on favorise la synthèse de ses constituants ; les flagelles, de nature protéique, qui
Cours de microbiologie générale Page 3
confèrent à la bactérie sa mobilité ; enfin les pili ou fimbriae, plus fins que les flagelles, rigides et
cassants ; certains, pili sexuels, joueraient un rôle au cours de la conjugaison bactérienne ; les spores,
enfin, qui sont des formes de résistances n’existant que chez certaines espèces bactériennes.

Paroi -membrane plasmique Periplasme


Cytoplasme - Chromosome Ribosomes - Polysomes
Eléments constants

des bactéries

Capsule - Pili et Fimbriae - Flagelle Mesosome - Plasmide


Vacuole à gaz – Inclusions de réserve La spore
Elément facultatifs

des bactéries

II.1. Morphologie cellulaire


Lorsqu’on observe des bactéries au microscope optique, on reconnait rapidement la forme des
cellules, leurs dimensions et, enfin, arrangements ou les groupements qu’elles constituent entre elles.
Toutes ces informations définissent la morphologie bactérienne qui a constitué durant de longues
années le critère essentiel de reconnaissance et d’identification.

II.1.1. Taille
La plupart des bactéries sont de petite taille de 1 à 3 µm. Toutefois Certains peuvent
atteindre 500 µm alors que les mycoplasmes ne dépassent pas 0,1 µm. Les exemples suivants
permettent de bien situer les différences de taille :

 les mycoplasmes comme Mycoplasma pneunoniae, de l'ordre de 0,1 µm ;


 les entérobactéries comme E. coli 1× 2 à 3 µm :
 les tréponèmes (par exemple Treponema pallidum) de 0,1 à 0.2 x 5 à 20 µm ;
 les spirochètes. de 0,2 à 0,7 x 5 à 500 µm.

Cours de microbiologie générale Page 4


I.1.2. Forme
Les formes des bactéries sont extrêmement diverses. Nous en retiendrons trois principales la
forme sphérique ou coccoïde, la forme cylindrique ou en bâtonnet et la forme spiralée ou hélicoïdale.

Figure 2 : Différents formes des bactéries

Forme sphérique :
Elle caractérise les cocci (pluriel de coccus) (figure 3). Le mode de division de ces derniers donne
naissance à des groupements typiques, utiles à observer du point- de vue diagnostique. Chez les
diplocoques, chaque cellule se divise dans un seul plan et donne naissance à deux nouvelles cellules
étroitement associées : elles ont un aspect effilé en 'flamme de bougie» avec les pneumocoques, elles
sont réniformes ou en «grain de café» avec les gonocoques ou les méningocoques.
Lorsque ce mode de division se poursuit régulièrement, la bactérie engendre des chaînettes plus ou
moins longues, caractéristiques des streptocoques.
Les cocci qui se divisent successivement sin deux plans forment des groupements de quatre
cellules les tétrades.
D'autres, en se multipliant dans les trois directions de l'espace, composent des cubes réguliers de
cellules, que l'on rencontre chez les sarcines, ou des amas asymétriques dits en grappes de raisin comme
chez les staphylocoques. Ces différents types de groupements sont représentatifs de l'espèce.

Cours de microbiologie générale Page 5


Figure 3 : Différents arrangements de cocci :

(a)  Streptococcus, en chaîne, division selon un même plan ;


(b)  diplocoques, forme deux paires de cocci après division ;
(c) en tétrades, division selon deux plans, régulièrement ;
(d) sarcina, division selon trois plans, régulièrement ;
(e)  Staphylococcus, division selon plusieurs plans, irrégulièrement.

Forme cylindrique :
Les formes cylindriques ou en bâtonnet sont aussi diverses que celles des cocci c en distingue
deux principales : le bâtonnet droit ou bacille et le bâtonnet incurvé ou vibrion.
La première caractérise de nombreuses bactéries :
 les entérobactéries aux extrémités arrondies,
 les Bacillus beaucoup plus gros et nettement rectangulaires.
 les bacilles fusiformes aux extrémités effilées.
 les corynébactéries renflées à l'un de leurs pôles. «en massue».
Comme les cocci, les bacilles peuvent être associés deux par deux en diplobacilles ou former de
véritables chaînettes. Parfois, ces bacilles peuvent être de très petite taille et se confondre avec des
cocci : on donne alors le nom de coccobacilles.
La deuxième forme cylindrique est celle du vibrion, bacille incurvé «en virgule». Les vibrions ne
constituent qu'un seul genre réunissant de nombreuses espèces aquatiques et quelques espèces
pathogènes pour l’homme (V'ibrio cholerae).

Forme spiralée
On la rencontre chez un petit groupe de micro-organismes possédant une structure hélicoïdale et
allongée. On les distingue entre eux par leur longueur, le nombre et l'amplitude de leurs ondulations. Les
leptospires, de 5 à 10 µm de long, ont des extrémités en crochet ; la taille des tréponèmes peut atteindre
15 µm ; celle des Spirocheta, de beaucoup supérieure, se situe entre 30 et 500 µm.

Cours de microbiologie générale Page 6


Autres formes
En dehors de ces aspects bien connus, nous mentionnerons la forme pédonculée propre aux
Caulobacter, la forme filamenteuse des bactéries ferrugineuses ou Sphaerotilus, enfin les formes
mycéliennes, à peine ramifiées chez les mycobactéries et nettement ramifiées chez les Actinomycètes
(figure 6).

II.2. La Paroi
Enveloppe caractéristique de la cellule procaryote, la paroi rigide est un véritable « exosquelette »
qui confère à la cellule sa forme et lui permet de résister à la forte pression interne comprise entre 5 à 20
atmosphères.
La paroi est notamment formée d’un polymère le peptidoglycane (encore appelé mucopeptide ou
muréine ou mucocomplexe). La distinction entre bactérie à Gram positif et à Gram négatif repose sur
une différence de composition chimique pariétale.
Certains de ses couches sont le site de nombreux déterminants antigéniques maifsjeurs. L’un de ceux-ci,
le lipopolysaccharide, propre aux bactérie à Gram négatif. La paroi ne constitue pas une barrière
sélective comme la membrane ; elle est perméable chez les bactéries à Gram négatif. L’un de feuillets,
la membrane externe, s’oppose pourtant à al pénétration de plus grosses molécules.

III.2.1. Mise en évidence

L’étude des constituants de la paroi nécessite au préalable son isolement des autres éléments
cellulaires. De nombreux procèdes sont fondés sur la destruction des bactéries par broyage à l’aide
d’abrasifs ou sous l’effet des ultrasons, ou par centrifugations et décongélations successives, ou encore
sous l’action d’enzymes sont utilisés. Les parois brutes ainsi obtenus sont purifiées par centrifugation
différentielle puis lavage à l’eau distillé pour éliminer les composants cytoplasmiques.

III.2.2. Structure moléculaire

En microscopie électronique, on observe une nette différence de structure entre les parois
des bactéries à Gram positifs et à gram négatifs. Le paroi des Gram positif est en général plus épaisse
( de 18 à 80 nm) et d’aspect plus homogène, alors que celle des Gram négatif est plus fine ( de 6 à 15
nm) et plus hétérogène (Figure 4). L’élément structural de base pour toutes les bactéries est le
peptidoglycane.

Cours de microbiologie générale Page 7


Figure 4 : Schéma des enveloppes cellulaires des bactéries à Gram positif (a) et à Gram
négatif (b)

Cours de microbiologie générale Page 8

Vous aimerez peut-être aussi