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L’ISO 9001,
mission impossible ?
Quelques fondamentaux parfois mal compris…
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C’était en des temps très reculés… Toi, lecteur du présent livre blanc, étais sans doute trop
jeune pour avoir vécu la naissance en 1987 de la norme ISO 9001, complétée alors par les
normes ISO 9002 et ISO 9003. Il s’agissait de la première formalisation applicable à grande
échelle aux entreprises et organismes qui souhaitaient mettre en place et faire certifier leur
Système de Management de la Qualité (SMQ).
La norme a bien sûr évolué au fil du temps pour mieux prendre en compte les réalités du
monde économique.
Ce livre blanc propose un parcours au cœur de l’SO 9001, en 10 chapitres courts. Un livre
blanc, en quelque sorte, «hors des sentiers battus» parce que je vais aborder la qualité sous
des angles de vue un peu différents de ce qui se dit ou se pratique habituellement :
♦ soit parce que les explications traditionnelles données sont inutilement complexes et font
trop appel à un vocabulaire d’initiés,
♦ soit parce que certaines exigences de la norme ne sont pas suffisamment prises en compte,
♦ soit parce que des pistes pourtant intéressantes seraient à mettre en avant.
♦ Faire tomber un certain nombre d’idées reçues sur la norme ISO 9001:2015
♦ Te faire comprendre clairement tout ce qu’une démarche qualité peut réellement apporter
de positif à ton entreprise. Sans pour autant masquer les difficultés possibles.
♦ Te donner un aperçu de la démarche complète qui peut mener une entreprise jusqu’à la
certification ISO 9001 et au-delà.
♦ Te permettre d’éviter quelques erreurs majeures comme, par exemple, de bâtir un système
de management de la qualité «peu lisible», inutilement compliqué et qui risque d’être rejeté
par les collaborateurs de ton entreprise.
♦ T’encourager à toujours prendre une bonne dose de recul, à toujours conserver les pieds
sur terre et à toujours savoir sortir des sentiers battus ! Tout cela pour la bonne cause, celle
de la qualité réelle et profonde.
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mission impossible ?
Nous sommes tous clients d’entreprises ou peine mis en route (matériel informatique,
d’organismes divers, que ce soit dans notre électroménager, système de chauffage,
vie personnelle - souvent ou dans notre vie etc.), de ces voitures qui connaissent des
professionnelle - au moins de temps en temps. défaillances mécaniques et électroniques
L’expression «satisfaction client» est maintenant
à peine sorties de la concession…»
présente partout. Et pourtant…
♦ Oui, je suis excédé par ces prétendus
Paroles, paroles…
services après-vente qui ne répondent
même pas aux e-mails et que l’on ne
N’as-tu point remarqué combien le monde
peut jamais joindre au téléphone.
du marketing et de la communication
se plie en quatre pour nous séduire ?
♦ Oui, je suis révolté par ces sociétés
Regarde autour de toi : nous sommes tous
qui pratiquent la fidélisation forcée en
bombardés de messages qui nous montrent
cherchant à «coincer» le client particulier ou
combien les fournisseurs, vendeurs et
professionnel dans des formules trompeuses
prestataires de tout poil tiennent à nous…
d’abonnement aux frontières de la légalité.
♦ D’abord par quelques affirmations bien sen-
♦ Oui, j’en tombe des nues quand on
ties, par exemple le fameux «Nous sommes
m’affirme que ces problèmes et pratiques
customer centric», version moderne de
appartiennent au passé ou sont devenus
la formule «Chez nous le client est roi».
tellement rares et que je ferais bien de
«remettre à jour mon propre logiciel».
♦ Ensuite par toutes ces enquêtes
dites de «satisfaction» dont
Mais chuuut ! N’allons pas citer de noms à
l’analyse fait systématiquement
haute voix car on pourrait nous entendre…
ressortir des scores absolument
Paradoxal en apparence, car la plupart des
extraordinaires de contentement
entreprises concernées ont mis en place
du client. Whaouuu ! Génial !
un système de management de la qualité
(SMQ). Disons-le tout de suite, ce ne sont
♦ Mais aussi par tous ces spots de
pas les normes sur lesquelles s’appuient
banques et de mutuelles, d’opérateurs de
lesdits SMQ qui sont en cause, pas plus que
téléphonie mobile ou de constructeurs
les audits de certification réalisés par des
automobiles (liste absolument non
organismes extérieurs qui sont en cause.
limitative) qui nous promettent un monde,
féerique, enchanteur… Le client au pays
Le problème vient essentiellement de la non-
des «Bisounours» !
prise en compte réelle et profonde de l’esprit
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Aurais-tu déjà remarqué combien la norme Avec les évolutions de la norme, avec la
ISO 9001, dans sa version actuelle, est meilleure prise en compte des réalités orga-
«complète», «puissante» et «profonde» ? nisationnelles de l’entreprise, il est apparu
Eh bien nombre d’acteurs de la qualité en ceci : le client est évidemment au centre du
entreprise n’ont pas forcément saisi tout ce système de management de la qualité mais
que la norme implique de manière explicite il ne saurait être question de focaliser notre
ou implicite. regard uniquement sur lui… Paradoxal?
Pas du tout ! En réalité la norme ISO 9001
Le client mais pas que… exige que l’on prenne en compte toutes les
«parties intéressées», c’est-à-dire tous les
Dans son préambule le texte de la norme acteurs avec lesquels l’entreprise interagit.
ISO 9001 précise les sept principes de mana- En effet, ces interactions peuvent avoir une
gement de la qualité. Le premier est l’orien- répercussion défavorable (risque) ou favo-
tation client. Plus loin la norme évoque à rable (opportunité) sur la satisfaction finale
plusieurs reprises les notions de satisfaction du client. Rappelons que cette répercussion
client et d’amélioration de la satisfaction peut être immédiate ou à plus long terme.
client. Parfaitement logique !
Des parties intéressées ?
Pendant des années, sans doute en raison du
fait que les premières versions de la norme En pratique quelles peuvent donc
étaient surtout appliquées en milieu indus- être ces «parties intéressées», par-
triel, les responsables qualité ont eu souvent fois également appelées «parties pre-
une vision assez restrictive du champ d’ap- nantes» ? Citons-en quelques-unes :
plication de cette norme. «Satisfaction du
client» signifiait surtout «livraison conforme ♦ Les collaborateurs. Imaginons que
aux exigences du client». Ce qui amenait à nos pratiques de management d’équipe
se concentrer essentiellement sur la maî- (ou de direction) se dégradent, que
trise de la qualité dans le cadre des process cela entraîne démotivation, flam-
«techniques». Les fonctions alors ciblées bée de turnover et d’absentéisme…
étaient surtout la conception du produit (si
cette étape était présente), la fabrication, la ♦ Les fournisseurs. Imaginons que nous
délivrance au client. les maltraitions, que nous fassions tout
pour les payer en retard, que nous les
pressurions en profitant de notre force de
«négociation» au point de menacer leur
survie…
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En tant que futur responsable qualité, tu peux te Pour cela quelques exigences sont
trouver confronter à une situation dans laquelle données mais les moyens pour répondre
tes capacités à bien communiquer, à rassurer, à à ces exigences relèvent de choix faits
créer une adhésion seront déterminantes. par l’entreprise ou l’organisme. La norme
Bien souvent, à l’annonce d’un projet de mise
n’impose donc strictement aucun mode ou
en place d’un système de management de la
modèle unique d’organisation.
qualité en vue d’une certification selon la norme
ISO 9001, des craintes apparaissent, pouvant Ce serait même contraire aux principes
mener à de futurs blocages dans la démarche. d’efficacité ou même d’efficience qui sont les
J’ai relevé ici les réticences les plus courantes… et fondements de cette norme.
les réponses possibles, à condition que celles-ci
soient sincères (et là tout dépend des intentions ♦ La norme ISO 9001, c’est une usine à
profondes de la direction…). En tout cas ne gaz !
sous-estimons jamais l’importance du travail de
démystification à établir ! La norme en elle-même est basée sur des
principes de bon sens. Un système de
♦ Nous annoncer que nous devrions management de la qualité efficace est d’abord
obtenir la certification qualité ISO 9001 un système basé sur la logique et sur la
n’est-ce pas une manière de nous dire que simplicité. Bien entendu, il faudra démontrer
nous faisons du mauvais boulot ? cette efficacité et cette performance.
La norme ISO 9001 ne vise pas à remettre ♦ La norme ISO 9001, c’est une machine
en cause tout ce qui fonctionne bien mais à créer des procédures qui tuent les
à trouver des solutions aux différents initiatives et la responsabilisation de
problèmes que nous pouvons rencontrer et chacun.
qui, au final, peuvent nuire à la satisfaction
du client. La démarche peut parfois amener La norme ISO 9001 n’a absolument pas cette
à remettre en cause des habitudes de vocation. Les seules procédures à mettre en
fonctionnement, y compris au niveau de place sont celles qui ont une utilité reconnue
notre direction. par leurs utilisateurs. L’objectif final est la
satisfaction du client et non la création de
♦ La norme ISO 9001 standardise tout et procédures.
impose un mode d’organisation unique
qui ne correspond pas forcément aux ♦ Avec l’ISO 9001, il faut écrire tout ce que
réalités de notre entreprise. l’on fait et faire tout ce que l’on écrit.
La norme ISO 9001 est un cadre général qui Cette vision dévoyée de l’ISO 9001 était très
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définit un certain nombre d’axes orienté vers répandue il y encore une dizaine d’années.
La norme ISO 9001:2015 n’impose pas de
la satisfaction du client dans une logique
supports ou de moyens documentaires
d’amélioration continue. spécifiques. À l’entreprise de déterminer
quels supports lui seront utiles pour mettre
en place, gérer et faire évoluer son système
de management de la qualité.
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♦ Avec l’ISO 9001, on va toujours nous de- ♦ Le grand public ne connaît pas
mander plus avec toujours moins… suffisamment la norme ISO 9001.
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pour reprendre le terme usuel, n’est pas toujours justifiées alors que l’on demande
suffisamment performant, aucune des à tous de “serrer les boulons”), d’un top
performances précédemment énoncées ne management qui ne se soucie pas de mettre
sera durable. Surtout en observant le contexte fin à des pratiques déplorables (par exemple
d’évolution profonde des relations au travail autoritarisme, harcèlement pratiqué par
que connaît en ce moment notre société. certains responsables d’équipe…). Tous ces
comportements sont des risques qui auront
Tu l’as compris, la performance du tôt ou tard un impact sur l’atteinte des
9 management quotidien impliquera toujours «résultats attendus».
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En effet, l’ambiance se dégrade généralement Ainsi pour rester cohérents dans notre
vite : travail a minima, absentéisme, démarche, la notion de leadership et
turnover, recrutements exagérément d’engagement doit bien se comprendre à
difficiles, etc. Et tout cela, n’en doutons pas, deux niveaux : rôle moteur de la direction au
aura des retombées rapides également sur sein du système de management de la qualité
la satisfaction client. mais aussi processus à part entière, engagé
dans sa propre démarche d’amélioration
Si besoin était d’enfoncer le clou, rappelons- continue. Ce qui implique notamment
nous que la norme ISO 9001 exige une l’acceptation profonde d’un retour sur ses
approche processus, très logique et propres pratiques de top management.
rationnelle. La fonction de direction générale
peut, dès lors, être considérée comme
un processus à part entière. Nous devons
donc, pour tous les processus, identifier les
risques (dysfonctionnements notamment),
les opportunités et surtout établir le
plan d’action orienté avec une logique
d’amélioration continue.
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mais qui mobilise 3 personnes) est souvent plus «décloisonné» dès que l’on agit pour
mal perçu par nos prospects et clients. Ah améliorer la qualité d’organisation et de
oui… il semble également que le service fonctionnement de l’entreprise (et, in fine,
comptable fasse trop d’erreurs dans la satisfaction du client). L’objectif est tout
l’envoi des factures aux clients, lesquels simplement d’éviter de laisser de côté de
nous font part de leur mécontentement. vrais problèmes de qualité sous prétexte
Donc notre démarche d’amélioration de cloisonnement et/ou de rivalités entre
des pratiques commerciales sera-t-elle services.
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Tu t’en doutes : lancer une démarche qualité des «opérateurs de base» et des pilotes de
et la faire vivre dans le temps ne peut pas se processus.
faire sans moyens humains dédiés. D’autant
plus que tu as pu observer que nous sommes ♦ Tu devras être un responsable qualité
de plus en plus débordés par un quotidien qui investit d’une autorité suffisante officialisée
ne cesse de s’alourdir… par ta direction. Car tout responsable
qualité est aussi un «pilote de projets
Le responsable qualité, un véritable chef d’améliorations». Malheureusement il
d’orchestre est assez fréquent de rencontrer des
résistances, des blocages non clairement
Existe-t-il un portrait-robot du parfait justifiés et parfois de la mauvaise volonté
responsable qualité ? Certainement pas mais chez certains encadrants à l’encontre
plusieurs points importants ressortent : du responsable qualité, perçu comme
venant «marcher sur leur plate-bande».
♦ Tu n’endosseras surtout pas le costume Une fois déployés tous tes efforts pour
du «qualiticien pur» tendance «obsédé communiquer, pour convaincre et pour
textuel» de la norme et des procédures ou faire évoluer certaines attitudes, il te sera
tendance «drogué aux KPI» (une drogue parfois nécessaire de recourir à l’exercice
dure !). Tu prendras intelligemment du de l’autorité. À ce stade, il est primordial
recul par rapport à la norme ISO 9001, pour toi, responsable qualité, d’obtenir le
laquelle est un texte général donnant soutien total de ta direction. Sinon c’est
un fil conducteur avec un nombre limité «Mission impossible».
d’exigences formelles au profit d’un état
d’esprit et d’une philosophie profonde de Ajoutons que le poste de responsable
la qualité. Tu veilleras à ce que le système qualité est tellement stratégique pour toute
de management de la qualité de ton entreprise qu’il est logique que tu sois
entreprise ne se transforme jamais en pleinement intégré au Comité de direction.
«usine à gaz». Mais souviens-toi de cet
adage : «Faire compliqué est facile. Faire Les pilotes de processus, indispensables
simple est souvent compliqué». acteurs de tout système de management
de la qualité.
♦ Tu seras avant tout un responsable qualité
pragmatique, suffisamment disponible, Nous l’avons vu précédemment, le découpage
présent sur le terrain, à l’écoute ! Rappelle- de l’entreprise en périmètres cohérents, les
toi que tout poste à responsabilité comporte processus, s’appuie le plus souvent sur les
aujourd’hui une multiplication effarante «noyaux durs» que constituent les services
de tâches annexes peu productives : présentés dans l’organigramme habituel
réunionite, reporting excessif, traitement (organigramme par services).
de l’avalanche quotidienne d’e-mails…
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Mais les journées n’ont que 24 heures… et nos Enfin, n’oublions jamais l’acteur essentiel de
pilotes de processus qui sont en même temps toute démarche qualité réussie : l’ensemble
responsables de service sacrifieront souvent des collaborateurs, qu’ils soient en contact
un peu la mission de pilote de processus au direct ou indirect avec le client !
profit de leur fonction première. Donc, il est
indispensable que la direction mette en place
des solutions pour permettre au responsable
de service d’alléger ses tâches afin de
consacrer le temps indispensable à sa mission
de pilote de processus. Il s’agit souvent de
redoubler d’efforts pour faire comprendre
à la direction qu’il est indispensable de tenir
compte de ce cumul de fonctions. Lequel
doit se traduire dans les fiches de poste pour
y intégrer clairement la fonction de pilote de
processus (avec évaluation par le n+1 dans
les mêmes conditions que l’évaluation de la
fonction de chef de service).
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La surveillance de certains indicateurs est connues (et certifiées ISO 9001) obligent
importante dans le cadre de toute démarche même leurs commerciaux à rappeler tout
d’amélioration de la qualité. On entend client qui a répondu à un questionnaire
souvent citer William Edwards Deming, l’un en direct ou en ligne avec une note de
des pères des systèmes de management satisfaction attribuée inférieure à 8 sur 10.
de la qualité : «Ce qui ne se mesure pas ne L’objet de l’appel étant ouvertement de
s’améliore pas». Pourtant, cher lecteur, je te manipuler le client pour l’amener à modifier
conseille de prendre un sain recul par rapport immédiatement la note attribuée. Cela
à ce qui pourrait dériver vers une véritable sans que l’entreprise cherche à prendre en
«religion des indicateurs». Et pourquoi pas compte la satisfaction réelle de ce client.
citer maintenant Aaron Levenstein : «Les Pratique rare ? Absolument pas !
statistiques, c’est comme les bikinis. Ce
qu’elles révèlent est suggestif mais ce qu’elles ♦ D’autre part, de nombreux collaborateurs
dissimulent est essentiel». sont littéralement assommés de
procédures de reporting chiffré. Exemple :
Reprenons le débat, nous sommes des formateurs en sécurité industrielle
certainement tous d’accord avec la n’ont plus le temps de suffisamment
conclusion suivante : la mesure et les préparer leurs interventions tant il leur faut
indicateurs associés restent la base de la saisir de données qui servent à alimenter
progression de tout système de management des indicateurs de mesure rattachés au
de la qualité. Cependant, l’observation de processus de gestion dans le cadre du
la vie quotidienne en entreprise montre SMQ mis en place par l’organisme qui les
que cette notion de mesure est loin d’être emploie (et qui vient d’être racheté par un
simple. Tout responsable qualité (et toute grand groupe très axé «reporting»).
direction d’entreprise) doit être pleinement
conscient de deux risques majeurs face aux On observe partout une montée alarmante
indicateurs. Ces risques sont d’autant plus d’une nouvelle forme de bureaucratie,
forts dans les grandes entreprises ou les en partie corrélée à la multiplication des
grands organismes car se développe trop indicateurs de mesure. Ce qui génère
souvent cette «religion de la mesure et des d’ailleurs souvent de la «triche» (d’où retour
indicateurs». à la remarque 1). Le doute s’installe souvent
sur la valeur réelle des données collectées
1) Où se situe donc le risque ? par les fameux indicateurs. Méfions-nous
aussi du discours très en vogue : «Oui mais en
♦ D’une part de nombreux indicateurs automatisant nos indicateurs, en supprimant
peuvent vite être «dérivés» ou carrément les saisies manuelles nous éliminerons ces
«pervertis» par leurs utilisateurs. Parfois aléas». Discours le plus souvent bien naïf
sous la pression de la direction. Un car il y a presque toujours un moment ou
exemple courant parmi d’autres : les l’humain interviendra dans la fourniture des
impératifs de la mesure de la satisfaction données.
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Existe-t-il encore des responsables qualité (et Pour parler simplement, ce syndrome est
des directions) qui peuvent continuer à ignorer celui du «grignotage» des temps disponibles
un risque majeur touchant une majorité pour chacun d’entre nous pour effectuer
d’entreprises dès qu’elles grandissent et notre métier de base, pour mettre en œuvre
atteignent une certaine taille, disons surtout le savoir-faire pour lequel nous avons été
à partir 50 salariés ? Ce risque est celui de recrutés.
la chute de la productivité individuelle au
travail, provoquée par l’hypertrophie de Pourquoi ce grignotage inquiétant et sans
tâches qui viennent gravement «parasiter» les précédent de notre temps productif ?
missions initiales de tous les collaborateurs.
J’ai effleuré le sujet dans notre chapitre 6 Les facteurs sont multiples mais peuvent
à propos du temps de travail réellement être regroupés en 6 grandes familles :
disponibles des responsables qualité et des
pilotes de processus… ♦ La suppression quasi généralisée des
postes «supports» de secrétariat et
d’assistance administrative. «On doit
Une réalité qu’il n’est pas toujours maintenant tout faire soi-même».
« politiquement correct » d’évoquer…
♦ L’explosion des contraintes de «reporting»
Nous étions habitués à raisonner selon une de toute nature (sujet précédemment
courbe de progression continue en termes évoqué).
de productivité individuelle et collective
au travail. Des études (OCDE notamment) ♦ La mauvaise interprétation et la
montrent la stagnation de cette productivité mauvaise application des systèmes
sur la dernière décennie. Plus inquiétants de management de la qualité. Trop
se profilent les signes d’une régression d’entreprises et d’organismes confondent
de productivité dans les années à venir. toujours «qualité» et «multiplication des
procédures».
Partons maintenant de l’observation de
terrain avec deux exemples. Premier cas : les ♦ L’inflation des réunions, souvent générées
soignants en milieu hospitalier ne peuvent par la multiplication des «groupes de
plus s’occuper suffisamment des patients projet».
tant les «tâches annexes», souvent plus de
50 % du temps de travail, prennent le dessus. ♦ Les excès liés à des processus
d’informatisation mal maîtrisés et/
Second cas : des commerciaux sont dans ou exagérément poussés (le «100 %
l’impossibilité d’atteindre leurs objectifs dématérialisation» connaît vite de cruelles
de vente tout simplement parce qu’ils ne limites). Combien d’heures perdues en
peuvent plus consacrer un temps suffisant «plantages informatiques», en bugs divers
de contact avec les prospects et clients. et en temps passés sur des systèmes qui
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Alors, quel lien entre cette asphyxie Le lien étroit entre «niveau de productivité
progressive et les exigences de la norme individuelle et collective» et «maintien de
ISO 9001:2015 ? la qualité et amélioration continue» est
une évidence. Pas besoin d’être devin pour
En réalité, ce sont tous les voyants qui affirmer qu’il va falloir redonner très vite
peuvent rapidement passer au «rouge». de l’air aux entreprises et à tous ceux qui
D’abord parce que la satisfaction client travaillent quotidiennement sur le terrain.
risque très vite d’être fortement impactée. On peut imaginer le rôle déterminant que
Si les soignant n’ont plus assez de temps les responsables qualité vont être appelés
pour effectuer leur métier premier, que se à jouer dans la prise en compte de ce
passera-t-il ? Si les commerciaux ne peuvent sujet fondamental en termes de risques et
plus consacrer assez de temps à la vente… d’opportunités.
Etc.
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J’ai abordé une série de thématiques que Au détriment de la réalité de cette qualité,
l’on peut juger prioritaires. Je vais reprendre au détriment de la réalité de la démarche
ici, sous une forme différente et condensée, d’amélioration continue. Leur vrai rôle devrait
les erreurs à ne pas commettre dans une pourtant les amener à aller sans cesse sur
démarche de mise en place d’un système de le terrain au contact des collaborateurs de
management de la qualité selon la norme ISO
«base» et pas seulement à aller au contact
9001. Désolé pour cette référence quelque
peu biblique mais j’espère que tu me donneras des responsables (chefs d’équipe, chefs de
l’absolution pour mon propre péché… services, directeurs…) ni à se contenter de
«reporting qualité» et de KPI.
Péché n° 1 - La vision à «ras-de-la-casquette».
Péché n° 4 - La vision «usine à gaz» de la
L’erreur est de se focaliser essentiellement qualité.
sur les risques identifiés en production ou en
commercialisation. Tout risque, qu’il soit RH, Le danger est de confondre le système
administratif et financier, environnemental
de management de la qualité avec la
ou éthique etc. doit être pris en compte.
Car la non-maîtrise de ces risques peut à multiplication des écrits, des procédures,
tout moment se répercuter sur le client et des cartographies savantes, des circuits
sur l’une ou l’autre des parties intéressées complexes de signature, des réunions qualité
(collaborateurs, fournisseurs, collectivité pas toujours bien organisées ou utiles…
locale, voisinage…). Donc, la norme ISO 9001
est bien plus «universelle» que beaucoup ne La direction de toute entreprise devrait
la perçoivent. Même si d’autres normes plus sans cesse se battre pour simplifier et
«ciblées» peuvent la compléter : ISO 14001 alléger les tâches non-essentielles qui
(environnement), ISO 26000 (RSE), etc.
grignotent inexorablement le temps que
Péché n° 2 - La vision «gros trou dans la ra- chaque collaborateur peut consacrer à ses
quette». missions à réelle valeur ajoutée. Jamais
la norme ISO 9001 n’a été synonyme de
Trop d’entreprises, dont certaines sont «complexification».
pourtant certifiées, ne traitent pas
réellement les sujets «qui fâchent». Parmi Péché n° 5 - La vision confuse de la notion
les plus courants : un mode de direction de «processus».
d’entreprise inadapté, sclérosé ou bien
trop éloigné du terrain ou qui considère la La majorité des définitions données sont
certification surtout comme un «diplôme
à afficher», un fossé entre les «promesses excessivement savantes. Pourtant les ac-
marketing» et la triste réalité vécue par teurs de la qualité n’ont pas tous perçu
le client, des pratiques contestables de clairement la logique et le bon sens de l’ap-
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CONCLUSION
Avant de prendre congé…
Cher lecteur, me voici arrivé au terme de ce livre blanc qui constitue seulement un
survol de quelques problématiques essentielles attachées à toute démarche qualité
fondée sur la norme ISO 9001.
Retenons si tu le veux bien trois des principes essentiels sur lesquels repose la
construction de tout système solide de management de la qualité :
Je peux sans trop m’avancer, t’affirmer que si ton entreprise applique réellement ces
trois principes elle sortira déjà des sentiers battus parcourus par la concurrence.
Bon travail à toi !
Et pour compléter, quelques citations :
«L’amélioration continue vaut mieux que la perfection différée»
Mark Twain
♦
«Si vous ne prenez pas soin de vos clients, vos concurrents s’en chargeront»
Guy Burkhardt
«La satisfaction client est l’une des expressions fétiches des professionnels
du marketing.
Si leur entreprise passait vraiment à l’action cela se saurait !»
JMG
«Si vous expliquez à vos collaborateurs qu’un processus est un ensemble d’activités
corrélées ou en interaction qui transforme des éléments d’entrée en éléments
de sortie, alors personne ne vous suivra ! Soyez bien plus concrets que cela !
Mettez-vous réellement à la portée de vos interlocuteurs.
Prenez des exemples tirés de la vie quotidienne»
Jean-Marc Gandy
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UnUngrand
grand
merci
à Jean-Marc Gandy
à Yvon Mougin pour la rédaction de ce livre blanc
pour la rédaction de ce livre blanc