Vous êtes sur la page 1sur 19

EMC-Cardiologie Angéiologie 1 (2004) 49–67

www.elsevier.com/locate/emcaa

Physiopathologie et étiopathogénie
de l’infarctus du myocarde
Physiopathology of myocardial infarction
H. Akoudad (Professeur assistant) a,
H. Benamer (Ancien chef de clinique des hôpitaux de Paris) b,*
a
Faculté de médecine et de pharmacie de Fès, Maroc, service de cardiologie, hôpital Bichat.
b
Service de cardiologie, hôpital Bichat, 46, rue Henri-Huchard, 75018 Paris ;
service de cardiologie, hôpital européen de la Roseraie, 93300 Aubervilliers, France.

MOTS CLÉS Résumé L’infarctus du myocarde est l’une des principales causes de morbi-mortalité
Infarctus ; dans les pays développés et ce malgré l’amélioration enregistrée ces dernières années
Épidémiologie ;
dans la prise en charge thérapeutique de cette urgence coronaire. Il correspond à une
Plaque vulnérable ;
nécrose myocytaire secondaire à une occlusion d’une artère coronaire. La principale
Thrombose ;
Anatomopathologie étiologie est représentée par la rupture ou l’érosion d’une plaque d’athérome vulnérable
compliquée d’un thrombus occlusif. Cette plaque est volontiers riche en lipides avec une
mince chape fibreuse. L’ampleur de l’événement thrombotique dépend de facteurs
locaux et systémiques. La connaissance des caractéristiques des plaques à risque consti-
tue l’une des avancées importantes dans la compréhension de la physiopathologie des
syndromes coronaires aigus.
© 2003 Publié par Elsevier SAS.

Abstract Myocardial infarction is the leading cause of death in developed nations despite
KEYWORDS of recent advances in the management of this disease. It is defined as the necrosis of
Myocardial infarction; cardiac tissue due to coronary artery occlusion. Rupture of atherosclerotic plaque
Epidemiology;
exposes its thrombogenic components, activates the clotting cascade and promotes
Vulnerable plaque;
Thrombosis; thrombus formation. The vulnerable plaque has a high lipid content and thin fibrous cap.
Pathology Progress in the treatment and prevention of myocardial infarction is dependant on a
greater understanding of the mechanisms of coronary plaque rupture. Thus, the challenge
of today is to identify and treat these dangerous vulnerable plaques responsible for the
acute coronary syndromes.
© 2003 Publié par Elsevier SAS.

Introduction et ce malgré l’amélioration enregistrée ces derniè-


res années dans la prise en charge thérapeutique de
L’infarctus du myocarde est l’une des principales cette urgence coronaire. Le développement des
causes de morbi-mortalité dans les pays développés unités de soins intensifs coronaires dans les années
1960, les thrombolytiques dans les années 1980,
l’essor de l’angioplastie dans les années 1990 et le
* Auteur correspondant. développement de l’appui pharmacologique per-
Adresse e-mail : hbenamer@club-internet.fr (H. Benamer). procédure de ces dernières années sont autant de
© 2003 Publié par Elsevier SAS.
doi: 10.1016/S1762-6137(03)00007-1
50 H. Akoudad, H. Benamer

dates marquantes dans le management de l’infarc- surviennent après l’âge de 74 ans.1 L’âge moyen de
tus du myocarde. survenue de l’infarctus est de 10 ans plus élevé
Le terme d’infarctus du myocarde regroupe l’en- chez la femme : 73 ans en moyenne contre 63 ans
semble des situations au cours desquelles il existe chez l’homme.4 Alors que la proportion de femmes
une nécrose myocytaire secondaire à une ischémie parmi les infarctus hospitalisés n’est que de 23 %
prolongée. La traduction biologique de cette né- avant 55 ans, elle augmente avec l’âge pour dépas-
crose est l’élévation des enzymes cardiaques, en ser 60 % après 75 ans.5
particulier les troponines (I ou T) qui a permis une
redéfinition de l’infarctus. Variabilité géographique

Épidémiologie L’incidence de la maladie coronaire ainsi que celle


de l’infarctus du myocarde varient selon les ré-
Fréquence gions. L’incidence de l’infarctus est plus impor-
tante dans le registre du Bas-Rhin que dans celui de
En France, la pathologie coronarienne serait res- Lille, qui est elle-même supérieure à celle du regis-
ponsable de 9,4 % des décès (MONICA : multinatio- tre de la Haute-Garonne. Au plan international, il
nal monitoring of trends and determinants in car- existe aussi une hétérogénéité d’incidence et de
diovascular disease). L’incidence des cardiopathies mortalité de l’infarctus. La mortalité cardiaque
ischémiques est de 5,1 ‰ dont 1,5 ‰ pour l’infarc- d’origine ischémique, est supérieure en France par
tus.1 Pendant la période de 1985-1987, le service rapport au Japon avec respectivement 95 décès
de statistiques des études et des systèmes d’infor- contre 43 pour 1 000 habitants masculins, mais la
mation du ministère de la Santé et des Affaires France est en bonne position par rapport aux autres
sociales (SESI) évalue à 226 000 le nombre annuel pays industrialisés : mortalité de 207 ‰ aux États-
d’hospitalisations pour cardiopathie ischémique, Unis, de 181 ‰ au Canada, de 112 ‰ en Espagne, de
angor et infarctus compris. Le nombre annuel 131 ‰ en Italie, de 239 ‰ en Allemagne, de 283 ‰
d’hospitalisations pour infarctus est diversement en Russie, de 318 ‰ en Angleterre et de 351 ‰ en
apprécié : 60 à 65 000 hospitalisations selon les Suède. De plus, la mortalité par cardiopathie isché-
enquêtes ENIM en 1984 et ENICA en 1987 ;1 110 à mique enregistre une réduction importante (de
120 000 cas dans le registre MONICA qui prend en – 20 à – 40 %) au Japon, au Canada ainsi qu’aux
compte les victimes d’infarctus, qu’elles soient ou États-Unis et une certaine stabilité ou une modeste
non hospitalisées et, en particulier, celles qui décè- régression (de - 20 à + 5 %) en France, en Suède, en
dent subitement avant d’arriver à l’hôpital. En Italie ainsi qu’en Angleterre. En revanche, la mor-
effet, cette population est loin d’être négligeable : talité par cardiopathie ischémique augmente de
estimée entre 25 et 50 % à la fin des années 1960,2 10 % dans les pays de l’Est.1
elle est probablement moindre aujourd’hui, du fait
d’une prise en charge plus rapide des premières Évolution des dernières années
manifestations de l’insuffisance coronaire aiguë.
En France, l’incidence de l’infarctus au cours de la
Influence de l’âge période 1985-1992 est en baisse, dans les deux
sexes, avec une importante disparité interrégio-
L’incidence de l’infarctus du myocarde augmente
nale.
avec le vieillissement de la population. Le nombre
Au niveau national, la réduction du nombre des
d’infarctus par an et pour 1 000 habitants est chez
l’homme de 0,2 entre 25 et 34 ans, 1,3 entre 35 et décès d’origine coronaire constatée entre 1985 et
44 ans, 3,5 entre 45 et 54 ans, 7,5 entre 55 et 1989 est de 22 % chez l’homme et de 20 % chez la
64 ans, 10,3 après 65 ans.1 Chez la femme, il est de femme. Cette diminution concerne surtout les dé-
0,1 entre 25 et 34 ans, 0,2 entre 35 et 44 ans, cès par infarctus et les sujets les plus âgés : pour la
0,6 entre 45 et 54 ans, 2 entre 55 et 64 ans, période de 1970-1991, elle est de 20 % pour les
8,1 après 65 ans.1 La moyenne d’âge et la propor- hommes et de 30 % pour les femmes entre 35 et
tion d’octogénaires hospitalisés pour infarctus aug- 44 ans, mais respectivement de 35 % pour les hom-
mentent régulièrement, ce qui pose d’importants mes et de 50 % pour les femmes entre 55 et 64 ans ;
problèmes de santé publique.3 au total, sur cette longue période de 21 ans et pour
les sujets âgés de 35 à 64 ans, la diminution de la
Influence du sexe mortalité par infarctus atteint 32 % pour les hom-
mes et 48 % pour les femmes.1 Quant à la disparité
L’infarctus intéresse la population masculine dans interrégionale, elle est illustrée par la baisse signi-
deux tiers des cas. Chez les femmes, 60 % des cas ficative de la mortalité hospitalière par infarctus
Physiopathologie et étiopathogénie de l’infarctus du myocarde 51

qui est constatée à Strasbourg et à Toulouse, mais tion du calibre coronaire liée aux sténoses athéro-
pas à Lille où elle reste stable.1 mateuses préexistantes. En fait, c’est probable-
ment l’association de ces deux phénomènes qui
Circonstances de survenue entraîne la rupture de la plaque athéromateuse.
D’autres paramètres, notamment biologiques, in-
Variations dans le temps de la fréquence fluencent très probablement cette variation nyc-
de l’infarctus du myocarde thémérale : l’augmentation matinale de l’agréga-
bilité et de l’adhésion plaquettaire, ainsi que
Variations circadiennes l’augmentation de la viscosité sanguine et la dimi-
La présence d’une variation circadienne dans la nution de la fibrinolyse physiologique par augmen-
survenue d’un infarctus du myocarde a été initiale- tation du PAI-1 (plasminogen activator inhibitor 1),
ment rapportée par Muller et al.6 Depuis, de nom- pourraient favoriser la constitution d’un throm-
breux travaux ont démontré l’existence d’une aug- bus.11
mentation matinale et d’une diminution nocturne
de la fréquence de l’infarctus.7 En effet, l’étude Variations hebdomadaires et saisonnières
MILLIS a démontré à partir d’une analyse enzyma- Dans une étude allemande, la fréquence de l’in-
tique permettant d’évaluer le début de la nécrose, farctus dans la population active présente un pic
l’existence d’un pic de fréquence entre 9 et 10 heu- qui survient le lundi et dépasse de 33 % sa fré-
res du matin et un minimum entre 23 heures et quence dans la population inactive.12 On constate
minuit.6 Ces données ont été confirmées par également une augmentation de la fréquence de
l’étude ISAM qui, sur 1 741 infarctus, a retrouvé une l’infarctus pendant les mois d’hiver, de janvier à
fréquence de survenue quatre fois supérieure entre mars.13 Cette prédominance saisonnière a été
8 et 9 heures qu’entre 0 et 1 heures.8 Dans une confirmée par Spencer et al. qui ont analysé
méta-analyse réalisée par Cohen et al., un infarctus 259 891 patients du registre NRM-2 (National Regis-
sur 11 et une mort subite sur 15 sont attribués au try of myocardial infarction).14 L’élévation des fac-
sur-risque matinal9 (Fig. 1). Il est aujourd’hui admis teurs de la coagulation avec une tendance à la
que l’incidence la plus élevée de l’infarctus est thrombose pourrait expliquer la tendance à la sur-
observée dans les 3 à 4 heures qui suivent le lever.10 mortalité liée à l’infarctus du myocarde lors de
Les explications de cette prédominance matinale l’hiver.15
sont variées. Certaines privilégient l’explication
mécanique : l’augmentation de la pression arté- Circonstances déclenchantes
rielle au réveil pourrait entraîner une rupture de la Bien que l’infarctus survienne le plus souvent au
plaque athéromateuse, tandis que l’augmentation repos, quelques heures après le lever, certaines
matinale du tonus vasculaire majorerait la réduc- situations comportant un effort particulier ou un
stress important peuvent favoriser son déclenche-
25000 ment.

20000
Activité physique
La première description d’un infarctus survenu à la
suite d’un effort important, le marathon d’Athè-
Nombre d’infarctus

15000 nes, remonte à 1910. Une analyse détaillée des


résultats de l’étude MILIS permet d’identifier dans
près de la moitié des cas une circonstance déclen-
10000 chante comme un stress émotionnel (19 %), une
activité physique modérée (14 %) ou encore une
5000
activité physique intense (9 %).16 La proportion de
patients ayant fait un effort important au moment
du début des symptômes de l’infarctus est de 4,4 %
0 avec un risque relatif de 2,1 (intervalle de
0:00 - 5:59 6:00 - 11:59 12:00 - 17:59 18:00 - 23:59 confiance 95 % : 1,1-3,6) dans l’étude de Mittleman
et al.17 et de 7,1 % avec un risque relatif de 5,9
Heure de la journée
(intervalle de confiance 95 % : 4,6-7,7) dans l’étude
Augmentation de l’incidence de l’infarctus de Willich et al.18 Ce risque est fonction de l’entraî-
nement physique : il est de 107 (intervalle de
Incidence attendue
confiance 95 % : 67-171) chez les sujets non entraî-
Figure 1 Variation nycthémérale de l’incidence de l’infarctus.10 nés, faisant moins d’un effort physique important
52 H. Akoudad, H. Benamer

par semaine, et seulement de 2,4 (intervalle de lation du système sympathique.24 Dans l’étude
confiance 95 % : 1,5-3,7) chez les sujets entraî- américaine Onset, 14 % des infarctus surviennent
nés17. dans les 2 heures qui suivent un épisode de colère,
D’autre part, dans la série de Giri et al., 10 % des avec un risque relatif de 2,0 (intervalle de
infarctus du myocarde traités par angioplastie pri- confiance 95 % : 1,7-3,2).24 De même, le pic de
maire surviennent au cours ou dans l’heure suivant fréquence de l’infarctus observé le lundi dans la
l’effort.19 La population qui présente un infarctus population active est expliqué par le stress de la
du myocarde d’effort est volontiers de sexe mascu- reprise du travail après un week-end de repos.25
lin, obèse, sédentaire, tabagique ou présentant
une dyslipidémie et ce en comparant par rapport au
groupe de patients présentant un infarctus du myo-
Étiologies
carde sans relation avec l’effort.20 Le rôle néfaste
du tabac est noté par plusieurs auteurs, en particu-
lier en période de récupération. L’effort en ques- Athérosclérose coronaire
tion est souvent décrit comme étant inhabituel du
fait de son intensité ou des conditions météorologi- C’est, de loin, la principale étiologie (95 %) de
ques défavorables . l’infarctus du myocarde. La plaque d’athérome se
L’analyse angiographique du réseau coronaire de comporte comme le substrat sur lequel vont se
ces patients révèle souvent une atteinte monotron- greffer la rupture de la plaque et l’activation de la
culaire touchant un vaisseau de gros calibre, sou- coagulation qui conduisent à l’occlusion coronaire
vent l’interventriculaire antérieure avec fréquem- et à la nécrose myocardique. Tous les facteurs de
ment un large thrombus.20 Sur le plan risque cardiovasculaires sont donc indirectement
physiopathologique, le mécanisme par lequel l’ef- impliqués dans l’étiopathogénie de l’infarctus. Ils
fort peut déclencher l’infarctus du myocarde n’est sont abordés dans ce chapitre, l’analyse des consé-
pas univoque (en dehors des traumatismes thoraci- quences de l’occlusion coronaire sur le myocarde
ques). Il est cependant clair que l’exercice physi- étant traitée dans un autre.
que, par le biais de l’élévation de la pression arté-
rielle et de la tachycardie, augmente de façon Autres causes
aiguë le stress pariétal coronaire qui peut jouer un
rôle dans la fissuration et la rupture de la plaque Elles sont rares et seront très succinctement pas-
d’athérome. D’autre part, l’effort qui entraîne une sées en revue (Tableau 1).
vasodilatation des artères coronaires saines devient
vasoconstricteur sur des segments athéroscléroti- Embolies coronaires
ques (dysfonction endothéliale) de la coronaire qui Ces embolies sont le plus souvent fibrinocruoriques
est ainsi le siège de spasme. Celui-ci serait particu-
et à point de départ dans le cœur gauche. Plus
lièrement fréquent lors de la période de récupéra-
rarement, il s’agit d’embolies paradoxales. Cer-
tion au cours de laquelle il existe une stimulation
tains emboles correspondent à des morceaux de
vagale importante et une hyperventilation qui favo-
végétations dans le cadre d’une endocardite, le
rise le spasme post-effort qui peut être aggravé par
plus souvent aortique, ou à des fragments de
le tabac.21 L’exercice physique régulier augmente
myxome de l’oreillette gauche. De façon tout aussi
la fibrinolyse et le taux de l’activateur tissulaire du
plasminogène. Ces modifications n’existent pas anecdotique, on a signalé l’existence d’embolies
chez le sujet sédentaire chez qui l’exercice induit calcaires dont le point de départ est un rétrécisse-
en plus une activation plaquettaire avec libération ment aortique calcifié. Une embolie gazeuse est
excessive de thromboxane A2.22 également possible au cours de la chirurgie cardia-
que.
Activité sexuelle
De nombreuses anecdotes circulent sur la survenue Traumatismes thoraciques
d’un infarctus du myocarde à l’occasion d’un acte
sexuel et cette circonstance déclenchante, attri- Les traumatismes thoraciques ou les importantes
buée à une stimulation adrénergique, est confir- décélérations peuvent entraîner des infarctus qui
mée dans la littérature médicale, notamment par sont en rapport avec une dissection d’un tronc
l’étude américaine Onset.23 coronaire épicardique. En règle générale, le dia-
gnostic est retardé car l’infarctus passe inaperçu au
Stress émotionnel sein des manifestations bruyantes d’un polytrauma-
On retrouve un stress émotionnel récent dans 4 à tisme avec atteinte polyviscérale. Enfin, il convient
18 % des infarctus, constat expliqué par une stimu- de souligner qu’il est difficile de faire la différence
Physiopathologie et étiopathogénie de l’infarctus du myocarde 53

l’élévation enzymatique, l’akinésie segmentaire à


Tableau 1 Étiologies de l’infarctus du myocarde en dehors
de l’athérosclérose coronaire. la ventriculographie avec amincissement pariétal à
l’échocardiographie, la coronarographie ne re-
Coronaropathie non athéroscléreuse
trouve pas de lésion coronaire sur les troncs épicar-
- Artérites : syphilis, Takayasu, Kawasaki, périartérite
noueuse, lupus, polyarthrite rhumatoïde, spondylarthrite diques. Cette éventualité n’est pas exceptionnelle
ankylosante et correspond à 2 ou 7 % des cas.26 Plusieurs expli-
- Spasme coronaire cations sont possibles. Les plus fréquemment avan-
- Atteinte coronaire lors d’une dissection aortique cées sont le spasme coronaire sévère et prolongé
- Épaississement pariétal des coronaires : mucopolysacchari- ainsi qu’une myocardite qui peut mimer de façon
doses, amylose, maladie de Fabry, fibrose coronaire liée à la
extrêmement trompeuse l’infarctus. Les autres ex-
radiothérapie
Embolies coronaires
plications sont la thrombose reperméabilisée, lors-
- Endocardite infectieuse que la coronarographie est réalisée à distance, et la
- Endocardite marastique thrombosante non-visualisation d’une petite branche occluse sans
- Prolapsus de la valve mitrale reprise ni moignon.
- Thrombose de l’oreillette gauche ou du ventricule gauche Une place particulière doit être réservée au
- Prothèse valvulaire spasme coronaire qui peut soit déclencher la rup-
- Myxome de l’oreillette gauche ture de la plaque athéromateuse, soit aggraver la
- Iatrogènes : chirurgie cardiaque, cathétérisme coronaire réduction de calibre coronaire sur une plaque athé-
Anomalies congénitales des artères coronaires romateuse rompue et partiellement thrombosée,
- Anomalie de naissance aortique des coronaires
ou bien encore constituer la cause primaire de
- Naissance anormale d’une coronaire à partir de l’artère
pulmonaire
l’infarctus. Cette dernière éventualité est
- Fistule coronaire aujourd’hui bien documentée dans la littérature.27
- Anévrisme coronaire Ces infarctus sans lésion coronaire angiographique-
Déséquilibre majeur de la balance apport/consommation ment visible surviennent le plus souvent dans des
myocardique en O2 situations particulières ; l’anesthésie, la grossesse
- Pathologie valvulaire aortique : sténose aortique, ou la consommation de drogue. Par ailleurs, il peut
insuffisance aortique
arriver qu’un infarctus banalement lié à une throm-
- Hyperthyroïdie
bose occlusive sur une rupture de plaque s’accom-
- Hypotension prolongée
- Intoxication au CO
pagne d’une ischémie dans un territoire alterne,
Causes hématologiques : secondaire à un spasme survenant sur une autre
- Thrombocytose coronaire que celle initialement responsable de
- Polyglobulie l’infarctus. Cela pourrait être lié à l’importante
- États d’hypercoagulabilité stimulation du système adrénergique que l’on re-
- Coagulation intravasculaire disséminée trouve en phase aiguë d’infarctus et qui constitue
Divers : un des principaux éléments favorisant la survenue
- Contusions myocardiques d’un spasme coronaire.
- Complications du cathétérisme coronaire
- Drogue : cocaïne

Étiopathogénie
entre un vrai infarctus du myocarde par occlusion
coronaire et une simple contusion myocardique L’infarctus du myocarde est un syndrome corona-
traumatique. rien aigu lié à l’occlusion d’un vaisseau coronaire
responsable d’une ischémie myocardique sévère
Pathologie coronaire non athéromateuse puis d’une nécrose. La rupture d’une plaque
d’athérome suivie de la formation d’un thrombus
Certaines pathologies de la paroi artérielle coro-
occlusif est le principal phénomène physiopatholo-
naire, comme les artérites inflammatoires (immu-
gique. Celui-ci est associé à une vasoconstriction
nitaires ou infectieuses), les dysplasies fibromuscu-
distale et à un phénomène de microembolisation
laires, les collagénoses, les séquelles radiques,
qui aggravent l’ischémie d’aval (Fig. 2).28
peuvent être responsables d’un infarctus du myo-
carde.
Rupture de la plaque d’athérome
Infarctus à coronaires angiographiquement
saines Différentes études ont permis d’établir une classi-
fication évolutive de la plaque athéromateuse al-
Parfois, alors que l’infarctus est diagnostiqué par la lant de la strie lipidique à la plaque compliquée.29
clinique, les anomalies électrocardiographiques, Les classes I à III se différencient par des propor-
54 H. Akoudad, H. Benamer

considérée comme une plaque vulnérable. La


consistance du noyau lipidique qui semble jouer
également un rôle dans la stabilité de la plaque,
dépend de la température et de la composition en
lipides.31

Épaisseur et structure de la chape fibreuse


L’amincissement de la chape fibreuse (< 65 lm) et
sa faible teneur en collagène sont des facteurs de
vulnérabilité de la plaque.32 D’autre part, la chape
fibreuse recouvrant une plaque excentrée est plus
fine et richement cellulaire au niveau de la zone
d’épaulement où elle a tendance à se rompre.
Enfin, il est actuellement admis que pour une
même structure, la chape fibreuse recouvrant une
plaque modérément sténosante a plus tendance à
se rompre par rapport à celle recouvrant une sté-
nose plus serrée en raison des forces de tension qui
sont moindres dans ce dernier cas (loi de Laplace).

Inflammation
Les plaques rompues sont caractérisées par une
richesse en cellules inflammatoires, en particulier
des macrophages activés. En effet, dans les lésions
Figure 2 Physiopathologie de l’infarctus du myocarde. La rup- responsables de syndromes coronaires aigus, les
ture de la plaque d’athérome aboutit à la formation d’un throm-
macrophages occupent 14 % de la surface des pla-
bus occlusif. Des emboles se détachent du thrombus initial et
migrent vers la circulation d’aval qui est également le siège ques par rapport à 3 % dans les lésions responsables
d’une vasoconstriction. L’ensemble de ces phénomènes aboutit d’un angor stable. D’autre part, les plaques rom-
à la réduction du flux coronaire et à l’aggravation de l’ischémie pues présentent une néovascularisation adventi-
myocardique. tielle et intimale importante qui serait une source
1 . Thrombus ; 2. embolie distale : 3. vasoconstriction.
de recrutement des cellules inflammatoires.33
Celles-ci sont attirées vers la plaque d’athérome
tions variables de lipides, de cellules inflammatoi-
par des molécules d’adhésion comme des cytokines
res et musculaires lisses. Les lésions de type IV sont
(vascular cell adhesion molecule-1, monocyte che-
plus évoluées et contiennent une proportion impor-
moattractant protein-1) puis activées.34 D’autres
tante de lipides extracellulaires. Dans le type V, il
facteurs sont également incriminés dans l’activa-
existe au sein de la plaque athéromateuse une très
tion des cellules inflammatoires comme les lipides
importante accumulation de lipides extracellulai-
oxydés, l’angiotensine II, le diabète, et probable-
res qui est séparée de la lumière vasculaire par une
ment certains processus infectieux comme le Chla-
fine chape fibreuse. L’étape suivante, caractéristi-
mydiae ou le cytomégalovirus.35
que du type VI, est la rupture de la chape fibreuse,
Le Tableau 2 résume les caractéristiques histo-
exposant à la lumière vasculaire le matériel lipidi-
morphologiques de la plaque d’athérome vulnéra-
que thrombogène et provoquant la constitution
ble.34
d’un thrombus intramural et intraluminal .29

Définition d’une plaque vulnérable Tableau 2 Caractéristiques histomorphologiques d’une pla-


Il existe trois facteurs déterminant la vulnérabilité que d’athérome vulnérable.35
de la plaque d’athérome et par conséquent sa Large noyau lipidique composé de cholestérol libre,
tendance à la rupture et à la thrombose. cholestérol estérifié et de lipides oxydés imprégnés de
facteur tissulaire
Taille et consistance du noyau lipidique Infiltration de la paroi artérielle par des cellules
inflammatoires (macrophages et lymphocytes T activés)
Davies et al. ont démontré l’existence d’une rela- Chape fibreuse fine et pauvre en collagène et en cellules
tion entre la taille du noyau lipidique et la ten- musculaires lisses
dance à la rupture de la plaque.30 Quand le noyau Augmentation de la néovascularisation pariétale
occupe 40 % de la surface de la plaque, celle-ci est
Physiopathologie et étiopathogénie de l’infarctus du myocarde 55

Rôle de l’inflammation et de l’apoptose dans ques. La pression artérielle entraîne une tension
la vulnérabilité de la plaque circonférencielle de la paroi artérielle avec un ef-
La rupture de la plaque et la thrombose qui en fet de stress qui est d’autant plus important que la
résulte est le principal événement physiopathologi- chape fibreuse est mince.42 De même, la propaga-
que de l’infarctus du myocarde. En effet, dans les tion cyclique de l’onde de pression engendre des
séries angiographiques, uniquement 15 % des in- modifications de la lumière artérielle avec défor-
farctus surviennent sur des lésions supérieures à mation des plaques, en particulier celles qui sont
60 %, ce qui explique le rôle mineur de la sévérité excentrées, augmentant ainsi le risque de rup-
de la sténose sous-jacente dans les syndromes coro- ture.34 Le spasme coronaire et la rupture de la
naires aigus.34 La chape fibreuse permet d’isoler les plaque sont fréquemment associés mais le facteur
composants profonds de la plaque (thrombogènes) spastique serait plutôt une conséquence qu’une
du contenu sanguin. Elle est composée de molécu- cause de la rupture de la plaque.
les de structure comme le collagène, l’élastine et La Figure 3 résume les différents facteurs incri-
des protéoglycanes synthétisés par des cellules
minés dans la fragilité et la rupture de la plaque.
musculaires lisses. Son épaisseur dépend essentiel-
lement d’un équilibre entre la synthèse de ces Moyens de détection des plaques vulnérables
protéines et leur dégradation. Ainsi, dans la plaque La coronarographie, qui constitue classiquement le
vulnérable, les macrophages activés synthétisent gold standard dans la détection des sténoses coro-
des enzymes protéolytiques : les métalloprotéases naires épicardiques, n’apporte pas de renseigne-
(MMP) qui dégradent la matrice conjonctive de la ment sur la structure de la paroi artérielle et donc
plaque et la prédisposent à la rupture.36 Plusieurs sur l’aspect des plaques. Plusieurs explorations ont
MMP ont été étudiées, en particulier les collagéna- vu le jour ces dernières années pour évaluer les
ses MMP-1, les gélatinases MMP-2 et MMP-9, et les plaques à risque. L’échographie endocoronaire per-
stromélysines MMP-3.37 L’activité des MMP est ré- met ainsi d’étudier la distribution des plaques, de
gulée au niveau de la transcription génétique mais même que leur morphologie.43 Récemment, le ca-
également après leur synthèse en une forme inac- ractère multifocal de la rupture de la plaque a été
tive qui nécessite une activation extracellulaire.38 rapporté par Rioufol et al.44 L’angioscopie coro-
De même, il existe des inhibiteurs des métallopro-
naire met en évidence l’existence des plaques jau-
téases (TIMP : tissue inhibitors of metalloproteina-
nes, qui sont à haut risque de rupture, chez prati-
ses) sécrétés par les cellules musculaires lisses qui
quement tous les patients ayant présenté un
régulent également l’activité des MMP.39 Le remo-
infarctus du myocarde alors que ces plaques sont
delage de la matrice extracellulaire est également
sous la dépendance de cytokines pro-inflam- plus rares chez les patients présentant un angor
matoires comme l’interféron c qui inhibe la produc- stable.45 D’autre part, la découverte récente d’une
tion du collagène de type I et III par les cellules augmentation de la température des plaques pré-
musculaires lisses. D’autres cytokines comme l’in- sentant une inflammation superficielle a permis le
terleukine 18 (IL18) qui induit la production d’inter- développement des cathéters de thermographie.46
féron c sont en corrélation positive avec l’instabi-
Large noyau lipidique Réaction inflammatoire Néovascularisation
lité des plaques.39 Cette réponse inflammatoire
impliquée dans l’amincissement de la chape fi-
breuse est contrebalancée par l’effet de cytokines
dites anti-inflammatoires comme l’IL10, le TGF-b Plaque vulnérable
Apoptose des
Inflammation
(transforming growth factor) et l’IL18BP (inhibi- cellules ML
teur endogène de l’IL18).40 Dégradation de Réduction de la synthèse
D’autre part, la réduction de la chape fibreuse la matrice (MMP) de la matrice
peut résulter également d’une diminution de la
Réduction de la matrice
synthèse de la matrice extracellulaire secondaire à de la chape fibreuse
une diminution du nombre des cellules musculaires
lisses ou de leur activité de synthèse.40 À côté du
rôle inhibiteur de l’interféron c, plusieurs travaux
ont montré l’existence d’une augmentation de la Amincissement
de la chape fibreuse
mort des cellules musculaires lisses par apoptose au
niveau des plaques d’athérosclérose.41 Facteurs déclenchants
(triggers)
Rôle du facteur déclenchant (trigger) dans Rupture de la plaque
la rupture de la plaque
Les plaques vulnérables peuvent se rompre sous Figure 3 De la plaque vulnérable à la rupture.
l’effet de forces biomécaniques ou hémodynami- MMP : métalloprotéases ; ML : musculaire lisse
56 H. Akoudad, H. Benamer

Tableau 3 Comparaison des moyens d’exploration des plaques vulnérables.


Explorations Résolution Pénétrance Chape fibreuse Corps lipidique Inflammation Calcium Thrombus
IVUS 100 lm Bonne + ++ - +++ +
Angioscopie Mauvaise + ++ - - +++
Thermographie 0,5 mm Mauvaise - - +++ - -
IVUS : intravascular ultrasound

Ceux-ci mettent en évidence une variation de la Facteurs locaux et formation du thrombus


température plus marquée chez les patients pré-
sentant un syndrome coronarien aigu alors que les Sévérité de la sténose
artères normales ont une température homogène47 Dans l’infarctus du myocarde, l’occlusion coronaire
(Tableau 3). L’élastographie par échographie endo- ne survient pas nécessairement sur les lésions athé-
coronaire est une technique récente permettant de romateuses les plus serrées. Deux tiers des patients
distinguer les structures molles des structures soli- explorés par coronarographie 6 mois avant l’infarc-
des de la plaque et permet ainsi d’approcher les tus, avaient une sténose non significative, infé-
propriétés mécaniques de la paroi vasculaire.43 À rieure à 70 %, au site de l’occlusion ultérieure. La
côté de ces explorations invasives, l’imagerie par valeur moyenne des sténoses était de 48 %.34 La
résonance magnétique (IRM) de la plaque d’athé- sévérité des lésions coronaires ne permet donc pas
rome constitue une technique prometteuse dans la de prédire la survenue d’une thrombose et d’une
recherche des plaques vulnérables.48 Hatsukami et insuffisance coronaire aiguë. Il faut cependant rap-
al. ont étudié la capacité de l’IRM haute résolution peler que le degré de la sténose n’est pas sans
à analyser l’intégrité de la chape fibreuse sur des influence sur la survenue d’une thrombose. En ef-
plaques carotidiennes.49 Au niveau coronaire, il fet, les forces de cisaillement qu’on observe en
existe certaines difficultés qui limitent l’imagerie regard d’une lésion coronaire sont d’autant plus
de la paroi artérielle, notamment les artefacts liés importantes que la sténose est plus serrée. Ces
aux mouvements cardiaques et respiratoires ainsi forces de cisaillement favorisent les dépôts de fi-
que le siège, le trajet tortueux et la taille des brinogène et de plaquettes activées et contribuent,
vaisseaux.50 Néanmoins, certains progrès techni- avec d’autres facteurs, à la constitution du throm-
ques (IRM en sang noir, fast spin echo avec naviga- bus.
teur) permettent actuellement une visualisation
rapide d’un long segment coronaire et l’analyse des Degré de rupture de la plaque
plaques d’athérome.51 L’importance du thrombus semble influencée par la
composition lipidique de la plaque et par la profon-
deur de la rupture. Il convient toutefois d’être
Réponse thrombotique à la rupture prudent avant d’adopter cette conclusion car
de la plaque l’étude anatomopathologique qui la sous-tend ne
retrouve qu’une simple érosion très superficielle
La thrombose coronaire est le résultat de l’interac- sans véritable rupture de plaque dans 44 % des cas
tion du contenu de la plaque avec le sang circulant. de décès par thrombose coronaire.52
Trois facteurs déterminent l’amplitude de la ré-
ponse thrombotique à la rupture ou l’érosion de la Composition de la plaque
plaque : L’importance du contenu lipidique est probable-
• les caractéristiques du matériel thrombotique ment au premier plan. Des travaux ont montré que
de la plaque qui constitue le substrat thrombo- la chape lipidique de la plaque athéromateuse est
génique ; six fois plus thrombogène que le collagène. L’acti-
• la rhéologie locale qui détermine les turbulen- vation des cellules inflammatoires avec une surex-
ces au niveau du site de la thrombose ; pression membranaire du facteur tissulaire est
• l’équilibre thrombose/fibrinolyse au moment aussi un facteur important dans la thrombogénicité
de la rupture de la plaque. L’obstruction ini- d’une plaque instable.
tiale est causée par l’agrégation plaquettaire
qui est rapidement suivie de la stabilisation du Irrégularités de la plaque
thrombus initial par la fibrine. La plaquette L’existence d’aspérités sur la surface d’une plaque
joue également un rôle dans la persistance du athéromateuse augmente son potentiel thrombo-
thrombus formé. gène. Des données expérimentales obtenues ex
Physiopathologie et étiopathogénie de l’infarctus du myocarde 57

vivo sur l’aorte humaine montrent que la présence facteurs systémiques qui créent un véritable état
de microflaps, de dissections, de fissures et d’irré- d’hypercoagulabilité et de thrombogenèse.
gularités au site de la rupture de la plaque athéro-
mateuse influence sa thrombogénicité. Facteurs hémostatiques
– Fibrinogène.
Thrombus résiduel Il est aujourd’hui clairement démontré que le
Il est évident que toutes les plaques qui s’érodent fibrinogène comme le cholestérol sont des puis-
ou se rompent ne donnent pas lieu à un syndrome sants prédicteurs du risque cardiovasculaire. Le
coronarien aigu. La formation d’un thrombus, son fibrinogène augmente la thrombogénicité par diffé-
organisation, sa colonisation par des cellules mus- rents mécanismes : fixation spécifique aux récep-
culaires lisses, constituent un mécanisme reconnu teurs GPIIb-IIIa entraînant l’agrégation plaquet-
de progression de l’athérome. Cela est prouvé dans taire, catalyse de la formation de fibrine et
l’angor instable dont le « refroidissement » clinique augmentation de la viscosité sanguine. De plus, le
peut s’accompagner d’une progression de l’athé- fibrinogène comme la protéine C réactive (CRP)
rome au site de la lésion préalablement responsa- sont augmentés dans les processus inflammatoires
ble du syndrome coronarien aigu. Parfois, la lyse ou qui jouent un rôle important dans l’athérosclérose
l’endothélialisation du thrombus n’est pas com- et dans les syndromes coronariens aigus. Dans
plète et le thrombus résiduel est un point d’appel l’étude PROCAM, les auteurs montrent sur un suivi
pour une thrombose coronaire extensive : d’une de 18 ans, que chaque augmentation d’une dévia-
part, il réduit la lumière vasculaire, augmente les tion standard de fibrinogène s’accompagne d’une
turbulences en regard de la plaque et favorise les majoration du risque coronarien de 30 % chez
dépôts de fibrinogène ainsi que l’activation locale l’homme et de 40 % chez la femme.54 Dans l’étude
des plaquettes ; d’autre part, du fait de l’existence ECAT, une augmentation significative de la concen-
d’une importante quantité de thrombine, le throm- tration plasmatique de fibrinogène est retrouvée
bus lui-même active directement la coagulation. chez les patients qui vont développer un événe-
ment cardiaque grave (mort et infarctus) dans le
Vasoconstriction suivi.55 Le fibrinogène semble donc étroitement lié
D’autres phénomènes comme la vasoconstriction et au risque de survenue d’infarctus du myocarde. Par
surtout le spasme coronaire peuvent diminuer l’ap- ailleurs, il augmente avec l’âge, l’existence d’un
port d’oxygène au myocarde en réduisant la lu- diabète, d’une hypertension artérielle, d’un taba-
mière artérielle et le débit coronaire. La première gisme, d’une obésité. Chez la femme, après la
description d’ischémie myocardique résultant ménopause, le fibrinogène augmente de façon si-
d’une vasoconstriction coronaire documentée par gnificative. En revanche, une consommation modé-
coronarographie est due à Maseri en 1978.53 Il rée d’alcool ou un exercice physique régulier dimi-
s’agissait de patients coronarographiés pour angor nuent le taux du fibrinogène plasmatique.56 Il
instable, en rapport avec un spasme coronaire oc- existe des polymorphismes du gène de la chaîne b
clusif. Il est aujourd’hui démontré que l’athérome du fibrinogène. Un de ces polymorphismes semble
ou la simple existence de facteurs de risque comme moduler l’effet du tabac sur la concentration de
l’hypercholestérolémie et le tabagisme, s’accom- fibrinogène plasmatique.
pagnent d’une dysfonction endothéliale coronaire – Facteur VII.
avec perte de la vasodilatation endothélium- Le facteur VII est le premier facteur de la voie
dépendante. Ce potentiel spasmogène est extrinsèque de la coagulation. Il est activé par le
d’ailleurs prédominant au niveau des lésions res- facteur tissulaire, dont la concentration est aug-
ponsables de syndromes coronariens aigus. En ef- mentée au site de la rupture, notamment à la
fet, la présence de nombreuses plaquettes activées surface des macrophages activés. Le facteur VII est
au site de la lésion est à l’origine d’une vasocons- alors activé au niveau de la plaque athéromateuse
triction plaquettes-dépendante, liée à la libération rompue et entraîne la cascade de la coagulation. Le
de substances vasoconstrictrices, comme la séroto- facteur VII est donc, lui aussi un marqueur du risque
nine et le thromboxane A2, et d’une vasoconstric- cardiovasculaire. Dans l’étude Northwick park
tion thrombine-dépendante. heart study, l’augmentation de l’activité du fac-
teur VII (VII coagulant ou VIIc) permet de prédire la
Facteurs thrombogéniques systémiques survenue d’un événement cardiaque avec un risque
Au-delà des facteurs locaux, hémodynamiques, his- relatif de 1,8 pour le décès et 1,4 pour l’infarctus
tologiques et biochimiques qui contribuent à la non fatal.57 Les dyslipidémies, spécialement les
genèse de la thrombose coronaire en regard d’une hypertriglycéridémies, augmentent le taux de fac-
plaque athéromateuse rompue, il existe d’autres teur VII et contribuent, probablement par ce biais,
58 H. Akoudad, H. Benamer

à l’augmentation du risque thrombotique. De plus, et reflète le taux de complexe inactif t-PA-PAI-1,


le facteur VII est présent à des taux plus élevés en qui est aussi étroitement lié au risque coronarien.64
cas d’antécédents cardiovasculaires. Chez la Dans le travail de Ridker, réalisé sur une cohorte de
femme, le taux de facteur VII est plus élevé que sujets sains et publié en 1993, ceux qui vont être
chez l’homme et augmente de façon significative victimes d’un infarctus du myocarde pendant la
après la ménopause. période de suivi (60,2 mois en moyenne), ont un
– Plaquettes et facteur Willebrand. taux de t-PA antigène significativement augmenté
Dans l’insuffisance coronaire aiguë, l’adhésion par rapport aux autres.65 Certains facteurs peuvent
plaquettaire en regard d’une lésion endothéliale influencer l’activité fibrinolytique, comme le taba-
intervient très précocement dans la cascade des gisme, avec une augmentation de l’activité fibrino-
événements thrombotiques. L’adhésion plaquet- lytique en cas d’intoxication aiguë, et de réduction
taire est influencée par de nombreux agonistes par diminution de l’activité du PAI-1, en cas de
biologiques, comme la thrombine, le facteur acti- tabagisme chronique. L’activité du PAI-1 semble
vateur plaquettaire (PAF : platelet activating fac- aussi influencée par la concentration de triglycéri-
tor), la vasopressine, les catécholamines, ainsi que des et la concentration plasmatique en insuline,66
la sérotonine et le thromboxane A2. À côté de la chez des patients qui ont eu un infarctus du myo-
lésion endothéliale, les lipides de la plaque athéro- carde. Cette réduction de la fibrinolyse, secondaire
mateuse et les cellules inflammatoires favorisent à l’augmentation de l’activité du PAI-1, explique en
l’adhésion plaquettaire. Dans une étude prospec- partie l’état prothombotique du diabète.67
tive de Trip et al., les auteurs montrent que l’étude
de l’agrégabilité plaquettaire spontanée permet de Inflammation
prédire la survenue d’un infarctus.58 Dans l’étude
L’inflammation joue un rôle fondamental dans la
d’Elwood, l’agrégabilité plaquettaire à l’ADP est
physiopathologie des syndromes coronariens aigus.
plus importante chez les patients qui ont, dans
Non seulement elle est présente au niveau de la
leurs antécédents, un infarctus.59 Par ailleurs, la
plaque d’athérome et prédomine au site de la
réactivité plaquettaire augmente avec l’hypergly-
rupture, mais l’augmentation de la CRP a une va-
cémie et le tabagisme. Le facteur Willebrand est
leur pronostique puisqu’elle peut prédire les futurs
synthétisé par les cellules endothéliales et les mé-
événements cardiovasculaires chez des patients
gacaryocytes, et permet les interactions des pla-
apparemment sains ou chez des patients ayant pré-
quettes entre elles et avec les cellules endothélia-
senté un syndrome coronaire aigu.68 Des questions
les. Il joue un rôle important dans la pathologie
persistent sur le rôle exact de la CRP :69 s’agit-il
athéromateuse et dans la thrombose. De nombreu-
d’un marqueur de l’inflammation locale de la pla-
ses études montrent que le taux de facteur Wille-
que ou d’un phénomène systémique ? S’agit-il d’un
brand est significativement plus élevé chez les pa-
élément biologiquement actif dans la formation du
tients qui ont eu ou qui vont avoir un infarctus.
thrombus au niveau de la plaque rompue ? Il n’y a
L’augmentation du facteur Willebrand augmente
pas encore de réponse exacte à ces questions mal-
donc le risque d’infarctus du myocarde.
gré le fait que de récentes études ont avancé
– Fibrinolyse.
l’hypothèse que la CRP serait un activateur des
Chez des patients victimes d’un infarctus du
monocytes et des cellules endothéliales.70 Les ef-
myocarde avant 45 ans, le dosage plasmatique de
fets potentiels de l’inflammation sur l’hémostase
PAI-1 (plasminogen activator inhibitor 1), inhibi-
sont résumés dans le Tableau 4.
teur de l’activité fibrinolytique physiologique, est
étroitement corrélé avec la survenue à 3 ans d’un
nouvel infarctus.60 De même, l’activité du PAI-1 est Tableau 4 Interrelations inflammation/thrombose.69
plus importante en cas de récurrence ischémique.61 Les cytokines inflammatoires modulent les propriétés
À l’opposé, on a constaté dans l’infarctus une dimi- hémostatiques de l’endothélium
nution significative de l’activité du t-PA (tissue L’effet local des cellules inflammatoires aboutit à l’érosion
plasminogen activator).62 Dans l’angor instable, de la chape fibreuse, à la rupture de la plaque et la
une réduction de l’activité du t-PA augmente le formation du thrombus
risque d’infarctus.63 Une augmentation de la L’inflammation stimule par l’intermédiaire de l’interleukine
6, la production hépatocytaire des facteurs de la
concentration plasmatique de t-PA antigène est coagulation
aussi retrouvée chez les patients coronariens de Les LDL oxydés induisent l’expression du facteur tissulaire
l’étude ECAT dont l’évolution va se compliquer par les macrophages et diminuent l’activité
d’un événement cardiaque grave, mort ou infarc- antithrombotique de l’endothélium
tus.55 En outre, l’augmentation du taux de t-PA LDL : low density lipoproteins
antigène est directement corrélée au taux de PAI-1
Physiopathologie et étiopathogénie de l’infarctus du myocarde 59

Autres facteurs biologiques – Diabète.


Le diabète est incriminé dans l’initiation de la
– Catécholamines.
plaque d’athérome, sa progression et ses complica-
Les catécholamines circulantes augmentent l’ac-
tions.74 Il existe, in vitro, une augmentation de
tivation plaquettaire et la genèse de thrombine.
l’adhésion et de l’agrégation plaquettaire chez des
Elles favorisent aussi le spasme coronaire. L’asso-
rats diabétiques en présence de stimulus comme le
ciation de ces deux facteurs, activation de la
collagène ou l’adénosine. Les anomalies plaquet-
thrombose et spasme coronaire, provoque une in-
taires sont en rapport avec une augmentation du
suffisance coronaire aiguë, plus souvent rencontrée
catabolisme de l’acide arachidonique et une éléva-
dans certaines situations cliniques, comme un
tion de la production du thromboxane. D’autre
stress émotionnel intense et brutal, un effort phy-
part, le diabète est associé à une augmentation du
sique important chez un patient sédentaire, ou
fibrinogène, du facteur de Willebrand, du facteur
encore en cas de tabagisme important. En outre,
VII, du facteur VIII, du facteur 4 plaquettaire et de
l’augmentation matinale du taux plasmatique des
l’activité du PAI-1.74 Récemment, le rôle des leu-
catécholamines pourrait expliquer le pic de fré-
cocytes dans l’activation du facteur tissulaire, et
quence des infarctus du myocarde au petit matin
par conséquent dans l’augmentation du risque
par leur effet « facilitateur » de la thrombose
thrombotique, a été étudié chez les patients diabé-
coronaire et leur responsabilité dans la rupture de
tiques. Ainsi, chez le patient diabétique, il existe
la plaque athéromateuse. À la faveur d’une poussée
une tendance à la thrombose associée à une dimi-
tensionnelle, d’une tachycardie et d’un spasme
nution de la fibrinolyse prédisposant à la formation
coronaire, on peut concevoir qu’une forte augmen-
et à la persistance du thrombus.75
tation des forces de cisaillement provoque une
– Homocystéine.
rupture de la plaque athéromateuse. Cette hypo-
L’hyperhomocystéinémie est un facteur athéro-
thèse semble étayée par l’effet préventif des bêta- gène au niveau coronaire et un facteur de risque
bloquants qui gomment le pic matinal de fréquence indépendant de survenue d’infarctus du myo-
de survenue des infarctus. carde.76 Une carence vitaminique en B12 et folates
– Lipides. peut être responsable d’une augmentation de l’ho-
Certaines anomalies du bilan lipidique sont asso- mocystéine. L’hyperhomocystéinémie est associée
ciées à une augmentation du risque d’infarctus : à une dysfonction endothéliale, une augmentation
augmentation du cholestérol, en particulier du LDL de l’épaisseur intima-média, une augmentation de
(low density lipoprotein) cholestérol ou de l’apoli- l’adhésion plaquettaire et une activation de la
poprotéine B (ApoB), de la lipoprotéine Lp (a) et de thrombose.77 Néanmoins, malgré la relation étroite
l’Apo (a) et diminution du HDL (high density lipo- existant entre le taux d’homocystéine et les mala-
protein) cholestérol.71 En outre, il est expérimen- dies cardiovasculaires, il n’existe pas de données
talement démontré que, en cas de lésion endothé- montrant que l’abaissement du taux d’homocys-
liale, l’hypercholestérolémie s’accompagne d’une téine par la vitaminothérapie B diminue la morbi-
hypercoagulabilité et d’une activation plaquet- mortalité78.
taire. La Lp (a) est un facteur de risque athérogène – Hormones sexuelles.
important.72 L’Apo (a), glycoprotéine présente Alors que la testostérone augmente significative-
dans la Lp (a), possède une grande homologie de ment la densité des récepteurs plaquettaires pour
structure avec le plasminogène. Celle-ci entraîne le thromboxane A2 et l’agrégation plaquettaire,
une inhibition compétitive du plasminogène et une elle ne semble pas majorer le risque d’infarctus,
réduction de la fibrinolyse physiologique.73 Il existe quel que soit l’âge. Chez l’homme, un antécédent
également une élévation du taux de Lp (a) et des d’infarctus s’accompagne d’une augmentation si-
marqueurs de la genèse de thrombine chez les gnificative de la concentration plasmatique en œs-
patients qui ont des phénomènes de variation du trogène. Chez la femme ménopausée, le risque
flux coronaire en phase aiguë d’infarctus, avec cardiovasculaire croît de façon importante en rai-
occlusion, ouverture et réocclusion. Ainsi, une son d’une modification du bilan lipidique parallèle
concentration plus importante de Lp (a) pourrait à l’augmentation de la testostérone libre plasmati-
être à l’origine des phénomènes de réocclusions. En que.79
cas d’infarctus, on constate une diminution signifi-
cative du taux du HDL cholestérol et de l’ApoA-1. Facteurs génétiques
Cela confirme le caractère stabilisateur du HDL De nombreux facteurs génétiques peuvent être as-
cholestérol vis-à-vis de la plaque athéromateuse, sociés à une prédisposition particulière pour l’in-
par réduction de l’accumulation des lipides en son farctus du myocarde. Ces éléments génétiquement
sein et notamment au niveau des macrophages. déterminés interviennent sur de nombreux paramè-
60 H. Akoudad, H. Benamer

tres histologiques (hypertrophie vasculaire, dys- – Apolipoprotéine (a) (apo « a »).


fonction endothéliale), biologiques (facteurs d’hé- La Lp (a) est une macromolécule constituée
mostase et de fibrinolyse) et hémodynamiques d’une LDL et d’une glycoprotéine, l’Apo (a).82 La
(hypertension artérielle) qui contrôlent le dévelop- variabilité de sa concentration plasmatique s’expli-
pement et l’acutisation de la plaque athéroma- que en grande partie par son polymorphisme géné-
teuse. tique. Dans l’étude ECTIM, une augmentation de
0,3 g/l de Lp (a) accroît le risque d’infarctus de
Génétique du métabolisme lipidique 16 %.81 Il existe une très grande homologie entre le
– Apolipoprotéine B. gène de l’Apo (a) et le gène du plasminogène, avec
La concentration plasmatique d’ApoB est en par- pour conséquence une inhibition compétitive du
tie génétiquement déterminée. Son augmentation plasminogène par la Lp (a) et une réduction de la
constitue un facteur de risque cardiovasculaire ma- fibrinolyse physiologique.
jeur. L’ApoB, synthétisée par le foie, est la seule
apolipoprotéine contenue dans le LDL cholestérol. Génétique des déterminants de la thrombose
Il est probable que les variations du gène de l’ApoB, et de la fibrinolyse
en particulier dans sa partie codant pour le récep- – Fibrinogène.
teur au LDL, influencent le catabolisme de ces C’est une protéine constituée de trois chaînes
lipoprotéines athérogènes. Un grand nombre de peptidiques différentes (a, b et g) connectées par
polymorphismes ont été décrits pour le gène de des ponts disulfures, et synthétisée par le foie. En
l’ApoB, ainsi que leurs associations avec des pertur- cas d’inflammation, la régulation de sa production
bations lipidiques et des complications cliniques. est assurée par certains médiateurs comme les
Dans l’étude ECTIM, l’allèle comprenant 48 poly- glucocorticoïdes et l’IL6. Après son clivage par la
morphismes répétés, VNTR 48, est associé à un thrombine, les monomères de fibrine se polyméri-
risque accru d’infarctus. Le risque relatif est de sent pour donner le caillot de fibrine. Il est prouvé,
1,52 pour les hétérozygotes et de 5 pour les homo- dans la littérature, qu’un taux élevé de fibrinogène
zygotes (p < 0,0001). Cette association est encore constitue un facteur de risque cardiovasculaire. Les
plus importante dans le cas de patients obèses, sujets du tertile de fibrinogène plasmatique le plus
avec un risque relatif d’infarctus du myocarde de élevé ont un risque d’infarctus du myocarde 2,3 fois
2,2 (p < 0,0001).80 plus important que ceux du tertile le plus bas.83 Il
– Apolipoprotéine E (apoE). existe des polymorphismes du gène de la chaîne b
L’ApoE est une composante structurale des chy- du fibrinogène. Un de ces polymorphismes semble
lomicrons, du VLDL (very low density lipoprotein) moduler l’effet du tabac sur la concentration de
cholestérol et du HDL cholestérol. Sa grande affi- fibrinogène plasmatique.
nité pour le LDL cholestérol et sa capacité à conver- – « Plasminogen activator inhibitor ».
tir le VLDL en LDL cholestérol, expliquent le rôle Le PAI-1 est un inhibiteur de l’activateur tissu-
important qu’elle joue dans le métabolisme des laire de plasminogène, qui transforme le plasmino-
lipoprotéines riches en triglycérides. Il existe deux gène en plasmine. Son rôle est très important dans
polymorphismes fréquents du gène de l’ApoE, à la régulation de la fibrinolyse physiologique et dans
l’origine de trois allèles dont la fréquence dépend la reconstitution de la matrice extracellulaire. On
de la race et qui interfèrent avec le métabolisme constate dans les syndromes coronariens aigus,
lipidique et l’athérome. Cette apolipoprotéine a qu’il s’agisse de l’angor instable ou de l’infarctus
des propriétés stabilisatrices au sein de la plaque du myocarde, une augmentation de l’activité plas-
athéromateuse, assure une redistribution des lipi- matique du PAI-1, responsable d’une réduction de
des et facilite les mécanismes de réparation tissu- l’activité fibrinolytique physiologique. Le polymor-
laire. Pendant les processus d’athérogenèse, et phisme du gène du PAI-1 est associé à des taux
après une rupture de plaque, une production locale plasmatiques variables de PAI-1 et à la survenue
d’ApoE est assurée par les macrophages afin de d’un infarctus.84
permettre une redistribution du cholestérol néces-
saire à la réparation vasculaire. Le polymorphisme Génétique du système rénine angiotensine
du gène de l’ApoE affecte probablement ses pro- aldostérone
priétés réparatrices, mais cela reste à démontrer. L’angiotensine II est un puissant vasoconstricteur.
Dans l’étude ECTIM, les auteurs montrent que les Elle possède la propriété d’engendrer la proliféra-
taux du LDL cholestérol circulant et de l’ApoB sont tion des cellules musculaires lisses ainsi que d’acti-
influencés par le génotype pour l’ApoE et que le ver la synthèse de la matrice extracellulaire, du
risque relatif d’infarctus du myocarde dépend très PAI-1 et de l’agrégation plaquettaire. Il a été mon-
nettement du génotype de l’ApoE.81 tré qu’un niveau élevé de rénine plasmatique est
Physiopathologie et étiopathogénie de l’infarctus du myocarde 61

associé à une augmentation du risque d’infarctus. Ischémie


L’angiotensinogène est le substrat de la rénine et le
précurseur de l’angiotensine I. Il existe de nom- La chute du débit coronaire entraîne une réduction
breux polymorphismes du gène de l’angiotensino- plus ou moins importante des apports de sang aux
gène. Toutefois, l’étude ECTIM montre que la ré- myocytes situés dans la zone à risque. L’ischémie
partition de ces polymorphismes est identique dans est la conséquence du déséquilibre entre l’apport
la population victime d’infarctus et chez les té- d’oxygène aux myocytes et leur consommation. Les
moins. myocytes sont très sensibles à la carence en oxy-
Il existe aussi un polymorphisme du gène de gène et l’ischémie cellulaire peut très rapidement
l’ACE (angiotensin converting enzyme), qui est évoluer vers la nécrose.
l’enzyme transformant l’angiotensine I en angio- Il existe deux principaux mécanismes physiopa-
tensine II. Les allèles du gène de l’ACE sont I thologiques de l’ischémie qui correspondent sché-
(insertion) et D (deletion). La concentration d’ACE matiquement à deux situations cliniques bien dis-
plasmatique est étroitement liée au génotype. Elle
tinctes. L’ischémie myocardique peut être en
est significativement plus basse en cas de génotype
rapport avec une augmentation de la consomma-
II, intermédiaire en cas de ID, et élevée en cas de
tion myocardique d’oxygène mal compensée par
DD.85 Dans ECTIM, le risque relatif d’infarctus du
une augmentation insuffisante du débit coronaire ;
myocarde est de 1,57 pour le génotype DD versus II,
c’est le cas de l’insuffisance coronaire chronique où
et 1,26 pour ID versus II (p < 0,003).81 Cette relation
l’angor survient à l’effort et correspond à des lé-
entre le génotype DD et le risque d’infarctus est
sions coronaires serrées et fixes, mais sans reten-
encore plus importante si on considère les patients
tissement sur le flux coronaire au repos. Ailleurs,
sans surcharge pondérale ni hyperlipidémie : le
l’ischémie myocardique est la conséquence d’une
risque relatif d’infarctus est alors de 2,7 entre DD
chute primaire du débit coronaire qui devient insuf-
et II.86,87 De plus, en cas d’antécédents familiaux,
la fréquence de l’allèle D est plus importante. fisant pour faire face à la consommation myocardi-
Enfin, il existe un polymorphisme du gène du récep- que d’oxygène au repos : c’est le cas des syndromes
teur de l’angiotensine II. L’une des variantes les coronariens aigus, angor instable et infarctus, qui
plus intéressantes est une conversion A-en-C en correspondent à des lésions coronaires instables
position 1166 (ATI 1166C). Il existe une importante associant, à des degrés divers, une rupture de
synergie entre le polymorphisme ATI 1166C du ré- plaque, une thrombose et un spasme. Le plus sou-
cepteur de l’angiotensine II et celui du gène de vent, l’ischémie myocardique résulte d’une combi-
l’ACE DD,87,en termes de risque de survenue d’un naison de ces deux phénomènes. Profonde et dura-
infarctus.
88
ble, elle va conduire à la nécrose des myocytes qui
caractérise l’infarctus.
La première description expérimentale de l’is-
Pathologie chémie et de ses conséquences myocardiques en
fonction du temps d’ischémie est due à Reimer et
L’infarctus du myocarde est une nécrose du tissu Jennings en 1979. Ces auteurs montrent, sur un
myocardique due à l’ischémie, avec colonisation modèle expérimental d’occlusion transitoire chez
secondaire de la zone nécrosée par une fibrose l’animal, les conséquences de la privation en oxy-
cicatricielle. L’une des conséquences immédiates gène du myocarde et l’impact qu’a le temps d’oc-
de la nécrose est la perte ou la diminution de la clusion coronaire sur l’apparition et la progression
fonction contractile des myocytes de la zone isché- de la nécrose myocardique. L’analyse de ces résul-
miée. Elle peut avoir pour conséquence une insuf- tats permet de montrer qu’une occlusion coronaire
fisance cardiaque droite ou gauche, selon la locali- complète et brève engendre une nécrose myocar-
sation de l’infarctus, et, en cas de nécrose dique sous-endocardique. En allongeant la durée de
étendue, un choc cardiogénique dont le pronostic l’ischémie, la nécrose myocardique progresse du
est très sombre. Des perturbations cellulaires, sous-endocarde vers l’épicarde et du centre vers la
membranaires et cytoplasmiques, surviennent pré- périphérie de la zone myocardique. La zone à ris-
cocement et peuvent entraîner des complications que est totalement nécrosée au bout de quelques
conductives et rythmiques graves, qui peuvent tuer heures, 4 heures environ dans ce modèle. La vitesse
le patient dès les premières heures de l’infarctus, de progression du front de la nécrose myocardique
indépendamment de son étendue et de sa gravité dépend de l’espèce et de la localisation de la
ultérieure. Dans ce chapitre, nous traiterons des nécrose. Ces données seront par la suite confirmées
conséquences cardiaques et extracardiaques de chez l’homme grâce aux études de reperfusion
l’infarctus aigu du myocarde. myocardique en phase aiguë d’infarctus.
62 H. Akoudad, H. Benamer

Reperfusion Évolution de l’infarctus

Phases d’ischémie
Chez l’homme, la nécrose myocardique sous-
endocardique commence au bout de 30 à 40 minu-
Aspects hémodynamique et histologique
tes après le début de l’occlusion coronaire. Elle est
La première phase est l’ischémie myocardique qui
complète au bout de 4 heures. Ce délai nécessaire à
débute avec l’occlusion coronaire et dure au maxi-
la constitution de la nécrose complète est influencé
mum 4 heures. Quelques minutes après une occlu-
par de nombreux paramètres : existence de colla-
sion complète du flux coronaire, la zone à risque se
térales,89 préconditionnement caractérisé par la contracte moins bien, cette hypokinésie précédant
répétition préalable de l’ischémie, degré d’activité les anomalies électrocardiographiques qui ne
physique et de stress au moment de l’infarctus et, concernent encore que la repolarisation. En revan-
bien entendu, nature du traitement préexistant ou che, les premières lésions cellulaires irréversibles
mis en œuvre dès les premières minutes de l’infarc- indiquant le début de la nécrose, notamment les
tus. Ainsi, la restauration du flux coronaire après anomalies sarcoplasmiques, ne surviennent qu’au
quelques dizaines de minutes d’ischémie entraîne bout de 40 minutes au niveau du myocarde sous-
une réduction de la taille de la nécrose par rapport endocardique. Si la reperfusion survient avant ce
à la zone initialement à risque. Cependant, surtout délai, il n’y a pas de nécrose myocardique, pas
si elle est tardive, la restauration du flux coronaire d’onde Q sur l’électrocardiogramme (ECG) de sur-
s’accompagne de lésions dites de reperfusion qui face et pas de perte définitive de la fonction
peuvent aggraver la dysfonction myocardique ré- contractile qui peut mettre plusieurs heures ou
gionale, éventuellement de façon définitive. Les jours pour récupérer : on parle alors de myocarde
mécanismes de ces lésions de reperfusion sont très « sidéré »91. Ces anomalies de la contractilité se-
discutés. Pour certains, ils sont dominés par la raient liées à des altérations des structures extra-
production de radicaux libres qui, au moment de la cellulaires de connexion, qui apparaissent très pré-
reperfusion, sont largués dans la circulation par les cocement en cas d’ischémie sévère. Au bout des
cellules ischémiques mais non nécrosées.90 Pour- 4 premières heures ou plus en cas d’occlusion inter-
tant, différentes substances réputées pour retenir mittente, de collatéralité, de préconditionnement
ou neutraliser les radicaux libres au moment de la ou de protection médicamenteuse du myocarde, la
reperfusion restent sans influence sur l’étendue de nécrose de la zone à risque est pratiquement com-
la nécrose. À ce jour, l’existence même de ces plète. À ce stade, la reperfusion permet encore de
lésions de reperfusion et leurs mécanismes physio- réduire l’étendue de la nécrose, mais de façon
pathologiques restent hypothétiques malgré des re- marginale, au niveau des zones bordantes et au prix
cherches approfondies. d’une perte de l’intégrité de la microvascularisa-
tion, d’une diapédèse des globules rouges et d’une
transformation secondaire de la nécrose en infarc-
Nécrose tus hémorragique. Angiographiquement, une reper-
fusion à ce stade tardif pourra se traduire par un
phénomène de no-flow,92 caractérisé par une ar-
La nécrose myocardique peut être transmurale, tère ouverte sans flux coronaire satisfaisant et do-
responsable d’un infarctus avec onde Q, ou beau- cumenté par échocardiographie de contraste.
coup plus rarement sous-endocardique, responsa-
ble d’un infarctus sans onde Q. Les deux types de Perturbations cellulaires
nécrose relèvent de mécanismes physiopathogéni- En aérobie, le myocyte consomme essentiellement
ques différents : dans l’infarctus avec onde Q, il des acides gras, ce qui permet une synthèse d’adé-
s’agit le plus souvent d’une occlusion coronaire nosine triphosphate (ATP), importante et avec un
aiguë, alors que dans l’infarctus sans onde Q, on bon rendement. Les glucides ne sont utilisés qu’ac-
invoque une chute du débit coronaire par baisse de cessoirement. En anaérobie, le myocyte n’utilise
la pression artérielle sur des lésions coronaires le pratiquement plus d’acides gras dont l’accumula-
plus souvent tritronculaires. Macroscopiquement, tion génère des prostaglandines, des leucotriènes
ces deux types de nécrose sont encore distincts : les et des hydroperoxydes cytotoxiques. De plus, l’ac-
nécroses transmurales touchent plus de 50 % de cumulation d’acétylcoenzyme A entraîne une inhi-
l’épaisseur du myocarde, les nécroses sous- bition de l’activité ATPasique. En parallèle, la
endocardiques moins de 50 %. Par ailleurs, les ber- consommation de glucides a pour conséquence une
ges de la nécrose sont en général plus nettes en cas accumulation d’ions H+ et de lactates qui sont, eux
de nécrose transmurale. aussi, cytotoxiques. En résumé, la synthèse d’ATP
Physiopathologie et étiopathogénie de l’infarctus du myocarde 63

en anaérobie est de rendement faible et s’accom- rupture du contour diastolique de la cavité ventri-
pagne d’une accumulation de substances toxiques culaire, mais qui peut se laisser souffler et conduire
pour les myocytes. Le déficit enzymatique entraîne à la formation d’un anévrisme. Secondairement,
un ralentissement puis un arrêt des pompes à so- plusieurs mois à plusieurs années plus tard, cette
dium et calcium, ainsi qu’une fuite de potassium et cicatrice fibreuse peut être suppléée par une hy-
de magnésium vers le milieu extracellulaire, avec pertrophie compensatrice, ou être en partie colo-
des conséquences électrophysiologiques importan- nisée par du tissu graisseux.
tes pour la cellule myocardique. L’accumulation de
sodium intracellulaire a pour conséquence un Complications et évolution
œdème cellulaire, alors que celle de calcium active
la consommation d’énergie, la déplétion en ATP et Thrombus intraventriculaire
les systèmes protéolytiques lysosomiaux. La cellule Les dommages tissulaires au niveau de l’endocarde
est alors dans un état de contracture permanente. infarci entraînent une exposition du collagène en-
La perméabilisation de la membrane cellulaire par docardique qui provoque l’agrégation plaquettaire,
l’effet nocif des radicaux libres entraîne une fuite initiant la formation d’un thrombus. Le thrombus
des macromolécules et des enzymes cardiaques qui ainsi formé va se remodeler progressivement pour
sont drainés par le système lymphatique, à une disparaître spontanément, sous l’effet de la fibri-
vitesse d’autant plus lente que le poids moléculaire nolyse physiologique, dans 14 à 50 % des cas.95 Dans
de ces enzymes est élevé. certains cas, ce thrombus se complique d’embolie
systémique, le plus souvent cérébrale.
Nécrose coagulante
La seconde phase de l’infarctus du myocarde est Rupture cardiaque
caractérisée par la survenue d’une nécrose coagu- La rupture cardiaque correspond à une déchirure
lante et l’apparition de la réaction inflammatoire. hémorragique du myocarde infarci. Elle complique
L’une et l’autre surviennent dans les 4 à 48 heures surtout les nécroses transmurales et est plus fré-
qui suivent l’occlusion coronaire. Contrairement à quente en cas de nécrose étendue. Elle se localise à
l’ischémie, cette phase n’est pas réversible. Pen- la jonction entre le myocarde infarci et le myo-
dant cette période, le myocarde est colonisé par carde sain, zone de fragilité soumise à des forces de
des polynucléaires éosinophiles et des monocytes cisaillement souvent importantes. Cette complica-
qui sécrètent des enzymes protéolytiques, partici- tion grave survient le plus souvent dans les premiè-
pant à la destruction des myocytes nécrosés93. res heures de l’infarctus. Elle peut s’accompagner
d’une simple réaction péricardique sérohématique
Convalescence dans les ruptures en péricarde cloisonné ou d’un
La troisième phase correspond à la phase de cica- hémopéricarde de survenue très brutale, rapide-
trisation qui débute à partir de la 72e heure. Elle est ment fatal.
caractérisée histologiquement par l’infiltration du
tissu nécrosé par des polynucléaires, des macro- Remodelage ventriculaire
phages et des lymphocytes T ainsi que par la dispa- Les modifications de la géométrie et des capacités
rition de la myoglobine dans les myocytes nécrosés. fonctionnelles du ventricule gauche survenant dans
C’est pendant la première partie de cette phase de les suites d’un infarctus constituent les éléments
cicatrisation (48-96 heures) que surviennent le plus du remodelage ventriculaire postinfarctus.96 Ces
fréquemment les complications mécaniques modifications surviennent dès les premiers jours et
comme la rupture cardiaque, la fuite mitrale par peuvent se prolonger pendant des mois. Elles ont
rupture de pilier, ou la rupture du septum interven- pour conséquence de maintenir normaux le volume
triculaire.94 Le processus d’amincissement de la d’éjection et les contraintes pariétales.
paroi et d’expansion de la zone nécrosée, qui com-
mence dès les premières heures de la nécrose, se Géométrie ventriculaire
poursuit pendant cette phase. Dans les suites d’un infarctus transmural étendu,
diverses modifications géométriques du ventricule
Cicatrisation gauche vont apparaître et se développer à des
Cette phase débute 1 semaine environ après le degrés variables : augmentation du volume ventri-
début de l’ischémie. L’importante infiltration de culaire, perte de la forme originale ellipsoïde pour
cellules inflammatoires va laisser la place à du devenir sphérique, amincissement de la paroi né-
collagène sécrété par les fibroblates. La zone de crosée pouvant aller jusqu’à la rupture ou l’ané-
myocytes nécrosés va laisser la place à une cica- vrisme, augmentation de l’épaisseur des parois non
trice fibreuse qui est le plus souvent rigide et sans nécrosées.97
64 H. Akoudad, H. Benamer

Histologie 3. Naylor C, Chen E. Population-wide mortality trends among


Deux processus histologiques sont importants dans patients hospitalized for acute myocardial infarction: the
Ontario experience, 1981 to 1991. J Am Coll Cardiol 1994;
le remodelage postinfarctus : d’une part, l’expan- 24:1431–1438.
sion de la zone nécrosée qui correspond à un amin- 4. Johansson S, Bergstrand R, Ulvenstam G, Vedin A, Wil-
cissement lié à une raréfaction en myocytes et à helmsson C, Wedel H, et al. Sex differences in preinfarc-
une altération de la matrice collagène ;98 d’autre tion characteristics and long-term survival among patients
part, l’hypertrophie-dilatation des zones non né- with myocardial infarction. Am J Epidemiol 1984;119:
610–623.
crosées qui correspond essentiellement à un allon-
5. Golberg R, Gore J, Gurwitz J, Alpert JS, Brady P, Strohsnit-
gement des myocytes. ter W, et al. The impact of age on the incidence and
prognosis of initial acute myocardial infarction: The
Aspect fonctionnel Worcester Heart Attack Study. Am Heart J 1989;117:
Avant l’apparition de la fibrose, la zone nécrosée se 543–549.
distend plus ou moins, entraînant une surcharge 6. Muller JE, Stone PH, Turi ZG, Rutherford JD, Czeisler CA,
Parker C, et al. Circadian variation in the frequency of
volémique et une altération de la contractilité par onset of acute myocardial infarction. N Engl J Med 1985;
étirement des myocytes de la zone non nécrosée. 313:1315–1322.
Ce processus d’hypertrophie-dilatation du ventri- 7. Cannon CP, McGabe CH, Stone PH, Schactman M, Thomp-
cule gauche tend à normaliser les contraintes sys- son B, Theroux P, et al. Circadian variation in the onset of
toliques et diastoliques, à baisser les pressions de unstable angina and non Q-wave acute myocardial infarc-
tion the TIMI III registry and TIMI IIIb. Am J Cardiol 1997;
remplissage et à maintenir le volume d’éjection
79:253–258.
systolique. À court terme, ces mécanismes d’adap- 8. Willich SN, Linderer T, Wegscheider K, Leizorovicz A,
tation mettent en jeu le phénomène de Frank Star- Alamercery I, Schroder R. Increased morning incidence of
ling, augmentent la contractilité sans compromet- myocardial infarction in the ISAM Study: absence with prior
tre l’équilibre énergétique et sont bénéfiques. beta-adrenergic blockade. Circulation 1989;80:853–858
ISAM Study Group.
Mais, secondairement, la dilatation ventriculaire
9. Cohen MC, Rohtla KM, Lavery CE, Muller JE, Mittleman MA.
tend à augmenter la contrainte pariétale et la
Meta-analysis of the morning excess of acute myocardial
consommation myocardique d’oxygène, tandis que infarction and sudden cardiac death. Am J Cardiol 1997;
la modification sphérique de la géométrie du ven- 79:1512–1516.
tricule gauche et les modifications structurelles 10. Goldberg RJ, Brady P, Muller JE, Chen ZY, de Groot M,
qu’elle génère dans l’architecture tissulaire entraî- Zonneveld P, et al. Time of onset of symptoms of acute
nent une diminution des performances ventriculai- myocardial infarction. Am J Cardiol 1990;66:140–144.
11. Jimenez A, Tofler G, Chen X, Stubbs M, Solomon H,
res systoliques.99
Muller J. Effects of nadolol on hemodynamic and hemo-
static responses to potential mental and physical triggers
Évolution of myocardial infarction in subjects with mild systemic
Le remodelage ventriculaire gauche est un phéno- hypertension. Am J Cardiol 1993;72:47–52.
mène de survenue précoce, démarrant dès les pre- 12. Willich SN, Lowel H, Lewis M, Hormann A, Arntz H, Keil U.
miers jours de l’infarctus ; il est évolutif et sensible Weekly variation of acute myocardial infarction. Increased
monday risk in the working population. Circulation 1994;
à diverses conditions physiopathologiques ou inter- 90:87–93.
ventions thérapeutiques. L’expansion se produit 13. Spielberg C, Falkenhahn D, Willich SN, Wegscheider K,
entre le début de l’infarctus et la phase de cicatri- Voller H. Circadian, day-of-week, and seasonal variability
sation, soit pendant les 3 premières semaines et in myocardial infarction: comparison between working and
surtout pendant les 48 premières heures. L’évolu- retired patients. Am Heart J 1996;132:579–585.
tion ultérieure est variable : le processus peut se 14. Spencer FA, Goldberg RJ, Becker RC, Gore JM. Seasonal
distribution of acute myocardial infarction in the second
stabiliser, dans les infarctus peu étendus ; il peut national registry of myocardial infarction. J Am Coll Car-
évoluer pour son propre compte, entraînant une diol 1998;31:1226–1233.
augmentation du volume ventriculaire avec une 15. Müller-Nordhorn J, Willich SN. Triggering of acute coronary
altération de la fonction systolique et acquérant syndromes. J Clin Basic Cardiol 2000;3:73–79.
une signification pronostique péjorative. 16. Tofler G, Stone PH, Maclure M, Edelman E, Davis VG,
Robertson T, et al. Analysis of possible triggers of acute
myocardial infarction the MILIS study. Am J Cardiol 1990;
66:22–27.
Références 17. Mittleman M, Maclure M, Tofler G, Sherwood JB, Gold-
berg RJ, Muller JE. Triggering of acute myocardial infarc-
1. Letouzet JP, Genet A, Amoretti R. Livre blanc sur la prise tion by heavy exertion: protection against triggering by
en charge des maladies cardiovasculaires en France. Car- regular exertion. N Engl J Med 1993;329:1677–1683.
diologie 2000 1996:13–24. 18. Willich SN, Lewis M, Lowel H, Arntz HR, Schubert F, Schro-
2. Fulton M, Julian DG, Oliver MF. Sudden death and myocar- der R. Physical exertion as a trigger of acute myocardial
dial infarction. Circulation 1969;40(sup lIV):182–193. infarction. N Engl J Med 1993;329:1684–1690.
Physiopathologie et étiopathogénie de l’infarctus du myocarde 65

19. Giri S, Thompson PD, Kiernan FJ, Clive J, Fram DB, 39. Mallat Z, Corbaz A, Scoazec A, Besnard S, Leseche G,
Mitchel JF, et al. Clinical and angiographic characteristics Chvatchko Y, et al. Expression of interleukin-18 in human
of exertion-related acute myocardial infarction. JAMA atheroslerotic plaques and relation to plaque instability.
1999;282:1731–1736. Circulation 2001;104:1598–1603.
20. Bernard F, Weber S. L’infarctus du myocarde d’effort. Ann 40. Tedgui A, Mallat Z. Anti-inflammatory mechanisms in the
Méd Interne 1997;148:19–24. vascular wall. Circ Res 2001;88:877–887.
21. Kvernmo HD, Osterud B. The effect of physical condition- 41. Mallat Z, Tedgui A. Apoptosis in the vasculature: mecha-
ing suggests adaptation in procoagulant and fibrinolytic nisms and functional importance. Br J Pharmacol 2000;
potential. Thromb Res 1997;87:559–569. 130:947–962.
22. Kestin AS, Ellis PA, Barnard MR, Errichetti A, Rosner BA, 42. Pasterkampf G, Falk E. Atherosclerotic plaque rupture: an
Michelson AD. Effect of strenuous exercise on platelet overview. J Clin Basic Cardiol 2000;3:81–86.
activation state and reactivity. Circulation 1993;88: 43. Nissen SE, Yock P. Intravascular ultrasound: novel physio-
1502–1511. pathological insights and current clinical applications. Cir-
23. Möller J, Ahlbom A, Hulting J, Diderichsen F, de Faire U, culation 2001;103:604–616.
Reuterwall C, et al. Sexual activity as a trigger of myocar- 44. Rioufol G, Finet G, Ginon I. Multiple atherosclerotic plaque
dial infarction. A case crossover analysis in the Stockholm rupture in acute coronary syndrome: a three-vessel intra-
Heart Epidemiology Programme SHEEP. Heart 2001;86: vascular ultrasound study. Circulation 2002;106:804–808.
387–390. 45. Asakura M, Ueda Y, Yamaguchi O. Extensive development
24. Mittleman MA, Maclure M, Sherwood JB, Mulry RP, Tof- of vulnerable plaque as a pan-coronary process in patients
ler GH, Jacobs SC, et al. Triggering of acute myocardial with acute myocardial infarction: an angioscopic study. J
infarction onset by episodes of anger. Circulation 1995;92: Am Coll Cardiol 2001;37:1284–1288.
1720–1725. 46. Madjid M, Naghavi M, Malik BA. Thermal detection of
25. Behar S, Halabi M, Reicher-Reiss H, Zion M, Kaplinsky E, vulnerable plaque. Am J Cardiol 2002;90:36L–39L.
Mandelzweig L, et al. Circadian variation and possible 47. Casscels W, Naghavi M, Willerson JT. Vulnerable athero-
external triggers of onset of myocardial infarction. Am J sclerotic plaque. A multifocal disease. Circulation 2003;
Med 1993;94:395–400. 107:2072–2075.
26. Betriu A, Pare J, Sanz G. Myocardial infarction with normal 48. Stefanadis C, Diamantopoulos L, Vlachopoulos C, Tsia-
coronary arteries: a prospective clinical-angiographic mis E, Dernellis J, Toutouzas K, et al. Thermal heteroge-
study. Am J Cardiol 1981;48:28–32. neity within human atherosclerotic coronary arteries
detected in vivo. A new method of detection by application
27. Zainea M, Duvernoy WF, Chauhan A, David S, Soto E,
of a special thermography catheter. Circulation 1999;99:
Small D. Acute myocardial infarction in angiographically
1965–1971.
normal coronary arteries following induction of general
49. Hatsukami TS, Ross R, Polissar NL, Yuan C. Visualization of
anesthesia. Arch Intern Med 1994;154:2495–2498.
fibrous cap thickness and rupture in human atherosclerotic
28. Erbel R. Spontaneous and interventional coronary micro-
carotid plaque in vivo with high-resolution magnetic reso-
embolisation. Heart 2003;89:986–989.
nance imaging. Circulation 2000;102:959–964.
29. Fuster V, Lewis A, Lecture CM. Mechanisms leading to
50. Fayad ZA, Fuster V, Nikolaou K, Becker C. Computed
myocardial infarction: insights from studies of vascular
tomography and magnetic resonance imaging for non-
biology. Circulation 1994;90:2126–2146.
invasive coronary angiography and plaque imaging. Cur-
30. Davies MJ, Richardson PD, Woolf N. Risk of thrombosis in
rent and potential future concepts. Circulation 2002;106:
human atherosclerotic plaques: role of extracellular lipid, 2026.
macrophage and smooth muscle cell content. Br Heart J
51. Botnar RM, Kim WY, Bornert P, Stuber M, Spuentrup E,
1993;69:377–381.
Manning WJ. 3D coronary vessel wall imaging utilizing a
31. Casscells W, Hathorn B, David M, Krabach T, Vaughn WK, local inversion technique with spiral image acquisition.
McAllister HA, et al. Thermal detection of cellular infil- Magn Reson Med 2001;46:848–854.
trates in living atherosclerotic plaques: possible implica- 52. Farb A, Burke A, Tang A, Liang TY, Mannan P, Smi-
tions for plaque rupture and thrombosis. Lancet 1996;347: alek J, et al. Coronary plaque erosion without rupture into
1447–1449. a lipid core. A frequent cause of coronary thrombosis in
32. Virmani R, Kolodgie FD, Burke AP. Lessons from sudden sudden coronary death. Circulation 1996;93:1354–1363.
cardiac death: a comprehensive morphological classifica- 53. Maseri A, L’Abbate A, Baroldi G, Chierchia S, Marzilli M,
tion scheme for atherosclerotic lesions. Arterioscler Ballestra AM, et al. Coronary vasospasm as a possible cause
Thromb Vasc Biol 2000;20:1262–1275. of myocardial infarction. A conclusion derived from the
33. Kwon HM, Sangiorgi G, Ritman EL. Enhanced coronary vasa study of ″ preinfarction ″ angina. N Engl J Med 1978;299:
vasorum neovascularization in experimental hypercholes- 1271–1277.
terolemia. J Clin Invest 1998;101:1551–1556. 54. Maresca G, Di Blasio A, Marchioli R, Di Minno G. Measuring
34. Shah PK. Mechanisms of plaque vulnerability and rupture. J plasma fibrinogen to predict stroke and myocardial
Am Coll Cardiol 2003;41:15S–22S. infarction: an update. Arterioscler Thromb Vasc Biol 1999;
35. Shah PK. Plaque disruption and thrombosis: potential role 19:1368–1377.
of inflammation and infection. Cardiol Rev 2000;8:31–39. 55. Thompson SG, Kienast J, Pyke SD, Haverkate F, van de
36. Matrisian LM. The matrix degrading metalloproteinases. Loo JC. Hemostatic factors and the risk of myocardial
Bioessays 1992;14:455–463. infarction or sudden death in patients with angina pecto-
37. Galis ZS, Khatri JJ. Matrix metalloproteinases in vascular ris. European Concerted Action on Thrombosis and Disabili-
remodeling and atherogenesis: The good, the bad and the ties Angina Pectoris Study Group. N Engl J Med 1995;332:
ugly. Circ Res 2002;90:251–262. 635–641.
38. Shah PK. Role of inflammation and metalloproteinases in 56. Hackman DG, Anand SS, Emerging risk factors for athero-
plaque disruption and thrombosis. Vasc Med 1998;3: sclerotic vascular disease. A critical review of the evi-
199–206. dence. JAMA 2003;290:932–940.
66 H. Akoudad, H. Benamer

57. Hoffman C, Miller R, Lawson W, Hultin MB. Elevation of 75. Rauch U, Crandall J, Osende JI, Fallon JT, Chesebro JH,
factor VII activity and mass in young adults at risk of Fuster V, et al. Increased thrombus formation relates to
ischemic heart disease. J Am Coll Cardiol 1989;14: ambient blood glucose and leukocyte count in diabetes
941–946. mellitus type 2. Am J Cardiol 2000;86:246–249.
58. Trip MD, Cats VM, Van Capelle FJ, Vreeken J. Platelet 76. Beckman JA, Creager MA, Libby P. Diabetes and athero-
hyperreactivity and prognosis in survivors of myocardial sclerosis. Epidemiology, pathophysiology and manage-
infarction. N Engl J Med 1990;322:1549–1554. ment. JAMA 2002;287:2570–2581.
59. Elwood P, Beswick A, Sharp DE. Whole blood impedance 77. Stampfer MJ, Malinow MR, Willett WC, Newcomer LM,
platelet aggregometry and ischemic heart disease. The Upson B, Ullman D, et al. A prospective study of plasma
Caerphilly Collaborative Heart Disease Study. Arterioscler homocysteine and risk of myocardial infarction in US phy-
Thromb 1990;10:1032–1036. sicians. JAMA 1992;268:877–881.
60. Hamsten A, Wiman B, de Faire U, Blomback M. Increased 78. Mangoni AA, Jackson SHD. Homcysteine and cardiovascular
plasma levels of rapid inhibitor of tissue plasminogen acti- disease: current evidence and future prospects. Am J Med
vator in young survivors of myocardial infarction. N Engl J 2002;112:556–565.
Med 1985;313:1557–1563. 79. Phillips GB, Pinkernell BH, Jing TY. Relationship between
61. Cortellaro M, Cofrancesco E, Boschetti C, Mussoni L, serum sex hormones and coronary artery disease in post-
Donati MB, Cardillo M, et al. Increased fibrin turnover and menopausal women. Arterioscler Thromb Vasc Biol 1997;
high PAI-1 activity as predictors of ischemic events in 17:695–701.
atherosclerotic patients: a case-control study. Arterio-
80. Cambien F, Evans A, Cambou J. Body mass is associated
scler Thromb 1993;13:1412–1417.
with myocardial infarction in individuals carrying the
62. Gram J, Jespersen J. A Selective depression of tissue
48 repeats allele of the ApoB 3’hypervariable region. Am J
plasminogen activator t-PA in euglobin characterizes a risk
Hum Genet 1992;51:146A [abstract].
group among survivors of myocardial infarction. Thromb
81. Luc G, Bard JM, Arveiler D, Evans A, Cambou JP, Bing-
Haemost 1987;57:137–139.
ham A, et al. The impact of apoprotein E polymorphism on
63. Munkvad S, Gram J, Jespersen J. A depression of active
lipoproteins and risk of myocardial infarction The ECTIM
tissue plasminogen activator in plasma characterizes
study. Arterioscler Thromb 1994;14:1412–1419.
patients with unstable angina pectoris who develop myo-
82. Utermann G. The mysteries of lipoprotein a. Science 1989;
cardial infarction. Eur Heart J 1990;11:525–528.
246:904–910.
64. Jansson J, Nilsson T, Olofsson B. Tissue plasminogen acti-
83. Ernst E. Fibrinogen: an important risk factor for athero-
vator and other risk factors of cardiovascular events in
thrombotic disease. Ann Med 1994;26:15–22.
patients with severe angina pectoris. Eur Heart J 1991;12:
157–161. 84. Ossei-Gerning N, Mansfield M, Stickland M, Wilson I,
65. Ridker PM, Vaughan D, Stampfer MJ, Manson JE, Henne- Grant P. Plasminogen activator inhibitor-1 promoter
kens CH. Endogenous tissue-type plasminogen activator 4G/5G genotype and plasma levels in relation to a history
and risk of myocardial infarction. Lancet 1993;341: of myocardial infarction in patients characterized by coro-
1165–1168. nary angiography. Arterioscler Thromb Vasc Biol 1997;17:
66. Gray R, Mohamed-Ali V, Patterson D, Yudkin J. Determi- 33–37.
nant of plasminogen activator inhibitor-1 activity in survi- 85. Rigat B, Hubert C, Alhenc-Gelas F, Cambien F, Corvol P,
vors of myocardial infarction. Thromb Haemost 1995;73: Soubrier F. An insertion-deletion polymorphism in the
261–267. angiotensin I-converting enzyme gene accounting for half
67. Gray R, Panahloo A, Mohamed-Ali V, Patterson D, Yudkin J. the variance of serum enzyme levels. J Clin Invest 1990;
Proinsulinlike molecules and plasminogen activator inhibi- 86:1343–1346.
tor type 1 PAI-1 activity in diabetic and non-diabetic 86. Cambien F, Poirier O, Lecerf L, Evans A, Cambou JP,
subjects with and without myocardial infarction. Athero- Aveiler D, et al. Deletion polymorphism in the gene for
sclerosis 1997;130:171–176. angiotensin-converting enzyme is a potent risk factor for
68. Tousoulis D, Davies G, Stefanadis C, Toutouzas P, myocardial infarction. Nature 1992;359:641–644.
Ambrose JA. Inflammatory and thrombotic mechanisms in 87. Tiret L, Bonnardeaux A, Poirier O, Ricard S, Marques-
coronary atherosclerosis. Heart 2003;89:993–997. Vidal P, Evans A, et al. Synergistic effects of angiotensin
69. Conti R, Fuster V, Badimon JJ. Pathogenetic concepts of converting enzyme and angiotensin-II type 1 receptor gene
acute coronary syndromes. J Am Coll Cardiol 2003;41: polymorphisms on the risk of myocardial infarction. Lancet
7S–14S. 1994;344:910–913.
70. Pasceri V, Chang J, Willerson JT, Yeh ET. Modulation of 88. Jacoby DS, Rader DJ. Renin-Angiotensin system and
C-reactive protein-mediated monocyte chemoattractant atherothrombotic disease. Arch Intern Med 2003;163:
protein-1 induction in human endothelial cells by anti- 1155–1164.
atherosclerosis drugs. Circulation 2001;103:2531–2534. 89. Koerselman J, van der Graaf Y, de Jaeager PPT,
71. Selwyn A, Kinlay S, Libby P, Ganz P. Atherogenic lipids, Grobbee DE, Coronary collaterals. An important and
vascular dysfonction, and clinical signs of ischemic heart underexposed aspect of coronary artery disease. Circula-
disease. Circulation 1997;95:5–7. tion 2003;107:2507–2511.
72. Fortmann SP, Marcovina SM. Lipoprotein (a), a clinically 90. Galiuto L, DeMaria AN, Iliceto S. Microvascular damage
elusive lipoprotein particle. Circulation 1997;95:295–296. during myocardial ischemia-reperfusion: pathophysiology,
73. Dangas G, Mehran R, Harpel PC, Sharma SK, Marcovina SM, clinical implications and potential therapeutic approach
Dube G, et al. Lipoprotein (a) and inflammation in coro- evaluated by myocardial contrast echocardiography. Ital
nary atheroma: association with the severity of clinical Heart J 2000;12:108–116.
presentation. J Am Coll Cardiol 1998;32:2035–2042. 91. Bolli R, Marban E. Molecular and cellular mechanisms of
74. Biondi-Zoccai GG, Abbate A, Liuzzo G, Biasucci LM. Athero- myocardial stunning. Physiol Rev 1999;79:609–634.
thrombosis, inflammation and diabetes. J Am Coll Cardiol 92. Rezkalla SH, Kloner RA. No-Reflow phenomenon. Circula-
2003;41:1071–1077. tion 2002;105:656–662.
Physiopathologie et étiopathogénie de l’infarctus du myocarde 67

93. Miura T, Shizukuda Y, Ogawa S, Ishimoto R, Limura O. 96. St. John Sutton MG, Sharpe N. Left ventricular remodeling
Effects of early and later reperfusion on healing speed of after myocardial infarction. Pathophysiology and therapy.
experimental myocardial infarct. Can J Cardiol 1991;3: Circulation 2000;101:2981–2988.
146–154. 97. Bolognese L, Cerisano G. Early predictors of left ventricu-
lar remodeling after acute myocardial infarction. Am
94. Birnbaum Y, Fishbein MC, Blanche C, Siegel RJ. Ventricular
Heart J 1999;138:S79–83.
septal defect after acute myocardial infarction. N Engl J
98. Anversa P, Olivetti G, Capasso JM. Cellular basis of ven-
Med 2002;347:1426–1432.
tricular remodeling after myocardial infarction. Am J Car-
95. Mollet NR, Dymarkowski S, Volders W, Wathiong J, Her- diol 1991;68:7–16.
bots L, Rademakers EE, et al. Visualization of ventricular 99. Jilaihawi H, Greaves S, Rouleau JL, Pfeffer MA,
thrombi with contrast-enhanced magnetic resonance Solomon SD. Left ventricular hypertrophy and the risk of
imaging in patients with ischemic heart disease. Circula- subsequent left ventricular remodeling following myocar-
tion 2002;106:2873–2876. dial infarction. Am J Cardiol 2003;91:723–726.

Vous aimerez peut-être aussi