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LA PSYCHOLOGIE DE L’ENFANT
Objectifs
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Plan
4. L’étude de l’enfant
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1. Définition de l’attachement
2. Le développement de l’attachement
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5. Jeu et éducation
1. Définition du dessin
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Chapitre I-
La psychologie de l'enfant est une discipline de la psychologie qui a pour objet d'étude
des comportements et les processus mentaux de l’enfant humain, son développement
psychologique et ses et ses problèmes éventuels.
Elle est une partie intégrée dans une discipline plus large qui est la psychologie de
développement. Celle-ci a pour objet l'étude du développement psychologique de l’individu
durant toute sa vie, depuis sa conception jusqu’à sa mort.
Cet intérêt tient à l’intensité des processus du développement que connait cette période
de la vie, et ce à tous les niveaux : biologique, moteur, cognitif, émotionnel, social, langagier,
etc. Faut-il savoir alors c’est quoi le développement et quels sont ses caractéristiques et ses
règles.
1- LA NOTION DE DEVELOPPEMENT
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Pour conclure, nous pouvons redéfinir la psychologie de l’enfant comme suit : c’est
l`étude scientifique des changements psychologiques progressifs qui surviennent pendant
l’enfance êtres humains.
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exemples d`un processus de développement inscrit dans le code génétique. On utilise le plus
souvent le terme maturation pour décrire ce genre de changements. Les changements qui
interviennent au cours du temps sont règles génétiquement de manière bien déterminée,
comme s`il s`agit d`une horloge biologique.
1.2.1.2. Les changements liés au groupe social
En plus de l`horloge biologique, il existe une horloge sociale qui façonne la vie des
individus a cause de leur expérience commune. L`horloge sociale définit une suite
d`expériences culturelles commune, survenant généralement au même âge. Elle contribue par
conséquent à la création de modèles communs de développement. Ainsi, partout dans le
monde, les enfants commencent débutent l`école entre 5 et 7 ans.
La sociologue Mathilda White Ritley (1991) remarque que presque toutes les sociétés
sont organises autour de tranches d`age, soit des périodes de cycle de vie ou l`on trouve des
tâches, des attentes et des normes sociales communes.
1.2.1.3. Les changements particuliers
A un niveau plus personnel, il existe des changements résultant de l`expérience unique
de chaque individu. Par exemple, les rencontres fortuites avec un personnage marquant (un
professeur remarquable ou un agresseur, par exemple) peuvent bouleverser l’avenir d’un
individu.
1.2.2. Les règles de développement
Le développement de l`être humain n`est pas un processus aléatoire mais il dépend
d`un ensemble de règles fondamentaux que partage toute l`espèce humaine. Parmi ces règles
on cite :
- Le développement est un processus continu : Le développement est un processus
continu car le développement commence des le moment de la fécondation dans l`utérus et se
termine avec la mort de l`individu. C`est un processus qui ne s`arrête pas durant toute la vie
de l`individu.
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caractéristiques mentales et émotionnelles comme par exemple les pleurs exagérés, ou la peur
des personnes étrangères.
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autonomes ne sont pas possibles tant que le bébé n’est pas capable de contrôler la station
assise. Cependant l’âge auquel les bébés apprennent à s’asseoir ou à se tenir debout varie
considérablement d’un enfant à un autre. Il existe des hétérochrones de développement.
La notion de période critique est utilisé pour designer la période durant laquelle
l`individu est disposé a acquérir une fonction organique ou comportementale ou une habileté
particulière. Au cours du développement, il existe des périodes déterminantes et sensibles
pour acquérir certaines fonctions. Par exemple, l`enfant apprend à parler généralement a la fin
de la première année. Il lui est difficile d`apprendre de parler avant cet age. De même si
l`enfant n`a pas appris à parler jusqu`à l`âge de 4 ou 5 ans, sera considéré comme personne
déficiente et nécessite une intervention clinique.
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Le processus de développement est influencé par des facteurs internes et externes. Les
facteurs internes sont ceux dont l’origine est intrinsèque à l’individu lui-même, c.-à-d. les
facteurs qu’il porte en lui-même dans son organisme à travers l’hérédité. Les facteurs externes
désignent l’ensemble des stimulations qui entourent l’individu et qui se trouvent dans son
environnement et avec lesquels il interagit. En réalité, il est impossible de distinguer les
facteurs héréditaires organiques des facteurs environnementaux parce qu’ils se recouvrent
mutuellement et leur influence est réciproque.
Les facteurs héréditaires se transmettent à l’enfant avant sa naissance par les parents à
travers les chromosomes. L’être humain possède 23 paires de chromosomes, c.-à-d. 46
chromosomes. Les facteurs héréditaires déterminent :
le système nerveux qui est le lieu de jonction entre les stimulations sensorielles et les
réponses motrices ou mentales ;
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Il s’agit de toutes les stimulations qui parviennent au fœtus vivant dans l’utérus de sa
mère. Parmi les facteurs qui influencent le milieu utérin :
Le concept de niveau socioculturel désigne le niveau scolaire des parents ainsi que
leur revenu financier. Ces facteurs ont un impact sur les pratiques éducatives des parents vis-
à-vis de leurs enfants à travers :
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Ainsi, les enfants issus de familles à niveau socioculturel élevé ont plus de chances
pour se procurer de meilleures conditions de vie tant sur le plan matériel qu’intellectuel et de
bénéficier de pratiques éducatives qui permettent de développer leur personnalité et de
stimuler leur intelligence grâce à la diversité des expériences qu’ils vivent. En revanche, les
enfants issus de familles à niveau socioculturel bas ou modeste ont peu de chances
d’épanouissement personnel et de réussite à l’école car leurs conditions de vie sont très
défavorables et se trouvent confrontés dès leur jeune âge à des problèmes matériels
contraignants pour leur développement. De même, les stimulations intellectuelles qui
permettent d’enrichir leurs connaissances et d’élever leur niveau d’intelligence sont très
limitées.
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Pour étudier le développement, les chercheurs ont adopté classiquement axé sur les
stades. Des perspectives telle que celle proposée par Piaget ou par Freud font appel à des
modèles faisant intervenir la notion de stade, qui traduit une vision séquentielle du
développement, tout en insistant sur les différences qualitatives qui existent entre les
différentes étapes à franchir. Mais plus récemment, la perspective psychologique de
traitement de l’information adopte des modèles de développement continu (life span). Selon
cette perspective, la personne est envisagée comme une entité de plus en plus capable, au fur
et à mesure de sa croissance, de développer des possibilités d’action, ou de contrôler ses
activités de traitement de l’information. Ainsi, l’enfant connaît et utilise de multiples
stratégies de pensée, doit choisir parmi-elles, et découvre souvent de nouvelles manières
d’aborder un problèmes. Le développement ressemblerait à une série de vagues qui se
chevauchent, chacune correspond à un mode de pensée ou à une stratégie différente.
Toutefois, nous nous appuierons dans notre exposé sur les modèles classiques de
développement car, jusqu’à nos jours, elles restent les plus courants. Dans ce cadre nous
considèrerons que la psychologie de l'enfant étudie le développement des conduites durant la
période l'enfance. Bien que le développement de l’individu soit continue (life span), on a
souvent tendance à le diviser en stades ou périodes virtuelles afin de faciliter son étude.
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marches d’escalier. Les enfants penseraient d’une certaine manière pendant un certain temps,
puis se mettraient progressivement à penser différemment, de façon plus élevée pendant la
période suivante. Par exemple, un enfant de 2 ans ne possède pas de véritables amis parmi ses
compagnons de jeu, mais à 8 ans il possède sans doute plusieurs. On peut interpréter cette
observation comme un changement dans le nombre d’amis, soit de zéro à plusieurs
(changement quantitatif), ou comme un changement de type des relations sociales
(changement qualitatif).
Plusieurs psychologues ont proposé des systèmes de stades dont les uns sont généraux
et valable pour tout le développement. D’autres ont proposé des modèles de stades qui ne
s’appliquent qu’à un domaine plus ou moins vaste : dessin, jeu, personnalité, intelligence, etc.
C’est dans le cadre d’un système de stades généraux qu’on considère communément
que l’enfance constitue la période initiale du développement humain, suivie par la période de
l’âge adulte et enfin la vieillesse. Toutefois, ce découpage ne peut aucunement se faire de
façon stricte, uniforme et chronologiquement rigoureuse. Chaque individu a son rythme
propre, qu’accélèrent ou ralentissent ses conditions d’existence ; ainsi s’explique sans doute
que chacun délimite de manière particulière la durée et les limites relatives de ces phases.
Alors quels sont les critères qui définissent la période de l’enfance, objet de notre
étude.
La durée de cette période ne peut être définie que relativement selon les sociétés, les
cultures, etc. Le terme d'enfance n'est pas spécifique et peut impliquer un intervalle
variable d'années dans le développement humain. Dans le sens commun, on considère que
l'enfance commence dès la naissance. Dans les systèmes juridiques de nombreux pays, il y
a un âge de majorité qui commence officiellement lorsque se termine l'enfance et la
personne devient légalement un adulte. L'âge varie de 15 à 21 ans 1, mais 18 ans est le plus
fréquent2. Actuellement, on considère généralement que l’enfance s'étend de la naissance
(dit moment 0) à 18ans environ. L’adolescence serait donc incluse dans la période de
l’enfance. Toutefois, pour des raisons pédagogiques relatives à ce cours visant la
1 Par exemple, la Société Américaine de Pédiatrie considère que l’enfance se termine à 21 ans.
2 La Convention Internationale des Droits de l’Enfant, déclare que l’enfance s’étend de 0 à 18 ans.
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signe d'un équipement neurologique normal. Certains de ces réflexes sont particulièrement
intéressants pour le psychologue, du point de vue de l'évolution comportementale :
D'une manière générale, les automatismes du bébé, présents dans les premières
semaines de la vie, correspondent à un fonctionnement cérébral de type sous-cortical. Ils
disparaissent vers trois mois, avant de réapparaître plus tard, sous la forme de
comportements volontaires liés à un fonctionnement cortical contrôlé. En ce sens, les
acquisitions de l'enfant ne sont pas une accumulation ou une simple augmentation de ses
capacités, mais résultent d'une réorganisation de l'état antérieur pour intégrer des éléments
nouveaux.
3.2.1.2. Le stade de déambulation (de 15 mois à 3 ans) « toddler stage » disent les auteurs
anglophones (to toddle, trottiner), mettant ainsi l’accent sur l’importance des activités
d’exploration et du langage chez l’enfant.
3.2.2. La deuxième enfance (middle childhood) de 3 à 6 ans (ou la période
préscolaire)
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A un an, l’enfant est capable de se tenir debout, d’abord avec appui, puis sans appui,
en élargissant son polygone de sustentation, jambes écartées. A l’hypertonie des premiers
mois a succédé une hypotonie telle que l’on peut faire prendre aux différents segments du
corps des positions véritablement acrobatiques : témoin la souplesse avec laquelle l’enfant de
cet âge suce son pied.
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4- L’ETUDE DE L’ENFANT
Jusqu’au 18ème siècle, la psychologie de l’enfant n’existe pas, et les écrits sur l’enfance
sont principalement pédagogiques. Les écrivains et les philosophes d’autrefois étaient plutôt
préoccupés de l’homme adulte et beaucoup moins de l’enfant en qu’ils ne voyaient qu’un
adulte en miniature. Les auteurs de l’Antiquité et du Moyen-Age se sont intéressés
énormément à l’éducation en publiant plusieurs traités d’éducation et des recommandations
pédagogiques. Cependant, les auteurs classiques n’éprouvaient nullement le besoin d’appuyer
leurs prescriptions pédagogiques sur l’étude psychologique.
C’est le philosophe français Jean Jacques Rousseau qui est le premier à reconnaître
l’importance de la psychologie dans l’éducation avec la publication de son célèbre ouvrage
« Emile » en 1762. Il déclare aux pédagogues dans la préface d’Emile : « commencez donc
par bien étudier vos élèves, car, très assurément, vous ne les connaissez point ». Auteur de la
phrase célèbre : « le petit de l’homme n’est pas simplement un petit homme », il prend
conscience d’une réalité psychologique propre à l’enfant. Le petit de l’homme n’est pas
simplement un petit homme affirme Rousseau. L’enfance est une vie, elle a ses réalités et ses
valeurs propres différentes de celles du monde adulte. ». A chacune des étapes fixées par la
nature doit correspondre une éducation particulière. Mais malgré ces déclarations de principe,
l’histoire de la psychologie n’identifie pas de réel psychologue de l’enfant qui propose une
réelle description précise et systématique de ses capacités avant le milieu du 19ème siècle.
C’est dans la seconde moitié du 19ème siècle que se répand la pratique de tenir une
biographie ou un journal détaillé des progrès de l’enfant. Les psychologues influences par la
théorie évolutionniste de Darwin commencent à chercher une description évolutive du
développement psychologique. A la même époque Stanley Hall fonde aux Etats-Unis la
« National Association for the study of children » (1893), qui a permis par leur publications la
création de périodiques et d’associations spécialisées dans la psychologie de l’enfant. Stanley
Hall est considéré également comme fondateur de la psychologie de l »adolescence. Dans son
livre (Adolecence, its psychology, NewYork, 1903) il décrit l’adolescence comme une
seconde naissance (new birth) et comme une période marquée par un profond changement de
la personnalité qui la distingue de l’enfance et de l’âge adulte. Le même courant se retrouve
dans plusieurs pays, en Grande Bretagne avec Sully (1895), en Allemagne (1899) et en France
avec Binet (1900). A Vienne, le psychanalyste Sigmund Freud (1856-1939) a établit, par
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l’analyse clinique des personnes névrosés, le rôle déterminant de l’enfance dans la formation
de la personnalité. Le début du 20ème siècle établit la psychologie de l’enfant comme science.
Afin d’étudier les changements qui surviennent chez les individus au cours du temps, les
psychologues du développement font appel à des méthodes variées :
Elle est appelée aussi diachronique, c.-à-d. à travers le temps. Le chercheur observe
plusieurs individus nés en même temps (la cohorte) et mène des nouvelles observations avec
l’évolution de l’âge des membres de la cohorte. Elle est la première à être utilisée dans
l’histoire pour étudier le développement. L’objectif initial des chercheurs était de décrire
l’évolution de l’enfant pas à pas, notamment grâce à des biographies. Cette méthode consiste
en un examen répété d’un seul individu ou d’un groupe d’individus à des âges successifs. Le
développement est suivi à travers l’examen des personnes à des moments différents. La durée
de l’étude peut varier de quelques semaines à plusieurs années. Cette méthode peut être
utilisée afin d’arriver à des conclusions concernant le type de développement universel, c.-à-d.
celui qui est partagé par la majorité des membres de la cohorte. Les chercheurs observent
aussi la manière dont le développement varie entre les individus et font des hypothèses
concernant les causes des variations observées. L’avantage d’une recherche longitudinale est
sa très grande précision scientifique dans l’étude de l’évolution du comportement d’un
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- Elle n’est pas économique car elle nécessite un investissement très élevé en temps et
en ressources : le chercheur peut rester plusieurs années sur une seule recherche dans
l’attente de résultats concluants.
- Le phénomène de mortalité expérimentale : la durée de l’étude longitudinale conduit
souvent à perdre un certain nombre de participants et la chance de retrouver les
individus de départ se restreint à cause par exemple de déménagement, des maladies
de la situation familiale de l’enfant etc.
Elle est appelée aussi la méthode transversale séquentielle. Elle combine les deux
méthodes précédentes. Elle consiste à réaliser plusieurs examens dans le temps (l’aspect
longitudinal) sur plusieurs groupes d’individus. Ici le chercheur observe les membres de
différentes cohortes d’âge en même temps, et suit ensuite tous les participants à travers le
temps, en traçant la courbe des changements à travers le temps. A travers la comparaison des
différences et des similarités dans le développement, le chercheur peut aisément déterminer
quels sont les changements qu’on peut attribuer à l’environnement individuel ou historique, et
s’ils sont vraiment universaux. Toutefois ce type de recherche nécessite encore plus de temps
et de ressources que l’étude longitudinale.
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Cloutier, R., Gosselin, P. & Tap, P. (2005). Psychologie de l’enfant. 2ème édition. Montréal :
Gaëtan Morin.
Guidetti, M., Lallemand, S. & Morel, M.F. (2000). Enfance d’ailleurs, d’hier et
d’aujourd’hui. Paris : Armand Collin.
Kail, M. & Fayol, M. (2003). Les sciences cognitives à l’école : la question des
apprentissages. Paris : PUF.
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Chapitre II.
LE DEVELOPPEMENT DE L’INTELLIGENCE
Introduction
Durant ces dernières années, plusieurs travaux ont été réalisés sur le développement
intellectuel de l’enfant. Nous nous intéresserons ici essentiellement à la théorie de Jean Piaget
(1896-1980), car elle reste un cadre de référence obligé. Aucune autre théorie n'a pu, jusqu'à
ce jour, présenter une telle cohérence interne.
Pour Piaget, l'intelligence est, avant tout, une adaptation : équilibre entre l'organisme
et le milieu, qui découle d'une interaction entre l'assimilation et l'accommodation.
L'assimilation2 consiste pour la structure qu'est l'intelligence à incorporer les éléments du
milieu (incorporation du réel à soi). L'accommodation3 est la modification de cette structure
en fonction des modifications du milieu (ajustement de soi au réel). Par exemple, attraper une
balle et attraper une aiguille sont des actions réalisées grâce au schème de préhension, mais
chacune nécessite une préhension particulière. Le schème peut donc s'appliquer à une
multitude d'objets différents (assimilation), mais doit aussi se modifier en fonction des
caractéristiques particulières de chaque objet.
2 Assimilation : interprétation des situations nouvelles grâce aux schèmes préexistants. Assimiler s'est rendre
familier ce qui ne l'est pas.
3 Accommodation : modification des schèmes existants en fonction des caractéristiques de la nouvelle situation.
1 Schème : entité abstraite qui correspond à la structure d'une action.
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l'ordre de succession de ces stades doit être constant, mais la chronologie de leur
apparition peut varier d'un enfant à un autre ;
un stade est caractérisé par une structure d'ensemble, et constitue une forme
particulière d'équilibre ;
les structures d'un stade deviennent une partie intégrante des structures du stade
suivant ;
dans tous stade, un niveau de préparation est suivi d'un niveau d'achèvement ;
la préparation de certaines acquisitions se poursuit sur plus d'un stade.
2.1.1. Exercices des réflexes : Entre 0 et 1 mois, l'enfant répète et exerce les réflexes
qu'il possédait à la naissance. Les réflexes vont ainsi évoluer et se perfectionner pour donner
lieu à la constitution de schèmes : un réflexe qui au départ remplit une fonction spécifique
(téter sa mère pour se nourrir) devient un schème à partir du moment où il se modifie pour
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remplir d'autres fonctions (téter son pouce pour se faire plaisir). Cela conduit aussi à la
formation des premières habitudes (habitude de la sucette par exemple). A ce stade, l'enfant
est égocentrique, exclusivement centré sur son propre corps.
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Le jeu symbolique ou de fiction, tels que jouer à la poupée ; faire semblant de dormir,
boire dans une tasse vide, etc. Ce jeu est indispensable à l'équilibre affectif et
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intellectuel. L'enfant doit en effet disposer d'un secteur d'activités dont la motivation
ne soit pas l'adaptation au réel mais l'assimilation du réel à soi, sans contraintes ni
sanctions : une chaussure peut ainsi servir de barque ou de landau. L'enfant transforme
le réel au gré de ses besoins et désirs.
Le dessin constitue une activité privilégiée à travers laquelle on peut évaluer à la fois
l'évolution de la fonction symbolique et la structuration cognitive de l'espace.
L’image mentale : Lorsque les enfants deviennent capables de décrire des situations
verbalement, ils sont également capables de les sous la forme d’images.
Cependant, la pensée préopératoire caractérisant les activités mentales de la plupart des
enfants de moins de 7 ans est limitée. Pour figurer au rang des opérations, les actions doivent
être intériorisables, réversibles et coordonnées en systèmes dont les lois sont générales. Elles
sont intériorisables, car elles peuvent avoir lieu mentalement sans pour autant perdre leur
identité d’actions. Elles sont réversibles, contrairement aux actions matérielles qui sont
irréversibles. Enfin, puisqu’elles ne sont pas isolées, elles peuvent s’organiser en structures
complètes.
Socialement, l'égocentrisme peut se traduire par la difficulté à adapter son langage aux
besoins de son interlocuteur, comme en témoignent les monologues collectifs que l'on peut
observer à cet âge. Les enfants préscolaires parlent souvent correctement à tour de rôle, mais
ne prêtent pas pour autant attention à ce que dit l’autre. Entre 4 et 7 ans, le langage devient
moins égocentrique. L’un des signes les plus précoces de progrès apparaît dans les disputes
verbales des enfants. Le fait que les énoncés verbaux d’un enfant dévoilent une désaccord
avec son compagnon de jeu indique que le joueur a au moins prêté attention à une autre
perspective que la sienne.
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2.2.2. La pensée intuitive : c’est une pensée prélogique c’est-à-dire que l’enfant ne peut
pas raisonner logiquement. Elle est encore liée à la manipulation et à l’action. La perception
immédiate l’emporte sur la logique. Elle est caractérisée par le syncrétisme et la
transduction4. On qualifie de syncrétique ce type de pensée infantile, qui par opposition à la
pensée analytique-synthétique, ne parvient pas à coordonner les détails à l’ensemble, les
parties au tout, les événements aux processus et qui, de ce fait, oscille – selon la complexité
des situations et les contraintes de la tâche – entre une appréhension globale et vague et une
lecture pointilliste.
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2.2.5- Les pré-concepts. Ce « sont des notions attachées par l'enfant aux premiers signes
verbaux dont il acquiert l'usage. Le caractère propre de ses schèmes est de demeurer à mi-
chemin entre la généralité du concept et l'individualité des éléments qui le composent, sans
atteindre ni l'une ni l'autre ». L'enfant de la période préopératoire, lorsqu'il évoque une
maison, n'est plus au tableau individuel d'une seule maison (comme l'enfant de la période
sensori-motrice qui nommerait l'image d'une maison qu'il a devant lui), mais il n'en n'est pas
encore à la classe généralisable de « maison ». Il dispose de précurseur du concept de maison,
un pré-concept de maison. Le mot chien par exemple, ne désigne pas l'ensemble d'une espèce
animale, mais les chiens particuliers qu'il a rencontré.
2.2.6- Le finalisme
Vers 3 ans se situe le deuxième « âge du questionneur ». L’enfant ne cherche plus à tant à
connaître le nom des objets que leur raison d’être. C’est l’âge du « pourquoi ». La question
« pourquoi » a bien sûr une fonction intellectuelle d’information, mais aussi une fonction affective :
s’accrocher à l’adulte et forcer son attention, se rassurer et calmer l’anxiété suscitée par un monde qui
s’étend et dont on perçoit mieux chaque jour le caractère imprévu, explorer les règles de conduites et
les usages imposés par l’adulte. Piaget et bien d’autres auteurs ont souligné que ce « pourquoi » n’a
pas du tout une orientation causale, mais bien finaliste : ce que l’enfant cherche et vise par ces
questions ce n’est pas une explication objective qu’il ne pourrait pas d’ailleurs saisir, mais bien le
rapport qui peut exister entre l’objet de sa question et ses besoins, ses désirs ou ses craintes à lui. En
somme, son « pourquoi » équivaut plutôt à des expressions comme « à quoi cela sert ? », « à quoi est-
ce bon ? ». La répétition de sa question quand on lui répond en invoquant une relation causale révèle
bien son insatisfaction. Pour l’enfant, tout objet a nécessairement une fonction ou une utilité
(exemple : un banc c’est pour s’asseoir ; une colline c’est pour monter dessus ; la nuit c’est pour
dormir).
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ses ennemies. Le lendemain il est persuadé avoir influencé le comportement de son institutrice à
l’égard de ses camarades).
- La magie par participation de substance : l’enfant est convaincu qu’une substance peut avoir
une influence sur une autre (exemple, jeter des cailloux dans un puit pou y faire naître des poissons).
- La magie par participation d’intention : par exemple un enfant qui croit qu’il est capable de
conduire à sa guise, sous son commandement, le soleil, la lune, le étoiles, etc.).
c- l’animisme : l’enfant a tendance à considérer les corps comme vivants , conscients, ayant des
intentions. Jusqu'à l’âge de 6-7 ans, tout ce qui a une activité est conscient : un caillou sent qu’on le
lance, l’herbe sent qu’on l’arrache, une porte sent qu’on la ferme.
d- La causalité morale : les êtres naturels sont conscients parce qu’ils ont une fonction à remplir. Ce
sont des règles morales plus que des lois physiques qui expliquent le déterminisme des phénomènes
(exemple : le soleil accompagne l’enfant dans sa promenade pour le réchauffer).
e- L’artificialisme : L’enfant considère que tout est fabriqué, tout se fabrique (exemple : le soleil a été
fabriqué par le bon dieu, la rivière, ce sont les. gens qui l’on faite avec de la terre et de l’eau).
La pensée de l'enfant subit une modification importante : non seulement les actions
sont intériorisées, mais en plus elles deviennent réversibles. L'enfant acquiert aussi l'inclusion,
la transitivité, etc. Autant d'opérations logiques de base qui vont déterminer la logique de la
pensée chez l'enfant. On peut distinguer deux types d'opérations : les opérations logico-
mathématiques, qui organisent les objets discontinus (classification, sériation, nombre), et les
opération infra-logiques, qui portent sur des objets continus (espace et temps).
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moitié d'un sandwich que dans le sandwich entier. Pour qu'un enfant admette qu'en mangeant
un sandwich coupé en quatre, il n'aura pas plus à manger qu'avec un sandwich entier, il faut
déjà qu'il réalise qu'il s'agit du même sandwich. C'est l'acquisition de la conservation des
propriétés de l'objet.
3.4- La sériation : Dans l'épreuve de sériation, il peut s'agir, par exemple, d'ordonner
des bâtonnets de grandeurs variables dans un ordre croissant ; on peut observer les grandes
étapes du développement suivant :
- 4-5 ans, l'enfant procède par couples (un petit et un grand) ; il réalise plusieurs petits
tas.
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- 6-7 ans, l'enfant compare les bâtonnets 2 à 2 pour éliminer le plus grand et conserver
le plus petit. Il parvient alors à sérier l'ensemble des bâtonnets.
- 7-8 ans, l'enfant établit une véritable sériation entre les éléments. L'enfant est dit
opératoire dans la mesure où un élément quelconque de la série est compris d'avance comme
étant simultanément plus grand que le précédent et plus petit que le suivant. Lorsque la
composition des relations asymétriques est ainsi atteinte, l'enfant acquiert la transitivité. La
relation « plus petit que » est transitive car : si x<y, et y<z, alors x<z.
Vers 7 ans, l'enfant accède à l'espace projectif** grâce à une double différenciation
: différentiation entre sa propre activité et les transformations de l'objet ; différenciation
entre son point de vue et le point de vue d'autrui. A ce stade, l'objet n'est plus considéré en
lui-même, mais relativement à un point de vue, ce qui suppose une décentration de l'enfant
par rapport aux objets. Cette décentration n'est possible que si l'enfant possède un système
* La géométrie topologique : Lors d'un déplacement des figures ou d'objets, seules les relations de voisinage
(séparation, ordre, enveloppement, continuité) se conservent.
** La géométrie projective : Lors des déplacements d'un objet, les droites, les courbes et certains rapports bien
dژfinis sont conservés. Les formes des figures, leur position relative et leur éloignement respectif sont mis en
rapport avec le point de vue de l'observateur selon un système de relations de perspective.
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Toutefois, les enfants d’âge scolaire ne maîtrisent pas encore très bien la logique
déductive, qui permet de passer du général au particulier, comme émettre des hypothèses à
partir d’une théorie. Dans la logique déductive, l’individu doit imaginer des faits ou des
évènements dont il n’a jamais fait l’expérience, aptitude que l’enfant ne possède pas encore à
la période des opérations concrètes. Il est encore lié aux faits concrets, à ces propres
observations et à ses expériences personnelles.
Les opérations concrètes portent sur des dimensions physiquement présentes, mais il
faut attendre un nouveau développement, entre 11-12 ans, pour des raisonnements plus
abstraits. Selon Piaget, le stade formel est l'étape finale de l'évolution de la pensée humaine.
Les principales caractéristiques de cette pensée est la formalisation, la maîtrise de la logique
hypothético-déductive et l'accès à la logique des propositions.
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Encore une fois, les enfants du niveau préformel peuvent identifier séparément
chacune des variables qui ont un effet sur la flexibilité, mais il ne peuvent pas cerner
l'ensemble du problème, car cela fait appel à la capacité de combiner les variables entre elles,
capacité qui n'apparaît qu'avec la pensée formelle.
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Cette théorie est néanmoins remise en question par de nombreux courants récents
(notamment les théories de traitement de l'information). En effet, les nouvelles techniques
d'expérimentation, particulièrement celles qui permettent l'étude des compétences précoces
chez le nourrisson ont apporté des informations tout à fait intéressantes sur le développement
cognitif des bébés.
La théorie de Piaget a été également remise en question par d'autres théories qui ont
abordé le développement cognitif en se fondant sur des principes différents. Ainsi, alors que
pour Piaget, le développement se fait par adaptations successives du sujet à son milieu
(régulations internes), Vygotsky (1896-1934) comme son disciple Bruner (1915- 2016),
accordent aux facteurs extérieurs (et notamment à l'entourage) un rôle prépondérant dans le
développement de l'enfant : c’est la théorie socio-constructiviste. De même, Howard
Gardner a développé une théorie critique considérant que l’intelligence n’est pas
unidimensionnelle, comme décrite par Piaget, mais multidimensionnelle : c’est la théorie des
intelligences multiples.
Pour Vygotsky (1934), l’enfant est un être qui est voué au départ à la socialisation, par
l’incapacité dans laquelle il se trouve de faire quoi que ce soit par lui-même. Le
développement cognitif ne peut donc prendre racine que dans les interactions avec les parents
et avec les pairs. L’intelligence ne s’intérioriserait ainsi qu’après être manifestée socialement.
Vygotsky insiste particulièrement sur le rôle de l’entourage dans le développement du
langage, dont découle la mise en place des processus mentaux. Au cours de la psychogenèse,
le langage acquiert progressivement la capacité de contrôler l'action. Celle-ci est, au début,
régie seulement par des indices externes et instinctifs associés par conditionnement. Dans le
même temps, il commence à s'intérioriser : tout en continuant d'accompagner l'action,
l'émission vocale fait place peu à peu au langage intérieur. C'est cette intériorisation du
langage qui permet de passer de l'action physique à l'action mentale.
Plus tard, l’enfant ne devient capable de faire ce qu’il est potentiellement capable de
faire, que dans la mesure où il est guidé adéquatement dans ses démarches par les adultes. A
ce sujet, Vygotsky propose le concept de zone de développement proximal. Il s’agit de la
distance existant entre le potentiel réalisé et le potentiel latent. Cette distance peut être évaluée
par l’examen des réponses de l’enfant qui apprend sous la tutelle d’un adulte. Ainsi un enfant
dont les performances sont faibles, mais qui se montre très attentif aux instructions, et qui sait
profiter de celles-ci, révélerait l’existence d’un potentiel latent important. Vygotsky croit que
les activités psychologiques supérieures sont liées à l’appropriation, par l’enfant des formes
culturelles, telles que la lecture, l’écriture, le graphisme ou le raisonnement mathématique.
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AMMAR Mohamed PSYCHOLOGIE DE L’ENFANT
C’est par celles-ci qu’il pourrait accéder à l’information nécessaire pour organiser son
expérience de la réalité.
Howard Gardner propose en 19835 une théorie selon laquelle l’être humain ne possède
pas une seule intelligence, mais plusieurs6 qui sont distinctes et indépendantes les unes des
autres. Il s’agit de :
5 “Frames of Mind: The Theory of Multiple Intelligences”, New York, NY: Basic Books.
6 Gardner a proposé initialement, en 1983, sept intelligences, mais ultérieurement, en 1989, il ajouter deux
autres
7 Kinesthésie : Ensemble des sensations de mouvement que nous procure notre corps.
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AMMAR Mohamed PSYCHOLOGIE DE L’ENFANT
Le fait que dans notre société, l’accent ne soit principalement mis que sur les deux
premières, telles que mesurées par les tests, a un effet social destructeur. Une telle évaluation
est capable de prédire la réussite scolaire, mais très peu la réussite professionnelle. Combien
d’enfants n’ont-ils pas étaient étiquetés comme peu brillants parce qu’ils possédaient de
faibles capacités linguistiques, alors qu’ils se sont révélés des plus performants sur le plan
mécanique ou artistique.
Sternberg (1988) critique cette idée, en avançant qu’il faut plutôt parler de talents
multiples, ne se situant pas nécessairement sur un même pied d’égalité. Il en veut pour preuve
que, peu importe la culture, il est toujours possible de survivre en ayant aucune aptitude
musicale, alors que l’incapacité de raisonner ou de planifier empêche, elle, une adaptation
efficace au monde normal.
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AMMAR Mohamed PSYCHOLOGIE DE L’ENFANT
Deleau, M. (1990). Les origines sociales du développement mental. Paris. Armand Colin.
Gardner, H. (2008). Les intelligences multiples : La théorie qui bouleverse nos idées reçues.
Retz.
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AMMAR Mohamed PSYCHOLOGIE DE L’ENFANT
Chapitre III
LE DEVELOPPEMENT DU LANGAGE
Quelle est la nature du langage ? Quelles sont les grandes dimensions du langage? Quelles
sont les étapes de son acquisition ? Dans le présent cours, nous tenterons de répondre partiellement
à ces questions car le langage est un sujet inépuisable.
Le langage est souvent considéré comme l'habileté humaine par excellence, celle qui nous
distingue des autres créatures. On sait que la plupart des animaux possèdent des signaux de
communication. Les oiseaux possèdent des cris en cas de danger, et un chant d’appel et de
reconnaissance quand vient le temps de rechercher un partenaire. Les abeilles exécutent une danse
sur le rayon de la ruche pour indiquer aux autres le distance et la direction de nectar. Certaines
espèces de singes vivant en bande possèdent plus de 20 signaux dont la signification est précise.
Certains cris sont utilisés lorsque le danger vient des airs et d’autres s’il vient du sol. Chacun de ces
signaux à donc une valeur de survie pour le groupe. Cependant pour tous ces animaux, les sons émis
ne sont que des signaux déclencheurs de réponses innées. Ils sont donc liés à une situation actuelle à
laquelle le groupe réagit plus ou moins « mécaniquement ». Ce type de signal est également présent
chez l’être humain ; les cris de douleur ou d’exaltation pour prévenir un partenaire d’un danger ou
d’une menace. De plus, suite au développement de la bipédie et à celui de la musculature du visage,
l’être humain a développé tout un registre de communication non verbale, dont le rôle est loin d’être
négligeable. Mais c’est surtout grâce au développement du cerveau et la possibilité d’émettre un
langage articulé, permettant de produire un nombre important de sons, que la race humaine va se
doter d’un outil rendant possible l’expression de ses pensées sur le plan symbolique.
Si les oiseaux, les abeilles, les singes ou les dauphins peuvent communiquer entre eux, leur
communication est de type stimulus-réponse, c'est-à-dire qu'elle est reliée à des situations précises ;
il est peu probable que les animaux puissent inventer des phrases nouvelles ajustées à des nouvelles
catégories d'expériences. Or, chez l'humain, la possibilité existe de générer un nombre infini de
phrases nouvelles, jamais entendus auparavant, pour communiquer de nouveaux contenus. Ce qui
caractérise l’être humain c’est la créativité linguistique.
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AMMAR Mohamed PSYCHOLOGIE DE L’ENFANT
Au cours des années 1970, de nombreuses tentatives ont été entreprises auprès des animaux, surtout
les chimpanzés et les gorilles, afin d'évaluer jusqu'à quel point il était possible de leur inculquer les rudiments
du langage humain. Les chercheurs ont eu recours pour cet apprentissage au langage à l'aide de signes gestuels
(utilisé par les personnes souffrant de surdité profonde), ou à des formes en plastique servant de symboles
pour différents mots, ou encore à un ordinateur, dont les touches de clavier peuvent être manipulées par
l'animal pour faire apparaître des symboles sur l'écran. On assista à des progrès rapides dans l'apprentissage du
vocabulaire. Certains sujets se sont montré capable, après quelques années, de comprendre et d'utiliser plus
de 200 termes dans des phrases de plusieurs mots. Mais les chercheurs demeurent persuadés que la plus
grande partie du langage ainsi appris, l'ait été par imitation, afin d'obtenir facilement certaines gratifications. Il
semblerait surtout qu'il manque aux singes ce qui nous caractérise, en tant qu'espèce humaine, à savoir la
dimension symbolique du langage, ainsi que l'intention de communiquer des représentations mentales.
conventionnel. C’est une faculté mentale permettant de communiquer sens. C’est une propriété
commune à tous les hommes et qui relève de leur capacité de symbolisation. Il est universel parce
que la plupart des enfants au monde franchissent les mêmes étapes d'acquisition selon la même
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AMMAR Mohamed PSYCHOLOGIE DE L’ENFANT
- Les lexèmes9, qui sont les monèmes à contenu de la langue, et qui regroupent les racines des
noms, des verbes, des adjectifs, etc. (vivants, furent, portés, camps).
- Les morphèmes10 qui sont des éléments stables d’une langue, à savoir les préfixes, les
suffixes, les articles, les prépositions, les pronoms, etc. (les, sur-, dé-, dans, des), qui peuvent modifier
A un second niveau (la seconde articulation), ces unités peuvent elles-mêmes être
segmentées en unités plus petites n’ayant pas de sens, mais participant à la distinction du sens des
unités de première articulation: les unités distinctives (dans /bato/, /rato/ et /gato/, /b/, /r/ et /g/
sont les unités distinctives qui servent à distinguer le sens des trois unités significatives). On appelle
phonème l’unité distinctive minimale. Ainsi, dans l’énoncé «le chat mangera», on pourra pratiquer
deux segmentations successives. La première nous donnera cinq unités significatives (cinq
monèmes): le, chat , mang- (verbe manger), -r- (marque du futur) et -a (marque de la
personne). La seconde segmentation nous donnera huit unités distinctives (huit phonèmes): /l/, /e/,
8 Monème : (du grec monos: seul, unique et -ème) Elément minimum d’une langue ayant un contenu de
signification.
9 Lexème : (du grec lexis : mot, et –ème) Monème qui n’est ni un mot de relation, ni un morphème.
10 Morphème (du grec morphé : forme et –ème). Elément de formation (préfixe, infixe, suffixe) qui, lorsqu’il est
incorporé à un mot, avant, dans ou après le radical, en modifie le sens ou la fonction.
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AMMAR Mohamed PSYCHOLOGIE DE L’ENFANT
On s'est longtemps demandé si le langage était inné ou acquis. Dans les années 70, deux
grands courants s'affrontent : les empiristes (représentés par Skinner) et les innéistes (représentés
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AMMAR Mohamed PSYCHOLOGIE DE L’ENFANT
par Chomsky). Pour les premiers, le bébé naît sans la moindre compétence et le langage est un
comportements appris. L’acquisition du langage dépend de l’environnement dans lequel est placé
l’enfant. L’environnement de l’enfant amènerait l’enfant à intégrer la langue maternelle par
approximations successives, en renforçant certains sons plutôt que d’autres. L'apprentissage du
langage est considéré comme une succession de stimulus-réponse-renforcement. Il pourrait être
secondé par l'imitation : l'enfant imite un modèle et réalise une performance correcte qui lui vaut
encouragements de la part du modèle.
Pour les innéistes, le langage n'est pas le fruit d'un apprentissage mais d'un processus de
maturation. L'enfant humain naîtrait en quelque sorte précâblé ; sous l'effet de la maturation et
surtout de l'exposition à une langue, il y aurait une mise en place fonctionnelle de ces prédispositions
permettant alors à l'enfant de développer le langage. Il existerait ainsi une structure imposée
génétiquement au cerveau. Celle-ci serait responsable de l’habileté innée de chacun à transformer la
signification ou le sens d’une phrase donnée, ainsi que la capacité de construire un nombre illimité
de phrases. Pour désigner cette prédisposition, Noam Chomsky parle de dispositif d'acquisition du
langage (Language Acquisition Device, ou LAD).
Il s'agit d'un ensemble de schèmes abstraits, règles relatives au langage en général, que tout individu
posséderait, et qui lui permettrait d'élaborer, à partir d'énoncés entendus, les règles spécifiques de sa langue
maternelle. Le langage est donc considérée comme une compétence et non comme un apprentissage social.
L'enfant naît avec l'équipement nécessaire pour l'acquisition non pas d'une langue particulière, mais du
langage en général.
La théorie de Chomsky est basée sur l'existence d'une grammaire générative transformationnelle : les
structures de surface et les structure profondes. La phrase Marie a aidé Pierre dans son travail possède une
structure de surface différente de Pierre a reçu un coup de main de Marie pour son travail, mais les deux
partagent la même structure profonde. Déjà à l'âge préscolaire, grâce à l'acquisition des règles
transformationnelles, l'enfant saura convertir les structures de surface en structure profondes et comprendre
que les deux phrases veulent dire la même chose : c'est Marie qui a aidé, et c'est Pierre qui a reçu de l'aide. Du
côté de la production, Chomsky propose le même processus abordé dans l'autre sens : l'enfant part des
structures profondes et y applique les règles transformationnelles pour produire des phrases acceptables
grammaticalement, c'est-à-dire possédant des structures de surface acceptables.
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AMMAR Mohamed PSYCHOLOGIE DE L’ENFANT
Il est admis actuellement que l'enfant vient au monde avec un certain nombre de
potentialités. Mais pour que ses potentialités s'actualisent, l'enfant doit, dans un certain délai, être
au contact d'un environnement linguistique. Il semble en effet que certaines acquisitions se fassent
de façon exclusive à des moments privilégiés. On parle alors de période critique : on ne peut
apprendre à parler n'importe quand. Le développement du langage se situe dans une période
limitée, au delà de laquelle l'acquisition d'une langue serait plus difficile. Pour l'acquisition de la
langue maternelle, la fin de cette période critique se situe aux alentours de 5 ans. Plusieurs
arguments confortent l'existence de cette période critique pour l'acquisition du langage. Tout
d'abord, le langage apparaît chez tous les enfants normaux dans des marges chronologiques très
semblables (les premiers mots apparaissent chez 75% des enfants à 12 mois). D'autre part, les
enfants sauvages (enfants abandonnés dans les montagnes et retrouvés après plusieurs années alors
qu'ils avaient été élevés par les loups) ont très difficilement pu accéder à un langage même
rudimentaire.
Tous ces arguments démontrent que le petit de l'homme vient au monde avec certaines
dispositions qui lui permettent de traiter le langage, mais il doit aussi disposer d'un environnement
linguistique pour que ces potentialités s'actualisent. Aussi élaboré soit elle, l'analyse formelle
(description formelle des énoncés comme c'est le cas dans la théorie de Chomsky) ne permet pas à
elle seule de rendre compte du fonctionnement réel du langage (qu'il s'agisse du langage des enfants
comme d'ailleurs celui des adultes). Afin de produire ou de comprendre la parole, l'enfant met en
oeuvre plusieurs modalités de traitement de l'information, qu'on appelle des stratégies, mais dont
certaines seraient plus efficaces que d'autres. Les stratégies sont différentes d'un âge à l'autre, mais
aussi d'un enfant à l'autre.
En outre, l'acte de parole est un événement qui dépend des contextes particuliers dans
lesquels il se déroule réellement. C'est le contexte situationnel qui permet d'interpréter ce qui est
dit. En d'autres termes, il ne suffit pas à l'enfant de pouvoir construire des phrases pour
communiquer adéquatement, il faut inscrire ses énoncés dans les contextes appropriés, là où ils sont
utiles pour communiquer. Pour emprunter la célèbre formule de John Austin, apprendre une langue,
c'est apprendre comment faire les choses avec les mots. L'enfant n'apprend pas ce qu'il faut dire,
mais aussi comment, où, à qui et dans quelles circonstances. Il s'agit ici de la dimension pragmatique
du langage.
46
AMMAR Mohamed PSYCHOLOGIE DE L’ENFANT
Une des grandes controverses relatives au développement du langage tourne autour des
relations qu’entretiennent à ce sujet le langage et la pensée.
Selon cette théorie relativiste, on pourrait même affirmer que nos perceptions, notre
« image de l’univers » sont influencées par le langage (Whorf, 1956). Ainsi, les esquimaux dont la
langue possède des dizaines de mots pour caractériser diverses sortes de neige, posséderait de ce
fait une perception bien plus précise que la notre de celle-ci. A l’opposé, les tribus de Nouvelle-
Guinée, qui ne possèdent que deux mots pour désigner les couleurs (le sombre et le clair), auraient
une perception réduite du spectre.
Des recherches ultérieures ont cependant montré, que même si le vocabulaire se trouve ainsi
limité, les sujets étaient pourtant capables de discriminer et de reconnaître les différentes nuances
de couleurs, parmi un choix qui leur était présenté. Pour les innéistes, la différence entre les langues
prouve simplement que les langues sont différentes dans leur structure de surface, et que chacune
développe un système adapté aux besoins particuliers des membres de la culture.
Bernstein (1962) s’est intéressé, lui, aux différences entre classes sociales, au sein d’une
même culture. Il a ainsi montré que la façon dont se développe le langage est déterminée par la
classe sociale. Selon lui, le langage des classes défavorisées répondrait à un code restreint, limité à la
communication concrète, immédiate, et présentant une structure simple et souvent incorrecte sur le
plan grammatical. Le langage des classes favorisés reposerait, lui, sur un code élaboré servant
notamment d’instrument à la description du monde extérieur et de ses propres émotions. Bernstein
(1983) considère également que de telles divergences détermineraient à leur tour des différences
marquées dans la manière dont s’effectue le développement de la pensée.
2.2.2. L’hypothèse de la primauté de la pensée : Les observations effectuées par Piaget l’ont
amené à envisager le langage comme étant le résultat d’une construction progressive de
l’intelligence. Selon Piaget, le langage ne se développe pas différemment de la pensée ou de la
mémoire. Il ne constituerait qu’un prolongement de la pensée symbolique de l’enfant s’exprimant,
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AMMAR Mohamed PSYCHOLOGIE DE L’ENFANT
au cours des premières années, à travers ses comportement d’imitation et du faire semblant qui
caractérisaient ses jeux. L’utilisation des mots ne s’effectuerait qu’en fonction des progrès de la
pensée.
Les sons que l’enfant retrouve régulièrement dans des situations quotidiennes, deviennent
les représentants de ces situations. L’émissions de ses sons sont capables de les évoquer une autre
fois. Vers la fin de la première année les sons habituels deviennent des représentatifs, tout comme
les gestes ou les objets. L’observation montre que l’enfant est sensible à la valeur représentative du
langage : avant de commencer à produire quelques mots, il comprend déjà plusieurs. Ainsi des
expressions telles que « plus grand », « plus gros », « plus loin », etc., ne pourraient être comprises
ou employées, tant que de telles propriétés ne serait pas elle-mêmes comprises par l’enfant.
L'hypothèse de Piaget est largement remise en question maintenant, notamment suite aux
nombreuses expériences conduites avec des enfants sourds : lorsqu'on leur fait passer des épreuves
d'intelligence (tests non verbaux, ne faisant pas intervenir le langage), les enfants sourds obtiennent
des performances nettement moins élevés que celles des enfants entendants au même âge. Ainsi, un
déficit dans l'usage du langage parlé, et surtout un retard dans l'exercice du langage a de nettes
répercussions sur la façon dont l'enfant aborde et traite des problèmes matériellement non verbaux,
bref, sur la façon dont il pense. Le rôle du langage paraît fondamental dans le développement de la
pensée de l'enfant.
Ainsi, le langage, en tant que fonction intellectuelle, apparaît deux fois au cours du
développement de l'enfant. Dans un premier moment, il apparaît à un niveau social (échange entre
individus, interaction de l'enfant avec sa mère), c'est le processus interpersonnel. Ensuite, au niveau
individuel (l'enfant s'auto-régule), le langage devient intériorisé et se transforme en un processus
intrapersonnel permettant ainsi la construction de l'intelligence.
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AMMAR Mohamed PSYCHOLOGIE DE L’ENFANT
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AMMAR Mohamed PSYCHOLOGIE DE L’ENFANT
L’âge d’apparition de la parole, la vitesse de développement ainsi que les différents types
d’erreurs articulatoires commises varient considérablement d’un enfant à l’autre. Différents facteurs
influencent le développement phonologique :
- Le sexe
- La position dans la fratrie
- Les stimulations linguistiques auxquels il est soumis
- Son état de santé
On distingue deux grandes phases d’acquisition du langage, une phase pré-linguistique et une
seconde linguistique.
La première année de vie est cruciale dans l’apprentissage du langage. Cette période est
appelée phase pré-linguistique. Tout au long, le nourrisson affine grâce à son expérience croissante,
toute une série de capacités de base lui permettant de communiquer avec l’adulte.
Les études de psycholinguistique ont démontré que les bébés affichent des habiletés
langagières quant à la perception des sons.
Agés de quelques minutes à peine, ils peuvent déterminer la source d’où viennent les sons.
Les nouveau-nés sont aussi capables de percevoir la différence entre des sons variant selon
leur fréquence, leur intensité et leur rythme.
Dès l'âge de 4 jours, ils sont principalement sensibles à l'intonation, ce qui leur permet de
distinguer la voix de leur mère de celle d'une étrangère, de distinguer entre deux langues
naturelles.
Vers 2 semaines, ils préfèrent écouter des paroles plutôt que d'autres bruits ou du silence. La
voix humaine est plus efficace pour produire des sourires, des roucoulements et pour calmer
les cris des bébés.
A la fin du 2ème mois, les bébés commencent à être attentifs aux aspects émotionnels des
paroles qu’ils entendent prononcer autour d’eux. Ils ont tendance à sourire à l’écoute des
voix familières et à s’agiter sous l’influence de voix agressives.
Ils possèdent une représentation de la parole fondée sur le traitement des syllabes.
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AMMAR Mohamed PSYCHOLOGIE DE L’ENFANT
Vers 5-6 mois, les bébés enregistrent intonations et rythmes de la parole et essaient de
répondre par l’émission d’une variété de voix qui adopte les mêmes intonations et rythmes.
Entre 6 et 12 mois, les enfants comprennent le langage verbal avant de pouvoir s’en servir eux-
mêmes. Ce que l’enfant comprend est souvent le résultat d’un conditionnement..
Vers la fin de la première année, les enfants deviennent capables de distinguer dans le
langage des phonèmes ou sons individuels. Ils commencent à faire la différence entre deux
mots variant seulement par leur consonne initiales (exemple : « pa » et « da »)
3.1.2. La compétence à communiquer
Très vite, sous l'effet de ses interactions avec son entourage, l'enfant apprend à maîtriser l'effet
de son comportement et donc à communiquer avec l'intention d'obtenir un effet particulier : on
parle de communication intentionnelle.
En effet, certaines conduites de communication sont bien en place avant que l'enfant n'ait
maîtrisé le langage formel qui lui permettrait de les exprimer linguistiquement. Vers 3 mois par
exemple, apparaissent chez les bébés des pseudo-dialogues avec l'adulte : chacun, à son tour de rôle
émet des sons qui n'ont pas de signification. Ce comportement reflète la capacité de l'enfant à
prendre son tour de parole. Vers 8-9 mois apparaît l’attention conjointe : l’enfant cherche à attirer
l’attention d’autrui, porte son regard sur ce qu’on lui montre, pointe du doigt en direction d’un objet.
Ces conduites de communication seront ultérieurement incorporées dans la parole de l'enfant
lorsqu'il commencera à les utiliser.
Vers 9-10 mois, l’enfant imite consciemment les sons produits par les autres même s’il ne les
comprend pas. C’est le phénomène d’écholalie qui consiste à répéter machinalement les paroles
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AMMAR Mohamed PSYCHOLOGIE DE L’ENFANT
entendues. Les conversations des parents favorisent donc la fréquence des imitations vocales des
enfants
Tableau. Résumé des principales caractéristiques du langage maternelle adressé à l’enfant entre 1 et 10 ans
Aspects Caractéristiques
1. Phonétique et phonologie
- Utilisation préférentielle des termes lexicaux fréquents dans la langue avec majorité de mots à
référence concrète.
- Moindre usage des sous-classes formelles les plus complexes sur le plan cognitivo-sémantique
(la majorité des énoncés portent sur le présent immédiat et rares celles qui portent sur le passé
lointain).
13Rondal, JA. (1983). L’interaction adulte enfant et la construction du langage. Bruxelles. Margada. Chap. I (p.
62).
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AMMAR Mohamed PSYCHOLOGIE DE L’ENFANT
5- La pragmatique - En ce qui concerne les actes de parole, dominance en fréquence des requêtes en information,
suivies en fréquence par les phrases déclaratives et ensuite les requêtes en action (ex. « ouvre la
porte »).
6- Feedback verbal - Approbation (ex. c’est bien, c’est juste, d’accord, oui) et désapprobation
verbales du langage enfantin
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AMMAR Mohamed PSYCHOLOGIE DE L’ENFANT
Ils constituent les premières productions vocales de l’enfant. Ils se diversifient dès les
premières semaines en fonction des états éprouvés par l’enfant (faim, douleur, appel). Au
départ, les cris ne sont pas produits dans l’intention de communiquer. La mère leur attribue des
significations, et les fait entrer dans un système de communication. (anticipation créatrice).
Quand il crie parce qu'il a faim, l'enfant ne sait pas qu'il est en train de communiquer son désir de
manger ; c'est l'entourage qui interprète le cri comme un message. Très vite, sous l'effet de ses
interactions avec son entourage, l'enfant apprend à maîtriser l'effet de son comportement et
donc à communiquer avec l'intention d'obtenir un effet particulier : c’est communication
intentionnelle.
- Vers 3 mois apparaissent chez les bébés des pseudo-dialogues avec l'adulte : chacun, à son
tour de rôle émet des sons qui n'ont pas de signification. Ce comportement reflète la
capacité de l'enfant à prendre son tour de parole.
- Vers 8-9 mois apparaît l’attention conjointe : l’enfant cherche à attirer l’attention d’autrui,
porte son regard sur ce qu’on lui montre, pointe du doigt en direction d’un objet. Ces
conduites de communication seront ultérieurement incorporées dans la parole de l'enfant
lorsqu'il commencera à les utiliser.
- Vers 9-10 mois, l’enfant imite consciemment les sons produits par les autres même s’il ne les
comprend pas. C’est le phénomène d’écholalie qui consiste à répéter machinalement les
paroles entendues. Les conversations des parents favorisent donc la fréquence des
imitations vocales des enfants
Au cours de la situation de communication, les adultes utilisent un langage simplifié pour
parler à leur bébé, appelé le parler bébé. L'adulte a spontanément tendance à adapter son langage
au jeune enfant. C’est un phénomène universel observé dans de différentes cultures. Le langage
bébé permet un apprentissage plus rapide et plus efficace. Les caractéristiques particulières du parler
bébé sont :
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AMMAR Mohamed PSYCHOLOGIE DE L’ENFANT
3.1.4. Le babillage :
C’est une activité de prononciation des syllabes sans significations, appelée aussi jasis ou
lallation. Elle apparaît au cours du 2ème mois, et se poursuivra jusqu'à 1 ans ou 1 ans et demi, c'est-
à-dire même après l'acquisition des premiers mots. Cette activité de babillage est déclenchée par un
processus de maturation physique parce qu'elle apparaît à la même période dans tous les
environnements linguistiques, et que le même répertoire sonore est observé partout.
A cette période, le bébé est beaucoup plus compétent que l'adulte en matière de sons. Il est
capable de produire une somme de sons que l'on ne trouve jamais réunis à la fois dans une seule
langue, ni même dans une famille de langues. Puis petit à petit, par suppression sélectif, l'enfant va
abandonner les sons non pertinents et étrangers par rapport à sa langue maternelle. A 10 mois, les
bébés babillent dans leur langue maternelle.
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AMMAR Mohamed PSYCHOLOGIE DE L’ENFANT
A son premier anniversaire, l'enfant est généralement en mesure d'utiliser quelques mots, et déjà il
en comprend plusieurs. D'un point de vue quantitatif le répertoire des mots va très vite s'enrichir. A
20 mois, l'enfant possède environ 100 mots, 300 à deux ans, 1000 à trois ans, environ 10.000 mots à
6 ans. (20 à 40.000 mots chez l'adulte cultivé). Selon Carey (1982), entre 2 et 5 ans, l’enfant apprend
un nouveau par heure d’éveil. Les psychologues appellent ce phénomène l’explosion du langage.
- L’enfant doit comprendre le rôle fonctionnel des productions verbales de l’adulte, à savoir
que les objets, les qualités, les événements sont dénommables et que les mots ont une
valeur stables dans la communication. Il doit aussi comprendre quelles sont les dimensions
du réel auquel réfère généralement le langage.
- l’accélération du rythme d’acquisition du langage est liée au développement moteur. Les
enfants dont la maîtrise articulatoire est tardive, c.-à-d. dont les programmes articulatoires
correspondant aux mots, sont construits plus tard, auraient un développement lexical moins
rapide (Clark, 1993).
Les premiers mots se manifestent par une utilisation, de façon plus ou moins régulière, des
séquences phoniques dans des situations relativement déterminées. Les mots ne sont
interprétable que dans le contexte situationnel dans lequel ils sont émis. Par exemple, l’enfant
indique un biscuit, un jouet, un objet et dit « da ». Ses parents croient comprendre « donne-moi
ça » ou « je veux ça ». L’enfant montre la porte et dit « pa-ti ». Dans le contexte de la situation
cela signifie « je veux aller dehors » ou « maman est parti ». Ainsi, l'enfant serait capable de
produire des énoncés qui ne comportent qu'un seul mot mais qui, parce qu'ils apparaissent dans
des contextes précis, tiennent lieu de phrase compréhensibles par son entourage ; ce sont des
holophrases (ou phrases-mots). Vers 2 ans, l’enfant commence à utiliser le non, qui marque un
progrès de son individuation..
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AMMAR Mohamed PSYCHOLOGIE DE L’ENFANT
Apprendre la signification des mots constitue un élément central dans l'apprentissage d'une
langue. Le mot sert de représentant d'un concept : le mot est le signifiant et le concept est le signifié.
Généralement, l’accroissement rapide du nombre de mots connus s’accompagne d’une connaissance
de plus en plus précise des différents sens des mots. Les premiers mots acquis peuvent être classés
en trois catégories, selon la fréquence de leur apparition chez l'enfant :
les mots désignant des objets familiers (auto, ballon, souliers biberon, cuillère, eau,
banane,), des personnes familiers (papa, maman) des animaux (chien, chat), des
parties de corps (yeux, nez),
les mots désignant des actions c.-à-d. les verbes ;
les mots désignant les états c.-à-d. les adjectifs.
D'un point de vue qualitatif, les premiers mots sont souvent des sur-extensions : le mot
« chien » désigne tout à la fois un chien, un éléphant et plusieurs autres animaux à quatre pattes ;
papa désigne le père mais aussi tout personne adulte de sexe masculin. On peut aussi, mais plus
rarement, relever des sous extensions : le mot jeu ne désignant par exemple que le ballon.
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AMMAR Mohamed PSYCHOLOGIE DE L’ENFANT
La syntaxe apparait avec les énoncés binaires (les phrases à deux mots). A partir de 18 mois,
l'enfant commence à combiner ensemble des mots pour produire ce que l'on appelle des énoncés
binaires : papa pati pour papa est parti, maman bulo pour maman est au bureau, pas dodo pour je ne
veux pas me coucher, etc. Il est intéressant de souligner que cette façon nouvelle de combiner des
mots deux par deux ouvre les portes à toute une série de possibilités de communiquer. Par exemple,
en combinant l'ordre des mots, la tonalité de leur prononciation avec le contexte dans lequel ils sont
produits, les énoncés binaires permettent déjà toute une gamme d'intentions expressives que
l'entourage peut comprendre. Ainsi, vers l'âge de 2 ans, l'enfant qui dispose d'un nombre croissant
de mots, maximise leur potentiel expressif en jouant sur leur ordre d'apparition, sur l'intonation et
sur le contexte dans lequel il les utilise : c'est le début de la grammaire parlée ou de la syntaxe.
La production des énoncés binaires, période que l'on appelle aussi celle du « langage
télégraphique » parce que seuls les mots essentiels sont prononcés. L'ordre dans lequel les mots sont
prononcés, aidé par l'intonation et le contexte, constitue une première forme de traitement
syntaxique de la phrase. Ainsi maman biscuit et biscuit maman peuvent avoir des significations
différentes. Selon que l'un ou l'autre des deux mots sert de pivot à la phrase, l'autre mot étant ouvert
(moins accentué en tonalité), l'énoncé aura une signification différente. On considère donc que la
phrase grammaticale apparaît vers 2 ans. Avec une rapidité déconcertante, on voit surgir ensuite les
prépositions, les formes verbales, etc. L’essentiel de la structure syntaxique est en place vers 3 ans.
L’acquisition des pronoms personnels également des problèmes pour l’enfant. Jusqu’à 2 ans,
il se désigne lui même à la troisième personne du singulier. Ce n’est que vers 3 ans et demi que la
première personne (le « je ») fait son apparition, et l’usage de la deuxième et de la troisième
personne se précise par conséquent.. Ceci implique une certaine prise de conscience de soi : l’enfant
distingue les rapports qu’il a avec lui-même de ceux qu’il a avec autrui. Certains chercheurs ont
signalé que l’apparition du «je» est plus tardive chez les aînés et les enfants uniques qui, du fait de
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AMMAR Mohamed PSYCHOLOGIE DE L’ENFANT
leur situation, sont probablement amenés à prendre conscience d’eux-mêmes moins vite que ceux
qui sont entourés d’autres enfants.
Les fonctions du langage et l'évolution de celles-ci chez l'enfant ont fait l'objet de
nombreuses recherches, tant dans le domaine de la linguistique que dans celui de la psychologie.
Pour Austin (1955) parler c’est d’abord agir. Le langage est donc un outil qui permet d’exercer une
action sur les choses, sur les autres et sur le monde, en créant une nouvelle réalité. Parler c’est
produire des actes du langage. Le fait d’énoncer une phrase ne consiste pas à simplement
transmettre une information décrivant un fait. Searle (1972), prétend que, au contraire, dans
chacune des phrases prononcés, nous faisons quelque chose en le disant. Ainsi dans un énoncé aussi
banal que : « je viendrait demain », on peut mettre en évidence trois types d’actes simultanément, à
savoir :
- un acte locutoire consistant à produire des sons articulés entre eux, avec un contenu
porteur de sens. Le simple fait de parler est déjà un acte ; c’est agir en produisant des sons.
- un acte illocutoire constitué par le fait de dire quelque chose, de livrer une information qui
présente une affirmation, une promesse une gratitude ou encore une menace. Il fait référence à
l’interprétation de ce que je dis par mon interlocuteur.
Cette dernière fonction du langage qui n'est pas directement inscrite dans l'énoncé, mais qui
a un effet indirect sur l'interlocuteur (flatter, faire plaisir, faire peur etc.). Par exemple, une
interrogation peut avoir pour objet non pas d'obtenir une information, mais de faire croire à son
interlocuteur qu'on le fait participer à la décision (fausse interrogation).
Cette distinction a donné lieu à des recherches sur le développement d actes du langage.
L'enfant doit apprendre à formuler des énoncés bien construits, mais doit il aussi apprendre à
maîtriser la dimension perlocutoire de ses demandes ; il doit pouvoir réaliser des actes indirects du
langage.
En production, la façon dont les actes indirects du langage sont traités par l'enfant repose
sur l'évolution suivante :
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AMMAR Mohamed PSYCHOLOGIE DE L’ENFANT
Avant 2 ans, les requêtes sont explicites et essentiellement de type télégraphique (j'ai faim,
je veux, etc.).
Vers 2 ans, l'utilisation des interrogations, puis un peu plus tard leur association à des
formules de politesse et/ou à des verbes modaux (tu peux jouer avec moi, s'il te plaît)
marquent le début des actes indirects.
Vers 4 ans, l'enfant procède par allusion (les inférences15) en mentionnant son problème,
mais sans demander explicitement à l'adulte de l'aider (je ne sais pas faire mon puzzle).
Après 4 ans, les stratégies deviennent élaborées ; les demandes ne font qu'en partie
référence à l'action recherchée (il y a longtemps que je ne suis pas allé au zoo).
2.4. Les stratégies de gestion du discours.
Dans une expérience, on a demandé à des enfants âgés de 4 à 9 ans de produire à partir
d'images sans texte, qui raconte une histoire (les images sont présentées une par une par
l'expérimentateur). L'analyse des productions conduit à distinguer trois phases :
Phase procédurale (4-5 ans) : L'enfant gère son discours directement à partir de ce qu'il voit
sur l'image ; il ne planifie pas à l'avance ce qu'il va dire. Ainsi par exemple, il décrit chaque
image successivement sans établir des liens entre elles. Les énoncés sont syntaxiquement
corrects, mais sont seulement juxtaposés ; ils ne sont pas organisés à un niveau global,
organisation qui permettrait de construire un discours unifié.
Phase méta-procédurale (6-7 ans) : C'est à partir d'une représentation d'ensemble que
l'enfant va gérer son discours et produire un texte cohérent. Par exemple, il part du héros
(un petit garçon) et il établit des liens entre les paragraphes grâce à l'anaphore (il). Mais
cette fois, contrairement à ce qui se passait dans la phase précédente, l'enfant vise
l'organisation de son discours (au détriment de ce qu'il voit sur l'image). Les énoncés sont
organisés et forment une unité narrative, mais faute d'avoir porté son attention sur les
images, l'histoire est pauvre (peu de détails).
Stratégie interactive (8-9 ans) : Un va-et-vient entre l'image et les connaissances du sujet va
permettre de produire des récits très riches ; l'enfant utilise en permanence ses
connaissances pour interpréter ce qu'il voit. Ainsi, il peut par exemple produire des énoncés
qui ne correspondent pas à ce qu'il voit directement sur l'image, mais qui y soient reliés de
manière indirecte et qui se découlent de la représentation que l'enfant s'est construit du
texte présenté (inférences).
15 Inférence : opération par laquelle on tire une conséquence ou on génère une information à partir d’autres
informations d’ordre sémantique, contextuel ou affectif.
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AMMAR Mohamed PSYCHOLOGIE DE L’ENFANT
Dans le cadre de recherches comparées dans différentes sociétés, des chercheurs américains en
anthropologie linguistique (Ochs & Schieffelin,1990)16 se sont intéressés au rôle du langage dans
le développement de l'enfant et ont développé la théorie de la socialisation du langage. Ils ont
découvert que les processus d'inculturation et de socialisation ne se produisent pas en dehors du
processus d'acquisition du langage, mais que les enfants acquièrent la langue et la culture
ensemble dans un processus intégré. Les membres de toutes les sociétés socialisent les enfants à la
fois pour et à travers l'utilisation de la langue; En acquérant la compétence dans une langue,
l’enfant est socialisé dans les formats et les normes de la culture, tandis que la culture fournit à son
tour les normes de l'usage du langage.
16Schieffelin, Bambi B. (1990). The Give and Take of Everyday Life: Language Socialization of Kaluli
Children. Cambridge: Cambridge University Press.
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AMMAR Mohamed PSYCHOLOGIE DE L’ENFANT
Boysson-Bardies. de B. (1996). Comment la parole vient aux enfants (de la naissance à deux
ans). Paris : Odile Jacob.
Kail, M. & Fayol, M. (2000). L’acquisition du langage. Paris : PUF. Vol. I & II.
Rondal, J.A. & Seron, X. (1999). Troubles du langage : bases théoriques, diagnostic et
réeducation. Liège : Margada.
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AMMAR Mohamed PSYCHOLOGIE DE L’ENFANT
Chapitre IV
L'affectivité est l'ensemble de réactions psychiques de l'individu qui se manifestent par des
sentiments, des émotions, des tendances, des passions, etc. La notion d'affectivité a été développée par
la psychanalyse en introduisant le concept d'inconscient dès le début du 20ème siècle. Toutefois, cette
théorie a été contestée d’abord parce qu’elle considère que la sexualité constitue le moteur du
développement affectif. Ensuite parce qu’elle s’appuie sur une méthode basée sur l’interprétation
clinique de personnes névrosés. Dans les années 1960 est apparue la théorie de l’attachement et a
donné de nouvelles perspectives à l’étude de l’affectivité.
1- DEFINITION DE L’ATTACHEMENT
On définit l'attachement comme le lien affectif d'une personne avec une autre, ou d'un
animal avec un congénère. Chez l’être humain, l’attachement se produit entre l’enfant et la
personne qui s’occupe souvent de lui. En règle générale, c’est la mère qui procure à son
enfant les soins nécessaires à sa survie. Mais en l’absence de la mère, ce rôle peut être assuré
par une autre personne, et c’est avec celle-ci que l’enfant établirait son attachement.
17 L’éthologie est l’étude des comportements des espèces animales dans leur milieu naturel
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AMMAR Mohamed PSYCHOLOGIE DE L’ENFANT
Quand il se sent alarmé, angoissé, fatigué ou mal à l'aise, il ressent un besoin de proximité.
2- LE DEVELOPPEMENT DE L’ATTACHEMENT
Bowlby étudie le lien qui unit l’enfant à sa mère : il l’appelle l’attachement. Il s’agit
pour lui d’un comportement instinctif présent chez l’individu par empreinte : « phénomène
(observé par Lorenz en éthologie) par lequel, dans les premiers moments de l’existence, le
jeune animal « fixe » d’une manière irréversible l’aspect du premier objet en mouvement qu’il
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AMMAR Mohamed PSYCHOLOGIE DE L’ENFANT
rencontre (en général un des parents ou congénère) et qu’il suivra désormais (réaction de
poursuite).
L’attachement consiste en une interaction – une communication – qui vise à
rapprocher la mère de l’enfant. Elle comporte :
- des signaux pour attirer l’attention de la mère : crier, appeler, sourire, babiller, tendre
les bras ;
- des comportements d’approche : chercher, suivre par le regard ensuite par la
0locomotion, s’agripper, sucer.
Le développement de l’attachement comporte 4 phases :
- Vers 3 mois, les signaux existent mais ne s’adressent pas à une personne
particulière.
- Vers 6 mois, l’attachement est nettement établi, d'après la théorie de Bowlby. Les
signaux sont dirigés vers une ou plusieurs personnes biens particulières que l’enfant
discrimine. grâce à la formation d’une relation objective « a goal corrected partenership » où
la mère devient un objet indépendant, permanent dans le temps et dans l’espace.
- Vers 9 mois, l’attachement s’accentue. L’enfant préfère rester à proximité de la
figure d’attachement. Il préfère sa mère à d’autres personnes pour le calmer. Il explore son
environnement à partir de sa mère et, pour se rassurer, retourne fréquemment auprès d’elle. A
9 mois, l’enfant manifeste une angoisse à la présence d’une personne étrangère.
- Mais à 2-3 ans, il peut s’attacher à une figure secondaire s’il s’agit de quelqu’un de
familier qu’il a connu avec sa mère.
3- LES FONCTIONS DE L’ATTACHEMENT
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AMMAR Mohamed PSYCHOLOGIE DE L’ENFANT
Les travaux sur l’absence d’attachement, c.-à-d. les situations de carence affective, sont
déjà anciens. Ils reviennent aux éthologistes sur les primates. Dans l’expérience, Harlow
(1969) a sélectionné un groupe de jeunes singes entretenant des relations normales avec leurs
mères. Il a trouvé que la privation de contact avec les pairs de jeunes singes (des rhésus)
entraine des répercussions sur le comportement social à l’âge adulte. Les singes devenus
adultes affichent de l’immaturité dans leurs jeux, de l’agressivité, des craintes excessives et
coopèrent difficilement avec le groupe.
Mais sur l’être humain, les travaux sur la carence affective reviennent pour l’essentiel à R.
Spitz suite à ses observations sur des enfants placés très tôt dans des instituts en raison d'une
hospitalisation, ou de l'incapacité des parents à assumer leur rôle. Bien que les enfants
reçoivent la nourriture et les soins adéquats, ils manquent considérablement de contact
humain (une nurse pour 12 enfants). R. Spitz (1965) a observé qu’entre 6-8 mois, une
séparation d’avec la mère de 3 mois entraîne une dépression anaclitique18. Au delà d’une
durée de 5 mois, elle provoque l’hospitalisme.
Les enfants atteints de dépression anaclitique restent la plupart du temps couchés dans
leur lit, sur le dos, sans initiative, le visage inexpressif, coordonnant mal leurs mouvements
oculaires. Ils se frappent la tête contre les barreaux, s’arrachent les cheveux, pleurent tout le
temps et refusent tout contact. Dans l’hospitalisme, le quotient de développement diminue : la
marche, l’apprentissage de la propreté, et le langage sont retardés. Ils se nourrissent très mal
et sont particulièrement fragiles sur le plan somatique (tendance à contracter les maladies
intercurrentes).
L’insécurité et les traumatismes que créent les séparations répétées sont responsables
de troubles de comportements, parfois sévères, invoqués notamment dans les antécédents des
délinquances, des toxicomanies ou lors d’évolutions psychiatriques.
Il est certain que le nourrisson naît avec le besoin de contact humain et qu'il va former
très vite des liens émotionnels spécifiques avec les adultes qui sont proches et ont le plus
d'échanges avec lui (sa mère, le plus souvent, mais aussi d'autres personnes). On distingue
trois modèles d'attachement :
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AMMAR Mohamed PSYCHOLOGIE DE L’ENFANT
• L'attachement sécurisant : l'individu a confiance dans le fait que son parent (ou sa figure
parentale) sera disponible, lui répondra et l'aidera dans le cas où il serait confronté à des
situations adverses ou effrayantes. Avec cette assurance, il se sentira encouragé pour ses
explorations du monde. Ce modèle est favorisé par un parent, au cours des premières années,
notamment par la mère lorsqu'elle est facilement disponible, sensible aux signaux de son
enfant et qu'elle réagit avec amour lorsqu'il cherche protection et réconfort.
• L'attachement angoissé ambivalent : l'enfant n'est pas certain que son parent sera disponible,
lui répondra ou l'aidera, s'il fait appel à lui. Du fait de cette incertitude, il est toujours sujet à
l'angoisse de séparation, tend à s'accrocher, et se montre angoissé pour aller explorer le
monde. Ce modèle est favorisé par un parent qui est disponible et secourable dans certaines
occasions et non dans d'autres.
• L'attachement angoissé évitant : l'individu n'a aucune confiance dans le fait que s'il cherche
des soins, il lui sera répondu de manière utile, mais il s'attend au contraire, à être repoussé. Il
tente de vivre sa vie sans amour ni soutien de la part des autres. Il essaie de se suffire à lui-
même sur le plan affectif. Il est passif, inactif, et/ou très agressif. Ce schème est favorisé par
un parent qui maltraite son enfant de manière exagérée ou le néglige totalement.
Les recherches ont montré que ce qui est décisif pour le mode d’attachement n’est pas
la quantité mais la qualité de l’interaction au cours de la première année de vie. Ainsi, les
enfants des parents qui travaillent peuvent aussi développer des relations d’attachement
sécurisant.
Ainsworth et ses coll. (1978)19 ont étudié les différents modèles d’attachement dans une
expérience avec des enfants de 1 ans et 1an et demi. Ils ont observé leurs réactions à des
courtes séparations d’avec la mère (3mn), la manière de se comporter avec une étrangère, et la
manière dont ils accueillent la mère à son retour. Ils ont trouvé trois modèles typiques de
comportements dans ces situations :
19Ainsworth, M. D. S., Blehar, M. C., & Waters, E. (1978). Wall. s.(1978). Patterns of attachment: A
psychological study of the strange situation.
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AMMAR Mohamed PSYCHOLOGIE DE L’ENFANT
- Un 1èr groupe d’enfants qui montrent des signes de chagrin lorsque la mère quitte la
pièce. Ils interrompent le jeu et, dans certains cas la recherchent activement. Ils ne se laissent
consoler par l’étrangère, que de mauvaise grâce, mais se laissent parfois persuader de
reprendre leur jeu. Lorsque la mère revient, ils l’accueillent avec joie, recherchent la
proximité et le contact corporel et recommencent à jouer peu de temps après. Ces enfants ont
un attachement sécurisant.
- Un 2ème groupe d’enfants ignore le départ de la mère. Ils poursuivent leur jeu comme
si rien ne s’était passé et ils jouent avec l’étrangère parfois avec plus de vivacité qu’avec la
mère. Le retour de la mère est aussi ignoré. Les enfants évitent le contact avec le regard, ne
l’accueillent pas ou bien seulement vaguement et recherchent à peine sa proximité. Ils
agissent tranquillement, mais les mesures physiologiques montrent qu’ils subissent un fort
stress. Ce sont les enfants ayant un attachement angoissé évitant.
D'autres recherches ont montré que les schèmes d'attachement, une fois mis au point,
ont tendance à persister ultérieurement. Ainsi un enfant ayant un attachement sécurisant a plus
d’interaction avec sa mère sur le mode de la coopération , il est plus ouvert aux nouveaux
contacts avec les adultes et les enfants ; il a un comportement social plus adéquat à la
maternelle et à l’école, plus de fantaisie et d’affects positifs dans les jeux libres, des périodes
d’attention plus grande et plus longue ainsi qu’un sentiment plus élevé de confiance en soi. Il
est aussi moins exigeant qu'un enfant angoissé. L'enfant "angoissé ambivalent" a facilement
tendance à pleurnicher et à s'accrocher : il a une faible estime de soi et manque d’initiative. En
revanche, l'enfant "angoissé évitant" préfère la solitude et a tendance à agresser les autres
enfants : il est souvent hostile et antisocial.
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AMMAR Mohamed PSYCHOLOGIE DE L’ENFANT
Il existe actuellement un large consensus entre les chercheurs pour considérer que le
fait de placer un enfant en garderie après l'âge de 18 mois n'influe pas sur la qualité de
l'attachement à ses parents. Le désaccord concerne les enfants qui sont placés en crèche avant
l’âge de 18 mois. Alors que pour certains chercheurs il n'y a pas d'effet apparent, d'autres
chercheurs ont trouvé un effet néfaste : les enfants placés en crçche avant l'âge d'un an
couraient un risque d'être faiblement attaché. Mais dans une étude récente (Clarke-Stewart,
1990), il a été démonté que 36% des enfants qui passent plus de 20 heures par semaine en
garderie sont faiblement attachés, comparativement aux enfants qui restent à la maison ou qui
passent moins de 20 heures par semaine en crèche. Par ailleurs, d'autres chercheurs pensent
que la qualité de l'attachement dépend étroitement de la qualité des services offerts par la
crèches : meilleur est le service, meilleur sera le développement affectif de l'enfant.
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AMMAR Mohamed PSYCHOLOGIE DE L’ENFANT
Bowlby J. (2014). Amour et rupture : Les destins du lien affectif (Trad., The making and
breaking of affectional bonds, 1979). Paris, Albin Michel.
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AMMAR Mohamed PSYCHOLOGIE DE L’ENFANT
Chapitre V.
LE DEVELOPPEMENT SOCIAL
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AMMAR Mohamed PSYCHOLOGIE DE L’ENFANT
qui entourent l’enfant au cours de la socialisation ainsi que leurs comportements envers les
autres affecteront le processus de socialisation de l’enfant.
La famille élargie : ou on trouve plusieurs degrés de parenté tels les ascendants (grand-père
et/ou grand père) et les alliés ascendants (beau(x)-père(s) et/ou belle(s)-mère(s), grand-
oncle(s) et/ou grand-tante(s), cousin(e), etc.
Au-delà du concept de famille, la notion importante de parenté particularise les liens
sociaux entretenus entre personnes de même sang, ou réunies par alliance ou par adoption.
Mère, père, sœur, frère, tante oncle cousine belle-mère, beau-père sont autant de référents
sociaux basés sur les liens de parenté. Si l’on valorise la famille nombreuse offrant à l’enfant
des contacts soutenus avec ses parents et grands-parents qui assurent la continuité dans les
valeurs sociales ; alors la famille contemporaine est décevante, elle, qui rétrécie, ne compte
plus que quelques membres avec des parents qui travaillent à l’extérieur du foyer et confient
leurs enfants à des étrangers, en garderie.
En revanche, si l’on estime que la famille contemporaine est plus souple et plus généreuse
moins autocratique, moins contraignante que l’autre, dite « traditionnelle », et qu’elle sert
mieux l’épanouissement des personnes alors ne regrettons pas l’époque de nos grands-parents.
Mais ce débat intéressant ne peut retenir notre attentions, et la définition de la famille que
nous adapterons est directement centrée sur notre premier sujet d’intér^t : l’enfant.
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AMMAR Mohamed PSYCHOLOGIE DE L’ENFANT
« Pour le meilleur et pour le pire, chacun de nous transporte en soi sa famille originelle, en
tant qu’ingrédient, en tant que constituant de son organisation comportemental, tantôt au
contraire une force et une richesse » (Osterrieth, 1970, p. 152)20.
Sur le plan biologique, la famille engendre l’enfant, elle détermine ses caractéristiques
physiques (apparence et physiologie) et assure la satisfaction de ses besoins vitaux ou
fondamentaux : nourriture, hygiène et protection (vêtements, habitation, sécurité, etc.).
Socialement enfin, la famille est un système en évolution qui repose sur la dynamique
des relations conjugale, parentale, fraternelle, qu’il renferme. Chacune de ces relations influe
sur les autres : le climat qui prévaut entre les conjoints (relations conjugales) influent sur les
rapports entre les parents et les enfants (relations parentale), les interactions entre les enfants
sont aussi modulées par celles qui existent avec et entre les parents. Selon sa structure
familiale, la qualité de ces liens et de ces rôles, les modèles sociaux qu’elle présente à
l’enfant, son réseau de relations extérieur, chaque famille au jeune un environnement unique.
Les ressources économiques dont elle dispose pour supporter le développement du jeune
peuvent influer sur la future position sociale de ce dernier. La famille conditionne directement
l’inscription sociale de l’enfant. En effet, les ressources humaines et matérielles de soutien
que la famille met à la disposition de l’enfant, notamment en matière de scolarité et de
patrimoine hérité conditionnenet sont statut socio-économique ultérieur. Fournir des modèles
sociaux, inscrire l’enfant dans un réseau de relationbs sociales, soutenir matériellement son
développement social (école, amis, loisirs, etc.) figurent donc parmi les fonctions sociales que
la famille assure auprès de l’enfant.
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AMMAR Mohamed PSYCHOLOGIE DE L’ENFANT
Sur le plan des pratiques éducatives, les parents dans les familles défavorisés ont tendance
à être plus autoritaires et coercitifs avec leurs enfants. Les mères exercent plus de contrôle,
sont plus restrictives et souvent portées à blâmer leurs enfants. Elles leurs parlent moins et
s’intéressent moins à leurs productions verbales. Ces derniers ont d’ailleurs une production
langagière moins importante, comparativement à ce que l’on observe dans les familles à
niveau socio-économique élevé.
Les parents constituent des modèles puissants pour leur progéniture qui les observe et
s’identifie à eux. Les parents possèdent leur théorie de la réussite, c.-à-d. que,
consciemment ou inconsciemment, ils se comportent selon certains valeurs, soutiennent
certains projets et en ignorent d’autres chez leurs enfants.
Depuis longtemps, les psychologues qui s'intéressent aux relations entre parents et
enfants ont identifié divers modèles parentaux. Diana Baumrind21 a classé les modèles
éducatifs des parents et a étudié les effets de chacun de ces modèles sur le développement
ultérieur de l’enfant.
21 Baurmind, D. (1991) Parenting style and adolescent developpment. In R. Lerner, A. Petersen & J. Brooks-
Gunn (Eds). The encyclopedia on Adolescence. New York : Garland.
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AMMAR Mohamed PSYCHOLOGIE DE L’ENFANT
Démocratique : Dans ce modèle, l'exercice de l'autorité est assurée de façon ferme mais
dans un climat de chaleur et d'affection. L'autorité des parents tente de diriger les activités
de l'enfant, mais d'une façon rationnelle, axée sur la méthode. Il encourage l'échange
verbal, explique à l'enfant le raisonnement qui sous-entend ses règles et ses valeurs.
Lorsque l'enfant refuse de se conformer à ses exigences, il lui demande d'en expliquer les
raisons. L'autodiscipline et la volonté de conformité aux règles sont évaluées. Par
conséquent, elle exerce un contrôle ferme sur les points de divergence parent-enfant, sans
se limiter à l'emploi de contraintes (punitions). Il applique son propre point de vue comme
un adulte, mais il reconnaît les intérêts individuels et les buts de l'enfant. L'autorité
parentale affirme les qualités de l'enfant, mais établit aussi les normes de conduite future.
Elle se sert de la raison, du pouvoir, et de l'élaboration puis du renforcement de règles de
conduites pour atteindre ses objectifs, et ne fonde pas ses décisions sur le consensus ou les
désirs de l'enfant. Cette autorité parentale ne se considère pas elle-même comme
infaillible, ou d'inspiration divine.
Permissif : les parents permissifs sont fortement attachés à leurs enfants, mais exercent
peu de contrôle. Ils évitent les sources de confrontation pénibles et laissent place à la
négociation. Ils se comportent avec indulgence et laxisme, cédant facilement aux caprices
et acceptant les mouvements d'humeur de l'enfant. Ils consultent l'enfant pour définir la
politique familiale et explique ses règles familiales. Ils insistent peu pour que l'enfant soit
propre, ordonné et obéissant. Ils se présentent à l'enfant comme une ressource que l'enfant
peut utiliser comme il le veut, mais pas comme un idéal à imiter, ni comme une personne
responsable construisant le comportement et la future personnalité de l'enfant. Ils
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AMMAR Mohamed PSYCHOLOGIE DE L’ENFANT
permettent à l'enfant à réguler ses propres activités, mais sans exercer de contrôle, ils ne
l'encouragent pas à obéir en dehors des normes définies. Ils tentent d'utiliser la raison et la
manipulation, mais pas ouvertement le pouvoir pour l'accomplissement de sa fin.
Désengagé : style d’éducation décrit par Maccoby et Martin en 1983, caractérisé par
l’indifférence et par l’absence de soutien adéquat pour l’enfant. Cette indifférence peut
être due à la carrière, la drogue, ou le narcissisme.
1.3.3.2. Les effets du modèle sur le développement ultérieur de la personnalité de l’enfant
Les recherches ont pu démonter que lorsqu’ils atteignent l’âge de l’adolescence, les
enfants qui ont vécu dans le modèle démocratique :
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AMMAR Mohamed PSYCHOLOGIE DE L’ENFANT
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AMMAR Mohamed PSYCHOLOGIE DE L’ENFANT
Si la famille joue un rôle prépondérant dans la socialisation de l’enfant, elle n’en n’est pas
le seul agent. Les pairs peuvent constituer une source importante d’influence sociale. Le
groupe de pairs peut être défini comme le groupe de personnes qui sont semblables dans l'âge
et la classe sociale. Les pairs sont les amis, les groupes spontanés ainsi que les groupes
scolaires. En se joignant aux groupes de pairs, les enfants commencent à se détacher de
l'autorité que leur a imposée la famille et commencent à faire leurs propres choix. Les pairs
jouent un rôle important sur le processus primaire de socialisation, car ils ont une influence
sur la pensée et les comportements de l’individu.
D’un point de vue éthologique, les chercheurs considèrent que les interactions de l’enfant avec les
pairs constituent des schèmes de nature biologique qu’on retrouve chez les animaux. Ils soutiennent
que de tels schèmes se perpétuent chez l’espèce humaine en raison de leur utilité pour la survie de
l’espèce et de leur efficacité en tant qu’outils d’adaptation sociale à l’âge adulte.
En psychologie, les chercheurs admettent que les rapports avec les pairs permettent à
l’enfant d’explorer diverses réalités sociales, d’acquérir des concepts utiles à sa
compréhension du monde social complexe auquel il aura à s’adapter. A travers ces
interactions, l’enfant apprend différentes facettes des rapports humains qui contribuent à son
adaptation sociale ultérieure.
Les chercheurs ont identifié trois mécanismes sous-jacents à l’influence des pairs :
Dés l’âge préscolaire, les enfants tendent à répéter les comportements approuvés par
leurs pairs et à inhiber ceux qui sont désapprouvés. Un enfant qui n’agira pas ainsi connaitra
assez rapidement des problèmes d’acceptation sociale.
2.1.2. La modélisation :
Les pairs servent de modèles, car l’observation des autres permet aux enfants
d’acquérir plusieurs comportements nouveaux. De plus, les enfants observent aussi les
contextes dans lesquels les pairs manifestent leurs comportements et les conséquences qui en
résultent. Il semble que les modèles les plus puissants soient les pairs que l’enfant perçoit
comme semblables à lui, donc relativement de même sexe et de même âge, et des pairs qui
79
AMMAR Mohamed PSYCHOLOGIE DE L’ENFANT
sont plutôt dominants dans le groupe que de faible statut social. L’imitation entre les pairs
remplie plusieurs fonctions :
- l’imitation des caractéristiques et des traits de l’autre est une façon de « faire
comme » l’autre afin de mieux se séparer de lui, pour s’affirmer soi-même. L’enfant se
confirme en se différenciant de l’autre.
Les pairs constituent des points de référence déterminant pour l’enfant. Pour une
bonne part celui-ci élabore son image de lui-même en se comparant aux autres. En comparant
ce qu’il réussit avec ce que les autres réussissent, et ils se créent une représentation de ses
capacités. Ce processus d’auto-évaluations » élaborera tout au cours de l’enfance pour devenir
un outil puissant de compréhension social.
A partir du 6ème mois, apparaissent les premiers comportements sociaux. Chaque bébé
cherche à faire la connaissance avec ses petits voisins : placés ensemble, les enfants se
recherchent, s’étreignent, s’accrochent, sans paraître d’abord s’en rendre compte. On a
observé que les bébés échangent des signaux sociaux tels que les vocalisations à tour de rôle.
Mais les séquences sont très courtes puisqu'un bébé émet un son, l'autre y répond puis cela
s'arrète.
80
AMMAR Mohamed PSYCHOLOGIE DE L’ENFANT
Vers 9 mois, apparaît la jalousie : l’enfant crie, pleure… quand une grande personne
s’occupe d’un autre enfant. Les premiers conflits au sujet d’objets naissent au cours de cette
période.
Vers 1 an, les enfants peuvent se mimer l'un l'autre, agir à tour de rôle sur un jouet,
synchroniser des mouvements, jouer à se poursuivre, etc.
A 18 mois, l’enfant ne pleure pas avec l’autre mais essaie de le consoler : il éprouve de
la compassion, le désir d’aider et de soulager. La sympathie devient possible, l’enfant faisant
la différence entre soi et autrui.
A 2 ans, les enfants apprennent à changer de rôle, par exemple l'un pourra jouer à
poursuivre l'autre puis changer pour être poursuivi à son tour. Lorsqu'ils sont accompagnés de
leurs mères, les bébés affichent une préférence pour l'interaction avec leurs pairs plutôt
qu'avec leurs mères. Cependant, ces deux types d'interaction se distinguent entre elles : les
bébés interagissent surtout par le regard et les vocalisations avec un pair et davantage par le
toucher avec leur mère.
Les observations des comportements des enfants de moins de 3 ans gardés dans les
crèches ont démontré l’existence de règles hiérarchiques lors des interactions entre les pairs.
On trouve des enfants dominants par rapport à d’autres et les affrontements sont moins
fréquents lorsque la hiérarchie est connue par tous. Quand chacun connait sa place dans la
hiérarchie et qu’un conflit survient, l’enfant qui occupe un rang plus élevé dans la hiérarchie
peut signifier à l’autre, verbalement ou par des expressions faciales qui serait le vainqueur en
cas de bagarre. L’autre enfant le reconnaitra vraisemblablement et agira de façon à éviter que
le conflit dégénère en une bagarre fâcheuse.
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AMMAR Mohamed PSYCHOLOGIE DE L’ENFANT
mère. C’est l’âge d’une ambivalence qui s’exprime par des manifestations d’opposition
systématique alternant avec des manifestations d’attachement passionné. Par cette attitude,
l’enfant exprime la conquête de son autonomie en s’affirmant en face du monde environnant.
Entre 3 et 5 ans, l'enfant devient capable de faire l'expérience d'un rapport continu et
intense avec un ou plusieurs autres enfants. Cette expérience sociale peut avoir lieu à la rue, à
la maison, avec ses frères, sœurs et cousins, ou en Jardin d'Enfants. Une fois entré dans le
groupe, l'enfant doit trouver sa place en apprenant non seulement à collaborer ou à se
défendre, mais aussi à s'exprimer à travers différentes activités parmi lesquelles le jeu est la
plus adaptée de ses émotions et à l'organisation de ses connaissances.
A cette période, l’enfant désire être avec les autres, il s’intéresse à ce que font les
autres, mais son comportement est encore présocial. Il y a à cet âge besoin de compagnie
mais l’égocentrisme et l’instabilité de caractère constituent encore des entraves au
développement de la coopération. Les enfants d’âge préscolaire choisissent des amitiés
accessibles pour partager leur jeu. Centrées sur le jeu satisfaisant, ces amitiés pourront se
transférer assez facilement à un autre pair capable d’assumer le rôle de partenaire de jeu avec
succès ; c’est l’activité qui prime.
Les rapprochements entre les pairs naissent d’abord dans le conflit. La première prise
de contact consiste en bataille qui cessent aussi brusquement qu’elles ont commencé : les
enfants se poussent, se tirent, se bousculent, puis esquissent des tentatives de relations
pacifiques. Le tests sociométriques22 révèlent :
- des cas isolés fréquents (enfants qui préfèrent des activités solitaires)
Les motivations sont égocentriques (un enfant choisit un autre parce qu’il répond à ces
propres besoins) et ont un caractère esthétique (un enfant en choisit un autre parce qu’il est
beau).
22 Sociométrie : méthode de repérage et de mesure des statuts et des rapports affectifs au sein d’un groupe
restreint, à des fins d’investigation ou d’intervention. Par ex., on demande à un enfant de classer des
photographies des enfants de sa classe selon l’amitié partagée.
82
AMMAR Mohamed PSYCHOLOGIE DE L’ENFANT
Les conduites d’imitation sont très fréquentes à cette période et jouent un rôle très
important dans le développement de la personnalité de l’enfant. Si les enfants imitent autant
les adultes que leurs pairs, ce n’est pas pour les mêmes comportements-cibles : les adultes
sont imités pour les conduites liées à la discipline alors que ce sont les jeux des autres enfants
qui intéressent les jeunes imitateurs, en particulier, les jeux de fiction.
Dans la description des interactions entre les pairs, certains chercheurs (ont distingué
deux types de comportements : affiliatifs23 et « agonistiques24 ». Les comportements
affiliatifs se répartissent en trois catégories :
Les comportements de type agonistiques sont des comportements qui comportent des
gestes agressifs ou conflictuelles tels que les accrochages ou les menaces. Strayer et al. (1983)
ont étudié la structure des relations agonistiques dans des groupes d’enfants à l’âge
préscolaire. Ils ont montré l’existence d’une « asymétrie dyadique », c.-à-d. des relations entre
des couples d’enfants qui ne sont pas d’égal à égal, mais de dominance. Un enfant dominant
est celui qui est capable de restreindre l’activité d’un de ses pairs. En outre, si un enfant A
domine un enfant B qui domine lui-même un enfant C, l’enfant A domine l’enfant C. Un
niveau « transitif linéaire » est ici désigné. Ainsi les conduites agonistiques s’organisent de
façon à mettre en pace une structure hiérarchique. Celle-ci étant au fil du développement de
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AMMAR Mohamed PSYCHOLOGIE DE L’ENFANT
plus en plus stable. Elle permet la résolution plus rapide des conflits d’où, d’après les
chercheurs, la diminution des conflits constatée au fur et à mesure que l’enfant grandit.
A l'âge préscolaire, les enfants affichent des différences individuelles dans les styles
d'interaction sociale, Certains sont plus présents dans le groupe que d'autres qui semblent
préférer les activités solitaires.
Pendant cette période, l’enfant n'est plus seulement influencé par les parents, mais
également par les enseignants et les camarades de classe, qui deviennent eux aussi acteurs à
part entière du cycle d'acquisition.
Entre 6 et 11-12 ans, apparaît un souci plus marqué de se faire accepter de l’autre en
tant que personne et de respecter les normes du groupe, d’éviter de provoquer le rejet des
autres. La cognition sociale devient donc beaucoup plus présente dans le processus de
sélection des personnes et des comportements.
Au cours de cette période, les commentaires négatives sur les autres font leur
apparition et deviennent parfois l’objet d’une activité solidaire entre amis à l’égard d’autres
pairs. Les jeunes se disent ou s’écrivent des remarques dévalorisant envers d’autres pairs de
leur entourage. Ce type d’activité servirait à établir des normes de conduite dans le groupe ou
encore à canaliser des sentiments agressifs à l’égard de certains pairs afin de nouer des liens
de solidarité entre ce qui les partagent.
A cette période, l’image que l’enfant se fait de lui-même sera fortement influencée par
la façon dont il est perçu par ses pairs. Un processus constant de comparaison de soi avec les
autres contribuera à façonner une image de soi de plus en plus différencié. L’enfant se rend
compte que certains sont plus forts en mathématiques, d’autres plus faibles en français,
d’autres plus forts en sport, ou issus d’une famille plus pauvre. A cette époque, l’enfant
réussit à différencier les caractéristiques personnelles de ses pairs, et il prend conscience que
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AMMAR Mohamed PSYCHOLOGIE DE L’ENFANT
des règles différentes régissent les divers contextes sociaux (classe, rue, famille, groupe de jeu
spontané, etc.).
2.3. L’AMITIE
On peut définir l’amitié à cet âge comme « une relation affective positive réciproque et
choisie qui lie durablement deux individus ». Parmi les méthodes qui nous permettent de
détecter les couples d’amis, on peut utiliser l’observation directe des comportements. Le
nombre important d’échange caractérise d’abord le couple d’amis par rapport aux non-amis :
c’est entre amis que l’on interagit davantage au niveau affectif (rires, sourire) et au niveau
verbal. La durée moyenne des regards échangés est également plus longue.
25 La clique est un groupe de 5 à 6 enafnts de même sexe qui émanent d’un grand groupe instituitionnel (école,
association sportive).
26 Une bande est un groupe qui s’est formé spontanément sur la base de la confiance réciproque. Contrairement à
la clique, la bande est un grand groupe mixte dans lequel des relations de couples peuvent être observées.
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AMMAR Mohamed PSYCHOLOGIE DE L’ENFANT
les échanges réciproques, le jeu spontané, la coopération dans la résolution de problèmes sont
autant de comportements qui apparaissent beaucoup plus fréquemment entre des enfants qui
se connaissent qu’entre les pairs qui ne se connaissent pas. Les enfants qui se connaissent déjà
ajusteraient plus facilement leur interaction à leur spécificités mutuelles serait plus confiants
dans leurs explorations sociale (moins timides ou maladroit).
Les chercheurs ont trouvé que les enfants entrant en 1ère année de primaire en même
temps qu’un groupe de pairs qu’ils ont bien connus en Jardin d’Enfants aiment mieux l’école
et se comportent avec moins d’anxiété que leurs pairs qui ne connaissent pas beaucoup
d’élèves. L’acceptation par les pairs et la popularité constituent certainement des déterminants
importants dans l’établissement de liens d’amitié.
Mais la relation qui caractérise le lien privilégié entre deux enfants ne s’établit pas de
la même façon et ne correspond pas aux mêmes attentes selon l’âge :
- Avant 6 ans, l’amitié est liée à la quantité des échanges. L’enfant attend de l’ami
qu’il interagisse, même de façon négative, excepté par des agressions. Les couples d’amis
veillent à établir une communication efficace, c.-à-d. qu’ils répondent aux initiatives sociales
de leurs partenaires.
Vers 6 ans, l’amitié est déterminée par des relations de dominance. Le dominant étant
le leader. Des questionnaires et des entretiens ont mis en évidence que les intérêts des amis
sont très proches, de même que la perception de leur ressemblance. Les couples d’amis
partagent également des attentes en termes d’activités communes. L’amitié est souvent
dominée par un esprit prophylactique : l’ami est celui qui me rends des services et qui répond
à mes besoins.
- Vers 8-9 ans, l’amitié est déterminée par des relations égalitaires et loyales. L’amitié
prend un sens à deux voies : comme mon ami m’a rendu un service, je dois en contre partie
lui rendre également un service. Les couples d’amis comportent des enfants qui commencent
à avoir une conscience réciproque de la relation entre eux, de même que leurs possibles
différences. Mais jusqu’à cet âge, les amitiés se nouent et se dénouent très rapidement.
L’amitié n’est pas encore perçue comme une relation stable qui nécessite la confiance
mutuelle et qui inspire de la sécurité.
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AMMAR Mohamed PSYCHOLOGIE DE L’ENFANT
Cloutier, R., Gosselin, P. & Tap, P. (2005). Psychologie de l’enfant. 2ème édition. Montréal :
Gaëtan Morin.
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AMMAR Mohamed PSYCHOLOGIE DE L’ENFANT
Chapitre VI-
LE DEVELOPPEMENT MORAL
Les deux chercheurs de référence qui ont étudié le développement moral sont Piaget et
Kohlberg.
28Dans les premières années de vie, il n'existe pas conscience une morale dans le sens
d'une véritable organisation intérieure des règles et des normes sociales. A cet âge, l'enfant est
anomique. Il possède plutôt de sentiments moraux tels que l'empathie3 .
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AMMAR Mohamed PSYCHOLOGIE DE L’ENFANT
L'égocentrisme, décrit par Piaget comme étant une incapacité à évaluer une situation à
partir des différents points de vue, se traduit en jugement moral hétéronome : les règles, les
normes et les valeurs sociales sont alors perçues comme intangibles et établies une fois pour
toute. Lorsqu'on les interroge, les enfants de 4-5 ans sont capables d'exprimer un jugement sur
l'attitude à adopter par rapport à un autre enfant qui désobéit, ment, commet des vols de peu
d'importance, etc. Ainsi que Piaget a pu le constater, les enfants de cet âge sont des juges
sévères : la punition est considérée la meilleure méthode éducative. Le concept de sanction est
dominé par le principe d'expiation (la punition doit être la plus sévère possible et ne doit pas
obligatoirement correspondre à la réelle importance du dommage). Le fait de se mettre du
coté de la justice la plus sévère prouve la tendance infantile à vivre la loi comme externe,
sacrée, inviolable. Ce comportement hétéronome a pour cause l'irréversibilité de la pensée,
c'est-à-dire l'incapacité intellectuelle de percevoir les nuances caractérisant des situations
semblables, mais non identiques.
29 Le mot « hétéronome » est un mot composé qui vient du grec : le préfixe hétéro désigne « de l’extérieur » et
nomos « loi ». C’est celui qui reçoit les lois du dehors, au lieu de la tirer de soi-même.
30 Le mot « autonome » vient du grec : auto et nomos. C’est celui qui se régit par ses propres lois. Qui
s’administre lui-même.
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AMMAR Mohamed PSYCHOLOGIE DE L’ENFANT
Le chercheur américain Lawrence Kohlberg (1981)4 s’est appuyé sur les travaux de
Piaget pour étudier le développement du raisonnement moral. Pour déterminer le stade
maximal de développement moral atteint par un enfant, Kohlberg pose des dilemmes31
moraux, dont le but est d'amener le sujet à son maximum de réflexion éthique. Voici le plus
célèbre de ces dilemmes, le dilemme de Heinz :
« La femme de Heinz est très malade. Elle peut mourir d’un instant à l’autre si elle ne prend
pas un médicament X. Celui-ci est hors de prix et Heinz ne peut le payer. Il se rend
néanmoins chez le pharmacien et lui demande le médicament, ne fût-ce qu’à crédit. Le
pharmacien refuse. Que devrait faire Heinz ? Laisser mourir sa femme ou voler le
médicament ? »
- Le niveau pré-conventionnel
- Le niveau conventionnel
- Le niveau post-conventionnel
2.1. LE NIVEAU PRE-CONVENTIONNEL
Ce niveau de raisonnement moral est particulièrement fréquent chez les enfants, mais il
peut se présenter chez les adultes. A ce niveau, la morale d’une action est jugée à partir de ses
conséquences directes. L’enfant du niveau pré-conventionnel n’a pas encore adopté ou
intériorisé les conventions sociales à propos du juste et de l’injuste. Ce niveau se caractérise
par l’égocentrisme, c'est-à-dire que l'enfant ne se soucie que de son intérêt propre, les règles
lui sont extérieures et l'enfant ne les perçoit qu'à travers la punition et la récompense.
4 Kohlberg, L. (1981). The philosophy of moral : Developmental stages and the idea of justice. San Francisco :
Harper and Row.
31 Dilemme معضلةou double proposition le dilemme exprime la situation où se trouve un agent lorsqu'il doit faire
A et B mais ne peut faire à la fois A et B, ce qui le contraint donc à choisir entre l'un ou l'autre: quel que soit son
choix, il n'aura pas rempli l'une de ses deux obligations. Platon, dans le cadre d'une discussion sur la définition
de la justice, au livre I de La République , demande s'il faut rendre une arme qui a été prêtée à son propriétaire, si
celui-ci est devenu fou
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AMMAR Mohamed PSYCHOLOGIE DE L’ENFANT
Les enfants centrent leur attention sur les conséquences directes de leurs actions. Par
exemple, une action est perçue comme moralement injuste parce que celui qui la commit a été
puni. Plus la punition de l’acte est dure, plus la perception de l’acte est injuste. Ceci peut
conduire à considérer que même les victimes sont coupables proportionnellement à leur
souffrance. C’est un raisonnement moral qui est égocentrique c.-à-d. il ne reconnait pas que
les autres points de vue son différents de la sienne. L'enfant adapte son comportement pour
fuir les punitions. Les normes morales ne sont pas intégrées.
« Heinz doit voler car sa femme l'aimera d'autant plus par la suite » ou
« Heinz ne doit pas voler car c'est bien pire d'être envoyé en prison par le juge que d'être
détesté par sa femme ».
2.2. LE NIVEAU CONVENTIONNEL
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AMMAR Mohamed PSYCHOLOGIE DE L’ENFANT
La majorité des personnes actives de la société restent au quatrième stade, dans lequel la
morale est encore dictée de manière dominante par une force extérieure.
L'adolescence et l'âge adulte sont par contre caractérisés par le troisième niveau dit post-
conventionnel, où les lois sont considérées comme des contrats sociaux (stade 5), pouvant être
modifiée si leur utilité n'est pas démontrée. C'est une attitude morale concrète qui, par la suite,
devient abstraite quand l'individu parvient à raisonner selon des principes universels (stade
6). L'individu fonde son jugement moral sur sa propre évaluation des valeurs morales. Il est
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AMMAR Mohamed PSYCHOLOGIE DE L’ENFANT
prêt à enfreindre une loi s'il juge celle-ci mauvaise ou à l'inverse est prêt à condamner
moralement certaines activités et à se les interdire alors même que la loi les autorise. Un
certain nombre d'individus n'atteignent pas ces stades. C'est un raisonnement typique du stade
conventionnel, on pense ne pas être en tort moral dès lors que l'on respecte la loi. L'individu
est incapable de former son propre jugement.
L'individu se sent engagé vis-à-vis de ses proches. Il se soucie de leur bien-être et agit
pour concilier ses intérêts aux leurs.
« Heinz doit voler le médicament parce que chacun a le droit de vivre, sans se soucier
de la loi ». ou
« Heinz ne doit pas voler le médicament parce que le cet homme de science a droit à
la récompense. Même si sa femme est malade, cela ne justifie son action »
Le jugement moral se fonde sur des valeurs morales à portée universelle et est adopté
personnellement par le sujet à la suite d'une réflexion éthique (égalité des droits, courage,
honnêteté, respect du consentement, non-violence, etc.). Ces valeurs morales que se donne le
sujet priment sur le respect des lois. Ainsi, la personne est prête à défendre un jugement moral
minoritaire. Elle est capable de juger bonne une action illicite ou au contraire de juger
mauvaise une action licite.
Heinz doit voler le médicament parce que sauver une vie humaine est une valeur plus
fondamentale que le droit de propriété.
Ou Heinz ne doit pas voler le médicament, parce que les autres pourraient avoir
besoin de ce médicament pour la même raison que moi, et la vie des autres est aussi
importante.
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AMMAR Mohamed PSYCHOLOGIE DE L’ENFANT
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AMMAR Mohamed PSYCHOLOGIE DE L’ENFANT
Chapitre VII
Il est clair que le jeu constitue l’activité préférée de tous les enfants. C’est le symbole
même de l’enfance car il domine la majorité de leurs temps et de leurs occupations.
Alors c’est quoi le jeu ? quel est son pouvoir mystérieux de cette activité pour attirer tous
les enfants sans exception ? Est-ce que l’enfant tire un intérêt à quand il joue ? Comment
évolue cette activité chez l’enfant et quel intérêt cela représente pour l’enseignant ?
Dans la plupart des définitions du jeu, ce concept est assimilé à ceux de divertissement et
d’amusement. De ce fait, on évoque la théorie pascalienne du divertissement qui permet à
l’homme d’éviter l’ennui en se « pipant soi-même », c’est-à-dire en s’illusionnant sur une
sorte de liberté qu’il croit ainsi acquérir par rapport à ses propres déterminations. Et l’on met
d’autre part en évidence le lien entre l’activité ludique et les distractions joyeuses, dont celles
des enfants sont l’image la plus manifeste.
On peut définir le jeu comme une activité de loisirs d'ordre physique ou bien mental,
soumise à des règles conventionnelles, à laquelle on s'adonne pour se divertir, tirer du plaisir
et de l'amusement.
Pour H. Wallon32 (2002, p. 75), le jeu recouvre toute l’activité de l’enfant tant qu’elle
reste spontanée et « ne reçoit pas ses objets des disciplines éducatives ». Le jeu est libre,
l’enfant y reproduit des conduites déjà intégrées mais il explore aussi des conduites nouvelles.
Wallon considère différents mouvements dialectiques dans le jeu :
- dialectique entre la liberté et la contrainte : si le jeu est libre, il intègre néanmoins la
contrainte liée à la règle du jeu. Lorsque la règle devient trop contraignante pour
l’enfant, le jeu initial prend une autre forme via l’utilisation de la tricherie. En utilisant
celle-ci, l’enfant transgresse la règle, en annule l’effet contraignant et réintroduit le jeu
;
32 L'Évolution psychologique de l'enfant, A. Colin, Paris, 1941, rééd. 2002, Ed.: Armand Colin
95
AMMAR Mohamed PSYCHOLOGIE DE L’ENFANT
- dialectique entre la gratuité et le désir de gagner : si le jeu est, par essence, gratuit, il
n’est reste pas moins que l’enfant a envie de gagner, même si cette victoire est
éphémère et plus souvent liée au hasard qu’aux aptitudes réelles ;
- dialectique entre la fiction et la réalité : la fiction fait naturellement partie du jeu
puisqu’elle s’oppose à la réalité. Progressivement avec l’âge, il va exiger de plus en
plus de ressemblance entre les symboles et la réalité ; dans ses jeux, il ne cesse
d’alterner et de transposer des éléments de fiction et d’observation de la réalité ;
- dialectique des relations interpersonnelles : l’importance des relations
interpersonnelles et des conflits qui les jalonnent est une constante de la pensée de
Wallon. Pour lui, le sujet se forme et se développe à travers l’intersubjectivité. Ainsi,
dans les jeux de fiction où l’identification joue un très grand rôle, cette dernière est
accompagnée de sentiments ambivalents : s’identifier c’est, en effet, à la fois
reconnaître au modèle une valeur prestigieuse mais c’est en même temps se substituer
à lui en prenant sa place.
Roger Caillois33 , quant à lui, fait du jeu une « occupation séparée, soigneusement isolée
du reste de l’existence ». Le jeu est une activité qui doit être libre, séparée, incertaine, fictive
et réglée:
C’est une activité à laquelle le joueur ne saurait être obligé sans que le jeu perde aussitôt
sa nature de divertissement attirant et joyeux Elle doit être choisie pour conserver son
caractère ludique. Le jeu est un comportement complexe étant davantage associé à une
motivation intrinsèque plutôt qu’extrinsèque ; est habituellement spontané et plaisant. Le jeu
est considéré comme expression de la liberté. Elle est dirigée par le joueur lui-même et
implique un engagement actif non obligatoire. Le dépassement de soi (réel ou symbolique)
constitue la principale motivation du joueur. Elle constitue aussi son exploit. Le dépassement
de soi vient du plaisir d'accomplir une tâche physique ou intellectuelle qui semble à la limite
de ses propres possibilités. La notion de défi.
Elle est circonscrite dans les limites d'espace et de temps. Il faut rapprocher cette
dimension d'une remarque de Johan Huizinga34: comme le sacré, le jeu ne vaut qu'à
96
AMMAR Mohamed PSYCHOLOGIE DE L’ENFANT
Dans le jeu, l'issue n'est pas connue à l'avance. Un jeu ne remplit son objet que dans la
mesure où il recèle une part suffisante d'imprévisibilité pour le joueur. Pour assurer cette
imprévisibilité, le hasard est une composante importante de beaucoup de jeux. C'est alors une
composante admise, voire recherchée (jeux de dés, ballon ovale susceptible de rebondir de
façon imprévisible). Parallèlement, un hasard trop grand empêche de faire reconnaître la
valeur technique des joueurs. Le hasard sera alors combattu par des règles très strictes et
déterministes : jeu d'échecs, dames, football.
Né selon Schiller35, au même titre que l'art, d'une surabondance d'énergie vitale par
rapport aux besoins, d'une pulsion de jeu (dans l'allemand de Schiller, Spieltrieb), le jeu est
donc avant tout occasion de dépense pure. L'activité déployée par le joueur est
fondamentalement superflue. Certes, cela ne semble pas tenir compte des jeux d'argents. Mais
ceux-ci ne produisent globalement rien, tout au plus enrichissent-ils certains joueurs aux
dépens des autres, remarque Caillois. En ce sens, il n'y a de jeux à proprement parler qu'à
somme nulle. Le gain n'est pas un salaire, note Johan Huizinga. Le salaire octroyé à un joueur
le transforme ipso facto en un professionnel. Le jeu « est condamné à ne rien fonder ni
produire, car il est dans son essence d'annuler ses résultats » souligne Roger Caillois.
34 Johan Huizinga, Homo ludens : essai sur la fonction sociale du jeu, Gallimard, 1951 (traduit du
néerlandais : Homo ludens, proeve eener bepaling van het spel-element der cultuur, 1938).
35 Johann Christoph Friedrich von Schiller (1759- 1805) est un poète et écrivain allemand
97
AMMAR Mohamed PSYCHOLOGIE DE L’ENFANT
Elle est soumise à des conventions qui suspendent (interrompent) les lois ordinaires et qui
instaurent momentanément une législation nouvelle, qui seule compte. Pour jouer ensemble, il
faut d'abord un accord minimal sur le cadre de jeu : les règles. Le respect des règles du jeu a
été à l'origine d'une valeur universelle : le fair-play.
Les règles sont un ensemble de consignes qui décrivent les relations entre le ou les joueurs
et l’environnement de jeu. Elles spécifient l’étendue et la nature des actions légitimes des
joueurs et elles établissent la séquence et la structure dans lesquelles se dérouleront les actions
des participants. Les règles remplissent trois types de fonctions.
- La première fonction, les règles de procédure, décrit les composantes du jeu, soit le
nombre de joueurs ou le nombre d’équipes, le rôle de chacun des participants, leurs
activités et leurs déplacements ou les mouvements qui peuvent être faits.
- Ensuite, il y a les règles de clôture qui spécifient les résultats escomptés pour chaque
joueur ainsi que les contraintes.
- Finalement, les règles de contrôle décrivent les conséquences pour un joueur qui ne
respecte pas les règles précédentes.
Brougère (1999) spécifie que les règles résultent soit d’une régulation externe acceptée
par les joueurs, soit d’une convention ou d’une négociation entre les joueurs. Dans tous les
cas, les règles doivent être claires, organisées, complètes, préétablies et acceptées par les
joueurs avant le début du jeu. Sans ces règles pré–établies et connues du ou des joueurs, le jeu
devient une activité ludique où les participants sont libres de créer les règles ou de les
modifier au gré de leur fantaisie et du déroulement de l’activité (De Grandmont, sans date).
Notons que dans un nombre grandissant de jeux électroniques, le joueur est appelé à inférer
les règles en jouant, ajustant ses décisions au fur et à mesure qu’il affine sa compréhension
des enjeux proposés.
Il semble pourtant que le jeu de rôle de l'acteur se caractérise par l'absence de règles
strictes, par le caractère prévisible de l'action ou encore par l'absence de compétition les jeux
de rôles n’obéissent pas aux principes de la règle et de la compétition. Cependant, même dans
ce cas, il y a bien une sorte de défi car il n'est pas si facile d'agir continuellement comme un
autre. Selon Caillois, la règle du jeu est alors unique ; elle consiste « à fasciner le spectateur,
en évitant qu'une faute conduise celui-ci à refuser l'illusion ».
98
AMMAR Mohamed PSYCHOLOGIE DE L’ENFANT
Toutefois, dans certains cas, le jeu ne se développe dans un cadre formel mais se crée
aussi spontanément. Jouer à la poupée, à la guerre, à la classe ou avec des figurines ne
permettent ni de gagner, ni de perdre, mais se contentent de représenter le monde et
d'entraîner le joueur à affronter la vie réelle, dans un cadre où une fausse manœuvre
n'engendre que peu de conséquences.
Le trait le plus évident du jeu n'est autre que sa différence avec la réalité. Jouer, c'est jouer
à être quelqu'un d'autre, ou bien c'est substituer à l'ordre confus de la réalité des règles
précises et arbitraires, qu'il faut pourtant respecter scrupuleusement. Il faut entrer dans le jeu,
il ne supporte pas le scepticisme (c.-à-d. l’incrédulité ou la méfiance) notait Paul Valéry.
Cependant, le jeu n'est plaisant que dans la mesure où cette entrée dans le jeu, en latin in–
lusio, c'est-à-dire illusion, est librement consentie.
En 2012, l’institut national de jeu (NIP)36 aux Etats-Unis décrit sept types de jeux :
1- Les jeux d’attachement, qui établissent un lien d’attachement affectif, comme les jeux
entre la mère et son bébé.
36 National Institute for Play. "Play Science – the Patterns of Play". Retrieved 2012-01-16.
99
AMMAR Mohamed PSYCHOLOGIE DE L’ENFANT
2- Les jeux avec le corps : dans lesquels l’enfant explore les possibilités de mouvement
de son corps et ses capacités d’interaction avec le monde, tels produire des sons ou des
sifflements, ou découvrir ce qui arrive quand il saute d’en haut. Dans la description de
Buhler, ils sont inclus dans les jeux d’acquisition car ils permettent l’exploration et la
découverte de soi et de ses propres capacités.
3- Les jeux avec les objets : Ces jeux sont motivés essentiellement par la curiosité.
L’enfant joue avec les objets pour les connaitre et savoir leurs qualités. Ces jeux
consistent essentiellement à manipuler avec les mains les différents objets qu’il trouve
dans son entourage (taper sur une casserole, lancer un verre, etc.). Dans un second
temps, les jouets prennent une place primordiale. Ils sont également décrits par Buhler
comme des jeux d’acquisition parce qu’ils permettent la découverte de
l’environnement physique.
4- Les jeux sociaux : ce sont les jeux qui impliquent d’autres personnes dans des activités
telles que faire des combats avec certains enfants et établir des relations amicales avec
d’autres. Ils s’intègrent avec les jeux de compétition décrits par Caillois où le défi est
présent lorsque les actions posées par un joueur engendrent des réactions chez le rival,
créant ainsi une compétition ou une lutte. On peut y inclure aussi les jeux
d’appartenance dans lesquels la nécessité de jouer avec d’autres personnes est motivée
par le désir de se faire accepter, d’appartenir à un groupe.
5- Les jeux de fiction ou de fantaisie dans le quels l’enfant invente des scénarios de sa
propre imagination et joue des rôles comme le jeu de la famille et du docteur ou du
maître d’école. Cette catégorie est retrouvée avec la même désignation dans la
typologie de Buhler. Pour Caillois, il s’agit de jeux du simulacre. Jean Piaget a
particulièrement bien décrit l'importance du jeu symbolique dans le développement du
jeune enfant. Il est très fréquent que le jeu soit une reprise symbolique de ce qui se
passe dans la réalité. Mais la capacité à s'investir dans le « comme si... » du jeu va de
pair avec une capacité de distinguer le littéral du métaphorique : pour que le jeu existe,
il faut qu'il reste un certain écart entre réalité et fiction. Il existe donc une certaine
ambivalence entre le joueur et le personnage qu'il incarne : il y place une partie de lui-
même mais garde toujours un regard critique sur la réalité de cette incarnation.
Institutionnalisé, cet aspect de l'activité ludique a donné naissance au jeu
dramatique puis au jeu théâtral.
100
AMMAR Mohamed PSYCHOLOGIE DE L’ENFANT
6- Les jeux narratifs : ce sont les jeux qui sont basés sur le langage comme raconter à
l’enfant des histoires ou lui lire un livre à voix haute ou lui demander de reproduire
par lui-même un conte.
7- Les jeux de transformation à travers lesquels l’enfant joue avec son imagination pour
transcender ce qui est connu afin de créer un état nouveau, comme les jeux de lego ou
de puzzle. Dans la description de Buhler, ils correspondent aux jeux de construction et
consistent dans l'assemblage et le bricolage de toutes sortes de matériaux. Les
manipulations requises sont tantôt faites au hasard, tantôt prévues et planifiées. On
développe ici des habiletés en mathématiques et en géométrie. L'enfant peut y jouer ou
encore confronter ses idées en petits groupes. La coopération se fait alors sentir afin de
résoudre des problèmes communs. Ce sont des jeux de fabrication permettant de
comprendre les mécanismes de ce qui entoure l'enfant et de s'en servir.
101
AMMAR Mohamed PSYCHOLOGIE DE L’ENFANT
Le jeu de l'enfant peut constituer une libération face aux contraintes de l'autorité; Il est un
«antidote du destin quotidien». Il permet d’éviter la répétition monotone des mêmes rôles de
la vie quotidienne, l'obéissance aux règles et la pression de l'environnement. Le jeu balance
entre la crainte d'échouer et la joie de réussir, sans que cela n'ai de conséquence sérieuses.
3.2. La fonction de développement de la personnalité
3.2.1. Jeu et développement moteur
Sur le plan physique, dès la petite enfance, jeu et mouvement sont intimement reliés.
Tout au cours de l’enfance, les jeux impliquent des déplacements, des gestes, des
mouvements (grimper, courir, sauter, glisser, etc.). Le jeu représente un lieu privilégié de
consolidation et de développement des schèmes d’action physique. Il permet la libération des
surplus d’énergie physique, l’expression de soi dans l’activité corporelle en même temps que
le maintien de la forme physique ;
L'imitation est à l'origine du développement moteur des petits enfants, d'abord à travers
des mouvements simples (par analogie), et plus tard des mouvements construits (ou patterns).
Des nourrissons tirent la langue par imitation des adultes, mais aussi en percevant un
mouvement similaire, réalisé à l'aide d'un stylo par exemple. Le jeu est une activité
structurante au niveau perceptivo-moteur, en ce qui concerne les notions d’espace temps et le
schéma corporel.
3.2.2. Jeu et développement cognitif
Le jeu contribue significativement au développement cognitif, il représente l’effort de
l’enfant pour comprendre les choses et leur donner un sens, il permet la créativité. L'imitation,
l’exploration et la répétition sont importants dans le développement des représentations
mentales. Certains chercheurs (Athey,1984) proposent quatre fonctions cognitives du jeu :
- L’accès à de nouvelles sources d’informations ;
- La maîtrise des habiletés et des concepts la rencontre : de la nouveauté,
l’interaction avec le jouet favorisent les processus d’équilibration et participent de
l'automatisation des fonctions psychiques.
- La stimulation et le maintenir un fonctionnement efficace de l’intelligence parce
qu’il requiert diverses activités mentales
- La créativité en laissant libre cours à l’usage des habiletés et des concepts dans
contexte de valorisation de l’imaginaire. Les recherches actuelles suggèrent que le
jeu développe la flexibilité mentale c.-à-d. des pratiques d’adaptation tel que
découvrir les multiples manières pour arriver au résultat désiré, ou les manières
créative pour améliorer ou réorganiser une situation déterminée.
102
AMMAR Mohamed PSYCHOLOGIE DE L’ENFANT
37 Donald W. Winnicott, Jeu et réalité : l'espace potentiel, Gallimard, 1975 (Playing and Reality, 1971)
103
AMMAR Mohamed PSYCHOLOGIE DE L’ENFANT
l’enfant. Il postule ainsi l’existence d’un parallèle entre les stade du développement de
l’intelligence et les stades du développement du jeu.
Piaget a établit une nouvelle dimension du jeu, c’est entre l’activité physique et
l’opération mentale. Le jeu est ainsi source d’apprentissage. Il aurait un rôle fondamental dans
l’assimilation (apprentissage) du réel aux besoins du moi mais aussi dans l’accommodation du
moi au réel, c.-à-d. aux contraintes objectives de l’environnement
Piaget a décrit trois stades successifs du développement du jeu : les rituels moteurs (0-
2 ans), le jeu symbolique (2-7 ans) et la coopération (à partir de 7 ans).
Au cours de ce stade, l’enfant se livre à des jeux d’exercice (ou fonctionnels). Ces jeux
consiste à reproduire des mouvements et en observer les effets, et ce, de façon répétée.
L’enfant éprouve ainsi le plaisir d’être la cause d’un effet. Par exemple, tirer sur le hochet
pour écouter les sons, lancer un objet pour connaitre ses résultats. Mais ultérieurement, ces
jeux se complexifient lorsque les gestes répétitifs se coordonnent pour devenir une série.
Exemple : saut à la corde, jeux de balles, etc.
D’autres chercheurs ont précisé les types de jeu auxquels se livrent les enfants entre 0 et 3
ans. Ils ont distingué 3 types de jeu :
le jeu isolé qui se manifeste avant un an : l’enfant n’accorde aucun intérêt à partager
son jeu avec une autre personne et préfère jouer seul ;
le jeu en parallèle qui apparait vers un an et demi :: l’enfant joue avec ses propres
jouets à côté d’un autre enfant qui joue aussi mais sans participation.
le jeu d’imitation qui apparait vers 2 ans : si un enfant lance son jouet dans l’air,
l’autre enfant l’imite immédiatement.
4.2- Le stade des jeux symboliques (2-7 ans)
Ce stade correspond au 2ème stade du développement de l’intelligence : le stade
préopératoire. Sur le plan intellectuel, ce stade se caractérise par l’apparition de la fonction
symbolique qui se manifeste dans le langage, le dessin, l’imitation différée et le jeu
symbolique. Sur le plan ludique, l'action devient moins impulsive. Elle laisse une place à
l'action volontaire et contrôlée.
Dans le jeu symbolique, chaque enfant attribue aux objets et aux actions une
signification subjective imprégnée de motivations affectives : par exemple, une boîte peut
104
AMMAR Mohamed PSYCHOLOGIE DE L’ENFANT
représenter un lit ou une table, pour revivre les moments de repas ou du sommeil, représenter
un rêve, etc. Au cours de cette période, nous assistons à une évolution en fonction de l’âge de
l’enfant :
105
AMMAR Mohamed PSYCHOLOGIE DE L’ENFANT
chaque joueur doit faire preuve par rapport aux autres (compétition) et au jeu en soi
(connaissance des règles). Mais avant l’âge de 7 ans, l’enfant considère que le vainqueur est
celui qui connaît et applique mieux que les autres les règles de jeu. Étant donné que l'enfant
lors de la période égocentrique n'arrive pas à faire le lien entre les différents aspects d'une
réalité et n'accepte pas de perdre, il se peut qu'il estime avoir gagné en même temps que ses
compagnons de jeu.
5. JEU ET EDUCATION
Plusieurs philosophes ont défendu le rôle du jeu dans l’éducation au cours de l’histoire :
106
AMMAR Mohamed PSYCHOLOGIE DE L’ENFANT
au début du 20ème siècle, le philosophe français Alain estimait que l'école devait tenir
le milieu entre le jeu, qui enferme l'enfant dans l'enfance, et le sérieux, qui l'enferme
dans l'utile.
au 20ème siècle Mais le rôle du jeu dans le développement de l'enfant a réellement été
pris au sérieux. En1989, l’ONU vote la Convention Internationale des Droits de
l’Enfant et reconnait les jeux comme un droit spécifique à tous les enfants.
Les théories modernes ont examiné le jeu de manière à savoir comment il influence le
développement : « L’apprenant n’est plus considéré comme un récepteur passif de la
connaissance mais comme un constructeur actif de sens » (Dietze & Kashin, 2006). En
sciences de l’éducation, le chercheur américain John Dewey postule que les enfants
apprennent mieux par l’activité à la fois physique et intellectuelle, en d’autres termes, les
enfants devraient jouer un rôle actif dans l’opération éducative.
Dès le début du 20ème siècle, l’approche de l’éducation active a été pratiquée par
l’éducatrice et pédagogue italienne Maria Motessori dans les Jardins d’Enfants. L’approche
éducative de Montessori met l’accent sur l’individualité de chaque enfant par rapport à ses
besoins et ses talents. Le but de l’éducateur est de maintenir la joie naturelle des enfants à
apprendre (la méthode des coins de jeu).
De nos jours, l’avènement de l’outil informatique accroît de plus en plus l’intérêt pour
l’utilisation des jeux comme outil éducatif dans un contexte d’apprentissage initial (du
primaire à l’université).
“Le jeu nourrit tous les aspects du développement de l’enfant – il forme la base des
compétences intellectuelle, sociale, physique et émotionnelle qui sont nécessaires à la réussite
à l’école et dans la vie. Le jeu pave la route de l’apprentissage ”.(Conseil Canadien de
l’Apprentissage, 2006).
107
AMMAR Mohamed PSYCHOLOGIE DE L’ENFANT
Vygotsky38 considère que dans le jeu, l’enfant se situe toujours au-delà de son âge
moyen, au-delà de son comportement habituel, comme s’il était au-dessus de lui-même. “ Le
jeu comporte, de façon condensée, tel un verre grossissant, toutes les tendances du
développement ”. Le jeu a des effets positifs sur les aspects suivants de l’apprentissage :
la motivation,
le développement des habiletés de coopération,
la structuration et l’intégration des connaissances et,
le développement des habiletés en résolution des problèmes.
5.2.1. La motivation
- Le plaisir de jouer, le défi, l’aspect compétitif, l’interaction entre les joueurs, l’effet
d’entraînement et la possibilité de gagner des points, l’excitation et l’enthousiasme
suscités par la participation au jeu.
=> La motivation de gagner renforce l'attention. Par exemple les jeux de groupe visent à
parvenir à un objectif commun. Ils contribuent à faire comprendre la valeur du travail en
équipe, essentielle dans la vie réelle. De même, le respect des règles est en soi une forme de
coopération.
38 Vygotsky, L. S. (1976). Play and its role in the mental development of the child. In Play. Ney York: Basic
Book.
108
AMMAR Mohamed PSYCHOLOGIE DE L’ENFANT
Par exemple les jeux de groupe visent à parvenir à un objectif commun. Ils contribuent
à faire comprendre la valeur du travail en équipe, essentielle dans la vie réelle. De même,
le respect des règles est en soi une forme de coopération.
=> Le jeu permet donc aux apprenants de développer la logique requise pour résoudre un
problème.
Certaines études, notamment celles sur le rôle des jeux multimédia dans l’acquisition
des connaissances langagières (comme le vocabulaire d’une langue étrangère), démontrent
que les jeux, avec un contenu d’apprentissage scolaire précis, ont un impact sur l’intégration
de l’information.
Selon les chercheurs, quand les adultes jouent avec les enfants, le niveau de jeu devient
plus élevé et plus diversifié.
109
AMMAR Mohamed PSYCHOLOGIE DE L’ENFANT
- Les adultes en tant que modèle doivent développer des attitudes positives envers le jeu, en
l'encourageant et en fournissant d’autres alternatifs ludiques. Quand les adultes se joignent
aux enfants, ils doivent s’engager dans le jeu, l’encadrer et l'étendre, plutôt que de le dicter
ou de le dominer.
- Aménager un environnement en variant les jouets, les matériaux et les équipements pour
jouer avec des niveaux différents de difficulté. Le choix des matériaux est important, car il
produit chez les enfants la motivation pour l'exploration et la découverte. L'environnement de
jeu doit permettre aux enfants de faire des choix et explorer les possibilités ludiques.
- Dès que l’enfant commence à jouer, il faut l’observer attentivement. L'observation est un
processus continu, fournissant des informations sur les intérêts de l’enfant et ses capacités,
ainsi que sur les possibilités d’améliorer son apprentissage et son développement.
L’observation aide les adultes à identifier les moyens nécessaires afin de guider
l'apprentissage.
- Écouter, répéter, progresser avec l’enfant en posant des questions au bon moment
110
AMMAR Mohamed PSYCHOLOGIE DE L’ENFANT
Donald W. Winnicott, Jeu et réalité : l'espace potentiel, Gallimard, 1975 (Playing and
Reality, 1971)
Piaget, J. (1968). La formation du symbole chez l'enfant: imitation, jeu et rêve, image et
représentation (5e ed.). Suisse: Delachaux et Niestlé.
Vygotsky, L. S. (1976). Play and its role in the mental development of the child. In Play. New
York: Basic Book.
111
AMMAR Mohamed PSYCHOLOGIE DE L’ENFANT
Chapitre VII
Il est clair que le jeu constitue l’activité préférée de tous les enfants. C’est le symbole
même de l’enfance car il domine la majorité de leurs temps et de leurs occupations.
Alors c’est quoi le jeu ? quel est son pouvoir mystérieux de cette activité pour attirer tous
les enfants sans exception ? Est-ce que l’enfant tire un intérêt à quand il joue ? Comment
évolue cette activité chez l’enfant et quel intérêt cela représente pour l’enseignant ?
Dans la plupart des définitions du jeu, ce concept est assimilé à ceux de divertissement et
d’amusement. De ce fait, on évoque la théorie pascalienne du divertissement qui permet à
l’homme d’éviter l’ennui en se « pipant soi-même », c’est-à-dire en s’illusionnant sur une
sorte de liberté qu’il croit ainsi acquérir par rapport à ses propres déterminations. Et l’on met
d’autre part en évidence le lien entre l’activité ludique et les distractions joyeuses, dont celles
des enfants sont l’image la plus manifeste.
On peut définir le jeu comme une activité de loisirs d'ordre physique ou bien mental,
soumise à des règles conventionnelles, à laquelle on s'adonne pour se divertir, tirer du plaisir
et de l'amusement.
Pour H. Wallon39 (2002, p. 75), le jeu recouvre toute l’activité de l’enfant tant qu’elle
reste spontanée et « ne reçoit pas ses objets des disciplines éducatives ». Le jeu est libre,
l’enfant y reproduit des conduites déjà intégrées mais il explore aussi des conduites nouvelles.
Wallon considère différents mouvements dialectiques dans le jeu :
- dialectique entre la liberté et la contrainte : si le jeu est libre, il intègre néanmoins la
contrainte liée à la règle du jeu. Lorsque la règle devient trop contraignante pour
l’enfant, le jeu initial prend une autre forme via l’utilisation de la tricherie. En utilisant
celle-ci, l’enfant transgresse la règle, en annule l’effet contraignant et réintroduit le jeu
;
39 L'Évolution psychologique de l'enfant, A. Colin, Paris, 1941, rééd. 2002, Ed.: Armand Colin
112
AMMAR Mohamed PSYCHOLOGIE DE L’ENFANT
- dialectique entre la gratuité et le désir de gagner : si le jeu est, par essence, gratuit, il
n’est reste pas moins que l’enfant a envie de gagner, même si cette victoire est
éphémère et plus souvent liée au hasard qu’aux aptitudes réelles ;
- dialectique entre la fiction et la réalité : la fiction fait naturellement partie du jeu
puisqu’elle s’oppose à la réalité. Progressivement avec l’âge, il va exiger de plus en
plus de ressemblance entre les symboles et la réalité ; dans ses jeux, il ne cesse
d’alterner et de transposer des éléments de fiction et d’observation de la réalité ;
- dialectique des relations interpersonnelles : l’importance des relations
interpersonnelles et des conflits qui les jalonnent est une constante de la pensée de
Wallon. Pour lui, le sujet se forme et se développe à travers l’intersubjectivité. Ainsi,
dans les jeux de fiction où l’identification joue un très grand rôle, cette dernière est
accompagnée de sentiments ambivalents : s’identifier c’est, en effet, à la fois
reconnaître au modèle une valeur prestigieuse mais c’est en même temps se substituer
à lui en prenant sa place.
Roger Caillois40 , quant à lui, fait du jeu une « occupation séparée, soigneusement isolée
du reste de l’existence ». Le jeu est une activité qui doit être libre, séparée, incertaine, fictive
et réglée:
C’est une activité à laquelle le joueur ne saurait être obligé sans que le jeu perde aussitôt
sa nature de divertissement attirant et joyeux Elle doit être choisie pour conserver son
caractère ludique. Le jeu est un comportement complexe étant davantage associé à une
motivation intrinsèque plutôt qu’extrinsèque ; est habituellement spontané et plaisant. Le jeu
est considéré comme expression de la liberté. Elle est dirigée par le joueur lui-même et
implique un engagement actif non obligatoire. Le dépassement de soi (réel ou symbolique)
constitue la principale motivation du joueur. Elle constitue aussi son exploit. Le dépassement
de soi vient du plaisir d'accomplir une tâche physique ou intellectuelle qui semble à la limite
de ses propres possibilités. La notion de défi.
Elle est circonscrite dans les limites d'espace et de temps. Il faut rapprocher cette
dimension d'une remarque de Johan Huizinga41: comme le sacré, le jeu ne vaut qu'à
113
AMMAR Mohamed PSYCHOLOGIE DE L’ENFANT
Dans le jeu, l'issue n'est pas connue à l'avance. Un jeu ne remplit son objet que dans la
mesure où il recèle une part suffisante d'imprévisibilité pour le joueur. Pour assurer cette
imprévisibilité, le hasard est une composante importante de beaucoup de jeux. C'est alors une
composante admise, voire recherchée (jeux de dés, ballon ovale susceptible de rebondir de
façon imprévisible). Parallèlement, un hasard trop grand empêche de faire reconnaître la
valeur technique des joueurs. Le hasard sera alors combattu par des règles très strictes et
déterministes : jeu d'échecs, dames, football.
Né selon Schiller42, au même titre que l'art, d'une surabondance d'énergie vitale par
rapport aux besoins, d'une pulsion de jeu (dans l'allemand de Schiller, Spieltrieb), le jeu est
donc avant tout occasion de dépense pure. L'activité déployée par le joueur est
fondamentalement superflue. Certes, cela ne semble pas tenir compte des jeux d'argents. Mais
ceux-ci ne produisent globalement rien, tout au plus enrichissent-ils certains joueurs aux
dépens des autres, remarque Caillois. En ce sens, il n'y a de jeux à proprement parler qu'à
somme nulle. Le gain n'est pas un salaire, note Johan Huizinga. Le salaire octroyé à un joueur
le transforme ipso facto en un professionnel. Le jeu « est condamné à ne rien fonder ni
produire, car il est dans son essence d'annuler ses résultats » souligne Roger Caillois.
41 Johan Huizinga, Homo ludens : essai sur la fonction sociale du jeu, Gallimard, 1951 (traduit du
néerlandais : Homo ludens, proeve eener bepaling van het spel-element der cultuur, 1938).
42 Johann Christoph Friedrich von Schiller (1759- 1805) est un poète et écrivain allemand
114
AMMAR Mohamed PSYCHOLOGIE DE L’ENFANT
Elle est soumise à des conventions qui suspendent (interrompent) les lois ordinaires et qui
instaurent momentanément une législation nouvelle, qui seule compte. Pour jouer ensemble, il
faut d'abord un accord minimal sur le cadre de jeu : les règles. Le respect des règles du jeu a
été à l'origine d'une valeur universelle : le fair-play.
Les règles sont un ensemble de consignes qui décrivent les relations entre le ou les joueurs
et l’environnement de jeu. Elles spécifient l’étendue et la nature des actions légitimes des
joueurs et elles établissent la séquence et la structure dans lesquelles se dérouleront les actions
des participants. Les règles remplissent trois types de fonctions.
- La première fonction, les règles de procédure, décrit les composantes du jeu, soit le
nombre de joueurs ou le nombre d’équipes, le rôle de chacun des participants, leurs
activités et leurs déplacements ou les mouvements qui peuvent être faits.
- Ensuite, il y a les règles de clôture qui spécifient les résultats escomptés pour chaque
joueur ainsi que les contraintes.
- Finalement, les règles de contrôle décrivent les conséquences pour un joueur qui ne
respecte pas les règles précédentes.
Brougère (1999) spécifie que les règles résultent soit d’une régulation externe acceptée
par les joueurs, soit d’une convention ou d’une négociation entre les joueurs. Dans tous les
cas, les règles doivent être claires, organisées, complètes, préétablies et acceptées par les
joueurs avant le début du jeu. Sans ces règles pré–établies et connues du ou des joueurs, le jeu
devient une activité ludique où les participants sont libres de créer les règles ou de les
modifier au gré de leur fantaisie et du déroulement de l’activité (De Grandmont, sans date).
Notons que dans un nombre grandissant de jeux électroniques, le joueur est appelé à inférer
les règles en jouant, ajustant ses décisions au fur et à mesure qu’il affine sa compréhension
des enjeux proposés.
Il semble pourtant que le jeu de rôle de l'acteur se caractérise par l'absence de règles
strictes, par le caractère prévisible de l'action ou encore par l'absence de compétition les jeux
de rôles n’obéissent pas aux principes de la règle et de la compétition. Cependant, même dans
ce cas, il y a bien une sorte de défi car il n'est pas si facile d'agir continuellement comme un
autre. Selon Caillois, la règle du jeu est alors unique ; elle consiste « à fasciner le spectateur,
en évitant qu'une faute conduise celui-ci à refuser l'illusion ».
115
AMMAR Mohamed PSYCHOLOGIE DE L’ENFANT
Toutefois, dans certains cas, le jeu ne se développe dans un cadre formel mais se crée
aussi spontanément. Jouer à la poupée, à la guerre, à la classe ou avec des figurines ne
permettent ni de gagner, ni de perdre, mais se contentent de représenter le monde et
d'entraîner le joueur à affronter la vie réelle, dans un cadre où une fausse manœuvre
n'engendre que peu de conséquences.
Le trait le plus évident du jeu n'est autre que sa différence avec la réalité. Jouer, c'est jouer
à être quelqu'un d'autre, ou bien c'est substituer à l'ordre confus de la réalité des règles
précises et arbitraires, qu'il faut pourtant respecter scrupuleusement. Il faut entrer dans le jeu,
il ne supporte pas le scepticisme (c.-à-d. l’incrédulité ou la méfiance) notait Paul Valéry.
Cependant, le jeu n'est plaisant que dans la mesure où cette entrée dans le jeu, en latin in–
lusio, c'est-à-dire illusion, est librement consentie.
En 2012, l’institut national de jeu (NIP)43 aux Etats-Unis décrit sept types de jeux :
8- Les jeux d’attachement, qui établissent un lien d’attachement affectif, comme les jeux
entre la mère et son bébé.
43 National Institute for Play. "Play Science – the Patterns of Play". Retrieved 2012-01-16.
116
AMMAR Mohamed PSYCHOLOGIE DE L’ENFANT
9- Les jeux avec le corps : dans lesquels l’enfant explore les possibilités de mouvement
de son corps et ses capacités d’interaction avec le monde, tels produire des sons ou des
sifflements, ou découvrir ce qui arrive quand il saute d’en haut. Dans la description de
Buhler, ils sont inclus dans les jeux d’acquisition car ils permettent l’exploration et la
découverte de soi et de ses propres capacités.
10- Les jeux avec les objets : Ces jeux sont motivés essentiellement par la curiosité.
L’enfant joue avec les objets pour les connaitre et savoir leurs qualités. Ces jeux
consistent essentiellement à manipuler avec les mains les différents objets qu’il trouve
dans son entourage (taper sur une casserole, lancer un verre, etc.). Dans un second
temps, les jouets prennent une place primordiale. Ils sont également décrits par Buhler
comme des jeux d’acquisition parce qu’ils permettent la découverte de
l’environnement physique.
11- Les jeux sociaux : ce sont les jeux qui impliquent d’autres personnes dans des activités
telles que faire des combats avec certains enfants et établir des relations amicales avec
d’autres. Ils s’intègrent avec les jeux de compétition décrits par Caillois où le défi est
présent lorsque les actions posées par un joueur engendrent des réactions chez le rival,
créant ainsi une compétition ou une lutte. On peut y inclure aussi les jeux
d’appartenance dans lesquels la nécessité de jouer avec d’autres personnes est motivée
par le désir de se faire accepter, d’appartenir à un groupe.
12- Les jeux de fiction ou de fantaisie dans le quels l’enfant invente des scénarios de sa
propre imagination et joue des rôles comme le jeu de la famille et du docteur ou du
maître d’école. Cette catégorie est retrouvée avec la même désignation dans la
typologie de Buhler. Pour Caillois, il s’agit de jeux du simulacre. Jean Piaget a
particulièrement bien décrit l'importance du jeu symbolique dans le développement du
jeune enfant. Il est très fréquent que le jeu soit une reprise symbolique de ce qui se
passe dans la réalité. Mais la capacité à s'investir dans le « comme si... » du jeu va de
pair avec une capacité de distinguer le littéral du métaphorique : pour que le jeu existe,
il faut qu'il reste un certain écart entre réalité et fiction. Il existe donc une certaine
ambivalence entre le joueur et le personnage qu'il incarne : il y place une partie de lui-
même mais garde toujours un regard critique sur la réalité de cette incarnation.
Institutionnalisé, cet aspect de l'activité ludique a donné naissance au jeu
dramatique puis au jeu théâtral.
117
AMMAR Mohamed PSYCHOLOGIE DE L’ENFANT
13- Les jeux narratifs : ce sont les jeux qui sont basés sur le langage comme raconter à
l’enfant des histoires ou lui lire un livre à voix haute ou lui demander de reproduire
par lui-même un conte.
14- Les jeux de transformation à travers lesquels l’enfant joue avec son imagination pour
transcender ce qui est connu afin de créer un état nouveau, comme les jeux de lego ou
de puzzle. Dans la description de Buhler, ils correspondent aux jeux de construction et
consistent dans l'assemblage et le bricolage de toutes sortes de matériaux. Les
manipulations requises sont tantôt faites au hasard, tantôt prévues et planifiées. On
développe ici des habiletés en mathématiques et en géométrie. L'enfant peut y jouer ou
encore confronter ses idées en petits groupes. La coopération se fait alors sentir afin de
résoudre des problèmes communs. Ce sont des jeux de fabrication permettant de
comprendre les mécanismes de ce qui entoure l'enfant et de s'en servir.
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AMMAR Mohamed PSYCHOLOGIE DE L’ENFANT
Le jeu de l'enfant peut constituer une libération face aux contraintes de l'autorité; Il est un
«antidote du destin quotidien». Il permet d’éviter la répétition monotone des mêmes rôles de
la vie quotidienne, l'obéissance aux règles et la pression de l'environnement. Le jeu balance
entre la crainte d'échouer et la joie de réussir, sans que cela n'ai de conséquence sérieuses.
3.2. La fonction de développement de la personnalité
3.2.1. Jeu et développement moteur
Sur le plan physique, dès la petite enfance, jeu et mouvement sont intimement reliés.
Tout au cours de l’enfance, les jeux impliquent des déplacements, des gestes, des
mouvements (grimper, courir, sauter, glisser, etc.). Le jeu représente un lieu privilégié de
consolidation et de développement des schèmes d’action physique. Il permet la libération des
surplus d’énergie physique, l’expression de soi dans l’activité corporelle en même temps que
le maintien de la forme physique ;
L'imitation est à l'origine du développement moteur des petits enfants, d'abord à travers
des mouvements simples (par analogie), et plus tard des mouvements construits (ou patterns).
Des nourrissons tirent la langue par imitation des adultes, mais aussi en percevant un
mouvement similaire, réalisé à l'aide d'un stylo par exemple. Le jeu est une activité
structurante au niveau perceptivo-moteur, en ce qui concerne les notions d’espace temps et le
schéma corporel.
3.2.2. Jeu et développement cognitif
Le jeu contribue significativement au développement cognitif, il représente l’effort de
l’enfant pour comprendre les choses et leur donner un sens, il permet la créativité. L'imitation,
l’exploration et la répétition sont importants dans le développement des représentations
mentales. Certains chercheurs (Athey,1984) proposent quatre fonctions cognitives du jeu :
- L’accès à de nouvelles sources d’informations ;
- La maîtrise des habiletés et des concepts la rencontre : de la nouveauté,
l’interaction avec le jouet favorisent les processus d’équilibration et participent de
l'automatisation des fonctions psychiques.
- La stimulation et le maintenir un fonctionnement efficace de l’intelligence parce
qu’il requiert diverses activités mentales
- La créativité en laissant libre cours à l’usage des habiletés et des concepts dans
contexte de valorisation de l’imaginaire. Les recherches actuelles suggèrent que le
jeu développe la flexibilité mentale c.-à-d. des pratiques d’adaptation tel que
découvrir les multiples manières pour arriver au résultat désiré, ou les manières
créative pour améliorer ou réorganiser une situation déterminée.
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AMMAR Mohamed PSYCHOLOGIE DE L’ENFANT
l’enfant. Il postule ainsi l’existence d’un parallèle entre les stade du développement de
l’intelligence et les stades du développement du jeu.
Piaget a établit une nouvelle dimension du jeu, c’est entre l’activité physique et
l’opération mentale. Le jeu est ainsi source d’apprentissage. Il aurait un rôle fondamental dans
l’assimilation (apprentissage) du réel aux besoins du moi mais aussi dans l’accommodation du
moi au réel, c.-à-d. aux contraintes objectives de l’environnement
Piaget a décrit trois stades successifs du développement du jeu : les rituels moteurs (0-
2 ans), le jeu symbolique (2-7 ans) et la coopération (à partir de 7 ans).
Au cours de ce stade, l’enfant se livre à des jeux d’exercice (ou fonctionnels). Ces jeux
consiste à reproduire des mouvements et en observer les effets, et ce, de façon répétée.
L’enfant éprouve ainsi le plaisir d’être la cause d’un effet. Par exemple, tirer sur le hochet
pour écouter les sons, lancer un objet pour connaitre ses résultats. Mais ultérieurement, ces
jeux se complexifient lorsque les gestes répétitifs se coordonnent pour devenir une série.
Exemple : saut à la corde, jeux de balles, etc.
D’autres chercheurs ont précisé les types de jeu auxquels se livrent les enfants entre 0 et 3
ans. Ils ont distingué 3 types de jeu :
le jeu isolé qui se manifeste avant un an : l’enfant n’accorde aucun intérêt à partager
son jeu avec une autre personne et préfère jouer seul ;
le jeu en parallèle qui apparait vers un an et demi :: l’enfant joue avec ses propres
jouets à côté d’un autre enfant qui joue aussi mais sans participation.
le jeu d’imitation qui apparait vers 2 ans : si un enfant lance son jouet dans l’air,
l’autre enfant l’imite immédiatement.
4.2- Le stade des jeux symboliques (2-7 ans)
Ce stade correspond au 2ème stade du développement de l’intelligence : le stade
préopératoire. Sur le plan intellectuel, ce stade se caractérise par l’apparition de la fonction
symbolique qui se manifeste dans le langage, le dessin, l’imitation différée et le jeu
symbolique. Sur le plan ludique, l'action devient moins impulsive. Elle laisse une place à
l'action volontaire et contrôlée.
Dans le jeu symbolique, chaque enfant attribue aux objets et aux actions une
signification subjective imprégnée de motivations affectives : par exemple, une boîte peut
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représenter un lit ou une table, pour revivre les moments de repas ou du sommeil, représenter
un rêve, etc. Au cours de cette période, nous assistons à une évolution en fonction de l’âge de
l’enfant :
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chaque joueur doit faire preuve par rapport aux autres (compétition) et au jeu en soi
(connaissance des règles). Mais avant l’âge de 7 ans, l’enfant considère que le vainqueur est
celui qui connaît et applique mieux que les autres les règles de jeu. Étant donné que l'enfant
lors de la période égocentrique n'arrive pas à faire le lien entre les différents aspects d'une
réalité et n'accepte pas de perdre, il se peut qu'il estime avoir gagné en même temps que ses
compagnons de jeu.
5. JEU ET EDUCATION
Plusieurs philosophes ont défendu le rôle du jeu dans l’éducation au cours de l’histoire :
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AMMAR Mohamed PSYCHOLOGIE DE L’ENFANT
au début du 20ème siècle, le philosophe français Alain estimait que l'école devait tenir
le milieu entre le jeu, qui enferme l'enfant dans l'enfance, et le sérieux, qui l'enferme
dans l'utile.
au 20ème siècle Mais le rôle du jeu dans le développement de l'enfant a réellement été
pris au sérieux. En1989, l’ONU vote la Convention Internationale des Droits de
l’Enfant et reconnait les jeux comme un droit spécifique à tous les enfants.
Les théories modernes ont examiné le jeu de manière à savoir comment il influence le
développement : « L’apprenant n’est plus considéré comme un récepteur passif de la
connaissance mais comme un constructeur actif de sens » (Dietze & Kashin, 2006). En
sciences de l’éducation, le chercheur américain John Dewey postule que les enfants
apprennent mieux par l’activité à la fois physique et intellectuelle, en d’autres termes, les
enfants devraient jouer un rôle actif dans l’opération éducative.
Dès le début du 20ème siècle, l’approche de l’éducation active a été pratiquée par
l’éducatrice et pédagogue italienne Maria Motessori dans les Jardins d’Enfants. L’approche
éducative de Montessori met l’accent sur l’individualité de chaque enfant par rapport à ses
besoins et ses talents. Le but de l’éducateur est de maintenir la joie naturelle des enfants à
apprendre (la méthode des coins de jeu).
De nos jours, l’avènement de l’outil informatique accroît de plus en plus l’intérêt pour
l’utilisation des jeux comme outil éducatif dans un contexte d’apprentissage initial (du
primaire à l’université).
“Le jeu nourrit tous les aspects du développement de l’enfant – il forme la base des
compétences intellectuelle, sociale, physique et émotionnelle qui sont nécessaires à la réussite
à l’école et dans la vie. Le jeu pave la route de l’apprentissage ”.(Conseil Canadien de
l’Apprentissage, 2006).
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Vygotsky45 considère que dans le jeu, l’enfant se situe toujours au-delà de son âge
moyen, au-delà de son comportement habituel, comme s’il était au-dessus de lui-même. “ Le
jeu comporte, de façon condensée, tel un verre grossissant, toutes les tendances du
développement ”. Le jeu a des effets positifs sur les aspects suivants de l’apprentissage :
la motivation,
le développement des habiletés de coopération,
la structuration et l’intégration des connaissances et,
le développement des habiletés en résolution des problèmes.
5.2.1. La motivation
- Le plaisir de jouer, le défi, l’aspect compétitif, l’interaction entre les joueurs, l’effet
d’entraînement et la possibilité de gagner des points, l’excitation et l’enthousiasme
suscités par la participation au jeu.
=> La motivation de gagner renforce l'attention. Par exemple les jeux de groupe visent à
parvenir à un objectif commun. Ils contribuent à faire comprendre la valeur du travail en
équipe, essentielle dans la vie réelle. De même, le respect des règles est en soi une forme de
coopération.
45 Vygotsky, L. S. (1976). Play and its role in the mental development of the child. In Play. Ney York: Basic
Book.
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Par exemple les jeux de groupe visent à parvenir à un objectif commun. Ils contribuent
à faire comprendre la valeur du travail en équipe, essentielle dans la vie réelle. De même,
le respect des règles est en soi une forme de coopération.
=> Le jeu permet donc aux apprenants de développer la logique requise pour résoudre un
problème.
Certaines études, notamment celles sur le rôle des jeux multimédia dans l’acquisition
des connaissances langagières (comme le vocabulaire d’une langue étrangère), démontrent
que les jeux, avec un contenu d’apprentissage scolaire précis, ont un impact sur l’intégration
de l’information.
Selon les chercheurs, quand les adultes jouent avec les enfants, le niveau de jeu devient
plus élevé et plus diversifié.
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AMMAR Mohamed PSYCHOLOGIE DE L’ENFANT
- Les adultes en tant que modèle doivent développer des attitudes positives envers le jeu, en
l'encourageant et en fournissant d’autres alternatifs ludiques. Quand les adultes se joignent
aux enfants, ils doivent s’engager dans le jeu, l’encadrer et l'étendre, plutôt que de le dicter
ou de le dominer.
- Aménager un environnement en variant les jouets, les matériaux et les équipements pour
jouer avec des niveaux différents de difficulté. Le choix des matériaux est important, car il
produit chez les enfants la motivation pour l'exploration et la découverte. L'environnement de
jeu doit permettre aux enfants de faire des choix et explorer les possibilités ludiques.
- Dès que l’enfant commence à jouer, il faut l’observer attentivement. L'observation est un
processus continu, fournissant des informations sur les intérêts de l’enfant et ses capacités,
ainsi que sur les possibilités d’améliorer son apprentissage et son développement.
L’observation aide les adultes à identifier les moyens nécessaires afin de guider
l'apprentissage.
- Écouter, répéter, progresser avec l’enfant en posant des questions au bon moment
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AMMAR Mohamed PSYCHOLOGIE DE L’ENFANT
Donald W. Winnicott, Jeu et réalité : l'espace potentiel, Gallimard, 1975 (Playing and
Reality, 1971)
Piaget, J. (1968). La formation du symbole chez l'enfant: imitation, jeu et rêve, image et
représentation (5e ed.). Suisse: Delachaux et Niestlé.
Vygotsky, L. S. (1976). Play and its role in the mental development of the child. In Play. New
York: Basic Book.
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AMMAR Mohamed PSYCHOLOGIE DE L’ENFANT
Chapitre IX
Ce thème a fait l’objet de plusieurs recherches, aux Etats-Unis notamment, dans le cadre
de la psychologie cognitive. Cet intérêt à ce domaine de développement émane de sa
conception de la notion d’apprentissage. Si pour les béhavioristes les mécanismes
d’apprentissage sont globaux et universels, c’est-à-dire valables à tous les domaines de
comportement, l’approche cognitiviste insiste sur l’idée qu’il n’existe pas un seul
apprentissage mais des apprentissages dont les mécanismes s’appliquent de manière locale au
domaine visée.
46 Perrenoud, Ph. (1997). Construire des compétences dès l'école. Paris : ESF (4e éd. 2004)
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AMMAR Mohamed PSYCHOLOGIE DE L’ENFANT
Depuis les années 1980, de nombreux modèles théoriques ont été élaborés pour tenter
d’expliquer l’apprentissage de la lecture. Une notion récurrente dans ces modèles est celle de stade.
Cependant, ces modèles se sont centrés généralement sur les étapes relatives à la reconnaissance des
mots, c.-à-d. sur l’évolution des processus d’accès au lexique en mémoire à long terme et laissent de
côté la compréhension, phénomène nettement plus difficile à modéliser. L’un des modèles les plus
cités dans la littérature relative à la lecture est celui de Frith (1985). L’auteur a proposé un modèle
d’apprentissage de la lecture en trois stades successifs, logographique, alphabétique et orthographique.
1.1. Le stade logographique :
Dans la description proposée par Chall (1983), cette étape correspond au niveau 0. Il s'agit
d'une période de pré-lecture s'étendant de la naissance au moment où l'enfant devient capable
de lire. Durant cette période, l'enfant observe l'écrit et acquiert un certain nombre de
conceptions à propos de la lecture et de l'écriture. Il saura, notamment, à quoi ça ressemble un
texte écrit, où on le trouve, et ce qu'on entend quand on le lit à voix haute. L'enfant apprend à
identifier certains signes rencontrés dans son environnement, comme « Stop », « Coca Cola ».
L’enfant s’appuie à la fois sur des indices visuels saillants pris dans le mot (e.g. position de
certaines lettres, leurs configuration…) et sur des indices environnementaux (e.g. couleurs,
logos publicitaires, etc.). Certains mots familiers peuvent également être reconnus
instantanément. Frith caractérise ce stade de logographique car les stratégies d'identification
de mots sont basées sur la reconnaissance d'un patron visuel que l'enfant a appris par cœur.
Ces stratégies s'appuient sur des indices visuo-sémantiques (ou picturaux), sans aucune
référence à la structure phonologique du mot. L’enfant utilise ce que les chercheurs ont appelé
un « système sémantique pictural » dans lequel l’information linguistique est traitée comme
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AMMAR Mohamed PSYCHOLOGIE DE L’ENFANT
une image à laquelle un mot oral est associé. L'enfant a recours pour reconnaître le mot à la
présence de certains traits visuels saillants.
1 Graphème : unité graphique minimale entrant dans la composition de tout système d'écriture. Par exemple, le
mot "MAISON" est composé de six graphèmes.
2 Phonème : élément sonore minimal, non segmentable, de la représentation phonologique d'un mot, dont la
nature est déterminée par un ensemble de traits distinctifs. Par exemple, le mot "MAISON" est composé de
quatre phonèmes : /m/, /e/, /z/, /o~/.
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nade, par exemple, est lu par analogie à des mots réels qui constituent ses voisins
orthographiques, comme name, made et fade.
Au cours de ses premières années d’école, l’enfant doit apprendre à lire, mais par la
suite, il doit lire pour apprendre (Chall, 1983). Dans la 3ème année de l’élémentaire, on
s’attend que l’enfant ait parfaitement assimilé les processus visuels, phonologiques et
orthographiques de base, qu’il reconnaisse rapidement les mots, qu’il ait donc une bonne
vitesse de lecture et comprenne bien les textes. La complexité du matériel écrit présenté à
l’enfant augmente au fur et à mesure que le vocabulaire s’enrichit, que la syntaxe se diversifie
et que les textes s’allongent. Juel (1988) rapporte que, vers la fin de la 4ème année, les enfants
qui sont faibles en lecture n’ont pas encore atteint le niveau que les bons lecteurs avaient
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AMMAR Mohamed PSYCHOLOGIE DE L’ENFANT
atteint à la fin de la 2ème année. En effet, on constate que les bons lecteurs lisent beaucoup
plus en dehors de l’école et à l’école même que les faibles lecteurs.
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AMMAR Mohamed PSYCHOLOGIE DE L’ENFANT
2. L’APPRENTISSAGE DE L’ECRITURE
Selon certains chercheurs, l'écriture est apparue suite aux besoins des commerçants à
compter il y a 4000 ans, en Mésopotamie. La complexité des échanges commerciales et
l'administration a pris une ampleur telle qu'elle a dépassé la puissance de la mémoire. Ainsi
l'écriture est devenue la méthode plus fiable pour enregistrer et présenter les transactions dans
une forme permanente.
L'écriture relève du même code linguistique que la lecture, mais fait intervenir des
habiletés différentes. Pour écrire, il faut connaître la nature et la forme des lettres et pouvoir
les reproduire sur papier de façon lisible. La motricité fine qui entre en jeu dans la formation
des lettres à l'aide d'un crayon est le résultat d'une longue évolution.
Les chercheurs ont réalisé plusieurs études pour tester les connaissances des enfants
avant l'apprentissage explicite de l'écrit. De fait, les recherches ont montré que de jeunes
scripteurs sont capables de produire des écrits dont les graphies résultent de calculs
intelligents, en relation avec des procédures spécifiques que nous pouvons qualifier de pré-
orthographiques. Ces productions sont en fait des « écritures inventées » ou « orthographes
inventées », par référence aux travaux anglo-saxons qui ont vu le jour dans les années 1970, et
qui se rapportent aux invented spellings (Chomsky, 1971, 1975 ; Clarke, 1988 ; Rubin et
Eberhardt, 1996) ou creative spellings (Read, 1971, 1986).
Ces études ont permis à Gombert & Fayol (1992) de définir trois phases successives
de l'évolution de l'écriture chez l'enfant prérédacteur:
2.1.1. L'étape de conception non linguistique de l'écrit : les enfants produisent des graphismes
afin de tenter d'imiter les caractéristiques visuelles de l'écriture (gribouillages, lignes
ondulées). L'écrit semble avoir une existence autonome, indépendante du langage;
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AMMAR Mohamed PSYCHOLOGIE DE L’ENFANT
Vers l'âge de 6 ans, les chercheurs (Adi-Japha & Freeman, 2001) ont observé
l'émergence d'un système de traitement et de production de lettres distinct du système de
dessins; le mouvement de la main devient nettement plus fluide tant dans l'écriture que dans le
dessin. Sur le plan neurologique, le dessin et l'écriture exigent le même contrôle du
mouvement de la main, mais ces deux fonctions ne se chevauchent pas complètement; chez
certains adultes victimes de lésions cérébrales, tantôt c'est la capacité d'écrire qui disparaît
tantôt c'est la capacité de dessiner. Le dessin impose relativement peu de contraintes aux
mouvements de la main contrairement à l'écriture. Celle-ci, en revanche, favorise
l'automatisation.
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AMMAR Mohamed PSYCHOLOGIE DE L’ENFANT
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AMMAR Mohamed PSYCHOLOGIE DE L’ENFANT
perroquets parlent versus il va bien/ils vont bien (pour une vue d’ensemble de ces problèmes
orthographiques, voir Jaffré et Fayol, 1997). De plus, des mots nouveaux peuvent être écrits
par analogie avec ceux déjà connus. Ce dernier stade, une fois automatisé, sera celui de
l'expertise à l'écrit.
Evidemment, l'écriture implique d'avantage que la capacité de former des lettres avec
un crayon; il faut aussi avoir une idée, recueillir et trier l'information relative à celle-ci, et
l'organiser de manière que le lecteur soit intéressé et comprenne l'idée. Ces habiletés sont en
relation avec le développement cognitif de l'enfant et, ainsi, la description d'une journée à la
plage faite par un élève de 3ème année diffèrera de celle d'u adolescent de 15 ans. La rédaction
d'un texte requiert tout de même plusieurs habiletés relatives au vocabulaire, aux
connaissances et leur rappel, à la structure syntaxique, etc. On peut penser qu'étant donné la
complexité des habiletés cognitives qu'un enfant doit solliciter pour exprimer ses idées dans
un texte écrit, les habiletés motrices d'écriture peuvent être considérées comme secondaire
dans l'ensemble de l'opération. Certains chercheurs (Graham & Weitraub, 1996) affirment que
les exigences de l'écriture peuvent interférer de plusieurs manières avec les processus
supérieurs de composition de texte. D'abord, s'il est très lent, l'enfant peut perdre le fil de ses
idées avant même qu'il ait commencé à écrire. Ensuite, l'alternance entre la réflexion et
l'exécution peut lui faire perdre sa concentration, ce qui peut rendre l'écrit incohérent et
démotiver l'enfant du fait de l'application soutenue que l'activité exige de lui. Jones &
Christensen (1999) ont étudié la relation entre l'automatisation de l'écriture à la main et la
compétence en matière de rédaction de texte chez les collégiens. En évaluant de façon
constante le niveau de compétence en lecture, ils ont trouvé que le score d'écriture à la main
(basé sur la rapidité et la maîtrise de l'orthographe) avait une corrélation de 0.73 avec le
résultat en rédaction de texte. Cela signifie que 53% de la variance du résultat en composition
de texte s'explique par l'automatisation de l'écriture à la main. Les auteurs en concluaient que
les habiletés motrices et orthographiques jouent un rôle essentiel dans la rédaction de textes.
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AMMAR Mohamed PSYCHOLOGIE DE L’ENFANT
Les premiers travaux dans le domaine du nombre ont été réalisés par Piaget et
Szeminska (1941). Ils ont insisté sur l’importance de l’acquisition de la notion de
conservation47 (au stade des opérations concrètes) pour le développement de la compétence
numérique. Les travaux actuels semblent montrer que la compétence numérique implique une
grande diversité d’acquisitions. Ces acquisitions concernent, principalement, la connaissance
de la chaîne numérique verbale, la connaissance des principes de comptage, la gestion de
l’ordre dans la chaîne numérique et l’utilisation du nombre dans des tâches de résolution de
problèmes.
a- Le premier correspond au chapelet, dans lequel l’enfant est capable de produire une
petite suite de nombres qui n’ont aucun caractère individualisé et ne se réfèrent pas à
des objets. Cette suite apprise souvent dans le cadre de jeux ou avec une comptine, ne
peut être que récitée qu’en totalité sans qu’un élément puisse être détaché ou
individualisé.
b- Dans un deuxième niveau, la chaîne insécable (qui ne pas être coupée), les nombres
deviennent individualisés : les enfants sont capables de compter jusqu’à « n »,
éventuellement inférieur au plus grand nombre connu, mais doivent toujours
commencer à « 1 ».
c- Le troisième niveau est celui de la chaîne sécable. L’enfant accède à ce niveau dans la
mesure où il peut en extraire une partie : compter de « a » jusqu’à « b » sans
commencer nécessairement à « 1 ». Le comptage à rebours et la capacité à répondre à
des questions de type « Qu’est-ce qui vient après n ? » se développent parallèlement.
d- La chaîne terminale, enfin, implique la capacité à compter « n » éléments en partant
de « a » : compter 6 éléments à partir de 7, par exemple. La principale difficulté, à ce
47 L'opération concrète de conservation s'applique à la substance dès 7-8 ans, au poids vers 8-9 ans et au volume
à 11-12 ans.
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AMMAR Mohamed PSYCHOLOGIE DE L’ENFANT
Des nouvelles difficultés surgissent avec l’accès à la symbolisation écrite des chiffres.
Celle-ci repose sur un système très simple puisqu’il ne comporte que dix symboles (0,1…9).
Toutefois, les dix symboles s’organisent selon une combinatoire dite positionnelle, de gauche
à droite pour le français et l’anglais.. Des études culturelles comparatives indiquent que
l’apprentissage de la dénomination des nombres varie avec le système numérique à
apprendre. Par exemple, le chinois à une séquence plus régulière de termes numériques que
l’anglais. Dans les deux langues, les nombres de 1 à 10 sont arbitraires et, au delà de 20, les
nombres suivent un pattern régulier consistant à dénommer la dizaine, puis l’unité (par
exemple, vingt et un). Cependant, en chinois, les nombres de 11 à 20 suivent également un
pattern régulier (comparable à l’arabe, 10-1, 10-2). Les résultats ont montré qu’à partir de 3
ans, quand la majorité de l’apprentissage est centré sur l’acquisition de la série arbitraire des
nombres de 1 à 10, les performances des enfants sont comparables dans les deux langues.
Cependant, les différences apparaissent à 4 ans, lorsque les enfants ont besoin de maîtriser les
dizaines. L’acquisition de la chaîne numérique des enfant apprenant dans le système chinois
progresse très vite, tandis que celle des enfants apprenant les termes irréguliers anglais allant
de 11 à 20 se développe lentement.
En arabe les nombres se lisent parfois de droite à gauche et parfois le contraire. En
effet les nombres décimales de 11 à 99 se lisent dans le sens de l’écriture arabe, c’est-à-dire
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AMMAR Mohamed PSYCHOLOGIE DE L’ENFANT
de droite à gauche. Mais la lecture devient plus compliquée à partir du nombre 101. Les
nombres qui associent millième, centaines, dizaines et unités se lisent dans le sens contraire à
l’écriture arabe, c’est-à-dire de gauche à droite.
3.2. La compréhension des propriétés cardinales48
Dans les études de Sophian (1991), il a été démontré que les enfants jusqu’à l’âge de 3
ans n’établissent pas de rapport entre le comptage et les problèmes concernant les relations
numériques entre deux collections. Ils ne comptent pas spontanément deux collections pour
les comparer ou construire des collections équivalentes ; ils ne distinguent pas les procédures
pertinentes de celles qui ne le sont pas lorsqu’ils s’agit de comparer deux collections. A partir
de l’âge de 4 ans, les performances sont bien meilleures à tous ces types de problèmes. Ces
résultats suggèrent que la cardinalité est une conquête relativement tardive dans le
développement du comptage.
Il est maintenant admis que les bébés peuvent différencier des collections comprenant
peu d’éléments, par ex. au cours de la 1ère année, après avoir été habitués à la présentation de
collection de 3 objets, ils prêterons davantage attention à des collections de 2 ou 4 objets.
Toutefois, ils ne possèdent pas de représentation de la numérosité en tant que dimension
abstraite, conférant une unité aux collections de 3 unités et les différenciant des collections de
2 ou 4 éléments.
Distinguer un nombre plus élevé d’objets pose beaucoup plus de difficultés. Ce n’est
pas avant l’âge de 4 ans. Ces résultats suggèrent que les bébés identifient les cardinalités à
travers le subitizing, un processus perceptif rapide et sans effort que les individus peuvent
48 Cardinal : en mathématique, nombre qui caractérise la puissance d’un ensemble : un ensemble fini a pour
cardinal l’entier naturel qui indique le nombre de ses éléments.
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AMMAR Mohamed PSYCHOLOGIE DE L’ENFANT
appliquer sur des collections ne dépassant pas 3 ou 4 objets. Lorsqu’on est confronté à une
rangée comportant un à 4 objets, nous savons immédiatement combien il y en a ; en revanche,
avec un nombre d’objets plus grands, nous sommes moins sûrs de nous-mêmes et nous avons
besoin de compter. Les adultes et les enfants de 5 ans se comportent de façon similaire aux
bébés dans le sens où ils sont capables de d’identifier très rapidement la valeur cardinale d’un
à trois ou quatre objets par l’intermédiaire du subitizing.
Le comptage est l’action de calculer le nombre ou la quantité des objets pour les
dénombrer. Le comptage peut se réaliser physiquement ou mentalement. C’est à travers cette
activité que se manifeste d’abord la maîtrise de la chaîne numérique. Cette capacité apparaît
très tôt, dès l’âge de 3 ou 4 ans. Un certain nombre de chercheurs (ex. Baroody, 1991) ont
étudié son développement et s‘accordent sur la séquence décrite ci-après :
Dans un premier temps, le comptage s’effectue sur les collections complètes. Ainsi, si
l’enfant a dénombré 3 billes puis 2 billes et qu’on lui demande combien il en a en tout, il
réunit physiquement les deux ensembles et compte les éléments de la nouvelle collection. En
d’autres termes, il ne semble pas bénéficier du fait d’avoir préalablement déterminé la
cardinalité des deux sous-collections (3 et 2). Ceci correspond à la procédure du tout compter.
Dans une deuxième phase, la réunion matérielle des deux sous-collections en une seule
ne paraît plus indispensable. L’enfant semble désormais en mesure de s’appuyer sur le résultat
du dénombrement de la première collection pour sur-compter à partir d’elle : (3) 4 5 ou (2) 3
4 5. D’abord réalisé physiquement, ce comptage serait ensuite intériorisé. Il pourrait alors
s’effectuer mentalement, avec ou sans l’aide de support visuels (les doigts par exemple).
Le principe d’adéquation unique qui implique que chaque élément d’une collection à
compter doit correspondre à une, et une seule, désignation.
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AMMAR Mohamed PSYCHOLOGIE DE L’ENFANT
Le principe de l’ordre stable : assigner toujours les nombres dans le même ordre.
Le principe cardinal : le dernier chiffre compté indique le nombre d’objets de la
collection.
Le principe d’ordre non pertinent : l’ordre dans lequel les objets sont comptés est
sans importance.
Le principe d’abstraction : les autres principes s’appliquent à n’importe quelle
collection d’objets.
Plusieurs observations ont montré que les enfants comprennent tous ces principes dès
l’âge de 5 ans, et certains dès l’âge de 3 ans.
- Même quand les enfants font erreur de comptage, ils témoignent d’une connaissance du
principe d’adéquation unique, puisqu’ils assignent exactement un terme numérique à la
plupart des objets. Par exemple, ils peuvent compter tous les objets une fois à l’exception d’un
seul, soit en l’oubliant, soit en le comptant deux fois. Ces erreurs semblent provenir d’un
problème d’exécution plutôt que d’une mauvaise intention.
- Les enfant semblent connaître le principe d’ordre stable car ils prononcent presque
toujours les termes numériques dans un ordre stable. Habituellement, c’est l’ordre
conventionnel, mais occasionnellement c’est un ordre idiosyncratique49 comme « 1, 3, 6 ».
Cependant, même quand les enfants utilisent un ordre idiosyncratique, ils utilisent cet ordre
pour chaque comptage. Les enfants d’âge préscolaire témoignent d’une connaissance du
principe cardinal en accentuant la prononciation du dernier nombre.
- Finalement, bien que le principe d’ordre non pertinent s’avère le plus difficile, les
enfants de 5 ans semblent le comprendre. La plupart d’entre eux reconnaissent que le
comptage peut commencer au milieu d’une rangée d’objets, à partir du moment où chaque
objet est finalement compté.
Mais ces principes doivent par ailleurs être mise en œuvre et coordonnés en temps
réel, ce qui peut, à certains moments, surtout pour les grandes collections, entraîner des
échecs et des instabilités de performance. Il s’ensuit que les phases précédemment évoqués ne
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AMMAR Mohamed PSYCHOLOGIE DE L’ENFANT
Des chercheurs américains (Siegler et Jenkins, 1989) ont montré qu’à 5 ans, les
enfants sont capables de résoudre les problèmes arithmétiques simples (5 + 3) en recourant à
différentes procédures : utilisation des jetons ; recours aux doigts ; récupération directe de la
réponse en mémoire (3 + 5 = 8).
Ces mêmes chercheurs ont confirmé que le comptage mental constitue une étape
conduisant au stockage en mémoire d’associations entre opérations (3+5) et résultats (8). Ces
associations se révèlent d’autant plus fortes qu’elles sont plus fréquemment rencontrées et
qu’elles sont positivement sanctionnées. En conséquence, même si l’enfant peut toujours s’il
n’est pas sûr de lui, il tend de plus en plus à retrouver directement les résultats en mémoire.
Peu à peu s’élabore ainsi un réseau d’associations qui deviendra de plus en plus complexe au
fur et à mesure que d’autre opérations seront introduites.
L’accès rapide et efficace des opérations élémentaires stockées en mémoire est une
condition nécessaire de réussite dans l’utilisation des algorithmes. Un algorithme est une
procédure complexe qui enchaîne une série d’opérations et qui garantit, si celles-ci sont
effectuées sans erreur et dans l’ordre, la résolution exacte du problème.. L’addition, la
multiplication, la soustraction, la division (mais aussi les équations) requièrent des
algorithmes.
Les propriétés ordinales font référence aux positions relatives des nombres. Par exemple,
le fait que cinq est le cinquième nombre de la chaîne numérale. Un nombre peut être premier
ou second dans l’ordre, il peut être supérieur ou inférieur à un autre nombre. La maîtrise des
propriétés ordinales des nombres commence dès la petite enfance, entre 12 et 18 mois.
143
AMMAR Mohamed PSYCHOLOGIE DE L’ENFANT
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AMMAR Mohamed PSYCHOLOGIE DE L’ENFANT
Bideaud, J. Meljac, C. & Fisher, J.P. (Eds). Les chemins du nombre (pp. 133-158). Lille.
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