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dk491967

Mardi le 4 avril
Travail remis à Dario Perinetti
Question 1
PHI4054
Dans la 7ème section de la première partie du Traité de la nature humaine, David
Hume s’intéresse à la question de la provenance de nos idées générales, idées que
nous avons en notre esprit à propos des choses et des objets. Dans ses réflexions,
Hume se butte à deux origines possibles des idées générales: soit que les idées
générales sont des idées tellement générales qu'elles ne possèdent aucunes qualités
particulières de forme et de degré, soit qu’en notre esprit, pour concevoir l’idée abstraite
d’une chose, nous ayons une infinité d’idée ces choses, possédant elles aussi une
infinité de caractéristiques différentes et distinctes de degré et de taille différente.
Chacunes de ses solutions possèdent cependant un problème. Pour satisfaire la
première explication, il faudrait que l’idée générale corresponde à un objet ne
possédant aucune qualités précise ou caractéristique stricte et soit donc une image
extrêmement généralisée et l’idée serait infiniment abstraite. Hume s’attaque à cette
première solution dans son raisonnement pour découvrir l’origine de nos idées
abstraites. Pour satisfaire à la deuxième proposition, il faudrait pouvoir imaginer une
infinité d’objets de la même sorte et une fois cela fait, il faut ensuite pouvoir imaginer
toutes les grandeurs et caractéristiques possibles de ces objets ainsi que tous les
degrés de ces caractéristiques. Hume stipule justement que cette deuxième option est
absurde, car elle requiert un entendement qui est lui aussi infini pour pouvoir contenir
toutes ces possibilités.
Pour répondre à cette question colossale, Hume va chercher de l’aide chez un
philosophe irlandais: Georges Berkeley, un philosophe contemporain à Hume, et
s’inspire de ses thèse pour apporter une réponse satisfaisante. Hume cherche
cependant à confirmer hors de tout doute la thèse de son semblable et pouvoir mettre
définitivement fin au débat. Influencé par les travaux de Berkeley, Hume utilise à sa
façon le principe d’abstraction présenté par son compatriote. Le principe d’abstraction
nous permet de dire d’une chose qu’elle existe de façon séparée d’une autre chose si
nous pouvons penser séparément la première chose de la deuxième. L’abstraction
nous permet donc d’enlever des caractéristiques qui sont traditionnellement dites non-
essentielles d’une chose pour garder ce qui est essentiel, mais ce principe comporte un
problème massif.
Une célèbre phrase de Berkeley est Esse est percepi, ou tout ce qui est est
perçu. Pour Berkeley, les seules choses qui existent sont les choses qui sont perçues.
Les choses de la vie courante sont perçues de façon indirecte, car nous ne portons pas
constamment attention aux objets qui nous entourent et ils sont perçus par nos sens
sans que nous le voulons. Les idées quant à elles sont perçues directement, car elles
sont des pensées qui sont intentionnellement et que notre entendement crée sous notre
volonté. La problématique provient du fait qu’avec le principe d’abstraction, est-il
possible de penser séparément une chose de la perception de cette chose, ou encore,
est-il possible de séparer l’idée d’une chose de la chose tel qu’elle est perçue? Berkeley
soutient qu’il est impossible de séparer l’idée d’une chose de la perception de cette
chose et que nous ne pouvons penser autre chose que ce qui est perçu. Cette
conclusion inspire beaucoup Hume pour son argumentation lorsqu’il posera ce que les
idées abstraites sont en réalité.
Même avec les problèmes que le principe d’abstraction soulève, Hume s’inspire
de ce principe dans sa thèse pour présenter trois de ses propres principes qui lui seront
utiles pour répondre à sa question initiale. Hume présente le principe de séparabilité, le
principe de concevabilité ainsi que le principe de possibilité. Pour Hume, ces trois
principes sont intrinsèquement reliés et se suivent tel une suite logique de concepts. Le
principe de séparabilité est initialement présenté dans le traité (T. 1.1.7.3) et stipule que
tout objets différents d’un autre objet peut être séparé grâce à l’imagination. Une fois
ces objets séparé, le principe de concevabilité vient logiquement suivre le principe de
séparabilité en dictant que tout objets, perceptions, ou autre qualités qui peuvent être
séparé d’une autre chose du même genre implique que ces deux choses peuvent être
conçue séparément l’une de l’autre et peuvent donc exister indépendamment.
Finalement, le principe de possibilité vient boucler le raisonnement en précisant que si
l’on peut concevoir deux choses existant comme séparément l’une de l’autre, il y a donc
une possibilité que ces deux choses peuvent exister séparément l’une de l’autre.
Le principe de séparabilité sera au centre de son premier argument pour
démanteler la première proposition. Hume utilise l’abstraction à son plein potentiel en
triant les choses qui peuvent être séparées des autres et les choses qui ne peuvent pas
être séparées d’autre chose. Hume propose que les objets qui sont différents les uns
des autres peuvent être séparés dans l’imagination, car ils peuvent être séparés l’un de
l’autre. Nous pouvons concevoir un humain sans cheveux, mais lorsque l’on observe un
cheveux en temps que tel, nous nous rendons compte que la longueur du cheveux ne
peut lui être retirée, car sinon le cheveux n’aurait pas de taille et n’existerait donc pas.
Ces deux idées sont donc intrinsèquement liées et ne peuvent pas être séparées. Il n’y
a donc aucune différence entre l’idée du cheveux et la longueur du cheveux et il n’est
pas possible que ces deux choses existent séparément.
Pour continuer, Hume utilise sa définition de perception qu’il présente au début
du traité (T. 1.1.1.1) pour présenter son deuxième argument. Pour Hume, les
perceptions sont une combinaison d’idées et d’impressions qui se distinguent par leur
vivacité et par la force dont elles pénètrent l’esprit. Ceux qui entrent dans notre esprit
sont nommés impression. Les idées sont cependant basées sur nos impressions, ou du
moins une version affaiblie de ces impressions, concept qu'exploite Hume dans son
argumentation. Ces impressions qui constituent les perceptions apparaissent à l’esprit
avec une vivacité distincte et des niveaux de qualité eux aussi très stricts. Le cheveux
qui nous apparaît possède une teinte brunâtre particulière ainsi qu’une bouclette qui lui
est caractéristique. Les idées proviennent des impressions et, même si elles sont moins
fortes que leur génitrice, elles gardent les caractéristiques strictes que possédaient les
impressions. L’idée du cheveux, moins forte que l’impression initiale, garde tout de
même les mêmes détails et caractéristiques du modèle de référence.
Pour finir, Hume s’attaque finalement à l’idée des objets en eux-mêmes, puisque
pour Hume, penser un objet et penser tout court revient à la même chose, la chose
pensée sera la même dans les deux cas. Hume précise au début du paragraphe (T.
1.1.7.6) que toute chose ou idée absurde lorsque considérée dans la nature ou dans les
faits doit nécessairement l’être aussi en idée. Comme il est absurde de dire d’un objet
qu’il ne possède aucun attribut précis et distinct, l’idée se référant à cet objet est aussi
absurde et cette idée ne peut être dénudée de caractéristiques précises et il nous est
impossible de former une idée d’un objet sans degré précis de qualités et de quantité.
Hume conclut le paragraphe (T. 1.1.7.6) en retournant à question de base. La
première proposition étant rejetée par trois arguments grâce aux principes de
séparabilité, concevabilité et possibilité, il admet une version modifiée de la seconde
proposition. Les trois principes présentés par Hume sont donc central dans sa quête de
démanteler l’origine des idées générales comme étant des idées non-déterminées, car
elles permettent d’admettre qu’il nous est impossible de concevoir une chose sans ses
qualités dites non-essentielles et qu’il est donc impossible que cette chose ait une
possibilité d’exister sans ses qualités distinctes et propres. La deuxième option qui
relevait de l’absurdité est donc la voie qui semble soudainement la plus plausible et
c’est ce qu’il explore dans la suite de la section.
Hume termine le paragraphe (T. 1.1.7.6) en proposant que les idées abstraites
possèdent des caractéristiques bien distinctes et que comme notre entendement fini ne
possède pas la capacité de se représenter l’infinitude d’objets distincts différents, l’idée
que l’esprit utilise pour représenter l’idée d’un objet est un cas séparé et possédant des
caractéristiques complexes et distinctes qu’il utilise de façon universel pour regrouper et
englober une ensemble d’objets semblables. Les idées abstraites ne sont alors que des
idées individuelles que l’esprit utilise pour désigner un vaste ensemble d’objets
possédant des caractéristiques similaires. Mais comment pouvons-nous associer un
objets précis pour d.crire un vaste ensemble d'objets? Hume explore son raisonnement
dans les paragraphes suivants (T. 1.1.7.7-10)
Nous employons les mêmes mots et expressions pour décrire et définir ces
objets que nous considérons comme similaires sur plusieurs points. Le langage nous
est utile pour rassembler sous la même bannière des objets sous une représentation
commune et abstraite. Même si nous réunissons parfois des objets d’une façon
inadéquate et maladroite, Hume montre les bénéfices que cela peut avoir sur la vie
pratique. Une fois que nous avons réunis ces objets, il crée en nous une habitude de
piger dans cet amas lorsque nous entendons un mot correspondant à une idée
semblable et nous tirons un cas isolé pour représenter la masse. Cette habitude
répétée produit une coutume en nous et cette coutume produit à nouveau l'entièreté
des idées individuelles que nous utilisons dans la vie courante. Notre entendement
étant à nouveau fini, nous n’avons pas la panoplie infinie de cas précis et distincts
lorsque les mots correspondant au groupe surviennent, et nous survient alors un seul
cas distinct qui sert d’exemple pour l’ensemble.
Hume pousse même son raisonnement plus loin face à la coutume créée en
notre esprit et propose que la coutume une fois créée nous permet d’associer une idée
à plusieurs mots différents et peuvent eux-mêmes être utilisés dans des contextes et
des raisonnements eux aussi différents. Le mot cheveu utilisé ci-haut à une signification
particulière et peut être utilisé couramment dans le langage pour faire référence à une
multitude d'individus strictement déterminés et particuliers. Plusieurs idées distinctes
vont donc parcourir notre esprit lorsque ce mot apparaît et l’esprit choisit un cas
particulier pour que notre entendement puisse comprendre ce qui est parlé et discuté.
Nous avons donc la capacité de visualiser plusieurs cas distincts pour produire la
généralité et de s’arrêter sur un exemple précis pour pouvoir comprendre l’interlocuteur.
Hume relève tout de même que mettre multitude d’objets sous la même
définition, ou sous une définition semblable peut créer des malentendus ou des
sophismes. Ces raisonnements erronés proviennent du fait que, comme mentionné plus
haut, notre capacité à rassembler plusieurs objets semblables est imparfaite et produit
alors une généralisation abusive ou inadéquate. Les erreurs d’association sont donc
possibles et il faut donc vérifier si ce que l’on compare et associe soit assez similaire
pour pouvoir être placé sous les mêmes catégories ou si ce n’est qu’à la première
impression que nous qualifions quelque chose de semblable.
Hume pense donc que les idées abstraites sont des idées individuelles, utilisées
de façon universelle par notre esprit pour englober une multitude d’objets semblables et
que la coutume renforce en créant une habitude en nous. Lorsque un mot
correspondant à un cas précis survient, nous créons en notre esprit un cas précis
désignant un ensemble de termes semblables.

Mots: 1858

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