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globalisation et mondialisation[modifier 

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« Avant, les événements qui se déroulaient dans le monde n'étaient pas liés entre eux. Depuis, ils
sont tous dépendants les uns des autres »
— Polybe, IIe siècle av. J.-C.12
La distinction entre ces deux termes est propre à la langue française. Au départ, d'un point de
vue étymologique, comme pour le sens commun, monde (tiré du latin mundus : univers) et globe (tiré
du latin globus : en tous sens) sont suffisamment proches a priori pour
que mondialisation et globalisation soient synonymes dans leur emploi initial en langue française13,14.
En anglais, l'usage premier revient au terme « globalisation », repris d'ailleurs par la plupart des
autres langues. Le terme anglo-Américain globalization recouvre largement le même débat que la
variante sémantique francophone. Différentes personnes peuvent accorder telle ou telle nuance de
sens aux termes employés, selon qu'ils mettent l'accent sur la dimension économique, culturelle ou
politique, en fonction de leur appartenance, consciente ou non, à tel ou tel courant de pensée.
Le géographe Laurent Carroué, spécialiste de ces questions, plaide pour une distinction plus nette
de ces deux termes. Pour lui, la mondialisation peut être définie comme le processus historique
d'extension du système capitaliste à l'ensemble de l'espace géographique mondial. Il critique l'usage
trop vague de globalisation.
En français, malgré la proximité de « globalisation » avec l'anglais, la particularité de
« mondialisation » repose sur une divergence sémantique. D'après le sociologue Guy Rocher : « La
mondialisation pourrait être définie comme l'extension à l'échelle mondiale d'enjeux qui étaient
auparavant limités à des régions ou des nations. » Tandis que l'internationalisation « nous réfère aux
échanges de diverses natures, économiques, politiques, culturels, entre nations, aux relations qui en
résultent, pacifiques ou conflictuelles, de complémentarité ou de concurrence. » D'après lui « si l'on
parle de mondialisation, on entend évoquer une autre réalité, contemporaine celle-là : l'extension de
ces relations et de ces échanges internationaux et transnationaux à l'échelle du monde,
conséquence de la rapidité toujours croissante des transports et des communications dans la
civilisation contemporaine. Quant à la globalisation – un terme qui a la préférence du sociologue –,
elle ferait référence à un système-monde au-delà des relations internationales, au-delà de la
mondialisation, un fait social total au sens propre du terme, un référent en soi »15.
L'intérêt pour la mondialisation se généralise également au cours des années 1990. Il s'agit de la
vision d'un monde qui évolue peu à peu vers le « village global » décrit par Marshall McLuhan. Il
s'agit de l'influence des mouvements antimondialistes et altermondialistes, qui attire l'attention du
public sur l'ampleur et les conséquences du phénomène.
Dans le monde académique et particulièrement anglophone, la popularisation du
terme globalization et son usage comme terme « fourre-tout » a accentué le débat académique. Il est
maintenant admis que le terme désigne le développement de l'interdépendance au niveau mondial.
À partir de cette définition générale chaque grand courant académique met l'accent sur la dimension
qui lui paraît la plus pertinente. Par exemple, certains universitaires comme Manuel Castells se
concentrent sur le lien entre les dimensions économiques et sociales. D'autres, comme John
Urry (en), mettent l'accent sur la complexité croissante qui caractérise tous les échanges humains
(économiques, culturels et politiques). Aussi, le terme et sa popularité sont liés aux problématiques
de développement, comme le montre Jan Nederveen Pieterse et son concept d'hybridity. Les
polémiques qui agitent le milieu universitaire anglophone reflètent l'existence d'un débat planétaire.
Urry est anglais mais Castells est espagnol et Pieterse hollandais.
Le terme s'enrichit au cours du temps au point de s'identifier, d'après Robert Boyer, à une nouvelle
phase de l'économie mondiale16. Plusieurs définitions peuvent être distinguées. En 1983, Theodore
Levitt désigne sous ce terme « la convergence des marchés qui s'opère dans le monde entier ». Le
terme s'applique surtout à la gestion des multinationales et concerne exclusivement les échanges
internationaux. Globalisation et technologie semblent façonner avec constance et résolution les
relations internationales. Tout se passe comme si le « monde entier » constituait une entité unique
vendant la même chose, de la même manière à des coûts relativement bas17. La firme multinationale
doit s'adapter aux différences nationales, mais seulement à regret, dans la mesure où elle n'est pas
parvenue à circonvenir ou à recomposer les demandes spécifiques qui s'adressent à elles.
En 1990, Ken'ichi Ōmae16 applique la notion à l'ensemble de la chaîne de création de valeur (R&D,
ingénierie, production, marchandisation, services et finance). La marche à la globalisation se fait par
étapes : « Après avoir développé ses exportations à partir de sa base nationale, l'entreprise établit à
l'étranger des services de vente, puis produit localement, puis ultérieurement accorde une maitrise
complète à la filiale créée sur place. » Le processus est alors à son terme : l'intégration globale où
les firmes d'un même groupe conduisent leur R&D, financent leurs investissements et recrutent leur
personnel à l'échelle mondiale. Pour la grande firme multinationale, la globalisation pointe une forme
de gestion totalement intégrée à l'échelle mondiale.

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