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TABLE DES MATIÈRES

INTRODUCTION...........................................................................................5
CHAPITRE 1 Qu’est-ce que ce la mondialisation et comment a-t-elle
influencé les cultures ?....................................................................................6
1.1. La mondialisation dès les origines jusqu’à présent...................................6
1.2.La mondialisation versus la globalisation.................................................13
1.3. De la mondialisation des échanges à la mondialisation culturelle...........19
1.4.Le localisme globalisé et le globalisme localisé.......................................24
1.5.Un modèle culturel et social : les Etats-Unis............................................26
1.5.1.Un espace plein de ressources................................................................28
1.5.2.Le début de la culture de masse aux Etats-Unis.....................................33
CHAPITRE 2 L’influence du développement des technologies de
l’information et communication...................................................................43
2.1.La culture de masse en France et l’influence des médias..........................43
2.2. La presse écrite : l’adaptation d’un produit culturel.................................45
2.3.L’ère de l’affichage...................................................................................55
2.4.La radiodiffusion.......................................................................................57
2.5.La télévision..............................................................................................61
2.6.La mondialisation culturelle et les médias................................................64
CHAPITRE 3 La situation de la France face à la mondialisation
culturelle.........................................................................................................66
3.1 L’identité culturelle française confrontée à la mondialisation..................66
3.2.L’identité culturelle française....................................................................73
3.2.1.La culture française -un secteur d’activité.............................................78
3.2.2.Les arts plastiques et l’architecture........................................................80
3.2.3.La musique et le danse...........................................................................82
3.2.4.Le théâtre et le cinéma............................................................................84
3.3.La mondialisation dans les médias français..............................................87
3.4. La mondialisation culturelle- une menace pour l’identité culturelle
française ?........................................................................................................90
CONCLUSIONS............................................................................................95
BIBLIOGRAPHIE........................................................................................97
ANNEXES......................................................................................................99

4
INTRODUCTION

Parler de la mondialisation dans le contexte actuel c’est difficile


puisque pour comprendre ce processus et les mutations provoquées il est
absolument nécessaire de connaître ses origines, ses causes.
Dans ce sens-là on a choisi comme sujet d’analyse le phénomène de la
mondialisation, en prenant le cas de la France. La langue anglaise, avec la
culture américaine a réussi de pénétrer dans presque tous les domaines, en
causant des transformations irréversibles en ce qui concerne la culture
française.
On a essayé dans le premier chapitre de tracer les origines de la
mondialisation, puisque ce processus est actif depuis des décennies et de
mettre en évidence le passage de la mondialisation économique à la
mondialisation culturelle, ce niveau étant le plus sensible.
Le deuxième chapitre est consacré aux facteurs qui ont permis
l’évolution de ce phénomène, les innovations dans les domaines de
l’informatique et de la communication, qui ont évolué en même temps que la
mondialisation, en réalisant un court historique.
En choisissant comme sujet d’analyse le cas de la France, on a dédié le
dernier chapitre à une réflexion concernant les transformations au niveau
culturel.
Incontestablement la France a ressenti les effets de la mondialisation et
de la suprématie de la langue anglaise, en participant avec les autres pays du
monde à ce processus d’uniformisation, mais petit à petit elle commence à
prendre des mesures dans ce sens et à riposter, en introduisant le concept de
l’ « exception culturelle ».

5
CHAPITRE I

QU’EST-CE QUE CE LA MONDIALISATION ET COMMENT ELLE


A INFLUENCÉ LES CULTURES ?

1.1. La mondialisation dès les origines jusqu'au présent

On entend tous les jours parler de ce terme, la mondialisation, des


sommets, des congres, des rapports, des ouvrages, des organisations sur ce
thème. C’est une notion très actuelle qui pour beaucoup d’entre nous n’amène
que des problèmes et pour autres est la plus belle chose qui soit arrive à notre
monde sur le plan économique. Mais en effet d’où vient ce terme ? Quelle est
son histoire? Comment peut-on définir cette notion?
Dans ce chapitre on va essayer de répondre à toutes ces questions et on
va analyser le phénomène de la mondialisation avec tous ses aspects et ses
caractéristiques.
Dans le sens général du terme, il représente en même temps le
processus et le résultat du processus selon lequel les phénomènes de divers
ordres (économie, environnement, politique, culture) tendent a revêtir une

6
dimension proprement planétaire. On peut citer dans ce sens la célèbre
remarque de Paul Valery : « Le temps du monde fini commence ».1
La mondialisation, du point de vue historique, est aussi le résultat, si
l’on veut le fruit, de l’innovation humaine et du progrès technique, car
incontestablement ces deux éléments sont les facteurs principales qui ont
déclanché ce phénomène.
Ce phénomène actif depuis des siècles a pris un essor considérable au
cours des derniers décennies avec la libération des échanges et la
multiplication d’accords commerciaux.
Il n’existe pas de définition unique du concept. La signification du
terme mondialisation varie en fonction de la manière dont le sujet est abordé
et même en fonction des sentiments personnels. Les définitions varieront
également selon l’acteur social qui procède à sa définition (ex. travailleur,
employeur, représentant gouvernemental), selon la perspective adoptée (ex.
historique, économique, juridique, sociologique, etc.) et selon l’orientation
idéologique des personnes ou des institutions qui utilisent le terme. Parce que
la définition de la mondialisation n’est pas établie, définir le terme est en soi
déjà sujet à débat.
Chacun d’entre nous peut définir le phénomène de la mondialisation en
fonction de son expérience personnelle et de son contexte local. Evidemment,
ces définitions ne seront pas neutres. Ceci résulte du fait que les définitions
issues de différents contextes culturels et disciplinaires se complètent
mutuellement.
 En réalité, la meilleure description de la mondialisation est
généralement fournie par un ensemble de définitions plutôt que par une seule
définition.
1
Regards sur le monde actuel, 1931
7
La mondialisation est souvent décrite comme :
 Unification, déterritorialisation, internalisation, intégration spatiale,
atemporalité, simultanéité (perception commune de l’espace et du temps
dans le monde).
 Croissance de l’interdépendance mondiale (les effets d’une action d’une
personne peuvent avoir de plus en plus souvent une répercussion
immédiate sur la vie de l’autrui ; les événements locaux sont façonnés
par des événements se déroulant a des milliers de kilomètres et vice
versa)
 Universalisation, intensification mondiale des échanges internationaux
(d’informations, de commerce, de flux migratoires).
 Occidentalisation, modernisation, homologation, homogénéisation (des
peuples et des cultures).La principale perception ici est que le
capitalisme, le rationalisme, l’industrialisme, la bureaucratie sont
délibérément répandus dans le monde, détruisant les cultures
préexistants, les habitudes et les identités locales).
 Normalisation, uniformisation (de la production et de la
consommation).
 Incertitude, risque, flexibilité, mobilité, précarité (des conditions de
travail, de la vie sociale, de la qualité de la vie et de l’environnement).
La mondialisation possède plusieurs caractéristiques :
 Elle est multidimensionnelle parce qu’elle implique des nombreuses
dimensions de la réalité, comme la technologie, l’économie, la
politique, la culture, l’environnement.
 Elle est dynamique. Il s’agit d’un processus en cours, qui évolue en
même temps que les innovations technologiques, que les nouveaux

8
accords de commerce ou des investissement, que les relations politiques
internationales entre les pays ou que les intensification (ou le
ralentissement) des flux migratoires transfrontaliers.
 Elle fait l’objet d’un jugement idéologique. Les medias ont fait du
terme mondialisation un terme a la mode ; les hommes et les leaders
utilisent ce mot d’un manière abusive. Dans certains cas extrêmes, nous
voyons les positions inconciliables de ceux qui voient la mondialisation
comme la source de toux les maux modernes et des ceux qui pensent
qu’il s’agit de al solution à tout problème.
Le terme « mondialisation » apparaît dans la langue française en 1964
dans le cadre des travaux économiques et géopolitiques, il signifie
l’accroissement des mouvements de biens, de services, de main d’œuvre, de
technologie et de capital a l’échelle internationale.
Au cours des années ’80, le terme mondialisation est apparu dans la
littérature proposée par les écoles américaines de management, comme étant
lie a l’idée de l’apparition d’un système normalisé de production et d’un
marchée homogénéisé à l’échelle mondiale.
En 1991, le « Oxford Dictionary Of New Words » (dictionnaires de
néologisme) a repris pour la première fois officiellement le terme, comme
étant un mot usité pour designer l’interdépendance entre les problèmes
environnementaux et les activités humaines.
En ce qui concerne les principaux facteurs qui ont déclanché le
phénomène de la mondialisation ils sont très difficiles à établir. Certains
soutiennent que le principal facteur qui a déclanché la mondialisation est celui
du progrès rapide des technologies de l’information et de la communication,
offrant des opportunités immenses en termes de profit économique et de
contacts entre les personnes (ex. transactions financières en ligne et opérations
9
boursières, courriel et transport rapide). Autres affirment que la suprématie
doit être attribuée à l’économie et plus particulièrement aux nouvelles
stratégies de production, basée sur le processus de délocalisation des
entreprises à l’échelle mondiale, lancé par les sociétés multinationales.
Une troisième position dominante situe le facteur principal du progrès
de la mondialisation dans les récentes décisions politiques. Selon cette vision,
la mondialisation a délibérément été lancé par de nombreux acteurs politiques
(gouvernements, organisations internationales, sociétés multinationales), qui
ont pris des initiatives significatives dans le sens de la libéralisation, de la
déréglementation et de la privatisation, aussi bien au niveau national et
régional qu’au niveau international.
La mondialisation est-elle un processus spontané ou artificiel ? Difficile
de répondre. Ceux qui soutiennent la suprématie technologique ou
économique quant à la l’émergence de la mondialisation tendent à soutenir sa
nature spontanée (et donc un développement nécessaire et inévitable). Au
contraire, ceux qui préfèrent identifier le principal facteur de la mondialisation
dans la politique, soutiendraient plutôt la nature artificielle de la
mondialisation.
Mesurer la mondialisation ? Oui, c’est possible, mais la mesure de la
mondialisation est aussi controversée comme la définition parce que ce
phénomène est multi dimensionnel, impliquant des variables quantitatives et
qualitatives. Evidemment il n’existe pas encore un accord commun en ce qui
concerne la méthodologie pour mesurer correctement la mondialisation.
Néanmoins, une tentative très intéressante a été menée par le magazine
Foreign Policy, qui a élaboré un Indice de mondialisation spécial.
Les variables prises en considération dans l’indice de mondialisation
sont classées en 4 groupes, en fonction de leur nature :
10
 Contacts personnels : voyages et tourisme internationaux, trafic
téléphonique international et transferts transfrontaliers ;
 Intégration économique : commerce international, investissement
étranger direct et flux de capitaux, et recettes et dépenses des revenus
(incluant la compensation des employés non-résidents et les revenus
gagnés et payés sur des avoirs détenus à l’étranger) ;
 Technologie : nombre d’internautes, d’utilisateurs et de serveurs
Internet ;
 Engagement politique : nombre d’affiliations aux organisations
internationales, missions du Conseil de Sécurité de l’ONU dans
lesquelles chaque pays participe, ainsi que le nombre d’ambassades
étrangères accueillies par chaque pays.
Selon l’Indice de mondialisation, le classement des 20 pays les plus
mondialisées en 2004 est : 1) Irlande, 2) Singapour, 3) Suisse, 4) Pays-Bas, 5)
Finlande, 6) Canada, 7) Etats –Unis, 8) Nouvelle-Zélande, 9) Autriche, 10)
Danemark, 11) Suède, 12) Royaume-Uni, 13) Australie, 14) République
Tchèque, 15) France, 16) Portugal, 17) Norvège, 18) Allemagne, 19) Slovénie,
20) Malaisie.
La mondialisation – processus qui donne, selon la définition des
dictionnaires, aux diverses activités et aspirations « une extension qui
intéresse le monde entier » - a commencé depuis bien longtemps. Des milliers
d’années avant que n’apparaisse la racine du mot – monde et globe – nos
ancêtres s’étaient déjà répandus sur la surface de la terre. En fait, leurs
migrations et leur peuplement de tous les continents (à part l’Antarctique)
représentaient une sorte de proto-mondialisation. Il y a une cinquante de
milliers d’années, l’homo sapiens, apparu en Afrique de l’Est, avaient
commence à migrer aux quatre coins du monde, y compris l’Amérique du
11
Nord et du Sud. L’élévation du niveau de la mer à la fin de l’ère glaciaire avait
séparé le continent américain de la masse eurasiatique, créant deux mondes
qui étaient désormais coupes l’un de l’autre. Ils ne se réuniraient de nouveau
qu’en 14922. Cette même année, un géographe allemand, Martin Behaim,
allait construire le premier globe terrestre connu.
Ce rétablissement des liens entre les continents, né des routes
commerciales ouvertes par Colomb, est l’un des événements marquants de
l’histoire de la mondialisation. La découverte du Nouveau Monde allait réunir
des peuples qui étaient restés séparés pendant plus de dix mille ans. Non
moins importante allait être la circulation des plantes et des animaux.
Par exemple, une tubercule, la pomme de terre, est depuis devenue un
aliment de base dans le monde entier, le piment rouge du Mexique allait
conquérir toute l’Asie et une culture éthiopienne, le cafetier, allait s’implanter
du Brésil au Vietnam.
Pendant ce temps, les sociétés non seulement évoluaient dans des
directions opposées et mettaient en place diverses structures économiques et
politiques, mais inventaient aussi différentes techniques, plantaient différentes
cultures et donnaient avant tout naissance à différentes langues et manières de
penser.
Du point de vue historique, quatre raisons principales ont poussé les
sociétés à poussé les sociétés à quitter le refuge de la famille et du village : le
désir de la conquête (pour assurer leur sécurité et étendre leur puissance), la
prospérité (pour une meilleure vie), le prosélytisme 3 et la satisfaction d’un
besoin moins spirituel – la curiosité et l’attrait de la découverte, qui paraissent
être des traits fondamentaux de la nature humaine. Dans ce sens, les

Christophe Colomb aborderait par heureux hasard aux îles antillaises


2

Propager leur foi et convertir les autre


3

12
principaux moteurs de la mondialisation ont été les soldats et les marins, les
marchands, les missionnaires et les aventuriers.
Les acteurs, dont l’élan et la détermination ont créé des liens de
domination et de coopération, ont changé au fil du temps. Les petits groupes
des marchands transportant leurs produits à dos d’homme et par la voie
maritime ont été remplacés par des entreprises géantes, à commencer par les
Compagnies hollandaises et anglaises des Indes orientales au dix-septième
siècle. Les pèlerins et les prêtres solitaires on fait place à de grandes sociétés
religieuses qui ont propager leur foi de même que la langue, la culture et
l’architecture de leur pays.
Les quelques aventuriers et voyageurs intrépides des siècles passes, qui
avaient établi des passerelles entre les sociétés éloignées, ont été remplacés
par des millions de réfugiés et des émigrants fuyant au-delà des frontières,
ainsi que par des centaines de millions de touristes visitant tous les coins du
monde et facilitent la circulation des marchandises, des idées et des cultures.

1.2. La mondialisation versus la globalisation

Depuis les années ’90, les deux mots de globalisation et de mondialisation


envahissent les discours des medias, des analyses des chercheurs, surtout des
économistes et des sociologues. Un « brouillard conceptuel » entoure ces
termes qui présentent pourtant un phénomène dont la dimension à l’échelle
mondiale semble apparaître comme une fatalité. Peut-être l’histoire pourrait-
elle dire quand et comment ces termes sont apparus et comment ils ont
évolué : peut-être peut-elle ainsi participer à démêler l’écheveau des
significations.

13
Des nombreuses questions se posent : les deux termes
de « mondialisation » et « globalisation » ouvrent-ils sur une seule réalité ou
plusieurs ? L’interaction des termes entraîne-t-elle la désarticulation du
monde, posant ainsi le problème de l’existence même de la géographie ?
L’État nation sort-il affaibli ou non de sa confrontation avec la
mondialisation ?
L’histoire aide à comprendre dans quels milieux et à travers quels
contextes la mondialisation et la globalisation sont nées et se sont
développées. Jusqu’en 1970, les relations entre États ne sont guère pensées et
l’on prend assez peu conscience de l’international. Ce n’est qu’à partir de cette
date qu’on peut presque parler de la «révolution conceptuelle».
L’interdépendance et le transnational font leur apparition.
À la fin des années 1970, le discours s’affaiblit. La France revient à la
géopolitique par ses aspects stratégiques. Du milieu à la fin des années 1980,
on assiste à un tournant4 qui met en scène le déclin des Etats-Unis, la montée
de la puissance japonaise qui joue alors sur les interdépendances.
À partir de 1988-1989, avec la fin des blocs, se généralise l’idée de la
démocratie, de l’économie de marche (l’espace euro atlantique est en
extension avec OTAN, la CEE puis l’Union Européenne). On commence à
développer des théories sur la mondialisation. Les événements marquent cette
évolution : en 1989, la chute du mur du Berlin prend une véritable dimension
mondiale. L’évolution technologique accroît la densité des interactions. Les
organisations internationales ressurgissent ; l’ONU présente l’agenda de ce
qui devra se passer. Les défis globaux, les enjeux mondiaux, sont des termes
qui appartiennent dorénavant au discours. La mondialisation est enserrée dans

4
L’ère Gorbatchev
14
un cadre encore étroit, les sécurités nationales étant integrees aux sécurités
mondiale et environnementale, par exemple.
La globalisation est marquée par les formes « globales » des marches ;
on y entre par l’économie et la question importante réside dans les relations
que l’État entretien avec les marchés (les négociations deviennent
incontournables). Cela implique peut-être le problème de la fin de l’État. La
globalisation a un aspect idéologique car elle est le produit d’une volonté. Le
tout est de savoir de qui elle est la volonté. La mondialisation est-elle
américaine ?
Les termes de « mondialisation » et de « globalisation » existent mais
paraissent interchangeables en France contrairement à Angleterre (où seul le
terme de globalisation est reconnu).
Il semblerait qu’il y ait un aspect volontariste en France avec l’idée que
l’on peut résister à la mondialisation et que les États peuvent employer la
régulation sinon l’imposer. D’ailleurs ces termes prennent souvent une
signification négative. Mais il existe aussi une prise de conscience du fait que
l’on appartient à l’humanité tout entière (les ONG donnent une légitime à cette
idée).
La mondialisation et la globalisation sont deux notions qui ne sont pas
rigoureusement synonymes même si « mondialisation » est la traduction
française de «  globalisation ». Le terme français « mondialisation » et le
terme anglais « globalization » sont perçus parfois comme décrivant les
mêmes réalités et parfois comme recouvrant des phénomènes différents, ce qui
n’aide pas à dissiper la confusion.
De plus, en français les deux mots possèdent un sens différent, alors
qu’en anglais seul « globalisation » est utilise. S’agit-il d’une question de
traduction ? Ou les deux mots comportent-ils des connotations correspondant
15
aux visions du monde différentes ? Pour répondre à cette il faut d’abord
analyser la genèse des ces deux concepts. « Globalisation » proviendrait du
mot latin « globus » (corps sphérique, la Terre, maquette du monde).
La globalisation impliquerait donc l’idée d’organisation et de gestion de
l’espace en mettant l’accent sur le présent alors que le terme
« mondialisation », dérivé du mot « monde », s’inscrirait dans une perspective
complexe et multidimensionnelle à la fois historique et philosophique.
Le monde est pluriel et diversifié, alors que le globe, en tant que modèle
matériel du monde est uniformisant et totalisant.
En examinant l’étymologie des deux mots, Jean Piel 5 avance
l’hypothèse que la mondialisation signifie un « processus aboutissant à l’état
actuel de la planétarisation unifiée des interdépendances de toute l’humanité
terrestre » alors que la globalisation « n’est qu’un avatar épisodique de la loi
tendancielle des marchés de libre concurrence à réduire les différences, donc à
systématiser en une économie unique – globale, pas obligatoirement mondiale
– le jeu contradictoire des lois économiques dans des environnements encore
diverses »6.
La globalisation se définit donc comme un processus unidimensionnel
derrière lequel se cache un projet idéologique s’intéressant à l’organisation du
temps et de l’espace au profit des intérêts économiques.7 À l’inverse, la
mondialisation, liée à l’idée de planétarisation des relations sociales dans le
monde, renvoie à un processus historique multicausale véhiculé par plusieurs
mécanismes économiques mais aussi politiques, culturels, informatiques,
sociaux et autres qui peuvent connaître des fluctuations diverses.

5
Piel 1999 : 149
6
Piel 1999 : 143
7
Annexe 1
16
« La mondialisation n’est pas une, elle est plurielle, elle n’est pas
nouvelle, elle est ancienne, elle ne concerne pas un seul domaine, elle se
manifeste et s’exprime dans plusieurs, sinon dans tous les domaines.
L’anthropologie a identifié ce phénomène à trois grands moments de l’histoire
de l’humaine : dans la Préhistoire, dans l’Antiquité et dans l’histoire moderne
et contemporaine »8.
Selon Memel-Foté la notion mondialisation est plus ancienne que le
terme globalisation et si on analyse attentivement le cadre on peut observer
que oui, la mondialisation est apparue depuis des siècles et les domaines qui
englobent ce processus sont diverses. On doit seulement examiner un petit peu
la société dans laquelle nous vivons et on peut affirmer que tous ses aspects
sont affectés par la mondialisation.
On peut prendre par exemple l’aspect culturel qui apporte l’accès d’une
très grandes partie de la population mondiale a des éléments de culture de
population parfois très éloignés. On peut trouver facilement des informations
sur des divers pays par exemple, sur leurs cultures, leurs langues, leurs
civilisations.
La première forme moderne, selon le même auteur, serait l’extension à
tout l’œcoumène de l’économie du marché, entamée à l’époque des
découvertes géographiques et achevée avec la planétarisation du marché et
l’hégémonie de l’économie sur la politique, l’idéologie et la culture, créant un
monde uniforme, avec une pensée dominante quasi unique, la pensée néo-
libérale.
La deuxième forme de la mondialisation moderne apparaîtrait liée aux
nouvelles technologies de l’information et de la communication, plus
précisément à la compétition entre les super puissances dans le champ de
8
Memel-Foté 2002 : 318
17
l’économie mondiale ou les Etats-Unis vont essayer d’imposer leur leadership
sous couvert de « globalisation ».
Ce concept anglo-américain prétend décrire un processus sans objet,
sans sujet et sans fin. Il représente donc uniquement les tendances actuelles de
l’intégration économique et financière, que l’on tente de présenter comme
naturelle et objectives afin de dissimuler les projets idéologiques néolibéraux
et les acteurs qui les dirigent.
Donc on peut donner deux définitions différentes pour les deux
concepts, la mondialisation et la globalisation. La mondialisation peut être
définie simplement comme le dépérissement du rôle géopolitique des
frontières parce que l’espace est mondialisé et soumis aux règles marchandes.
Pour la globalisation on peut donner la définition suivante : une
universalisation de l’économie de l’entreprise reposant sur la constitution d’un
marché mondial des capitaux.
On peut affirmer, après que nous avons analysé les deux concepts, la
mondialisation et la globalisation, que la différence entre ces deux n’est pas
négligeable. Toutefois, le problème est loin d’être résolu parce qu’une fois que
l’on sort du contexte français, ces différences ne sont plus tenables. Car parmi
les langues latines, toutes les autres langues utilisent un seul mot pour décrire
ce phénomène, qui est issu de la traduction de l’anglicisme de
« globalisation ».
D’ailleurs, même dans les analyses françaises on rencontre souvent le
terme seul de « globalisation » dont les significations y comprennent celles du
terme anglais de « globalization » et celles du terme français de
« mondialisation ».
Voila pourquoi, on peut considérer que cette question sémantique n’est
qu’une « lutte discursive », c’est-à-dire une mise en concurrence de deux
18
discours, voire deux visions de la réalité, où chacune tente de se montrer plus
légitime et plus apte que l’autre à décrire et à expliquer les multiples
métamorphoses actuelles.
L’antinomie discursive entre la « mondialisation » et la
« globalisation » révèle ainsi deux visions différentes du monde – la vision
anglo-américaine imaginant le monde comme un avatar purement économique
et la vision française qui tente de faire contrepoids à la mise en économie et à
la marchandisation du monde en mettant en œuvre des mécanismes de
régulation des processus débrides de la globalisation économique, afin de
promouvoir la construction d’un monde plus égal et plus humain. Derrière ces
deux visions se cachent bien évidemment l’idéologie néolibérale visant à
réduire le politique et le social à l’économie, et l’idéologie humaniste et
universaliste reposant sur l’idée qu’une mondialisation plus sociale et humaine
est possible.
Ainsi, on peut observer une conception particulièrement française,
réflexive et critique, qu’on peut appeler selon la vision d’une : globalisation à
la française » c’est-à-dire d’une mondialisation sociale, culturelle, humaine et
démocratique.

1.3. De la mondialisation des échanges à la mondialisation


culturelle

Les phénomènes culturels n’échappent pas à la mondialisation et on


parle souvent dans des débats sur leurs transformations. Très souvent, les
rapports entre les cultures et mondialisation sont abordés sous l’angle
d’un « choc de civilisation » opposant de vastes aires géographiques et

19
religieuses : l’ancienne rivalité politique entre grandes puissance serait
dorénavant remplacées par des antagonismes entre les identités culturelles.
Loin de ce scénario, il convient d’analyser les échanges culturels dans
toute leur complexité et sous tous leurs aspects (anthropologiques, juridique,
économique, politique, etc.).
Au XXI eme siècle, le terme mondialisation fait partie du vocabulaire
courant et, s’il est capital de connaître les conséquences économiques de la
mondialisation néolibérale sur les économies nationales, il importe aussi d’être
conscient de ses implications au niveau de la culture. À mon avis, la
mondialisation actuelle s’apparente de plus en plus à la domination de la
culture américaine à l’échelle de la planète.
Mais, premièrement on doit analyser la définition de la culture pour
comprendre mieux sa relation avec le phénomène de la mondialisation.
La culture peut être définie comme « l’ensemble des traits distinctifs,
spirituels et matériels, intellectuels et affectifs, qui caractérisent une société ou
un groupe social.
Elle englobe les arts et les lettre, les modes de vie, les droits
fondamentaux de l’être humain, les systèmes de valeurs, les traditions et les
croyances. »9
Une autre définition très illustrative serait : l’ensemble de la production,
diffusion et de la consommation des produits de l’esprit créateur humain dans
le domaine des arts et des connaissances.
Bien sur qu’on a des diverses possibilités pour définir la culture, mais
ce qu’il est important est de comprendre tous les aspects de la culture et de
faire la connexion avec la mondialisation.

9
Selon UNESCO
20
On distingue ce phénomène de la mondialisation aussi au niveau
culturel, d’ici en provenant l’expression la mondialisation culturelle. Sa nature
et ses effets sont encore plus complexes et plus difficiles à évaluer que dans la
mondialisation économique, ou si l’on préfère dans la mondialisation au
niveau économique.
Est-il possible de distinguer une mondialisation culturelle de la
mondialisation économique et politique ? Qu’est-ce donc qui fait la différence
entre les biens culturels et les biens économiques ? Pourquoi les biens
culturels ne sont pas de « simples » biens économiques ? Les informations, les
idées, les idéologies, les religions sont des symboles, des signes qui sont
produits (par certain individus, certains groupes), qui circulent (grâce à la
médiation d’autres groupes) et qui sont « consommés » (par des groupes, des
communautés, des ethnies, des cultures et par des individus).
On doit d’abord illustrer les propriétés des biens symboliques et
culturels.
Il s’agit de biens « immatériels », par exemple des prestations entre
partenaires sociaux, des échanges discursifs, oraux ou écrits. Les symboles
culturels en circulation dans le monde - discours religieux, scientifiques,
idéologiques, littéraires- prennent la forme des échanges de paroles, en face-à-
face ou à travers les mass media.
Les biens culturels impliquent aussi le phénomène de la persuasion,
ainsi que ses corollaires : la croyance, la foi, l’adhésion, à un message, le
partage d’un témoignage. La persuasion n’est pas nécessairement une
conséquence d’un échange interactionnel face-à-face, ou d’une diffusion à
travers la radio ou la télévision. Depuis des siècles il existe une circulation des
énonces, sous forme de textes, de livres, de journaux. L’écriture, mais surtout
l’imprimerie, constituent un medium de circulation sociale intra sociétale et
21
intersociétale, c’est-à-dire internationale et intercivilisationnelles : un moyen
de diffusion à l’échelle universelle des énonces, des idées religieuses ou
philosophiques, autant que des informations ou des nouvelles.
Si on analyse attentivement ce phénomène de la mondialisation, on peut
affirmer qu’il représente à certain égards une révolution des communications :
révolution dans le transport des messages (l’apparition de l’électricité depuis
1890 et surtout sa diffusion sous forme électronique depuis 1960) ; révolution
dans le transport des personnes (l’avion depuis 1900 et depuis l’ère des jets, à
partir des années 1960). La combinaison des effets de ces deux mutations a
contribué largement à la mondialisation actuelle. Dans les années 1990 les
avions gros porteurs10 permettent le développement du tourisme de masse et
facilitent les mouvements intercontinentaux des migrants. Parallèlement « les
autoroutes de l’information » et l’Internet rendent possible l’apparition d’une
circulation mondiale et instantanée des messages, des images et des discours.
On passe donc, insensiblement d’un monde ou prédominait l’isolement
culturel à une autre où règne l’interculturel, d’une époque caractérisée par
l’autonomie culturelle d’isolats traditionnels à une autre qui est celle de la
généralisation des interrelations et des communications.
Il faut donc déplacer le champ d’observation et d’analyse de la
mondialisation économique à la mondialité culturelle.
La mondialisation économique11 représente l’extension mondiale du
marché, la généralisation et l’intensification des liens entre les peuples, les
nations, les groupes humains. La mondialité culturelle signifie en quelque
sorte l’état final de la mondialisation économique, la dimension politique,

10
Boeing, Airbus
11
Annexe 2
22
culturelle, religieuse et idéologique d’un phénomène abordé le plus souvent
sous l’angle de l’économie et de la géopolitique.
La mondialisation culturelle concerne spécialement les civilisations.
Une civilisation isolées et leur entrée dans une communauté humaine unifiée.
Jusqu’au XIX siècle et XX siècle les contacts entre les groupes culturels
(ethnies, tribus) et aussi entre les grandes civilisations ont été tantôt
pacifiques, tantôt conflictuels. De toute façon, tous ces conflits ont été
intermittents et marginaux, quand ils n’étaient pas totalement inexistants.
L’Amérique a été découverte par l’Europe a la fin du XVIII siècle, la
Polynésie et l’Afrique ont été explorées et parcourues par les Européens au
cours du XIX siècle. Quand à l’ouverture maritime de la Chine et du Japon,
elle ne date que de la seconde moitie du XIX siècle.
Aujourd’hui des contacts continus, dense et multidimensionnels
(économiques, politiques, diplomatiques, culturels, idéologiques, religieux) se
multiplient entre les sociétés humaines dans leurs ensemble. Des échanges qui
peuvent être pacifiques entraîne des contacts culturels et des différentes
formes d’acculturation. Il y a aussi des contacts qui peuvent être conflictuels :
conflits interethniques, reviviscence des vielles guerres de religion
intercivilisationnelles, concurrence entre revendications universalistes.
Notre époque est celle qui a le redoutable privilège historique de passer
d’un monde des civilisations isolées, fondées en quelque sorte sur des espaces
et des temps différents, à un monde unique caractérise par un même espace (le
marchée mondiale) et un même temps12, la naissance d’une communication,
qui se fait d’abord dans l’intérieure du groupe : les individus parlant la même
langue, partageant la même religion, les mêmes valeurs, la même histoire, les
mêmes traditions.
12
La syncronicité de tous les événements
23
Ce monde nouveau est un monde ouvert, ouvert à l’ensemble des
hommes par les voyages et par les médias. On doit aussi affirmer que
maintenant existe un temps mondial, unifie si l’on préfère, un espace-monde
(unique), bouleverse par l’apparition de l’instantanéité et du direct, par les jets
et par la communication électronique.

1.4. Le localisme globalisé et le globalisme localisé

Dans le langage courant, le vocable mondialisation n’est pas un concept


opérationnel, mais plutôt un référant idéologique, un instrument normatif dans
les jeux du pouvoir.
La mondialisation signifie l’extension des échanges économiques et
culturels à l’échelle du monde et la progression des structures systémiques au
détriment des modes de vie particuliers.
D’autre part, la mondialisation culturelle représente le processus par lequel
un system culturel local réussit à étendre son influence dans plusieurs aires
géographiques et à acquérir la capacité de designer d’autres systèmes culturels
comme locaux.
Dans ses manifestations concrètes, la mondialisation culturelle peut être
présenté sous deux formes. La première consiste en un système de
connaissance mis en place par le développement des technologies de
l’information et de la communication.
La deuxième se réfère à l’émergence de la culture de masse, c’est-à-dire
une culture qui a donné naissance à la presse à grand tirage, à l’édition
populaire des livres et des magazines, au cinéma, à l’industrie du disque, à la
radio et puis à la télévision.

24
La mondialisation culturelle véhicule des produits culturels (livres, les
films, les disques etc.) mais aussi des valeurs culturelles comme les croyances
et les normes idéologiques, lesquels guident les conduites et orientent les
attitudes des individus au sein de la sphère culturelle. Cette culture est
aujourd’hui principalement une culture de type américaine. Elle constitue le
facteur par excellence d’hybridation culturelle du monde actuel. La
mondialisation culturelle d’aujourd’hui peut être désignée avec le concept de
localisme globalisé, au sens où le phénomène culturel local américain a réussi
à globaliser. Pour le « petite sociétés », c’est-à-dire les sociétés non
hégémoniques qui se rapportent à un centre, cette forme de la mondialisation
culturelle apparaît sous forme d’un globalisme localisé, « un processus
d’accommodement ou d’appropriation, par des cultures locales, des objets, des
codes ou des signaux disséminés à l’échelle de la planète par des centres
nodaux de production de symboles matériels ou virtuels.»13
Ce globalisme localisé se traduit particulièrement dans des nouvelles
formes culturelles qui résultent de l’impact des pratiques transnationales,
notamment celles de type américain sur les mécanismes de fonctionnement
des autres sociétés, qui sont restructurés de manière à répondre à ces pratiques.
Dans l’ordre de la division culturelle internationale, les « grandes
sociétés » donnent lieu à des localismes culturels globalisé tandis que les
«petites sociétés » composent avec des globalismes culturels localisés.
La société américaine est la première référence d’une grande société
hégémonique, mais tout autre type de société qui exerce une forte influence
culturelle sur les autres impose ses pratiques par les mêmes mécanismes.
Le localisme globalisé représente, en essence, plus simplement dite, le
processus par lequel un phénomène local est globalisé avec succès, n’importe
13
Letourneau, 1998 : 420
25
pas s’il s’agit de l’opération mondiale des firmes multinationales, la
transformation de al langue française en lingua franca, de la globalisation fast-
food ou de la musique populaire américaine.
En ce qui concerne le globalisme localisé, il constitue l’impact
spécifique de pratiques et d’impératifs internationaux sur des conditions
locales qui sont déstructurées et puis restructurées pour satisfaire certains
impératifs. Exemple de globalisme localisé incluent : les esclavages de libre-
échange, la déforestation et l’exploitation massive de ressources naturelles,
l’utilisation du patrimoine historique, des cérémonies ou des sites religieux,
des arts et des métiers, mais aussi la nature sauvage à des fins touristiques, la
conversion de l’agriculture de subsistance en une agriculture tournée vers
l’exportation.
La division internationale de la mondialisation prend les formes
suivantes : les pays développés se spécialisent en localisme globalisé, tandis
que les pays sous développés se voient s’imposer le choix du globalisme
localisé.
En conséquence le système mondial représente un tissu de globalismes
localisés et des localismes globalisés.

1.5. Un modèle culturel et social : les Etats-Unis

Quand on parle de la mondialisation il est absolument nécessaire de


mettre en évidence le rôle joué par les Etats-Unis, qui se trouvent au cœur du
processus de la mondialisation.
Depuis la Seconde Guerre Mondiale et plus particulièrement depuis les
années 1980, une forme de culture de masse est venue des Etats-Unis, s’est

26
répandue dans le monde et a provoqué dans certains moments des réactions de
rejet en France comme dans les autres pays du monde.
Depuis la fin de la décennie précédente, la puissance américaine parait
d’autant moins contestée dans le monde que son principal et ancien rival,
l’URSS, qui a laissé le champ libre à une domination sans partage. Aux yeux
des Européens, le modèle proposé par les Etats-Unis semble difficile à
approcher car peu d’entre eux peuvent disposer des mêmes atouts et compter
sur des bases aussi diverses. L’économie américaine bénéficie des ressources
de l’espace et s’appuie sur un système capitaliste puissant apte à affronter les
crises périodiques. Enfin, le potentiel humain apparaît remarquable et
l’hégémonie culturelle est devenue source de profits.
On peut définir un modèle culturel comme l’ensemble des composants
culturelles (par référence à l’ensemble des structures sociales et aux
manifestations artistiques, religieuses, intellectuelles qui définissent un groupe
par rapport à un autre) qui servent de référence à d’autres pays du monde.
À travers les actions des entreprises et des gouvernements américains,
les Etats-Unis ont proposé un ensemble de biens (biens matériels, images
télévisuels et cinématographiques) et de valeurs (politiques, sociales etc.) que
beaucoup de pays du monde intègre à leur propre culture.
Par extension, le modèle culturel américain est aussi celui de la réussite
et de la richesse économique et financière.
La diffusion d’une « vision américaine » prend des formes très variées :
cinéma, littérature, économie, commerce sont autant des domaines qui
inspirent l’envie dans des nombreux pays. Les universités américaines sont
recherchées pour leurs formations économiques et financières 14 . Des
bâtiments prennent comme modèle les gratte-ciels de N-Y ou de Chicago. Les
14
(Hale, Harvard, MBA)
27
centres commerciaux, les parcs de loisirs (parcs Disney au Japon et en
Europe) se développent sur la base de modèles éprouvés aux Etats-Unis. Les
séries télévisées à destination des 15-25 contribuent à diffuser les valeurs, les
modes de comportements aux européens ou asiatiques etc. Ne parlons pas de
blue-jean, une vraie historie !
L’implantation des entreprises, la multiplication des produits
américaines dominés par des grandes marques qui pratiquent une
communication attrayante (Nike, Coca-Cola, Pepsi, Mcdonalds 15 etc.)
proposent un modèle consumériste où le bien matériel devient objet culturel.

1.5.1. Un espace plein de ressource et bien maîtrisé

Malgré la massivité et même la continentalité du pays, les Etats-Unis


présentent des larges ouvertures maritimes qui leur permettent de nouer des
contacts avec de nombreux pays. Historiquement, c’est la façade Atlantique
qui a joué le premier rôle. Des hommes d’abord, immigrants plus ou moins
bien accueillis en flux considérable sur l’un puis sur l’autre des littoraux
océaniques, des échanges divers ensuite et même des expéditions guerrières
parties d’Amérique ont marqué cette ouverture, longtemps dissimulée par
l’isolationnisme affiché.
Actuellement, c’est sur le continent américain lui-même que se
renforcent les axes d’une solidarité économique avec les voisins du Nord et du
Sud, le Canada et le Mexique, symbolisée par la mise en place de l’accord de
libre-échange nord-américain (ALENA). Des Grands Lacs au golfe du
Mexique, une nouvelle ouverture permet aux Américains de disposer
d’avantages complémentaires pour les échanges commerciaux.
15
Annexe 3
28
En ce qui concerne les ressources naturelles, l’étendue et la géologie
de l’espace américain ont permis de fournir en grande quantité les matières
premières et l’énergie nécessaires à l’industrialisation. Grâce aux ressources
abondantes en charbon et en fer, les industries métallurgiques de base sont
nées dès le XIX ème siècle, avec un retard sur l’Europe occidentale, qui a été
vite comblé. Les premiers puits de pétrole ont été mis en exploitation en
Pennsylvanie dès 1859. Le potentiel hydraulique, aussi bien des cours d’eau
de l’Ouest que des grandes plaines, est également considérable. Quant à
l’énergie nucléaire, elle a utilisé l’uranium de nombreux gisements. Bien
qu’elles soient exploitées depuis plus d’un siècle, ces ressources du sous-sol
sont loin d’être toutes épuisées. Les Etats-Unis produisent encore un quart de
l’houille et du gaz naturel, 13% du pétrole. Ils figurent donc parmi les pays
industrialisés qui ont pu baser leur développement sur leurs propres richesses.
L’espace, condition indispensable de la puissance économique
Les distances16, les obstacles du relief et du climat constituaient de
sérieux handicaps à surmonter dans le cadre du développement économique.
On peut considérer que les américains sont parvenus à les maîtriser, ce qui
n’est pas le cas des autres grands espaces du monde.
Le réseau de transport est remarquable par son adaptation aux besoins
de l’espace, comme de l’économie. Dense à la l’Est du Mississippi, il
comporte l’ensemble des moyens de communication, y compris la voie d’eau
qui fait la liaison entre les Grands Lacs et le golfe du Mexique. Plus lâche en
Ouest, où le peuplement est faible, il est constitué des voies ferrées et routières
transcontinentales qui joignent les nouvelles régions périphériques au vieux
foyer du Nord-Est.

16
Plus de 4.000 de kilomètres d’un océan à l’autre
29
Le transport routier ne laisse au chemin de fer que le transport des
pondéreux, l’automobile assure ainsi les déplacements sur des distances
relativement courtes, tandis que les lignes aériennes ont pris une extension
considérable.
Le souci de tenir compte des réalités, par exemple l’encombrement des
couloirs aériens, entraîne même le retour à la voie ferrée, avec des projets de
construction de lignes TGV.
On doit aussi discuter sur la domination de grands groupes américains.
S’il existe d’innombrables entreprises des dimensions modestes, l’image de
l’économie américaine est celle des « géants » que l’on désigne sous le terme
de conglomérats. Par les chiffres d’affaires, le nombre de leurs employés, la
diversité de leur production et, le plus souvent, le niveau élevé de leurs
bénéfices, ils symbolisent la puissance économique américaine. Selon le
classement établi par « Fortune17 », parmi les premiers principaux trusts sont
américaines, ayant en tête General Motors18 et Exxon19. La concentration sous
toutes ses formes- horizontale et verticale- commencée au siècle dernier n’a
pas cessé de se poursuivre. Elle permet aux grands groupes de disposer de
moyens financiers considérables, qui ont contribué à placer les recherches
technologiques à la pointe du progrès et à améliorer sans cesse la productivité.
Il ne faut pas oublier que les méthodes de travail industriel – le taylorisme 20, la
standardisation- sont d’origine américaine et longtemps ont servi de modèle.
La révolution de l’automation s’est d’abord développée aux Etats-Unis.
La force des conglomérats est étroitement liée à l’organisation bancaire.
Dans tous les quartiers d’affaires des grandes métropoles, on trouve des

17
Magazine mensuel américain consacré à l’économie, crée en 1930
18
Société du secteur de la construction automobile
19
Société pétrolière et gazière, avec le siège social en Irving (Texas), Etats-Unis
20
Méthode de travail qui repose sur une division du travail en taches simples
30
banques- le moteur de toutes les activités. Il suffit pour s’en rendre compte de
voir les imposants gratte-ciels qui abritent leurs sièges à Wall Street. Les
Bourses, tiennent aussi une place majeure dans cette organisation ; on pense
bien sûr à celle de New York, mais elle est loin d’être la seule.
La puissance financière est aussi celle du dollar, monnaie
internationale, qui demeure incontestée. Sa primauté sur les marches dépend
évidemment du rôle politique mondial des Etats-Unis.
La valeur de nombreux produits, en premier lieu le pétrole, est fixée
directement en dollars. En fin, la masse des dollars investis dans le monde est
telle s que les autres monnaies fortes ne sont pas guère en mesure de
concurrencer le billet vert.
On peut affirmer que la puissance financière américaine a atteint une
dimension planétaire. La participation des Etats-Unis au premier conflit
mondial a entraîné la pénétration des capitaux américains sur la marche
européenne. Ce phénomène s’est amplifié au lendemain du deuxième conflit
et les multinationales contrôlées le plus souvent par les sociétés et les banques
américaines se sont implantées sur l’ensemble des continents.
La puissance de l’économie américaine est représentée par de
nombreuses entreprises à travers le monde. La stratégie des dirigeants
américains est désormais globale ; elle prend notamment en compte la
mondialisation des échanges. Il ne faut pas oublier que les Etats-Unis sont la
première puissance commerciale et que leur part du commerce internationale
dépasse 13%.
La production en Etats-Unis est considérable. Le PNB 21 par habitant est
maintenant supérieure à 20.000 dollars, il n’est pas le plus élevé dans le

21
Produit national brut correspond à la production annuelle de biens et de services
marchands créés par un pays
31
monde, mais si on rapporte au nombre d’habitants – près de 260 millions – la
valeur de la production totale est impressionnante. L’économie américaine
semble être une machine à produire d’énormes quantités de céréales, de
viande et surtout de biens fabriqués.
En ce qui concerne l’industrie, les Etats-Unis sont : les premières pour
la production d’électricité (un quart du total mondial) et pour le
thermonucléaire, pour l’aluminium, le caoutchouc, les textiles synthétiques et
les industries de pointe, dont l’aérospatiale.
Pour conclure, on peut affirmer que, on fait, les Etats-Unis étant une
nation d’immigrés du XIXe et XXIe siècle, ils ont bénéficié de la culture
mondiale autant qu’ils l’ont exportée.
Effectivement, l’influence des immigrés aux Etats-Unis explique
pourquoi leur culture est si populaire depuis si longtemps un peu partout. La
culture américaine s’est répandue dans le monde parce qu’elle a intégré des
styles et des idées étrangères. Ce que les Américains ont fait plus
intelligemment que leurs concurrents étrangers, ils ont présenté sous une autre
forme des produits culturels étrangers puis de les renvoyer au reste de la
planète. C’est pourquoi la culture de masse mondiale est désormais identifiée,
même s’il s’agit là d’une simplification, aux Etats-Unis.
Les Américains, après tout, n’ont pas inventé la restauration rapide, les
parcs d’attraction ou le cinéma. Avant le Big Mac, il y avait le fish and chips.
Avant Disneyland, il y avait les jardins Tivoli de Copenhague (que Walt
Disney a repris comme prototype de son premier parc à thème à Anaheim en
Californie, modèle ensuite réexporté à Tokyo et à Paris). Et en plus, dans les
deux premières décennies du XX ème siècle, les deux plus gros exportateurs
mondiaux de films étaient la France et l’Italie.

32
1.5.2. Le début de la culture de masse aux Etats-Unis

La culture de masse représente un mouvement social vers des


connaissances artistiques, culturelles vers un système d’éducation, un mode de
vie sociale et de pensée, un style de comportement, traduit par un acte de
consommation, des signes de reconnaissance sociale.
Si on a déjà introduit le concept de la culture de masse aux Etats-Unis,
il faut aussi analyser et illustrer les étapes d’apparition de la culture de masse
en France.
Les critères de classement habituels des types de cultures existantes
(politiques, traditionnelle, des élites) ne sont pas intégrés par la culture de
masse, qui est démocratique dans le sens où elle concerne l’ensemble de la
société, elle est accessible globalement, au-delà des classes sociales.
La diffusion de la culture de masse répond à des critères de production
et de rendement.
Pour attendre ces deux objectifs, elle est transmise et promue par les
supports media, dont elle est, en fait dépendante, par lesquels elle se
développe et se diffuse au-delà des frontières. Sans doute, cette culture de
masse n’existe cependant que par cet axe de possible diffusion médiatique.
On peut affirmer que la culture de masse a ses héros, ses mythes, ses
créateurs, derrière lesquels se reconnaissent un grand nombre de ses
consommateurs. Elle recouvre plusieurs courants culturels et d’expression,
auquel chacun peut adhérer librement ou non, et se manifeste sous diverses
formes : artistiques, intellectuelles, vestimentaires, technologiques.
On peut repérer ainsi les critères suivants, liés au concept de al culture
de masse :
 contenus et modes d’expression produits et reproductibles
33
 diffusion médiatique
 accessibilité au-delà des frontières et des classes sociales
 expressions très diversifiées
 liée aux désirs et aux plaisirs, deux notions qui sont incontournables
pour sa propagation.
La culture de masse connait trois étapes :
1. 1900-1930 : la culture de masse comme culture de divertissement
évasion pour les publics (age du cinéma muet)
2. de 1930 à 1955 : l’élévation du niveau de vie d’où l’accès aux loisirs
(l’age du cinéma parlant, de la radio, de la grande presse des
périodiques)
3. à partir de 1955 :a) création d’ « utopies concrètes », les clubs de
vacances ;
b) crise de fréquentation du cinéma et le
développement des superproductions sur grand écran ;
c) désormais, la culture de masse s’étend hors du
champ strict des mass media et enveloppe le vaste univers de la
consommation, des loisirs.

Le point de départ a été, incontestablement, les Etats-Unis. En effet, al


culture de masse constitue, elle-même, un objet historique à la densité
exceptionnelle et on peut considérer son développement comme l’un des
phénomènes historiques fondamentaux du XXe siècle.
On peut donner une définition très simple pour la notion de la culture de
masse : le processus de la massification des pratiques culturelles.
Mais, les Américains se sont surtout préoccupes de ce qu’ils nomment
popular culture plutôt que mass culture. Sans doute, ne s’agit-il que d’un
34
malentendu sémantique, mais la distinction entre les deux notions a été
réalisée que très récemment par Michael Kammen. Jusque-là, le terme
popular, ne signifiait nullement issu du peuple, mais populaire par l’ampleur
de sa diffusion et le terme folk culture s’apparentait plus à ce que, en français,
on appelle populaire : « J’utilise les termes arts populaires et culture
populaire dans leur sens littéral, pour faire référence a des formes
d’expression qui attirent le public le plus large. Culture de masse est utilisée
comme référence à des manifestations créées pour être transmises par des
medias de masse. »
On peut reconnaître la culture de masse si les manifestations culturelles
sont massives, ça veut dire quand les groupes importants de la société les
reçoivent en réagissant tant pour y adhérer que pour les rejeter. Le cas
américain offre un exemple exceptionnel dans la mesure où la hiérarchie
culturelle a été dans ce pays moins rigide et moins centralisée que dans ceux
d’Europe et aussi, du fait de l’influence de la culture américaine dans le
monde, surtout après la Seconde Guerre mondiale.
Il est bien difficile d’établir le début du popular culture. Des formes de
culture de masse apparaissent aux Etats-Unis des la première moitie du XIX e
siècle et s’y épanouissent lors de la seconde.
Les Américains ont connu au milieu du XIX e siècle une extension
considérable de leur puissance économique, qui s’est accompagnée d’un essor
de l’éducation et comme conséquence une forte croissance de la presse. C’est
le début d’un type de presse créatrice d’une culture, on peut dire même une
culture de manipulation et d’imitation.
En ce qui concerne la définition de la culture de masse on doit ajouter
que, la part de l’écrit en constitue en France le cœur, alors qu’outre-atlantique

35
celle qui est relativement originale et trouve rapidement un immense public,
repose sur la représentation et les images.
On peut donner plusieurs exemples pour soutenir cette affirmation. Le
théâtre américain est devenu vers 1870 comparable à son grand frère
londonien : avec des salles bourgeoises présentant des pièces classiques. Le
théâtre de vaudeville remplace après les années 1880 le théâtre traditionnel et
s’approche nettement d’une forme de culture de masse. Apres les années 1900
le cinéma américain apparaît ; il n’a rien d’original dans son contenu, dans sa
technique et la moitie des films présentés aux Etats-Unis est d’origine
européenne. Trouvant des conditions commerciales meilleures que celles qui
ont cours chez eux, les Européens y vendent leurs films.
La mise en place du réseau des nickelodeons (du nom de la pièce de
cinq cent qui en permet l’accès), comme salles réservées uniquement au film,
constitue une forme de révolution. En 1910, dix mille de ces salles sont
apparues aux Etats-Unis, dans les grandes villes. Le nombre massif des
spectateurs signifie que les jeunes sont de plus en plus nombreux à aller aux
cinéma, aussi que les familles.
Les innovations cinématographiques sont venues de Paris, Berlin ou
Rome, mais ont été vite adaptées aux Etats-Unis. La réussite américaine a
consisté en attirer les meilleurs créateurs en leur offrant des perspectives de
réussite inconnues dans leurs pays d’origine et cette capacité durable peut
également être considérée comme typique de la culture de masse qui se met en
place dans ce pays.
Le cinéma américain s’est installé à partir de 1913 dans une bougarde
des environs de LA : Hollywood, un vrai modèle dans la production des films.
Quand on se réfère au Hollywood, on doit absolument parler de ses firmes
(où les producteurs on réussi d’y concentrer le financement et al fabrication
36
des films) : Paramount (1916), Universal (1915), Warner (1920), Metro-
Goldwin-Mayer (1924).
En 1925, les Etats-Unis atteint 28 000 des salles, attirent 50 millions
d’Américains par semaine. Il s’agit de la mesure al plus significative d’une
activité de masse. Cette réussite est due à bien des facteurs. Le regroupement
des producteurs à Hollywood, nullement planifie, a une grande importance, en
cherchant un climat qui permette les tournages toute l’année et une main
d’œuvre docile et peu coûteuse, les studios ont choisi la Californie du sud et
ont crée un milieu sur place. En quelques années, le nom s’impose comme
métaphore du cinéma américain : les acteurs, les techniciens et les réalisateurs
venus d’Europe sont attires par ce symbole et les jeunes Américains qui rêvent
de devenir acteurs savent ou ils doivent s’adresser.
Le succès n’aurait pas été possible sans une production de qualité. Les
studios adoptent une relative spécialisation qui assure la diversité : Warner
privilégie les sujets sociaux, MGM les paillettes et les comédies, Columbia les
films d’aventures etc. Les patrons de studios ont eu assez de talent et de flair
pour laisser les créateurs s’exprimer, même au sein de ce système
contraignant- au sein duquel les conflits ont été innombrables entre acteurs et
réalisateurs, réalisateurs et producteurs, producteurs et scénaristes- et pour
conserver aux films leur part de création culturelle, sans laquelle la production
de masse ne serait rien.
Avec le nombre des salles de cinéma, la masse des spectateurs et un
processus de production soigneusement contrôle par les studios, les critères les
plus notables de la culture de masse sont atteints. En 1927, est produit le
premier film parlant par les frères Warner, « Le chanteur de jazz » avec Al
Jolson.

37
On doit aussi rappeler la musique, qui est diffusée par les moyens de masse
qui sont les radios et les disques, et qui est contemporaine du cinéma des
années 1920 et a accompagne les films dès le début. En conséquence, la
musique de film devient aussi importante que le scénario et contribue au
succès d’une production. Elle donne lieu aussi à l’émergence de vedettes
indépendantes d’Hollywood. Le jazz – terme qui englobe alors des formes
musicales diverses- ne s’impose tout de suite comme phénomène de masse, en
dépit de grandes vedettes comme le trompettiste Louis Armstrong et des
cabarets du temps. Ce type de musique connaît un rapide et immense succès,
mais reste catalogué comme « musique noire ».
Il a eu aussi une tentative raciste de quelle est née la musique country,
qui constitue l’autre vecteur de la musique de masse américaine. Cette
musique devient très populaire dans l’Amérique du Nord ou il existe de
nombreux groupes et des stations radio spécialisées. Cette « musique
blanche » est revigorée par les chansons de cow-boy qui accompagnent les
films et donnent lieu à de très nombreuses variations. Les plus belles
chansons, comme « Oh Susanna », ont connu un immense succès.
Un autre développement de grande importance représente les parcs
d’amusement crées par Walt Disney : en 1953 Disneyland en Californie et
puis en 1960 Disney world en Floride.
La célébrité de Walt Disney a été atteinte grâce à ses bandes dessines :
les personnages de Mickey, Pluto ou les nains de Blanche- Neige ont fait le
tour de monde depuis 1938 et sont devenus un sort des « icônes » de al culture
de masse américaine, bien que l’origine de certains d’entre eux ait été
européenne. Mais, en effet, ces dessins animés sont par essence familiaux et
s’adressent à tous les publics. Leur accueil par la société a été immédiat et
chaleureux. Disney a compris que ces films n’étaient qu’éphémères et qu’il
38
fallait bâtir sur leur popularité, en donnant aux spectateurs une expérience plus
forte et plus marquante. La plupart des observateurs avaient prédit l’échec,
mais le succès a été considérable, en raison de la reconnaissance préalable et
largement répandue des films.
Des nombreuses familles viennent en voiture, ils découvrent un univers
clos et protégé de leurs personnages. Diverses attractions évoquent le décor
des films : pirates, jungle, locomotive fumante etc. À ces parcs d’amusement,
de nouvelles attractions sont ajoutées. Des nombreuses boutiques qui vendent
les produits dérivés, estampillés par Disney ont également ouvert leurs portes,
démultipliant les sources de profit et assurant encore mieux la reconnaissance
de la marque. En 1970, un nouveau parc est ouvert à Tokyo avec d’excellents
résultats- 13 millions de visiteurs annuels- et en 1992 en France, à Marne-la
Vallée.
Aussi très proche du cinéma, la télévision constitue l’élément principale
de diversification de la culture de masse. Disney a commencé dès 1953 à
présenter ses parcs sur le petit écran et en 1970 introduise sur le réseau câblé
le Disney Channel, qui le samedi matin a diverti et continue à le faire de très
nombreux petits Américains et beaucoup d’autres enfants dans le monde.
Par l’ampleur de son public et par des programmes quotidiens, ce media
dépasse tous les autres : 10 millions de récepteurs en 1951, le double deux ans
plus tard et à la fin du XXe siècle tous les foyers américains sont équipés.
Comme la radio, la télévision n’est qu’un moyen de diffusion. Les deux
medias sont organisés de façon décentralisée, sans chaîne publique – du moins
jusqu’en 1967 quand est créé PBS (Public Broadcasting System). Les réseaux
comme ABC (American Broadcasting Corporation) et CBS (Columbia
Broadcasting System) ont fédère les stations locales qui conservent une

39
relative autonomie. La télévision est chargée d’un fort contenu culturel car ses
images ont façonné l’esprit des Américains.
L’originalité du système américain a consiste en la production des soap
operas. Le feuilleton « Dallas » a été diffuse sans interruption de 1978 à 1991
aux Etats-Unis ; aussi que « Mission Impossible », « Starsky and Hutch » et
aussi la série « Star Trek » qui a connu quatre périodes de diffusion reparties
sur près de 40 ans. Les feuilletons les plus populaires se déroulent aux Etats-
Unis dans des milieux identifiables, avec des repères clairs et des personnages
qui acquièrent vite le statut de vedettes. Ces feuilletons, sans en être le reflet
exact, rendent compte de la société telle qu’elle est, avec une vocation
universaliste.
Avec l’année 1967, quand la finale du championnat de football
américain, « le Super Bowl » est programmée le dimanche de janvier, le sport
commence à être traité à la télévision.
La télévision, avec sopa operas et sport, contribue, couplée avec les
programmes Disney, à la formation de générations d’Américains, ils y
acquièrent un patrimoine culturel commun et une partie de celui-ci a été
adoptée en Europe.
Le cinéma et al télévision en constituent toujours le cœur, avec la
musique qui les accompagne et films et émissions diffusées.
Le mode de diffusion des produits culturels a évolué depuis trois
décennies. La télévision par câble et par satellite s’est développé aux Etats-
Unis et offre une diversité de films et d’émissions choisis personnellement par
les individus suivant leurs goûts et leur choix. Le phénomène a été amplifie
par l’équipement des familles en magnétoscope et lecteurs DVD qui
permettent à chacun de bâtir sa propre cinémathèque. Ces avancées techniques

40
ont touché tous les pays, mais les Etats-Unis les ont expérimentées les
premières.
Quand on parle du cinéma on doit parler aussi sur les plus grosses
productions – ou les blockbusters – qui sont destinées à connaître le succès
dès la première semaine d’un lancement assuré simultanément dans toutes les
salles du pays et de l’étranger.
Ces films, depuis « la Guerre des étoiles » (1977) de G. Lucas et les
grands succès de S. Spielberg, développent une histoire simple, pigmentée
d’un grand nombre des effets spéciaux : reconstitution de dinosaures,
explosions, personnages virtuels. Ces productions à gros budget s’adressent en
priorité aux adolescents et aux jeunes adultes qui représentent les deux tiers
des spectateurs.
Un autre exemple est le film « Titanic » (1991) qui a connu un grand
succès mondial. Les studios sont parvenus à accroître leur présence sur les
marches étrangers et ceux-ci leur assurent désormais plus de la moitie de leurs
revenus, ils privilégient les grosses productions et savent modeler la publicité
aux traditions locales- en mettant au premier plan une vedettes locale bien
qu’elle ne joue qu’un rôle secondaire et soit peu connue aux Etats-Unis. Cette
efficacité explique le succès immense d’un film comme Titanic, apprécié au
Népal comme en Afrique ou en Europe : les uns y privilégient l’histoire
d’amour, certains la catastrophe maritime ou les autres l’exotisme des
traversées atlantique.
La culture des Etats-Unis a été marquée pendant le XX siècle par son sens
commercial et par ses aspects spectaculaires : ces atouts lui ont permis de
s’implanter à l’étranger avec succès, parfois de manière dominante et toujours
avec des manifestations qui soient immédiatement reconnues comme
américaines.
41
Dans la période le plus récente, que ce soit au cinéma , à la télévision ou par
le disque, les productions culturelles sont a la disposition de chacun et sont
façonnés pour toucher un public toujours plus large et plus diversifié.
Durant la plus grande partie du XXe siècle, la culture de masse en provenant
des Etats-Unis22 a exercé une réelle influence dans les autre pays et tout
particulièrement en France. Certains des mécanismes et des moyens mis en
œuvre en Amérique ont été nécessairement copies ou adaptes : atteindre le
public le plus large sans le choquer. En conclusion, la culture américaine est
d’autant plus ressentie qu’elle dispose d’une puissance très supérieure a celle
des autres pays qui la reçoivent de façon individuelle. Ce considérable
déséquilibre renforce l’impression de domination.

22
Annexe 4
42
CHAPITRE II

L’INFLUENCE DU DÉVELOPPEMENT DES TECHNOLOGIES


DE L’INFORMATIONS ET COMMUNICATION

2.1. La culture de masse en France et l’influence des médias

Dans le premier chapitre on a analysé l’émergence de la culture de


masse aux Etats-Unis, qui représentent l’enjeu de la promotion de la culture de
masse dans des autres pays. Il est nécessaire d’étudier aussi le cas de la France
qui a été influencée par les Etats-Unis aux tous les niveaux.
La base de la culture de masse en France, et partout dans le monde,
sont les médias (la radio, la presse, la télévision, et surtout l’Internet, qui a
connu un développement rapide).
L’histoire de la culture de masse en France est strictement liée au celle
des médias23 (moyens de diffusion) et il est donc absolument nécessaire une
analyse en ce qui les étapes de développement des médias.
La lecture de masse accompagnée par d’autres évolutions comme :
l’accroissement continu du temps libre, le rôle grandissant des images dans
une production culturelle qui tend de plus en plus à s’afficher comme une
« représentation » de la réalité, l’insertion croissante de ces activités dans les

23
Annexe 5
43
circuits du capitalisme industriel et financier, des nouvelles formes de
consommation représente des constitutifs de l’entrée dans l’age des masses.
Pour entendre mieux cette entrée de la France dans l’age de la culture
de masse on doit examiner les conditions sociales, économiques, techniques
qui permettent l’émergence d’un régime culturel inédit, on doit étudier la
nature et la spécificité des nouvelles productions et comprendre leur fonction
sociale et politique.
Etroitement liés à la culture de masse, les médias (terme issu de
l’anglais medium, pluriel media, c’est-à-dire moyen intermédiaire) sont des
supports techniques qui assurent la mise en relation à distance de différents
locuteurs. Les médias, très divers et variés, comprennent la presse, la radio, le
cinéma, la télévision, mais aussi le livre, l’affichage, le disque, le CD, le
téléphone, les logiciels, le fax, l’Internet etc.
On peut donner une classification des medias, en fonction de leur mode
de communication :
1) Les médias autonomes : tous les supports sur lesquels sont inscrits les
messages et
qui ne requièrent de raccordement à aucun réseau particulier : livre, presse,
disque, CD, film, cinéma, vidéo, logiciel. Même s’ils sont dans leur forme
indépendants, ils nécessitent, parfois, des équipements adéquats pour
pouvoir les accèsser : ordinateur, lecteur DVD etc.
2) Les médias de diffusion : ont besoin de relais de transmission dans leur
émission et réception – la radio, la télévision.
3)Les médias de communication24 : représentent tous les moyens de
télécommunication interactifs permettant d’instaurer à distance et à double
sens soit une relation de dialogue entre une personne et un groupe, soit une
24
Annexe 6
44
relation entre l’individu et la machine offrant des programmes et des
services : téléphone, Minitel25, Internet.

2.2. La presse écrite : l’adaptation d’un produit culturel

En France, la culture de masse est apparue vers les années 1860, en


même temps que l’apparition d’une période appelée âge du papier.
Cet âge du papier correspond à l’essor des premiers journaux à grande
diffusion, de leur développement et leur distribution.
Sans aucun doute, la presse écrite représente l’un des produits les plus
répandus et les plus caractéristiques de la société industrielle. Disposant de
toutes les possibilités, techniques, sociales, culturelles, économiques, les
journaux de grand tirage et avec des prix accessible, destinés à un public de
masse ont vu le jour.
La production du journal a été influencée par la révolution technique de
l’imprimerie et par l’invention de al rotative, ainsi que pendant les années
1860- 1870 on arrive à imprimer 12000 – 18000 exemplaires par heure. Petit à
petit, vers la première moitié du XXe siècle, la presse écrite a pris les
caractères d’une grande industrie, la lecture de la presse devenant ainsi une
habitude, une forme de comportement social.
Pourtant après avoir pendant plus de trois siècles et demi profité du
progrès technique, la presse commence à perdre le monopole de fait pour la
diffusion collective de l’information : elle a du partager ses fonctions avec la

25
Technologie de communication télématique développée par la DGT (Ministère des Postes
et Télécommunications) et utilisée en France, essentiellement dans les années 1980 et 1990.
45
radiodiffusion depuis les années 1930 et avec la télévision depuis les années
1950.
La presse, la radio, la télévision remplissent les mêmes fonctions et
leurs contenus respectifs sont très comparables malgré leurs évidentes
différences de forme et densité. Un journal parlé de 25 minutes apporte à
peine la matière d’une demie page de quotidien. La multiplication des stations
de radio et des chaînes de télévision permet désormais des comparaisons avec
la multiplicité des organes de presse.
Les différences essentielles tiennent moins à celles qui opposent l’écrit,
le son, l’image qu’à leur mode de consommation. La lecture du journal est une
activité individuelle et elle concentre toute l’attention ; elle est sélective et se
fait dans un ordre et un rythme propres à chaque lecteur. Les medias audio-
visuels imposent à tous leurs remissions dans un ordre immuable et sur un
rythme identique, ils sollicitent plus l’affectivité que la réflexion.
L’écoute de la radio est parfois collective et n’est pas exclusive d’une
autre occupation. L’assistance au spectacle télévisé est souvent collective, elle
exclut toute autre activité et elle impose une réception passive, sans possibilité
de choix.
Les trois grands moyens d’information s’influencent réciproquement en
se concurrençant et en se complétant. La radio a enlevé à la presse le privilège
d’annonces les nouvelles. La télévision restreint le temps libre disponible pour
la lecture des journaux et elle est mieux armée pour rendre compte des
certains types d’événements (sports, cérémonies. etc.) ; elle a modifié les
conditions de l’information politique : en attirant les déclarations des
notabilités politiques ou autres, elle crée de plus en plus souvent l’événement
au détriment des journaux.

46
Née au XVII siècle dans les sociétés occidentales, la presse apparaît
lorsque l’information se présente comme une exigence de l’espace socio-
politique. Au départ, sous le contrôle de l’Etat, elle délivre, dans ses
« Gazettes », les dernières nouvelles du royaume. Elle s’adresse à une élite
culturelle qui par l’intermédiaire de la presse se tient au courant avec les faits
de la Cour. Avec la Révolution, les journaux se multiplient avec la volonté de
tenir un rôle civique en dévoilant objectivement ce qui se passe dans les
coulisses des assemblées. Ce sont essentiellement des journaux d’opinion
politiques, partisans et propagandistes. Vers le milieu du XIX e siècle la
presse d’information prend place.
Moins chère grâce à la publicité marchande, la presse conquiert un
public plus large. Elle se diversifie aussi, avec la publication de romans-
feuilletons et des faits divers et agrémente sa forme grâce aux dessins,
gravures et photographies. Dans les années 1930 naissent les premiers
magazines, illustrés, en couleur, d’actualité ou féminin.
Ils se développent ensuite vers les années 60 en s’adaptant à des
publics toujours plus diversifies. A l’aube du XXI e siècle, al presse montrera
sa capacité à se renouveler, en passant du mode de l’imprime au mode on line.
La presse de nos jours peut être classifiée selon :
1) le type de lectorat (presse grand public/ presse technique et professionnelle)
2) la périodicité (quotidien, hebdomadaire, mensuel etc.)
3) le centre d’intérêt (thématique : actualité, loisir, sport, mode, féminin etc.)
La presse Grand Public (GP) est selon la définition de l’OJD : la presse
dont le contenu rédactionnel est destine à un ensemble de lecteurs, « grand
public », pour satisfaire ses besoin d’information, de culture… »

47
Elle se décompose en six formes différentes :
1.  La presse quotidienne au sein de laquelle on distingue la presse
quotidienne nationale et la presse régionale et départementale.
2. La presse magazine, composée par des nombreux supports distingués
en fonction des thématiques : télévision, féminin, actualités journaux a
sensation, loisirs, jeunes, mode, masculins etc.
3. La presse hebdomadaire régionale qui traite de al vie politique,
économique, culturelle et associative de la région (L’Echo de l’Ouest,
Affiches de Grenoble etc.)
4. Les gratuits qui sont financés entièrement par la publicité.
5. Les journaux d’entreprise ou consumers magazine qui, gratuits ou
payants, sont destinés au public interne ou externes à l’entreprise
6. La presse on line qui, diffuse sur les écrans, renvoie soit aux version ou
aux compléments Internet de la presse classique, soit à des journaux
spécifiquement conçus et diffusés sur Internet.
La presse Technique ou Professionnelle est la « presse dont le contenu
rédactionnel apporte à ses lecteurs des informations dont ils ont besoin dans
l’exercice de leur activité professionnelle. »
Pour comprendre mieux le rôle du journal, qui symbolise le passage à une
production et à une consommation de masse, il est absolument nécessaire de
trasser quelques repères chronologiques.
Les années 1836-1863 constituent une sorte de préhistoire de la presse
de masse. Les tirages sont très limites, 10000 exemplaires en moyenne, 60000
abonnés (le principal obstacle étant la cherté de l’abonnement – 80 francs par
an vers 1835 fait qui limite la clientèle aux classes supérieures de la société).
L’année 1836 est marquée par deux initiatives majeures en ce qui
concerne la presse. L’abonnement est baisse de 80 à 40 francs sans avoir des
48
conséquences immédiates, mais les résultats se voient en dix ans, quand le
tirage des quotidiens
parisiens passe de 80000 à 180000 exemplaires (1847) et La Presse atteint
35000 exemplaires en 1854.
La naissance des romans-feuilletons représente la seconde initiative. Par
exemple la publication « Capitaine Paul » de Alexandre Dumas, fait gagner
aux « Siècle » près de 5000 abonnés en 1838. Grâce à cette innovation, des
auteurs connus comme Paul de Kock, Frederic Soulie, Alexandre Dumas
deviennent des personnalités et on peut observer la multiplication des
journaux reproducteurs comme « L’Echo des feuilletons » ou « L’Estafette »
reprennent des romans à succès.
Parallèlement on assiste au développement d’une presse de plus en plus
diversifiée et spécialisée : des journaux féminins, la presse enfantine (« Le
Journal des enfants » en 1832 suivi en 1843 par « Le Nouveau Magasin des
enfants »), périodiques de vulgarisation comme le « Magasin Pittoresque » en
1833.
« Le Petit Journal » voit le jour en 1863 ayant comme support les idées
innovatrices de M.P. Millaud (les faits divers, nouvelles diverses, romans
feuilletons, chronique judiciaire, vulgarisation scientifique et technique). Le
choix du feuilleton, du fait divers, d’un ton et d’un langage aptes à retenir
l’attention assure un rapide et grand succès. Plus qu’un journal, Millaud
invente un nouveau regard sur le monde, un mode de représentation qui est
celui du fait divers, fondé sur le spectacularisation des émotions et des
exemples personnels. Ainsi le succès est immédiat, avec 38000 exemplaires
du lancement en juillet 1863, on passe à 259 000 à la fin de l’année 1865 et
vers le million en 1891.

49
Sur le modèle de « Le Petit Parisien » s’impose comme le principale
puissance médiatique du temps, avec les plus forts tirages du monde, 1.5
million exemplaires en 1914, 2 million en 1916. « Le Matin » est le plus
original de ses quotidiens, en jouant la carte de la modernité, du télégraphe et
de l’information. « Le Journal » cherche à combiner la presse à grand tirage et
la qualité littéraire en faisant appel à des hommes de lettres célèbres.
À l’ombre des ces « quatre grands » on a aussi des journaux comme
« L’Eclair », « L’Intransigeant », « Le Rappel » et les quotidiens fondés à la
fin du XIX siècle dans les grandes villes du pays ;« La Petite Gironde » à
Bordeaux, « La Dépêche de Toulouse », « Le Progrès de Lyon » etc.
Il faut aussi compter les journaux plus spécialisés comme les journaux
sportifs (« Le Vélo » 1892, « L’Auto » 1902) et la presse féminine : « Petit
Echo de la mode » (1893 – 20 000 exemplaires). Encore les journaux –romans
sont présents avec « La Veillée des chaumières » et al presse pour enfants
comme « L’Epatant », « L’Intrépide » ou la « Semaine de Suzette », vrai
périodique de masse qui dépasse 300 000 exemplaires.
L’année 1914 constitue l’apogée de la presse française, avec 57 de titres
nationaux et 257 journaux départementaux, qui totalisent plus de 6 million
d’exemplaires, la presse française étant ainsi al deuxième du monde après les
Etats-Unis et la première d’Europe.
Pendant la guerre seulement les « quatre grands » (« Le Petit
Parisien » , « Le Journal », « Le Petit Journal », « Le Matin ») passent le seuil
d’un million exemplaires et quelques années plus tard seulement « Le Petit
Parisien » réussit à passer ce seuil. On se confronte alors avec la crise de la
presse : la contraction du marche publicitaire, la hausse du prix de papier et sa
conséquence celle du prix du journal.

50
Dans les années 1920, et plus encore dans les années 1930 le public
commence à exiger que l’information le surprenne, que s’adapte au plus près à
ses goûts et à son rythme de vie, que s’adresse directement à lui, ce que les
quotidiens de la génération d’avant 1914 ne semblent pas savoir faire.
Dans la période d’entre-deux-guerres, les journaux se vendent bien et
touchent toutes les catégories sociales. Le phénomène le plus marquant de
l’entre-deux-guerres, plus précis des années 1930, est, sans doute, le
développement de al presse hebdomadaire qui cristallise des tendances
amorcées avant guerre et témoigne d’une diversification des attentes et des
pratiques culturelles.
Les premiers années du siècle avaient mis en évidence le recul des
quotidiens politiques(« doctrinaires ») au profit des feuilles de grande
information valorisant la nouvelle, le reportage, le fait divers, le roman-
feuilleton, au détriment de l’article partisan.
La période entre-deux-guerres est le témoigne de la naissance des
hebdomadaires, bien que certes périodiques spécialisés – féminins, enfantins,
sportifs- existaient avant 1914. La presse féminine est renouvelée avec des
titres comme « Marie-Claire » (1937) de Jean Prouvost (qui donne une image
très différente de celle de l’épouse – ménagère suggérée par « Petit Echo de la
mode ») et « Confidences » (1938).
En 1938, « Marie-Claire » connaît un vif succès, avec 800 000
exemplaires il est loin le premier hebdomadaire français. Les couvertures de
« Marie-Claire » où s’expose une femme jeune, souriante, au visage et à la
silhouette de mannequin, comme les photographies qui couvrent les pages
intérieures, rappellent combien l’influence américaine pèse quand la presse
choisit de donner elle-même une image moderne. Les modèles ont l’allure des
vedettes hollywoodiennes qui peuplent les magazines de cinéma, « Ciné-
51
Miroir », «Cinémonde » ou « Pour Vous ». Le rêve américaine se dessine. Les
patrons de presse n’hésitent pas à appliquer en France les recettes de la presse
d’outre-Atlantique pour conquérir de nouvelles clientes. Ainsi, avant de créer
« Confidences », Paul Winckler a introduit en France l’hebdomadaire qui, à
compter de 1934, révolutionne les journaux pour jeunes par le succès de la
bande dessinée : « Le Journal de Mickey » qui très vite atteint 500 000
exemplaires. A la fin des années 1930, notamment grâce aux magazines
inspirés par les titres américains, la presse pour les enfants atteint une
audience jamais encore égalée : des titres comme « L’Aventureux »,
« Robinson » ou « Hop-là », oscillent entre 200 000 et 400 000 exemplaires.
On peut parler aussi d’un point commun pour les magazines féminins et
cinématographiques, périodiques pour les jeunes, hebdomadaires sportifs : la
place toujours accrue de l’image, mais spécialement de la photographie.
Longtemps, la presse a rejeté l’image comme support d’information. Il est vrai
qu’il existait des obstacles techniques au développement de la photographie
mais l’obstacle principal était d’ordre socioculturel. L’un des exemples les
plus caractéristiques de ce point de vue reste sans doute celui du quotidien
« Excelsior » qui a été lance en 1910 et qui prétendait faire de l’image, au jour
le jour. Mais la qualité des cliches sur le papier médiocre des quotidiens et les
coûts imposés par la reproduction nécessitaient un prix de vente deux fois
supérieure à ses rivaux. Comment toucher ainsi le public ? Les élites
regardaient « Excelsior » avec mépris. La photographie ne pouvait être
réservée qu’au papier glacé de l’hebdomadaire « Illustrations ». Plusieurs
pensaient que un journal avec des photographies est pour ceux qui ne savent
pas lire et bien sur que le journal « Excelsior » n’a pas eu le succès escompté.
Mais les choses changent dans les années 1930. Non que les élites aient
renoncé à leurs vieux réflexes : la rigueur de l’information suppose l’austérité
52
de la maquette. Le lecteur sérieux ne saurait être diverti par l’image. On peur
observer en sens là la une du « Temps » qui a introduit des photographies, qui
ne représentent plus un luxe pour les quotidiens. Son usage est facilité par les
transformations techniques de transmission et de reproduction des clichés.
L’image n’alourdit plus le coût du numéro. Mais par contre elle devient une
nécessite à l’heure où, avec l’aide du cinéma, elle s’impose dans l’univers des
Français non seulement comme source de rêve mais comme support principal
d’information.
Petit à petit le cinéma commence à toucher la masse des Français qui
représente des potentiels lecteurs des journaux. Même si la presse ne peut pas
rendre le mouvement des images, au moins elle peut créer une illusion de la
vie, en donnant une place importante aux photographies. Si hier la
photographie était une source de répulsion en ce qui concerne le public
restreint des élites, l’image devient maintenant un instrument d’attraction.
« Paris-Soir » est le premier journal qui adopte l’image qui maintenant
est devenue « la reine » du temps, comme le proclame le quotidien dans sa
nouvelle formule le 2 mai 1932 : le journal doit être « vu » avant d’être « lu ».
Non seulement la photographie grand ou petit format envahit la une, la
dernière page, les pages intérieures, mais la maquette elle–même est conçue
comme une composition illustrée qui met en spectacle l’événement, par les
gros titres, les encadrés, les décrochés. Premier quotidien à se doter d’un
service photographique, le journal promeut l’image comme une authentique
source des nouvelles grâce, notamment, au bélinographe 26 qui permet la
transmission d’un cliché à la rédaction parisienne de n’importe quel point du
monde. Un autre élément très innovateur est le fait que « Paris-Soir » multiplie
26
Instrument qui permet la transmission à distance de texte, de document, et surtout de
photographie ; elle sera très utilisée par les reporters de presse jusque dans les années 1960-
1970.
53
les rubriques et les types d’information. La politique intérieure, le grand
reportage, le fait divers, les pages littéraires, l’horoscope 27 ou le sport
cohabitent sont présentées dans le quotidien. Le succès de « Paris-Soir » est
aussi en grande parti aux événements sportifs, en commencant avec le Tour de
France, couvert par de nombreux reporters disposant de moyens exceptionnels
de transmission des nouvelles. Bien sur, le « Paris-Soir » n’est pas le premier
quotidien qui consacre une rubrique développée au sport, parce qu’il a eu
aussi le quotidien spécialisé « L’Auto » qui existe depuis le début du siècle.
Mais il apporte la nouveauté en consacrant une page quotidienne au sport, là
où ses concurrents accordent seulement une page le lundi et en mettant le
sport au même rang que les événements politiques ou sociaux du temps.
Dans ce contexte, le « Paris-Soit » connaît une réussite extraordinaire,
avec 1 millions d’exemplaires en 1934 et 2 millions d’exemplaires en 1938  il
est devenue le plus grand quotidien français. L’un des traits les plus
surprenants est le fait qu’il est vendu l’après-midi, comme le nom le suggère,
en temps que les autres quotidiens sont vendus le matin.
Ce quotidien a rencontré la demande d’un public qui souhaitait une
information à la fois neuve, fiable mais aussi spectaculaire, une information
diversifiée, ne privilégiant aucun genre particulier.
Les caractères essentiels de la presse des années 1930 sont l’image et la
variété des nouvelles. Le lecteur bénéficie des images, des illustrations, des
reportages par l’intermédiaire des magazines comme : « Détective », « Vu »,
« Voilà », « Regard ».
« Match » est une publication inspirée par les magazines américains
« Life », »Look » qui pressentent en images, l’actualité du monde, des conflits

27
Introduit en 1935
54
diplomatiques à la vie des stars et qui a connu un vrai succès – 2 millions
d’exemplaires en 1940. 
Autrefois porteur d’idées, d’expressions d’un groupe partisan, le journal
était devenu incontestablement au début du siècle un produit commercial et le
principal instrument d’information.
Fréquence de lecture d’un quotidien (en %)

1973 1981 1988 1997


Tous les jours ou presque 55 46 43 36
Plusieurs fois par semaine 8 10 12 11
Parfois 14 15 24 26
Jamais 23 29 21 27

2.3. L’ère de l’affichage

En ce qui concerne la publicité, elle est longtemps demeurée en France


un secteur déprécié et marginal. Mais l’essor progressif d’une culture de la
consommation et des logiques de l’offre imposée par l’industrialisation
modifie la situation. Le Seconde Empire représente une étape décisive pour
l’affichage, spécialement par l’intermédiaire des grandes publications (« Bon
Marche », « Louvre »).
L’ère de l’affichage débute au milieu du XIXe siècle. Les premières
grandes campagnes d’affichage sont organisées au service de la presse et de la
librairie pour lancer un feuilleton. Si certains secteurs comme les spiritueux ou
la pharmacie investissent massivement dans la promotion graphique (pastilles
Géraudel) ce sont cependant les mondes de l’édition, du spectacle, du
divertissement, un peu plus tard celui du tourisme, qui jouent la carte de

55
l’affichage. Façon donc de signaler les liens entre la publicité et la culture de
masse.
Le langage utilisé par l’affiche renvoie directement à celui des
productions de grande diffusion. Des images chocs, ramassées, pour
mieux «raconter une histoire à la foule »28.
Si les débuts de l’affiche grand format sont associés au nom de
Rouchon29, son histoire et ensuite rapidement investie par certains grands nom
d’avant-gardes esthétiques. Des artistes comme Jules Chéret, Toulouse-
Lautrec, Mucha, Jean Calu ou Capiello contribuent au succès de
l’ «affichisme ». Esthétique de la rue, celui-ci signale aussi l’émergence d’un
nouvel art de masse.
« Les murs criaient l’opinion des hommes » écrit Paul Adam en 1895
dans « Le Mystère des foules ». C’est par l’affiche et toutes les ressources de
la « librairie de trottoir » (cartes postales, papillons, photographies) que se
diffusent les engagements populaires durant la crise boulangiste et l’affaire
Dreyfus. L’image nourrit les opinions et fixe les représentations politiques, à
mi-chemin entre culture de masse et démocratisation.
Si plus tard le déclin de l’affiche est continu, au profit des annonces
photographiques publiées dans les journaux et les magazines, plus timidement
du cinéma (Jean Mineur, Publicis), c’est bien aux images que revient toujours
la fonction privilégiée d’associer la culture, le commerce et la consommation.

28
Cassandre, lauréat en 1925 du Grand Prix de l’affiche à l’exposition des arts décoratifs.
29
Ancient fabricant de papiers peints
56
2.4. La radiodiffusion

Un vrai succès en ce qui concerne le nouveau media, la radio, est


l’adoption de la loi sur la redevance30, qui, à partir de 1933 oblige les
détenteurs des postes TSF31 à déclarer leur récepteur et qui représente une
indication très intéressante sur le succès de nouveau media et un précieux
instrument pour mesure la diffusion de la radio en France. Après dix ou onze
ans d’existence, on y compte près de 1,4 millions de récepteurs. C’est peu par
rapport aux grands pays industrialisés comme la Grande-Bretagne, ou le seuil
a été des 3 millions de postes a été atteint dès 1929. Mais en quelques années
la France récupère son retard.
On peut observer un rapide essor en 1921-1922 dans tous les pays
industrialisés (avec une forte avance pour les Etats-Unis) et le fait que les
compagnies radioélectriques, qui s’étaient beaucoup développées durant la
guerre, se dirigent aussi vers le marché civil. C’est le cas de la Société
française radioélectrique, gros fournisseur de postes pour l’armée, qui se
tourne en 1919 vers le marché civil.
Dans les années 1920, la radio n’était pas considérée comme un media
de masse. Le coût des récepteurs (subissant même une taxe de luxe en 1926),
leur piètre qualité (qui réserve l’usage aux amateurs éclairés), la dispersion des
fabricants, l’absence d’une production en série, la médiocre réception liée à
l’incohérence et la faiblesse du réseau sont, parmi d’autres, les facteurs qui
freinent le développement d’une radio encore artisanale et sans ressources.
Les postes à galène32, qui sont chers, inesthétiques et difficiles à utiliser,
sont petit à petit remplacés par les postes à lampe à la fin des années 1920,
30
Paiement devant avoir lieu de manière régulière, en échange d'un droit d'exploitation
31
Transmission sans fil
32
Du nom du sulfure de plomb utilisé pour la syntonisation.
57
quand le nombre d’utilisateurs commence à accroître. Dissimulant désormais
tout l’appareillage électrique à l’intérieure du boîtier, les nouveaux postes
trouvent plus facilement leur place dans les salons, les cuisines ou les arrière-
salles bistrot.
C’est donc dans les années 1930 qu’a lieu le véritable essor. Celui-ci
doit aussi à l’amélioration des zones de diffusion et des programmes.
Le premier émetteur public, Radio Tour Eiffel, est crée en décembre
1921 par l’Etat, qui confie le soin d’élaborer les programmes au journaliste
Maurice Privat. En 1922 les premières stations privées sont lancées selon la
« grande route des sons », selon l’expression de l’Américain David Sarnoff,
l’un des premiers à avoir perçu l’usage culturel TSF.
En novembre 1922, la Société française radioélectrique installe un
nouvel émetteur à Clichy et lance la première station régulière, Radiola.
Avec les années 1930, les postes pénètrent massivement dans les foyers,
en représentant maintenant des produits à l’échelle industrielle, moins chère
(la concurrence entre fabricants, étrangers et français, aboutit à des rabais
considérables dont bénéficient les acheteurs), plus fiables, reposant sur un
maillage serré d’émetteurs.
Aussi les stations disposent de nouveaux moyens : redevance lorsqu’elles
appartient à l’Etat ; publicité (autorisée en 1934) lorsqu’elles relève du privé.
La législation, en interdisant la fondation des nouveaux postes sur le
territoire, autorise les treize stations privées à continuer leur émission. Mais
dès que le marché radiophonique commence à se développer, les postes cèdent
leur licence à de gros intérêts liés à la presse écrite. Le créateur de Publicis,
Marcel Bleustein, lance Radio - Cité en 1935, après le rachat d’une petite
station parisienne (Radio LL), le patron de presse Jean Prouvost acquiert

58
Radio-Béziers pour promouvoir Radio 3733. Le passage de la radio de l’age
artisanal à l’age industriel se caractérise par la création du double secteur,
étatique et commercial, et de stations puissantes capables de drainer une masse
considérable de la population.
En juin 1927 le « Radio - Journal de France » sur Paris PTT voit le jour,
le premier journal parlé nourrit de chroniques et surtout d’éditoriaux et de
revues de presse.
La radio de ce temps-là se veut d’abord un instrument de diffusion de la
culture, en jouant sur ses atouts naturels : le son, la voix, la puissance des
ondes, l’immédiateté.
Grâce aux ondes, le spectacle, la connaissance, l’art se transportent au
cœur de chaque foyer. Ainsi, en quelques années, la radio est en voie
d’acquérir le quasi- monopole de al musique, en prétendant de former le goût
musical des auditeurs. Suivant l’exemple de Radiola, qui recrute six musiciens
conduit par Victor Charpentier, chaque station se dote d’un orchestre, qui
propose des « menus musicales ».musique classique, musique de danse, jazz,
vielles chansons françaises, mais aussi musique des autres pays, se succèdent
dans la grille des radios.
On assiste aussi à l’apparition du théâtre radiophonique, animé par des
petits groupes et les premières pièces écrites pour la radio. Aussi les émissions
qui ciblent des catégories particulières de la population font leur apparition :
les femmes (avec des chroniques sur la manière de tenir son foyer, la mode, la
cuisine, les bonnes lectures pour les enfants), les plus jeunes (avec les
matinées enfantines).

Les trois grandes stations sont liées à trois grands quotidiens : le Poste parisien au Petit
33

Parisien, Radio 37 à Paris Soir, Radio Cité à l’Intransigean.


59
On peut observer l’écart entre les postes publics et les postes privés. Les
premiers se poursuivrent dans la voie tracée, en privilégiant la musique, les
concerts, le théâtre, les informations. En ce qui concerne les postes privés, la
radio n’est pas, ou pas seulement, un instrument d’éducation – cette émission
revient au secteur public – mais un produit commercial. Leur succès populaire
repose bien davantage sur le divertissement.
En se spécialisant et en ouvrant le choix, la radio contribue, comme la
presse, à segmenter les publics. Littérature, art, opéra, musique, classique,
théâtre, histoire, sciences se sont réfugiés dans des stations spécialisées,
publiques (France Culture, France – musique) ou privées (Radio – Classique).
Dans les années 1930, chaque soir étaient diffusés un concert ou un œuvre
lyrique. Mais, au contraire, dans les années 1980 à peine 4% écoutaient la
radio pour la musique classique.
De l’autre coté, les stations privés sont l’objet des nouveaux enjeux
culturels, comme la défense de la chanson française face à l’hégémonie anglo-
saxonne.
Le 1 février 1994 est votée la loi en obligeant les radios à diffuser au
moins 40% de chansons d’expression française.
Au début du XXI siècle, chacun peut puiser sur al bande FM la nuance
qui lui convient. Il y trouvera un ton, une chaleur, un ensemble de codes et de
signes identitaires qu’il s’appropriera.

Fréquence d’écoute de la radio (en %)


1973 1981 1988 1997

60
Tous les jours ou presque 72 72 66 69
3 à 4 jours par semaine 5 7 7 7
Jamais 12 11 15 12
Durée moyenne hebdomadaire 17 h 16 h 18 h 15 h

2.5. La télévision

La télévision vient de naître en France en 1946. Pour faire une image en


ce qui concerne la perception française en ce qui concerne la télévision on
peut citer Jean Thévenot34 : « demain, écrit-il, les comportements individuels,
familiaux, sociaux, les habitudes, jusqu’aux pensés, en un mot les mœurs de
ceux-là mêmes qui ne songent pas ou ne croient pas à la télévision, seront
influencés et modifiés par elle, plus profondément peut-être que par les
bienfaits et les menaces de l’énergie atomique. »
Mais,dix ans plus tard, la France, malgré un effort soutenu d’installation
d’émetteurs (après Paris, Lille, Strasbourg, Marseille) ne compte que 442 433
récepteurs, alors que la Grande-Bretagne dénombre 5,7 millions.
Tandis qu’aux Etats-Unis trois foyers sur quatre ont équipés en
téléviseurs, la France figure comme l’un des pays industrialisés avec un taux
d’équipement de seulement 5%.
Dans la décennie suivante, la situation change de manière spectaculaire.
Le téléviseur devient un objet de consommation de plus en plus courant. En
dix ans, de 1960 à 1970 le taux d’équipement des maisons en téléviseurs passe

34
Ancien radioreporter, nommé dès 1944 chef - adjoint du Bureau d’études artistiques de la
télévision française
61
de 13,1% à 70,4%. Au seuil des années 1980, 9 foyers sur 10 possèdent un
récepteur35.
Objet de luxe réservé aux groupes supérieurs dans les années 1950, le
téléviseur se banalise : classes moyennes, monde ouvrier, monde des
campagnes comblent successivement leur retard.
Devenue familière, la télévision offre alors une programmation toujours
plus amples : 20 heures en 1950, 500 heures en 1960, 60 heures en 1970. En
1967 la télévision apparaît en couleurs.
Comme Jean Thévenot affirmait, la télévision changerait la vie. C’est
aussi l’avis des téléspectateurs sondés en 1965 par le Service de recherche de
l’ORTF. La télévision a-t-elle changé votre vie ? Oui répondent-ils à 59%.
Pourquoi ? Parce qu’elle a supprimé l’ennui (61%) et fait disparaître les
anciens loisirs (24%). Doit-on regretter ? Non, car al télévision est une fenêtre
sur le monde (93%), qui sort les femmes de leur isolement (80%) et ouvre
l’esprit des enfants (86%)36. La télévision source de connaissance de al
planète ? Qui en douterait ? Avec Eurovision37 (1954) et puis Mondiovision
(1962), le petit écran semble avoir effacé les frontières. Le téléspectateur
découvre le monde en direct – le monde et au-delà. Dans la nuit du 20 au 21
juillet 1969, 30 millions de Français, en regardant à la télé, partagent
l’enthousiasme et l’étonnement de 600 millions d’hommes qui, en même
temps et en direct, assistent aux premiers pas sur la lune de l’équipe d’Apollo
XI. La télévision, désormais, contribue à structure les modes de vie et à
nourrir l’univers mental des Français. Les émissions diffuses la veille offrent

35
Annexe 7
36
Enquête reproduite dans Jean-Guy Moreau, Le Règne de la télévision, Paris, Le seuil,
1973, page 10.
37
Concours annuel de la chanson retransmis par la télévision à travers l’Europe
62
un fonds commun de références qui alimentent les conversations, suscitent des
débats.
Au milieu des années 1980, le petit écran vit un sort de révolution. Le 4
novembre 1984, Canal + ouvre la série de chaînes privées.
En 1986, apparaissent La Cinq et TV6 ; en 1987 TF1 est privatisée. Le
choix de téléspectateur s’élargit avec la multiplication des chaînes généralistes
mais aussi thématiques.
Les chaînes publiques sont financées à titre principal par une redevance
fixée à 116.50 euro et acquittée par les ménages. L’ensemble du financement
public représente plus de 76% du financement de l’audiovisuel public, dont le
complément est assuré majoritairement par les recettes de la publicité ;
France 2 est la seule chaîne exclusivement généraliste du secteur public ; F3
est régionale ; F5 est chargé de concevoir et de programmer des émissions de
télévision à caractère éducatif. La société Radio- télévision française d’outre-
mer (RFO) diffuse dans les départements et territoires d’outre-mer des
programmes de télévision et de radio ; ARTE est la chaîne culturelle.
Il existe aussi un nombre de chaînes privées : TF1, première chaîne de
télévision française, privatisée en 1987, M6 (Métropole Télévision) qui
propose des fictions, des programmes musicaux et l’information est réduite à 6
minutes mais qui connaît un vrai succès ; Canal +, chaîne cryptée, qui fait
l’objet d’une diffusion multiplexée avec, d’une part, la chaîne « premium »,
d’autre part, les chaînes respectivement dénommées Canal + Bleu, Canal +
Vert et Canal + Jaune.
Après la presse écrite et la radio, la télévision suivre le même trajet. Les
années 1960-1970 sont aussi celles d’une certaine américanisation des modes
de vie et de al culture (cinéma, musique). La télévision n’échappe pas à
l’influence venue d’outre- Atlantique. Les séries policiers anglo-saxonnes
63
apparaissent : Destination danger (1961), L’Homme invisible (1962), Au nom
de la loi (1963), Les Incorruptibles (1964), Mission Impossible (1967).
Aussi la demande de documentaires, des programmes de fiction et
divertissement augmente. Il résulte une incontestable américanisation de
l’offre, par l’origine des films de cinéma diffusés, par la diffusion de séries
policières, de soap opera et par l’adaptation systématique de modèles
d’émissions de variétés conçues outre-Atlantique.
Fréquence d’écoute de la télévision (en %)

1973 1981 1988 1997


Tous les jours ou presque 65 69 73 77
3 à 4 jours 9 13 11 9
Jamais 6 4 5 6
Durée moyenne hebdomadaire 10 h 16 h 20 h 21 h

2.6. La mondialisation culturelle et les médias


En ce qui concerne la mondialisation culturelle, les médias représentent
un enjeu fondamental. Sans les médias, le phénomène de la mondialisation ne
serait pas possible, parce qu’elles représentent la voie principale et unique de
diffusion des valeurs, des informations, des images, des modes de vie, des
messages, des idées.
Les médias ont joué et jouent encore un rôle très important dans le
processus de la mondialisation culturelle. Sans le développement des médias,
sans l’apparition de la presse écrite, de la radiodiffusion, de la télévision, du
cinéma, du téléphone, de la photographie, de l’affichage et bien sur de
l’Internet, on n’aurait pas assisté aujourd’hui au ce phénomène qui marque

64
sans doute le début de ce siècle et qui ne semble pas se diminuer, mais au
contraire.
On peut observer la connexion étroite entre trois concepts
mondialisation – medias – identité, qui s’influencent. La mondialisation
culturelle est conditionnée par les medias, sans aucun doute. La
mondialisation, à son tour, influence l’identité culturelle d’un pays et l’identité
est déterminée par les medias qui transmettent des valeurs, des principes, dont
qui engendrent des modifications. La culture a été toujours liée à l’idée
d’ouverture et de communication et bien sur à l’identité culturelle d’un Etat.
Les élites culturelles ont assuré l’ouverture et la circulation des œuvres
du XVII et XX siècle. Mais la situation a changé depuis 50 ans. Le modèle
dominant est devenu celui de l’ouverture, surtout après la fin du communisme
et l’apparition d’un nouveau phenomene, la mondialisation, avec l’essor des
techniques de communication.
La connexion entre la culture et la communication a donc changé, rendu
visible par la percée des industries culturelles mondiales. Les medias, en
passant du « Broadcasting » au « Narowcasting », semble avoir signe la fin de
la culture de masse.
Au fond, hier, il y avait les cultures nationales fortes protégées par des
États et des médias nationaux, aujourd’hui, il y a, à la fois, une mondialisation
des industries culturelles et la segmentation des marchés culturels reposant sur
les individus et les communautés.
La situation de la France est très délicate. Comme tous les pays
industrialisés, elle a été affecté par le progrès technique, par l’essor des medias
(presse, cinéma, radio, télévision tout ce que suppose les moyens de
communication et de diffusion) et en conséquence on peut remarquer aussi les
effets de la mondialisation culturelle.
65
CHAPITRE III

LA SITUATION DE LA FRANCE FACE À LA MONDIALISATION


CULTURELLE

3.1. L’identité culturelle française confrontée à la mondialisation

Dans les autres deux chapitres on a essayé d’illustrer les origines de la


mondialisation culturelle, le modèle social, mais aussi les moyens de diffusion
(la presse, la radio, la télévision, le cinéma) sans lesquels la mondialisation
culturelle ne serait pas possible.
Le dernier chapitre va constituer une analyse en ce qui concerne les
conséquences de la mondialisation culturelle, comment elle a influencé
l’identité culturelle française. Dans ce sens-là il faut suivre deux aspects.
 Analyser les changements concernant l’identité, la culture et la
communication, en sachant que ces questions mélangent des dimensions
de nature différente. Certaines relèvent de la technique et de
l’économie, d’autres de la culture et de la politique.
 Ensuite réfléchir aux moyens de renforcer cette identité culturelle
française dans le contexte de la mondialisation.
On constate aujourd’hui que là où il y a plus de communication, par
exemple au niveau national, européen, mondial, plus il est nécessaire de
renforcer l’identité. L’identité était identifiée hier à l’émancipation.
66
Aujourd’hui, où la communication domine à la fois comme valeur et
comme réalité technique et économique, il est essentiel de valoriser les
identités.
Réfléchir au rôle de l’identité culturelle française c’est examiner une
des grandes questions politiques de l’avenir. L’identité nationale fut tour à
tour une valeur progressiste puis conservatrice et la communication pendant
des siècles fut identifiée à l’émancipation avant de devenir aujourd’hui une
marchandise et un enjeu de commerce.
Tout d’abord il est absolument nécessaire de donner une définition pour
les trois termes qui vont constituer des points de référence dans notre analyse :
l’identité, la culture et la communication.
L’identité collective représente ce qui réunit les individus d’une
communauté, au-delà de leurs inégalités sociales, et qui par l’intermédiaire de
la langue, des valeurs, de l’histoire, des symboles leur donne le sentiment et le
motif de défendre cette communauté. Dans l’histoire contemporaine l’identité
collective regroupe le plus souvent l’identité nationale.
« Le mot culture a en général trois sens. Le plus large est le sens
anglais, anthropologique, qui intègre les œuvres et les œuvres et les manières
de vivre, les styles, les savoir-faire. Le sens allemand est plus proche de l’idée
de civilisation. Et le sens français, plus limité, renvoie à l’idée de création,
d’œuvres, de patrimoine, et à l’existence de critères capables de distinguer,
dans ce qui se produit et s’échange, ce qui relève de la culture. »38 En parlant
ici d’identité culturelle française il s’agit un peu du mélange des trois mots.
D’ailleurs, la France est probablement le pays qui, par la politique culturelle
active de l’Etat, souhaite, depuis longtemps, définir et valoriser la culture.

38
Selon Dominique Wolton – sociologue francais
67
En ce qui concerne le terme communication on peut affirmer que celui-
ci a deux sens. Le plus ancien, lié à l’origine chrétienne, renvoie à l’idée de
partage, d’échange. Le second, plus récent, est lié à l’invention de
l’imprimerie et renvoie à l’idée de transmission.
Au cours de l’histoire des changements dans les rapports entre
l’identité, la culture et la communication ont eu lieu. Avant, les sociétés
étaient fermées, la communication était un facteur de progrès, la culture était
essentiellement d’élite et l’identité était liée à un fort sentiment national.
Aujourd’hui, les choses sont plus compliquées. Les identités collectives
sont souvent en crise. Nous vivons dans monde de plus en plus ouvert, où les
biens, les marchandises, les idées et les hommes circulent. Le progrès des
techniques de communication, représenté bien sur par l’Internet, est
responsable de la communication et de la transmission très rapide et très
complexe des informations, qui ont été inimaginable il y 50 ans et il représente
aussi l’illustration d’une des plus puissantes industries du monde.
Quant à la culture, sous le double mouvement de la politique et de
l’économie de masse, elle s’est démocratisée, donnant naissance à une culture
de masse. La culture, notamment grâce aux techniques de communication est
devenue un immense marché, où les marchandises et les idéaux sont
étrangement liés .Il y a eu un formidable mouvement de mondialisation de la
culture, une culture de masse mais aussi un profond mouvement
d’individualisation.
Mais dans ce vaste mouvement, où se renforcent ces deux dimensions
contradictoires de l’identité culturelle et de la culture de masse, le tout
médiatisé par des techniques de communication qui jouent simultanément à
l’échelle individuelle ou à l’échelle des continents, l’identité nationale
s’affaiblie.
68
Les États Nations la revendiquent moins, soit par peur du nationalisme
passé, soit par difficulté à réfléchir aux caractéristiques d’une culture nationale
aujourd’hui. D’autant, en Europe, les États sont engagés dans le processus de
construction politique qui oblige à réduire la part de l’identité culturelle
nationale.
Si la culture, dans sa forme individuelle ou collective, de patrimoine ou
d’innovation se porte bien, liée à des industries capables de gérer aussi bien
l’échelle individuelle que celles des continents et si les techniques de
communication offrent toutes les panoplies de la communication, on constate
un amoindrissement du rôle et de la place des identités culturelles nationales.
D’autant que de nombreux régimes autoritaires se sont saisis de la culture
comme d’un moyen pour exclure, détruire ou dominer.
Face à cette crise de l’identité culturelle nationale, les démocraties ont
préféré laisser croître les différents marchés individuels ou collectifs de la
culture, en repoussant à plus tard l’examen de l’identité culturelle nationale,
c’est-à-dire, les raisons pour lesquelles des millions d’individus, au-delà de
toutes leurs différences, ont ce sentiment d’une appartenance collective et sont
prêts à se battre, pour la défendre.
Aujourd’hui ni la culture mondiale de la musique, ou du cinéma, ou
d’Internet n’apportent de réponses à cette question complexe. Dans
cette « communication culturelle », qui va de l’individu à la masse; de la
communauté à l’identité régionale; des réseaux à la culture mondiale, la place
pour l’identité culturelle est plus problématique. D’autant que cette identité
n’a ni le même sens, ni la même visibilité, ni la même échelle d’un pays à
l’autre. De là à dire que demain, l’identité culturelle décrochera de l’échelle
nationale, jugée finalement comme inutile, il n’y a qu’un pas, que beaucoup
ont franchi.
69
Etre moderne aujourd’hui c’est défendre la culture, l’identité et la
communication, à toutes les échelles de la vie individuelle ou collective. Sauf
à celle de la nation. Hier l’identité culturelle dominante était à caractère
national, aujourd’hui triomphe plutôt les trois échelles de l’individu, de la
communauté et du monde. Mais l’idée de la culture nationale demeure. Elle
reste valorisée au titre du patrimoine, mais sans créer l’adhésion que l’on
retrouve aujourd’hui pour les autres formes. En réalité, ce qui fait le succès
des différentes formes de cultures et de communication dans la société
contemporaine, vient du fait, qu’à chaque fois, s’y entre-mêle, beaucoup plus
que dans la culture nationale, les logiques de valeurs et d’intérêt.
Au moment où on parle d’identité culturelle, on ne sait pas si on parle
du mouvement d’émancipation individuel, du respect des différences, de la
nécessaire cohabitation des cultures, ou si l’on parle d’une segmentation des
marchés en autant d’individus, de communautés ou des continents susceptibles
d’être solvables.
Les identités culturelles nationales constituent un « frein », car on y
retrouve le poids des langues, des traditions, des politiques, des institutions.
Elles font l’obstacle à la fluidité des industries culturelles et de la
communication à l’échelle du monde. Mais l’idéal de la culture mondiale
contemporaine, n’est il pas cette figure de l’Internaute , qui, de n’importe quel
coin du monde, indifférent aux climats, aux inégalités, aux reliefs, aux styles
de vie, aux langues et aux religions, dialogue avec d’autres Internautes ?
Les identités culturelles nationales, si elles ne risquent pas de se
dissoudre dans cette nouvelle culture mondiale interactive, « gênent » et font
« désordre ». D’autant que les États sont les seuls à vouloir préserver des
principes de régulations et d’intérêt général contre les industries culturelles
mondiales.
70
La question pour l’avenir est de savoir si la part de la culture nationale,
devenue marchandise, suffira à préserver les identités culturelles nationales,
ou si un écart, qui pourrait devenir conflictuel, se creusera entre culture
nationale et économie de la culture.
Mais qu’est ce qu’on doit faire dans cette situation? Premièrement
renforcer le poids des identités culturelles nationales par rapport à la double
emprise de l’économie et de la technique. L’enjeu est de maintenir une place à
la logique politique au sens large face à l’alliance de la technique et de
l’économie. Les identités culturelles nationales, avec la problématique de
l’intérêt général, leurs législations, le rôle de l’État, l’idée de service public,
l’éducation, l’importance de l’histoire, du patrimoine, représentent une base à
partir de laquelle on peut penser les intérêts et les limites de l’emprise
économique sur la culture et la communication.
Toute communauté a besoin de repères culturels stables. L’identité
culturelle nationale deviendrait de nouveau un facteur de tensions si on la niait
trop au profit des autres cultures « modernes » plus ou moins individualisées
et mondialisées.
Personne ne peut vivre simultanément ou successivement à toutes les
échelles de la culture et de la communication.
La deuxième chose à faire est de réfléchir sur le trois termes d’identité,
culture et communication, afin d’en sauver la dimension normative et
desserrer l’étau du discours technique. Le pire des contresens est d’identifier
la création culturelle à l’innovation des techniques et à la segmentation des
activités culturelles. Il est nécessaire de valoriser la dimension normative de
l’identité qui est autre chose que la segmentation des marches rattacher
l’identité à son idéal d’émancipation et au projet collectif afin de voir la

71
différence avec une identité réduite à la segmentation individualiste des
marchés culturels.
Il en est de même pour le concept de communication. Le laisser
absorber par la dimension fonctionnelle, démuni de toute ambition
d’intercompréhension, c’est oublier que la communication, avant d’être
identifiée à la rapidité et à la performance des techniques, est liée à la
recherche du dialogue.
Donc à la réalité et la difficulté d’un authentique échange. Plus les
techniques rationalisent la communication plus les industries couvrent le
monde, plus il est essentiel de souligner la dimension normative de la
communication, qui est toujours la recherche lente et difficile du dialogue.
L’identité et la communication sont toujours une conquête. C’est bien le
respect d’autrui dans la recherche de la communication qui empêche l’identité
de se refermer sur elle-même. Revaloriser les liens normatifs entre ces deux
concepts clefs de la démocratie est donc essentiel et le caractère toujours
composite de l’identité nationale, surtout à l’heure de la mondialisation, est
une invitation à la tolérance et au respect des autres. À condition que les autres
soient également respectueuses des différences. Autrement dit dans le contexte
de la mondialisation où apparemment tout est changé et communication, les
identités collectives rappellent la diversité des composants de toute l’identité
collective et l’importance des efforts que les uns et les autres doivent faire
pour acquérir un minimum d’intercompréhension.
Le nouveau rapport à construire, entre identité collective et
communication est en réalité l’adaptation, au contexte du XXIe siècle, de
l’idéal démocratique de l’Europe. Les techniques et les économies changent.
Les valeurs fondamentales, beaucoup moins.

72
3.2. L’identité culturelle française

L’image de la France est indissociable de sa culture : les touristes


étrangers le savent, qui se rendent en grand nombre au Louvre ou au Centre
George Pompidou et assistent aux représentations de l’Opéra Bastille ou de la
Comédie-Française. Cette effervescence artistique est parfois mise à l’actif
d’une tradition française originale de politique culturelle, dans laquelle l’État
intervient de façon constante, ce qui soulève des polémiques. Cette
intervention s’est affirmée très tôt. Des le XVIe siècle, l’usage du français
dans la rédaction des jugements et des actes notariés fut ainsi imposé par
l’ordonnance royale de Villers-Cotterêts39 et l’évolution de la langue
surveillée par l’Académie française, créée en 1635. Au XVIIe siècle, l’État
comme le protecteur des arts, en particulier sous le règne de Louis XIV et, à
ce titre, encourage, pensionne, fait travailler les artistes et les écrivains : la
construction du château de Versailles et la création de la Comédie-Française 40
témoignent de l’ambition du monarque. En transformant le palais du Louvre
en musée en 1793, l’État ne se fait plus seulement mécène, mais également
conservateur et contribue à l’invention du «patrimoine national ». L’action de
Mérimée, dès 1834, à la tête de al nouvelle administration des Monuments
historiques, ou celle de l’architecte restaurateur Viollet-le-Duc s’inscrivent
dans cette perspective.
Les régimes républicains affichent ensuite une volonté démocratique de
diffuser la culture dans l’ensemble du corps social, souvent dans une
perspective éducative et émancipatrice.

39
1539
40
1680
73
C’est cependant seulement au XXe siècle que sera nettement formulé,
l’encouragement des artistes et la conservation du patrimoine, l’objectif de
diffusion de la culture. L’action pionnière du ministre de l’Instruction
publique et des Beaux-Arts, Jean Zay, sous le Front populaire, trouve ainsi son
prolongement, à la Libération, dans une politique visant à rendre accessible au
plus grand nombre les trésors de al culture autrefois réservée à un public
restreint. En témoigne le soutien apporté par l’État à l’action de Jean Vilar,
directeur du Théâtre national populaire. Sous la Ve République, André
Malraux est nommé en 1959 ministre chargé des Affaires culturelles par le
général de Gaulle et impulse une véritable politique publique de la culture. Le
ministre déclare à la tribune de l’Assemblée nationale qu’il s’agit de faire,
pour la démocratisation de la culture, ce que la IIIe République avait réalisé,
dans sa volonté républicaine, pour l’enseignement.
En ce début de XXIe siècle, cette triple dimension des politiques
culturelles n’a rien perdu de son actualité. Bien au contraire, chacun des ces
objectifs peut à présent s’appuyer sur des moyens accrus, mais l’État n’agit
plus seul dans ce domaine.
La culture française tire sa richesse de l’histoire de la France mais aussi
d’une position géographique privilégiée au centre ouest de l’Europe. La
France constitue depuis le XIIe siècle un foyer culturel important et influent :
sa littérature et ses philosophes ont influencé et influence encore les courants
de pensée du monde entier, bien qu’elle se situe actuellement en retraite
derrière la pensée anglo-saxonne. La culture officielle est générée par les
medias nationaux et son fonctionnement par des organismes contrôlés.
La France est caractérisée par un art de vivre, elle maintient des valeurs
traditionnelles parmi lesquelles une gastronomie reconnue, marquée par les

74
divers types de fromage, vin et bien sur par les domaines comme la haute
couture.
La culture française est riche, diversifié mais aussi ancienne et reflète
ses cultures régionales et l’influence des vagues d’immigration de toutes
époque. Sa capitale, Paris, surnommée la Ville lumière, représente depuis
longtemps un foyer culturel important, accueillant des artistes de toutes
origines et abrite aujourd’hui le plus grand nombre de sites à caractère culturel
dans le monde (musées, places, bâtiments avec importance historiques, opéras,
théâtres etc.). Certains de ces sites sont consacrés à une grande variété de
thèmes, spécialement au sein du musée du Louvre, ainsi cette richesse de la
culture a fait de la France les premiers sites touristiques mondiaux.
Patrie de nombreux philosophes (avec le XVIIe siècle ou surnommé le
Grand Siècle et le XVIIIe ou le Siècle des Lumières étant les siècles d’or de la
France), la culture française a diffusé au monde la langue des diplomates, une
certaine conception universelle de l’homme, de nombreuses réalisations
techniques et médicales et un art de vivre.
Apres avoir invente le cinéma à Lyon et défendant avec ardeur
l’exception culturelle41, la France développe une industrie cinématographique
qui reste en Europe l’une des rares à résister à la machine hollywoodienne.
On peut affirmer que la France a la chance d’avoir une forte identité
culturelle par rapport à des autres pays même d’Europe, une identité culturelle
liée à la langue,à une longue histoire politique marquée par la force du pouvoir
central et à l’intégration, parfois brutale, des identités régionales.

41
L'exception culturelle est un concept en droit international et en politique culturelle. Cet
ensemble de dispositions vise à faire de la culture une exception dans les traités
internationaux, notamment auprès de l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC). Ces
dispositions ont pour but de spécifier que les États sont souverains et fondés à limiter le
libre échange de la culture sur le marché pour soutenir et promouvoir leurs propres artistes,
véhicules et porte-parole de leur culture.
75
Cette identité culturelle est par ailleurs renforcée depuis longtemps par
l’action de l’Etat, tant à l’égard du patrimoine que de la création et de l’école
et plus récemment par une action en faveur de la culture grand public, des
musées, des opéras, sans oublier une tradition de service public et la référence
fort ancienne à un certain universalisme de la culture française. Depuis le
XVIIe siècle, le fait culturel, français s’inscrit, avec une proportion variable
selon les époques, dans une vision mondiale, une vision universelle de la
culture.
La place de la culture française dans le monde, disproportionnée par
rapport à sa taille objective, est un facteur essentiel de son rayonnement et de
son influence. D’autant que la France, pays d’immigration, est fortement
marquée depuis un siècle par l’idéologie républicaine en faveur de l’égalité
des chances et a favorisé l’intégration des autres cultures. On le voit, avec
l’apport des autres cultures d’Asie, d’Afrique, d’Océanie, des Caraïbes, du
Proche-Orient. En fait, penser l’identité culturelle française à l’heure de la
mondialisation oblige à distinguer 3 niveaux de problème. Celui de la société
française confrontée au multiculturalisme, la France dans l’Europe, la France
face à la mondialisation.
Bien sûr on ne peut pas oublier un aspect très important concernant la
culture française : la francophonie.
Avec 175 millions de personnes parlant français dans le monde, le
vocable « francophonie », imaginé par un géographe français au XIXe siècle,
s’est enrichi au fil du temps de significations nouvelles. On peut parler de
plusieurs sens de ce terme : un sens linguistique et géographique, mais aussi
un sens culturel technique et multilatéral.
Le mot « francophonie » est dérivé de l’adjectif « francophone », qui
signifie ceux qui parlent la langue française. Le sens géographique est ajouté,
76
la francophonie se composant de personnes qui, à travers le monde, parlent
français.
Mais, de toute façon on ne peut pas réduire la francophonie à ses aspects
linguistiques et géographiques. Elle génère et détermine aussi le sentiment
d’appartenance à une même communauté, d’en partager les valeurs. Ce sens
nouveau représente une ouverture sur le monde, un partage, une coopération
entre des peuples parlant la même langue. En donnant naissance à une
organisation intergouvernementale dans les années 1970, la francophonie est
devenue une véritable institution multilatérale.
Aujourd’hui, la francophonie s’attache aussi à défendre l’idée d’une
langue riche et précise à l’encontre du laisser-faire linguistique surfant sur la
vague d’une mondialisation.
La francophonie est un exemple vivant du mariage de l’unité et de la
diversité, puisque la langue française s’enrichit par les créations multiples de
ses copropriétaires ; qu’elle véhicule des univers culturels très divers grâce à
la chanson, le théâtre, la poésie, le roman.
Les mouvements migratoires, les mariages mixtes, le flux d’étudiants et
de chercheurs, les échanges commerciaux et touristiques, les emprunts
langagiers et gastronomiques ont concouru à forger un sentiment
d’appartenance à la communauté francophone. Même si les milieux
médiatiques et publicitaires français ne sont pas toujours soucieux de mettre
en valeur la francophonie, les jumelages scolaires et la coopération
décentralisée contribuent de plus en plus à créer un tissu francophone
international.
La tradition culturelle et universitaire française sont des atouts de
l’identité française. Rénover et amplifier les échanges universitaires représente
un facteur important de socialisation et de communication. Des étudiants et
77
des professeurs qui viennent vivre en France et réciproquement, ont tout de
suite une autre expérience des enjeux culturels. Cet un expérience unique qui
réussit à enrichir les connaissances des participants, en posant à leur
disposition des moyens d’information directes, plus précisément le contact
direct avec l’autre culture. Mais on peut ajouter aussi que cet échange
constitue aussi une conséquence de la mondialisation, le déplacement des
personnes dans en but culturelle, d’apprentissage.

3.2.1. La culture française – un secteur d’activité

Chaque année, les Français dépensent près de 24 milliards d’euros dans


l’acquisition de matériels et de supports audiovisuels, ainsi que dans l’achat de
livre, de journaux, de revues et de places de spectacles. La part du budget des
ménages consacrées aux dépenses culturelles (1000 euros par an soit 3.5% de
leur budget) est en hausse depuis une décennie.
À cette consommation culturelle des ménages, il faut ajouter celle des
entreprises, de l’État et des collectivités territoriales, ce qui représente au total
un marché proche de 30.5 milliards d’euros.
Les industries et les services qui satisfont à cette demande sont souvent
devenus un secteur à part entière de l’économie qui emploie plus de 440 000
personnes et connait, de plus, une croissance soutenue.
Au nombre des activités économiques touchant à la culture et aux arts,
on trouve en tête la presse, l’édition et les industries graphiques (avec un
chiffre d’affaire de plus de 15.2 milliards d’euros), suivies par les activités
audiovisuelles : télévision, industries du disque, cinéma (chiffre annuel de
10.67 milliards d’euros). La concentration de l’édition (Groupe Hachette)

78
laisse subsister des éditeurs de taille moyenne42, qui peuvent s’appuyer sur des
catalogues prestigieux.
Le marché d’art représente lui aussi un enjeu économique non
négligeable. Le marché des enchères a été reformé en 2000 et a dû s’ouvrir à
la concurrence internationale. Le nombre des galeries d’art a doublé en
province au cours des années quatre-vingt, tandis qu’apparaissaient à Paris,
aux cotés des secteurs traditionnels du faubourg Saint-Honoré et de Saint-
Germain-des-Prés, deux nouveaux quartiers pour le commerce de l’art : celui
de Beaubourg et celui de la Bastille.
Il faut absolument nécessaire ajouter le terme de patrimoine à cette
présentation de la culture française, parce qu’il joue un rôle très important. La
notion de patrimoine s’est progressivement élargie pour recouvrir désormais
de nombreux témoignages du passé jusqu’ici négligés mais comporte aussi
une dimension esthétique, qui touche en particulier les paysages. Les missions
traditionnelles de conservation du patrimoine concernant les monuments
publics, les édifices religieux et les sites archéologiques restent cependant
centrales et s’appuient sur des moyens accrus et al mise en oeuvre de
techniques de plus en plus sophistiqués.
D’importants programmes thématiques, engagés notamment en faveur
des cathédrales et des parcs et jardins, montrent que le patrimoine classique
n’est pas négligé. Le nombre d’inscriptions à l’Inventaire des monuments
historiques s’est accru au rythme de plusieurs centaines par an depuis 1980 et
on compte aujourd’hui plus de
40 100 bâtiments classés ou inscrits. La restauration est au coeur de l’activité
de la Direction de l’architecture et du patrimoine du ministère de la Culture,

42
Albin Michel, Gallimard, Le Seuil
79
qui s’appuie sur les techniques élaborées par des laboratoires français et
étrangers
Tous les supports traditionnellement fragiles ou menacés par les
outrages du temps – pierres, vitraux, parois, murs peints, tissus – bénéficient
de l’attention des chercheurs. Quelques réalisations exemplaires montrent les
progrès effectués dans ce domaine comme la restauration de la façade de
l’Opéra Garnier du Paris, du Parlement de Bretagne ou de la Fontaine des
mers, place de la Concorde à Paris.
Dans le domaine de l’archéologie, plus de 305 000 sites sont
actuellement répertoriés sur l’ensemble du territoire ; leur exploitation permet
d’explorer jusqu’aux origines du patrimoine national. Des découvertes
importantes ont permis de renouveler les connaissances de la période
néolithique et de l’âge du fer : sur les rives de la Seine, en amont de Paris,
trois pirogues miraculeusement conservées ont été mises au jour ; sur le
chantier du lac du de Chalai, dans le Jura, ont pu être reconstituées les maisons
sur pilotis caractéristiques de cette période. L’archéologie médiévale a profité
des travaux d’urbanisme réalisés dans plusieurs villes : à Paris, les travaux
d’aménagement du grand Louvre ont donné lieu à des fouilles sans précèdent
et ont permis de trouver des importants vestiges de cette époque, notamment
ceux du donjon érigé par Philippe Auguste à la fin du XIIe siècle.

3.2.2 Les arts plastiques et l’architecture

Depuis la fin du XIXe siècle, les créateurs français ont joué un rôle
décisif dans l’éclosion de la penture moderne : ainsi les oeuvres des
Impressionnistes, de Cézanne ont inspiré le mouvement cubiste. En témoigne,
aujourd’hui l’afflux d’amateurs visitant par millions chaque année le Louvre,
80
le Musée d’Orsay, le Musée national d’art moderne du Centre Georges
Pompidou ou le Musée Picasso à Paris.
Paris a longtemps exercé un très fort pouvoir d’attraction sur les artistes
comme Van Gogh, Picasso, Miro, Van Dongen, Modigliani, Soutine, Chagall,
Brancusi, Giacometti, Dali et bien d’autres, venus du monde entier poursuivre
leurs travaux dans les ateliers de Montparnasse ou de Montmartre.
Dans les années cinquante, à la faveur du bouillonnement des tendances
et des écoles picturales qui, de l’abstraction géométrique au pop art,
révolutionne une nouvelle fois l’art moderne, Paris a sans doute cédé la place
à New York comme foyer des avant-gardes plastiques, mais la création
française n’en est pas moins active : les oeuvres de Christian Boltanski, Daniel
Buren, Pierre Soulages ont acquis une reconnaissance internationale.
Les galeries françaises, concentrées à Paris, conservent leur caractère de
petite entreprise tout en s’ouvrant vers l’exportation. Depuis 2000, Christie et
Sotheby’s, maisons d’envergure internationale, organisent des ventes en
France. La Foire Internationale d’art contemporain de Paris (FIAC) 43 a
contribué à la reconnaissance de l’art contemporaine en France. Au sein d’un
marché de l’art, marqué par une internalisation croissante, la France joue un
rôle modeste, mais réel.
L’encouragement qu’apportent les pouvoirs publics à cette activité
créatrice s’exprime d’abord à travers l’enseignement artistique et les facilités
accordées aux jeunes artistes : allocations d’études et bourses de prestige,
comme celui qui ouvre l’accès à l’Académie de France à Rome.
Des grands travaux ont été entrepris depuis le début des années quatre-
vingt, des travaux qui répondent à la volonté de stimuler l’imagination
d’architectes venus du monde entier : le Centre national d’art et de culture
43
Créée en 1974
81
George Pompidou avait été construit, dans les années soixante-dix, par le
Britannique Richard Roger et l’Italien Renzo Piano.
L’ancienne gare d’Orsay à Paris, symbole de l’architecture ferroviaire
de la fin du siècle dernier, a été transformée pour accueillir les collections du
XIXe siècle au Musée d’Orsay, oeuvre de trois architectes français et d’une
architecte italienne, inauguré en 1986. À son tour, le plus célèbre des musses
parisiens a fait peau neuve à l’occasion de son bicentenaire en 1993 et le
Grand Louvre a été entièrement réaménagé par l’architecte américain Pei.
Symbolisé par sa pyramide de verre, cet ouvrage forme l’axe de la somptueuse
perspective qui traverse les jardins des Tuileries et les Champs-Élysées et
débouche sur la Grande Arche de la Défense conçue par l’architecte danois
Von Spreckelsen.

3.2.3. La musique et la danse

L’engouement collectif pour la musique, favorisé par les progrès


techniques, recouvre les préférences les plus diverses. L’univers musical est
très vaste. La scène techno française (Laurent Garnier, Daft Punk) enregistre
un véritable succès international. La chanson française ne se résume pas à la
seule variété qui reste très populaire. Toutes les formes musicales, des plus
classiques aux plus populaires, comme le rock, le rap ou le raї 44 sont
encouragées par les pouvoirs publics. L’État soutien aussi bien le Centre de
musique baroque de Versailles que le Centre national du patrimoine de la
chanson et des variétés, l’Orchestre national de jazz ou le Centre
d’Information du rock et des variétés.

44
Une musique populaire, il est un mélange d’Américain, Européen, et l’Afrique du Nord
82
Dans le domaine de la musique savante la création contemporaine a
gagné de nouveaux publics à travers les oeuvres d’Olivier Messiaen, de Pierre
Boulez, Yannis Xenakis ou Henri Dutilleux. Cette activité créatrice se
poursuit au sein de l’Institut de recherche et de coordination acoustique/
musique (IRCAM). L’Ensemble inter- contemporain permet la promotion de
ce répertoire du XXe siècle grâce à ses tournées en France et à l’étranger.
L’art lyrique a également bénéficie de la sollicitude publique ces
dernières années. L’Opéra Bastille, ouvert à Paris en 1988, dispose des
équipements techniques les plus modernes et peut accueillir dans sa grande
salle 2700 spectateurs. L’orchestre national du Capitole de Toulouse, celui de
Lille ou l’orchestre philharmonique de Strasbourg ont acquis une réputation
internationale.
À Paris, l’Opéra comique se consacre au répertoire français et le
Châtelet, ancien temple de l’opérette, alterne récitals, concerts et opéras tandis
que le Palais Garnier est voué davantage à l’art chorégraphique. En province,
signalons l’activité du Théâtre français de la musique à Compiègne, qui
s’affirment comme un lieu d’importance pour le patrimoine lyrique français.
Les Opéras de Lyon, Toulouse, Rouen, Nantes etc. continuent d’offrir des
productions de haute qualité.
Face à la musique, la danse échappe de plus en plus aux classifications
rigides entre classique et moderne. Le Ballet de l’Opéra de Paris a conservé sa
longue tradition d’excellence et son école de danse devenue sous l’impulsion
de Claude Bessy l’une des premières au monde. Grâce à des nombreuses
compagnies, créées depuis vingt ans, la chorégraphie a été renouvelée en
profondeur.
Maurice Béjart a réinventé à sa manière l’univers de la danse. D’autres,
à sa suite, ont marqué cet art de leur empreinte, de Régine Chopinot à Jean-
83
Claude Gallota, de Dominique Bagouet à Angelin Preljocaj. La danse en
France s’est enrichie également des expériences menées à l’étranger par
William Forsythe, Merce Cunningham ou Pina Bausch, régulièrement
accueillis et fêtés sur les scènes de Paris et de province. Le Centre national de
la danse, crée en 1998, remplit de nombreuses missions au service de la
création, de la diffusion, de la formation et de la recherche de la culture
chorégraphique et des métiers de la danse.

3.2.4. Le théâtre et le cinéma

Selon une tradition qui remonte au théâtre libre d’Antoine et qui s’est
poursuivie avec l’œuvre du Cartel (Gémier, Copeau, Baty, Jouvet) dans
l’entre-deux-guerres, puis avec le TNP de Jean Vilar après la Libération, le
dynamisme de l’art dramatique français doit beaucoup aux grands metteurs en
scène qui inspirent ses orientations.
Antoine Vitez, prématurément disparu en 1990, a formé des générations
d’acteurs et renouvelé l’approche du répertoire, de Molière à Hugo, d’Aragon
à Claudel. D’autres personnalités ont également enrichi la scène française de
leurs expériences : Marcel Maréchal directeur des Tréteaux de France (Paris),
Jorge Lavelli au Théâtre de la Colline à Paris, Ariane Mnouchkine à la
Cartoucherie de Vincennes, Peter Brook aux Bouffes du Nord (Paris), tous
continuent d’animer avec passion les scènes françaises. Une nouvelle
génération (Christian Schiaretti à Villeurbanne, Stéphane Braunschweig à
Strasbourg etc.) s’affirme également. Plusieurs auteurs (Xavier Durringer,
Philippe Minyana, Valère Novarina) font vivre le théâtre contemporain. Cette
énumération ne donne qu’une faible idée du nombre et de la diversité des

84
spectacles présentés chaque année. Il existe en effet 44 centres dramatiques,
250 compagnies conventionnées, 599 compagnies subventionnées.
Le nombre des compagnies indépendantes a triplé au cours des années
quatre-vingt et dépasse largement le millier. De nombreuses salles ont été
ouvertes, modernisées ou restaurées ces dernières années, que ce soit à Paris
(Théâtre national de la Colline) ou en province (Théâtre du Port de la Lune à
Bordeaux, Théâtre de la Salamandre à Lille etc.).
Autre spectacle vivant, le cirque, s’est renouvelé. Des compagnies
comme le cirque Plume, Archaos et le cabaret équestre Zingaro ont bouleverse
ce genre. Plusieurs écoles ont fleuri et le cirque Gruss, soucieux de la tradition
des chapiteaux, a su reprendre le flambeau. En 2003, la première académie
française de spectacle équestre, qui se partagera entre un enseignement
artistique pluridisciplinaires et les représentations, a été installée dans les
Grandes Ecuries du château de Versailles, dessinées par Mansart pour les
chevaux de louis XIV.
En 1995, le cinéma a fêté ses 100 ans : c’est en effet le 28 décembre
1895 qu’eut lieu sur les grands boulevards de Paris, au Grand Café, la
première projection payante organisée par les frères Lumières, qui avaient
enregistré sur pellicule les premières images animées de la « Sortie des usines
Lumières ».
Berceau du Septième Art, la France demeure une de ses terres d’élection
et lui a donné quelques-unes de ses figures légendaires : de Méliès, génial
précurseur, à la génération du réalisme poétique des années trente (Renoir,
Carné), puis à la nouvelle vague des années soixante (Truffaut, Godard,
Chabrol). Cette tradition française du cinéma d’auteur s’est également enrichie
de brillantes réussites industrielles (Pathé, Gaumont) et des stars revêtues

85
d’une aura internationale comme Brigitte Bardot, Yves Montand, Gérard
Depardieu ou Catherine Deneuve.
En 2002, le cinéma a enregistré 184.5 millions d’entrées sur le territoire
national est a réalisée 893 millions d’euros de recettes en salle ; 58,4% des
Français vont au cinéma au moins une fois dans l’année et 34,6% au moins
une fois par mois.
Le cinéma français continue ainsi à jouer un rôle international reconnu. Il
a bénéficié d’un système très complet de soutien à la création, à la production
et à la distribution, organisé sous l’égide du CNC45.
Equipée de plus de 5240 salles de cinéma – dont 97 multiplexes – la
France est un des pays qui dispose du réseau de salles le plus dense.
Le nombre de longs métrages produits chaque année dépasse 120, dont à
peu près un tiers de premiers films. Enfin, situation unique en Europe, les
films français représentaient, en 2000, 28,5% des entrées en salle, ce qui
reflète une bonne résistance de la production française face aux films
américains, qui ont une situation quasi monopolistique sur de nombreux
marchés étrangers.
La vitalité de la création cinématographique française est symbolisée par
quelques réalisateurs dont l’œuvre est très personnelle, qu’il s’agisse de
Bertrand Tavernier, Maurice Pialat, André Téchiné ou de Jean-Jacques
Beineix.
Une réussite a été marquée par les films comiques dans lesquels se sont
illustrées des comédiens comme Josiane Balasko, Michel Blanc, Christian
Clavier, le genre ayant renoué en 1993, avec « Les Visiteurs », rencontrant un
succès qu’il n’y avait pas connu depuis les années soixante.

45
Centre national de la cinématographie
86
En 2002, « Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre » d’Alain Chabat a
réuni plus de 14.2 millions de spectateurs. Quant au « Fabuleux destin
d’Amélie Poulain » de Jean Pierre Jeunet, il a réalisé 8 millions d’entrées en
France et près de 20 millions à l’étranger.

3.3. La mondialisation dans les médias français

La mondialisation culturelle, plus précise, la mondialisation de la


communication, a affecté, affecte et va affecter les Français. Petit à petit ils
sont devenus très préoccupés par ce sujet, car la mondialisation est présente
dans leur vies, dans une manière ou autre, et joue un rôle très important.
En observant les médias français, on peut remarquer facilement que le
sujet de la mondialisation et ses effets est présent presque partout dans la
presse française. Le Figaro, L’Express, Le Nouvel Observatoire, et la liste
peut continuer, sont des publications qui ont abordé ce sujet dans leurs pages,
et voir le paysage français actuel, vont l’aborder aussi dans le futur. Des
articles très intéressants, des sondages sur la mondialisation et ses
conséquences sur la France, des interviews, des dossiers peuvent être
retrouvées dans la presse papier mais aussi sur la version électronique.
En lisant la presse française, spécialement les articles dédies à ce
processus de la mondialisation, on peut remarquer facilement en étudiant les
sondages, que le sentiment de crainte devant le phénomène de la
mondialisation est majoritaire et transverse toutes les catégories sociales.
Les enquêtes d’opinion attestent une angoisse française face à la
mondialisation. La France est le pays dans le monde où les peurs et les
angoisses vis-à-vis la mondialisation sont les plus élevées.

87
Mais, bien au contraire, si on mesure le degré de la mondialisation avec
des critères objectifs, comme le commerce international, les investissements,
le nombre des connexions à Internet, le nombre des touristes étrangers, le
développement des techniques de communication, elle est presque dans le tête
du classement des pays qui rapportent des changements.
Ce degré de mondialisation constitue la preuve que « le corps de la
France est globalisé, mais que sa tête ne l’est pas. »46 Pascal Lamy, dans
L’Express, fait aussi une observation très intéressante selon laquelle « la
France est l’un des pays ou l’écart entre la réalité de la globalisation et sa
perception est le plus important.» Et, en fait, il a raison parce que, même si la
France est un pays qui a déjà connu les effets positifs ou négatifs de la
mondialisation, la majorité des Français ne la reconnaissent pas ou si la
reconnaissent ils reconnaissent seulement les aspects négatifs et les dangers
que la mondialisation suppose concernant l’identité culturelle française, leurs
familles, l’avenir de leurs enfants. À son opinion, l’attitude vers la
mondialisation a comme racine le problème de culture et de rapport à
l’échange, « il y a chez nous une idée bien ancrée que le monde idéal est celui
qui ressemble à notre pays. En revanche, que la France doive ressembler au
monde, cela nous pose un vrai problème d’identité. »
Ce phénomène peut être démontré par de nombreux sondages
d’opinion. Un exemple dans ce sens-là est le sondage réalisé par Ipsos pour
BFM et le Journal de Dimanche, une enquête selon laquelle les Français
voient dans la mondialisation plus d’inconvénients que des avantages : 45%
des Français estiment que la mondialisation comporte des aspects négatifs ;

46
Pascal Lamy, directeur de l’OMC- Organisation mondiale du commerce- dans une
interview dans la publication L’Express
88
contre 34% d’avis contraire ; 12% pensent que les aspects positifs et négatifs
s’équilibrent et 9% préfèrent ne pas se prononcer.
Un autre sondage47 très intéressant48 réalisé en 47 pays reflète le fait
que, dans 46 de ces 47 pays, une majorité de sondés affirment que la culture
traditionnelle de leur pays se perd du fait de la mondialisation. Ils ont 75% en
France, 77% au Royaume-Uni et surprise 73% aux États-Unis. Une majorité
existe aussi pour demander à l’État de protéger la culture de leur pays contre
les influences étrangers. Il y a même une proportion significative de gens qui
estiment que la culture de leur pays est supérieure à celle des autres : 32% en
France, 31% au Royaume-Uni et 55% aux Etats-Unis ! Voilà ! Les 55%
explique pourquoi beaucoup d’Américains considèrent les autres peuples
comme sous-développés et veulent imposer leur propre mode de vie.
Dans un article de la publication L’Expansion, Marcel Gauchet49,
philosophe français, essaye de tracer les racines de la rejette française face à la
mondialisation. Il explique le fait que la rejette s’explique par l’héritage
historique et par la culture politique, la France étant, avec le Royaume-Uni et
l’Allemagne, l’une des trois ex-grandes puissances européennes que le nouvel
état du monde a réduites au rang de puissance moyennes régionales.
Un rapport très intéressant réalisé par Hubert Vedrine 50 pour le
président de la République, le 4 septembre 2007, reflète les causes de la
méfiance française et les politiques qui devraient être adoptées. Vedrine a
établi trois causes principales responsables de l’attitude française :
 L’attachement au rôle structurant, protecteur et re-distributeur de l’État

47
Sondage "47-Nation Pew Global Attitudes Survey" (publié le 04 octobre 2007)
48
Annexe 8
49
Directeur de recherche à l'Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS)
50
Homme politique français
89
 L’attachement à une identité et a une langue menacée par la marée
anglophone (si la mondialisation se faisait en français, les réactions
françaises seraient assez différentes)
 La jalousie envers ce qui est perçu comme une américanisation.
La conclusion de ce rapport est très claire, l’attitude vers la
mondialisation doit changer, mais ce changement va durer : « Le but a
atteindre est que les Français se convainquent que la France sait quoi faire et
comment faire non plus face à la mondialisation mais dans la
mondialisation. » Au niveau culturel, Vedrine propose comme politique à
adopter l’entretien et l’exploitation de l’image de la culture, de la créativité et
de la qualité, plus précis, le capital « immatériel » de la France : « ce qui
englobe à la fois l’attractivité du territoire, les marques françaises du luxe, le
savoir-faire technique, le design, l’architecture, la qualité des services, la
gastronomie, le vin etc. »

3.4. La mondialisation culturelle- une menace pour l’identité


culturelle française ?

Analyser l’identité culturelle française, face à la mondialisation de la


communication, oblige à comprendre les profondes mutations qui affectent
l’identité, la culture et aussi la communication depuis un demi-siècle. En fait,
ces changements mêlent constamment des évolutions socio-culturelles et des
enjeux économiques, si bien que l’on ne sait plus très bien si ce sont des
valeurs ou des intérêts qui dominent dans la valorisation de l’identité, de la
culture et de la communication. Mais, la réponse à cette question a des
conséquences directes sur la manière de voir l’identité culturelle française.
90
Si on observe la situation actuelle, l’identité, la culture et la
communication sont devenues des industries florissantes au niveau mondial,
trouvant dans les techniques, du téléphone à la télévision et de l’Internet des
systèmes techniques qui permettent réellement une économie mondiale de la
culture et de la communication. Même si le monde est devenu, si on peut dire,
un village global d’un point de vue technique, il n’est pas devenu pour autant
respectueux des différences culturelles. Les tuyaux sont mondiaux, mais seule
une petite partie de la culture mondiale y circule et aux profit des mêmes. Le
village global ne change rien aux profonds déséquilibres culturels mondiaux.
Mais la différence est que grâce aux medias le monde entier voit les
inégalités entre les cultures, même si ne les accepte pas toujours.
Avant les cultures se rencontraient difficilement du fait des difficiles
capacités de communication. Mais, la situation a changé aujourd’hui. Tout est
possible techniquement et les industries culturelles51 sont en pleine expansion.
De là à croire que le village global technique préfigure le village global
culturel il n’y a qu’un pas. Plus les distances géographiques sont réduites dans
la communication, plus les différences culturelles deviendront visibles et
importantes. La culture fut pendant des siècles un facteur de progrès mais elle
est devenue aussi un facteur de conflit.
Si on veut sauver la culture, comme principe d’émancipation, il faut
desserrer l’étau de la technique et de l’économie et favoriser une réflexion
politique au sens d’une réflexion globale. C’est le moyen de sauver la
dimension humaniste et idéaliste de la culture, par rapport aux risques des
dérives techniques et économiques. S’il n’y a pas cette réhabilitation du
51
Ce sont des activités qui conjuguent création, production et commercialisation de biens et
de services dont la particularité réside dans le fait que leur contenu – culturel – ne peut pas
être modifié par des tiers.
P. ex. le cinéma est une industrie culturelle : un fi m ne peut pas être changé par un tiers.
Ces contenus sont généralement protégés par le droit d’auteur.
91
politique, aussi bien d’ailleurs pour la culture, que la communication,
« l’économisation » de ces deux activités peut devenir un réel facteur de
risque. Avec la culture, la communication ne peut jamais s’arrêter aux
techniques et à l’économie.
Une autre démarche consiste à valoriser l’identité culturelle française au
sens large. C'est-à-dire en intégrant l’Outre-Mer et la Francophonie. C’est la
condition d’un multiculturalisme tempère, à l’heure de la mondialisation.
Dans un monde où tout circule vite, où toutes les traditions
disparaissent, il est essentiel de pérenniser les identités culturelles nationales
quand elles existent, car elles sont des patrimoines et des ressources pour
affronter un univers de plus en plus instantané, interactif et dangereux. Il suffit
de voir l’exemple des guerres civiles, au nom de toutes « les identités
culturelles ». Les fondamentalistes religieux et culturels se développent sur les
identités culturelles détruites. Dans ce contexte, la culture va devenir un enjeu
de conflits.
Mais, en conclusion, la mondialisation ne représente qu’un événement
de l’histoire. Dans ce sens –là on peut citer Amartya Sen52 : « La
mondialisation n’est pas mauvaise en soi, c’est l’usage qu’on fait ». Sont
nombreux ceux qui pensent que la mondialisation présente un risque réel pour
la culture. Un classement, sur les 75 plus grandes marques mondiales, reflète
la position dominante des États-Unis : 56% proviennent des États-Unis, 36%
d’Europe et 5% du Japon. Les majors de la musique (Sony Music, Universal,
BMG, Emi, Warner) représentent 80 % du marché et les majors du cinéma
(Warner, Sony, Universal, Disney, Paramount, Fox) constituent 85% du
marché !

52
Economiste indien, il a reçu le prix Nobel d’économie en 1998, étant aussi professeur à
l’Université Harvard
92
Le plus grand danger d’uniformisation est sans doute, non celui du
cinéma, ou de la musique, mais celui de la langue. 50% des 6000 langues et
idiomes existants sont en voie de disparition. On peut reprendre l’exemple très
illustratif de Roger Schindelholz53 : «nous sommes recus dans des call centres
où l’on paie cash ou, plus easy, par postcard pendant que nos entreprises
pratiquent le benchmarking et que nos think-tanks se rencontrent en
brainstorming et que nos tennagers ont du fun avec ce merveilleux jeu culturel
qu’est le paintball…» Pokémon ou la gastronomie McDo ne font pas courir un
risque culturel fondamental aux autres cultures. En revanche, l’ouverture des
frontières, les facilités de déplacement, le tourisme (80 % des déplacements),
les expositions itinérantes, les musées permettent une connaissance de l’autre,
des cultures du monde entier. Grâce aux NTIC et surtout à l’Internet, l’homme
moderne peut pratiquer le « zapping culturel ». Plus la culture se mondialise,
plus les identités nationales et régionales se renforcent, par auto-défense. S’il
y a convergence parfois des modes de vie, il n’y a pas automatiquement déclin
de la diversité culturelle. Il y a juxtaposition des cultures.
En ce qui concerne la situation de la langue française, c’est un fait
indéniable : le français est de moins parlé à travers le globe. Chaque jour le
français perd des positions face à l’anglais. Mais les instances créées pour
asseoir ses positions, comme la Francophonie, ne semblent pas suffisantes
pour contrer l’hégémonie de la langue de Shakespeare et de Bill Gates.
Il est indispensable de retracer la lente évolution de la langue française
pour mieux comprendre sa situation actuelle. Avec ses origines latines, sous
l’Ancien Régime, l’Europe des élites parlait le français, langue des arts et de
la diplomatie par excellence.

53
Journaliste économique
93
Les évolutions économiques, les révolutions industrielles, l’expansion
du commerce mondial marquent le début du recul de la France sur la scène
internationale (et donc de son idiome) au profit de l’anglais parlé au
Royaume-Uni ou aux Etats-Unis. La mondialisation actuelle consacre cette
nouvelle hégémonie linguistique; au-delà des simples mécanismes de
diffusion, c’est une part de l’idéologie libérale occidentale qui se répand et
imprime toutes les cultures.
Un fait est sur : l’anglais s’est imposé en maître incontesté dans tous les
domaines (monde d’affaires, nouvelles technologie, arts etc.). La France est
devenue une nation polyglotte au même titre que les autres nations. La
domination des États-Unis s’est consolidée. En 2007, plus de 50% des films
projetés dans les salles françaises viennent d’Hollywood. Les messages
publicitaires à la télévision sont diffusés sur un fond de musique anglaise. La
langue française s’est enrichie de «prime time, coaching, screening, show,
after-work, e-mail etc.». Dans les Conseils d’Administration des
multinationales françaises on parle systématiquement l’anglais au même titre
que dans les colloques internationaux qui ont lieu en France. Les décisions de
la Commission européenne ne sont plus traduites. Le demandeur d’emploi qui
ne parle pas anglais couramment voit ses chances de trouver un travail
sensiblement réduites. La musique pop, les jeux vidéos, Internet sont tous
majoritairement anglais.
Mais la langue française est encore très parlée. À la surface du globe, de
nombreux groupes de populations l’utilisent encore, pour des raisons
historiques (comme en Afrique, en amerique du Nord) ou culturelle (comme
en Europe centrale où le français était largement enseigné même pendant la
période communiste). Pour ces groupes le français est une part de leur identité
et un vecteur de leur culture.
94
CONCLUSIONS

La mondialisation représente un phénomène qui est en pleine extension


et qui peut être compris à différents niveaux selon qu’il est vu à travers du
prisme économique ou bien d’un point de vue plus large regroupant les effets
sociaux et culturels.
On a essayé de tracer dans ce travail les origines, les facteurs qui ont
déclanché la mondialisation et bien sûr les conséquences, en mettant l’accent
sur le niveau culturel. Les conséquences peuvent être observées dans presque
tous les pays développés ou moins développés et comme sujet d’analyse on a
choisi le cas de la France.
Ayant comme modèle culturel et social, les États-Unis qui se trouvent
au cœur de ce processus, la mondialisation (on peut ajouter culturelle) a pris
un essor considérable. Le concept « culture de masse » doit être introduit dans
ce contexte parce que les Etats-Unis ont commencé à répandre dans le monde
une forme de culture de masse. Des innovations dans des domaines comme le
cinéma, la littérature, la musique, la mode, l’économie, le commerce, la
technologie ont beaucoup influencé les autres pays du monde.
Un ensemble de valeurs (politiques, culturelles, sociales, économiques)
et biens (biens matériels, images télévisuelles ou cinématographiques par
exemple) américains a été accepté, adopté et intégré dans leur propre culture
par les autres états du monde.
Mais, en effet la mondialisation culturelle n’aurait pas été possible sans
le développement de la technologie d’information et communication. Au long
de l’histoire, les moyens de communication ont changé radicalement. Des
innovations comme le téléphone, le portable, la télévision, la radiodiffusion, la
95
presse, l’Internet et les autres dispositives ont constitué un rêve, quelque chose
d’impossible, mais aujourd’hui ils sont à notre disposition en nous aidant à
réduire les distances, à connaître les autres pays, les autres cultures.
Bien sûr la France ne représente pas une exception, parce qu’elle n’a
pas pu échapper de ce phénomène de la mondialisation, même si les Français
ont accepté plus ou moins cette réalité. On peut observer des changements
causés par la mondialisation dans presque tous les domaines, mais la
principale conséquence se voit au niveau linguistique. Les évolutions
économiques, les révolutions industrielles, l’expansion du commerce mondial
marquent le début du recul de la France sur la scène internationale (et donc de
son idiome) au profit de l’anglais.
Un fait est sur : l’anglais s’est imposé en maître incontesté dans tous les
domaines (monde d’affaires, nouvelles technologie, arts etc.), étant en même
temps un vecteur de diffusion de la culture de masse américaine, en France et
dans les autres pays du monde, en influençant irréversiblement leurs cultures.

96
BIBLIOGRAPHIE:

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Hermes, 2004.
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Paris, Éditions La Découverte, 2001.
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Paris, Éditions La Découverte & Syros, 1998.
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Paris, Éditions La Découverte & Syros, 2001.
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sais-je ? »,1991.
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(UTLS), Frémeaux et Associés Paris 2000, support audio.
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(UTLS), Frémeaux et Associés Paris 2000, support audio.
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97
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possible, 15 novembre 2007.
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<http://www.ipsos.fr/CanalIpsos/articles/787.asp>
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<http://usinfo.state.gov/journals/itgic/0206/ijgf/pells.htm>
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mondialisation de la mondialisation, 28 mai 2001
<http://www.asmp.fr/travaux/communications/2001/wolton.
htm>

ANNEXES

ANNEXE 1

98
99
ANNEXE 2

100
ANNEXE 3

101
ANNEXE 4

102
ANNEXE 5

ANNEXE 6

103
ANNEXE 7
Taux d’équipement des ménages en téléviseurs
selon la catégories socioprofessionnelles
de la personne de référence (en %).
1960 1970 1980
Agriculteurs exploitants 3.3 56.8 88.5
Salaries agricoles 2.6 58.8 88.4
Patrons de l’industrie et du 19.6 81.1 94.0
commerce
Cadre supérieurs et professions 29.1 76.2 88.0
libérales
Cadres moyens 23.7 78.0 88.5
Employés 16.9 76.1 90.7
Ouvriers 14.1 76.9 92.9
Inactifs 8.2 59.9 88.2
Toutes catégories 13.1 70.4 90.1

104
ANNEXE 8
Pourcentage des sondés qui approuvent
en 2007
Affirmations sur lesquelles les sondés sont (variation en % par rapport à 2002)
interrogés
Etats-
France Royaume-Uni
Unis

Le développement du commerce international est bénéfique ou 59 % (-


78 % (-10) 78 % (-9)
très bénéfique pour notre pays 19)

Les sociétés étrangères ont un impact bénéfique 44 % (-6) 49 % (-12) 45 % (-5)

L'économie de marché à concurrence libre favorise le niveau


56 % (-5) 72 % (+6) 70 % (-2)
de vie

L'Etat devrait secourir les gens très pauvres 83 % 91 % 70 %

La protection de l'environnement est prioritaire par rapport à la


62 % 76 % 66 %
croissance économique et l'emploi

65 %
L'Etat intervient trop dans la vie quotidienne des gens 64 % (+10) 59 % (+2)
(+10)

La mondialisation porte atteinte à la culture traditionnelle de


75 % 77 % 73 %
notre pays

La culture de notre pays est supérieure à celle des autres 32 % 31 % 55 %

Notre style de vie doit être protégé contre les influences


52 % 54 % 62 %
étrangères

Il faut davantage maîtriser et réduire l'immigration 68 % (-7) 75 % (-4) 75 % (-6)

Il est nécessaire d'être croyant pour avoir un comportement


17 % 22 % 57 %
moral

L'homosexualité doit être acceptée 83 % 71 % 49 %

Il faut une séparation stricte entre Etat et religion 72 % (-1) 66 % (-4) 55 % (-1)

La réussite sociale d'une personne dépend de facteurs autres


52 % 42 % 33 %
qu'elle-même

Une intervention militaire est parfois nécessaire pour maintenir


67 % 67 % 77 %
l'ordre dans le monde

105

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