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action sur le support (ex : détrempe d’une matière plastique, ou pénétration cutanée),
inflammabilité, toxicité, coût, etc.
La dissolution d’un polymère est un processus lent qui peut parfois prendre plusieurs
heures, voire plusieurs jours, selon la structure du polymère (poids moléculaire, taux
de cristallinité, polarité, taux de réticulation, etc.). Plusieurs phénomènes se produisent
lors du processus de dissolution : gonflement des particules solides, formation d’un gel,
puis obtention d’une solution translucide (voir figure 4.1).
Définition 4.1.3 — Plastifiant. Liquide non volatil pouvant dissoudre totalement une
substance donnée (ici un polymère), dans les conditions d’utilisation.
Définition 4.1.4 — Diluant. Liquide non volatile au pouvoir de dissolution limité, voir
nul. Cependant, une certaine quantité peut être tolérée en présence d’un solvant vrai.
Il est ajouté pour réduire les coûts en solvant.
Définition 4.1.5 — Solvant latent. Liquide volatil dont le pouvoir solvant est quasi-nul
lorsqu’il est employé seul. Cependant, il permet d’augmenter la solubilité lorsqu’il est
utilisé conjointement à un autre solvant.
Mesures viscosimétriques
Il s’agit d’une évaluation comparative, pratique lorsqu’on veut comparer la force
de différents solvants vis-à-vis d’une substance donnée. Il s’agit alors de réaliser des
solutions de même extrait sec, et de comparer les viscosités à bas gradient de vitesse de
ces différentes solutions. Plus la viscosité de la solution est basse, plus le pouvoir solvant
est élevé.
Figure 4.3 – Mise en évidence par viscosimétrie du rôle de solvant latent de l’éthanol
dans un système nitrocellulose / acétate de butyle.
Taux de gonflement
Une pastille de polymère sec est réalisée, pesée, puis immergée dans le solvant étudié
pendant 48 heures (le temps peut différer selon les méthodes, et suivant la cinétique de
gonflement du polymère). Cette pastille est à nouveau pesée et on peut alors calculer le
taux de gonflement comme suit :
mg − mi
G= (4.1)
mi
Où mi est la masse initiale de polymère sec, et mg la masse de polymère gonflé. On peut
dès lors estimer que le pouvoir solvant sera d’autant plus grand que G sera élevé.
4.2 Comment prévoir le pouvoir solvant ? 5
Cette méthode est limitée aux solvants hydrocarbonés : l’indice Kauri Butanol est
surtout utilisé pour les méthodes de dégraissage par les solvants.
Définition 4.1.6 — Indice Kauri-Butanol. Volume maximal de ce solvant que l’on peut
ajouter à une solution de résine de kauri (conifère) dans du butanol sans avoir de
trouble.
Comme la résine kauri est soluble dans le butanol, mais pas dans les hydrocarbures,
elle ne tolérera qu’un certain degré de dilution. Les meilleurs solvants seront donc ceux
que l’on pourra ajouter en plus grande quantité.
Exemple 4.1.2 Les solvants aromatiques ont des IKB plus élevés que les aliphatiques :
IKB (hexane) = 31
IKB (xylène) = 98
IKB (toluène) = 105
L’aniline est un composé soluble dans les solvants aromatiques et peu soluble dans
les solvants aliphatiques.
Définition 4.1.7 — Point d’aniline. Température minimale pour obtenir la miscibilité
entre une même quantité d’aniline et de solvant étudié.
Exemple 4.1.3 Un produit dont le point d’aniline est élevé a une faible teneur en
hydrocarbures aromatiques et, par conséquent, une haute teneur en hydrocarbures
aliphatiques :
AP (hexane) = 66˚C
AP (xylène) = 11˚C
AP (toluène) = 10˚C
Le point d’aniline est souvent indiqué pour les solvants et diluants de nettoyage, dont
l’efficacité dépend du contenu aromatique.
que si les interactions au sein du solvant et au sein du soluté sont similaires. En effet,
s’il y a une trop grande différence de cohésion, les molécules les plus fortement attirées
demeureront liées entre elles, empêchant les plus faiblement attirées de les séparer (voir
figure 4.5).
Figure 4.5 – Pour qu’il puisse y avoir solubilité, il faut que des interactions se crééent
entre le soluté et le solvant
Exemple 4.2.2 L’eau et l’huile sont immiscibles parce que les molécules d’eau sont
plus fortement liées entre elles que les molécules d’huile. Dès lors, ces dernières sont
incapables de s’immiscer entre elles.
L’idée de Hildebrand est très simple : il s’agit de quantifier cette énergie de cohésion
à partir de la chaleur latente de vaporisation. En effet, s’il est nécessaire d’apporter
beaucoup d’énergie (sous forme de chaleur) pour séparer les molécules du liquide et
passer à l’état gazeux, cela signifie que la cohésion est très importante. A cette cohésion
s’oppose néanmoins l’agitation thermique, dont l’effet sur les molécules du liquide est
analogue à une répulsion. La véritable énergie de cohésion est donc Hv − RT , qui ramenée
à l’unité de volume, devient une densité d’énergie de cohésion. Hildebrand a ensuite
montré que pour prévoir le pouvoir solvant, il était commode d’utiliser la racine carrée
de cette énergie de cohésion (il s’agit ici d’une commodité de calcul, qu’il n’est pas utile
de détailler ici).
Revenons à notre exemple de l’huile de lin. Un solvant sera un bon solvant de l’huile
de lin si son paramètre δ est proche de celui de l’huile de lin.
8 Chapitre 4. Formuler en phase solvant
Or, ces paramètres peuvent être calculés pour tous les solvants à partir des données
de la thermodynamique. Le tableau 4.1 en donne quelques exemples.
Solvant δ (M P a1/2)
n-pentane 14.4
n-hexane 14.9
n-heptane 15.3
Ether diéthylique 15.4
White spirit 16.1
Cyclohexane 16.8
Xylène 18.2
Acétate d’éthyle 18.2
Toluène 18.3
Chloroforme 18.7
Trichloroéthylène 18.7
Méthyl éthyl cétone (MEK) 19.3
Acétone 19.7
Alcool propylique 24.9
Ethanol 26.2
n-butanol 28.7
Méthanol 29.7
Propylène glycol 30.7
Ethylène glycol 34.9
Glycérol 36.2
Eau 48.0
Mais l’idée de Hildebrand va bien plus loin : il est désormais possible d’estimer le
comportement des mélanges de solvants, connaissant les paramètres de ces solvants.
Ainsi, un mélange de 2 parts (en volume) de toluène pour 1 part d’acétone aura pour
paramètre de Hildebrand :
de taux de gonflement (voir équation 4.1). Les résultats sont représentés graphiquement
(voir figure 4.6).
La figure 4.6 fait apparaître que les meilleurs solvants de l’huile de lin sont ceux dont
le paramètre de Hildebrand est compris entre 19 et 20, ce qui donne une estimation
du paramètre de l’huile de lin. Comme nous l’avons souligné plus haut, il est possible
d’utiliser des solvants dont les paramètres de solubilité sont hors de cette zone, à
condition de les mélanger dans des proportions judicieuses, et surtout que ces solvants
soient miscibles. D’autres vérifications expérimentales ont été réalisées : la figure ...
représente la corrélation entre l’indice Kauri Butanol et le paramètre de Hildebrand.
Cette corrélation est bonne pour les solvants dont l’IKB est supérieur à 35.
Néanmoins, la figure 4.6 fait également apparaître des anomalies. Par exemple, on
pourrait s’attendre à obtenir de très bons résultats avec l’acétone et la MEK dont les
paramètres de Hildebrand valent respectivement 19,7 et 19,3. Or, cela n’est pas le cas.
Cela vient du fait que le modèle de Hildebrand est trop simpliste, car elle considère les
interactions moléculaires de manière globale sans distinguer les contributions respectives
de la dispersion, de la polarisation et des liaisons hydrogène.
Il n’est pas possible de prévoir le pouvoir solvant à l’aide d’un paramètre unique.
Il est nécessaire de distinguer les 3 termes de l’interaction moléculaire : dispersion,
polarisation, liaison hydrogène.
Des systèmes plus complexes que le système de Hildebrand ont donc été élaborés
10 Chapitre 4. Formuler en phase solvant
pour résoudre ses difficultés. Il s’agit des systèmes tridimensionnels et des systèmes
bidimensionnels.
Afin de pouvoir prévoir de manière précise le pouvoir solvant, il faut donc utiliser
3 paramètres, ce qui permet de prendre en compte chaque type d’interaction. Mais
cela n’est pas sans poser de difficulté, car si les chaleurs latentes de vaporisation sont
faciles à obtenir, et en fin de compte l’énergie de cohésion globale, il est difficile de
chiffrer précisément la contribution de chaque interaction. Plusieurs systèmes ont ainsi
été élaborés de manière à améliorer le système de Hildebrand :
• Système de Crowley (1966) : consiste à ajouter au paramètre δ deux autres
paramètres pour tenir compte de la polarité (paramètre µ correspondant au
moment dipolaire 2 ), et de la liaison hydrogène (paramètre γ correspondant à
l’indice de liaison hydrogène de Gordy 3 ).
• Système de Hansen (1966) : consiste à subdiviser le paramètre δ en trois paramètres
δd , δp , δh correspondant respectivement aux contributions de la dispersion, de la
polarisation et de la liaison hydrogène à la densité d’énergie de cohésion.
Le système de Hansen étant actuellement le plus utilisé, c’est celui-ci que nous
décrirons par la suite. L’intérêt de ce système est que les trois paramètres sont des
grandeurs équivalentes, s’exprimant dans la même unité :
s s s
Ed − RT Ep − RT Eh − RT
δd = ; δp = ; δh = (4.3)
Vm Vm Vm
Où Ed , Ep et Eh sont respectivement les énergies de dispersion de polarisation et de
liaison hydrogène.
Etotale = Ed + Ep + Eh
Par conséquent, on en déduit que le paramètre de Hildebrand peut être déduit des
paramètres de Hansen à partir de l’équation suivante :
δ 2 = δd 2 + δp 2 + δh 2 (4.4)
Le tableau 4.2 en annexe indique les valeurs des paramètres de Hansen de différents
solvants.
Exercice 4.1 Calculer les paramètres de Hildebrand de la MEK et du chloroforme.
Conclusion ?
Le système de Hansen permet une représentation spatiale des solvants, ainsi que de
la substance à dissoudre. Chaque espèce est représentée dans un espace à trois dimension
(espace de Hansen) par un point de coordonnées (δd , δp , δh ). Il est ainsi possible d’établir,
pour un polymère par exemple, une carte de solubilité, c’est-à-dire une représentation
de la zone correspondant aux solvants vrais (voir figure 4.7).
4[δd (S) − δd (O)]2 + [δp (S) − δp (O)]2 + [δh (S) − δh (O)]2 < R2 (4.5)
Soit encore :
(
δp (M ) = 0, 25 × 9, 0 + 0, 75 × 1, 0 = 3
(4.7)
δh (M ) = 0, 25 × 5, 1 + 0, 75 × 3, 1 = 3, 6
AM
= 0, 75
AB
On peut à présent généraliser. Soit un mélange M de n solvants S1 , S2 ... Sn , de
fractions volumiques respectives v1 , v2 ... vn . On a alors :
(
δp (M ) = v1 × δp1 + v1 × δp2 + ... + vn × δpn
(4.8)
δh (M ) = v1 × δh1 + v1 × δh2 + ... + vn × δhn
4.4 Volatilité des solvants 13
Lorsque l’on parle de volatilité des solvants, le phénomène qui nous intéresse n’est
pas l’ébullition mais l’évaporation. Reprenons notre exemple de l’eau : sa température
d’ébullition est de 100˚C à 1 atm, mais cela n’empêche pas l’eau dans un verre, ou les
flaques d’eau de s’évaporer à température ambiante ... Pourquoi ? Il faut comprendre que
lorsqu’on parle de pression, on parle de pression partielle en eau, liée à la contribution
des molécules d’eau à la force pressante. Ainsi, la pression « vue »par les molécules en
surface du liquide n’est pas la même que la pression en son sein. Le concept de pression
14 Chapitre 4. Formuler en phase solvant
Figure 4.10 – Ajouté en petite quantité au solvant vrai, le solvant latent améliorera la
solubilité, bien qu’il ne soit pas lui-même un bon solvant.
Figure 4.11 – L’évaporation cesse lorsque la pression de vapeur atteint la valeur Psat .
Définition 4.4.5 — Composé organique volatil (COV), selon la norme ISO 16000-6 (2011).
Composés organiques collectés sur Tenax TA, désorbés de façon thermique, élués sur
une colonne non polaire ou légèrement polaire en chromatographie gazeuse et dont
les pics sont compris entre ceux du n-hexane et du n-hexadécane (n-C6 - n-C16),
quantifié en équivalents de toluène. Cette définition couvre toutes les substances
organiques dont la température d’ébullition est comprise approximativement entre
68˚C et 287˚C.
t90 (n − butylacétate)
E(solvant) =
t90 (solvant)
Solvant E (à 25˚C)
n-hexane 6,82
Toluène 2
White spirit 0,01 à 0,5
Ethanol 1,7
Ethylène glycol 0,01
Acétone 6,06
MEK 4,03
Les solvants peuvent alors être classés en 3 familles selon leur taux d’évaporation :
• Solvants lourds : E < 0,8.
• Solvants moyens : 0,8 < E < 3.
• Solvants légers : E > 3.
Cette valeur limite correspond à une concentration dans l’air que peut respirer une
personne pendant un temps donné sans risque d’altération pour la santé même si des
modifications physiologiques sont parfois tolérées.
Définition 4.5.1 — Valeur limite d’exposition à court terme (VLE). Valeur maximale
mesurée sur 15 minutes à laquelle peut être exposé un opérateur sans risque d’effets
toxiques immédiats.
Définition 4.5.2 — Valeur moyenne d’exposition (VME). C’est la valeur moyenne maxi-
male admissible pondérée pour 8 h/j et 40 h/semaine de travail.
4.5.2 Inflammabilité
Définition 4.5.3 — Point éclair. Température minimale à laquelle, dans des conditions
d’essais spécifiées, un liquide émet suffisamment de gaz inflammable, capable de
s’enflammer momentanément en présence d’une source d’inflammation.
4.5.3 Explosivité
4.6 Bibliographie
Basset, C. et Descheres I. (1991). “Recherche d’un système solvant d’un adhésif
polychloroprène pour coller du polystyrène expansé”. In : Cahiers Formulation et
Formation 2, pages 35–46.
Hansen, C.M. (1967a). “The three dimensional approach to solubility I”. In : Journal
of Paint Technology 39.505.
— (1967b). “The three dimensional approach to solubility II”. In : Journal of Paint
Technology 39.511.
— (1967c). “The three dimensional approach to solubility III”. In : Journal of Paint
Technology 39.511.
Hildebrand, J. (1949). The solubility of nonelectrolytes. Reinhold, New York.
Nakache, E. (1994). “Prévision de la solubilisation par l’étude des paramètres de
solubilité”. In : Cahiers Formulation et Formation 4, pages 147–152.
Patton, T.C. (1979). Paint flow and pigment dispersion. Wiley-Interscience Publication.
Wicks, Z., F.N. Jones et P. Pappas (1999). Organic Coatings ; Science and Technology.
Wiley-Interscience Publication.
4.6 Bibliographie 19
20 Chapitre 4. Formuler en phase solvant