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All content following this page was uploaded by Isabelle Sommier on 08 December 2021.
Introduction
1. Voir, pour une première ébauche de cette notion : Xavier Crettiez, Isabelle Sommier (dir.),
La France rebelle, Paris, Michalon (2e éd., 2006), 2002, pp. 270 sqq.
2. Nous remercions chaleureusement l’ensemble des collègues et témoins qui ont accepté
d’intervenir dans ce séminaire tout au long de ces trois années.
Trois regards ont ici été privilégiés. Tout d’abord, il s’est agi
d’examiner comment les gauches alternatives ont affronté de nou-
veaux défis, pour la plupart étrangers à leur capital culturel initial
– essentiellement marxiste –, comme l’écologie, le féminisme, ou
encore la question des droits des minorités. Il s’est agi ensuite d’obser-
ver comment les mouvements de contestation, largement pétris de
projections intellectuelles, théoriques et utopiques, se sont, pour cer-
tains, confrontés aux manifestations du réel révolutionnaire ou se sont
nourris des combats des « peuples en lutte ». Enfin, notre démarche a
consisté à scruter comment les gauches alternatives ont constitué des
imaginaires politiques et sociaux en puisant, en sélectionnant et en
malaxant les multiples ressources culturelles disponibles : références
historiques et idéologiques, tant hexagonales qu’internationales, gla-
nées au référent commun de la révolution, mais aussi à ses marges,
voire dans des cultures politiques à première vue opposées à lui.
Dans la période post-68, où les recherches personnelles, politiques,
métaphysiques, culturelles, sont foisonnantes, il est difficile de trouver
parmi celles-ci un point commun qui unifierait les gauches alterna-
tives, sauf celui de vouloir changer la vie. Mais la temporalité de cette
volonté – la changer immédiatement dans son cercle proche ou la
changer seulement collectivement après l’hypothétique Grand Soir,
avec entre ces deux options tout l’éventail des possibles – comme ses
modalités – de la cuisine macrobiotique aux attentats – rendent dif-
ficile l’exercice de synthèse. Une question, cependant, apparaît fédé-
ratrice : étant donné le poids en France de l’idéologie communiste
et du parti qui s’en est fait le héraut privilégié, tous ces courants ont
dû se positionner à l’égard de ce phénomène socio-politique, pour
le rejeter, le concurrencer ou collaborer avec lui. Dans la France des
années 1970, l’ignorer était pratiquement impossible. Or, un premier
constat s’impose : entre le communisme et les gauches alternatives
domine une relation de querelle. Et cette querelle se situe dans deux
registres radicalement différents : le rapport d’extériorité et le conflit
de paternité.
Nombre de sensibilités alternatives n’ont pas grand-chose à voir
avec le communisme. C’est le cas de tous les courants les moins poli-
tiques, en particulier des anarchistes, des premiers courants écolo-
gistes ou de certaines approches féministes. Face au rejet de l’État,
du productivisme ou de la domination masculine, le communisme
apparaît largement déphasé, et lui-même ne ménage pas ses critiques
contre ces divers dérivatifs à la seule lutte qui compte vraiment, selon
lui : la lutte des classes. Pour autant, la conjoncture politique pro-
voque l’apparition de passerelles entre certains de ces mouvements
non-communistes et l’idéologie communiste. Ainsi, au lendemain
Résumé
Abstract
This introductory article to the topic “The alternative Lefts in France: from the
1968 whirlwind to reconfiguration at the end of the century” examines the “alterna-
tive Left” category and seeks to demonstrate its historical coherence. This concept
encompasses all political currents that advocate for a break with capitalism while
being at the same time critical of the institutional Left to varying degrees. It includes
the “New Left,” a term ascribed from the early 1960s onward both to currents arising
from the institutional Left and to various far-left groups which emerged at that time.
However, this concept is broader as it also includes anarchism and other post-68
political experiments (feminism, LGBT groups, environmentalism and later alter-glo-
balization, etc.). These various groups are therefore heterogeneous: although their
shared objective is “to change life”, their temporality and modus operandi vary from
one to another. Nevertheless, with communist culture so present in France in the
1970s and even beyond, one common question for these political families was how
to position themselves in relation to the French Communist Party, be it through rejec-
tion, competition or collaboration. Consequently, the history of the alternative Lefts
encompasses the history of a wide portion of the French Left between 1968 and our
most recent past.