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Faculté de médecine

Département de médecine
Module de Médecine légale
Pr. Zeraïria Yacine, maître de conférences en médecine légale, droit médical et éthique.
Courriel : zerairia.yacine@gmail.com
Année universitaire : 2021-2022

Intitulé du cours : Généralités sur les blessures

Objectifs du cours :
A la fin du cours, l’étudiant doit être en mesure de :
1- Définir une blessure et ses différents types de blessures.
2- Reconnaitre une ecchymose.
3- Citer les intérêts médicolégaux de l’ecchymose.
4- Définir les règles générales de rédaction d’un certificat descriptif initial.

Plan du cours :
I- Introduction
II- Définition
III- Les contusions :
II-1- L’ecchymose
II-2- L’hématome
II-3- L’écrasement et le broiement.
IV- Les plaies :
III-1- L’excoriation
III-2- La plaie simple
III-3- La plaie contuse
V- Les fractures
VI- Les brulures
VII- Violence et rédaction médicale :
VI-1- Le certificat descriptif initial
VI-2- L’incapacité totale de travail (ITT)

1
I- Introduction :
En traumatologie médicolégale, la blessure représente une trace organique, objective, actuelle,
d’un fait judiciaire passé qu’il s’agit d’établir et de reconstituer ; toute trace, toute lésion
minime soit-elle, a une valeur.
Sur cette trace prendront appui une inculpation et condamnation.
C’est pourquoi l’étude analytique des blessures va s’efforcer de résoudre des questions
médicolégales posées par les constations cliniques :
 Quelle est la nature de la blessure ? (plaie, ecchymose, fracture...)
 Quelle est son origine ? (plaie ante ou post mortem).
 Quelle est sa cause ? (action contondante, piquante, tranchante, arme à feu, par griffure,
par morsure, par écrasement…).
 Quelles sont ses conséquences ? le constat clinique est suivi par la délivrance d’un
document qui va avoir une importance judiciaire considérable (certificat descriptif et
interprétatif comportant une ITT)
 Si la mort est survenue, existe-t-il un lien entre la blessure et le décès ?
 Dans quelle circonstance a-t-elle été provoquée ? (accidentelle, criminelle, suicidaire).

II- Définition :
La blessure est toute lésion faite au corps humain par une cause violente. C’est également
toute lésion produite par le rapprochement ou le choc d’une arme ou d’un objet quelconque
avec l’organisme ou inversement.
Elle constitue : - le fait matériel constitutif d’une infraction.
- la preuve d'un dommage corporel indemnisable.
Cliniquement, on distingue :
 Les contusions.
 Les plaies.
 Les fractures.
 Les brulures.

III- Les contusions :


Ce sont les lésions traumatiques les plus fréquentes, qui sont le résultat de l’impact d’un corps
mousse, dit « contondant », sur le corps humain1 qui agit par sa masse et sa vitesse. Les
lésions sont d'autant plus importantes que l'objet est lourd et manié avec force.
Elles se présentent sous divers aspects ; on les étudiera par degrés croissants selon la
profondeur et l’importance de la suffusion sanguine d’où :
 Contusions du 1er degré  Ecchymoses.
 Contusions du 2ème degré  Hématomes.
 Contusions du 3ème degré  Ecrasements.
 Contusions du 4ème degré  Broiements.
Dans les Contusions, il n’y a ni destruction, ni effraction des téguments = ce sont des
traumatismes fermés.

1
Poing, manche d'outil, marteau, pare-chocs, sur trottoir, etc.

2
III-1- L’ecchymose
III-1-1- Définition : C’est une tache constituée de sang extravasé et coagulé qui infiltre
les mailles des tissus et y adhère, secondaire à une rupture capillaire traumatique.
Elle ne disparait pas à la vitro pression et elle persiste après le lavage 2.
C'est une lésion vitale.
Son étendue est fonction de :
- la violence du traumatisme,
- la vascularisation de la région,
- la laxité du tissu,
- la dureté du plan sous-jacent.
Elle se retrouve à tous les niveaux, dans toutes les régions3.
III-1-2- Intérêts médicolégaux :
Les ecchymoses sont banales et bénignes mais revêtent une grande importance médicolégale
méritant une attention particulière car :
 Elles indiquent le point où s’est produit la prise de corps, une chute, un choc, ou une
violence quelconque ; parfois elles apparaissent à distance du point d’impact4 ; on peut ne
pas les retrouver dans les grands traumatismes hémorragiques.
 Elles évoquent la date de la violence par leur couleur grâce à leur évolution tinctoriale :
- Rouge livide 1er Jour
- Noir  2ème Jour
- Bleu violacé  Vers 3ème Jour
- Bleu  4 – 6ème jour
- Verdâtre  7 - 10ème Jour
- Jaunâtre  au-delà du 10ème Jour
- Tend à disparaître vers le 20ème Jour
- N’est plus reconnaissable après le 25ème Jour
 Elles révèlent parfois, par leur forme, la nature de l’instrument responsable.
 Elles témoignent que le sujet était vivant au moment de leur production.
III-1-3- Diagnostic différentiel :
 Les ecchymoses spontanées au cours :
- des asphyxies (conjonctives et plèvre),
- certaines infections (méningite, fièvre typhoïde),
- certaines intoxications (arsenic, cyanure, phosphore),
- certaines affections hépatiques, rénales, sanguines…(ictère, purpura, érythème
noueux, fragilité capillaire, anomalie de la coagulation congénitale ou acquise.
 En cas de simulation : maquillage.
 Les ecchymoses iatrogènes : en cas de ponction (injections sous cutanée, IV, IM).
 Sur le cadavre, le diagnostic différentiel est à faire avec :

2
Chez le cadavre, elle est intimement liée aux mailles contrairement aux lividités.
3
Dans les tissus celluleux sous cutané, sous la peau, sous les muqueuses, sous le cuir chevelu, sous les séreuses,
dans les os même.
4
Ecchymose périorbitaire lors d’une fracture des os de la base du crane.

3
- les lividités cadavériques : marbrures violacées situées aux parties déclives du corps
par congestion passive.
- Les taches putréfactives : proviennent de la transsudation du sang.
Les lividités et les taches putréfactives disparaissent au lavage alors que les ecchymoses y
résistent; cette recherche se fait au moyen d’incisions longitudinales appelées « crevés ».

III-2- L’hématome :
Les hématomes sont un degré de plus que les Ecchymoses.
L'hématome est constitué par une collection sanguine dans une cavité néoformée. Ceci
implique que l'épanchement sanguin soit important, écarte et dilacère les tissus et réalise une
véritable néo-cavité ; une tuméfaction se constitue avec le sang épanché, d’abord liquide puis
coagulé.
Si la tuméfaction repose sur un plan osseux : c’est une bosse.
Si le sang se collecte au milieu des parties molles : il constitue une poche.
Les conditions d'importance du traumatisme sont identiques à celles qui déterminent les
ecchymoses. En revanche, s'y ajoute des risques de compressions profondes ou de mise en jeu
d'emblée du pronostic vital (hématomes intracrâniens).

III-3- L’écrasement et le broiement:


- les Contusions de 3ème degré sont caractérisées par l’écrasement des tissus anatomiques.
- les Contusions de 4ème degré sont caractérisées par le broiement des muscles, vaisseaux et
des nerfs.
Ce sont des contusions (sans effraction cutanée) d’autant plus grave que la compression est
prolongée ; elles diffèrent des autres contusions sus-décrites par:
- l'importance du retentissement général 5.
- l'importance de l'agent traumatisant 6.

IV- Les plaies :


Au contraire des contusions, qui ne s’accompagnent ni de destruction, ni d’effraction des
téguments, elles présentent une solution de continuité des téguments, avec participation ou
non des tissus sous jacents.
On distingue :

IV-1- L’excoriation : on l’appelle indifféremment : érosion, éraillure, éraflure, égratignure,


écorchure.
C’est la plaie la plus minime (superficielle).
Elle résulte de l’abrasion de l’épiderme par frottement, arrachement ou pincement.
Sur le vivant, l’excoriation se couvre d’un exsudat lymphatique qui devient une croutelle et la
cicatrisation se fait en une semaine.
Sur le cadavre, le derme ainsi dénudé se dessèche, brunit : « c’est la plaque parcheminé »

5
Mort ou état de choc avec rhabdomyolyse et insuffisance rénale aigüe : « Crush syndrom »
6
Chute d'un édifice, enfouissement sous des décombres, incarcération dans un véhicule, écrasement par un train,
etc....

4
Leur forme, leur répartition et leur direction renseignent souvent sur leur mode de production.
Leur siège peut être d’un grand intérêt en Expertise :
- Au cou → Strangulation.
- Au pourtour de la bouche et du nez → Suffocation.
- A l’anus → Attentat Pédérastique.
- Au visage ou aux mains → lutte.
- Aux cuisses → Agression Sexuelle.

IV-2- La plaie simple :


Elles peuvent être produites par des instruments piquants, tranchants et coupants.
Il y a simplement effraction sans destruction des téguments, avec participation des structures
sous-jacentes.
Les bords de la plaie sont nets, réguliers, linéaires, sans aucune perte de substance telle une
plaiee occasionnée par une lame de rasoir.

IV-3- La plaie contuse :


Elle réunit à la fois les caractères d’une plaie simple et d’une ecchymose, de forme
irrégulière.7
Les bords de la plaie sont amincis, déchiquetés, irréguliers, décollés, la perte de substance
étant plus au moins considérables.8
Le plus souvent, elles sont rencontrées dans les zones où il existe des structures osseuses
sous-jacentes : compression brutale contre les surfaces osseuses au moment de l’impact
traumatique. (face, cuir chevelu, genoux, coudes…)

Quel que soit le type de plaies, il faut affirmer qu’elle est d’origine ante-mortem (vitale) et qui
est objectivée par trois critères :
 Hémorragie avec infiltration des tissus.
 Coagulation du sang in situ.
 Ecartement des lèvres de la plaie.

V- Les Fractures :
Chez le vivant : module d’orthopédie / traumatologie
Chez le cadavre : les berges fracturés sont hémorragiques (sinon, il s’agit d’une fracture post
mortem)

VI- Les Brulures : module des urgences.

VI-1- Brulures par agents physiques :


Ce sont les brulures thermiques causées par le feu et la chaleur, les radiations et par
l’électricité ; elles sont souvent accidentelle.

7
Arrondie ou étoilée : plaie d’entrée par arme à feu, morsure, coup violent par un objet contondant dont la force
excède la capacité de résistance élastique de la peau et des tissus sous-cutanés.
8
Des brides cutanées ou vasculaires persistent souvent entre les berges de la plaie avec une infiltration
hémorragique et le fond de la plaie est anfractueux.

5
En fonction de la gravité, on distingue : érythème, phlyctène, escarre et carbonisation9.

VI-2- Brulures par agents chimiques :


Secondaire à l’action de produits corrosifs (base, acide).

VII- Violence et rédaction médicale


Le certificat, qu'il s'agisse de violences volontaires ou involontaires, est un certificat de
constatation. Le médecin qui l'établit constate, il n'atteste pas (il n'a pas été témoin des faits),
il n'interprète pas les dires de la victime.

VII-1- Rédaction du certificat descriptif initial :


Conformément à l’article 199 de la loi de santé 10, il se fait après examen de la victime par le
rédacteur. S'établit sur papier libre permettant l'identification (ex : feuille d'ordonnance).
Les blessures sont décrites, une par une, mesurées, repérées par rapport à des points fixes
(saillies osseuses, extrémités etc…). Le vocabulaire est choisi parmi les termes définis
antérieurement. Il n'est pas obligatoire de rapporter les dires de la victime. Si cela se fait, ce
ne peut être qu'en employant le conditionnel. Enfin, le certificat doit être remis à la personne
pour laquelle il a été établi. Il peut être remis aux parents d'un mineur.

VII-2- Fixation de l'ITT


La définition de l'ITT (incapacité totale de travail) :
La période pendant laquelle, le blessé est dans l'incapacité de subvenir à ses propres
occupations11, et doit parfois même se faire aider : c'est la période d'ITT, telle que comprise
par le code pénal (articles 264, 289, 442) et qui détermine la juridiction de jugement :
CBV : - ITT inférieure ou égale à 15 jours : contravention : tribunal de police : amende de
8000 da à 16000 da + emprisonnement de 10 jours à deux mois.
- ITT supérieure à 15 jours : délit : tribunal correctionnel : amende 100000 da à
500000 da + emprisonnement (1 an à 5 ans)
CBI : - ITT inférieure ou égale à 90 jours : contravention : amende de 8000 da à 16000 da
+ emprisonnement de 10 jours à deux mois.
- ITT supérieure à 90 jours : délit : amende + emprisonnement : 02 mois à 02 ans
et/ou amende de 500 da à 15000 da.
Il n'existe pas de barème d'ITT. La fixation de sa durée appartient au médecin légiste
conformément à l’article 199 de la loi de santé.12

9
La présence de suie dans les voies aériennes avec un taux d’HbCO supérieur à 50 % confirment l’origine vitale
de la carbonisation.
10
« En cas de violence sur une personne, tout médecin est tenu de constater les lésions et blessures et d’établir un
certificat descriptif (…). »
11
Travail personnel aussi simple que se laver, préparer ses repas, faire ses courses simples.
12
« (…) Les taux d’incapacité et les autres préjudices sont déterminés par un médecin spécialiste en médecine
légale (…) »

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