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CORRIGÉ DU BAC S SVT

PONDICHÉRY SESSION 2015

L’adaptation à l’aridité des plantes à métabolisme CAM (Métabolisme


Acide Crassuléen)
Toutes les plantes ont un crucial besoin d’eau, brique minérale de base pour élaborer leur
matière organique et molécule essentielle pour maintenir leur turgescence et leur port érigé
(« hydrosquelette »). Elles ont pourtant su coloniser des milieux d’une aridité extrême et
rester fixées et vivantes dans des conditions désertiques. Nous allons étudier ici comment
une variante du métabolisme traditionnel en C3, nommée CAM, a joué un rôle capital dans
cette adaptation.

Le premier document montre que la plante en C3 Peperomia a un taux d’absorption du CO2


positif, de l’ordre 1 micromole/m2 feuille/s pendant la journée, à la lumière. La nuit, elle a un
taux négatif ce qui signifie qu’elle rejette du CO2 mais en quantité moindre. Le second
document montre que cette plante ouvre ses stomates le jour et les ferme presque
complètement de nuit. Ceci peut s’interpréter par la respiration nocturne de la plante en C3
qui ne peut réaliser de photosynthèse faute de lumière. Cette respiration subsiste le jour
mais est alors masquée par une puissante photosynthèse.

Le premier document pour la plante CAM Kalanchoe montrent à l’inverse une forte
absorption du CO2, de l’ordre 5 micromole/m2 feuille/s pendant la nuit et au contraire un
rejet de CO2 pendant la journée. Les échanges gazeux sont donc inversés par rapport à
une plante CAM. Le document 2 montre aussi un comportement inverse avec une ouverture
des stomates nocturnes et une fermeture diurne.

Les stomates sont des structures qui permettent de réguler efficacement les échanges
gazeux : les pertes d’eau (transpiration) mais aussi les absorptions ou les dégagements de
CO2 et d’O2 qui sont les deux gaz-clé de la photosynthèse et de la respiration.
Les plantes en C3 ont de l’eau à disposition en quantités importantes grâce à sa disponibilité
dans le sol et à l’efficacité du système racinaire. Le jour, elles captent l’énergie lumineuse et
ouvrent leurs stomates pour permettre la pénétration de CO2. Ceci provoque une
transpiration importante mais celle-ci ne pose pas problème car l’eau transpirée est
remplacée par de l’eau absorbée et la transpiration permet même une efficace circulation des
sèves. Les plantes CAM ne peuvent ouvrir en grand leurs stomates le jour sous peine de se
déshydrater très rapidementet de mourir. Elles les ouvrent de nuit et les referment de jour,
pendant les grandes chaleurs, et conservent ainsi leur précieux capital en eau. C’est aussi de
nuit qu’elles captent le CO2 atmosphérique.

Se pose alors la question : comment les plantes CAM font-elles pour réaliser la
photosynthèse dont les deux phases sont normalement couplées et simultanées ?
Il nous faut ici rappeler quelques connaissances importantes concernant la photosynthèse.
La photosynthèse a pour équation-bilan globale :

6CO2 + 12 H2O-----------------C6H12O6 + 6O2 + 6H20


Dans le métabolisme C3 étudié en terminale S, l’énergie de la lumière permet la photolyse
de l’eau et la genèse de molécules énergétiques au cours d’une première phase de la
photosynthèse, au niveau des thylakoides des chloroplastes. Dans une seconde phase qui
se situe dans le stroma des chloroplastes, l’énergie chimique crée permet, après la
carboxylation (fixation du CO2) sur un glucide en C5, la réduction chimique du corps et la
genèse de glucides, premiers matières organiques créées (« cycle de Calvin »).
Les deux phases se déroulent pour les plantes en C3 le jour, simultanément, avec des
échanges gazeux de CO2, d’O2 et d’H2O au niveau des stomates.
Pour revenir aux plantes CAM, il y a donc découplage entre la présence de lumière
pourvoyeuse d’énergie chimique et la fixation du CO2. Comment font-elles ?

Les deux derniers documents nous permettent de comprendre un peu mieux le métabolisme
CAM.
Le document 3 confirme bien que le dégagement d’oxygène et donc la photolyse de l’eau a
bien lieu pour ces Cactées de jour, à la lumière puisque le dégagement d’oxygène se fait
bien de jour, comme pour les plantes en C3. La nuit, elles consomment de l’oxygène par
métabolisme respiratoire, tout comme les plantes en C3.

Le document 4 montre que la teneur en amidon augmente de jour et diminue de nuit. Alors
que le malate augmente de nuit et diminue de jour. On peut donc faire l’hypothèse que le
malate résulte de la captation nocturne de CO2. Il permettrait un stockage de CO2, la nuit,
quand les stomates sont ouverts. Le jour, les stomates sont fermés et les échanges gazeux
très faibles. En interne, au sein de la feuille, le CO2 du malate serait utilisé et permettrait la
genèse de
sucres qui s’accumulent ensuite sous forme d’amidon. Les molécules énergétiques
nécessaires seraient, comme dans le métabolisme C3, produites au niveau des thylakoides
chloroplastiques dotés de pigments qui captent l’énergie lumineuse.

Les plantes ont réussi à s’adapter aux conditions extrêmes très arides des déserts par un
métabolisme différent des plantes en C3. Alors que les plantes en C3 réalisent toutes les
étapes de jour, les plantes CAM captent la nuit le CO2 et captent le jour l’énergie lumineuse.
La production de glucides en C6 et d’amidon se fait bien de jour comme la photolyse de
l’eau. La possibilité de garder leurs stomates fermés de jour et de les ouvrir la nuit est
l’adaptation clé qui leur a permit de coloniser les déserts où les plantes en C3 ne peuvent
vivre.

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