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Larousse
des arbres
des arbustes et des arbrisseaux
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L a r o u s s e
d e s a r b r e s
par
Michel BECKER
Maître de recherches
au Centre national de recherches forestières, INRA.
Jean-François PICARD
Chargé de recherches
au Centre national de recherches forestières, INRA.
Jean TIMBAL
Chargé de recherches
au Centre national de recherches forestières, INRA.
LIBRAIRIE LAROUSSE
17, rue du Montparnasse, 75006 Paris
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Avant-propos
De tout temps, l'arbre a été aux côtés de l'Homme, en lui rendant des
services divers et en lui fournissant un grand nombre de produits, dont
certains de première nécessité.
Même actuellement en Europe, où la civilisation est devenue essentiellement
urbaine, ceux qui n'ont pas la possibilité de passer régulièrement quelques
heures de détente en forêt peuvent retrouver des arbres au cœur des villes,
dans les parcs, les jardins et le long des avenues.
Ces arbres qui nous sont si utiles et que nous aimons, ne serait-ce que
comme symbole d'une nature sauvage de plus en plus rare et donc précieuse,
les connaissons-nous bien ? Avons-nÔiLtune idée précise de leur diversité, de
leur constitution, de leur histoire, ds leurs utilités respectives ?
Ce livre se propose d'apporter une réponse, au' * moins partielle, à toutes ces
questions, pour les espèces de lEùrope- occidentale.
Quand on s'intéresse aux arbres, on en vient vite, «de fil en aiguille», à
s'intéresser aussi à ces autres végétaux ligneux que sont les arbustes et les
arbrisseaux : ceux-ci sont donc également traités. Il n'est d'ailleurs prati-
quement pas possible de tracer de frontières rigoureuses entre ces diverses
catégories.
Cependant, pour garder à cet ouvrage des dimensions raisonnables, nous
avons dû faire des choix, en adoptant quelques critères quelque peu
arbitraires mais indispensables.
e Critère de taille d'abord : à quelques exceptions près, nous avons éliminé
les espèces n'atteignant pas 50 cm de haut.
e Critère géographique ensuite : ce livre traite des espèces ligneuses de
l'Europe occidentale, à l'exception de la Scandinavie; à savoir la Grande-
Bretagne, l'Irlande, les Pays-Bas, la Belgique, le Luxembourg, l'Allemagne
fédérale, -la France, la Suisse, l'Italie, l'Espagne et le Portugal.
mCritère de spontanéité : nous avons choisi de ne présenter que les espèces
indigènes, celles que l'on rencontre dans la nature, en excluant en principe
les innombrables espèces cultivées. Un certain nombre d'espèces exotiques
sont cependant présentées ; ce sont celles qui ont été introduites depuis si
longtemps, et si massivement, qu'elles se sont pour ainsi dire intégrées à la
flore autochtone.
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Les Auteurs.
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e n c y c l o p é d i e
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Plantation d'un «arbre de la Liberté ", à l'oc- Le caractère sacré de certains arbres a Le caractère sacré des arbres vient
casion de la proclamation de la république toujours été vivace. Le Chêne, en particu- aussi, n'en doutons pas, de leur aptitude à
Ligurienne de Gênes en 1797. Lithographie en couvrir un certain nombre des besoins de
couleurs. Bibliothèque nationale. lier, a toujours été associé, depuis Jupiter,
Phot. Lauros-Giraudon. à la puissance et à la force (1), comme le l'Homme.
Laurier l'était à la gloire. Saint Louis, avons- Parmi ceux-ci, un des premiers a cer-
nous appris, rendait la justice assis sous un tainement été l'énergie. L'Homme a depuis
Chêne, et Malraux intitula son livre sur la toujours demandé à l'arbre du bois pour se
mort du général de Gaulle les Chênes qu'on chauffer et faire cuire ses aliments. Dans
abat. Les feuilles de Chêne se retrouvent certains pays arides d'Afrique ou d'Asie, ces
aussi sur les képis des généraux, et, en besoins domestiques contribuent encore à
compagnie de celles de l'Olivier, sur cer- un déboisement continu, les villageois étant
taines pièces de monnaie. obligés d'aller chercher toujours plus loin
La coutume de planter des arbres pour le bois nécessaire à leur survie. Plus près
commémorer une date importante est éga- de nous, en Grèce, les forêts qui se trou-
lement fort ancienne. Au moment de la vaient pendant la dernière guerre à la
Révolution française, on a planté un peu périphérie d'Athènes ont été complètement
partout des «arbres de la Liberté". Dans rasées par les habitants, en quête de com-
certaines familles, on a l'habitude de plan- bustible.
ter un arbre à la naissance d'un enfant. Énergie domestique, mais aussi, pen-
Encore de nos jours, la presse ou la télévi- dant fort lontemps, énergie industrielle :
sion nous apprennent que tel chef d'État ou jusqu'au XVIIe s., la plupart des industries
tel souverain étranger a été convié à planter utilisaient en effet le bois comme source
un arbre en souvenir de son passage. Par- d'énergie, que ce soit sous forme de bûches
fois encore, les forestiers donnent à un ou de charbon de bois (2). Celles qui
arbre remarquable le nom d'une personna- en étaient de grosses consommatrices —
lité politique. industries quasi artisanales, comme les
Arbres et forêts ont souvent été asso- verreries, ou «grosses» industries, comme
ciés au caractère sacré des sanctuaires au les forges —étaient même installées dans
milieu desquels ils se trouvaient. En Afrique les massifs forestiers ou à proximité immé-
du Nord, c'est fréquemment autour des diate. On peut d'ailleurs dire que la révolu-
« marabouts» (c'est-à-dire des tombeaux tion industrielle, en délaissant le charbon
des hommes morts en odeur de sainteté) «de bois» au profit du charbon «de terre»
que des lambeaux de forêts ont été le (la houille) comme source d'énergie, a sauvé
(1) Cf. la fable de La Fontaine le Chêne et le Roseau mieux conservés. En France, la célèbre de justesse les forêts d'Europe d'une surex-
et la chanson de G. Brassens le Grand Chêne. forêt de la Sainte-Baume, dans le Var, doit ploitation fatale (3).
sans doute son bon état de conservation au Presque aussi importante est l'utilisa-
(2) Les autres sources d'énergie sont l'eau et le vent fait qu'elle abrite l'ermitage de Sainte-Marie- tion du bois en tant que matériau (le bois
ou la force des animaux domestiques.
Madeleine, qui fut de tout temps un impor- d'œuvre par opposition au bois de feu). Il
(3) En Angleterre, où les ressources en bois étaient tant lieu de pèlerinage. Au Japon et en est hors de question de passer ici en revue
plus limitées, les forêts ont souffert beaucoup plus Chine, le Ginkgo était l'arbre sacré que l'on toutes les formes sous lesquelles le bois est
que sur le continent. plantait autour des pagodes... utilisé. Rappelons les principales :
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e bois de construction : poutres, charpen- sion (sauf la fabrication de meubles), du fait Emblème corporatif des charpentiers de l'Arsenal
tes... ; autrefois, les chantiers navals étaient de la concurrence d'autres matériaux, et en de Venise. Peinture vénitienne du XVIIIe s. Musée
Correr, Venise. Phot. Giacomelli-Larousse.
aussi gros consommateurs de bois de cons- particulier des matières plastiques, celle
truction (dans beaucoup de forêts, les topo- des bois de pâte augmente de plus en plus.
nymes de «canton de la marine», de «che- On oublie souvent que les arbres ont
min de la mâture», de «bois de Hollande», aussi été utilisés pour l'alimentation.
etc., font encore référence à cette ancienne Pendant longtemps, l'Homme a récolté
utilisation) ; certains fruits pour se nourrir. Ainsi, dans
• bois de menuiserie : planches, meubles, les montagnes du pourtour méditerranéen,
objets divers; la châtaigne a été longtemps l'aliment de
• bois'de tournerie : objets tournés divers; base des populations. Partout, autrefois, les
• bois de pâte, pour la fabrication de pâte forêts étaient parcourues par des troupeaux
à papier. de porcs, de bovins, de moutons et de chè-
Alors que l'utilisation des premières vres, qui s'y nourrissaient d'herbe, de feuil- Fabrication du charbon de bois.
catégories citées ci-dessus est en régres- lage et de fruits (glands, faînes, baies...). Le montage de la meule. Phot. J. Boyer.
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Cette pratique, à laquelle les paysans lisées en Europe, par la pratique de l'émon-
tenaient beaucoup (droit dit ccde panage»), dage. Cette coupe régulière des branches
est encore bien vivante dans certaines est d'ailleurs responsable de la silhouette
régions, en particulier en Corse. «en têtard» tout à fait particulière des
L'arbre a toujours fourni une ressource arbres de haies dans les paysages de
Différentes essences d'arbres, et scieurs de long
au travail. Planche extraite du Mémoire du traité fourragère plus ou moins importante, occa- bocage (Bretagne et Normandie en parti-
de fortification de Claude Masse. École française sionnelle ou constante. Le Frêne, l'Orme et culier).
du XVIIIes. Bibliothèque du Génie. Phot. Giraudon. le Micocoulier sont les espèces les plus uti- Encore de nos jours, la forêt reste un
lieu de cueillette, qui, pour être saisonnière
et souvent de distraction, n'en est pas moins
localement importante (myrtilles, framboi-
ses, champignons...).
Il y a aussi les arbres dits «fruitiers »,
qui ont été patiemment sélectionnés et lar-
gement plantés partout où les conditions
climatiques le permettaient. Il a déjà été
question du Châtaignier. Il y à aussi l'Olivier
et le Figuier dans tout le bassin méditerra-
néen ainsi que le Noyer dans presque
toute l'Europe. Les arbres fruitiers propre-
ment dits (cerisiers, pruniers, poiriers, pom-
miers...) sont tous, ou presque, des espèces
de la famille des rosacées. Si le poirier et le
pommier proviennent d'arbres spontanés
en Europe, beaucoup de pruniers, de ceri-
siers, de pêchers, etc., sont, par contre,
originaires d'Asie.
L'Homme a aussi sélectionné des
arbres pour leurs qualités ornementales.
L'art des jardins et des parcs remonte à la
plus haute antiquité. D'ailleurs, plus que les
espèces spontanées, ce sont souvent des
variétés particulières (cultivars1) qui sont
plantées : arbres à port «fastigié» (Peu-
plier d'Italie, Cyprès toujours vert...), à port
« pleureur» (Saule pleureur, Orme pleureur,
Frêne pleureur...), à feuillage coloré ou
panaché (Hêtre ou Érable sycomore pour-
pres, Prunier de Pissard), à floraison écla-
tante (Cytise Aubour, Forsythia, Laurier-
rose...), etc.
Ces espèces ornementales, les horticul-
teurs les ont recherchées et choisies dans
le monde entier. Le Ginkgo vient de Chine,
le Marronnier des Balkans, les Eucalyp-
tus d'Australie, certains Araucarias du
Chili, le Robinier et les Séquoias de l'Amé-
rique du Nord, les Mimosas d'Australie ou
d'Afrique, etc.
Les arbres d'alignement plantés le long
des routes ou des rues peuvent être consi-
dérés comme une catégorie d'arbres or-
nementaux. Selon les régions, de très
nombreuses espèces ont été utilisées, pro-
venant de la flore locale ou de flores exo-
tiques. Mais deux espèces l'ont été plus que
les autres : ce sont le Platane et le Peuplier.
Dans les campagnes, des rideaux d'ar-
bres sont souvent plantés comme «brise-
vent». Dans ce but, ce sont surtout des clo- qu'entité vivante et ressource précieuse, la La silhouette de saules traités en «têtard» dans
nes (1) de Peupliers qui sont utilisés (Peu- forêt, par contre, a le plus souvent eu une les Bouères, en Anjou. Phot. Pouplard.
plier d'Italie en particulier) et, dans les fâcheuse renommée du fait de son carac-
régions méditerranéennes, la Canne de Pro- tère réputé hostile.
vence ou le Cyprès toujours vert. Pour les peuples de l'Antiquité, elle
Une dernière catégorie, très impor- était un lieu plein de mystère et de dangers
tante, d'arbres utilitaires est constituée (danger des animaux sauvages, danger de
par les essences de reboisement. Pen- s'y égarer...). Dans son ombre vivaient des
dant longtemps, les forestiers ont utilisé les divinités : les dryades (2) grecques, les syl-
essences locales : Chênes, Pin sylvestre, vains romains, que chantait Ronsard dans
Pin maritime...; mais, depuis le milieu du son ode «aux arbres de la forêt de Gâtine ».
siècle dernier, ils font de plus en plus appel D'ailleurs, le mot latin silva, qui signifie
à des essences exotiques soigneusement «forêt», a donné deux adjectifs : silvatica,
sélectionnées. Le Douglas, originaire des qui veut dire « forestier », et silvestris, qui
montagnes de l'Ouest américain, est ainsi signifie «sauvage".
devenu la première essence de reboisement Plus tard, ce furent des êtres maléfi-
de l'Europe tempérée, où il a supplanté ques, ou, du moins, hors du commun —sor-
l'Épicéa. La plupart des essences de reboi- ciers, ogres, fées... —qui résidaient dans les
sement sont d'ailleurs des résineux (Pins, forêts. Ainsi, la forêt de Brocéliande (l'ac-
Sapins, Épicéas...), dont la croissance juvé- tuelle forêt de Paimpont, en Bretagne) garde
nile est particulièrement rapide. Dans les le souvenir de la fée Viviane, qui fit succom-
régions méditerranéennes et tropicales, ce ber à son charme l'enchanteur Merlin. Les
sont les Eucalyptus et le Pin des Caraïbes contes et légendes de tous les pays sont
qui sont les plus utilisés. Mais il faut signa- remplis de telles histoires.
ler qu'en Europe même la tendance actuelle Beaucoup plus récemment, les forêts
est de planter de plus en plus de feuillus : servaient de refuge aux brigands, et le (1) V. définition p. 20.
Hêtre, Chênes indigènes ou Chêne rouge massif de l'Esterel garde encore le souvenir
d'Amérique, Robinier, Frêne... de Gaspard de Besse, qui, au XVIIe s., y (2) De dryas, qui signifie «chêne» et d'où dérive le
Si l'arbre était sacré et vénéré en tant attaquait les diligences. mot druide.
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Arbres, arbustes,
arbrisseaux, sous-arbrisseaux
Définitions
et classification biologique
Définitions
Les mots arbre, arbuste et arbrisseau
font partie du langage commun ; chacun les
comprend ou plutôt croit les comprendre,
car l'image que l'on se fait de ces concepts
est éminemment variable. Il suffit d'interro-
ger quelques personnes sur ce point pour
s'en convaincre.
Le terme de sous-arbrisseau, qui est
aussi parfois utilisé, appartient plutôt au
vocabulaire scientifique botanique et a été
créé pour donner un nom français à une
catégorie biologique non distinguée dans la
vie courante.
Cette imprécision et cette ambiguïté
font qu'il est nécessaire de donner des
définitions claires à ces termes. Les défini-
tions qui sont fournies ici sont celles qui
ont été énoncées en 1912 par le botaniste
forestier Ph. Guinier.
Arbre : «Végétal ligneux, à tige simple et e La première notion est le caractère Paysage rural dans les gorges du Tarn où l'on
nue à la base, comprenant par con- ligneux (la «lignosité») des tiges et des remarque la présence de nombreux arbres,
arbustes et arbres fruitiers. Phot. Tétrel-Explorer.
séquent un tronc et une cime, et pouvant rameaux. Elle est due à la faculté qu'ont
atteindre plus de 7 m de hauteur à l'état certaines espèces de fabriquer un tissu
adulte. » spécial, appelé tissu ligneux ou bois (1),
Arbuste : «Végétal ligneux, à tige simple et dont la dureté provient de l'accumulation
nue à la base (au moins quand il est âgé), d'une substance organique complexe, la
mais n'atteignant pas 7 m de hauteur à lignine.
l'état adulte,» Un arbuste est donc sim- Toutes les plantes possèdent des cel-
plement un petit arbre. lules lignifiées, qui constituent les parois
Arbrisseau : «Végétal ligneux, à tige cons- des vaisseaux dans lesquels circule la sève ;
tamment ramifiée dès la base, et de taille mais seuls les végétaux dits «ligneux» ont
généralement peu élevée (le plus souvent la propriété de fabriquer en grande quantité
moins de 7 m). » du tissu ligneux.
Sous-arbrisseau : «Végétal d'assez petite e La deuxième notion est celle de tronc; le
taille, à souche ligneuse, portant des tronc est une tige basale, plus grosse que
rameaux herbacés (ou semi-ligneux) dont toutes les autres et dépourvue de branches
la durée de vie est limitée, et qui sont latérales sur une hauteur importante.
remplacés, en général tous les ans, par Cette aptitude à faire un tronc ne se
des rameaux de nouvelle formation, issus trouve pas chez tous les végétaux ligneux, (1) Pour ne pas contondre le sens anatomique qu'il a
de bourgeons situés sur la souche. » et c'est elle, justement, qui différencie les ici avec son sens de «groupement d'arbres», les
Ces définitions précises font appel à arbres et les arbustes, d'une part, des arbris- botanistes le désignent dans le vocabulaire scienti-
plusieurs notions de nature différente. seaux et des sous-arbrisseaux, d'autre part. fique par le nom de xylème.
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d'énoncer ces définitions. Il s'ensuit donc, concurrence des autres plantes ainsi que
comme dans toute classification naturelle, des dégâts et des agressions qui les guet-
que l'on doit parfois « forcer» un peu pour tent, ils n'auraient pratiquement aucune
faire entrer certaines espèces dans une des chance d'atteindre des âges aussi avancés
catégories prévues. et ces tailles records.
Une première difficulté provient des Sur la distinction entre arbuste et
critères, pourtant simples, d'âge et de taille. arbrisseau, qui repose donc sur la faculté
En effet, au cours de leur développement, qu'ont certaines espèces à former un tronc,
toutes les espèces ligneuses en général, et des erreurs sont aussi possibles. En effet, si
tous les arbres en particulier, passent par cette aptitude est à l'origine un caractère
un éphémère stade herbacé, puis par un spécifique (et donc sous dépendance géné-
stade arbustif qui dure un certain nombre tique), la ramification des tiges dès la base
d'années. Il en est de même pour les arbris- peut aussi être artificiellement provoquée
seaux et les sous-arbrisseaux. Il est donc par la taille. C'est souvent le cas en forêt,
aisé de confondre un jeune arbre avec un où les espèces ligneuses indésirables du
arbuste ou même avec un arbrisseau lors- sous-bois sont coupées pour permettre le
que des branches basales subsistent encore développement de la régénération naturelle
sur un tronc dont l'individualisation n'est des arbres. Après la coupe de leur tronc à
pas encore nette. sa base, certaines espèces arbustives et
Quant au seuil de 7 m, il peut paraî- arborescentes ont en effet la faculté de
tre arbitraire (certains botanistes propo- rejeter de souche et de former ainsi une
sent 10 m!). On constate, cependant, que cépée, c'est-à-dire un bouquet de tiges
c'est une hauteur que beaucoup d'espèces nouvelles qui se développent à partir de Un bonsai centenaire dans un jardin de Sou-
bourgeons apparaissant à la périphérie de tchéou (Chine). Phot. C. Fava. Ci-dessous, un autre
ligneuses ne dépassent pas dans la nature exemple de nature domestiquée : le parc anglais de
à l'état adulte. la section ou sous la section. Wakehurst Place. Phot. Smith-A. Hutchinson Lby.
De plus, il faut bien avoir à l'esprit que,
pour juger des performances de hauteur, il
convient de se placer dans des conditions
«normales", ou plutôt moyennes, de crois-
sance.
En effet, certains arbres, qui poussent
dans des conditions particulièrement dures,
présentent une croissance très ralentie et
peuvent même parfois rester plus ou moins
nains. Le cas des « bonsais» en est un
exemple extrême. Ce sont des arbres qui
sont cultivés dans des pots et qui restent
nains du fait des tailles incessantes et des
conditions de sol difficiles auxquelles ils
sont soumis. Tout l'art de cette pratique
horticole, qui vient du Japon, consiste à
doser la dureté des conditions imposées de
manière que l'arbre ne pousse pratiquement
pas, sans pour autant mourir, et tout en
acquérant une forme adulte. Dans la nature,
c'est aussi le cas de ces arbres qui ont réussi
à s'installer dans des fentes de rochers, mais
qui sont condamnés à y végéter, et cela
d'autant plus que le climat est plus rude,
comme c'est le cas par exemple à la limite
supérieure de l'étage subalpin.
Au contraire, certains arbustes ou
arbrisseaux très vieux et croissant dans des
conditions très favorables, comme sur des
bas de pente à sol épais, riches en éléments
minéraux et bien alimentés en eau, peuvent
dépasser 10 mde hauteur. C'est aussi assez
souvent le cas d'individus plantés dans des
parcs et des jardins, qui sont ainsi pré-
servés de toute concurrence et soigneu-
sement entretenus. Dans la nature, même
en condition de sol favorable, du fait de la
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Forêt de Sainte-Marie-aux-Mines (Vosges). Cette prise de vue montre les différentes étapes de la vie d'une sapinière.
Phot. W. Ronis.
La garrigue près de Montpellier. Phot. Schiphorst.
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plupart des espèces d'arbustes et d'arbris- friches et les lisières ne sont pas, dans
seaux formant les lisières. Ces espèces sont notre système rural, les seuls endroits pro-
souvent éliminées du sous-bois par le man- pices aux arbustes, aux arbrisseaux et aux
que de lumière, des cultures par le travail sous-arbrisseaux; il y a aussi la forêt claire
du sol, des prairies et des pâtures par les (naturellement ou par dégradation) et la
coupes répétées. «Mal-aimées'» des forêts forêt abattue.
et des champs, elles sont reléguées sur les En effet, à l'occasion d'une coupe ou
marges de ces deux mondes, à savoir dans de la chute accidentelle d'un ou de plu-
les haies, les lisières et les friches. sieurs arbres, des clairières se forment (et
Cette écologie particulière des espèces l'origine de ce mot montre bien ce que cela
arbustives des haies et des lisières fait signifie sur le plan du climat lumineux!), où
qu'elles forment des groupements végétaux les espèces arbustives héliophiles peuvent
(on dit des associations végétales) origi- s'installer. Comme celles-ci sont des espè-
naux et aussi bien individualisés que les ces vivaces, malgré la sévère concurrence
groupements de prairies ou de forêts. des arbres qui repoussent et qui, plus vigou-
Une certaine rectification s'impose reux, les dépassent rapidement, beaucoup
Maquis de dégradation de la chênaie au-dessus pourtant. Il n'est pas tout à fait exact de dire d'entre elles persistent pour former une
de Marquixames (Pyrénées-Orientales). que les arbustes et les arbrisseaux sont strate particulière de la forêt reconstituée.
Phot. des auteurs.
éliminés des sous-bois du fait de la trop Mais, on peut le constater, leur vitalité et
Ci-dessous, prairie abandonnée colonisée par des faible quantité de lumière qui y parvient leur taille ne sont jamais aussi fortes qu'en
arbustes calcicoles dans la région de Lunéville
(Meurthe-et-Moselle), Phot. des auteurs. durant la saison de végétation active. Les pleine lumière. De plus, en général, ce
manque de lumière les empêche de fleurir
et donc de se reproduire. Il est à noter que
c'est dans les forêts sur calcaire que ce
phénomène est le plus visible, du fait de la
«richesse" de leur flore ligneuse.
Il faut cependant remarquer que
quelques rares arbrisseaux supportent par-
faitement l'ombre des sous-bois (caractère
dit sciaphile) et qu'ils peuvent y fleurir et y
fructifier normalement. On peut citer comme
exemple le Lauréole (Daphne laureola).
Une autre thyméléacée, le Bois-joli (Daphne
mezereum), fleurit aussi dans les sous-bois,
mais très tôt au printemps, bien avant que
les arbres aient retrouvé leurs feuilles.
La dégradation d'une forêt est son évo-
lution régressive vers un stade de forêt claire
ou, à la limite, de fourré ou de lande. Elle
peut avoir des causes multiples, comme la
surexploitation ou le surpâturage, autant de
termes qui indiquent l'influence néfaste de
l'Homme. Elle a pour conséquence la créa-
tion généralisée de petites clairières, qui
tendent à s'agrandir et à se rejoindre, et
leur envahissement par diverses espèces
ligneuses héliophiles (Bouleau, Prunellier,
Cornouiller, Troène, Ronces...), que les
forestiers appellent dans leur langage imagé
les «morts-bois» ou la «souille».
Ce phénomène de dégradation a été
particulièrement important dans les régions
méditerranéennes, où, à cause de tous les
excès déjà évoqués, et surtout des incen-
dies répétés, les forêts originelles de Chêne
vert, de Chêne-liège et de Chêne pubescent
ont pratiquement disparu pour laisser place
aux formations ligneuses plus ou moins bas-
ses et ouvertes que sont les maquis et les
garrigues, qui sont particulièrement riches
en arbustes, en arbrisseaux et en sous-
arbrisseaux de toutes sortes.
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sairement une assez grande variabilité entre du niveau de l'espèce, il existe dans la sys-
les individus. Mais, pour certaines espèces, tématique végétale des unités, dites «infras-
la tendance actuelle, comme en horticulture, pécifiques», destinées à décrire cette varia-
est de sélectionner des individus remarqua- bilité : ce sont la sous-espèce et la variété.
bles au sein des populations naturelles et Ainsi, à l'intérieur de l'espèce Pin noir
de les multiplier végétativement. De tels clo- (Pinus nigra), qui possède une vaste aire de
nes existent actuellement pour les Noyers répartition fragmentée sur tout le pourtour
hybrides à bois (hybrides de l'eurasiatique du bassin méditerranéen, on distingue plu-
Juglans regia et du nord-américain J. ni- sieurs sous-espèces, dont les principales
gra). De la même façon seront disponibles sont les suivantes :
bientôt des cultivars de Douglas et peut- • le Pin noir d'Autriche (Pinus nigra ssp.
être même, dans un avenir plus lointain, des nigricans), de l'Italie du Nord, de l'Au-
cultivars de Hêtre, de Chêne, de Frêne, de triche et des Balkans ;
Merisier, etc. wle Pin de Pallas (Pinus nigra ssp. palla-
Contrairement aux « bonnes» espèces siana), de Grèce, de Turquie et de
et aux hybrides, les cultivars ne portent pas Crimée ;
obligatoirement de nom latin. Leur nom • le Pin laricio (Pinus nigra ssp. laricio), de Pins noirs naturels à Modling (Autriche).
doit s'inscrire entre guillemets à la suite du Corse et de l'Italie du Sud; Phot. des auteurs.
nom de l'espèce correspondante, en latin wle Pin de Salzmann (Pinus nigra ssp.
ou dans la langue nationale de l'inventeur. clusiana), d'Espagne et du sud de la
Ainsi, on parle du clone «Fritzi Pauley» France.
du Peuplier baumier (Populus trichocarpa), À l'intérieur de la sous-espèce laricio, on
du clone Buddleia davidii ccRoyal red», distingue encore deux variétés :
du clone //ex aquifolium «aureomargi-
nata ", etc. wle Laricio de Corse (var. corsicana) ;
Comme toutes les créations artifi- • le Laricio de Calabre (var. calabrica).
cielles, les cultivars sont brevetés.
Les chimères sont des créations artifi- Les forestiers, qui ne sont pas des
cielles obtenues par greffage d'un individu botanistes systématiciens, préfèrent parler
sur un autre, ces deux individus apparte- de races, mais cela revient au même. Cette
nant généralement à des espèces et parfois notion de race a d'ailleurs l'avantage de Rameaux du Pin de
même à des genres différents. Elles ne sont désigner sans ambiguïté, au sein d'une Salzmann.
guère utilisées qu'en horticulture. espèce, des populations géographiquement Phot. des auteurs.
bien délimitées et possédant certains carac-
tères remarquables d'ordre morphologique. Pins laricios en forêt de Carozzica (Corse).
Ainsi, au sein de l'espèce Pin sylvestre Phot. des auteurs.
(Pinus sylvestris), qui possède une très
La variabilité naturelle à l'intérieur des vaste aire de répartition euro-sibérienne,
espèces : sous-espèces, variétés, races, les forestiers français distinguent par exem-
provenances ple les races vosgiennes, qui donnent des
arbres droits et élevés, et les races des
Alpes du Sud, qui produisent au contraire
des arbres petits, tordus et infestés de gui.
Comme il a été dit plus haut, les méca- Si la différence entre ces races est négli-
nismes de la reproduction sexuée libre geable sur le plan purement botanique, elle
entretiennent une certaine variabilité à l'in- est, on le voit, fondamentale sur le plan
térieur d'une même espèce. De même que économique.
chacun des enfants d'une même famille Les forestiers parlent aussi de prove-
possède une individualité, une personnalité nances. Cette notion, qui n'appartient pas
propre, de même tous les individus d'une à la systématique, mais à la génétique, est
même espèce ccnormale» (par opposition à en fait une généralisation de celle de race.
celles qui pratiquent la multiplication végé- Une provenance est une population précise
tative ou l'apomixie) sont-ils génétique- d'une espèce donnée, désignée par sa loca-
ment différents. Il en découle qu'un individu lisation géographique et possédant certains
donné peut être assez différent de l'individu caractères intéressants : généralement une
type ayant servi à la première description de croissance supérieure à la moyenne et une
l'espèce. bonne adaptation à tel ou tel type de climat.
C'est ainsi qu'à l'intérieur des espèces Une des tâches essentielles des généti-
on peut parfois mettre en évidence des ciens forestiers est de sélectionner, grâce à
sous-ensembles d'individus présentant cer- des plantations comparatives, les meilleures
tains caractères communs différents de provenances pour une situation écologique
ceux du type. C'est pourquoi, au-dessous donnée.
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sentant qu'un nombre limité d'espèces (les tères de silhouette sont trop fluctuants et
plus fréquentes), mais faisant largement trop difficiles à analyser d'une manière à la
appel à l'illustration en couleurs. fois simple et rigoureuse pour qu'ils puis-
Dans les « clés» de détermination, les sent être discriminants à tout coup pour un
caractères morphologiques pris en compte non-spécialiste.
sont évidemment d'abord ceux des fleurs Les caractères biologiques sont sou-
(et des fruits qu'elles donnent), puisqu'ils vent spécifiques (espèce élevée ou naine,
constituent la base de la classification natu- ligneuse ou herbacée, vivace ou annuelle...)
relle des plantes. Mais ceux de l'appareil et peuvent donc servir de critères de déter-
végétatif, et particulièrement ceux qui sont mination. Par contre, les caractères écolo-
facilement observables en toute saison, sont giques et géographiques, trop aléatoires, ne
très souvent pris également en compte. peuvent souvent servir qu'à confirmer ou à
Ainsi le type de ramification, la forme des infirmer une détermination.
feuilles et des bourgeons, la présence ou Tout cela montre qu'il est bien rare
l'absence de poils sont-ils des caractères qu'une détermination puisse s'appuyer sur
très souvent utilisés. Les caractères bio- l'observation d'un seul caractère et que c'est
métriques de certains organes ou leurs généralement sur la présence simultanée de
dimensions relatives sont aussi fréquem- plusieurs caractères, de nature variable, que
ment employés, mais avec une certaine la conviction s'établit.
marge d'incertitude, due à leur variabilité. Un autre moyen d'identifier les arbres,
Les caractères, très subjectifs, de couleur et qui complète agréablement le précédent,
d'odeur sont, si possible, évités, du moins consiste à visiter des collections d'arbres
en tant que caractères discriminants. Ils vivants, ou arboretums. De nombreux jar-
peuvent toutefois être utiles comme critères dins botaniques renferment souvent aussi
secondaires pour confirmer ou infirmer une un certain nombre d'espèces ligneuses, par-
détermination. À l'inverse, les caractères de fois même toute une partie dendrologique.
fleurs ou de fruits, pourtant très discrimi- De nombreuses espèces sont également
nants, comme il a été dit, sont peu utiles souvent introduites dans les parcs publics,
dans la pratique en raison de leur fugacité mais elles sont rarement identifiées. Échantillon de l'herbier de Lamarck (1744-1829).
ou de leur inaccessibilité, surtout chez les Il faut signaler enfin qu'il est possible Muséum national d'histoire naturelle. Phot. L. L.
arbres. d'identifier les espèces ligneuses à partir
Pour ceux-ci, la silhouette (surtout l'hi- d'échantillons de leur bois, grâce au carac-
ver; quand les feuilles sont tombées) est tère spécifique de la disposition relative
souvent caractéristique et permet parfois des différents éléments constitutifs du tissu
leur identification de loin. Mais les carac- ligneux, ou à partir de leur pollen.
arbre de loin. Chez les Tilleuls, la courbure en se développant à peu près également
des branches à proximité de leur point dans toutes les directions, prend une forme
d'insertion est également caractéristique. en boule. C'est le cas chez un grand arbris-
Le fait, pour une espèce, d'avoir des seau, le Saule pourpre, ou chez certains
rameaux dressés (orthotropes), horizon- sous-arbrisseaux, comme le Genêt très épi-
taux (plagiotropes), obliques ou retombants neux. Entre ces deux cas extrêmes, tous les
influe beaucoup sur la silhouette. Un cas intermédiaires existent évidemment, don-
extrême est celui du Saule pleureur, que nant naissance à une très grande variété de
tout le monde sait reconnaître grâce à ses types de silhouettes.
longues branches retombant jusqu'à terre. Chez certaines espèces, le phénomène
Dans une moindre mesure, c'est aussi le de dominance apicale disparaît après la
cas du Bouleau verruqueux ainsi que celui phase de croissance active. Lorsque le bour-
du Cèdre de l'Himalaya, dont les jeunes geon terminal cesse d'être dominant, l'arbre
rameaux sont recourbés vers le bas. À «fait la table», c'est-à-dire présente une
l'opposé, la Bruyère à balais dresse tous cime aplatie. Chez les conifères, beaucoup
ses rameaux verticalement. d'espèces font ainsi la «table» à un âge
Le port des arbres est aussi fortement avancé. Citons le Sapin pectiné, les Pins, le
influencé par le degré de «dominance » des Cèdre, etc.; par contre, les Épicéas et les
différents bourgeons, et en particulier de Séquoias gardent toujours une cime bien
ceux de la pousse terminale. Cela signifie individualisée. De façon similaire, le Pin
que, si la pousse centrale d'un arbre porte pignon, qui présente un port en «boule"
plusieurs bourgeons à son extrémité, ce qui tout à fait net dans son jeune âge, le perd
n'est pas rare, le bourgeon central donnera ensuite pour acquérir le port en parasol, qui
une pousse plus grande que ceux qui l'en- lui est si caractéristique.
tourent, du fait de phénomènes d'inhibi- Certaines espèces présentent par
tions biochimiques assez complexes. Il en contre une variabilité étonnante dans leur
résulte que l'arbre croît alors plus vite en port et qui ne doit rien à l'action de l'en-
hauteur qu'en largeur et qu'il forme ainsi vironnement évoquée plus loin. Ainsi, le
Port «en écouvillon » du Sapin pectiné. une cime bien individualisée. Genévrier commun présente en mélange
Phot. des auteurs. L'existence d'une cime est la règle des individus ccnormaux" à rameaux éta-
générale chez les arbres. Elle est cependant lés, des individus à rameaux dressés (port
toujours plus marquée chez les conifères appelé ccfastigié,,) et des individus nains à
(et en particulier chez les Sapins, les Épi- port prostré. Il en est de même chez le
céas, le Douglas, les Séquoias, etc.) que Cyprès toujours vert, chez lequel il existe
chez les feuillus. Mais il peut arriver qu'il également des individus à port fastigié, très
Port «en parasol» du Pin pignon. n'y ait pas de dominance apicale : tous les utilisés pour l'ornementation, et des indi-
Phot. des auteurs. bourgeons ont le même potentiel, et l'arbre, vidus à port «normal » (branches étalées).
Beaucoup d'espèces ornementales
sont d'ailleurs souvent des variétés ou des
cultivars, sélectionnés et multipliés végéta-
tivement pour la particularité de leur port.
Ainsi, outre le Cyprès toujours vert, il existe
un certain nombre d'espèces dont on com-
mercialise des individus à port fastigié : Peu-
plier noir dit ccd'Italie", Chênes, Charme...
Un autre type de port, très utilisé en
ornementation, est le type ccpleureur", En
plus du Saule du même nom, déjà évoqué
plus haut, les horticulteurs proposent aussi
des hêtres pleureurs, des frênes pleureurs,
des ormes pleureurs et même, oh ! dérision
pour ces géants de la nature, des séquoias
pleureurs !
On commercialise aussi, mais plus rare-
ment, des formes «tortillards », aux rameaux
et aux branches d'une sinuosité extrême,
essentiellement chez le Hêtre ou le Cou-
drier. Les hêtres tortillards existent d'ail-
leurs dans la nature. Les plus connus sont
ceux de Verzy, au sud de Reims.
Dans la nature, le port des arbres et des
espèces arbustives dépend dans une large
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Pourquoi? Comment?
Performances des arbres
Pour les arbres sur pied, la mesure des
hauteurs s'effectue par un procédé de trian-
gulation, à l'aide d'appareils optiques spé-
La mesure des arbres, sur pied ou ciaux appelés dendromètres, Le principe en
abattus, est une opération fondamentale en est très simple : l'opérateur se place à une
distance connue (mesurée) du pied de l'ar-
foresterie, car elle permet d'évaluer non bre et effectue deux visées, l'une vers la
seulement les volumes de bois (exprimés en cime, l'autre vers le pied de l'arbre. À
mètres cubes) constituant une coupe, mais chacune de ces visées est mesuré l'angle
aussi, par comparaison de deux inventai- que fait la direction correspondante avec
res successifs, l'accroissement en volume l'horizontale. Un calcul simple donne alors
correspondant de la forêt (exprimé en la hauteur recherchée. En fait, il n'y a même
mètres cubes par hectare et par an). C'est pas à effectuer ce calcul, car l'appareil est
en fait une véritable science autonome, directement gradué en mètres.
faisant largement appel aux mathématiques Pour les arbres abattus, la mesure se
et aux statistiques, et s'appelant la dendro- fait tout simplement avec un mètre à
métrie. pointes ou un décamètre.
On n'évoquera ici que quelques aspects La mesure de la hauteur totale, c'est-à-
classiques, en particulier la mesure de la dire jusqu'à l'extrémité de la plus haute
hauteur (totale ou partielle) d'un arbre, branche, a aussi une utilité en elle-même.
l'estimation de son volume utile de bois Elle constitue en effet un bon indice de ferti-
(cubage) et de son accroissement dans le lité stationnelle (et en particulier de sol) pour
temps. Un autre aspect tend à devenir de l'essence considérée. On constate d'ailleurs
plus en plus important : c'est la mesure de très généralement que les arbres remar-
la biomasse, c'est-à-dire du poids total de quables par leur hauteur poussent dans
matière végétale produite. Enfin, une bonne des conditions stationnelles particulière-
appréciation de l'âge des arbres est éga- ment favorables (très souvent des sols de
lement souvent indispensable. bas de pente, profonds, riches chimique-
ment et bien alimentés en eau).
Dans le monde, les records de hauteur
La hauteur des arbres sont actuellement détenus par des Euca-
lyptus regnans de l'Australie méridionale
(environ 90 m) ainsi que par des séquoias
On a souvent besoin de mesurer plu- (environ 110 m) et des douglas (90 m) de
sieurs types de hauteurs sur un arbre. Il y a l'Amérique du Nord (1).
d'abord la hauteur de la bille de pied, c'est- En Europe et en France, pour les
à-dire de la longueur de tronc dépourvue essences résineuses indigènes, les records
Séquoia de Californie, Phot. F. Kohler. de branches ou de gros défauts (cicatrices observés sont le fait de sapins ou d'épi-
en particulier). Elle correspond à la partie céas (2) [de 55 à 60 m]. Mais il est probable
du bois utilisable pour le tranchage, le qu'ils seront égalés et même dépassés par
sciage et les autres usages « nobles». certains douglas ou séquoias plantés au
Il y a ensuite, au-dessus, la surbille, qui siècle dernier, qui ont déjà plus de 50 m de
(1) Mais il y aurait eu, au siècle dernier, des séquoias correspond à la partie supérieure du tronc; hauteur. Quant aux records absolus, ils
tojours verts atteignant 130 m; on cite également un la surbille prend fin au niveau où elle-même sont présentement détenus par des euca-
Eucalyptus regnans australien de 132 m, abattu en
1872. se divise en branches de taille équivalente. lyptus plantés au Portugal, dont un Euca-
Il y a enfin le houppier, qui est consti- lyptus diversicolor qui dépasse déjà 70 m.
(2) En Yougoslavie, on a même mesuré un épicéa de tué par l'ensemble des branches supé- En fait, en Europe, il est peu courant
63 mde hauteur. rieures. que des arbres indigènes dépassent 35 m
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de hauteur; entre 35 m et 45 m, on a les arbres abattus, et à l'aide d'appareils Àgauche, des baobabs de Madagascar.
affaire à de fortes hauteurs, et au-delà de optiques spéciaux pour les arbres sur pied. Phot. Philippart de Foy-Explorer.
Adroite, un baobab du Kenya.
45 mà des hauteurs exceptionnelles. D'une En fait, dans la pratique courante, le Phot. Turner-Images Bank.
manière générale, on remarquera que c'est cubage des arbres se fait à l'aide d(
parmi les conifères que les records de « tables», appelées aussi tarifs de cubage.
hauteur sont les plus fréquents. Ce sont des tables à double entrée, don-
nant, pour une essence donnée, le volume
de bois en fonction de la hauteur et de la
circonférence du tronc à 1,30 m du sol.
Mesure des volumes, cubage Signalons, enfin, que certains appareils
optiques, tel le « relascope» de Bitterlich,
permettent l'appréciation directe des volu-
Le volume d'un arbre ou même d'un mes.
simple tronc ne peut pas se mesurer direc- Levolume utile d'un arbre (celui de son
tement avec exactitude comme sa hauteur. tronc) dépend bien entendu à la fois de son
Il ne peut être qu'estimé et situé dans une diamètre et de la longueur de son tronc.
certaine «fourchette », Les arbres de gros volume ont généra-
Cette estimation se fait à partir de lement un tronc relativement long. À titre
formules mathématiques plus ou moins anecdotique, on peut signaler le cas de
compliquées, selon que le tronc de l'arbre la bille de pied d'un Eucalyptus regnans,
est assimilé à un cylindre, à un tronc de abattu le 10 décembre 1971 en Tasmanie,
cône, etc. qui cubait 56,7 m3 pour 6,7 m de circonfé-
Pour une longueur de tronc donnée (ce rence et 15,8 m de longueur.
qui suppose déjà une ou deux mesures de Si les facteurs génétiques et les fac-
hauteur), les formules utilisent comme para- teurs d'environnement influent sur le dia-
mètres une ou plusieurs mesures de dia- mètre susceptible d'être atteint par une
mètre (ou de circonférence). Celles-ci se espèce donnée, l'âge est, bien sûr, aussi
font à l'aide d'un «compas» ou d'un mètre essentiel. En effet, si la croissance en hau-
à ruban pour la base du tronc (à «hauteur teur plafonne relativement assez vite (vers
d'homme", normalisée à 1,30 m) ou pour 120 ans par exemple chez le Hêtre), la
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croissance en diamètre est quasi indéfinie, stationnelle lorsque les conditions d'éclai-
et les arbres exceptionnellement gros sont rement ne sont pas limitantes (1). Quand le
toujours très vieux. niveau de fertilité est faible, comme sur des
Dans le monde, les records de circonfé- sols gréseux ou sableux acides, il peut
rence seraient détenus par des Baobabs d'ailleurs être artificiellement remonté par
(Adansonia sp.) et des Ficus, qui sont des fertilisation.
arbres des régions tropicales. On cite sou- Cependant, l'aptitude à faire de larges
vent aussi le cas d'un Dragonnier (Dracœna accroissements est aussi en partie sous
drago) de Santa Cruz de Tenerife (îles dépendance génétique, et quelques espèces
Canaries) de 4 m de diamètre (soit 12,5 m présentent à cet égard des prédispositions
de circonférence). certaines. Ainsi, les Peupliers et beaucoup
En Europe, les arbres les plus gros sont d'Eucalyptus sont réputés pour les perfor-
généralement des Chênes ou des Tilleuls. mances qu'ils sont capables de réaliser en
Un des plus connus est certainement le ce qui concerne la croissance en diamètre.
Chêne d'Allouville, en Seine-Maritime, qui Certains Pins, également, comme le Pin de
fait 15 m de circonférence et 25 m de Monterey et, en Europe, le Pin maritime,
hauteur; il aurait plus de 1000 ans, et son sont susceptibles d'une très forte crois-
tronc contient deux petites chapelles. sance en diamètre; c'est pourquoi la fertili-
sation de leurs plantations est souvent très
La mesure des accroissements en volume intéressante sur le plan économique.
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