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Les contrats de travail des journalistes professionnels

rémunérés à la pige
Olivier Léaurant
Dans LEGICOM 1997/2 (N° 14), pages 29 à 31
Éditions Victoires éditions
ISSN 1244-9288
DOI 10.3917/legi.014.0029
© Victoires éditions | Téléchargé le 30/03/2023 sur www.cairn.info (IP: 46.193.7.242)

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LES CONTRATS DE TRAVAIL DES
JOURNALISTES PROFESSIONNELS
RÉMUNÉRÉS À LA PIGE

Par Olivier Léaurant

L
E journaliste professionnel rémunéré à la pige est présumé être lié par un Résumé
contrat de travail à l’entreprise de presse pour laquelle il travaille. Cependant,
il s’agit d’une présomption simple et la preuve contraire peut être apportée La FNPS a mis au point en
1996 des modèles de
par l’éditeur.
contrat de travail à durée
Lorsque l’existence d’un lien de subordination, et donc d’un contrat de travail, n’est déterminée ou indéterminée
pas contestée, un contrat écrit pourra être établi afin de préciser et de clarifier les pour les pigistes. Ces
droits et obligations de chacun. À cet effet, quatre modèles sont proposés dans le contrats applicables par les
respect des dispositions légales et conventionnelles en vigueur, ainsi qu’un modèle entreprises de presse
de commande et de bulletin de pige. d’information spécialisée
comportent certaines
clauses particulières dont la
référence à la carte d’iden-
Un contrat de travail tité professionnelle et la
mention expresse de la ces-
Face aux nombreux problèmes soulevés par les collaborateurs extérieurs de la ré- sion à titre exclusif et défini-
daction, dont les “pigistes”, il convient de s’interroger sur leur statut et leur place tif des droits d’auteur sur la
prestation fournie par le
dans l’entreprise et, notamment, sur le sort des journalistes professionnels rémuné-
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journaliste. Au contraire des
rés à la pige, salariés et liés à l’entreprise de presse par un contrat de travail. Les contrats classiques, les
contrats ainsi proposés s’adressent donc au personnel employé à titre occasionnel contrats excluent les notions
et rémunéré à la tâche. Sont exclus les auteurs salariés ou non, ainsi que les autres de temps de travail et de
collaborateurs extérieurs dès lors qu’ils ne sont pas journalistes professionnels lieu de travail prédéterminé.

Cette formule permet d’asseoir, dès l’origine, la relation dans le cadre du salariat ; au-
cun doute ne subsiste quant à l’existence d’un lien de subordination, puisqu’il est
fixé directement dans le contrat de travail. Avantage pour l’éditeur, le statut juri-
dique du collaborateur est clairement circonscrit sans aucune surprise ultérieure, no-
tamment lors d’une revendication contentieuse. En outre, il peut prévoir, dès la
signature du contrat, les droits et obligations du journaliste.

Si ces contrats ne présentent aucun caractère obligatoire, il convient cependant d’ob-


server que l’article L 761-2 du code du travail présume l’existence d’un contrat de
travail entre l’entreprise de presse et le journaliste professionnel. Dans ces condi-
tions et pour les raisons évoquées ci-dessus, il peut être préférable de préciser cette
relation en établissant un écrit sur la base des modèles proposés dans cette fiche pra-
tique.

LÉGICOM N° 14 – 1997/2 – 29
Les collaborateurs de la rédaction

Quatre modèles

Les contrats qui lient les Afin de prendre en compte les différentes situations, quatre modèles ont été établis,
pigistes à l’entreprise de à durée indéterminée ou déterminée.
presse fixent le lien de
subordination et donc l’exis- • Le contrat-cadre à durée indéterminée, vraisemblablement le plus courant, sup-
tence d’un lien salarial.
pose une collaboration récurrente du journaliste. Il s’applique pour les collabora-
teurs irréguliers, intervenant ponctuellement dans la publication.

• Les autres contrats sont à durée déterminée et peuvent être utilisés en cas d’ac-
croissement d’activité, pour remplacement d’un salarié absent ou, en dernier lieu et
si les autres contrats à durée déterminée ne peuvent être mis en œuvre, à titre
d’usage professionnel constant.

Ces contrats ont vocation à régir les rapports individuels de travail. La situation des
journalistes professionnels rémunérés à la pige au regard du droit collectif n’y est
pas évoquée sauf en ce qui concerne la convention collective. Il convient donc,
chaque fois que cela s’avère nécessaire, de les adapter en fonction des règles (ac-
cord collectif, usage) appliquées dans l’entreprise.

Quelques particularités

Le contrat à durée indéter- Dans le respect du code du travail et de la convention collective de travail des jour-
minée s’applique aux colla- nalistes, les contrats proposés sont applicables par les entreprises de presse d’infor-
borateurs intervenant
ponctuellement dans la
mation spécialisée. Outre les clauses figurant dans les contrats classiques, certaines
publication. dispositions particulières sont à signaler :
– référence à la carte d’identité professionnelle
(conformément à la convention collective) ;
– exclusion expresse de la loi de 1978 relative à la mensualisation et des disposi-
tions conventionnelles y afférentes (maintien du salaire en cas de maladie, etc.) ;
– absence de notion de temps de travail ;
– absence de lieu de travail prédéterminé ;
– modalités de prise en compte des frais professionnels ;
– paiement des congés payés et le cas échéant du 13e mois dans le respect de la
convention collective ;
– aucune obligation pour l’éditeur de fournir un volume de travail constant ou de
maintenir un niveau de rémunération déterminé (conformément à plusieurs juris-
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prudences dans ce sens) ;
– cession, à titre exclusif et définitif, des droits d’auteur sur les prestations fournies
Ces modèles de contrat pré- par le journaliste.
voient notamment la cession Enfin, certaines clauses pourront être adaptées ou modifiées suivant les vœux de
à titre exclusif et définitif
chacun. À cet effet, des options figurent en marge des contrats.
des droits d’auteur sur les
prestations fournies par le
journaliste. Le statut des collaborateurs de la rédaction

Différents types de collaborateurs cohabitent dans les entreprises de presse.


Parmi eux, les collaborateurs de la rédaction dont le statut social (droit du tra-
vail et/ou droit de la sécurité sociale) est parfois difficile à déterminer. Il peut
s’agir de journalistes professionnels ou d’auteurs et, dans les deux cas, de sala-
riés de l’entreprise de presse ou de non-salariés.
Si la distinction entre un auteur et un journaliste est aisée, puisque le code du travail
donne une définition du journaliste professionnel, par contre, la distinction entre un
collaborateur salarié et un collaborateur non salarié soulève davantage de difficultés.

Le lien de subordination

Le code du travail ne donne pas de définition du salariat. Pour distinguer le contrat


de travail d’autres formes de contrats donnant lieu à l’exécution d’une prestation ré-

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Les contrats de travail des journalistes professionnels rémunérés à la pige

munérée, la jurisprudence a donc été amenée à construire une définition dont le cri-
tère déterminant est le lien de subordination.
Le salarié est celui qui est lié à l’employeur par un lien de subordination, critère ju-
ridique caractérisant la relation entre deux personnes en contrat de travail. Le lien
de subordination est défini par le pouvoir de direction, de surveillance, d’instruc-
tion et de commandement de l’employeur à l’égard du salarié. Ce critère s’apprécie
au cas par cas et le juge dispose d’un pouvoir d’appréciation au vu des éléments qui
lui sont soumis ; tout moyen de preuve peut être apporté. À noter que le code du tra-
vail n’exige pas d’écrit en matière de contrat de travail.
Le lien de subordination est
Enfin, il faut souligner que c’est la nature de la relation (existence ou absence d’un
le critère qui caractérise
lien de subordination) qui détermine le statut applicable et non l’inverse. Par l’existence d’une relation de
exemple, le seul fait d’affilier un collaborateur à l’AGESSA n’en fait pas systémati- travail et qui différencie le
quement un auteur non salarié. contrat de travail du contrat
Enfin, ces mêmes règles sont applicables pour l’affiliation d’une personne au ré- de commande par exemple.
gime général de la sécurité sociale. Cependant, les critères peuvent varier entre droit
du travail et droit de la sécurité sociale ; c’est le cas notamment pour les journalistes
professionnels rémunérés à la pige (cf. ci-dessous).

Les journalistes professionnels

Est journaliste professionnel celui qui a pour occupation principale régulière et ré-
tribuée l’exercice de sa profession dans une ou plusieurs publications et qui en tire le
principal de ses ressources.
Sa collaboration peut être permanente ou occasionnelle (journaliste professionnel
rémunéré à la pige).
Il est présumé lié à l’entreprise de presse par un contrat de travail (article L 761-2
du code du travail). Il s’agit cependant d’une présomption simple et l’éditeur peut
apporter la preuve contraire notamment en démontrant l’absence de lien de subor-
dination entre le collaborateur et l’entreprise. Si l’existence d’un contrat de travail est
établie, le journaliste bénéficie des dispositions conventionnelles et légales en vi-
gueur.
Cette présomption s’applique même en cas de collaboration occasionnelle. Le fait
que la collaboration soit irrégulière ne suffit pas à démontrer l’absence de contrat
de travail.
Dans tous les cas (salarié ou non) il est affilié au régime général de la sécurité so-
ciale. L’article L 311-3 (16°) du code de la sécurité sociale prévoit l’affiliation des
journalistes professionnels et assimilés quelle que soit la nature du lien juridique qui
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les unit à l’entreprise de presse ou à l’agence.

Les auteurs

L’auteur est celui qui, bien que collaborant à l’entreprise de presse, ne correspond On distingue traditionnelle-
pas à la définition ci-dessus. Son activité au sein de la publication ne constitue pas ment les journalistes profes-
son occupation principale et il n’en tire pas la majorité de ses ressources. Il s’agit sou- sionnels des auteurs qui
vent d’universitaires, de médecins, d’ingénieurs, d’avocats, de fonctionnaires, etc. Il collaborent à l’entreprise de
presse sans que cela ne
peut être salarié de l’entreprise de presse et affilié au régime général de la sécurité so-
constitue leur occupation
ciale, ou non-salarié et affilié à l’AGESSA. principale.

En conclusion, il appartient à l’éditeur de placer la relation sur le plan du salariat ou


non et de rester vigilant quant au respect des règles rappelées ci-dessus.
Dans l’affirmative (si le collaborateur est un salarié) les modèles de contrat de travail
des journalistes professionnels rémunérés à la pige pourront être utilisés.

Olivier Léaurant
Chargé d'études
au service juridique de la FNPS

LÉGICOM N° 14 – 1997/2 – 31

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