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• Introduction
La condensation dans les parois est une problématique complexe qui devra être étudiée avec le plus grand soin. Dans
le fonctionnement normal d'une maison, l'air intérieur, chargé de vapeur d'eau va chercher à traverser le mur pour
s'équilibrer avec l'air extérieur plus froid mais moins chargé en vapeur d'eau. Cette vapeur d'eau contenue dans l'air risque
de condenser dans le mur si certaines précautions ne sont pas prises. C'est l'objet de ce cours.
• Diagramme de Phase
• Terminologie
La pression de vapeur saturante Pvs est la pression que l'on va trouver à la frontière entre un liquide et un gaz.
C'est la pression à laquelle un fluide passe de l'état gazeux à l'état liquide (ou de l'état liquide à gazeux) pour une
température donnée.
Si la température du fluide augmente, la pression à laquelle le
fluide passe de l’état liquide à gazeux (pression de vapeur saturante)
augmente.
La pression de vapeur saturante est la pression partielle de la
vapeur d'un corps pur à partir de laquelle une partie du corps pur passe
sous forme liquide ou solide.
Quand la pression partielle de la vapeur est égale à la pression
de vapeur saturante d'une substance, les phases gazeuse, liquide ou
solide sont en équilibre. A l'équilibre l'eau se rassemblera sous forme
de gouttelettes sphériques pour équilibrer les forces en présence. Dans
l'espace cette problématique est encore plus nette, voir ici.
Les manifestations de la saturation de vapeur d'eau dans l'atmosphère sont nombreuses : apparition de « vapeur »
(en réalité des petites gouttelettes d'eau) au-dessus d'une casserole d'eau chaude, formation de buée, de rosée, de givre
(saturation par rapport à la glace), de brouillard, de précipitations ou de nuages.
La pression de vapeur saturante de l'air humide représente donc une humidité relative de 100 % (humidité
absolue de saturation). Elle augmente avec la température (voir le tableau ci-dessous).
Dans un hammam on se situe à la pression de vapeur
saturante. On est à l'équilibre et l'eau se rassemble sous forme
de gouttelettes.
Le point de rosée est la température à laquelle l’humidité d’un gaz, comme l’air, se condense ou se liquéfie pour
former des gouttelettes d’eau. Ce phénomène physique est dépendant de la pression, de l'hygrométrie et de la
température. Sur le diagramme de Mollier, cela correspond au franchissement de la courbe de saturation (100%) lors
d'une baisse de température.
Remarque : La masse volumique de l'air est faible 1,225 kg/m3 au niveau de la mer à 15 °C en comparaison
celle de l'eau est de 1000 kg/m3 à 20 °C.
Les matériaux
perspirants sont des
matériaux dits «ouverts» qui
permettent la diffusion de la
vapeur d’eau.
La condensation
dans la masse, c’est le
passage de l’eau de l’état
gazeux à l’état liquide à
l’intérieur d’une paroi opaque.
Comportement des
matériaux à la vapeur d’eau :
Chaque matériau offre une
certaine résistance à la
migration de la vapeur d’eau,
cette résistance s’exprime par :
- le coefficient de
résistance à la diffusion de
vapeur d’eau : μ (sans unité)
- la résistance à la
diffusion de vapeur d’eau Sd
(en mètre)
Dans l'exemple ci-dessus on se positionne au départ à 21°C avec une humidité relative de l'air de 50%. A cette
température l'air est capable d'absorber le double de la quantité d'eau admise avant saturation. Lorsque la température
décroit on constate que pourcentage d'humidité relative croit pour un même volume d'eau. A 18°C l'air est saturé à 60%
de sa capacité à absorber de l'eau à cette température, à 16° il est saturé à 70% et à 10.5°C il est saturé à 100%. On est là
au point de rosée et si la température continue à baisser, l'eau sera rendue par l'air sous forme de condensation.
Le Sd (m) d'un matériau correspond à la résistance du matériau à la diffusion de vapeur, elle désigne l'épaisseur de
la couche d’air équivalente (en mètres) à la diffusion de la vapeur d’eau. Il est égal au produit du facteur de résistance à la
diffusion de la vapeur d'eau d'un matériau par son épaisseur.
Sd = µ x e
Un matériau ayant un Sd de 5 m exerce la même résistance à la vapeur d’eau qu’une lame d’air immobile de 5 m
de largeur. Pour illustrer le propos imaginons une casserole pleine d'eau en train de bouillir, un pare vapeur avec un Sd de
5 mètres laissera passer autant de vapeur qu'une lame d'air d'une épaisseur de 5 mètres située au dessus de la casserole.
Plus le μ et donc le Sd d’un matériau sont grands, plus ce matériau s’oppose à la migration de la vapeur d’eau.
(pi) (g/m.h.mmHg) c'est la perméabilité à la vapeur d’eau d’un matériau, elle représente la quantité d’humidité
traversant ce matériau. Elle représente la quantité d’humidité traversant un mètre d’épaisseur de matériau par heure pour
une différence de pression d’un millimètre de mercure entre les deux faces. Plus cette valeur est faible, moins le matériau
laisse transiter la vapeur d’eau.
µ (mu, sans unité) est le facteur de résistance à la diffusion de la vapeur d’eau d’un matériau. Il indique dans
quelle mesure la vapeur d’eau traverse plus difficilement ce matériau que l’air. La valeur d’un matériau est toujours
supérieure à 1. La valeur µ représente le coefficient de résistance à la diffusion de vapeur d'eau. Cette valeur est
normalement sans unité mais elle compare la résistance à la vapeur d'eau d'un matériau à celle de l'air immobile de même
épaisseur.
Le pare vapeur empêche le passage de la vapeur d’eau, il se place du côté intérieur de l’habitation et possède un
Sd > 10 m
Remarque : le pare pluie se posera en sous toiture à l'extérieur du mur. Son rôle est d'assurer l’étanchéité à l’eau
mais il doit laisser passer la vapeur d’eau c'est le principe d'une veste en gortex. Le Sd d'un pare pluie est de l'ordre de
0.18m.
Dans toute situation les forces en jeu cherchent l’équilibre. Pour un mur soumis à deux températures différentes
l’équilibre existera lorsque les deux températures seront équilibrées, ce que l’on cherche à éviter en interposant de l’isolant.
Mais un autre déséquilibre existe dans cette situation et maintenu, c’est la pression de vapeur des deux côtés du mur. Ces
pressions sont différentes et la pression de vapeur à l’intérieur du bâtiment va pousser la vapeur d’eau vers l’extérieur. Il
faut alors absolument éviter que la pression de la vapeur d’eau superficielle soit supérieure à la pression de saturation
maximum et lui permette ainsi de condenser dans le mur, ce qui conduirait irrémédiablement à la ruine du mur.
• Méthode Glaser
La méthode dite de «Glaser» considère que le régime
hygrothermique auquel est soumis la paroi est statique (la
température et l’humidité de part et d’autre restent
constantes dans le temps). La paroi doit être rejetée si la
courbe de pression partielle de vapeur d’eau, notée pv,
croise la courbe de pression de saturation, notée pvs,
comme illustré sur la figure ci-contre. Cette méthode est
rapide et ne demande de connaître que la conductivité
thermique λ [W/m.K] et la résistance à la diffusion de
vapeur d’eau µ des matériaux qui composent la paroi. Ces
données sont largement disponibles dans la littérature.
Le grand avantage de la méthode de Glaser, c’est qu’elle donne une réponse binaire : s’il n’y a pas de condensation
prévue, il n’y a pas de risque. Cette méthode peut être considérée comme trop sécuritaire, de nombreuses configurations
de parois doivent être rejetées alors qu’elles ne présentent pas de risque en pratique.
Les principales limites de cette méthode sont d’être exclusivement statique et de ne pas considérer les transferts
(absorption et redistribution) et le stockage d’eau liquide dans les pores du matériau. En fait, elle ne prend donc pas en
compte les effets de la pluie, du soleil (ou du vent), qui sont pourtant significatifs du point de vue du comportement
hygrothermique et de la durabilité (dans le temps) du composant.
Certaines méthodes ont été dérivées de la méthode de Glaser et permettent d’obtenir plus d’information sur les
quantités de condensats et la répartition des éventuelles condensations dans le temps. Elles permettent donc de vérifier la
durée du séchage initial et de distinguer les condensations éphémères, qui se résorbent rapidement, des condensations
rémanentes, qui s’accumulent au cours du temps.
• Etude expérimentale
Soit un mur homogène composé de
l’intérieur vers l’extérieur de BA13, d'un
isolant en fibre de verre, d'OSB, d'un isolant
en ouate de cellulose, d'un isolant en fibre de
bois, d'un crépis. Ce mur est soumis à une
température intérieure de 19° pour une
humidité relative de 60% et une température
extérieure de -9° pour une HR de 90%.
On souhaite caractériser les flux
thermiques et hygrométriques de cette paroi.
Désignation Epaisseur λ R
T superficielle de la paroi
T1 = 19-0.6= 18.4°
intérieure
Interface placo/fibre de verre T2 = 18.2°C
Interface fibre de verre/OSB T3 = 14.3°C
Interface OSB/Ouate de cellulose T4 = 13.9°C
Interface Ouate /Fibre de bois T5 = -2.9°C
Interface Fibre de bois/Crépis T6 = -8.6°C
T superficielle de la paroi
T7 = -8.7°C
extérieure
T extérieure Text = -9°C
Pour calculer la pression vapeur saturante Pvs, on utilisera la formule Pvs = 10u en Pascals. On calculera « u » à
l’aide des formules ci-dessous en fonction de la température :
T en °C u Pvs en Pa
Tint 19,0 3,34 2187,86
T1 18,4 3,33 2120,5
T2 18,2 3,32 2085,8
T3 14,3 3,21 1626,2
T4 13,9 3,20 1584,0
T5 -2,9 2,68 480,1
T6 -8,6 2,47 293,4
T7 -8,7 2,46 290,6
Text -9,0 2,45 283,9
Remarque : attention les calculs de la pression de vapeur saturante (Pvs) sont réalisés avec la valeur non arrondie
du coefficient u, ce qui entraîne une légère variation du résultat.
- Calcul des pressions réelles intérieure et extérieure
Pour obtenir les pressions réelles intérieure et extérieure on multipliera les pressions de saturation intérieure et
extérieure par le pourcentage d’humidité relative. On obtient alors :
Pour calculer la résistance à la diffusion d’une couche de matériau « g », on utilisera la formule extraite du
Recknagel (Manuel du Génie Climatique) :
Facteur de Résistance à
Epaisseur
résistance la diffusion
Désignations Cumul
e d'une couche
µ de matériau
Pression
Pression réelle
Températures vapeur
u de vapeur Pv
internes saturante Pvs
Pvs = 10u Pv - (Rdxg)
Tint 19 3,34 2197,6 1318,6
T1 18,4 3,33 2120,5 1265,4
T2 18,2 3,32 2085,8 1252,3
T3 14,3 3,21 1626,2 455,1
T4 13,9 3,20 1584,0 407,7
T5 -2,9 2,68 480,1 309,5
T6 -8,6 2,47 293,4 255,5
T7 -8,7 2,46 290,6 255,5
Text -9,0 2,45 283,9 255,5
Tant que Pv est inférieure à Pvs, tout va bien, il n'y a pas de risque de condensation dans le mur. Par contre dès
qu'on le dépasse, il y a condensation.
- Profil de température dans le mur en °C
Interprétation : A droite en coupe horizontale, la localisation du plan de coupe vertical. A gauche, l'évolution de la
température dans le mur en noir et l'évolution de la température de saturation en bleu. Si la courbe bleue croisait la
courbe noire, alors il y aurait condensation dans le mur, ce n'est pas le cas dans cet exemple. Lorsque la température
baisse, tout de suite les deux courbes se rapprochent, mais en 3, l'OSB se comporte comme frein vapeur et freine la
diffusion de la vapeur d'eau à travers le mur. La température de saturation baisse drastiquement alors que la température
du mur continue à baisser lentement
C'est le même cas que précédemment, mais cette fois cherche à suivre la saturation de l'air. Interprétation : on
représente, par la droite bleue, la saturation de l'air en eau à 100%. En noir on représente l'humidité relative de l'air en %.
Tant que la courbe noire n'atteint pas la droite bleue, tout se passe bien.