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La condensation dans les parois

• Introduction

La condensation dans les parois est une problématique complexe qui devra être étudiée avec le plus grand soin. Dans
le fonctionnement normal d'une maison, l'air intérieur, chargé de vapeur d'eau va chercher à traverser le mur pour
s'équilibrer avec l'air extérieur plus froid mais moins chargé en vapeur d'eau. Cette vapeur d'eau contenue dans l'air risque
de condenser dans le mur si certaines précautions ne sont pas prises. C'est l'objet de ce cours.

• Diagramme de Phase

Diagramme (P,V,T), Pression, Volume,


Température est un diagramme tridimensionnel qui
permet de de donner une représentation de
l’évolution du comportement d'un corps pur dans le
cas de changements d'état (gaz-liquide-solide).

Il est possible de représenter le comportement


de l’eau suivant ses trois phases, solide, liquide,
gazeux.
Ce diagramme tridimensionnel est construit à
partir de trois diagrammes utilisés en
thermodynamique : les diagrammes de changement
d'état, les diagrammes isothermes de Clapeyron et
les diagrammes isobares.
Pour plus de lisibilité on utilise le diagramme pression température qui permet plus simplement de visualiser les
changements de phases :

Changements de phases Diagramme fréquemment utilisé

• Terminologie

La pression de vapeur saturante Pvs est la pression que l'on va trouver à la frontière entre un liquide et un gaz.
C'est la pression à laquelle un fluide passe de l'état gazeux à l'état liquide (ou de l'état liquide à gazeux) pour une
température donnée.
Si la température du fluide augmente, la pression à laquelle le
fluide passe de l’état liquide à gazeux (pression de vapeur saturante)
augmente.
La pression de vapeur saturante est la pression partielle de la
vapeur d'un corps pur à partir de laquelle une partie du corps pur passe
sous forme liquide ou solide.
Quand la pression partielle de la vapeur est égale à la pression
de vapeur saturante d'une substance, les phases gazeuse, liquide ou
solide sont en équilibre. A l'équilibre l'eau se rassemblera sous forme
de gouttelettes sphériques pour équilibrer les forces en présence. Dans
l'espace cette problématique est encore plus nette, voir ici.

Lorsque l'on est hors équilibre :


- si la pression de vapeur est inférieure à la pression de vapeur saturante, une portion de liquide ou de
solide passe sous forme gazeuse (évaporation, vaporisation ou sublimation) ;
- si la pression de vapeur est supérieure à la pression de vapeur saturante, une portion de la vapeur
passe sous forme liquide ou solide (liquéfaction, condensation).

Les manifestations de la saturation de vapeur d'eau dans l'atmosphère sont nombreuses : apparition de « vapeur »
(en réalité des petites gouttelettes d'eau) au-dessus d'une casserole d'eau chaude, formation de buée, de rosée, de givre
(saturation par rapport à la glace), de brouillard, de précipitations ou de nuages.
La pression de vapeur saturante de l'air humide représente donc une humidité relative de 100 % (humidité
absolue de saturation). Elle augmente avec la température (voir le tableau ci-dessous).
Dans un hammam on se situe à la pression de vapeur
saturante. On est à l'équilibre et l'eau se rassemble sous forme
de gouttelettes.

La pression de vapeur, Pv, est la pression partielle de


la vapeur d'un corps présent également sous forme liquide ou
solide.

Le transfert de vapeur d’eau est le transfert entre l’air


fortement chargé en vapeur d’eau (humidité relative HR) et de
l’air moins chargé en vapeur d’eau.

L’humidité relative (HR) de l'air, ou degré


hygrométrique, couramment notée φ, correspond au rapport de
la pression partielle de la vapeur d'eau contenue dans l'air sur la
pression de vapeur
saturante (ou tension de
vapeur) à la même
température.
C'est une mesure
du rapport entre le
contenu en vapeur d'eau de l'air et sa capacité maximale à en
contenir dans ces conditions. Ce rapport changera si on change la température ou la pression bien que l'humidité absolue
de l'air n'ait pas changé. Elle est mesurée à l'aide d'un hygromètre.
A 20 °C, 1 kg d’air peut contenir jusqu'à 14,7 g de vapeur d’eau. A température et pression données, le
pourcentage d’eau sous forme gazeuse par rapport à cette valeur maximale est appelée « Humidité Relative de l’air »
(HR). L’air atteint son point de rosée avec une Humidité Relative de 100 %. Au-delà de ce point, la vapeur se condense
en gouttelettes.

Le point de rosée est la température à laquelle l’humidité d’un gaz, comme l’air, se condense ou se liquéfie pour
former des gouttelettes d’eau. Ce phénomène physique est dépendant de la pression, de l'hygrométrie et de la
température. Sur le diagramme de Mollier, cela correspond au franchissement de la courbe de saturation (100%) lors
d'une baisse de température.
Remarque : La masse volumique de l'air est faible 1,225 kg/m3 au niveau de la mer à 15 °C en comparaison
celle de l'eau est de 1000 kg/m3 à 20 °C.
Les matériaux
perspirants sont des
matériaux dits «ouverts» qui
permettent la diffusion de la
vapeur d’eau.
La condensation
dans la masse, c’est le
passage de l’eau de l’état
gazeux à l’état liquide à
l’intérieur d’une paroi opaque.
Comportement des
matériaux à la vapeur d’eau :
Chaque matériau offre une
certaine résistance à la
migration de la vapeur d’eau,
cette résistance s’exprime par :
- le coefficient de
résistance à la diffusion de
vapeur d’eau : μ (sans unité)
- la résistance à la
diffusion de vapeur d’eau Sd
(en mètre)

Dans l'exemple ci-dessus on se positionne au départ à 21°C avec une humidité relative de l'air de 50%. A cette
température l'air est capable d'absorber le double de la quantité d'eau admise avant saturation. Lorsque la température
décroit on constate que pourcentage d'humidité relative croit pour un même volume d'eau. A 18°C l'air est saturé à 60%
de sa capacité à absorber de l'eau à cette température, à 16° il est saturé à 70% et à 10.5°C il est saturé à 100%. On est là
au point de rosée et si la température continue à baisser, l'eau sera rendue par l'air sous forme de condensation.

• A quoi correspond le Sd d'un matériau ?

Le Sd (m) d'un matériau correspond à la résistance du matériau à la diffusion de vapeur, elle désigne l'épaisseur de
la couche d’air équivalente (en mètres) à la diffusion de la vapeur d’eau. Il est égal au produit du facteur de résistance à la
diffusion de la vapeur d'eau d'un matériau par son épaisseur.
Sd = µ x e

Un matériau ayant un Sd de 5 m exerce la même résistance à la vapeur d’eau qu’une lame d’air immobile de 5 m
de largeur. Pour illustrer le propos imaginons une casserole pleine d'eau en train de bouillir, un pare vapeur avec un Sd de
5 mètres laissera passer autant de vapeur qu'une lame d'air d'une épaisseur de 5 mètres située au dessus de la casserole.
Plus le μ et donc le Sd d’un matériau sont grands, plus ce matériau s’oppose à la migration de la vapeur d’eau.

(pi) (g/m.h.mmHg) c'est la perméabilité à la vapeur d’eau d’un matériau, elle représente la quantité d’humidité
traversant ce matériau. Elle représente la quantité d’humidité traversant un mètre d’épaisseur de matériau par heure pour
une différence de pression d’un millimètre de mercure entre les deux faces. Plus cette valeur est faible, moins le matériau
laisse transiter la vapeur d’eau.

µ (mu, sans unité) est le facteur de résistance à la diffusion de la vapeur d’eau d’un matériau. Il indique dans
quelle mesure la vapeur d’eau traverse plus difficilement ce matériau que l’air. La valeur d’un matériau est toujours
supérieure à 1. La valeur µ représente le coefficient de résistance à la diffusion de vapeur d'eau. Cette valeur est
normalement sans unité mais elle compare la résistance à la vapeur d'eau d'un matériau à celle de l'air immobile de même
épaisseur.

• Le pare vapeur et le frein vapeur

Le frein vapeur freine le passage de la vapeur d’eau ( murs perspirants ) il aura un Sd = 1 à 5 m


On parle de frein de vapeur «intelligent» lorsque la membrane du frein de vapeur est à diffusion variable. Elle est
alors composée de pores qui s’ouvrent ou se ferment en fonction de l’humidité de l’air, il peut être frein de vapeur ou
pare vapeur.

Le pare vapeur empêche le passage de la vapeur d’eau, il se place du côté intérieur de l’habitation et possède un
Sd > 10 m

Remarque : le pare pluie se posera en sous toiture à l'extérieur du mur. Son rôle est d'assurer l’étanchéité à l’eau
mais il doit laisser passer la vapeur d’eau c'est le principe d'une veste en gortex. Le Sd d'un pare pluie est de l'ordre de
0.18m.

• La problématique de la diffusion de vapeur d’eau dans les murs

Dans toute situation les forces en jeu cherchent l’équilibre. Pour un mur soumis à deux températures différentes
l’équilibre existera lorsque les deux températures seront équilibrées, ce que l’on cherche à éviter en interposant de l’isolant.
Mais un autre déséquilibre existe dans cette situation et maintenu, c’est la pression de vapeur des deux côtés du mur. Ces
pressions sont différentes et la pression de vapeur à l’intérieur du bâtiment va pousser la vapeur d’eau vers l’extérieur. Il
faut alors absolument éviter que la pression de la vapeur d’eau superficielle soit supérieure à la pression de saturation
maximum et lui permette ainsi de condenser dans le mur, ce qui conduirait irrémédiablement à la ruine du mur.

• Méthode Glaser
La méthode dite de «Glaser» considère que le régime
hygrothermique auquel est soumis la paroi est statique (la
température et l’humidité de part et d’autre restent
constantes dans le temps). La paroi doit être rejetée si la
courbe de pression partielle de vapeur d’eau, notée pv,
croise la courbe de pression de saturation, notée pvs,
comme illustré sur la figure ci-contre. Cette méthode est
rapide et ne demande de connaître que la conductivité
thermique λ [W/m.K] et la résistance à la diffusion de
vapeur d’eau µ des matériaux qui composent la paroi. Ces
données sont largement disponibles dans la littérature.

Le grand avantage de la méthode de Glaser, c’est qu’elle donne une réponse binaire : s’il n’y a pas de condensation
prévue, il n’y a pas de risque. Cette méthode peut être considérée comme trop sécuritaire, de nombreuses configurations
de parois doivent être rejetées alors qu’elles ne présentent pas de risque en pratique.
Les principales limites de cette méthode sont d’être exclusivement statique et de ne pas considérer les transferts
(absorption et redistribution) et le stockage d’eau liquide dans les pores du matériau. En fait, elle ne prend donc pas en
compte les effets de la pluie, du soleil (ou du vent), qui sont pourtant significatifs du point de vue du comportement
hygrothermique et de la durabilité (dans le temps) du composant.
Certaines méthodes ont été dérivées de la méthode de Glaser et permettent d’obtenir plus d’information sur les
quantités de condensats et la répartition des éventuelles condensations dans le temps. Elles permettent donc de vérifier la
durée du séchage initial et de distinguer les condensations éphémères, qui se résorbent rapidement, des condensations
rémanentes, qui s’accumulent au cours du temps.

Quand peut-il y avoir de la condensation interne ?

L'air contient une certaine quantité de vapeur d'eau en


fonction de sa température (=humidité relative)
Lorsque cette quantité est atteinte, le surplus se condense.
C'est logique puisque la température de la paroi diminue au fur
et à mesure que l'on traverse des matériaux isolants. Le
phénomène se produit lorsque, sur le graphe Glaser, la pression
partielle croise la pression de saturation.
Par contre l'expression pression de vapeur désigne la
pression partielle de vapeur et non la pression de vapeur
saturante, l’ambiguïté est renforcée par l'expression anglaise
« vapour pressure » qui désigne, elle, la pression de vapeur
saturante.

• Etude expérimentale
Soit un mur homogène composé de
l’intérieur vers l’extérieur de BA13, d'un
isolant en fibre de verre, d'OSB, d'un isolant
en ouate de cellulose, d'un isolant en fibre de
bois, d'un crépis. Ce mur est soumis à une
température intérieure de 19° pour une
humidité relative de 60% et une température
extérieure de -9° pour une HR de 90%.
On souhaite caractériser les flux
thermiques et hygrométriques de cette paroi.

- Calcul de la résistance totale de la paroi Rt :

Désignation Epaisseur λ R

mètres W/(m.K) m².K/W


Intérieur - Rsi 0,130
Placoplâtre (1) 0,015 0,25 0,050
Fibre de verre (2) 0,04 0,045 0,889
OSB (3) 0,012 0,13 0,092
Ouate de cellulose
0,145 0,038 3,816
(4)
Fibre de bois (5) 0,06 0,046 1,304
Crépis (6) 0,005 0,2 0,025
Extérieur - Rse 0,060
Rt = 6,366

- Calcul du flux thermique :

Avec la résistance totale, on obtient le coefficient de déperdition thermique Up


Le flux thermique Φ permet de connaître la répartition des températures à l’intérieur de la paroi :

Φ = Up (Tint – Text) = 0.157 x (19-(-9)) = 4.39 W/m²

Formule de calcul des variations de températures : Tint – T1 = Φ x R1

T superficielle de la paroi
T1 = 19-0.6= 18.4°
intérieure
Interface placo/fibre de verre T2 = 18.2°C
Interface fibre de verre/OSB T3 = 14.3°C
Interface OSB/Ouate de cellulose T4 = 13.9°C
Interface Ouate /Fibre de bois T5 = -2.9°C
Interface Fibre de bois/Crépis T6 = -8.6°C
T superficielle de la paroi
T7 = -8.7°C
extérieure
T extérieure Text = -9°C

- Transfert de masse d’eau et de vapeur par diffusion :

Pour calculer la pression vapeur saturante Pvs, on utilisera la formule Pvs = 10u en Pascals. On calculera « u » à
l’aide des formules ci-dessous en fonction de la température :

-30 °C < T < 0 °C : u = 2.7862 + {(9.7561x T) / (272.67+T)}


0 °C< T < 50 °C : u = 2.7862 + {(7.5526xT)/(239.21+T)

T en °C u Pvs en Pa
Tint 19,0 3,34 2187,86
T1 18,4 3,33 2120,5
T2 18,2 3,32 2085,8
T3 14,3 3,21 1626,2
T4 13,9 3,20 1584,0
T5 -2,9 2,68 480,1
T6 -8,6 2,47 293,4
T7 -8,7 2,46 290,6
Text -9,0 2,45 283,9

Remarque : attention les calculs de la pression de vapeur saturante (Pvs) sont réalisés avec la valeur non arrondie
du coefficient u, ce qui entraîne une légère variation du résultat.
- Calcul des pressions réelles intérieure et extérieure

Pour obtenir les pressions réelles intérieure et extérieure on multipliera les pressions de saturation intérieure et
extérieure par le pourcentage d’humidité relative. On obtient alors :

Intérieur : Pvi = 2197.6 x 60% = 1318.6 Pa

Extérieur : Pve = 283.9 x 90% = 255.5 Pa

- Quantité de vapeur diffusée

Pour calculer la résistance à la diffusion d’une couche de matériau « g », on utilisera la formule extraite du
Recknagel (Manuel du Génie Climatique) :

Où RD = 1.5 x 106 x µ x e [m².h.Pa/kg]

Facteur de Résistance à
Epaisseur
résistance la diffusion
Désignations Cumul
e d'une couche
µ de matériau

sans mètres m².h.Pa/kg


Intérieur - Rsi 0 0,000
Placoplâtre 13 0,0125 243750 243 750
Fibre de verre 1 0,04 60000 303 750
OSB 203 0,012 3654000 3 957 750
Ouate de
1 0,145 217500 4 175 250
cellulose
Fibre de bois 5 0,06 450000 4 625 250
Crépis 33 0,005 247500 4 872 750
Extérieur - Rse 0 4 872 750
Total = 4 872 750

On trouve alors la quantité de vapeur d’eau diffusée :


d'où g = 0.218 x 10-3 kg/m².h

soit 0.22 gramme par mètre carré et par heure.

- Calcul des pressions réelles de vapeur

Pour le calcul des pressions superficielles on utilisera la formule suivante :

Pvi+1 = Pvi – (g x RD)

Pour le BA13 : Pv1 = Pvint – (g x RD) = 1265,4 Pa

Pression
Pression réelle
Températures vapeur
u de vapeur Pv
internes saturante Pvs
Pvs = 10u Pv - (Rdxg)
Tint 19 3,34 2197,6 1318,6
T1 18,4 3,33 2120,5 1265,4
T2 18,2 3,32 2085,8 1252,3
T3 14,3 3,21 1626,2 455,1
T4 13,9 3,20 1584,0 407,7
T5 -2,9 2,68 480,1 309,5
T6 -8,6 2,47 293,4 255,5
T7 -8,7 2,46 290,6 255,5
Text -9,0 2,45 283,9 255,5

Tant que Pv est inférieure à Pvs, tout va bien, il n'y a pas de risque de condensation dans le mur. Par contre dès
qu'on le dépasse, il y a condensation.
- Profil de température dans le mur en °C

Le dessin, ci-dessus, correspond au thème du centre médicalisée.

Interprétation : A droite en coupe horizontale, la localisation du plan de coupe vertical. A gauche, l'évolution de la
température dans le mur en noir et l'évolution de la température de saturation en bleu. Si la courbe bleue croisait la
courbe noire, alors il y aurait condensation dans le mur, ce n'est pas le cas dans cet exemple. Lorsque la température
baisse, tout de suite les deux courbes se rapprochent, mais en 3, l'OSB se comporte comme frein vapeur et freine la
diffusion de la vapeur d'eau à travers le mur. La température de saturation baisse drastiquement alors que la température
du mur continue à baisser lentement

- Profil d'humidité dans le mur en %

C'est le même cas que précédemment, mais cette fois cherche à suivre la saturation de l'air. Interprétation : on
représente, par la droite bleue, la saturation de l'air en eau à 100%. En noir on représente l'humidité relative de l'air en %.
Tant que la courbe noire n'atteint pas la droite bleue, tout se passe bien.

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