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Silva Markovic-Plese  •  Susan A. Gaylord  •  J. Douglas Mann 133

Sclérose en plaques

Introduction
La sclérose en plaques (SEP) est une maladie de la substance blanche du système nerveux central (SNC) qui
affecte les jeunes adultes, avec un pic d’incidence entre 20 et 30 ans. La prévalence de la maladie aux États-
Unis est proche de 300 000. L’impact de la SEP est considérable étant donné l’âge de début, la perte de temps
professionnelle et familiale et la réduction globale de la qualité de vie.
Le diagnostic de la SEP est basé sur l’anamnèse et l’examen neurologique, associés à l’imagerie par réso-
nance magnétique (IRM) et, dans certains cas, à une ponction lombaire de confirmation (PL). Le traitement de
la SEP a progressé grâce à une meilleure compréhension des mécanismes immunitaires responsables des
lésions du système nerveux, ce qui a conduit au développement de thérapies immunomodulatrices conçues
pour bloquer des étapes particulières du processus physiopathologique. Au cours des 10 dernières années,
six traitements immunomodulateurs ont été approuvés pour la SEP et sont maintenant couramment utilisés
chez la plupart des patients atteints d’une forme rémittente-récurrente (RR) de la maladie. Ils diminuent effi-
cacement la formation de nouvelles lésions, le taux de rechute et l’aggravation de l’invalidité.

Étiologie et pathogénie l’endroit où l’on avait passé les 15 premières années de sa


vie. La fréquence de l’affection augmente avec l’éloigne-
La SEP est une maladie inflammatoire chronique du SNC.
ment de l’équateur dans les deux hémisphères. Les person-
La plupart des études suggèrent une étiologie auto-
nes d’origine nord-européenne courent un risque
immune, qui entraîne une démyélinisation périvasculaire
relativement élevé, alors que pour les Afro-Américains, le
de la substance blanche du SNC. Les mécanismes de la
risque est de moitié moindre que celui des Blancs. Aux
remyélinisation ne sont pas complètement efficaces, d’où
États-Unis, le risque est également plus faible, dans l’en-
des récupérations partielles et l’accumulation de déficits à
semble, pour les Asiatiques et les Hispaniques. Ce facteur
la suite des attaques répétées. Les mécanismes spécifiques
géographique est-il lié à l’environnement ou à la généti-
responsables du déclenchement, de l’entretien et de l’arrêt
que ? La réponse reste inconnue.
des attaques font l’objet de recherches intensives.
Bien que des variations saisonnières dans l’activité de la
Des facteurs génétiques et environnementaux jouent un
maladie aient été signalées, son cours est largement indépen-
rôle dans le développement de la maladie. Les personnes
dant des facteurs environnementaux. Un traumatisme phy-
dont le complexe majeur d’histocompatibilité comporte les
sique, un stress émotionnel et des infections respiratoires
allèles HLA-DR2, B7, A3 sont plus à risque de développer
supérieures ont été impliqués et peuvent déclencher des
une SEP, mais de nombreux autres gènes sont très proba-
poussées. Une température corporelle élevée met en évi-
blement impliqués. Les études de jumeaux confirment l’in-
dence, de manière temporaire, des déficits neurologiques
fluence des facteurs génétiques : le taux de concordance
latents et réversibles secondaires à l’altération de la transmis-
entre monozygotes est de 35 %, alors qu’il n’est que de
sion nerveuse par des axones partiellement démyélinisés.
5  % chez les jumeaux dizygotes. Les parents au premier
degré courent un risque plus grand d’au moins 10 % de
contracter la maladie par rapport à une population non
Tableau clinique
apparentée du même âge.
D’anciennes études épidémiologiques rapportaient que En règle générale, de multiples attaques surviennent au
le risque de développer une SEP dépendait en partie de cours de plusieurs années, impliquant de multiples zones

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1020 SECTION XIII  j  Troubles neurologiques

Figure 133.1  Sclérose en plaques : plaques dans le système nerveux central.

Zones sclérotiques dans un pédoncule cérébelleux

Démyélination de la substance blanche dans


le lobe frontal d’un hémisphère cérébral

Dans la moelle épinière cervicale

Dans le bulbe rachidien

Dans la moelle épinière thoracique

de la substance blanche du SNC, dans lesquelles se for- semaines. Des symptômes sensoriels, une faiblesse muscu-
ment les plaques (figure 133.1). Différents types d’attaque laire, une cécité monoculaire, une vision double (voir la
se rencontrent. Dans environ 85 % des cas, c’est la forme figure 133.2), des vertiges, une incoordination, des trou-
RR que l’on observe, surtout chez les femmes jeunes ; elle bles vésicaux sont parmi les manifestations les plus fré-
commence souvent avec d’importants symptômes visuels quentes de la SEP. Des symptômes variés, qui reflètent
de type sensoriel (figure 133.2). Dans ce groupe, la fré- l’implication de multiples régions de la substance blanche,
quence moyenne des poussées est inférieure à une par an. peuvent apparaître au cours d’une seule attaque. Les pre-
La SEP RR n’est pas seulement le sous-type le plus mières poussées, en particulier si elles ne sont pas associées
répandu ; elle est également le sous-type qui répond favo- à des déficits visuels ou moteurs, ont tendance à passer
rablement aux traitements immunomodulateurs. La SEP inaperçues, si ce n’est a posteriori ; on les attribue souvent
progressive chronique sans rémissions touche au plus à des causes virales, au stress ou à un traumatisme mineur.
10 % des patients, généralement à un âge plus avancé, et Certains patients présentent des épisodes récurrents impli-
plus fréquemment chez les hommes. Chez la moitié des quant la même région cérébrale. Des symptômes diffus,
personnes atteintes de SEP RR, une forme progressive se notamment de la fatigue, des déficits cognitifs, des dou-
développe après 10 ans ; elle est appelée « SEP progressive leurs diffuses et de la dépression, suivent généralement les
secondaire ». Une évolution fulminante sans rémission premières attaques. Le moment des poussées et le degré
est rarement rencontrée. Des cas d’attaques isolées sans de récupération sont très variables et sont le mieux prédits
progression ont été signalés. Les patients présentant un par l’évolution clinique au cours des 2 premières années,
syndrome clinique isolé ou une première attaque clinique par l’accumulation des lésions à l’IRM et par l’augmenta-
évocatrice de SEP qui, en outre, ont une IRM compatible tion de contraste des lésions à l’IRM, ce qui suggère des
avec une SEP courent un risque de 80 % de développer modifications inflammatoires aiguës.
une SEP clinique dans les 2 ans. Récemment, les efforts Au début, la douleur est rare, bien que deux tiers des
ont porté sur le lancement d’un traitement immunomo- patients atteints de SEP souffrent de douleur à un
dulateur aussi tôt que possible afin de réduire l’invalidité moment donné au cours de leur maladie. Les syndromes
à long terme. Cette stratégie nécessite un diagnostic pré- douloureux comprennent une douleur neuropathique
coce, ce qui est rendu possible grâce aux progrès de centrale avec des sensations de brûlure et une douleur
l’IRM. radiculaire semblable à la névralgie du trijumeau. Le
Les symptômes de la forme RR se manifestent en quel- signe de Lhermitte est une sensation douloureuse, sem-
ques heures ou en quelques jours, et sont suivis par une blable à un choc électrique, généralement ressentie dans
récupération qui peut durer de plusieurs jours à plusieurs le cou, le haut du dos ou les membres, survenant spon-
133  j  Sclérose en plaques 1021

Figure 133.2  Sclérose en plaques.

Manifestations oculaires de la sclérose en plaques

Les champs visuels révèlent un scotome


Cécité unilatérale soudaine, autolimitée Pâleur temporale dans le disque optique, central dû à une névrite rétrobulbaire aiguë
(habituellement, 2 à 3 semaines). La causée par une récupération retardée
personne, en couvrant un œil, réalise du côté temporal du nerf optique (II)
brusquement que l’autre œil est
partiellement ou totalement aveugle
Ophtalmoplégie internucléaire

Regard tourné vers la gauche, Regard tourné vers la droite, l’œil La convergence n’est pas
l’œil droit ne suit pas gauche ne suit pas (dans un moindre affectée
degré)

tanément ou avec des mouvements du cou. La spasticité Pronostic


peut entraîner des contractions musculaires douloureu-
ses. Une déficience du système nerveux autonome peut La durée moyenne d’une SEP RR est de 5 à 10 ans à partir
conduire à une distension douloureuse de la vessie. Les du diagnostic. Une récupération limitée à la suite des exa-
maux de tête sont plus fréquents (27 %) chez les person- cerbations répétées conduit à l’aggravation de l’invalidité
nes atteintes de SEP que dans la population d’âge com- qui caractérise la phase secondaire progressive. L’espérance
parable (12 %). La névrite optique peut être douloureuse de vie globale n’est réduite que de 5 à 7 ans. La mort de
avant et pendant l’épisode. Les crises d’épilepsie sont complications de la SEP est plus fréquente chez les hommes
2 fois plus fréquentes chez les personnes atteintes de SEP atteints d’une forme progressive de la maladie, parfois à la
que dans une population correspondante, mais des suit d’une pneumonie et d’une perte de la fonction respira-
convulsions générales sont rares. La constipation et les toire. La dépression est fréquente. Le taux de suicide est
troubles vésicaux requièrent souvent un traitement atten- multiplié par sept, en particulier lorsque le diagnostic vient
tif. Une labilité émotionnelle et des déficits cognitifs d’être établi, et plus tard quand l’invalidité est maximale.
sont associés à une atrophie corticale accélérée notée La SEP est bénigne 40 % du temps, aboutissant à
chez certains patients atteints de SEP. quelques déficits après 15 ans. Les facteurs pronostiques
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f­ avorables sont un début à un âge jeune, une prédomi- durant une période de plusieurs mois ou années avec un
nance des symptômes sensoriels et visuels, le sexe féminin, degré de récupération variable, et sur l’examen neurologi-
le modèle RR des attaques ainsi que l’absence d’atteinte que qui révèle des signes anormaux attribuables à des
de la colonne vertébrale et de la vessie. Le pronostic est lésions distribuées en des endroits multiples du SNC.
mauvais lorsque la maladie commence à plus de 35 ans, en L’IRM est toujours utilisée pour confirmer le diagnostic de
cas de déficience motrice précoce, dans le sexe masculin, la SEP ; elle montre, en séquence T2, des zones d’hyper-
quand la maladie est de type progressif chronique et atteint signal multiples et dispersées et, en séquence FLAIR (fluid-
le cervelet et la moelle épinière. attenuated inversion recovery), des changements d’intensité
Grâce à l’IRM, il est possible de prédire le risque d’exa- dans les zones périventriculaires. Les lésions ont générale-
cerbation clinique dans les 6 à 12 mois à venir. Elle révèle ment plus de 0,5 cm, sont rondes ou ovales et orientées
la maladie environ 10 fois plus souvent que l’examen cli- perpendiculairement au corps calleux et aux ventricules
nique. Les poussées cliniques sont annoncées par une accu- latéraux. La PL et les potentiels évoqués sont utiles pour
mulation importante de lésions et lorsque leur contraste confirmer l’impression clinique et exclure d’autres affec-
devient plus accusé à l’IRM avec gadolinium. tions (figures 133.3 et 133.4).
La SEP définitive est caractérisée par des antécédents de
deux attaques distinctes avec au moins deux lésions confir-
Diagnostic différentiel
mées par l’examen clinique ou des analyses de laboratoire.
Des exacerbations récurrentes d’une vasculite du SNC peu- On recourt à l’IRM du cerveau et de la moelle épinière, avec
vent imiter une SEP. Des manifestations atypiques pour une ou sans gadolinium, afin de révéler des lésions actives
SEP, comme une psychose, des convulsions et des lésions de (contraste positif) et d’évaluer l’étendue totale des lésions
la substance grise à l’IRM, aident à poser un diagnostic cor- visualisées en séquences T2 et FLAIR. L’absence de lésions
rect. Le lupus érythémateux disséminé (LED) du SNC est en IRM est incompatible avec le diagnostic de la SEP. Le
caractérisé par des lésions sous-corticales diffuses dans les LCR contient généralement des immunoglobulines qui se
zones périvasculaires. Toutefois, un LED étendu au SNC distribuent sous forme de bandes oligoclonales à l’électro-
n’évolue généralement pas selon le cycle rémission-­ phorèse ; les rapports immunoglobuline G/albumine et
récurrence. De plus, les anticorps sériques antinucléaires et LCR/sérum sont élevés dans 95 % des cas confirmés lorsque
la symptomatologie systémique caractéristiques du LED ne la maladie est présente depuis plus de 1 an. Le LCR peut
s’observent pas dans la SEP et devraient permettre la distinc- être normal lors de la première attaque, et des PL répétées
tion entre les deux maladies. La maladie de Behçet et le peuvent être nécessaires pour l’identification de la présence
syndrome de Sjögren peuvent se manifester comme une d’anticorps synthétisés dans le SNC (voir la figure 133.3).
maladie multifocale du SNC. La maladie de Behçet est sus- Des enregistrements électroencéphalographiques des
pectée en cas de déficit de plusieurs nerfs crâniens en combi- potentiels évoqués sont utiles pour la mise en évidence de
naison avec des ulcérations buccales ou génitales, une uvéite lésions cliniquement silencieuses de la substance blanche ;
et une méningoencéphalite. Le syndrome de Sjögren peut celles-ci peuvent confirmer le diagnostic en montrant l’im-
être diagnostiqué au moyen d’une biopsie labiale ou paroti- plication de plusieurs sites du SNC (voir les figures 133.3
dienne. Une carence en vitamine B12 peut se manifester par et 133.4).
des symptômes d’atteinte progressive de la moelle épinière
liée à des lésions de la substance blanche dans les cordons
Soins et traitement
postérieurs détectables par IRM. L’adrénoleucodystrophie et
la paraparésie spastique tropicale peuvent aussi ressembler à Il est utile pour les patients de connaître la nature variable
la SEP, mais ces entités sont rares. Une maladie vasculaire et progressive de la maladie. Ils doivent être informés du
avec de multiples accidents ischémiques transitoires ou des degré élevé de variabilité de l’attaque et de la récupération
infarctus survient généralement dans une population plus et, dès lors, de la grande difficulté de prédire l’évolution
âgée ou chez des personnes dont les facteurs de risque de du degré d’invalidité chez un individu donné.
maladie vasculaire sont importants ; elle n’est donc pas sou- Un traitement immunomodulateur est recommandé
vent prise pour une SEP. Une sarcoïdose, une syphilis et une pour tous les patients avec un syndrome clinique isolé
tumeur doivent également être envisagées dans le diagnostic évocateur de SEP ou un diagnostic définitif de SEP RR.
différentiel. En cas de suspicion, on pourra faire la distinction L’efficacité des agents immunomodulateurs dans la SEP
en combinant l’IRM et l’analyse du liquide céphalorachidien progressive primaire et secondaire n’a pas été démontrée,
(LCR). Lorsque la première attaque de SEP a des caractéris- mais de nombreux traitements symptomatiques contri-
tiques atypiques, le diagnostic peut s’avérer assez difficile. buent à améliorer la qualité de la vie.

Démarche diagnostique Traitement optimal


Le diagnostic de SEP repose sur des antécédents de plu- Le traitement optimal comprend la participation de pres-
sieurs épisodes de dysfonctionnement du SNC survenus tataires de soins familiarisés avec les diverses manifesta-
133  j  Sclérose en plaques 1023

Figure 133.3  Sclérose en plaques : tests diagnostiques I.

Réponse évoquée somatosensorielle


Bras gauche
III

II
PE

Bras droit

III

Délai

II
Patiente avec une électrode stimulatrice au poignet sur le nerf médian,
l’électrode de référence étant placée dans la fosse cubitale. Les réponses sont
enregistrées par des électrodes placées (1) sur le point d’Erb pour le plexus I
brachial supraclaviculaire, (2) sur l’apophyse épineuse de C2 et C7 pour la
moelle épinière cervicale et la jonction cervicomédullaire et (3) sur le côté 5 10 15 20 25 30
controlatéral de la tête pour la réponse corticale Millisecondes

Électrophorèse du liquide céphalorachidien


Normal

1 2 3 4 5 6
Pré- Albumine 1 2 β-transferrine
albumine γ
1 2 3 4 5 6
Sclérose en plaques :
g-globulines élevées

Bandes oligoclonales

Enregistrement informatique
Normal 5
1 2 3 4 6
Sclérose en plaques γ-globulines
Préalbumine Albumine α1 α2 β-transferrine

tions de la maladie, les médicaments principaux pour les d’effets bénéfiques sur la progression à long terme de la
exacerbations aiguës ainsi que ceux qui influent directe- maladie et doit être évitée.
ment sur le pronostic à long terme, les recommandations Le traitement optimal pour les crises aiguës est la
diététiques et de gestion du stress et les diverses stratégies méthylprednisolone, administrée tous les jours, 1 g par
thérapeutiques pour les nombreux symptômes qui peuvent voie intraveineuse pendant 5 j consécutifs. Les stéroïdes
se développer. Le choix thérapeutique est vaste (voir plus sont plus efficaces s’ils sont administrés dans les 2 semaines
bas), et les traitements les plus recommandés sont repris suivant l’apparition de nouveaux symptômes. Bien que les
en premier lieu dans le texte qui suit. effets positifs des stéroïdes puissent être immédiats, chez
certaines personnes, les réponses bénéfiques sont retardées
Exacerbations aiguës
de 1 mois ou plus.
À forte dose, des bolus de corticoïdes ont des effets immé-
Traitement à long terme
diats anti-inflammatoires et peuvent considérablement
raccourcir les attaques cliniques. Les effets secondaires à Au fil des ans, plusieurs médicaments se sont avérés capa-
court terme des stéroïdes par voie intraveineuse sont limi- bles de supprimer l’activité de la maladie. Le choix de
tés. La prise chronique de stéroïdes par voie orale n’a pas l’agent est souvent déterminé par le minimum d’effets
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Figure 133.4  Sclérose en plaques : tests diagnostiques II.

Réponse évoquée visuelle (REV)


OG normal

Stimulus
100 ms

OD
Absence anormale de réponse de l’œil droit

OG normal

La patiente dont un œil est caché regarde une 100 ms


image en damier sur un écran. L’alternance de
carrés sombres et lumineux fournit le stimulus
visuel. Les potentiels évoqués de la voie
OD
visuelle sont enregistrés par des électrodes 130 ms
placées sur les zones pariétale et occipitale du
cerveau Retard anormal de la réponse de l’œil droit

Réponse évoquée auditive du tronc cérébral (REAT)

Lemniscus latéral

du mésencéphale)
pont ou inférieure
Complexe olivaire
La patiente porte des écouteurs par

inférieur (partie
supérieur (pont)

supérieure du
lesquels le stimulus est transmis.

ou colliculus
Noyau cochléaire
Les réponses à des points successifs

N. cochléaire

N. cochléaire
des voies auditives centrales sont

? Origine
enregistrées par des électrodes placées
sur les oreilles et sur la zone latérale V
III
I IV
II

Oreille gauche Réponse normale


Stimulus

Délai
V
III
I II IV

Oreille droite Réponse anormale


1 2 3 4 5 6 7 8
Millisecondes

secondaires et la préférence du patient en termes de temps hépatiques ainsi que des modifications de la formule san-
et de voie d’administration. guine se produisent chez 5 à 20 % des patients traités et
Dans les formes de SEP RR, l’interféron (IFN) β1a et requièrent un suivi étroit pendant toute la durée du
l’IFN β1b diminuent le nombre d’attaques de 35 % en traitement.
moyenne. Ils réduisent aussi le nombre de nouvelles lésions L’acétate de glatiramère (copolymère 1 [COP1]) est un
visibles en IRM jusqu’à 85 %. Le mécanisme d’action des mélange de peptides dont la séquence de quatre acides
interférons est complexe. Dans la SEP, l’IFN β1a et 1b est aminés est aléatoire. Ces acides aminés sont surreprésentés
susceptible d’inhiber l’activité des cellules inflammatoires dans l’épitope immunodominant de l’autoantigène pré-
et la migration des cellules T à travers la barrière héma- sumé, la protéine basique de la myéline. L’acétate de gla-
toencéphalique. La posologie est soit une injection intra- tiramère induirait une tolérance contre les antigènes de
musculaire hebdomadaire (IFN β1a) soit une injection myéline qui déclenchent des réactions auto-immunes.
sous-cutanée tous les deux jours (IFN β1a et 1b). Les effets Administré tous les jours par injection sous-cutanée, il
secondaires sont des symptômes pseudo-grippaux, des réduit les exacerbations d’un tiers dans la SEP RR. Il est
maux de tête, des réactions au site d’injection et, peut-être, bien toléré avec des effets secondaires minimes.
une aggravation de la dépression. Des anticorps neutrali- La mitoxantrone est un agent immunosuppresseur
sants sont produits chez 5 à 45 % des patients et diminuent approuvé pour les patients atteints d’une SEP agressive,
l’efficacité du traitement. Des anomalies des enzymes qui progresse malgré une thérapie de première ligne par
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un IFN ou par l’acétate de glatiramère. Les perfusions nombre des rechutes de SEP pouvait être prédit par la fré-
intraveineuses sont administrées tous les 3 mois. La quence des facteurs de stress aigus ainsi que par les réactions
mitoxantrone est cardiotoxique et nécessite une surveillance d’adaptation au soutien social. Ces études suggèrent que les
de la fraction d’éjection cardiaque. Elle induit également risques de récidive sont réduits lorsque les patients réussis-
une neutropénie avec risque accru d’infection. Les patients sent à éviter de multiples facteurs de stress tout en amélio-
traités par la mitoxantrone doivent être surveillés de près ; rant la perception et l’adaptation au stress grâce à un soutien
de plus, avant chaque administration, ils doivent prendre social. Dans des populations mélangées de patients, la médi-
des médicaments antiémétiques. tation basée sur la pleine conscience et d’autres thérapies de
Le natalizumab (Tysabri®) est un traitement immuno- relaxation ont montré une réduction de la perception du
modulateur récemment approuvé. C’est un anticorps stress et de l’anxiété, ce qui peut s’avérer utile.
monoclonal humanisé dirigé contre les molécules d’adhé-
Traitements symptomatiques
rence exprimées sur les cellules mononucléées activées. Le
natalizumab bloque le passage des cellules mononucléées Le traitement optimal de la SEP implique de prêter atten-
activées de la circulation sanguine dans le SNC. L’efficacité tion aux nombreux symptômes qui peuvent accompagner
du natalizumab est un peu plus élevée que celle de l’IFN. la maladie et réduire la fonction ainsi que la qualité de
Toutefois, après l’approbation initiale de ce médicament, vie.
on l’a tenu responsable de 3 cas mortels de leucoencéphalo- Les effets de la fatigue peuvent être réduits par l’exercice
pathie multifocale progressive. Par conséquent, il est régulier, par le yoga et par l’ajout à l’alimentation de glucides
réservé à un sous-groupe de patients atteints de maladies complexes et de suppléments multivitaminés. L’amantadine,
très agressives qui sont prêts à accepter le risque. 100 mg jusqu’à 3 fois par jour, et le modafinil (Provigil®),
Des immunoglobulines intraveineuses et les plasmaphé- 100 mg 2 fois par jour, sont les seules thérapies qui ont fait
rèses sont utilisées chez les patients atteints de neuromyé- leurs preuves dans de telles situations.
lite optique, un sous-ensemble de la SEP dont la pathogénie Les spasmes musculaires douloureux peuvent être
relève d’anticorps. réduits par le baclofène, avec un dose commençant à 5 mg
L’azathioprine, le méthotrexate, la cladribine, le cyclo- 3 fois par jour jusqu’à 80 mg/j, ou par la tizanidine
phosphamide et la ciclosporine ont des effets bénéfiques (Zanaflex®), 4 mg 3 à 4 fois par jour jusqu’à 36 mg/j. De
limités chez les patients atteints de SEP rapidement pro- la somnolence et de la fatigue sont des effets secondaires
gressive, et ces agents ne sont que rarement pris en compte des fortes doses. Les patients atteints de grave spasticité
en raison du profil d’effets secondaires importants qui limi- peuvent bénéficier de baclofène intrathécal, administré par
tent leur utilisation. une pompe implantable, qui fournit des concentrations
plus élevées dans le LCR, avec moins d’effets secondaires
Thérapies alimentaires
systémiques. La physiothérapie, les massages, l’ostéopa-
Actuellement, il est recommandé de recourir à des complé- thie, le yoga, l’acupuncture, la méditation et la biorétroac-
ments de vitamine D et d’adopter un régime alimentaire tion (biofeedback) peuvent être utiles.
pauvre en graisses saturées. Les études épidémiologiques sug- Lorsque c’est possible, le traitement de l’incontinence
gèrent que la consommation de vitamine D provenant de ou de la rétention urinaire doit être guidé par des études
suppléments et pas seulement de la nourriture peut protéger urodynamiques. Des besoins urgents ou fréquents ou des
contre le développement de la SEP. Des études plus anciennes vidanges vésicales sans avertissement peuvent être traités
avaient montré que la diminution des graisses saturées dans par des agents anticholinergiques tels que le chlorure
l’alimentation pouvait réduire le nombre d’exacerbations. d’oxybutynine (Ditropan®), 5 mg 2 fois par jour jusqu’à
Des études complémentaires à propos des graisses dans 20 mg/j, ou sous une forme retard, 1 fois par jour. Lorsque
l’alimentation ont donné des résultats mitigés. Un essai les tests urodynamiques révèlent des difficultés à vider la
clinique randomisé et contrôlé qui comparait les effets de vessie, un cathétérisme toutes les 4 à 6 h est recommandé.
suppléments d’huile végétale contenant du linoléate ou de La biorétroaction peut également être utile dans le contrôle
l’oléate pendant 2 ans a montré que les poussées étaient des troubles de la miction.
plus graves chez les patients qui avaient consommé de Les dysesthésies lancinantes de type brûlure et les tics
l’oléate que chez ceux qui avaient reçu le linoléate. Un douloureux peuvent répondre à la gabapentine, jusqu’à
autre essai clinique randomisé a comparé quatre groupes 800 mg 4 fois par jour, à la carbamazépine, jusqu’à 400 mg
qui utilisaient des doses inférieures et supérieures d’acide 3 fois par jour, ou à d’autres agents antiépileptiques. La
linoléique et d’acide oléique ; les exacerbations étaient douleur musculaire répond aux exercices d’étirement lent,
légèrement plus courtes et moins graves chez ceux qui aux massages et au refroidissement. La neurostimulation
prenaient une dose plus élevée d’acide linoléique. transcutanée et des injections au point de déclenchement
peuvent également atténuer les douleurs musculaires. Le
Gestion du stress
recours aux antidépresseurs tricycliques contre la douleur
La gestion du stress est un élément important dans une prise est limité par les effets secondaires. La formation à l’auto-
en charge réussie de la SEP. Une étude a montré que le hypnose peut aussi être utile.
1026 SECTION XIII  j  Troubles neurologiques

La dépression est rencontrée chez plus de la moitié des nus par des ajustements du style de vie comme l’alimenta-
patients à un moment de leur maladie, en particulier chez tion, les suppléments et les thérapies alternatives ; ils
les jeunes patients, au début de l’affection. Les conseils com- devront faire l’objet d’essais cliniques contrôlés.
binés à l’inhibition sélective de la recapture de la sérotonine
peuvent atténuer ces symptômes qui font souvent partie des
Ressources supplémentaires
réactions à cette maladie chronique invalidante. L’imagerie
guidée, l’autohypnose, les massages et les pratiques de médi- Bowling AC. Alternative medicine and multiple sclerosis. 1re éd. New
tation sont d’autres traitements utiles de l’anxiété. York : Demos Press ; 2005.
Il s’agit d’un excellent recueil d’observations et de recommandations rela-
tives à l’utilisation de thérapies complémentaires et alternatives dans la sclérose
Éviter les erreurs de traitement en plaques. Il traite également des effets potentiels de l’alimentation, des
plantes médicinales, des suppléments nutritifs, de la thérapie par le mouve-
Dans le traitement des exacerbations aiguës, il est impor- ment, de l’acupuncture et de nombreux autres modes de traitement.
tant d’éviter de laisser le patient sous stéroïdes pendant Ernst E, Pittler MH, Wider B. The desktop guide to complementary and
alternative medicine : an evidence-based approach. 2e éd. Londres :
plus de quelques semaines. Les stéroïdes peuvent aggraver
Mosby ; 2006.
des infections pulmonaires, urologiques ou dermatologi- Voici une excellente source d’informations pour l’évaluation des données
ques qui compliquent souvent la maladie, qu’elle soit de disponibles en faveur ou contre l’usage de thérapies complémentaires ou alter-
gravité modérée ou élevée. natives dans la sclérose en plaques.
Les récents progrès thérapeutiques importants par la Noseworthy JH, Lucchinetti C, Rodriguez M, Weinshenker BG. Multiple
manipulation plus directe du système immunitaire offrent sclerosis. N Engl J Med 2000 ; 343 (13) : 938-52. PMID : 11006371.
Il s’agit d’un article utile qui passe en revue les caractéristiques cliniques
plusieurs choix au patient et au clinicien. Pour l’observance principales de la sclérose en plaques.
du traitement, il importe que le patient puisse choisir la
voie d’administration de ces médicaments (en particulier
pour les produits injectables). Une dépression ou un déclin
cognitif chez un patient peut parfois être attribué à tort à Données Probantes
l’évolution de la maladie primaire alors qu’en fait il peut 1. Brown RF, Tennant CC, Sharrock M, et al. Relationship
s’agir d’effets secondaires, réversibles, des médicaments. Il between stress and relapse in multiple sclerosis. Part I.
est important de reconnaître une dépression grave en cas Important features. Mult Scler 2006 ; 12 (4) : 453-64. PMID :
de SEP, car des médicaments efficaces sont disponibles. 16900759.
Cette importante étude prospective de 101 sujets atteints de SEP suivis
Des infections occultes, en particulier des voies urinaires, pendant 2 ans a montré un effet bidirectionnel du stress sur la fréquence
peuvent se traduire par une aggravation clinique marquée des rechutes. Le stress chronique, y compris celui d’être atteint de SEP,
et doivent être recherchées à chaque visite et à chaque n’avait pas d’effet, alors que le stress aigu s’accompagnait d’une fréquence
exacerbation. Dans la prise en charge globale, le soutien accrue de rechutes, et vice-versa. De multiples stress moins aigus avaient
social, la mesure des incapacités physiques et l’évaluation un effet plus important sur les récidives que des stress importants, mais
plus rares.
de l’état nutritionnel sont des éléments essentiels qui doi- 2. Brown RF, Tennant CC, Sharrock M, et al. Relationship between
vent être évalués régulièrement. stress and relapse in multiple sclerosis. Part II. Direct and indi-
rect relationships. Mult Scler 2006 ; 12 (4) : 465-75. PMID :
16900760.
Futures directions Cette extension de l’étude précédente montre à nouveau que la
fréquence des stress aigus a été le facteur le plus important associé à
Les principaux domaines de recherche visent à une défini- une augmentation du nombre des rechutes. Celle-ci n’était pas liée à
tion plus précise des étapes du processus immunitaire la gravité de la maladie, à des facteurs démographiques, psychosociaux
conduisant à la formation des plaques avec les objectifs ou au style de vie. La prise en charge des causes même légères de stress
suivants : suppression de l’activation des cellules T, limita- aigu peut être importante dans le ralentissement de l’activité de la
tion de la pénétration des cellules T dans le SNC, inhibi- maladie
3. Calabresi PA. Considerations in the treatment of relapsing-
tion de la production de cytokines pro-inflammatoires. remitting multiple sclerosis. Neurology 2002 ; 58 (8 Suppl 4) :
Puisque la maladie est associée à une perte axonale précoce S10-S22.
et irréversible, des agents neuroprotecteurs sont active- Il s’agit d’une revue approfondie, encore largement d’actualité, des
ment recherchés. Le recours à des combinaisons thérapeu- médicaments immunomodulateurs disponibles pour le traitement de la
tiques pourrait devenir une démarche thérapeutique sclérose en plaques rémittente et récurrente. La preuve de l’efficacité grâce
à l’utilisation de l’IRM est discutée, ainsi que le rôle des corticostéroïdes
importante dans le futur, différents traitements immuno- dans le traitement de l’exacerbation aiguë.
modulateurs visant les différentes étapes de développement 4. Hafler DA. Multiple sclerosis. J Clin Invest 2004 ; 113 (6) : 788-94.
de la maladie. En outre, des agents neuroprotecteurs pour- PMID : 15067307.
raient prévenir le développement de nouvelles lésions et Après un bref rappel de ce que l’on sait sur l’immunologie de la SEP,
l’accumulation de déficits neurologiques conduisant à l’in- plus particulièrement sur les cellules T autoréactives et sur la chaîne des
événements menant aux dommages du SNC, l’auteur discute de nouvelles
validité. L’adaptation des traitements aux diverses formes méthodes d’étude de la pathogénie moléculaire basées sur des techniques
de la maladie ainsi qu’au patient sera guidée par le profil génétiques de pointe.
d’expression génique. Des effets prometteurs ont été obte-
133  j  Sclérose en plaques 1027

5. McDonald WI, Compston A, Edan G, et al. Recommended diagnos- 6. Sospedra M, Martin R. Immunology of multiple sclerosis. Annu
tic criteria for multiple sclerosis : guidelines from the International Rev Immunol 2005 ; 23 : 683-747. PMID : 15771584.
Panel on the diagnosis of multiple sclerosis. Ann Neurol 2001 ; 50 Ce passage en revue très instructif du rôle du système immunitaire
(1) : 121-7. PMID : 11456302. dans la pathogénie de la sclérose en plaques prend en compte d’éventuels
Ce groupe d’experts fait des recommandations qui permettent l’inté- événements incitants, la cascade immunologique résultante, avec une
gration des données d’IRM avec les données cliniques afin de faciliter le attention particulière aux réactions clés, et le rôle du système nerveux
diagnostic, l’évaluation pronostique et les décisions thérapeutiques. dans la détermination des tableaux cliniques.

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