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DOSSIER
Nou­­velles
démarches
budgétaires
Fabien de Geuser

L
es entre­­prises, qu’elles soient pri­­vées ou publiques, petites ou grandes,
entre­­tiennent un rap­­port contra­­dic­­toire avec le système bud­­gé­­taire.
D’un côté, la plu­­part d’entre elles mul­­ti­­plient les reproches : trop
lourd, trop cher, dépassé, engen­­drant des comportements per­­vers… De
l’autre côté, pour­­tant, ces orga­­ni­­sa­­tions main­­tiennent le plus sou­­vent
leur bud­­get et conti­­nuent même à accroître les res­­sources qu’elles lui
allouent, en per­­son­­nel et en sys­­tèmes d’infor­­ma­­tion.
Ce rap­­port para­­doxal au bud­­get tra­­duit donc plus une frus­­tra­­tion qu’un
rejet et explique une demande per­­sis­­tante des entre­­prises d’amé­­lio­­rer
cet ins­­tru­­ment en l’adap­­tant à des envi­­ron­­ne­­ments plus instables et à des
stra­­té­­gies nou­­velles, ainsi qu’en augmentant son effi­­cience. C’est cette
double ques­­tion de la per­­ti­­nence retrou­­vée et de l’aug­­men­­ta­­tion de l’effi­­
cience des process budgétaires qui struc­­ture ce dos­­sier.
NOUVELLES DÉMARCHES
BUDGÉTAIRES
1 Pro­­blé­­ma­­tiques
FICHE
et enjeux
Une des dif
­­fi­­cultés ren­­contrées par la démarche bud­­gé­­taire est la mul­­
ti­­pli­­cation des fonc­­tions attri­­buées à cette der­­nière. La demande de renou­­vel­­
le­­ment des démarches bud­­gé­­taires a alors pour enjeu la compré­­hen­­sion de
ces fonc­­tions et de leur inter­action. En effet, cer­­taines de ces fonc­­tions sont
quelques fois contradictoires, soit dans leurs fina­­li­­tés, soit dans leur tem­­po­­ra­­
lité de mise en œuvre. La déter­­mi­­na­­tion des objec­­tifs à fixer à la démarche bud­­
gé­­taire devient alors la pre­­mière étape de l’amé­­lio­­ra­­tion de cette der­­nière.

fina­­li­­tÉs de la prioriser et ainsi déter­­mi­­ner ce qui peut et


doit être attendu du bud­­get dans une orga­­
dÉmarche bud­­gÉ­­taire ni­­sa­­tion.
Ces fina­­li­­tés sont au moins au nombre de
Le bud­­get vise à contri­­buer à l’ali­­gne­­ment neuf1 :
zz opérationnalisation de la stra­­té­­gie ;
des compor­­te­­ments vers la réa­­li­­sa­­tion de la
zz pré­­vi­­sion des besoins ;
stra­­té­­gie, à éva­­luer et amé­­lio­­rer les per­­for­­
zz défi­­ni­­tion des plans d’action ;
mances pour sti­­mu­­ler l’appren­­tis­­sage orga­­
zz régu­­la­­tion/appren­­tis­­sage ;
ni­­sa­­tion­­nel, à assu­­rer l’autonomisation et la
zz autonomisation ;
responsabilisation, à allouer les res­­sources…
zz ali­­gne­­ment stra­­té­­gique/coor­­di­­na­­tion ;
Peu d’ins­­tru­­ments de ges­­tion pré­­sentent une
zz inci­­ta­­tions ;
gamme d’uti­­li­­tés aussi vaste que le bud­­get.
zz faire face à l’incer­­ti­­tude ;
Mais c’est peut-­être cette variété de fina­­li­­tés
zz commu­­ni­­ca­­tion finan­­cière.
qui peut expli­­quer une des cri­­tiques prin­­ci­­
pales adres­­sées au bud­­get : celle de ne jamais
plei­­ne­­ment satis­­faire ces fina­­li­­tés. Il faut donc
d’abord expli­­ci­­ter ces fonc­­tions pour les 1.  Giraud et al., 2009.


Dossier 11 Nou­­velles démarches budgétaires 329

Pro­­blé­­ma­­tiques et enjeux    
Opérationnalisation plom­­be­­rie de l’orga­­ni­­sa­­tion1. La démarche
de la stra­­té­­gie bud­­gé­­taire vise à per­­mettre cette tra­­duc­­tion
de la stra­­té­­gie dans des hori­­zons tem­­po­­rels
La stra­­té­­gie d’une orga­­ni­­sa­­tion est par nature, déter­­mi­­nés, des livrables concrets, des plans
sou­­vent, géné­­rale et abs­­traite : elle se fonde d’actions pré­­cis, des res­­sources cor­­res­­pon­­
sur une vision, des valeurs, un posi­­tion­­ne­­ dantes… Plus géné­­ra­­le­­ment, cette tra­­duc­­tion
ment, des risques à évi­­ter… Ces concepts de la stra­­té­­gie est double  : elle touche aux
sont essen­­tiels à la mobi­­li­­sa­­tion des per­­son­­ plans d’actions (plan opé­­ra­­tion­­nel) et aux res­­
nels mais ils sont en géné­­ral peu chif­­frés et sources, chif­­frées finan­­ciè­­re­­ment (plan finan­­
insuf ­­fi­­sam­­ment concrets pour per­­mettre leur cier). On verra dans la fiche 2 que l’évo­­lu­­tion
opérationnalisation dans le registre de l’éva­­ actuelle de la stra­­té­­gie dans une direc­­tion
lua­­tion puis de l’allo­­ca­­tion des res­­sources davan­­tage orien­­tée vers l’éco­­no­­mie imma­­
néces­­saires à leur réa­­li­­sa­­tion. Ils relèvent de té­­rielle rend cette tra­­duc­­tion plus dif ­­fi­­cile.
ce que J. March appelle de la poé­­sie et néces­­ Cepen­­dant, cette fina­­lité de la démarche bud­­
sitent d’être tra­­duits dans ce qu’il nomme la gé­­taire reste pre­­mière.

L’avis des pros

Témoi­­gnage de A. N., contrô­­leur de ges­­tion dans une chambre de commerce


et d’indus­­trie

« Un des rôles de notre pro­­ces­­sus bud­­gé­­taire est ce que j’appelle « la pâquerette-
­isation » de la stra­­té­­gie : par les dis­­cus­­sions bud­­gé­­taires, nous rame­­nons la stra­­tégie
au « ras des pâque­­rettes », c’est-­à-dire au niveau le plus maté­­riel, le plus concret pos­­
sible en dis­­cu­­tant des actions et des moyens à mettre en face de cette stra­­té­­gie à
tous les niveaux de l’entre­­prise. Cela per­­met d’ailleurs aussi quelque­­fois de rame­­ner à
la réa­­lité cer­­tains de nos stra­­tèges… »
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.

Pré­­vi­­sion des besoins bale des res­­sources que l’entre­­prise aura à


consom­­mer et donc à finan­­cer. Cette fina­­lité
Cette pré­­vi­­sion des besoins est une des fina­­li­­ vise alors à équi­­li­­brer les objec­­tifs finan­­ciers
tés les plus répan­­dues concer­­nant le bud­­get. de l’entre­­prise (en termes de ren­­ta­­bi­­lité des
Elle consti­­tue par ailleurs aussi une des bases actifs, de profitabilité de l’exer­­cice et de tré­­so­­
aux nom­­breuses cri­­tiques visant le bud­­get. re­­rie) avec les besoins opé­­ra­­tion­­nels.
La ques­­tion ici est celle de la per­­ti­­nence des
res­­sources à allouer aux dif­­fé­­rentes busi­­ness
units de l’entre­­prise ainsi que l’éva­­lua­­tion glo­­ 1.  J. March, 2008.
330 Partie 2 Contrôle de ges­­tion

En Pratique
LES 3 ROUES DE LA PLANIFICATION BUDGÉTAIRE

Pour opérationnaliser la stra­­té­­gie, le pro­­ces­­sus bud­­gé­­taire tra­­duit sou­­vent cette der­­nière


dans ce qu’on appelle un pro­­fit plan­­ning, qui la trans­­crit en termes de pro­­fit, de cash
et de ren­­ta­­bi­­lité. R. Simons, dans son ouvrage, Per­­for­­mance Measurement and Control
Systems for Implementing Strategy, pro­­pose aux contrô­­leurs de ges­­tion de le faire à tra­­
vers la méta­­phore des trois engre­­nages :

BFR

Roue
Créances Stocks
du cash

Ventes

Roue
Coûts du
d’exploitation CapEx
profit

Profits

Utilisation Roue de la Distribution


des actifs rentabilité et réserves

ROE

Figure 11.1 – Les 3 roues de la planification budgétaire


Dossier 11 Nou­­velles démarches budgétaires 331

Pro­­blé­­ma­­tiques et enjeux    
Défi­­ni­­tion des plans d’action les moyens et la direc­­tion grâce aux­­quels il
pourra déployer ses efforts de manière auto­­
La bud­­gé­­ti­­sation pour assu­­rer la « pâquerette- nome. En cela, le bud­­get est un ins­­tru­­ment
­isation » évo­­quée plus haut, doit être appuyée d’autonomisation essen­­tiel et doit être pensé
sur la réflexion concer­­nant les plans d’actions comme tel pour per­­mettre à tous les employés
à mettre en œuvre. Seuls ces der­­niers per­­ de pou­­voir déployer leur créa­­ti­­vité et leurs
mettent le réa­­lisme des demandes de res­­ ini­­tiatives. En cela il doit donc expli­­ci­­te­­ment
sources. Par consé­­quent, le bud­­get ne peut être asso­­cié à une poli­­tique d’autonomisation
être uni­­que­­ment finan­­cier. Tous les acteurs per­­met­­tant aux mana­­gers en charge de leur
doivent par consé­­quent asso­­cier à leur bud­­ bud­­get de pou­­voir libre­­ment dis­­po­­ser des
get, un plan d’action cor­­res­­pon­­dant. res­­sources qui leur ont été attri­­buées. Mais le
bud­­get doit aussi pou­­voir don­­ner une vision
Régu­­la­­tion et appren­­tis­­sage claire de la stra­­té­­gie pour que les mana­­gers
puissent, de manière déli­­bé­­rée, orien­­ter leurs
La démarche bud­­gé­­taire vise à per­­mettre à actions de régu­­la­­tion et leurs déci­­sions dans
cha­­cun de main­­te­­nir son atten­­tion, ses efforts le sens de la stra­­té­­gie.
et ses déci­­sions de manière à maxi­­mi­­ser les
chances d’atteindre l’objec­­tif. Elle agit à deux Ali­­gne­­ment stra­­té­­gique
niveaux : et coor­­di­­na­­tion
zz La régu­­la­­tion des actions : elle doit per­­

mettre, par un suivi immé­­diat des écarts, Le bud­­get est un des ins­­tru­­ments prin­­ci­­paux
durant l’exer­­cice, à chaque mana­­ger de cor­­ri­­ de coor­­di­­na­­tion des actions dans le but de
ger son cours d’action pour se remettre dans réa­­li­­ser la stra­­té­­gie. Par ses navettes, le pro­­
« les clous ». C’est la fonc­­tion dite cyber­­né­­tique ces­­sus bud­­gé­­taire doit per­­mettre à chaque
du bud­­get, c’est-­à-dire, visant à per­­mettre aux compo­­sant de l’orga­­ni­­sa­­tion d’ali­­gner avec
orga­­ni­­sa­­tions de se réguler en continu par ses col­­lègues les deadlines de livrai­­sons des
réac­­tion face à des signaux d’écarts par rap­­ pro­­duits inter­­mé­­diaires, le niveau de sto­­cks,
port à une norme (ici un objec­­tif ). les besoins d’appro­­vi­­sion­­ne­­ment, de per­­son­­
zz L’appren­­tis­­sage : la démarche bud­­gé­­taire nel… Le bud­­get est l’ins­­tru­­ment de base de
vise à per­­mettre aux entre­­prises et aux per­­ cette coor­­di­­na­­tion.
sonnes de s’amé­­lio­­rer en leur don­­nant les Il convient donc de comprendre que la
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moyens d’ana­­ly­­ser ce qui s’est passé durant complexité du pro­­ces­­sus bud­­gé­­taire est pro­­
l’exer­­cice. L’écart entre l’objec­­tif est le réa­­lisé por­­tion­­nelle à la complexité orga­­ni­­sa­­tion­­nelle.
est le fon­­de­­ment de cette ana­­lyse a pos­­te­­riori Plus une entre­­prise est inté­­grée ver­­ti­­ca­­le­­ment
(par oppo­­si­­tion à l’ana­­lyse « durant l’action » et hori­­zon­­ta­­le­­ment, c’est-­à-dire plus elle repose
de la régu­­la­­tion des actions). Ceci per­­met sur de la coor­­di­­na­­tion interne, plus son pro­­ces­­
alors de dis­­cu­­ter des plans d’actions, des sus bud­­gé­­taire sera demandeur, et par consé­­
objec­­tifs ou des res­­sources néces­­saires pour quent lourd, en termes de coor­­di­­na­­tion.
amé­­lio­­rer la per­­for­­mance dans le futur.
Inci­­ta­­tions et mesure
Autonomisation de la per­­for­­mance
La démarche bud­­gé­­taire a pour fina­­lité La démarche bud­­gé­­taire peut aussi consti­­
d’assu­­rer à cha­­cun au sein de l’orga­­ni­­sa­­tion, tuer le sup­­port du mana­­ge­­ment de la per­­for­­
332 Partie 2 Contrôle de ges­­tion

mance par les inci­­ta­­tions et le mana­­ge­­ment réflexion de long terme fon­­dant en par­­ti­­cu­­
par objec­­tifs. Il per­­met en par­­ti­­cu­­lier : lier les stra­­té­­gies de dif­­fé­­ren­­tiation ou encore
zz d’objec­­ti­­ver la mesure de la per­­for­­ ame­­ner des pro­­blèmes de sous-­optimisation
mance : en mesu­­rant un écart entre objec­­ des capa­­ci­­tés et des inves­­tis­­se­­ments maté­­riels
tif et réa­­lisé et en neu­­tra­­li­­sant l’impact des ou imma­­té­­riels.
variables non contrô­­lées dans cet écart,
le bud­­get consti­­tue une base solide pour Commu­­ni­­ca­­tion finan­­cière
mesu­­rer la per­­for­­mance des mana­­gers en
évi­­tant les phé­­no­­mènes d’injus­­tice ; Le bud­­get devient de plus en plus un ins­­
zz d’ali­­g ner les inci­­ta­­tions sur cette tru­­ment de commu­­ni­­ca­­tion finan­­cière, en
mesure : la GRH dis­­pose d’un arse­­nal varié par­­ti­­cu­­lier pour les entre­­prises cotées. Mais
d’in­c i­­ta­­tions (finan­­cières, sym­­bo­­liques, toute orga­­ni­­sa­­tion en recherche de finan­­ce­­
pro­­fes­­sion­­nelles…) qu’il s’agit d’attri­­buer ment est sou­­vent ame­­née à devoir jus­­ti­­fier
de la manière la plus objec­­tive et la plus d’une pro­­cé­­dure bud­­gé­­taire solide garan­­
effi­­ciente pos­­sible. En s’appuyant sur l’ana­­ tis­­sant aux financeurs un retour sur les capi­­
lyse d’écarts pour déclen­­cher et modu­­ taux qu’ils mettent à dis­­po­­si­­tion (par le prêt,
ler l’attri­­bu­­tion des mesures inci­­ta­­tives, le l’inves­­tis­­se­­ment, la sub­­ven­­tion…). Il s’agit
mana­­ge­­ment trouve une base qui accen­­ alors pour l’entre­­prise de pou­­voir témoi­­
tue le pou­­voir moti­­vant de cet arse­­nal (en gner d’une rigueur for­­melle dans sa pro­­cé­­
le ren­­dant expli­­cite et compré­­hen­­sible par dure et d’une capa­­cité à dimi­­nuer les écarts
le mana­­ger qui per­­çoit clai­­re­­ment ce qu’il bud­­gé­­taires et donc à atteindre les résul­­tats
doit faire et pour quelle sanc­­tion) ainsi que annon­­cés.
son effi­­cience car l’ana­­lyse d’écarts per­­met
de déci­­der de l’ampleur de l’inci­­ta­­tion à dis­­
tri­­buer. contra­­dic­­tions
entre fina­­li­­tÉs
Faire face à l’incer­­ti­­tude
Le bud­­get est une manière de fixer un cap La mul­­ti­­pli­­cité de ces fina­­li­­tés ren­­force la posi­­
dans un envi­­ron­­ne­­ment incer­­tain. Ceci per­­ tion cen­­trale, dans les orga­­ni­­sa­­tions, des pro­­
met d’une part de réduire l’anxiété des mana­­ cé­­dures bud­­gé­­taires et explique pour­­quoi la
gers et d’autre part de jus­­ti­­fier et de cali­­brer mort du bud­­get, si sou­­vent annon­­cée, est tou­­
les inves­­tis­­se­­ments de moyen ou long terme, jours recu­­lée. Mais dans le même temps, elle
qu’ils soient maté­­riels ou imma­­té­­riels. En effet, per­­met aussi de comprendre les frus­­tra­­tions
ces der­­niers, pour ne pas être sur- ou sous- que ce der­­nier engendre. En effet, ces fina­­li­­tés
­calibrés, doivent repo­­ser sur une pro­­jec­­tion sont sou­­vent contra­­dic­­toires. Pour satis­­faire à
concer­­nant les niveaux d’acti­­vi­­tés futurs. De l’une d’entre elles, on dégrade sou­­vent une
plus, sans ce mini­­mum de pla­­ni­­fi­­ca­­tion, on autre.
peut craindre pour l’entre­­prise, un compor­­ Trois caté­­go­­ries de contra­­dic­­tions sont
te­­ment fré­­né­­tique d’ali­­gne­­ment avec tous les les plus fré­­quentes  : celles oppo­­sant les
micro-­événements de son envi­­ron­­ne­­ment. fina­­li­­tés de régu­­la­­tion et d’inci­­ta­­tion, celles
Cet ali­­gne­­ment fré­­né­­tique peut pré­­sen­­ter oppo­­sant la coor­­di­­na­­tion et les inci­­ta­­tions
des avan­­tages (sou­­vent mobi­­li­­sés autour du et celles oppo­­sant l’appren­­tis­­sage et l’inci­­
concept d’agi­­lité) mais peut aussi faire rater la ta­­tion.
Dossier 11 Nou­­velles démarches budgétaires 333

Pro­­blé­­ma­­tiques et enjeux    
Contra­­dic­­tion entre de recru­­te­­ment, ce mana­­ger don­­nera exac­­
inci­­ta­­tions et régu­­la­­tions te­­ment les délais qui sont les siens. Cepen­­
dant, pour maxi­­mi­­ser ses chances d’atteindre
La démarche bud­­gé­­taire, dans sa fina­­lité ses propres objec­­tifs et pour minimi­­ser son
de régu­­la­­tion, vise à émettre des signaux anxiété, il peut être poussé à affi­­cher des
per­­met­­tant aux mana­­gers de réguler leurs besoins beau­­coup plus rapides pour être cer­­
actions durant le cours de l’exer­­cice, pour tain qu’il obtien­­dra exac­­te­­ment ce qu’il sou­­
les ame­­ner à atteindre leur objec­­tif ou au haite lors­­qu’il le sou­­haite. Cela compli­­quera
contraire à devoir trans­­for­­mer l’objec­­tif pour de manière inutile la tâche de la RH, dégra­­
l’adap­­ter à la réa­­lité de l’envi­­ron­­ne­­ment. dant d’autant l’objec­­tif de coor­­di­­na­­tion de la
Ceci devrait ame­­ner un mana­­ger qui per­­çoit démarche bud­­gé­­taire.
que le mar­­ché croît, à faire aug­­men­­ter son
objec­­tif. Ou encore, après la fin de l’exer­­cice
bud­­gé­­taire, d’attri­­buer sa sur­perfor­­mance à
cette crois­­sance exo­­gène du mar­­ché et par Contra­­dic­­tion entre
consé­­quent à minimi­­ser son rôle dans cette appren­­tis­­sage et inci­­ta­­tions
per­­for­­mance. Or la fonc­­tion inci­­ta­­tive du
bud­­get qui attache à l’atteinte des objec­­tifs, De même, l’un des objec­­tifs prin­­ci­­paux de la
le déclen­­che­­ment des sys­­tèmes inci­­ta­­tifs démarche bud­­gé­­taire est d’assu­­rer l’appren­­
comme les bonus, va pous­­ser les mana­­gers à tis­­sage per­­manent, le pro­­grès de l’orga­­ni­­sa­­
cacher, ou au moins à minimi­­ser, cette infor­­ tion. Cela se fonde sur une ana­­lyse a pos­­te­­riori
ma­­tion liée à la crois­­sance du mar­­ché, soit des écarts entre objec­­tif bud­­gé­­taire et réa­­lisé
pour évi­­ter la fixa­­tion future d’objec­­tifs plus pour comprendre comment s’amé­­lio­­rer. Mais
éle­­vés, soit pour aug­­men­­ter le bonus qui leur ceci est sou­­vent per­­verti par la dimen­­sion inci­­
sera attri­­bué. La régu­­la­­tion des actions et/ou ta­­tive de deux manières :
zz Les chiffres de reporting sont lis­­sés de
des objec­­tifs est alors empê­­chée par le jeu
des inci­­ta­­tions. manière à mas­­quer la sous- ou sur­perfor­­
mance et se rap­­pro­­cher for­­mel­­lement de
l’objec­­tif. On repous­­sera l’enre­­gis­­tre­­ment
Contra­­dic­­tion entre d’une fac­­ture pour minimi­­ser le CA remonté
coor­­di­­na­­tion et inci­­ta­­tions et évi­­ter ainsi que l’année pro­­chaine, l’objec­­
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.

tif soit lui aussi remonté. Mais dans le même


La coor­­di­­na­­tion par le pro­­ces­­sus bud­­gé­­taire temps, il n’y aura pas de don­­née objec­­tive
repose sur le pos­­tu­­lat que tous les col­­la­­bo­­ pour que l’orga­­ni­­sa­­tion comprenne qu’il y a
ra­­teurs de l’orga­­ni­­sa­­tion tra­­vaillent conjoin­­ dans cette bonne per­­for­­mance une matière
te­­ment dans le sens de la réa­­li­­sa­­tion de à appren­­tis­­sage.
l’objec­­tif commun. Par consé­­quent, ils signa­­ zz Les cau­­sa­­li­­tés et les attri­­bu­­tions de res­­

le­­ront à leurs col­­lègues tous les élé­­ments pon­­sa­­bi­­lité sont défor­­mées  : pour évi­­ter
nou­­veaux pou­­vant les affec­­ter et dis­­cu­­te­­ront de perdre son bonus, un mana­­ger attri­­
de manière trans­­pa­­rente des besoins qu’ils buera à un évé­­ne­­ment exté­­rieur sa sous-
expriment envers leurs col­­lègues. Ainsi, en ­performance et ce fai­­sant ne don­­nera pas
termes de délais, lors­­qu’un mana­­ger aura de prise à un éven­­tuel appren­­tis­­sage concer­­
besoin par exemple que la RH lui four­­nisse un nant cette der­­nière. Il per­­du­­rera alors dans sa
nou­­veau col­­la­­bo­­ra­­teur à tra­­vers un pro­­ces­­sus pra­­tique sous-­efficiente.
334 Partie 2 Contrôle de ges­­tion

CAS D’ENTREPRISE

Objec­­tifs de réduc­­tion de coûts de per­­son­­nel


direct
Dans une entre­­prise de confec­­tion de vête­­ments de luxe, les coûts de main-­d’œuvre
directs sont un enjeu extrê­­me­­ment fort dans la perspec­­tive d’opti­­mi­­sation de la marge.
Chaque mana­­ger de centre de pro­­duc­­tion est mesuré budgétairement sur le niveau de
ces coûts et une forte part de leur bonus est basée sur l’atteinte d’objec­­tifs de réduc­­tion
de ce poste. Un de ces mana­­gers voit son mon­­tant de main-­d’œuvre directe dépas­­ser
cet objec­­tif. Il essaie alors de re­quali­­fier quelques-­uns de ces employés en main-­d’œuvre
indi­­recte, moins ana­­ly­­sée par le contrôle de ges­­tion cen­­tral. Ce fai­­sant, il n’engendre pas
une réflexion sur l’opti­­mi­­sation de ses coûts directs.
NOUVELLES DÉMARCHES
BUDGÉTAIRES

2 Contexte, normes
FICHE
et acteurs
La réno­­va­­tion des démarches bud­­gé­­taires passe aussi par celle de son
ani­­ma­­teur clé, le contrô­­leur de ges­­tion. Deux dimen­­sions de son métier sont
en par­­ti­­cu­­lier à faire évo­­luer : son rôle et ses compé­­tences pour que le contrô­­
leur de ges­­tion puisse assu­­rer à la fois son rôle de garant de l’inté­­grité de la
démarche bud­­gé­­taire, mais aussi d’assis­­tance aux mana­­gers dans leur tra­­vail
quo­­ti­­dien de réa­­li­­sa­­tion des objec­­tifs bud­­gé­­taires.

CAS D’ENTREPRISE

Une grande entre­­prise de ser­­vices télécoms


Le mar­­ché des télécoms est en constante réin­­ven­­tion que ce soit concer­­nant les ser­­vices
à four­­nir (commu­­ni­­ca­­tion, conte­­nus, appa­­reils…) et concer­­nant les acteurs et les régle­­
men­­ta­­tions. Pour assurer l’inno­­va­­tion, l’adap­­ta­­bi­­lité et l’amé­­lio­­ra­­tion conti­­nue des mar­
ges (de manœuvre et finan­­cières), les contrô­­leurs de ges­­tion ont dû se trans­­for­­mer et
quit­­ter leur fonc­­tion his­­to­­rique d’usines à chiffres pour deve­­nir des agents reconnus et
contributeurs du pro­­ces­­sus d’appren­­tis­­sage orga­­ni­­sa­­tion­­nel. Sur leurs grilles d’éva­­lua­­
tion des compé­­tences, la dimen­­sion de pro­­duc­­tion des chiffres est deve­­nue le niveau le
plus bas (celui qu’il faut avoir pour être embau­­ché). Leur pro­­gres­­sion de car­­rière repose
sur leur capa­­cité à d’abord comprendre les défor­­ma­­tions de ces chiffres puis d’être capa­
ble de trouver des benchmarks per­­ti­­nents per­­met­­tant de réflé­­chir à des pra­­tiques alter­­
na­­tives et enfin de proposer des solu­­tions opé­­ra­­tion­­nelles aux mana­­gers.


336 Partie 2 Contrôle de ges­­tion

gen­­darme bud­­gÉ­­taire Pour que la démarche bud­­gé­­taire ne soit


pas qu’une contrainte pour le mana­­ger, le
ou busi­­ness partner ? contrô­­leur doit agir en par­­te­­naire de ce der­­
nier. La contri­­bu­­tion du contrô­­leur repose
Le pro­­ces­­sus bud­­gé­­taire est à la fois une dans sa capa­­cité d’aide métho­­do­­lo­­gique pour
contrainte, rap­­pe­­lant aux mana­­gers les le mana­­ger (cf. dos­­sier 15). Dans le cas présent,
attentes de l’orga­­ni­­sa­­tion les concer­­nant et un cette aide relève de la modé­­li­­sa­­tion. Le bud­­
sup­­port de tra­­vail et d’appren­­tis­­sage pour ces get étant une arti­­cu­­lation entre des objec­­tifs
der­­niers à tra­­vers l’ana­­lyse de leurs besoins en à atteindre, des res­­sources à mobi­­li­­ser et des
res­­sources et des résul­­tats obte­­nus. Le bud­­ plans d’actions à réa­­li­­ser, le rôle du contrô­­leur
get est donc en même temps contrai­­gnant busi­­ness partner revient à modé­­li­­ser ces trois
ou coer­­ci­­tif et « capa­citant ». Une contra­­dic­­ dimen­­sions (entrants-­action-résultats) pour
tion de plus dans la mul­­ti­­pli­­cité des fonc­­tions aider le mana­­ger à prendre les déci­­sions les
qui lui sont attri­­buées. Contra­­dic­­tion qui plus effi­­cientes et à les chif­­frer.
s’opé­ra­tion­nalise dans le contrô­­leur de ges­­
tion, à la fois garant de la dimen­­sion contrai­­ Modé­­li­­sa­­tion récur­­rente
gnante du bud­­get et contri­buteur auprès de par les tableaux de bord
chaque mana­­ger pour essayer de l’aider dans
la construc­­tion puis l’atteint de son bud­­get. Le mana­­ger doit dis­­po­­ser d’une modé­­li­­sa­­tion
La qua­­lité de la démarche bud­­gé­­taire repose de son acti­­vité pour la durée de l’exer­­cice bud­­
donc dans la com­pré­­hen­­sion du contrô­­ gé­­­taire.
leur concer­­nant ses deux fonc­­tions et de la
manière de les tenir ensemble.

CAS D’ENTREPRISE

Modé­­li­­sa­­tion et contrôle bud­­gé­­taire


Une entre­­prise agro-­alimentaire pos­­sède dif­­fé­­rentes fermes céréalières en Argen­­tine.
Le mana­­ger en charge de ces dif­­fé­­rentes fermes doit s’enga­­ger budgétairement sur le
mix-­produit (entre les différents types de céréales à plan­­ter), les niveaux de pro­­duc­­tion
en fonc­­tion des choix d’engrais et de semences, les risques météos, les niveaux des
inves­­tis­­se­­ments… Il aura donc besoin d’un outil de simu­­la­­tion bud­­gé­­taire lui per­­met­­
tant d’opti­­mi­­ser ces dif­­fé­­rents choix et de chif­­frer leur impact sur son objec­­tif glo­­bal.

L’outil prin­­ci­­pal de modé­­li­­sa­­tion récur­­ (sou­­vent non finan­­ciers, voire non quan­­ti­­fiés).
rente pour le contrô­­leur de ges­­tion busi­­ness Pour éla­­bo­­rer ces indi­­ca­­teurs d’actions ou
partner est le tableau de bord qui dis­­tingue les d’ini­­tiatives, le contrô­­leur va aider le mana­­
indi­­ca­­teurs tra­­dui­­sant les objec­­tifs à atteindre ger à for­­ma­­li­­ser un modèle de per­­for­­mance
(sou­­vent finan­­ciers, que suit le bud­­get) des dans lequel le mana­­ger choi­­sira à par­­tir de
indi­­ca­­teurs d’actions et d’ini­­tiatives à réa­­li­­ser son exper­­tise, de son expé­­rience et de ses
Dossier 11 Nou­­velles démarches budgétaires 337

Contexte, normes et acteurs    


dis­­cus­­sions avec ses équipes et son contrô­­ vité facilitatrice en sti­­mu­­lant la créa­­ti­­vité du
leur les actions les plus signi­­fi­­ca­­ti­­ve­­ment mana­­ger et en l’ame­­nant à véri­­fier ses hypo­­
impactantes sur les objec­­tifs finaux que le thèses pour garan­­tir la robus­­tesse du plan
contrô­­leur tra­­duira ensuite en indi­­ca­­teurs. d’action sous-­jacent.
Pour cela, le contrô­­leur doit exer­­cer une acti­­

En Pratique
L’approche des cartes stra­­té­­giques
et du Balanced ScoreCard

R. Kaplan (qui est aussi à l’ori­­gine de l’approche ABC/ABM/ABB) et D. Norton, en déve­­lop­­


pant leur concep­­tion des tableaux de bord, les Balanced ScoreCards (BSC), ont pro­­posé
un cadre opé­­ra­­tion­­nel aux mana­­gers et aux contrô­­leurs pour déve­­lop­­per une modé­­li­­sa­­
tion de leurs acti­­vi­­tés au ser­­vice de l’atteinte des objec­­tifs finan­­ciers bud­­gé­­taires.
Ce cadre est sché­­ma­­ti­­que­­ment très simple  : il force les mana­­gers à modé­­li­­ser leurs
activités avec des bulles et des flèches sur une feuille divi­­sée hori­­zon­­ta­­le­­ment en 4 axes,
respectivement, l’axe finan­­cier, l’axe clients (internes ou externes), l’axe pro­­ces­­sus et l’axe
apprentissage et crois­­sance (sou­­vent ramené à un axe RH). Cette modé­­li­­sa­­tion, appe­­lée
carte stratégique, sera ensuite tra­­duite en indi­­ca­­teurs (le Balanced ScoreCard). Les indi­­ca­­
teurs finan­­ciers seront en géné­­ral ceux sui­­vis par le bud­­get tan­­dis que les autres indi­­ca­­teurs
sur les trois autres axes don­­ne­­ront aux mana­­gers les moyens de s’assu­­rer qu’il attein­­dra
les objec­­tifs bud­­gé­­taires. Ainsi un mana­­ger d’un aéro­­port modé­­li­­sera sa carte stra­­té­­gique
en indi­­quant sur son axe finan­­cier qu’il a des objec­­tifs bud­­gé­­taires liés à la crois­­sance du
chiffre d’affaires de son aéro­­port, de l’amé­­lio­­ra­­tion de la rota­­tion des actifs et de la baisse
des coûts d’exploi­­ta­­tion. Pour atteindre ces objec­­tifs, le mana­­ger pourra indi­­quer qu’il
sou­­haite déve­­lop­­per une offre extrê­­me­­ment rapide en termes d’embar­­que­­ment pour le
client (axe client). Ce qui per­­met­­tra d’aug­­men­­ter le prix et la fré­­quen­­ta­­tion. Mais pour cela
il devra en par­­ti­­cu­­lier suivre ses processus de ges­­tion des acti­­vi­­tés d’embar­­que­­ment et de
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.

pré­­pa­­ra­­tion des avions (axe process) et donc amé­­lio­­rer la compé­­tence et l’orga­­ni­­sa­­tion du


tra­­vail de ses employés (axe apprentissage). Le contrô­­leur tra­­vaillera avec le mana­­ger pour
l’aider à for­­mu­­ler cette carte, véri­­fiera avec lui la plau­­si­­bi­­lité et la fai­­sa­­bi­­lité de cette modé­­
li­­sa­­tion puis la tra­­duira en indi­­ca­­teurs. Avec ces der­­niers, le mana­­ger accroît son contrôle
sur son acti­­vité et maxi­­mise ses chances d’atteindre ses objec­­tifs bud­­gé­­taires.

Modé­­li­­sa­­tion ad hoc écar­­ter radi­­ca­­le­­ment. Le contrô­­leur doit alors


être capable de recal­­cu­­ler des objec­­tifs rapi­­de­­
Le contrô­­leur de ges­­tion busi­­ness partner doit ment en modi­­fiant ses modèles. Cela implique
aussi être au ser­­vice d’un mana­­ger à l’écoute de sa part une cer­­taine sou­­plesse tech­­nique
des oppor­­tu­­ni­­tés. Cela sup­­pose que le mana­­ tout en gar­­dant à l’esprit qu’il est aussi garant
ger puisse dévier du bud­­get ou même s’en de la cohé­­rence stra­­té­­gique.
338 Partie 2 Contrôle de ges­­tion

Garant du bud­­get cu­­lier, le garant de la fia­­bi­­lité des chiffres bud­­


gé­­taires ainsi que du respect des pro­­cé­­dures
et busi­­ness partner ! bud­­gé­­taires. En cela sa fonc­­tion demeu­­rera
celle d’un « gen­­darme bud­­gé­­taire ». La dif ­­fi­­
Le contrô­­leur de ges­­tion res­­tera tou­­jours le culté tient alors à sa capa­­cité à être à la fois
garant du pro­­ces­­sus bud­­gé­­taire et en par­­ti­­ gen­­darme bud­­gé­­taire et busi­­ness partner.

L’avis des pros

Nick Sheperd, diri­­geant d’EduVision, cabi­­net de conseil et de for­­ma­­tion

Nick Sheperd explique que les contrô­­leurs de ges­­tion (et les direc­­teurs finan­­ciers)
sont souvent pris entre deux attentes. Celle d’assu­­rer le contrôle au sens le plus bud­­
gé­­taire et le plus coer­­ci­­tif pos­­sible, et celle d’être presque des consul­­tants internes
pour le mana­­ger. À tel point que cer­­tains contrô­­leurs de ges­­tion reven­­diquent le titre
de busi­­ness analysts ou de per­­for­­mance mana­­gers. Nick Sheperd en tire la matrice
sui­­vante pour expo­­ser les pratiques des contrô­­leurs, selon qu’ils sont davan­­tage dans
la logique contrôle ou la logique consul­­tant :

HI
IMPOSED CONTROLS COLLABORATIVE CONTROL
• Theoretical based control • Outside in approach
• Process bias • Enterprise risk based
• Standards based • Balanced to operational reality
• Ease of auditability • Operational bias
• Accounting bias • Broad based approach
C • Operational resistance • Operational “buy in”
O • Controls added as a burden • Controls integrated
N
T PASSIVE / REACTIVE CONTROL NICE GUY CONTROL
R • Inside out approach • Meeting others needs
O • Lack of understanding reality • Focused on harmony only
L
• Risks not effectively known • Known risks ignored

LO CONSULTATIVE HI

Source : Sheperd, 2010.


Figure 11.2

Toute la dif ­­fi­­culté, pour le contrô­­leur, est de deve­­nir un « contrô­­leur collaboratif »


alors que les pres­­sions sont fortes à ce qu’il reste un pur contrô­­leur (« pas­­sif/réac­­tif »
ou « imposé »). De même, il ne s’agit pas pour le contrô­­leur de se trans­­for­­mer en un
complice (un nice guy) complai­­sant. Cela devient un enjeu RH, mais aussi un enjeu
stra­­té­­gique que de réflé­­chir à la situa­­tion orga­­ni­­sa­­tion­­nelle du contrô­­leur de ges­­
tion ainsi qu’à ses compétences pour lui per­­mettre de déve­­lop­­per ce rôle, fina­­le­­ment
aussi contra­­dic­­toire que la démarche bud­­gé­­taire elle-­même.
NOUVELLES DÉMARCHES
BUDGÉTAIRES

3 Outils clés
FICHE

Le bud­­get, face à ces objec­­tifs mul­­tiples, ren­­contre de nombreuses


dif­­fi­­cultés qui sus­­citent en retour de nom­­breuses critiques. Ces der­­nières
consti­­tuent alors les oppor­­tu­­ni­­tés sur lesquelles bâtir les nou­­velles démarches
bud­­gé­­taires. Pour pou­­voir choi­­sir leur nou­­velle démarche bud­­gé­­taire, les
orga­­ni­­sa­­tions doivent par consé­­quent iden­­ti­­fier les fra­­gi­­li­­tés actuelles de leur
système bud­­gé­­taire exis­­tant qui sont autant de grilles de lec­­ture pour l’amé­­
lio­­rer.

Cri­­tiques his­­to­­riques (Jensen, 2001) en insis­­tant sur la « souf­­france


bud­­gé­­taire » (budgeting pain) par oppo­­si­­tion
aux avan­­tages bud­­gé­­taires (budgeting gain,
Le bud­­get est peut-­être l’ins­­tru­­ment de ges­­ Orlando, 2009), voire en en pré­­co­­ni­­sant sa
tion le plus cri­­ti­­qué. De nom­­breuses études, mort pure et simple (Giraud et al., 2009).
aca­­dé­­miques ou pra­­tiques, témoignent de Cette cri­­tique a trouvé son expres­­sion la
l’insa­­tis­­faction des mana­­gers envers cet outil. plus sym­­bo­­lique et la plus connue dans le
Cette cri­­tique n’est pas récente  : dès 1952 mou­­ve­­ment appelé Beyond Budgeting, datant
Chris Argyris, qui allait ensuite lar­­ge­­ment du milieu des années 1990. Ce cou­­rant visait
contri­­buer à inven­­ter le concept d’appren­­tis­­ à la sup­­pres­­sion radi­­cale de cet ins­­tru­­ment.
sage orga­­ni­­sa­­tion­­nel, écri­­vait un article, « The Tou­­te­­fois, de nom­­breux auteurs (Giraud et al.,
Impact of Bud­­gets on People », dans lequel il 2009 ; Saulpic, 2007) ont noté que peu d’entre­­
dénon­­çait déjà les effets per­­vers des bud­­gets. prises sou­­hai­­taient se débar­­ras­­ser du bud­­get,
En par­­ti­­cu­­lier il anti­­ci­­pait les chiffres irréa­­listes, mais que la plu­­part essayaient plu­­tôt de dimi­­
voire mani­­pu­­lés, qu’engen­­draient la pres­­sion nuer voire de sup­­pri­­mer ses effets per­­vers. En
bud­­gé­­taire ou la dégra­­da­­tion de la coopé­­ra­­ effet, les rôles, posi­­tifs, construc­­tifs, du bud­­get
tion entre busi­­ness units. seraient indis­­cu­­tables (en par­­ti­­cu­­lier concer­­
Ces cri­­tiques se sont géné­­ra­­li­­sées et sys­­ nant la mesure de per­­for­­mance, l’allo­­ca­­tion des
té­­ma­­ti­­sées au point que d’autres cher­cheurs res­­sources, la coor­­di­­na­­tion…). Cette approche
ont pu par­­ler d’un pro­­ces­­sus «  détruit  » davan­­tage réfor­­miste a ouvert d’autres pistes


340 Partie 2 Contrôle de ges­­tion

de réflexions. Ces pistes seront pré­­sen­­tées zz un besoin de réac­­ti­­vité qui va à l’encontre


dans la fiche sui­­vante mais pour les ana­­ly­­ser, il de l’approche par les stan­­dards et les objec­­
faut avant tout comprendre les limites du bud­­ tifs sous-­jacente au bud­­get ;
get qui ont amené ces cri­­tiques. zz une mobi­­li­­sa­­tion de l’inno­­va­­tion et de la

Ces limites du bud­­get sont nom­­breuses. sub­­jec­­ti­­vité des col­­la­­bo­­ra­­teurs pour la créa­­
On peut les syn­­thé­­ti­­ser autour des quatre axes tion d’actifs imma­­té­­riels qui s’oppose à la
déve­­lop­­pés ci-­après. démarche bureau­­cra­­tique, quan­­ti­­tative et
finan­­cière du bud­­get ;
zz une explo­­sion des coûts indi­­rects fixes par

in­efficience rap­­port aux coûts directs variables, liée au


choix stra­­té­­gique de mutualiser les fonc­­tions
du pro­­ces­­sus sup­­ports, de se concen­­trer sur les axes stra­­
bud­­gÉ­­taire : té­­giques, de déve­­lop­­per de la recherche…
Or, ce ren­­ver­­se­­ment de pro­­por­­tion entre
Le bud­­get trop cher charges indi­­rectes fixes et charges directes
variables remet en ques­­tion les struc­­tures
À cause des innom­­brables ité­­ra­­tions et d’ana­­lyse clas­­siques du bud­­get autour du
navettes bud­­gé­­taires, le pro­­ces­­sus bud­­gé­­taire volume et du bud­­get flexible. En effet, les
est sou­­vent cri­­ti­­qué pour son in­efficience : ana­­lyses d’écarts sont prin­­ci­­pa­­le­­ment réa­­li­­
zz le bud­­get est sou­­vent trop consom­­ma­­teur sées par rap­­port aux évo­­lu­­tions des volumes
de temps et trop coû­­teux en compa­­rai­­son de de pro­­duits. Or l’inno­­va­­tion, l’adap­­ta­­tion,
ses apports ; les acti­­vi­­tés de mar­­ke­­ting et de ges­­tion des
zz en outre, ce temps bud­­gé­­taire serait pris marques… ne sont pas direc­­te­­ment cor­­ré­­lées
sur un temps opé­­ra­­tion­­nel davan­­tage créa­­ au volume et par consé­­quent les ana­­lyses
teur de valeur. De nom­­breux mana­­gers se bud­­gé­­taires n’ont pas de sens.
plaignent de pas­­ser presque plus de temps Le pro­­ces­­sus bud­­gé­­taire irait donc à
à budgéter leur acti­­vité qu’à la réa­­li­­ser ! l’encontre de chan­­ge­­ments stra­­té­­giques de
l’entre­­prise et met­­trait alors en dan­­ger sa sur­­
vie en fra­­gi­­li­­sant sa capa­­cité à s’adap­­ter et à
Inadap­­ta­­tion engen­­drer des actifs imma­­té­­riels.

aux orga­­ni­­sa­­tions
actuelles : le bud­­get des compor­­te­­ments
contre la stra­­tÉ­­gie dys­fonction­­nels

L’envi­­ron­­ne­­ment dans lequel évo­­luent les À cause des contra­­dic­­tions entre fonc­­tion inci­­
orga­­ni­­sa­­tions actuelles semble remettre ta­­tive et fonc­­tion de régu­­la­­tion et d’appren­­
pro­­fon­­dé­­ment en ques­­tion la per­­ti­­nence du tis­­sage, le bud­­get amè­­ne­­rait les mana­­gers
sys­­tème bud­­gé­­taire. Cet envi­­ron­­ne­­ment se à sur­­es­­ti­­mer les res­­sources néces­­saires et à
carac­­té­­rise par : sous-­estimer les objec­­tifs qu’ils pour­­raient
zz une forte impré­­vi­­si­­bi­­lité qui rend la pla­­ atteindre. Il serait par consé­­quent dou­­ble­­
ni­­fi­­ca­­tion très incer­­taine, voire contre pro­­ ment infla­­tion­­niste en termes de coûts par
duc­­tive ; la sur­­éva­­lua­­tion des res­­sources deman­­dées
Dossier 11 Nou­­velles démarches budgétaires 341

Outils clés    
par les mana­­gers… mais aussi par le temps
consa­­cré par les mana­­gers à essayer de négo­­
ten­­dance À dÉgra­­der
cier davan­­tage de ces res­­sources (Giraud, la coopÉ­­ra­­tion
2009). Il devien­­drait alors une machine à
engen­­drer des réserves (du slack selon Cyert Le bud­­get engen­­dre­­rait la dégra­­da­­tion de
et March). la coopé­­ra­­tion au sein des orga­­ni­­sa­­tions
En outre, le pro­­ces­­sus bud­­gé­­taire, en en sti­­mu­­lant la concur­­rence pour des res­­
fon­­dant la mesure de la per­­for­­mance sur sources limi­­tées, et en foca­­li­­sant le champ
l’atteinte d’objec­­tifs, pous­­se­­rait à des pra­­ d’atten­­tion des mana­­gers à leur seul bud­­
tiques de mani­­pu­­la­­tion des chiffres bud­­gé­­ get par oppo­­si­­tion à une vision plus large et
taires et réa­­li­­sés (les « jeux bud­­gé­­taires »). On plus collaborative de l’orga­­ni­­sa­­tion. De plus,
retrou­­ve­­rait alors en interne les phé­­no­­mènes le contrôle bud­­gé­­taire constant crée­­rait une
de lis­­sage de résul­­tat qui sont dénon­­cés à culture de la méfiance, voire de la para­­noïa.
pro­­pos de cer­­taines entre­­prises, tel­­le­­ment Ces deux élé­­ments abou­­ti­­raient à frei­­ner la
sous la pres­­sion d’action­­naires exi­­geants, mutualisation au sein des entre­­prises des
qu’elles en arrivent à mani­­pu­­ler leur comp­­ meilleures pra­­tiques, et le par­­tage, ou du
ta­­bi­­lité. moins la res­­ti­­tution, des res­­sources inusi­­tées
Enfin, le bud­­get engen­­dre­­rait une forme vers des busi­­ness units en besoin.
de « myo­­pie managériale » envers tout ce qui
ne ren­­tre­­rait pas dans le cadre bud­­gé­­taire,
en par­­ti­­cu­­lier les oppor­­tu­­ni­­tés non pré­­
vues. En cela, il inci­­te­­rait les entre­­prises et
L’avis des pros
leurs mana­­gers à une atti­­tude de pru­­dence
exces­­sive. François F., ancien direc­­teur
appro­­vi­­sion­­ne­­ment
dans une grande entreprise
équipementière
L’avis des pros
« Le bud­­get sert à trans­­for­­mer des
busi­­ness units en bun­­ker units et à
Jack Welch, ancien pré­­sident de déve­­lop­­per l’égoïsme comp­­table. »
General Electric

« Le bud­­get est la peste des entre­­


prises amé­­ri­­caines. Il n’aurait jamais
dû exis­­ter… Faire un bud­­get est un
exer­­cice de minimalisation. Vous
tirez tou­­jours le moins des gens,
parce que cha­­cun négo­­cie pour
avoir le chiffre le plus bas1. »

1.  Cité par Loeb, 1995.


NOUVELLES DÉMARCHES
BUDGÉTAIRES
4 Démarches
FICHE
et méthodes
Pour faire face à ces cri­­tiques concer­­nant le pro­­ces­­sus budgétaire, le
contrôle de ges­­tion a déve­­loppé trois types de réponses visant l’amé­­lio­­ra­­tion,
la trans­­for­­ma­­tion ou la sup­­pres­­sion du budget : le better budgeting, le new
budgeting et le no budgeting1.

AmÉ­­lio­­rer le bud­­get : Ces ins­­tru­­ments doivent rem­­plir trois tâches :


zz col­­lec­­ter les don­­nées ;
Better Budgeting1 zz faci­­li­­ter les simu­­la­­tions ;

zz orga­­ni­­ser la coor­­di­­na­­tion et le par­­tage.

Or, de nom­­breuses orga­­ni­­sa­­tions ont


Le pre­­mier champ de réponses (better foca­­lisé leurs efforts sur le pre­­mier point en
budgeting) consiste à signa­­ler que les dif ­­fi­­ s’appuyant en par­­ti­­cu­­lier sur l’aug­­men­­ta­­tion
cultés ren­­contrées par le pro­­ces­­sus bud­­gé­­ de la puis­­sance de col­­lecte et de sto­­ckage
taire ne sont peut-­être pas uni­­que­­ment liées à d’infor­­ma­­tions de leurs ERP et négli­­geant les
l’ins­­tru­­ment lui-­même mais à la manière dont deux autres fonc­­tion­­na­­li­­tés, se repliant sur des
il est ins­­tru­­menté, construit et uti­­lisé. outils simples comme les tableurs pour assu­­rer
les deux autres fonc­­tions. Or, le déve­­lop­­pe­­ment
des tableurs et des ERP collaboratifs peuvent
Instrumentalisation
per­­mettre d’accé­­lé­­rer le pro­­ces­­sus de dis­­cus­­
de la démarche bud­­gé­­taire sion et de construc­­tion et de reconstruc­­tion
des hypo­­thèses bud­­gé­­taires (rolling forecasts),
La lour­­deur du pro­­ces­­sus, la faible qua­­lité des à l’échelle même mon­­diale pour les orga­­ni­­
pré­­vi­­sions bud­­gé­­taires, l’absence d’ana­­lyse… sa­­tions inter­­na­­tionales. Les sys­­tèmes de type
sont sou­­vent reliés à des sys­­tèmes d’infor­­ma­­ e-­budgeting per­­mettent en par­­ti­­cu­­lier de faci­­
tion obso­­lètes ou non per­­ti­­nents. li­­ter la construc­­tion commune d’hypo­­thèses
bud­­gé­­taires.

1.  De Geuser, 2013.


Dossier 11 Nou­­velles démarches budgétaires 343

Démarches et méthodes    
Ani­­ma­­tion du pro­­ces­­sus
L’avis des pros bud­­gé­­taire
Étrangement, au vu de la longue his­­toire du
Le direc­­teur du contrô­­leur
bud­­get dans les orga­­ni­­sa­­tions, l’ani­­ma­­tion du
de ges­­tion Banque Toronto-
­Dominion1 pro­­ces­­sus bud­­gé­­taire est sou­­vent encore dis­­
cu­­table et vrai­­sem­­blab­­le­­ment par consé­­quent
« Dans cette banque opé­­rant au au cœur des amé­­lio­­ra­­tions de la démarche. Il
niveau mon­­dial, le choix d’une n’y a vrai­­sem­­blab­­le­­ment pas de calen­­drier ou
méthode e-­budgeting, c’est-­à-dire d’orga­­ni­­sa­­tion type mais il est en géné­­ral tou­­
appuyée sur une solu­­tion web et jours sou­­hai­­table de prendre le temps après
sur une moda­­lité collaborative, a chaque exer­­cice bud­­gé­­taire d’ana­­ly­­ser l’exis­­
per­­mis d’accé­­lé­­rer signi­­fi­­ca­­ti­­ve­­
tant de manière cri­­tique.
ment la pro­­cé­­dure bud­­gé­­taire en
faci­­li­­tant les échanges et la coor­­di­­
na­­tion des scé­­na­­rios bud­­gé­­taires. »

L’avis des pros

Oli­­vier Corne, ancien direc­­teur du contrôle de ges­­tion d’une banque


in­ternatio­­nale et consul­­tant en contrôle de ges­­tion

« La qua­­lité de la démarche bud­­gé­­taire est avant tout fonc­­tion d’un cer­­tain nombre
d’étapes à réa­­li­­ser. Ces étapes sont :
l  D’abord, des prérequis (une stra­­té­­gie clai­­re­­ment décrite, des normes comp­­tables
par­­ta­­gées et dis­­po­­nibles, un outil de modé­­li­­sa­­tion et pas uni­­que­­ment de col­­lecte
d’infor­­ma­­tion).
l  Une lettre de cadrage qui pré­­cise en par­­ti­­cu­­lier les acteurs concer­­nés et leurs res­
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ponsabilités. Sans cela, le pro­­ces­­sus n’a pas de cham­­pions ; les for­­mats et les calen­­
driers ; le rôle par­­ti­­cu­­lier de la fonc­­tion finance et contrôle.
l  Une for­­ma­­li­­sa­­tion du cir­­cuit bud­­gé­­taire appuyée sur une ana­­lyse écrite et pré­­sen­­
tée au début de cette for­­ma­­li­­sa­­tion, des dif ­­fi­­cultés ren­­contrées lors du pré­­cé­­dent
exercice bud­­gé­­taire.
l  Une cla­­ri­­fi­­ca­­tion et une faci­­li­­ta­­tion des cir­­cuits de commu­­ni­­ca­­tion et une formalisa­
tion des calen­­driers de pré­­sen­­ta­­tion.
l   La néces­­sité de bou­­cler expli­­ci­­te­­ment et fer­­me­­ment le pro­­ces­­sus bud­­gé­­taire : la fina­
lisation des scé­­na­­rios et leur vali­­da­­tion défi­­ni­­tive doivent être extrê­­me­­ment claires. »

1.  Cité par Hilton et al., 2006.


344 Partie 2 Contrôle de ges­­tion

Les acteurs du pro­­ces­­sus bud­­gé­­taires  : d’amé­­lio­­ra­­tion, basée sur l’accep­­ta­­tion de la


La qua­­lité du pro­­ces­­sus bud­­gé­­taire repose faible compé­­tence en matière de bud­­gé­­ti­­
aussi sur la compé­­tence bud­­gé­­taire des sation, est sou­­vent refou­­lée au nom de la cri­­
acteurs impli­­qués. Or de nom­­breux ana­­lystes tique de l’ins­­tru­­ment lui-­même. Comme si,
témoignent de la faible compé­­tence bud­­gé­­ lors d’un acci­­dent de voi­­ture, il fal­­lait tou­­jours
taire des mana­­gers, concen­­trés avant tout sur incri­­mi­­ner la voi­­ture et pas son conduc­­teur.
leur propre exper­­tise tech­­nique1. Comment Cela sup­­pose de la part des entre­­prises de
espé­­rer alors un tra­­vail bud­­gé­­taire de qua­­ réflé­­chir au niveau de compé­­tence de leurs
lité quand ces mana­­gers savent à peine qu’un mana­­gers et de leurs contrô­­leurs en termes de
écart prévu-­réel peut être décom­­posé en de pro­­cé­­dures bud­­gé­­taires mais aussi d’orga­­ni­­ser
mul­­tiples sous-écarts ? Ou qu’ils n’ont aucune le calen­­drier du pro­­ces­­sus de manière à leur
connais­­sance des tech­­niques de simu­­la­­tion ? lais­­ser la pos­­si­­bi­­lité de mobi­­li­­ser ces compé­­
Il est inté­­res­­sant de consta­­ter que cette source tences.

CAS D’ENTREPRISE

HP Suisse et la qua­­lité de la pré­­vi­­sion


bud­­gé­­taire des ventes
Chez HP Suisse, les écarts bud­­gé­­taires sur les pré­­vi­­sions de vente concer­­nant le maté­­
riel de type impri­­mante ont été ana­­ly­­sés en compa­­rant l’effet expli­­ca­­tif des variables
envi­­ron­­ne­­men­­tales (ex : appa­­ri­­tion d’un nou­­veau concur­­rent, effet prix lié à une guerre
des prix…) à des fac­­teurs liés à la compé­­tence des mana­­gers en contrôle de ges­­tion
appli­­qué à leur tra­­vail. Ces der­­niers expliquent plus les écarts de vente.

Trans­­for­­mer la Vision prin­­ci­­pa­­le­­ment amé­­ri­­caine, le


better budgeting vise à trans­­for­­mer le bud­­get
dÉmarche bud­­gÉ­­taire : sans pour autant en reje­­ter le prin­­cipe. L’objec­­
le new budgeting tif est de rame­­ner le bud­­get à une pla­­ni­­fi­­ca­­
tion opé­­ra­­tion­­nelle (Hansen et al., 2003). Elle
s’est incar­­née autour du mou­­ve­­ment Activity-
Les deux seconds champs de réponses (new ­Based-Budgeting (ABB) en s’asso­­ciant aux
budgeting et no budgeting) consti­­tuent spé­­ tra­­vaux sur les tableaux de bord non exclu­­
ci­­fi­­que­­ment les deux faces du mou­­ve­­ment si­­ve­­ment finan­­ciers. L’objec­­tif est l’amé­­lio­­ra­­
appelé Beyond Budgeting. Celui-­ci est porté tion du pro­­ces­­sus d’allo­­ca­­tion des res­­sources
par un groupe de cher­cheurs et de pra­­ti­­ et de pla­­ni­­fi­­ca­­tion. Il s’agit, en se basant sur
ciens ras­­sem­­blés sous le nom CAM-­I et ayant l’approche ABC (Activity Based Costing), de
commencé à pro­­po­­ser leurs ana­­lyses à la fin reconstruire le pro­­ces­­sus bud­­gé­­taire selon
des années 1990. On peut dis­­tin­­guer deux deux prin­­cipes :
ten­­dances au sein de ce groupe.

1.  De Geuser et Oyon, 2008.


Dossier 11 Nou­­velles démarches budgétaires 345

Démarches et méthodes    
zz Celui de la créa­­tion de valeur pour le qu’il en résulte un chif­­frage immé­­diat. La
client final  : le pro­­ces­­sus bud­­gé­­taire clas­­ financiarisation de ce plan opé­­ra­­tion­­nel est
sique oublie trop sou­­vent le client final ou du seconde dans le pro­­ces­­sus. Le point essen­­tiel
moins la stra­­té­­gie sui­­vie pour ser­­vir ce client ici tient dans ce retour­­ne­­ment des priori­­tés
(Antos et Brimson, 1998). Il est prin­­ci­­pa­­le­­ment (l’opé­­ra­­tion­­nel avant le finan­­cier, la fai­­sa­­bi­­
tiré par des esti­­mations de volume et non par lité pra­­tique avant la fai­­sa­­bi­­lité finan­­cière)
des déci­­sions concer­­nant la valeur que l’on qui sup­­pose de la part des mana­­gers d’avoir
sou­­haite déli­­vrer aux clients. ABB pré­­co­­nise avant tout une approche en termes de plans
de faire démar­­rer le pro­­ces­­sus bud­­gé­­taire par d’actions. Il n’y a pas de rejet du bud­­get mais
une ana­­lyse du niveau de qua­­lité, de ser­­vice, la sys­­té­­ma­­ti­­sation du plan d’action comme
de proxi­­mité rela­­tion­­nelle… que l’on sou­­haite sup­­port pre­­mier de la pla­­ni­­fi­­ca­­tion.
offrir aux clients, confor­­mé­­ment aux recom­­
man­­da­­tions que l’inven­­teur d’ABC, R. Kaplan,
avait pro­­po­­sées. Celui-­ci indi­­quait en effet que Suprimer le bud­­get :
la prin­­ci­­pale source de varia­­tion des coûts, et
par consé­­quent le pre­­mier levier à prendre
le no budgeting
en consi­­dé­­ra­­tion dans la pla­­ni­­fi­­ca­­tion bud­­
gé­­taire, n’était pas les volumes, mais d’autres Le second champ (no budgeting) est en géné­­
induc­­teurs de coûts (cost dri­­vers) comme la ral celui qui est appelé beyond budgeting. Ce
qua­­lité, la complexité des pro­­duits… (Cooper cou­­rant est sou­­vent asso­­cié aux tra­­vaux de J.
et Kaplan, 1991, Turney, 1991). C’est donc à Hope et R. Fraser dont les titres des prin­­ci­­paux
par­­tir de ceux-­ci que doivent s’éla­­bo­­rer les ouvrages per­­mettent de bien comprendre le
bud­­gets. Ces induc­­teurs sont déduits d’une cœur de l’approche. Ainsi en 2003, ils publient
ana­­lyse mar­­ke­­ting des attri­­buts de valeur le livre Beyond Budgeting: How Mana­­gers Can
atten­­dus par le client qui déter­­mine le niveau Break Free from the Annual Per­­for­­mance Trap et
d’acti­­vi­­tés (de mise au point, de ser­­vice après un article inti­­tulé “New Ways of Setting Rewards:
vente…) à atteindre. Ceci per­­met, selon les the Beyond Budgeting Model”. La pré­­oc­­cu­­pa­­
tenants de ABB, de remettre le client et la stra­­ tion essen­­tielle de cette approche porte donc
té­­gie au cœur du bud­­get et pas sim­­ple­­ment sur l’éva­­lua­­tion de la per­­for­­mance.
le volume et la minimi­­sa­­tion des coûts. Les tenants de ce sys­­tème se concentrent
sur les compor­­te­­ments per­­vers engen­­drés par
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zz Puis en se fon­­dant sur ce que ce cou­­ le fait de mesu­­rer la per­­for­­mance des mana­­
rant appelle le closed-­loop model (Torok et gers sur la base des écarts bud­­gé­­taires. Il s’agit
Hansen, 2003) (cf. figure 11.3). Closed-­loop alors, selon eux, de déta­­cher les sys­­tèmes inci­­
indique que le pro­­ces­­sus bud­­gé­­taire clas­­ ta­­tifs de l’atteinte d’objec­­tifs bud­­gé­­taires pré­­
sique n’est pas bou­­clé car il se foca­­lise sur la dé­­ter­­mi­­nés. Pour cela, le Beyond Budgeting
dimen­­sion finan­­cière. Il lui manque la pla­­ni­­fi­­ prône l’uti­­li­­sation d’éva­­lua­­tion de la per­­for­­
ca­­tion opé­­ra­­tion­­nelle. Les tenants d’ABB vont mance basée sur des benchmarks externes
pré­­co­­ni­­ser par consé­­quent une pre­­mière et internes (et plus sur des objec­­tifs négo­­ciés)
boucle dite opé­­ra­­tion­­nelle, puis une boucle ainsi que sur une évo­­lu­­tion conti­­nue de ces
finan­­cière. Ce fai­­sant, le pro­­ces­­sus bud­­gé­­ benchmarks. Ainsi les mana­­gers seraient ame­­
taire commence alors par le plan opé­­ra­­tion­­ nés à tou­­jours devoir être au plus près de la
nel (« comment faire ? », « de quelle capa­­cité concur­­rence et à s’adap­­ter aux chan­­ge­­ments
avons-­nous besoin ? ») sans néces­­sai­­re­­ment de l’envi­­ron­­ne­­ment.
346

Stage 1 - The Operational Loop Stage 2 - The Financial Loop


Partie 2

Shortage or Excess Resource Operational Balance


Capacity

# $
Adjust Adjust
Resources
Capacity Resource Cost
Resource Resource
Requirement Assignment
Contrôle de ges­­tion

Consumption
Activities
Rate
Adjust Activity Cost
Consumption Requirement Assignment

Consumption Adjust Price


Product & Services
Rate

# $

Adjust Demand Financial Target


Demand Requirements Results Results

Financial
Balance
Strategy first drives... ... and also dictates

Figure 11.3  Le « Beyond Budgeting » modèle

Source : Consortium for Advanced Manufacturing-International, Cost Management Systems, Activity-Based Planning and Budgeting Group
Dossier 11 Nou­­velles démarches budgétaires 347

Démarches et méthodes    
Ce cou­­rant ajoute à cette idée la néces­­ démarche bud­­gé­­taire : en effet la confron­­ta­­
sité de contrô­­ler davan­­tage les mana­­gers sur tion constante des mana­­gers par rap­­port à des
leur impli­­ca­­tion que sur leurs résul­­tats car normes de mar­­chés (benchmark) enlè­­ve­­rait
la pre­­mière induit les seconds. Le contrôle la néces­­sité de fixer des objec­­tifs. De plus, le
s’atta­­che­­rait alors à véri­­fier que les mana­­gers contrôle social par un recru­­te­­ment très strict,
adhèrent aux valeurs essen­­tielles de l’entre­­ par des pro­­cé­­dures de socia­­li­­sa­­tion fortes
prise, par­­tagent son iden­­tité, ses règles fon­­ (lea­­der­­ship, valeurs par­­ta­­gées…), évi­­te­­rait les
da­­men­­tales… et dis­­posent des compé­­tences compor­­te­­ments oppor­­tu­­nistes de mani­­pu­­la­­
pour faire leur tra­­vail. Dès lors, le contrôle tion des chiffres ou de pas­­sa­­gers clan­­des­­tins.
devient plus social. Ceci engen­­dre­­rait un cli­­mat de confiance qui
L’impor­­tance accor­­dée aux benchmarks rela­­ti­­vi­­se­­rait le besoin de contrôle strict que
et à l’auto­­no­­mie des mana­­gers est cen­­trale l’on retrouve dans les pro­­cé­­dures bud­­gé­­taires
dans cette démarche car elle per­­met, selon clas­­siques.
ses pro­­mo­­teurs, de se pas­­ser entiè­­re­­ment de

L’avis des pros

Le CAM-­I

L’équipe dite du CAM-­I, consti­­tuée de diri­­geants finan­­ciers de grands groupes inter­


nationaux, qui est à l’ori­­gine de ce mou­­ve­­ment de sup­­pres­­sion du bud­­get a résumé
de la manière sui­­vante1, les prin­­cipes devant gui­­der cette démarche :
•  Les objec­­tifs : Battre la concur­­rence, pas le bud­­get
•  La stra­­té­­gie : Déve­­lop­­per conti­­nuel­­le­­ment la stra­­té­­gie, pas annuel­­le­­ment
•  L’amé­­lio­­ra­­tion : Chan­­ger radi­­ca­­le­­ment, pas par étapes
•  Les res­­sources : Gérer les res­­sources à long terme, ne pas les allouer
•  La coor­­di­­na­­tion : Gérer les causes et les effets, pas les bud­­gets
•  Les coûts : Gérer la valeur, pas les coûts
•  Les pré­­vi­­sions : Créer le futur, ne pas cher­­cher à res­­ter dans les rails
•  Le contrôle : Uti­­li­­ser quelques indi­­ca­­teurs et pas une somme de don­­nées
•  Les sanc­­tions : Encou­­ra­­ger le tra­­vail d’équipe, pas l’indi­­vi­­dua­­lisme
•  La délé­­ga­­tion : Don­­ner des res­­pon­­sa­­bi­­li­­tés et de la liberté aux mana­­gers

1.  Tiré de Berland, 2002.


NOUVELLES DÉMARCHES
BUDGÉTAIRES
5 Perspec­­tives
FICHE
et pros­­pec­­tives

Les cri­­tiques adres­­sées au bud­­get ne sont pas neuves mais les nou­­
velles démarches bud­­gé­­taires sont sou­­vent encore au stade de l’expé­­ri­­men­­ta­­
tion. Il convient donc de les ana­­ly­­ser avec précau­­tion et de réflé­­chir aux cri­­tères
qui déci­­de­­raient de leur a­doption.
Le bud­­get est un ins­­tru­­ment par­­ti­­cu­­liè­­re­­ment struc­­tu­­rant de la vie des
organisa­­tions, il sup­­pose donc une approche pru­­dente. Cepen­­dant, il s’agit
tout de même de réno­­ver ce process et les trois démarches pré­­sen­­tées dans
les précé­­dentes fiches (better, new et no budgeting) consti­­tuent des pistes
promet­­teuses. Comment alors choi­­sir entre ces pistes et quel est l’ave­­nir du
bud­­get traditionnel. Est-­il réel­­le­­ment mort ?

Choi­­sir sa dÉmarche L’ave­­nir du bud­­get


bud­­gÉ­­taire
Ces trois registres de réponses sont encore
en voie d’explo­­ra­­tion  : leur dif­­fu­­sion est
Même si ces approches bud­­gé­­taires (better,
limi­­tée et par consé­­quent leur géné­­ra­­li­­sa­­
new et no budgeting) peuvent paraître complé­­
tion, telle quelle, est encore dis­­cu­­table. Par
men­­taires, cer­­taines dimen­­sions les opposent
exemple, on ne cite qu’un très petit nombre
(la pos­­si­­bi­­lité ou non de fixer des objec­­tifs,
d’exemples d’entre­­prises ayant bas­­culé en
l’exis­­tence d’un mar­­ché trans­­parent…) et
beyond budgeting, et ces exemples sont sou­­
rendent néces­­saire le fait d’en choi­­sir l’une par
vent les mêmes, d’articles en articles : Rho­­dia
rap­­port aux deux autres.


Dossier 11 Nou­­velles démarches budgétaires 349

Perspec­­tives et pros­­pec­­tives   
en France, Svenska Handelsbanken en Suède explo­­rer ces voies pour essayer d’asso­­cier
en par­­ti­­cu­­lier. En outre, cha­­cune de ces pistes pro­­gres­­si­­ve­­ment, par une mise en cir­­cu­­la­­
de solu­­tions n’adresse que cer­­taines des tion des pra­­tiques locales et des adap­­ta­­tions
cri­­tiques du bud­­get clas­­sique. L’approche de ces trois solu­­tions, les dif­­fé­­rents apports
better budge­ting cherche à allé­­ger le pro­­ces­­ des réflexions du Beyond Budge­ting dans un
sus bud­­gé­­taire ; le new budgeting vise à le pro­­ces­­sus bud­­gé­­taire réformé pour être à la
sor­­tir de son obses­­sion finan­­cière tan­­dis que fois au ser­­vice de la maî­­trise des marges, de
le no budgeting tend à se débar­­ras­­ser des l’opti­­mi­­sation des per­­for­­mances, de la coor­­
effets per­­vers liés aux objec­­tifs bud­­gé­­taires di­­na­­tion des actions et de la réa­­li­­sa­­tion de la
fixés a priori. On com­prend alors que les cher­ stra­­té­­gie.
cheurs et les pra­­ti­­ciens doivent conti­­nuer à

En Pratique
Quels cri­­tères pour choi­­sir sa démarche bud­­gé­­taire ?

Clas­­si­­que­­ment, les cri­­tères de choix du sys­­tème bud­­gé­­taire sont les mêmes que ceux
qui expliquent les choix de modalité de coor­­di­­na­­tion1 :
zzle niveau de complexité de l’orga­­ni­­sa­­tion concerné, mesuré le plus sou­­vent par sa

taille, l’hété­­ro­­gé­­néité de son sys­­tème de pro­­duc­­tion et de son por­­te­­feuille de clients


et de mar­­chés ;
zzla tur­­bu­­lence dans laquelle opère cette orga­­ni­­sa­­tion, c’est-­à-dire la vitesse à laquelle

peuvent appa­­raître des chan­­ge­­ments dans le niveau de complexité. Par exemple, le


taux d’inno­­va­­tion dans le sec­­teur dans lequel opère l’orga­­ni­­sa­­tion. Plus celui-­ci est élevé,
plus la complexité de l’orga­­ni­­sa­­tion va chan­­ger rapi­­de­­ment et donc plus on qua­­li­­fie de
tur­­bulent l’envi­­ron­­ne­­ment dans lequel elle évo­­lue.
La figure 11.4 reprend ces dimen­­sions.
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.

Plus la complexité de l’orga­­ni­­sa­­tion est forte, plus les néces­­si­­tés de coor­­di­­na­­tion sont
elles-­mêmes fortes et, par consé­­quent, plus il semble per­­tinent de res­­ter sur un for­­
mat clas­­sique de bud­­get amé­­lioré. Plus on va mon­­ter en tur­­bu­­lence et dimi­­nuer en
complexité, plus les autres solu­­tions s’imposent. Il est inté­­res­­sant de noter que dans les
espaces de forte tur­­bu­­lence/forte complexité et de faible tur­­bu­­lence/faible complexité,
c’est l’approche bud­­gé­­taire elle-­même qui dis­­pa­­raît…

1.  Weber et Linder, 2005.


350 Partie 2 Contrôle de ges­­tion

Forte
No
Turbulence budgeting

Moyenne

New
budgeting

Better
Faible

budgeting

Faible Moyenne Forte


Complexité

Figure 11.4 – Cri­­tères de sélec­­tion d’une moda­­lité bud­­gé­­taire alternative1

1.  Adapté de Weber et Linder, 2005.


Dossier 11 Nou­­velles démarches budgétaires 351

Bibliographie du dossier 11

Perspec­­tives et pros­­pec­­tives   
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