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© Retz, 2010.
ISBN : 978-2-7256-2960-5
w Conduire une lecture experte : quelques propositions . . . . . . . . 71
• Analyser la narration . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72
• S’appuyer sur ces relevés pour construire le sens . . . . . . . . . . 72
w Un exemple précis : Pipioli la terreur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 73
• Observer les personnages pour construire un premier effet
de sens . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74
• Observer le rapport texte-image pour une lecture
plus distanciée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74
• Organisation de la séquence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 79
Pour conclure . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82
Annexes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 83
w Quelques pistes pour organiser des parcours . . . . . . . . . . . . . . . 83
w Construire le personnage. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 84
w S’approprier la structure des œuvres et la manière
dont les auteurs invitent le lecteur à la création . . . . . . . . . . . . . 86
Bibliographies . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89
w Pour aller plus loin : quelques œuvres fondatrices . . . . . . . . . . . 89
w Bibliographie des ouvrages pour la jeunesse cités . . . . . . . . . . . 90
w Bibliographie des ouvrages pour la jeunesse cités,
par ordre alphabétique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 93
4
Pourquoi ce livre ?
7
De l’intérêt de la
littérature face aux
difficultés de lecture
w Des constats alarmistes
Les études internationales, notamment l’étude PIRLS
2006, font état de mauvaises performances en lecture pour
les élèves français à la fin de leur quatrième année de sco-
larisation obligatoire. C’est notamment sur les capacités
à inférer et à interpréter (centrées sur la lecture de textes
narratifs) que les élèves français montrent des scores rela-
tivement inquiétants. En outre, si on compare cette étude
à celle réalisée en 2001 on remarque que leurs résultats
sont stables. Le problème est donc durable ou récurrent.
8
Quelle place pour la littérature à l’école ?
13
6. Ibid. p. 139.
Chapitre 1
w Lsymbolique
a littérature : une plongée dans l’univers
w Daux
es profits symboliques qui ouvrent
apprentissages
20 19. L’Enfant et la peur d’apprendre et Ces enfants empêchés de penser, Dunod, 2001
puis 2008.
Quelle place pour la littérature à l’école ?
21
De l’intérêt de la littérature
pour construire le citoyen
w Cdans
onstruire l’être culturel pour l’insérer
le monde
25
25. Newsletter Pocket n° 3.
Chapitre 2
Cependant, comme le
Intérêt et limites du lien histoire /
rappellent Jacques Crinon,
littérature
Brigitte Marin et Jean-
« On voit l’intérêt des croisements discipli- Claude Lallias 26, il ne
naires et des éclairages mutuels que peuvent faudrait pas réduire l’ensei-
s’apporter notamment l’histoire et la littéra-
ture : un roman historique ressuscite une gnement de la littérature
époque, fait revivre des événements, fait à l’école à un moyen d’ins-
comprendre de l’intérieur des mentalités ; truction facile. Le roman
les informations apportées en Histoire, en historique a certes une fonc-
retour, éclairent des allusions non explicitées
dans le roman. tion intéressante, mais ne
Mais ce serait avoir une vue limitée que de doit pas être le seul levier de
s’arrêter à cette conception – instruire sans la construction des valeurs
peine en racontant des histoires, plaire tout citoyennes. C’est aussi par
en instruisant – même s’il s’agit là d’un des
rôles traditionnels de la littérature. Sauf à l’éveil de l’esprit critique et
étendre ce rôle d’instruction à ce qui a été la verbalisation que l’on peut
jadis le principal objet : la connaissance permettre à l’enfant de s’ins-
de l’esprit humain, des passions humaines, crire dans un équilibre social
de ce qui fait agir les hommes confrontés
à leur semblable. » et de s’y positionner en tant
Jacques Crinon, Brigitte Marin, Jean-Claude qu’être réflexif qui analyse
Lallias, Enseigner la littérature, Nathan, 2006, les situations et se décide en
p. 20. connaissance de cause.
w Vetersimaginer
une culture humaniste : interroger
le monde
Cette dernière réflexion interpelle donc la dimension
artistique de l’œuvre littéraire et nous mène à réfléchir
à la notion d’engagement auctorial et éditorial. Nathalie
Brisac, maître formatrice, conseillère pédagogique pour
les éditions de l’École des loisirs, rappelle qu’il faut des
livres à l’école parce que « les livres donnent les clés du
28
Quelle place pour la littérature à l’école ?
29
28. Entretien avec Nathalie Brisac, http://www.ecoledesmax.com/portail/N.brisac.php.
Chapitre 2
30. Voir l’ensemble des titres et des commentaires d’élèves sur le site 31
www.ceuxquiontditnon.fr.
Chapitre 2
34. Les dossiers du café « Daeninckx et Serre : engagements croisés » site du café
pédagogique : http://www.cafepedagogique.net/Documents/107_lalonde_daeninckx.pdf 33
(consulté le 30/04/2010).
Chapitre 2
37. Sur ce sujet, nous conseillons de lire la remarquable anthologie de Pierre Seghers 35
La Résistance et ses poètes 1940-1945, Seghers, 2004.
Chapitre 2
36 38. Interview accordée à Dominique Souchier dans l’émission « C’est arrivé demain »
le 17 janvier 2010.
Quelle place pour la littérature à l’école ?
37
39. Émission « La Grande Librairie » du 29 avril 2010, France 5.
De l’intérêt de la
lecture littéraire
40. Jauss H.R., Pour une esthétique de la réception, Gallimard, Bibliothèque des idées,
Paris, 1978.
38 41. Jacques Leenhardt, Pierre Józsa, Lire la lecture. Essai de sociologie de la lecture.
Le Sycomore, 1982.
Quelle place pour la littérature à l’école ?
45. « La transmission des valeurs et les ruses de la fiction : petite mise en perspec-
tive historique » in Littérature de jeunesse, incertaines frontières, Colloque de Cerisy 41
(2004), Gallimard Jeunesse, 2005.
Chapitre 3
Retour sur Les Petites Filles modèles, extrait de l’article d’Isabelle Nières-Chevrel
« Le célèbre titre de la comtesse de Ségur, Les Petites Filles modèles, est un titre
trompeur. Il nous donne à croire que l’on pourrait écrire sur la vertu. Or, passé
le premier chapitre, Ségur n’a déjà plus rien à dire. Elle fait entrer Marguerite au
chapitre 2, avec un accident de voiture et une mère blessée. Les choses s’amé-
liorent un peu, mais elles languissent à nouveau jusqu’à ce que Sophie entre
en scène au chapitre 7. Cette fois, la romancière dispose de ce qu’il lui faut, le
récit peut fonctionner. Sophie entraîne Marguerite dans ses multiples inventions,
Camille et Madeleine passent à l’arrière-plan – nous pouvons les oublier. […]
Il n’y a [donc] rien à raconter sur Camille et Madeleine parce que ce sont des
figures sans désir. Les héros vertueux n’ont pas d’histoire. Cette contradiction
entre les exigences de la narration et celles de l’exemplarité a été perçue par
les écrivains pour enfants dès la naissance de la littérature de jeunesse. »
Extrait de « La transmission des valeurs et les ruses de la fiction : petite mise
en perspective historique », in Littérature de jeunesse, incertaines frontières,
Colloque de Cerisy (2004).
Chez les Grecs anciens, le héros est un mortel, fils de dieu ou de déesse.
Il symbolise donc l’union des forces célestes et terrestres et à ce titre garde
jusqu’à la mort une sorte de pouvoir supranaturel. Certains, comme Pollux ou
Héraclès (Hercule) ont acquis l’immortalité. Ils deviennent donc des protecteurs
pour les humains. On leur prête un courage et des exploits remarquables,
souvent à caractère guerrier (comme dans L’Iliade et l’Odyssée).
Prenant sa source dans ces mythes, le héros littéraire est avant tout un
personnage se distinguant soit par un courage extraordinaire soit par les
exploits réalisés lorsqu’il se trouve dans l’obligation de se surpasser. L’héroïsme
dans la littérature pour enfant prend donc différentes formes. Nina, personnage
principal de La Tétine de Nina46, préfigure déjà l’héroïsme lorsqu’elle tient tête
au loup (elle se fâche en lui glissant une tétine dans la bouche) et parvient ainsi
à grandir. La première marque de l’héroïsme en littérature est donc le combat
contre soi-même qui permet au personnage d’évoluer et d’accepter de grandir.
D’autres ouvrages qui mettent en scène les pulsions de l’enfant, comme Grosse
Colère47, le triomphe contre les peurs enfantines, guident les enfants vers l’idée
de dépassement de soi, idée qui traverse toute la tragédie classique avec des
enjeux différents naturellement.
Pour les enfants plus âgés apparaît ensuite une autre forme d’héroïsme plus
proche de la source mythologique et des œuvres classiques. Il s’agit de person-
nages qui osent affronter et triompher des forces maléfiques dans un geste qui
profitera à d’autres qu’à eux-mêmes. Léon, le personnage éponyme de Léon et
son croco48, devient un « grand charmeur de crocodile » parce qu’il est parvenu
à vaincre le crocodile qui gênait l’accès à l’eau de la rivière. Nulle intention
de départ chez cet enfant, comme Ulysse, il semble poussé par une force
(la fatalité, le hasard, la circonstance) qui le conduit à ce combat.
Souvent, le mot héros s’est substitué à celui de personnage principal. Il est
important de faire une distinction dans l’apprentissage pour permettre aux
élèves de mieux cerner ce concept clé en littérature. Le roman historique mettant
en scène des êtres devenus héroïques par leurs engagements permet de faire
le lien avec le réel (voir chapitre 2).
pour enfants) suscite souvent des débats qui n’ont pas vrai-
ment lieu d’être. Ce qui compte vraiment, c’est l’interro-
gation sur une forme de catégorisation des œuvres pour
enfants afin d’en dégager les différents usages, comme cela
s’est fait à propos de la littérature générale. Cependant,
il est indispensable de rappeler au préalable quelques
éléments clés pour la reconnaissance du statut de ces
œuvres pour la jeunesse afin de légitimer cette position.
Tout d’abord, rappelons que les livres pour enfants
ne sont pas une invention de la deuxième moitié
du xxe siècle comme on a trop souvent tendance à l’affirmer.
Certes la dénomination « littérature de jeunesse » est récen-
te, mais le fait de s’adresser à un public enfantin est fort
ancien comme le montrent C. Chelebourg et F. Marcoin53.
Le registre des comptines, la tradition orale mettaient déjà
l’enfant au contact des jeux langagiers qui sont l’essence de
l’esthétique littéraire54, ou des récits comme les contes ou
les légendes. Dès le xve siècle, des pages de certains livres
d’heures55 pour les mères de famille sont écrites en plus
gros caractères, ce qui atteste qu’elles sont certainement
réservées aux enfants. Mais c’est à la fin du xviiie siècle,
avec la naissance d’une édition destinée au jeune public,
qu’apparaît une littérature réellement spécialisée. Isabelle
Nières-Chevrel montre qu’il s’agit surtout de publications
pour adultes, rééditées pour les enfants, avec notamment
l’insertion d’illustrations. Le xixe siècle verra un essor
considérable de véritables éditions pour les jeunes dont
certains textes sont aujourd’hui considérés comme patri-
moniaux et sont lus autant par les adultes que le public
auquel ils étaient alors destinés.
Si l’on a du mal à définir le domaine étiqueté sous le
vocable « jeunesse » , c’est aussi parce que l’adjectif qualifie
une tranche d’âge très vaste (de la toute petite enfance au
début de l’adolescence). Dans cette catégorie, on retrou-
ve des œuvres qui s’adressent à tous (comme les contes
56. Extrait d’Introduction à la littérature de jeunesse, Didier Jeunesse, 2009, pp. 13-14. 53
57. Ibid. p. 14.
Chapitre 4
58. Rappelons que Le Faucon déniché est inscrit dans différentes listes d’œuvres
recommandées par le ministère de l’Éducation nationale pour le cycle 3 comme
54 le collège.
59. Les Cahiers Pocket, n° 34, mai 2010.
Quelle place pour la littérature à l’école ?
56 61. Vendredi ou les limbes du Pacifique pour les adultes, Vendredi ou la vie sauvage
pour les collégiens.
Quelle place pour la littérature à l’école ?
57
Chapitre 4
être lus et appréciés aujourd’hui comme hier. Le principal intérêt de ces œuvres,
c’est qu’elles constituent le socle d’une culture partagée et que leur connais-
sance permet d’affiner l’interprétation d’œuvres contemporaines qui s’y réfèrent
explicitement ou implicitement. Certains effets comiques de la littérature de
jeunesse d’aujourd’hui – mais également des films ou de dessins animés – sont,
par exemple, déjà présents dans les scénarios des spectacles de Guignol, dans
les fabliaux, ou dans La Farce de maître Pathelin. Toutefois, parmi ces ouvrages,
seuls ont été retenus ceux qui peuvent encore passionner les jeunes lecteurs
d’aujourd’hui ; il s’agit, en effet, de leur faire lire ces textes, non de les leur
signaler a priori comme dignes d’intérêt parce que la postérité les a retenus
et légitimés. »
L’ONL complète cette information sur son site62 en répondant à des questions
posées a priori par les enseignants. S’appuyant sur les définitions données
par le Dictionnaire historique de la langue française (Robert), les rédacteurs
de la réponse opèrent une analyse des deux expressions pour montrer les
champs que chacune d’entre elles recouvrent. Les textes du patrimoine sont
ceux « qui retranscrivent au cours des siècles, les récits, les contes, les fables,
les mythes qui fondent une culture ». Il s’agit donc de textes fondateurs écrits
pour répondre aux grandes questions que se pose l’humanité et qui ont acquis
une dimension universelle dans le domaine des sciences humaines. Ils sont
reconnus unanimement.
La notion de classiques est, quant à elle, historiquement plus liée à l’aventure
scolaire, puisqu’elle se définit par l’établissement d’un corpus d’œuvres qui sont
jugées dignes d’être enseignées et étudiées dans le cadre scolaire :
« Socle culturel commun, lieu partagé de communication et d’échanges sur le
monde, au travers de références communes, elles rendent compte des aspira-
tions, des valeurs, de la société dans laquelle l’élève est appelé à s’insérer. Elles
ont donc valeur d’exemple et – aux yeux de la société de l’époque – une valeur
morale. Cependant, elles transcendent le temps, ce qui explique leurs rééditions
régulières et le consensus qui les entoure. »
La suite de l’analyse proposée par l’ONL pour exposer le sens du mot classique
s’inscrit délibérément dans la veine des travaux universitaires qui ont permis
de définir la notion de littérature de jeunesse. L’article reprend en effet l’idée
qu’un texte littéraire doit résister à la compréhension première orchestrant
une confusion qui amène une nécessaire coopération du lecteur. À l’instar de
Catherine Tauveron63, les rédacteurs distinguent les notions de « résistance »
et « réticence » des textes.
62. Pour une information complète voir l’article sur le site : http://onl.inrp.fr/ONL/
travauxthematiques/livresdejeunesse/endebat/patrimoine/index_html.
63. Catherine Tauveron, « La lecture comme jeu, à l’école aussi », in La lecture
58 et la culture littéraire au cycle des approfondissements, SCEREN, CRDP de Versailles
2004, p. 32.
Quelle place pour la littérature à l’école ?
w Dpour
es livres résistants et consistants
former à la lecture littéraire
63
65. L’observation des valeurs véhiculées par le texte notamment.
Chapitre 4
65
Vers la construction
d’une didactique de la
lecture littéraire
a vant de clore cet ouvrage, il nous paraît indispensa-
ble de proposer quelques pistes pour guider les ensei-
gnants dans la construction d’une didactique de la lecture
littéraire. Pour cela, à titre d’exemple, nous montrerons,
à partir d’une œuvre comment on peut :
– articuler les apprentissages les uns aux autres ;
– construire une lecture experte d’un ouvrage ;
– développer une séquence à partir de cette lecture.
Dans cette partie, nous ne développerons pas de conseils
pédagogiques pour la mise en œuvre des séances elles-mêmes
et notamment pour la construction des échanges qui condui-
sent l’enfant vers l’interprétation, car les ouvrages sur ce
sujet sont nombreux67. Il nous paraît plus important :
– de proposer des pistes pour structurer les connaissances
et organiser des parcours de lecture nécessaires à la construc-
tion des savoirs et à la formation du lecteur de la littérature ;
– de donner quelques principes méthodologiques
permettant d’analyser les histoires et d’en dégager les
éléments structurant pour l’apprentissage ;
– puis de montrer à l’enseignant comment construire
des choix didactiques en fonction des objectifs qu’il s’est
assignés à travers un exemple.
w quels
Organiser les lectures en parcours :
fondements théoriques ? 68
67
Chapitre 5
68 69. Ces termes techniques ne sont pas à enseigner aux élèves, ils permettent
surtout à l’enseignant de structurer sa connaissance et son analyse des œuvres.
Quelle place pour la littérature à l’école ?
Actants
71. Expression empruntée à Nina, une élève de CE1 lors d’une séance de lecture
littéraire du texte de Bernard Friot.
70 72. P. Corentin, École des loisirs.
73. Emmanuelle Robert, Ronan Badel, Seuil jeunesse.
Quelle place pour la littérature à l’école ?
w Cquelques
onduire une lecture experte :
propositions
74. Expression relevée lors d’une conférence donnée à l’IUFM de Valence auprès 71
des stagiaires PE2 et étudiants PE1.
Chapitre 5
w Analyser la narration
Une première lecture de l’œuvre nous renseigne sur les
thèmes développés dans le récit, les rapports qu’ils entre-
tiennent avec les grandes figures littéraires et nous incite à
observer les personnages, leurs intentions et les actes qu’ils
conduisent pour favoriser la réalisation de l’intrigue.
Il nous faut ensuite nous interroger sur :
– la modalité narrative : qui raconte le récit ? Quels
sont les choix réalisés par l’auteur pour permettre au lec-
teur d’entrer dans le récit (par exemple produire un effet
de réel en utilisant un cadre spatiotemporel précis) ? ;
– la progression de l’intrigue : à quel moment intervien-
nent les perturbations et les résolutions ? Qui fait évoluer
l’aventure ? ;
– les relations entretenues avec le réel : les points com-
muns, les écarts ;
– les non-dits et la manière dont ils sont mis en
œuvre ;
– les émotions que nous procurent le texte : comment
se construisent-elles pour installer un regard réflexif sur
notre propre lecture et dégager les effets d’échos produits
par le texte. Par exemple, dans le cas d’un conte comme
Le Petit Poucet, la répétition de l’abandon des enfants dans
la forêt contribue à renforcer la montée du tragique.
1.
2.
78
Quelle place pour la littérature à l’école ?
3.
w Organisation de la séquence
Séance 1
Pour cela, nous proposons tout d’abord de faire lire l’inté-
gralité du texte aux élèves sans nécessairement en montrer
les images. Il faudra aménager cette lecture en fonction
des compétences de chacun, c’est-à-dire, éventuellement,
en assumer magistralement une partie pour éviter la
surcharge. À l’issue de ce travail, une reformulation est
nécessaire pour permettre de valider la compréhension de
l’intrigue. On pourra alors établir un tableau des différents
personnages et de leurs relations, puis des grandes étapes de
l’intrigue (notamment des quatre temps forts : découverte de
la table à dessin / dégustation du blé puis épisode de la
tapette / saccage de la table à dessin / négociation finale).
Séance 2
Une deuxième séance permettra de mieux comprendre le
caractère des deux souriceaux pour analyser et interpréter
79
Chapitre 5
Séance 3
Dans une troisième séance, on apportera les illustrations
(donc l’album) et on proposera aux élèves de les obser-
ver librement. Il n’est pas du tout certain qu’ils voient les
Post-it et comprennent le lien avec le récit. Si tel était le
cas, ce serait évidemment très significatif de la capacité
à décrypter le message. On centrera alors leur attention
pour essayer de comprendre qui les a écrits et dégager
leurs fonctions. Cela nous permettra de constater qu’il
s’agit d’une mise en abyme de l’écriture du texte (pour les
élèves : c’est l’auteur qui se dessine en train d’inventer une
histoire de souris, elle devient cette histoire).
L’analyse du troisième Post-it permettra d’entrer dans
une découverte des aspects sociologiques du livre pour
mieux l’interpréter. Apporter une connaissance extrinsè-
que pour savoir ce que signifie le contrat, les pourcentages,
permet de risquer une interprétation. Pourquoi envisage-
t-il d’être mieux payé ? Qu’a-t-il fait pour cela ? Là, il n’y
a pas de réponse dans l’œuvre, on ne peut qu’interpréter
cette donnée de l’image au regard de notre culture et de
notre connaissance du fonctionnement éditorial.
Séance 4
Une dernière séance permettra de faire le bilan des savoirs
acquis et de comprendre les choix esthétiques réalisés par
l’auteur. En effet, la dissociation du texte et de l’image
permet de dégager deux interprétations assez différentes.
On pourra le structurer ainsi : les auteurs peuvent se pla-
cer dans l’histoire qu’ils écrivent sans le dire nettement et
en ne parlant pas à la troisième personne. Corentin veut
nous montrer que pour lui, une histoire pour laquelle un
auteur a un modèle (la souris qu’il utilise) peut être plus
réussie. Dans un récit comme celui-ci, l’auteur fait réfléchir
le lecteur et le laisse imaginer certaines idées.
80
Quelle place pour la littérature à l’école ?
Schéma n° 2 :
Poussé par : son métier d’auteur illustrateur, le sujet : l’illustrateur, poursuit
une quête : écrire un livre dont les personnages sont des souriceaux. Il est aidé
en cela par : son observation des souris quand elles lui servent de modèles
et sera opposé : aux manques de modèles. Au bout du compte, cette quête
profitera à : l’illustrateur qui va renégocier le contrat, aux lecteurs.
81
Pour conclure
82
AnnexeS
w Qdes
uelques pistes pour organiser
parcours
75. Pour reprendre l’expression de Michel de Certeau : « les lecteurs sont des voya-
geurs ; ils circulent sur les terres d’autrui, nomades braconnant à travers les champs
qu’ils n’ont pas écrits, ravissant les biens d’Égypte pour en jouir » in L’Invention du 83
quotidien, éditions 10/18, 1980.
Annexes
w Construire le personnage
1. Une première étape de ce parcours sera consacrée à la
découverte de la notion de personnage : petite section et
moyenne section pour les points a, b, c et d. Les points e et
f sont à retravailler à des niveaux différents tout au long
des autres cycles.
f. C
ommencer la découverte des stéréotypes installés
dans leur archétype d’origine comme Le Loup (Sara),
Sorcière y es-tu ? (Magdalena).
85
Annexes
c. C
onstruire le rapport entre le texte et l’image par
des albums à structure répétitive comme La petite
chenille qui fait des trous (E. Carles).
d. Construire la structure du conte en randonnée afin
de dégager de véritables attentes de lecture (coopé-
ration du lecteur) : la lecture (ou sa narration) de
La Moufle (R. Giraud) permettra d’avoir des attentes
plus précises sur un album comme Le Bonnet rouge
(B. Weninger ; J.A. Rowe, illus.) notamment en ce
qui concerne la compréhension de la fin du récit.
e. Découvrir des contes racontés (et non lus).
87
Annexes
88
bibliographie
w Pquelques
our aller plus loin :
œuvres fondatrices
w Bpour
ibliographie des ouvrages
la jeunesse cités 76
Lionni Léo, Petit Bleu et Petit Jaune, École des loisirs, 1970
Prévot Franck, Tout allait bien, Le buveur d’encre, 2009
Parr Todd, Tous différents, Bayard jeunesse, 2006
Palayer Caroline, Trop ceci cela, Frimousse, 2002
Sendak Maurice, Max et les maximonstres,
École des loisirs, 1988
Ponti Claude, L’Arbre sans fin, École des loisirs, 1992
Roger Marie-Sabine, À la vie, à la…, Nathan, 2005
Déon Michel, Thomas ou l’infini, Gallimard jeunesse, 1975
Séonnet Michel, Geiger Cécile, Madassa, Sarbacane, 2002
Rapaport Gilles, Grand-père, Circonflexe, 1999
Ungerer Tomi, Otto : autobiographie d’un ours en peluche,
École des loisirs, 1999
Daeninckx Didier, Missak, l’enfant de l’Affiche rouge,
Rue du monde, 2010
Causse Rolande, Rouge Braise, Gallimard jeunesse, 2007
Furlaud Sophie, Les P’tits Philosophes, Bayard jeunesse, 2009
Desarthe Agnès, Comment j’ai changé ma vie, École des loisirs,
2004
Boujon Claude, La Brouille, École des loisirs, 1989
Caroll Lewis, Tenniel John, Alice racontée aux petits,
École des loisirs, 1980
Daeninckx Didier, Le Chat de Tigali, Syros jeunesse, 2007
Nöstlinger Christine, Le Môme en conserve, Le livre de poche,
2007
90
76. Œuvres classées dans l’ordre de citation dans l’ouvrage.
Quelle place pour la littérature à l’école ?
92
Quelle place pour la littérature à l’école ?
w Bcités,
ibliographie des ouvrages pour la jeunesse
par ordre alphabétique du nom des
auteurs
93
* Signifie qu’il s’agit d’une série, le titre n’est donc pas complet.
Bibliographie
94
* Signifie qu’il s’agit d’une série, le titre n’est donc pas complet.
Quelle place pour la littérature à l’école ?
95
* Signifie qu’il s’agit d’une série, le titre n’est donc pas complet.
Direction éditoriale : Sylvie Cuchin
Édition : Anne Marty
Mise en page : Christophe Vallée / Domino
Corrections : Bérengère de Rivoire
N° de projet : 10164804
Dépôt légal : août 2010
Achevé d’imprimer en France en août 2010
sur les presses de la Nouvelle Imprimerie Laballery