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TUMEURS BENIGNES

Cours d’Anatomie pathologique


3e Licence

Pr C. DIAL MCA

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TUMEURS BENIGNES
1- Définition

Prolifération autonomes de cellules dérégulées ayant des


conséquences liées à leur localisation.

2- Caractères généraux

2.1- Macroscopiques

La tumeur bénigne se développe sur place dans le tissu matriciel. La


croissance est lente. Elle est bien limitée, en général par une coque ou une
capsule. Elle refoule les tissus voisins sans les infiltrer. C’est le caractère
expansif.

2.2- Histologiques

La tumeur bénigne reproduit morphologiquement et


physiologiquement le tissu matriciel
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Tumeur bénigne antérocervicale

Labo ACP HOGGY

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Adénome thyroïdien bien limité par une capsule

Capsule

Labo ACP HOGGY


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2.3- Evolutifs
La tumeur bénigne ne récidive pas après ablation. Elle ne se reproduit pas à distance
(absence de métastase).
Cependant, certaines tumeurs bénignes sont multicentriques – léiomyomatose.
La tumeur bénigne n’a pas en principe de retentissement grave sur l’organisme
porteur.

En fait, il existe des exceptions :

Le siège de la tumeur bénigne peut donner l’occasion à des lésions graves au cours de
l’évolution :

- Adénome hypophysaire : compression chiasma optique – cécité.


- Méningiome : compression cerveau – paraplégie.
- Polypose intestinale : dyskinésie – occlusion – infarcissement – mort.

La structure de la tumeur bénigne peut être l’occasion de lésions graves avec


l’évolution :

- Angiome : rupture – hémorragie – mort. 5


3- Classification

Chaque tissu de l’organisme pouvant donner naissance à une tumeur


bénigne.

Il faut distinguer :

- des tumeurs bénignes épithéliales ;


- des tumeurs bénignes mésenchymateuses.

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3.1- Tumeurs bénignes épithéliales

3.1.1- Tumeurs des revêtements epitheliaux.

Les revêtements
- malpighien:
peau,
cavité buccale, pharynx, œsophage, régions anale et génitale,

- urothélium des voies excréto-urinaires

- Respiratoire
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3.1- Tumeurs bénignes épithéliales
- Papillome et condylome

Papillome

Tumeur relativement fréquente. Certains papillomes d’origine virale sont bien connus (les
crêtes de coq de la muqueuse génitale).

Macro : le papillome est une petite tumeur bien circonscrite, saillante au-dessus de
l’épiderme. Sessile ou pédiculée.

Micro : il est constitué d’un axe conjonctivo-vasculaire émanant du derme ou du chorion.


Cet axe se ramifie souvent finement. Ces ramifications sont revêtues par l’épithélium
intéressé. Les interstices entre les ramifications sont comblés par les cellules
épithéliales mortes ou kératinisées desquamées. Ces ramifications conjonctivo-
épithéliales constituent les éléments du papillome.

Si la kératinisation est importante en périphérie du papillome, on parle de verrue vulgaire


ou de corne.

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Papillome

Hyperpapillomatose
Du chorion

Acanthose de
L’épithélium
malpighien

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Labo ACP HOGGY
3.1- Tumeurs bénignes épithéliales
- Condylome

Tumeur des pourtours des orifices naturels (anus et vulve), rappelle


morphologiquement le papillome. Mais aspect en « chou-fleur » avec une
surface mamelonnée.

Il y a à l’histologie une prolifération des papilles dermiques juxtaposés, hyper


vascularisés, refoulant devant eux le revêtement épithélial parfois épaissi.

Les condylomes connaissent un regain d’intérêt en pathologie gynécologique


du fait de l’implication de leur origine virale (virus du papillome humain,
HPV) et aussi de la survenue des cancers.

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Variétés de condylomes
On décrit :

les condylomes acuminés du col utérin, de la vulve, du vagin :


papules en « chou-fleur », couleur rougeâtre avec en surface une
ponctuation rouge-brun.
(axe conjonctivo-vasculaire → ponctuation en surface) ;

les condylomes géants de Buschke-Lowenstein volumineux, de même


morphologie que les petits condylomes.

les condylomes plans seuls ou associés à des condylomes exo ou


endophytiques. Peuvent être multifocaux – lésions iodo-
négatives, peu surélevées.
→ mosaïque avec leucoplasie et faible ponctuation de glycogène.

Cytologie typique → cellules avec dyscaryose halo périnucléaire →


koïlocytes de Koss (lésion d’origine virale). 11
Condylome (Infection par HPV)

Hyperkératose

Hyperpapillomatose
Du derme

Acanthose de
L’épithélium malpighien

Labo ACP HOGGY

Forte acanthose, parakératose, hyperpapillomatose et koilocytose


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Koilocytose = cytopathie spécifique due à l’infection par HPV
Koilocytes épithéliaux (dus à HPV)

Labo ACP HOGGY

Les koïlocytes sont des cellules avec une volumineuse vacuole périnucléaire 13
Koilocytes sur FCV

Koilocytes

Labo ACP HOGGY


Les koïlocytes sont des cellules avec une volumineuse vacuole périnucléaire
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Le cytoplasme résiduel est dense, le noyau est déformé parfois double
3.1.2- Tumeurs des revêtements cylindriques

Ici, quatre entités sont à définir :

- le polype,
- la polypose
- le polyadénome
- la polyadénomatose

Polype : le terme a une signification macroscopique. Il désigne une


tumeur bénigne faisant saillie dans la lumière d’une muqueuse,
rattachée à la muqueuse par un pédicule (polype pédiculé) ou
implantée sur elle par une base large (polype sessile).

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3.1.2- Tumeurs des revêtements cylindriques
Microscopiquement, les polypes peuvent correspondre à:

- des tumeurs villeuses (développement hyperplasique de l’épithélium de


revêtement et du chorion) Ex: colon

- des polyadénomes (développement des glandes provoquant la saillie polypeuse)


Ex: estomac Endomètre

- des tumeurs bénignes mésodermiques (fibromes, angiomes). Ex: Léiomyome sous


muqueux utérus

La polypose et la polyadénomatose indiquent une notion quantitative (un grand


nombre de polypes ou polyadénomes).

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Le polype glandulaire ou polyadénome.
Exemple : Polype endométrial : hyperplasie des glandes endométriales séparées
par le chorion cytogène

Labo ACP HOGIP


3.1.3- Parenchymes glandulaires

Au niveau des glandes endocrines et exocrines

Ici, les tumeurs bénignes sont habituellement bien encapsulées.

La composante épithéliale est de type glandulaire. Elle peut être


prédominante (adénome) ou elle peut être équivalente ou dépassée
par la composante mésenchymateuse (fibroadénome).

Exemple : adénome et fibroadénome la glande mammaire


adénome vésiculaire ou folliculaire de la thyroïde

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Nodule du sein: bien limité, homogène

Labo ACP HOGGY

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Adénome tubuleux du sein

Tubes

Labo ACP HOGGY

Prolifération tumorale bénigne d’un seul contingent tubulaire

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Fibroadénome

tube

Tissu fibreux
Labo ACP HOGGY

Prolifération tumorale bénigne de deux contingents tubulaire et fibreux


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Prolifération
épithéliale

Tissu
Cartilagineux

Capsule

Glande normale

Adénome pléiomorphe de la parotide ou tumeur mixte22


3.2- Tumeurs bénignes mésenchymateuses
Elles concernent:

- le tissu conjonctif commun : Fibrome, myxome

- le tissu conjonctif spécialisé (adipeux, cartilagineux, osseux,


nerveux).

- Le tissu musculaire

- les cellules histiocytaires


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3.2.1- Tumeurs du tissu conjonctif commun

Fibrome
Le fibrome au sens strict du terme est peu fréquent.

Il peut s’observer partout où existe du tissu conjonctif.

Il est constitué par une prolifération de fibrocytes et de fibroblastes en


faisceaux, associés à des fibrilles de collagène plus ou moins
abondantes.

Le fibrome peut être remanié par de l’œdème et prendre une


consistance molle d’où le nom de molluscum (exemple: molluscum
pendulum ou fibrome mou).
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3.2.2- Tumeurs du tissu conjonctif spécialisé

Tissu adipeux : les lipomes

Tumeurs tantôt isolées, tantôt multiples, sont de siège variable,


ubiquitaire.

Macroscopiquement : il s’agit de masses multilobées, finement


encapsulées, jaunâtres, mollasses.

Au niveau des muqueuses, les lipomes tendent à se pédiculiser


(lipomes intestinaux).

Histologiquement : il s’agit d’un assemblage d’adipocytes


matures disposés en larges plages segmentées par quelques cloisons
conjonctives ou conjonctivo-vasculaires.
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Lipome (macro)

Labo ACP HOGGY

Masse tumorale tissulaire homogène jaunâtre d’aspect adipeux 26


Lipome (micro)

Capsule fibreuse

Adipocytes matures

Vaisseaux

Labo ACP HOGGY Cloison fibreuse


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Labo ACP HOGGY

Fibrolipome: prolifération bénigne combinant tissus fibreux et adipocytaire


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Tissu musculaire : les myomes
Suivant la nature du tissu musculaire, on distingue les :
léiomyomes formés de fibres musculaires lisses ;
rhabdomyomes formés de fibres musculaires striées.

Léiomyomes utérins : tumeurs circonscrites, fasciculées, blanchâtres, dures ayant tendance à


faire saillie sur la tranche de section, développée au sein du myomètre.

Histologiquement : cellules fusiformes à noyau allongé en bâtonnet, à extrémités


arrondies, groupées en faisceaux enchevêtrés en tous sens. Entre les faisceaux musculaires,
se trouvent des quantités variables de tissu conjonctif plus ou moins riche en vaisseaux.
La richesse en tissu conjonctif confère à ces tumeurs le nom de léiomyofibromes.

Rhabdomyomes : sont des tumeurs exceptionnelles. S’observent au niveau du muscle cardiaque


et au niveau de la cavité buccale (langue) où on décrit les tumeurs d’Abrikossof qui sont des
tumeurs rhabdomyo-granulo-cellulaires.

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Macro: Léiomyome utérin

Labo ACP HOGGY

Présence de nodules interstitiels de taille variable tissulaires blanchâtres fasciculés


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Comprimant la cavité utérine
Macro: Léiomyome utérin

Labo ACP HOGGY

Présence de nodules interstitiels et sous-séreux tissulaires blanchâtres fasciculés


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Comprimant la cavité utérine
Macro: Léiomyome utérin

Labo ACP HOGGY


Labo ACP HOGGY

Enucléation de Nodules bien limités de taille variable fermes blanchâtres fasciculés 32


Micro: Léiomyome utérin
Labo ACP HOGGY

Cellule musculaire lisse fusiforme Prolifération de léiomyocytes sans atypies


avec noyau allongé aux extrémités arrondis nucléaires regroupés en faisceaux entrecroisés

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Tissu cartilagineux : les chondromes
Ils siègent le plus souvent au niveau du squelette, mais aussi au niveau du cartilage
thyroïde et cricoïde ou même au niveau des tissus mous.

Macroscopiquement : il s’agit de tumeurs arrondies, bien limitées,


multilobées, fermes. Sur la tranche de section, le tissu tumoral est blanc-grisâtre,
opalin.

Histologiquement : cartilage hyalin composé de chondroblastes réguliers. On


peut observer des foyers de différenciation ostéoblastique.

Il existe des chondromes purs développés au sein de l’os (enchondromes) ou en


surface (échondromes).

On décrit des chondromes hyalins, des chondromes myxoïdes, des fibro-chondromes.

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Tissu osseux : les ostéomes

Les ostéomes sont composés de tissu osseux plus ou moins dense


au sein ou au contact de l’os.

Les ostéomes éburnés sont constitués d’os compact.

A côté des ostéomes vrais, il faut placer les ostéochondromes


bénins ou exostose ostéogénique qui peuvent s’ossifier
totalement en fin d’évolution.

Il s’agit de tumeurs multiples, héréditaires apparaissant chez le


jeune enfant ou de tumeurs isolées développées chez des
enfants après l’adolescence et chez l’adulte.
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Ostéome mandibulaire 36
3.3- Tumeurs bénignes des tissus vasculaires

Ce sont les angiomes.

Suivant la nature des vaisseaux qu’elles reproduisent, ces tumeurs


seront appelées :

- hémangiomes pour les tumeurs vasculaires sanguines ;

- lymphangiomes pour les tumeurs vasculaires lymphatiques.

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Les hémangiomes
On décrit les hémangiomes capillaires, taches rouges ou violacées ou tumeurs
mamelonnées, constituées de très nombreux capillaires juxtaposés.

- Les angiomes caverneux qui siègent le plus souvent au niveau des revêtements
cutanés, du foie, de la langue ou de l’os, sont formés de lacunes sanguines
irrégulières tapissées par un endothélium qui repose sur une fine lame de tissu
collagène.

Il convient de signaler quelques syndromes caractérisés par la présence d’angiomes


multiples :

La maladie de Rendu-Osler ou angiomatose héréditaire hémorragique : cette maladie


associe des angiomes multiples cutanéo-muqueux.

La maladie de Von Hippel Lindau associe une angiomatose rétinienne, un hémangio-


blastome cérébelleux et des malformations kystiques viscérales.

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Hémangiome sous-cutané

Epiderme

Vaisseaux capillaires

Labo ACP HOGGY


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Hémangiome du foie

Labo ACP HOGGY

Décollement capsulaire du lobe droit par une tumeur volumineuse vasculaire brunâtre 40
Hémangiome du foie

Parenchyme hépatique

Capsule tumorale

Capillaires dilatés
caverneux

Labo ACP HOGGY

Prolifération de vaisseaux capillaires caverneux 41


regroupés en une tumeur bien limitée par une capsule
Les lymphangiomes
Sont formés de lymphatiques néoformés de taille variable.
Observés chez l’enfant, le siège est variable ;

Histologiquement : type capillaire, caverneux ou kystique.

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III- AUTRES TUMEURS BENIGNES

- Tumeurs bénignes des tissus nerveux

Les schwannomes : sont en fait des neurinomes, tumeurs sphériques ou


ovoïdes, toujours encapsulées, situées sur le trajet d’un nerf. La consistance est
à la fois molle et élastique, fluctuante.
Au microscope, ces tumeurs sont formées de cellules allongées, à
cytoplasme finement fibrillaire et à noyau fusiforme, ondulé. Ces éléments
ont tendance à se regrouper et à former des faisceaux entrecroisés et
souvent tourbillonnants. Les noyaux peuvent prendre une disposition
palissadique ce sont les zones Antoni A, alternant avec des zones peu
cellulaires hyalines ou Antoni B (appelés les nodules de Vérocay)

Les neurofibromes: associent une prolifération mal limitée de cellules


nerveuses et de fibroblastes (cadre Maladie de Von Recklinghausen)

Tumeurs solitaires ou multiples. 43


Schwannome:
Prolifération bénigne de cellules fusiformes ondulées

Nodule de Verocay

Cellules ondulées

Labo ACP HOGGY


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- Tumeurs bénignes du système pigmentaire

Les tumeurs bénignes : siègent le plus souvent sur la peau sous forme
De taches pigmentaires ou de petits nodules (grain de beauté ou
lentigo, naevus tubéreux, naevus bleus).

Histologie : ils sont constitués de cellules mélanoblastiques groupées en


nids, en amas ou en traînées.

Si les cellules tumorales sont peu nombreuses, le relief est à peine


marqué (naevus plan) ;

Si elles se trouvent en grand nombre, elles déterminent une tumeur


saillante (naevus tubéreux).
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Naevus congénital

Epiderme

Mélanocytes en amas dans le


derme

Labo ACP HOGGY

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IV- ETIOLOGIE DES TUMEURS BENIGNES

Pour expliquer leur genèse:

- des facteurs génétiques: angiomes, polypose familiale


- des facteurs viraux (HPV): condylomes, verrue vulgaire.

Cependant, beaucoup de tumeurs bénignes sont encore d’étiologie mal


connue
- myomes utérins: facteurs hormonaux, génétiques
- adénomes mammaires: facteurs hormonaux

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