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RAYMONDE LAFONTAINE
Université du Québec à Montréal
© CPA Canada, 2015. Adapté, reproduit et mis à votre disposition avec l'autorisation de CPA Canada. Les modifications à la version originale sont de la
responsabilité de l’Ordre des comptables professionnels agréés du Québec ont été ni examinés ni approuvés par CPA Canada. Toute traduction,
reproduction, adaptation ou communication au public sous quelque forme que ce soit est interdite. La permission d’utiliser ce matériel est accordée
uniquement aux établissements reconnus par l’Ordre des comptables professionnels agréés du Québec. Cette étude de cas est destinée à servir de canevas
de discussion à caractère pédagogique et ne comporte aucun jugement sur la situation financière ou administrative dont elle traite. Bien qu’elle soit fondée
sur des situations réelles, certains de ses aspects relèvent de la fiction.
ABC Métal inc.
(Durée : 180 minutes)
« Dorénavant, aucune livraison de matériel ne sera effectuée sans la réception préalable d'un chèque certifié
par la banque. »
Cet avis, Camil Blanchet (ci-après appelé Blanchet), entrepreneur âgé de 55 ans, commençait à le recevoir à
répétition. Les premiers avis lui avaient d'abord été adressés par ses fournisseurs importants, excédés par
l'allongement des délais de règlement des factures impayées. Puis, sans doute alertés par les rumeurs qui
commençaient à circuler dans le milieu, les petits fournisseurs avaient progressivement imposé les mêmes
exigences de paiement sur livraison.
Il faut dire que les rumeurs concernant la précarité de la situation financière de l'entreprise se faisaient de
plus en plus persistantes dans l'industrie. Blanchet devait décupler les efforts de communication auprès des
clients, même les plus anciens, pour leur expliquer que les difficultés de l'entreprise étaient passagères et
que celle-ci était toujours en mesure de leur assurer la qualité des produits et la fiabilité de la date de
livraison. Ce qui, en réalité, était de moins en moins le cas.
Comment faire? Blanchet avait l'impression de se retrouver au milieu d'un cercle infernal. Pas de crédit, pas
de matière première. Pas de matière première, pas de ventes. Pas de ventes, pas de crédit. Pas de crédit,
pas de matière première... Comment faire pour briser ce cercle vicieux et redonner souffle à l'entreprise? Ce
n'était pas la première crise qu'il affrontait depuis qu'il était en affaires mais, cette fois, il s'agissait de
quelque chose de différent. Il sentait que les règles de fonctionnement de l'industrie changeaient et il avait
de la difficulté à s'adapter à cet univers en mouvement.
Blanchet n'était pas le seul à s'interroger sur la capacité de l'entreprise de redresser sa situation financière.
Le directeur de comptes de Crédit Montréal, l'institution financière qui faisait affaire avec ABC depuis le
début, lui avait fait savoir que le service de crédit de la banque exigeait, comme condition préalable à l'étude
du renouvellement annuel du dossier, qu'un rapport de consultation, préparé par un professionnel reconnu
par les deux parties, lui soit remis. Le rapport du consultant devait faire état de la pertinence de la continuité
des relations d'affaires entre les parties sur la base d'une évaluation de la capacité de l'entreprise de
redresser sa situation financière. Le cas échéant, le rapport du consultant devait inclure un solide plan de
redressement accompagné d'une estimation des liquidités nécessaires pour effectuer le redressement et du
calendrier de remboursement des crédits financiers utilisés pour obtenir ces liquidités. Le mandat devait être
signé entre l'entreprise et le consultant. De même, l'entreprise était responsable du paiement des honoraires
du consultant. Entre-temps, aucun dépassement du prêt d'exploitation existant, présentement utilisé en
totalité, n'était autorisé.
Il fallait donc s'attaquer sans tarder à la préparation du plan de redressement exigé par la banque. Sur les
conseils de son auditeur, Blanchet avait téléphoné à Philippe Charest, CPA (ci-après appelé Charest),
expert-comptable comptant plusieurs années d'expérience dans le redressement d'entreprises en difficulté
financière. Ils avaient pris rendez-vous la journée même, ce 3 juillet 2015.
Les premiers échanges entre Charest et Blanchet n'avaient pas été des plus cordiaux; Blanchet considérait
que la clause du mandat permettant à Charest de communiquer en tout temps toute information pertinente à
la banque était une ingérence dans son entreprise.
Blanchet s'était cependant montré peu à peu plus conciliant, et la suite des échanges avait permis à Charest
d'en connaître d'avantage sur l'historique et l'évolution de l'entreprise.
ABC Métal inc. a été fondée en 1985, dans une petite ville de la région de Rivière-du-Loup. En 2000, après
avoir travaillé plusieurs années comme responsable des ventes, Camil Blanchet s'est porté acquéreur de la
compagnie. La mission de l'entreprise consistait alors à fabriquer des pièces de métal destinées aux
entreprises agricoles et forestières de la région.
Sous la gouverne de Blanchet, l'entreprise s'est rapidement transformée, délaissant ses activités premières
pour se spécialiser dans la production de pièces de quincaillerie destinées à l'industrie du meuble de bois.
Rappelons que, durant la décennie 1990, l'industrie du meuble de bois était une industrie florissante dans la
région de Montmagny-l'Islet, région limitrophe de Rivière-du-Loup. Blanchet voyait dans cette industrie une
opportunité d'orienter son entreprise vers un type de production en série, à haut volume et, à ce moment-là,
à forte marge bénéficiaire (Annexe VII).
La réorientation des activités d'ABC Métal inc. et surtout l'arrivée d'un nouveau client, dont le volume de
commandes était tel qu'il doublait, en un an, le chiffre d'affaires de l'entreprise, ont fait que la petite usine
était devenue inefficiente. Un déménagement des activités s'imposait, tant au niveau des installations de
production qu'au niveau du site. C'est ainsi qu'en 2009, ABC Métal inc. s'est porté acquéreur d'un terrain
situé dans le parc industriel de Rivière-du-Loup, et a entrepris la construction d'une nouvelle usine,
spacieuse, et dotée des équipements de production les plus sophistiqués.
L'analyse des états financiers historiques permet de constater que les premières années passées à Rivière-
du-Loup ont été des années de prospérité, puisque le chiffre d'affaires est passé de près de 3 314 000$, en
2010, à 4 514 000$, en 2012, et que le bénéfice net est passé de 266 000$, en 2010, à 458 000$, en 2012
(Annexe VII).
En fait, l'entreprise faisait face à deux problèmes majeurs dans ses relations d'affaires avec le Nouveau-
Brunswick. Le premier était d'ordre culturel, Blanchet ayant de la difficulté à s'exprimer en anglais. Le second
était d'ordre manufacturier : ABC faisait, avec difficulté, l'apprentissage de la production de pièces de
précision. Ce type de production exige, de l'étape initiale du dessin et de la fabrication du moule à l'étape de
la coupe de la pièce, une main-d'œuvre qualifiée et une exécution parfaite. Ce qui est fort différent de la
production en série dans laquelle, une fois les ajustements apportés aux équipements de production, un
employé sans expérience peut accomplir la tâche après quelque trente minutes de formation.
Ce qui explique l'entrée en fonction de Jeanne Marien (originaire de Moncton), représentante desventes , et
de Luc Falardeau, ingénieur.
D'autres se seraient découragés. Mais Blanchet, tenace, a plutôt décidé de recentrer ses efforts sur le
marché québécois, laissant à Mme Marien l'entière responsabilité du développement des affaires au
Nouveau-Brunswick. Il a repris contact avec ses clients, et a recommencé à rendre visite aux entreprises
qu'il savait avoir besoin de pièces de métal, y compris les entreprises fabriquant des meubles de mélamine.
Les efforts de Blanchet n'ont pas été vains comme en fait foi l'accroissement du chiffre d'affaires à partir de
l'année 2013 (Annexe VII); mais, malheureusement, l'augmentation du carnet de commandes ne s'est pas
traduite par un retour à la rentabilité.
Plusieurs raisons fondamentales expliquent cette situation. Soulignons, premièrement, que toute la région
est de la province avait été durement touchée par la récession, et que beaucoup de clients ou clients
éventuels d'ABC avaient fermé leurs portes, ou fait faillite. Il fallait donc se diriger vers des territoires plus
éloignés, dont Québec, la Beauce, Montréal et les Cantons-de-l'Est. Il n'était plus question de compter sur le
réseau établi, ou sur l'amitié, pour conclure de nouvelles affaires ou pour régler les petits litiges en cours de
production. La soumission d'offres de service en bonne et due forme, à prix déterminé, devenait la norme.
Deuxièmement, les changements de méthode de contrôle des inventaires en faveur de la méthode « juste-à-
temps » et la concurrence féroce des pays européens et asiatiques modifiaient le profil de l'industrie de la
transformation de métal en feuille. Les entreprises survivantes seraient, selon les analystes, celles qui
seraient capables de s'adapter à un type de production spécialisée, à faible volume et à haut standard de
qualité, ou qui se dirigeraient vers le marché de l'exportation (Annexe III et Annexe IV).
La structure de gestion artisanale d'ABC serait-elle en mesure de se redéfinir pour relever ces défis? La
question était posée.
Visite de l'usine
C'est sur cette réflexion que Blanchet proposa à Charest de visiter l'usine et de rencontrer ses employés.
Les comptes rendus des entrevues avec les employés sont joints en annexe (Annexe VI).
L'usine était en effet moderne et spacieuse. On y trouvait deux types d'équipements. Des équipements
mécaniques âgés, nécessitant peu d'apprentissage et appropriés pour des lots de production simple, comme
des vis, des écrous, des serrures, et autres, étaient situés à l'arrière de l'usine. Ils étaient de moins en moins
utilisés. Au centre de l'usine se trouvaient les équipements plus modernes de production. Il s'agissait de trois
machines à commande numérique, acquises au moment du déménagement à Rivière-du-Loup. Charest nota
au passage qu'une seule des machines était en marche et que des amas de rebuts de production 1
s'entassaient un peu partout. Comme Blanchet le lui expliquait, l'utilisation de ces machines était à la fois
versatile, complexe et simple. Versatile, puisque à peu près n'importe quelle pièce de métal pouvait être
fabriquée. Complexe, puisqu'une grande précision était exigée dans le dessin technique du modèle, dans la
fabrication du moule, et dans la programmation de la machine. Et simple, puisqu'une fois ces étapes
franchies, il suffisait de produire à répétition. L'ajustement des machines était évidemment nécessaire à
chaque changement de lot de production. Une erreur infime d'ajustement entraînait la perte totale du lot. Il
1
L'observation de Charest était juste puisque l'inventaire révéla que 30 % des stocks inscrits au bilan étaient en fait des
rebuts de production, non comptabilisés comme tels dans les états financiers intermédiaires. La valeur de réalisation
est estimée à 10 % du montant indiqué aux états financiers.
Blanchet avait confiance en l'avenir et il prévoyait pour les prochains exercices financiers une croissance de
ses ventes pouvant atteindre respectivement 3 400 000 $ en 2016, 4 000 000$ en 2017 et 4 400 000$ en
2018 (Annexe VII). Et ceci, sans augmentation majeure de ses frais de vente et d'administration.
Il n'était pas le seul à avoir confiance en l’avenir, puisqu'en décembre 2014, le Fonds régional de soutien aux
entreprises lui avait accordé un prêt de 550 000 $ aux conditions suivantes : aucun remboursement de
capital au cours des deux prochaines années, taux de 8,75 % 3/an, sans garantie.
Ses efforts ainsi que les efforts de Mme Marien dans le développement des affaires commençaient à porter
fruit, et les derniers états financiers de l'entreprise indiquaient une augmentation réelle du chiffre d'affaires.
De plus, la presse économique prévoyait une reprise prochaine de l'économie. Tout ce qu'il lui fallait, c'était
du temps; du temps et de la patience de la part de la banque.
Nous sommes aujourd’hui le 3 juillet 2015. Vous êtes Philippe Charest, CPA. Préparez le rapport de
consultation qui sera remis à ABC Métal inc. et préparez le rapport qui sera remis à la banque.
2
La mise en marché de la nouvelle génération de machines à commande numérique avait eu comme impact de
diminuer la valeur de liquidation des machines sur le marché secondaire. Charest estimait que la valeur de liquidation
des machines d'ABC Métal inc. serait d’ environ 125 000 $ l'unité.
3
À titre de référence, le taux préférentiel est actuellement de 7 %.
2014 2013
(audités) (audités)
$ $
2014 2013
(audités) (audités)
$ $
ACTIF
Actif à court terme
Débiteurs (note 3) 349 150 $ 145 776 $
Impôts à recevoir 15 914 216 654
Stocks (note 4) 501 854 381 134
Frais payés d'avance 48 018 47 900
914 936 791 464
Immobilisations corporelles (note 5) 3 186 554 3 459 864
Frais reportés 5 900 5 900
Total de l'actif 4 107 390 $ 4 257 228 $
PASSIF
Passif à court terme
Emprunt bancaire (note 6) 760 802 367 636
Créditeurs (note 7) 535 714 244 742
Tranche de la dette à long terme échéant à moins d'un an 299 578 475 654
1 596 094 1 088 032
Dette à long terme (note 8) 1 657 066 1 741 736
Passif d'impôts futurs 45 544 232 602
3 298 704 3 062 370
La compagnie a été constituée en vertu de la Loi sur les sociétés par actions (fédérale). Elle se spécialise
dans la transformation du métal en feuille et le travail de précision sur cette matière.
Stocks
Les stocks sont évalués au plus bas du coût et de la valeur marchande. Le coût des produits finis et des
produits en cours est calculé en fonction des coûts moyens pondérés de production et la valeur marchande
est déterminée à la valeur de réalisation nette. Le coût des matières premières est calculé selon la méthode
de l'épuisement successif et la valeur marchande est déterminée au coût de remplacement.
Immobilisations corporelles
Les immobilisations corporelles sont enregistrées au coût. L'amortissement est calculé selon la méthode de
l'amortissement linéaire en fonction du coût et du nombre d'années d'utilité. Les taux sont les suivants :
Stationnement 8,0 %
Usine 2,5 %
Machinerie et équipement 10 %
Moules 20 %
Équipement de bureau 20 %
Matériel de bureau 10 %
Matériel roulant 30 %
3. Débiteurs
2014 2013
5. Immobilisations corporelles
Coût Amortissement Valeur nette Valeur nette
accumulé 2014 2013
6. Emprunt bancaire
Les comptes clients et les stocks sont donnés en garantie de l'emprunt bancaire.
7. Créditeurs
2014 2013
Les engagements contractuels relatifs au remboursement de la dette à long terme pour les cinq prochains
exercices s'établissent comme suit :
2014 2013
Coût des marchandises vendues
Stocks au début de l'exercice 381 134 322 042
Matières premières 583 478 611 222
Main-d'œuvre directe et sous-traitance 265 638 205 582
Frais généraux
Main-d'œuvre indirecte 284 322 285 870
Matériel et petits outils 157 438 149 178
Amortissement- Usine 42 986 43 256
Amortissement-Équipement, - 250 514 244 288
Amortissement - Moules 26 910 26 392
Assurances 10 060 10 576
Électricité et chauffage 40 746 36 756
Entretien et réparations 48 358 71 868
Taxes 120 922 112 562
Total des frais généraux 982 256 980 746
Stocks à la fin de l'exercice (501 854) (381 134)
Total 1 710 652 $ 1 738 458 $
Frais de vente
Salaires, commissions et avantages sociaux 126 602 $ 112 136 $
Fournitures d'emballage et d'expédition 13 594 13 610
Frais de déplacement 64 580 94 794
Publicité et promotion 3 694 6 374
Amortissement - Matériel roulant 30 914 21 494
239 384 $ 248 408 $
Frais d'administration
Salaires, commissions et avantages sociaux 183 662 $ 278 564 $
Assurances 9 236 9 436
Amortissement-Équipement et mobilier de bureau 11 706 9 772
Fournitures de bureau 23 106 38 688
Frais juridiques et honoraires d’audit 46 848 30 474
Mauvaises créances 2 860 44 516
2015
(non audités)
$
ACTIF
PASSIF
1 090 000 $
Étant donné la situation précaire dans laquelle son entreprise se trouve, Camil Blanchet n’exclue pas l’option
d’injecter davantage de ses propres fonds pour pallier aux manques de fonds actuels et continuer
l’exploitation d’ABC inc.
Blanchet assume la direction de l'entreprise. Il est assisté de Jeanne Marien, seule représentante des ventes
de l'entreprise, de Luc Falardeau, jeune ingénieur responsable de la production, et de Pierre Valois,
responsable de l'établissement du prix de revient et de l'enregistrement comptable. L'entreprise emploie une
vingtaine d'employés, non syndiqués.
Le marché d'ABC est surtout situé dans la province de Québec, avec 85 % des ventes réalisées dans la
région limitrophe de Rivière-du-Loup, et 15 % des ventes réalisées au Nouveau-Brunswick. Ce dernier
marché est d'ailleurs en expansion. Les clients d'ABC proviennent des secteurs de la fabrication du meuble,
d'équipements variés ainsi que des secteurs de l'informatique et des communications.
Les produits sont fabriqués selon deux secteurs : la production en série (70 % de la production actuelle),
secteur dans lequel la concurrence des pays de l'Asie et de l'Europe exerce de fortes pressions sur les prix,
et la production sur commande (30 % de la production actuelle), secteur dans lequel les produits fabriqués
sont de haute précision, avec des marges bénéficiaires plus élevées. C'est surtout dans ce domaine que se
fait le développement des affaires de l'entreprise, avec un chiffre d'affaires qui est passé de 1 770 246 $, au
31 juillet 2013 à 2 898 684$ au 2 juillet 2015. (Les prévisions sont de 3 400 M$ au 31 juillet 2016). À
l'exception de quelques grandes entreprises, la concurrence est exercée par des entreprises de taille
semblable à ABC.
L'usine d'ABC a été construite en 2007 et agrandie en 2008. Ses équipements sont à la fine pointe de la
technologie et le nombre d'employés de production, actuellement de quinze, varie selon les besoins.
L'entreprise est en mesure d'augmenter son volume de production sans investissements majeurs au cours
des prochaines années. Un modeste budget de 60 000 $ par année est à prévoir pour des réparations ou
des ajouts aux équipements existants. Par ailleurs, ABC dispose d’une machine peu utilisée pour laquelle
elle pourrait obtenir 50 000$, nets d’impôt.
Prospère au début des années 2000, l'entreprise a été durement touchée par la récession de la fin de la
décennie. D'importants clients ont fait faillite ou ont déménagé à l'extérieur du pays, cherchant à diminuer
leurs coûts de production. Malgré l'allongement inhabituel de la période de récession, l'entreprise a réussi,
grâce au travail acharné et aux contacts personnels de Blanchet, à regarnir progressivement son carnet de
commandes.
Ce sont des marchés forts importants, comme il est possible de le constater à la lecture de ces quelques
données, recueillies auprès du ministère de l'Industrie et du Commerce (Québec).
Le marché de la quincaillerie doit maintenant composer avec une forte concurrence provenant des pays de
l'Asie et de l'Europe du fait que les produits fabriqués sont plutôt standards et les équipements de
fabrication, peu sophistiqués. Sur ce marché, le prix est l'un des premiers éléments de décision de
l'utilisateur et il devient difficile de concurrencer des régions où les taux horaires de la main-d'œuvre sont
moins élevés qu'au Canada.
Le marché de l'estampillage est un marché où la proximité et la qualité des relations avec le client sont des
éléments majeurs de réussite. Il s'agit d'ailleurs, selon le ministère de l’Économie, de l’Innovation et des
Exportations(MDEIE), d'un des secteurs qui s'est le mieux maintenu durant la récession. Les produits
fabriqués sont la plupart du temps des composantes fabriquées selon les spécifications de chaque client. À
la transformation du métal, proprement dite, peuvent s'ajouter des étapes de peinture et/ou d'imprimerie
et/ou d'assemblage.
Ce marché a également adopté la méthode de contrôle des stocks dite « juste-à-temps », ce qui fractionne
les volumes de production. Il s'agit, bien entendu, d'un marché plus coûteux à servir, en termes de coûts
d'exploitation, d'augmentation des étapes de travail et de programmation des équipements, et qui exige un
effort plus exigeant de la main-d'œuvre. Les tâches sont moins répétitives et l'entreprise doit s'adapter à
produire une variété de produits avec grande précision, avec des normes de qualité élevées.
Le contrôle de la qualité, le respect des délais de livraison et le prix constituent les éléments de décision de
l'utilisateur. Pour bien servir ce marché, les entreprises doivent être dotées de machines à commande
numérique et d'un programme de contrôle de la qualité ISO, dûment accrédité. Quoique non obligatoire,
mais de plus en plus exigée par les grandes entreprises clientes, l'accréditation enlève à l'entreprise le
fardeau de la preuve lors de la négociation avec des nouveaux clients.
Près de la moitié des usines nouvellement construites dans le parc industriel sont inoccupées et affichent
une inscription « À vendre ».
Jeanne Marien est bachelière en marketing et possède une vingtaine d'années d'expérience dans l'industrie
de l'informatique et des télécommunications. Originaire de Moncton, elle est responsable du développement
de ce nouveau marché pour l'entreprise.
« Je suis à l'emploi d'ABC depuis trois ans, mais je connais fort bien le secteur industriel, y étant présente
depuis de nombreuses années. Si vous examinez la liste des comptes clients, vous constaterez que je suis
responsable de l'ouverture de la plupart des nouveaux comptes. Je ne peux donc être la cause des
difficultés que connaît l'entreprise. Je dois vous avouer que, lorsqu'il s'agit d'aller chercher un nouveau
compte et de supplanter la concurrence, je suis sans égale. Je me dis, « allons chercher le client, occupons-
nous des problèmes ensuite ». Et il semble que le patron soit d'accord avec moi, puisqu'il n'interfère plus
dans mon travail.
J’ai hâte que vous rencontriez Luc Falardeau, l'ingénieur de la production, et que vous me donniez votre avis
à son sujet. En fait, il est la seule personne qui me pose problème dans l'entreprise. Avec Falardeau, il y a
toujours des difficultés : difficultés d'approvisionnement, difficultés de réalisation de la commande, difficultés
de respect de la date de livraison. Je dois constamment appeler mes clients pour leur faire part de son
incapacité, ce qui cause bien des insatisfactions. Avec les méthodes d'approvisionnement « juste-à-temps »,
le respect de la date de livraison, pour faire des affaires dans notre secteur, c'est primordial. Heureusement
qu'un petit rabais règle bien des choses.
Je sais que la situation financière de l'entreprise est fragile. C'est pourquoi j'ai consenti à nombre de
sacrifices jusqu'ici. Mais, étant donné que depuis le congédiement de mon assistant, ma charge de travail a
considérablement augmenté, j'ai avisé M. Blanchet qu'il devra réajuster mon salaire et me fournir une
automobile. »
Luc Falardeau est ingénieur. Il est entré au service de l'entreprise à sa sortie de l'université, il y a maintenant
cinq ans.
« Il y a de quoi développer maintes frustrations à travailler dans cette usine. Les problèmes surgissent de
tous côtés et Pierre Valois ne cesse de me faire remplir de la paperasse. Je suis ingénieur, pas comptable
comme vous. Je n'ai rien contre la compilation des coûts de production, au contraire, mais je ne comprends
pas l'utilité des documents qu'il me fait actuellement remplir. Une fois expédié, je n'en entends plus jamais
parler.
Vous avez probablement rencontré Jeanne Marien. Depuis qu'elle est entrée ici, c'est le fouillis total. Avant,
pour des commandes sur mesure, j'avais l'habitude de rencontrer les clients avec M. Blanchet. J'étais alors
en mesure d'évaluer la faisabilité de la commande et d'effectuer sur place les premiers dessins techniques
des pièces désirées.
Maintenant elle arrive, toujours pressée, avec des esquisses fournies par les clients, ou pire, effectuées par
elle. Imaginez, c'est cela que je dois utiliser pour fabriquer les moules et produire les pièces essais. Cela ne
marche jamais, et je dois sans cesse tout recommencer. Regardez à l'arrière et à l'extérieur de l'usine : tout
le matériel gaspillé.
Ensuite, la main-d'œuvre. L'entreprise n'a jamais porté attention au personnel de production. Nous
engageons des jeunes gens qui n'ont généralement pas terminé leurs études secondaires et qui sont
contents de se trouver quelque chose au salaire minimum... pour quelque temps. Ils ne sont donc guère
préoccupés par nos exigences de production. En ce qui concerne la production en série, cela peut aller; le
moule est toujours le même et les manœuvres sont simples et répétitives. C'est d'ailleurs ce qui explique
l'exportation de cette catégorie de production vers des pays à faible coût de main-d'œuvre. Mais avec
l'évolution du carnet de commandes, cela ne va plus. Il me faut des employés qui sont capables de lire des
dessins techniques, des employés qui sont capables de comprendre et d'ajuster la machinerie en fonction de
la spécificité de chaque commande.
En terminant, j'aurais quelque chose à vous demander : essayez donc de convaincre Blanchet d'engager
l'entreprise dans une démarche d'obtention de la qualification ISO. Beaucoup de nos anciens clients nous
quittent parce que nous ne sommes pas accrédités.
Pourquoi je reste à l'emploi d'ABC Métal inc.? Je crois fermement que cette entreprise, si elle réussit à se
réorganiser, est dotée d'un grand potentiel. C'est pourquoi j'attends beaucoup de votre rapport et je
m'engage à souscrire à chacune des recommandations concernant mon secteur de responsabilité. »
Pierre Valois a un DEC en techniques administratives. Il est à l'emploi de l'entreprise depuis 1990. Il est
responsable de l'enregistrement comptable et de l'établissement du prix de revient. Valois utilise un logiciel
comptable, et produit des états financiers mensuels.
« Désirez-vous un café? J'ai tout ce qu'il faut dans mon bureau. Je ne suis pas tellement sociable et je
préfère éviter toute discussion avec les autres membres du personnel. C'est ce qui explique que je sois si
bien organisé.
Voilà en quoi consiste mon travail. J'ai installé un casier à la porte de mon bureau. Dès que quelqu'un met la
dernière main à un document qui me concerne, il le dépose à cet endroit. Après examen du document, je
l'enregistre et je le classe. Mon système ne doit pas être si mauvais, puisque je suis toujours en mesure de
répondre aux exigences des auditeurs, à la fin de l'année. Je n'ai aucun pouvoir décisionnel. J'effectue la
facturation en accord avec les instructions de Blanchet ou de Marien. Je paie les achats effectués par
Blanchet. Afin de ne pas faire perdre de temps à Blanchet, je lui apporte les chèques en lot, sans pièces
justificatives, pour signature.
Je suis également responsable de l'établissement du prix de revient. Je me suis fabriqué des standards et je
les applique pour chaque commande. Une fois les calculs effectués, j'attache mon document de calcul avec
la fiche provenant de l'usine et je classe le tout dans un classeur, à l'autre extrémité de l'usine. C'est loin,
mais de toute façon, personne ne les consulte. »
Charges
Ventes 289 237
Administration 312 272
Frais financiers 203 412
Autres frais financiers 24 448
Charges diverses -
Total des charges 829 368
Charges - - - - -
Ventes 234 248 258 240 208
Administration 312 472 506 390 316
Frais financiers 208 282 352 222 196
Autres frais financiers 52 22 16 44 50
Charges diverses - (24) (28) - 42
Total des charges 806 1 000 1 104 896 812
Bilan 30-06-2015
non audité
Actif
Encaisse
Comptes clients 817 522
Débiteurs
Stocks 687 800
Impôts à recevoir -
Frais payés d'avance 20 008
Total de l'actif à court terme 1 525 330
Passif
Emprunt bancaire 796 840
Comptes fournisseurs 655 650
Autres notes à payer -
Impôts à payer -
Partie c.t. dette l.t. 291 589
1 744 079
Actif - - - - -
Encaisse - - 256 106 22
Comptes clients 350 146 768 690 556
Débiteurs - - - - -
Stocks 502 382 322 522 466
Impôts à recevoir 16 216 - - -
Frais payés d'avance 48 48 26 42 76
Total de l'actif à court terme 916 792 1 372 1 360 1 120
Passif
Emprunt bancaire 760 368 - - 380
Comptes fournisseurs 536 246 198 294 302
Autres notes à payer - - - 86 -
Impôts à payer - - 24 74 -
Partie c.t. dette l.t. 300 476 402 324 264
1 596 1 090 624 778 946
courant 31,0 %
30 jours 34,7 %
60 jours 19,6 %
90 jours 12,2 %
120 jours 02,5 %
Parmi les comptes clients de plus de 120 jours, 41,8 % du solde est dû par le client B.
Au 30 juin 2014, la liste des comptes clients totalise 46 clients, et le compte client le plus élevé représente
18,5 du total de la liste. En fait, seulement trois clients ont des soldes dont le pourcentage représente plus de
10 % du total de la liste. Ce sont le client D (18,5 %), le client B (17,7 %) et le client N (11,5 %).
Les prévisions de vente du mois de juillet 2015, compte tenu des commandes déjà en cours, sont de 142
320 $.
Pour l’instant, ABC n’offre pas d’escompte sur paiement à ses clients. Dans l’industrie, il est très commun de
voir les entreprises offrir un escompte 2/10, n/30 ou 1/30, n/30. Monsieur Blanchet croit que s’il adoptait cette
pratique, 10% de ses ventes pourraient être perçus dans un délai de 10 jours suivant la vente et 40% dans
les 30 jours suivants.
Client Août Septembre Octobre Novembre Décembre Janvier Février Mars Avril Mai Juin Juillet
A 16 000 16 000 16 000 16 000 12 000 13 000 17 000 17 000 17 000 16 000 17 000 10 000
B - 42 000 42 000 42 000 42 000 42 000 42 000 42 000 42 000 42 000 42 000 -
C 20 000 20 000 20 000 20 000 20 000 20 000 20 000 20 000 20 000 20 000 20 000 20 000
D - 50 000 50 000 50 000 - 50 000 50 000 50 000 50 000 50 000 50 000 -
E 4 000 4 000 4 000 4 000 4 000 4 000 4 000 4 000 4 000 4 000 4 000 4 000
F 16 000 16 000 16 000 16 000 16 000 16 000 16 000 16 000 16 000 16 000 16 000 16 000
G 2 000 2 000 2 000 2 000 2 000 2 000 2 000 2 000 2 000 2 000 2 000 2 000
H 9 300 9 300 19 400 14 000 9 300 9 200 19 400 40 000 40 000 40 000 20 000 20 000
I 6 000 6 000 4 000 4 000 4 000 4 000 4 000 8 000 8 000 4 000 4 000 4 000
J 4 000 4 000 4 000 4 000 4 000 4 000 4 000 4 000 4 000 4 000 4 000 4 000
K 16 000 16 000 16 000 16 000 - 16 000 16 000 16 000 16 000 16 000 16 000 -
L 12 000 20 000 20 000 20 000 12 000 24 000 24 000 28 000 28 000 28 000 28 000 20 000
M 4 000 4 000 4 000 4 000 4 000 4 000 4 000 4 000 4 000 4 000 4 000 4 000
N 10 000 10 000 50 000 50 000 10 000 10 000 10 000 50 000 50 000 20 000 20 000 10 000
O 5 400 5 400 5 400 5 400 5 400 5 400 5 400 5 400 5 400 5 400 5 400 5 400
P - - 16 000 - - - 16 000 - - 16 000 - -
Q 2 000 2 000 2 000 2 000 2 000 2 000 2 000 2 000 2 000 2 000 2 000 2 000
R 3 000 3 000 3 000 3 000 3 000 3 000 3 000 3 000 3 000 3 000 3 000 3 000
S 1 200 1 200 1 200 1 200 1 200 1 200 1 200 1 200 1 200 1 200 1 200 1 200
T 4 000 - 4 000 - - 4 000 - 4 000 - 4 000 - -
U 4 000 4 000 4 000 4 000 4 000 4 000 4 000 4 000 4 000 4 000 4 000 4 000
V 8 000 8 000 8 000 8 000 8 000 8 000 8 000 8 000 8 000 8 000 8 000 8 000
W 20 000 20 000 20 000 20 000 20 000 20 000 20 000 20 000 20 000 20 000 20 000 20 000
X 10 000 10 000 10 000 10 000 10 000 10 000 10 000 10 000 10 000 10 000 10 000 10 000
Total 176 900 272 900 341 000 315 600 192 900 275 800 302 000 358 600 354 600 339 600 300 600 167 600
ABC Métal inc. • Version 2015 • Énoncé
Page 24
© Ordre des comptables professionnels agréés du Québec, 2015.
Annexe IX
Mode de Salaire
Nom de l’employé rémunération annuel
(incluant
avantages
sociaux)