Vous êtes sur la page 1sur 15

« THE CAMPAIGN OF TRUTH » : PROPAGANDE ET FABRIQUE DE LA

VÉRITÉ SOUS TRUMAN

Raphaël Ricaud

Belin | « Revue française d’études américaines »

2012/3 n° 133 | pages 24 à 37


ISSN 0397-7870
ISBN 9782701162812
Article disponible en ligne à l'adresse :
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
https://www.cairn.info/revue-francaise-d-etudes-americaines-2012-3-page-24.htm
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Distribution électronique Cairn.info pour Belin.


© Belin. Tous droits réservés pour tous pays.

La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les
limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la
licence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie,
sous quelque forme et de quelque manière que ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de
l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est précisé que son stockage
© Belin | Téléchargé le 16/10/2020 sur www.cairn.info (IP: 176.185.208.11)

© Belin | Téléchargé le 16/10/2020 sur www.cairn.info (IP: 176.185.208.11)


dans une base de données est également interdit.

Powered by TCPDF (www.tcpdf.org)


6281_rfea_133_xp8_int*_3741_01_xp_rfea101_som_p001_002 16/04/13 17:37 Page24

« The Campaign of Truth » :


propagande et fabrique
de la vérité sous Truman
Raphaël RICAUD

mots-clés/key-words This article addresses the following questions : At


the end of World War II, what techniques were used to
États-Unis ; propagande ; convince Americans and Congress of the merits of an
Harry S. Truman ; international propaganda program ? How did President
médias ; public diplomacy ; Truman transform the journalistic paradigm into one of
diplomatie publique ; truth as propaganda ? From 1945 to 1947, the United
« campagne de vérité ».
States and the Soviet Union went from being wartime
* allies to international rivals. In this fight, the United
United States; propaganda;
Harry S. Truman;
States wished to be seen as waging an ideological battle.
foreign policy; But by the end of WWII, its propaganda apparatus had
media; public diplomacy; been dismantled. Private press propaganda, considered
Campaign of Truth. to be more acceptable in peacetime, would replace the
wartime program. Yet this journalistic propaganda had
little impact abroad. Truman responded with the
“Campaign of Truth.” Again, the private press—not the
U.S. government—was supposed to be its international
vector. However, in spite of the insistent rhetoric on
transparency and truth, the practices of the CIA remained
© Belin | Téléchargé le 16/10/2020 sur www.cairn.info (IP: 176.185.208.11)

© Belin | Téléchargé le 16/10/2020 sur www.cairn.info (IP: 176.185.208.11)


secret.

LL e 31 août 1945, le président Harry S. Truman démantèle l’Office of War


Information (OWI) et transfère les activités de propagande de guerre de
ce dernier au sein du département d’État. Les propagandistes américains se
félicitent de cette décision, conscients qu’en temps de paix, le Congrès risque
de cesser de financer toute propagande1. Sous l’aile du secrétaire d’État, en
revanche, ils la pensent moins vulnérable. Toutefois, au sein du département
d’État, certaines interrogations vont poindre. Propagande et démocratie sont-
elles compatibles en temps de paix2 ? Peut-il exister une « propagande de la
vérité » ? Ces inquiétudes sont partagées par la presse aux États-Unis ainsi
que par le Congrès.

24 N° 133 3e TRIMESTRE 2012


6281_rfea_133_xp8_int*_3741_01_xp_rfea101_som_p001_002 16/04/13 17:37 Page25

« THE CAMPAIGN OF TRUTH » : PROPAGANDE ET FABRIQUE DE LA VÉRITÉ SOUS TRUMAN

Ces questions ne sont pas l’apanage d’une époque. En effet, comme


l’affaire Wikileaks nous l’a récemment rappelé, la notion de transparence en
matière de politique étrangère est toute relative. Bien que le département d’É-
tat américain vante les mérites de sa public diplomacy, les télégrammes issus
des missions diplomatiques états-uniennes de par le monde et plus encore les
directives issues du département d’État n’ont pas pour vocation d’être révé-
lés au grand public. Par ailleurs, le Cablegate soulève des questions : quel est
le véritable rôle de la presse en démocratie ? Au-delà des journalistes d’in-
vestigation (les muckrakers) d’un côté et des gramophones de l’autre, quelles
sont les forces qui influent sur la manière dont les grands quotidiens rappor-
tent la politique étrangère de leur nation3 ? Un équilibre est-il possible ?
Dès la Première Guerre mondiale, George Creel avait compris qu’aux
États-Unis, un comité d’information aurait meilleure presse qu’un comité de
censure (Creel xiii-xiv). C’est pourquoi, à la demande du président Woodrow
Wilson, il créa le Committee on Public Information. Sans la contrôler, ce
comité se servit néanmoins de la presse, ainsi que d’éminentes figures litté-
raires et médiatiques, telles que Edith Wharton, pour diffuser la propagande
belliciste du gouvernement américain4. En diabolisant le soldat allemand, le
comité Creel, comme on vint à l’appeler, réussit à convaincre la nation amé-
ricaine qu’il lui fallait entrer en guerre. Toutefois, une fois celle-ci terminée,
les citoyens eurent le sentiment d’avoir été dupés, et furent très critiques
envers toute propagande issue de leur propre gouvernement (Brown). En
conséquence, les tentatives de propagande qui suivirent furent organisées tout
autrement.
Nous nous efforcerons dans cet article de mettre en lumière la spécificité
de la propagande américaine menée par l’administration Truman. Cette propa-
gande, dont la visée était aussi bien nationale qu’internationale, ne se fit pas sans
© Belin | Téléchargé le 16/10/2020 sur www.cairn.info (IP: 176.185.208.11)

© Belin | Téléchargé le 16/10/2020 sur www.cairn.info (IP: 176.185.208.11)


la participation (volontaire ou non) des médias. Eu égard aux valeurs améri-
caines, afin de comprendre les tensions occasionnées par un tel procédé, nous
procèderons en trois temps. Tout d’abord, nous nous pencherons sur le contexte
international après la Seconde Guerre mondiale. Ensuite, nous nous intéresse-
rons à la manière dont l’administration Truman créa, puis légitima une propa-
gande journalistique alors que la guerre était terminée. Enfin, nous verrons en
quoi et pourquoi elle fut suivie d’une propagande présentée comme étant «la
vérité».

Contexte
Afin de comprendre les modalités du maintien d’une propagande amé-
ricaine après la Seconde Guerre mondiale, et tout particulièrement lors de la
« campagne de vérité » menée par l’administration Truman, commençons par
évoquer les événements internationaux qui précipitèrent la Guerre froide.

REVUE FRANÇAISE D’ÉTUDES AMÉRICAINES 25


6281_rfea_133_xp8_int*_3741_01_xp_rfea101_som_p001_002 16/04/13 17:37 Page26

RAPHAËL RICAUD

De 1945 à 1953, bien qu’il soit convenu d’évoquer l’administration


Truman, c’est en grande partie à Dean Acheson que l’on doit la politique
étrangère des États-Unis5. De 1945 à 1947, le sous-secrétaire d’État se sub-
stitua de facto à son secrétaire Byrnes, constamment en déplacement. Truman
voua une confiance grandissante au brillant sous-secrétaire, et en consé-
quence lui laissa une autonomie et une marge d’action conséquentes. Ainsi,
dans un premier temps, Acheson estima qu’au vu du rôle joué par l’Union
soviétique pendant la guerre, et en vertu des accords de Yalta, les intentions
du Kremlin ne menaçaient pas directement les États-Unis. Truman approuva.
A contrario, d’autres conseillers se firent plus méfiants : les personnes
influentes du moment soupçonnaient déjà l’expansionnisme latent de l’Union
soviétique. En revanche, en janvier 1947, Acheson modifia son opinion
(Beisner 30). Quels événements le firent ainsi changer d’avis ?
Le plan Acheson-Lilenthal montre qu’en 1946, le sous-secrétaire était
d’avis de développer une coopération nucléaire avec l’Union soviétique6.
Loin de cet esprit de coopération, lors de son discours du 9 février 1946,
Staline dénonça le capitalisme comme source d’inégalités et le désigna
comme principal responsable du conflit international qu’avait été la Seconde
Guerre mondiale. Malgré le tournant pris par Moscou, Acheson ne vit en ce
discours qu’un simple exercice de rhétorique. Le 22 février 1946, George
Kennan, chef de la mission diplomatique américaine à Moscou, rédigea le
fameux « long télégramme ». En 5 500 mots, il expliqua l’attitude de Moscou
au secrétaire d’État américain. Pour Kennan, les ambitions expansionnistes
du Kremlin étaient l’expression de caractéristiques culturelles profondément
ancrées et non une réaction face à l’attitude américaine (Beisner 37). Alors
que Kennan allait préconiser par la suite une politique d’endiguement,
Acheson ne se rallia pas aux théories des Cold Warriors. Lors de son discours
© Belin | Téléchargé le 16/10/2020 sur www.cairn.info (IP: 176.185.208.11)

© Belin | Téléchargé le 16/10/2020 sur www.cairn.info (IP: 176.185.208.11)


de Fulton du 5 mars 1946, le Britannique Winston Churchill dénonça ouver-
tement l’expansionnisme du régime soviétique et sa mainmise sur l’Europe
de l’Est. Le Royaume Uni n’ayant plus son envergure passée, il demanda aux
États-Unis de prendre la place qui était désormais la leur sur la scène inter-
nationale afin de contrer cette expansion. Malgré les remous diplomatiques
causés par l’expression « rideau de fer » qu’utilisa Churchill, Acheson n’était
toujours pas convaincu : pour lui, l’Union soviétique restait une nation
comme une autre. Il fallut attendre l’été 1946 et le conflit latent entre la
Turquie et l’URSS lorsque la flotte soviétique manœuvra dans la Mer noire
pour qu’Acheson change d’avis, et de camp. À partir de ce moment-là,
Acheson allait interpréter chacune des actions soviétiques sur l’échiquier
international selon une grille de lecture stratégique. Acheson, davantage
alarmé par les actions que par les mots, percevait désormais l’Union sovié-
tique comme prête à enfreindre lois et accords internationaux pour satisfaire
ses ambitions. En cela, il se rallia à la thèse de Churchill : c’était désormais à

26 N° 133 3e TRIMESTRE 2012


6281_rfea_133_xp8_int*_3741_01_xp_rfea101_som_p001_002 16/04/13 17:37 Page27

« THE CAMPAIGN OF TRUTH » : PROPAGANDE ET FABRIQUE DE LA VÉRITÉ SOUS TRUMAN

l’Amérique de défendre les intérêts occidentaux. Sans quoi, l’Europe en ruine


pouvait succomber de gré ou de force à l’idéologie communiste.
La doctrine Truman, moment clef dans l’histoire de la politique étran-
gère des États-Unis, incarna ce changement de paradigme. Son principal
architecte n’était nul autre que Dean Acheson. Alors que l’Union soviétique
se lançait dans une campagne de diffamation des États-Unis, pour la première
fois, les États-Unis s’immisçaient préventivement dans les affaires politiques
européennes. Le 12 mars 1947, Truman s’adressa à la Chambre des repré-
sentants, demanda deux-cent cinquante millions de dollars pour aider la
Grèce, et cent cinquante autres pour la Turquie. L’argumentaire selon lequel
le communisme devait être endigué en Grèce sous peine de le voir se
répandre, tel un jeu de dominos, à travers toute l’Europe occidentale convain-
quit le sénateur républicain Vandenberg. Il se chargea lui-même de décider le
Congrès qui n’était alors ni favorable à Truman, ni certain du rôle internatio-
naliste que l’on demandait aux États-Unis de jouer. Ainsi, en promettant d’ai-
der les peuples libres qui subissaient des pressions extérieures ou résistaient
face à des factions armées, les États-Unis passaient pour la première fois de
leur histoire de l’isolationnisme à l’interventionnisme hors période de conflit
armé d’envergure (Beisner 63). De plus, l’aide américaine ne prenait pas la
forme d’une intervention militaire directe.
Sur des bases similaires, et afin d’aider les nations dévastées par la
guerre à se reconstruire, un plan d’aide économique (European Recovery
Program) fut proposé à l’ensemble de l’Europe, ainsi qu’à l’URSS. Bien que
le programme fût annoncé en juin 1947 par le nouveau secrétaire d’État (et
ancien général) George Marshall, sa conception était en partie l’œuvre de son
sous-secrétaire Acheson. Le 12 juillet 1947, le plan Marshall fut accepté par
les nations qui allaient devenir l’Europe de l’Ouest, et refusé par le bloc est-
© Belin | Téléchargé le 16/10/2020 sur www.cairn.info (IP: 176.185.208.11)

© Belin | Téléchargé le 16/10/2020 sur www.cairn.info (IP: 176.185.208.11)


européen à la demande du Kremlin.
C’est au vu de ce contexte international de Guerre froide, où des ten-
sions et des divergences idéologiques grandissantes entre les États-Unis et
l’URSS s’exprimaient par procuration, dans des zones d‘influence interpo-
sées, qu’il nous faut maintenant envisager le fonctionnement de la propa-
gande américaine, que celle-ci soit intérieure ou extérieure.

Création et légitimation d’une propagande journalistique


après la Seconde Guerre mondiale
Du démantèlement de l’OWI le 31 août 1945 à la ratification de la loi
Smith-Mundt par le président Truman le 27 janvier 1948, les programmes de
propagande aux États-Unis furent intérimaires7. Harry S. Truman les remo-
dela puis les pérennisa, même si la guerre était terminée. Pour cela, il créa un
poste de secrétaire adjoint aux relations publiques et culturelles, et y nomma

REVUE FRANÇAISE D’ÉTUDES AMÉRICAINES 27


6281_rfea_133_xp8_int*_3741_01_xp_rfea101_som_p001_002 16/04/13 17:37 Page28

RAPHAËL RICAUD

William B. Benton, agent de publicité8. Benton tenta de convaincre d’abord


les journalistes, puis les membres de la Chambre basse au Congrès qu’une
propagande américaine en temps de paix était non seulement nécessaire, mais
aussi acceptable. Nous aborderons dans un premier temps les méthodes
employées par ce publicitaire devenu secrétaire d’État adjoint.
Benton tâche d’abord de flatter la presse, afin d’en faire une alliée
(Parry-Giles 7). Il commença par les journalistes. En premier lieu, il souhaita
décerner des certificats de mérite et autres médailles aux anciens reporters de
guerre de l’OWI. Puis, de concert avec le département d’État, il proposa une
aide matérielle et financière à tout envoyé spécial à l’étranger. Enfin, le
département d’État fit de certains journalistes ses conseillers officieux. En
échange de quoi ces derniers accédèrent à des informations sensibles (Ibid.
9). Ce rapprochement permit au département d’État d’avoir en la presse un
fidèle porte-parole. En commençant par la base, Benton noua une relation
étroite entre le département d’État et les journalistes.
Par la suite, Benton saisit l’importance de la hiérarchie médiatique : c’est
pourquoi il chercha à être en bons termes avec les éditorialistes et autres rédac-
teurs en chef, ainsi qu’avec les magnats des médias. Il les inclut dans des
comités dont la vocation était de se prononcer sur la nécessité d’une propa-
gande en temps de paix, en les présentant comme des spécialistes (Cull 28).
Or, ces « spécialistes » étant eux-mêmes intéressés quant aux structures de pro-
pagation (ateliers d’imprimerie, droits de diffusion hertzienne), se prononcè-
rent en faveur d’une diffusion de l’information internationale, fût-elle d’ori-
gine étatique. De plus, pour appuyer le succès partiel de son entreprise, Benton
créa un comité secret, dont les membres étaient entièrement voués à sa cause,
et le fit cofinancer entre autres par le fondateur de Time (Hyman 383).
Ayant la garantie que la presse américaine pouvait se faire l’écho des
© Belin | Téléchargé le 16/10/2020 sur www.cairn.info (IP: 176.185.208.11)

© Belin | Téléchargé le 16/10/2020 sur www.cairn.info (IP: 176.185.208.11)


messages du département d’État, puis que la structure médiatique pourrait
leur servir de relais, le gouvernement américain décida de les propager au-
delà des frontières des États-Unis. Pour cela, il subventionna la distribution
de journaux américains à l’étranger par le biais de l’IMG (Informational
Media Guaranties)9. Bien que jouissant d’une entière liberté de publication,
les journaux dont les articles étaient le plus en accord avec la politique du
département d’État furent ceux qui obtinrent le plus de subventions. En 1948,
ces aides à la publication furent estimées à quinze millions de dollars10.
Ainsi, la campagne de relations publiques menée par Benton pour
convaincre les médias qu’une propagande d’État en temps de paix était
nécessaire atteignit son objectif. Elle fut à l’origine de la relation symbiotique
entre la presse et la Maison blanche pendant les premières années de la
Guerre froide. Convaincue de sa liberté et de son importance, la presse vanta
ensuite elle-même les mérites d’un tel programme de propagande auprès de
son lectorat (Parry-Giles in Medhurst et Brands, éds 99).

28 N° 133 3e TRIMESTRE 2012


6281_rfea_133_xp8_int*_3741_01_xp_rfea101_som_p001_002 16/04/13 17:37 Page29

« THE CAMPAIGN OF TRUTH » : PROPAGANDE ET FABRIQUE DE LA VÉRITÉ SOUS TRUMAN

Benton dut ensuite convaincre le Congrès, dont la réticence était


double : éthique et philosophique. La propagande ne risquait-elle pas de
menacer la liberté de la presse aux États-Unis ? De quel droit les États-Unis
pouvaient-ils établir un programme de propagande internationale alors que la
Seconde Guerre mondiale était terminée ?
Ayant su convaincre la presse en la rendant actrice de sa propre conver-
sion, Benton fit de même pour le Congrès11. Sous son impulsion, un projet de
loi fut introduit par Karl E. Mundt12. Ce projet devait permettre aux États-
Unis d’être mieux compris à l’étranger et de promouvoir un respect mutuel
des peuples, par voie d’échanges de personnes mais aussi par voie de dissé-
mination d’informations13. Ainsi, Benton s’appuya sur le paradigme journa-
listique qui avait séduit la presse. Il fit valoir au Congrès que les médias eux-
mêmes étaient en faveur d’un certain type de propagande informationnelle,
coupures de presse à l’appui. Par ailleurs, citant les conclusions des comités
dont il était lui-même l’instigateur, il réussit à convaincre le Congrès que le
terme propagande était à bannir car il était assimilé aux mensonges :
Mr. Benton detected in the fullest known definition of the word « propaganda »
(Herbert Klein, pamphlet. Propaganda : The War for Men’s Minds), an
unchangeably evil connotation resting on the will to distort, mislead, or hide the
objective truth, therefore Mr. Benton asked that this committee not apply this word
to the OIC activity unless it discovered distortion, untruth, or hidden purpose in
the activity14.

En revanche, Benton présenta l’information, quand bien même cette dernière


était tronquée, comme le reflet de la réalité15. À ses yeux, cela permettrait
d’éviter une nouvelle guerre.
© Belin | Téléchargé le 16/10/2020 sur www.cairn.info (IP: 176.185.208.11)

© Belin | Téléchargé le 16/10/2020 sur www.cairn.info (IP: 176.185.208.11)


Le dernier axe de l’argumentaire en faveur d’une propagande d’État à
visée internationale défendait l’idée que les peuples des pays étrangers étaient
eux-mêmes demandeurs d’informations fiables et crédibles. L’Europe de l’Est,
dit-on lors des débats à la Chambre des représentants, voulait accueillir la pro-
pagande américaine pour contrer celle de l’URSS. Les représentants estimaient
qu’à la lumière de ces informations, les peuples des États totalitaires rejette-
raient le communisme. Ainsi, en raison de leur exceptionnalisme, les États-
Unis avaient une obligation de promouvoir la démocratie. Benton soutenait
que la dissémination de l’information à l’étranger y participait.
Ainsi présentée par Benton, au cours du premier mandat du président
Truman, la propagande était transformée en information et était acceptée
comme telle, comme le montra la ratification de la loi Smith-Mundt le
27 janvier 1948. Pendant cette période, le président Truman ne fut pas direc-
tement lié à la propagande dite « journalistique » dont il est pourtant à l’ori-
gine16. Il passa par le département d’État, la presse et le Congrès.

REVUE FRANÇAISE D’ÉTUDES AMÉRICAINES 29


6281_rfea_133_xp8_int*_3741_01_xp_rfea101_som_p001_002 16/04/13 17:37 Page30

RAPHAËL RICAUD

Truman et la propagande de la vérité


Deux ans plus tard, en revanche, Truman intervint directement lors de la
convention annuelle de l’American Society of Newspaper Editors (ASNE)17.
Le 20 avril 1950 est considéré par les historiens comme le point de départ de
sa « campagne de vérité ». Lors de ce discours, le mot « vérité » fut prononcé
pas moins de quinze fois. Pour autant, il n’avait pas toujours la même valeur.
Truman entama son discours par une présentation de la vérité comme élément
phare de la tradition démocratique américaine. Pour Truman, la presse avait un
devoir de vérité : en démocratie, il ne pouvait en être autrement. Puis il déclara
que la propagande soviétique privait les peuples résidant derrière le rideau de
fer de liberté, tout en salissant par ailleurs la réputation internationale des
États-Unis. Pour le président américain, la seule réponse digne de son pays
était d’entrer dans l’arène internationale et de rétorquer avec la vérité comme
arme de guerre. Il y a là un glissement sémantique : de la vérité comme résul-
tant du fonctionnement américain, la vérité devient devoir patriotique. À l’ins-
tar de Benton qui avait substitué le terme journalisme à celui de propagande,
le président Truman puisa dans la mythologie américaine pour parvenir à
imposer le concept de propagation de la vérité. Mais de quelle vérité s’agissait-
il ? Et comment expliquer que Truman lançait ainsi en personne cette cam-
pagne de propagande, alors qu’il avait opéré jusque-là par délégation ?
Tout d’abord, il y a le contexte. Sur le plan international, la donne avait
beaucoup changé depuis son premier mandat. De 1948 à 1950, les événements
internationaux d’envergure s’étaient précipités : le blocus de Berlin, la mise au
point de l’arme nucléaire par les Soviétiques, la création de la République
Populaire de Chine (c’est-à-dire la victoire des forces communistes en Chine),
autant d’éléments de rivalité communiste qui incitèrent Truman à changer de
© Belin | Téléchargé le 16/10/2020 sur www.cairn.info (IP: 176.185.208.11)

© Belin | Téléchargé le 16/10/2020 sur www.cairn.info (IP: 176.185.208.11)


méthode. D’ailleurs, le système de propagande précédent, bien qu’ayant
convaincu la presse et le Congrès, n’était guère efficace au-delà des frontières.
De plus, les ondes de Voice of America (VOA), radio à diffusion internatio-
nale, étaient systématiquement brouillées par Moscou.
Sur le plan national, le président démocrate devait faire face à un
Congrès républicain hostile, qui l’accusait d’avoir « perdu » la Chine. Le
Congrès remettait en cause l’efficacité même de la propagande, et dénonçait
une émission radiodiffusée par la VOA peu flatteuse pour l’image améri-
caine. Pour Joseph McCarthy, sénateur du Wisconsin, ce n’était pas éton-
nant : la Voix de l’Amérique n’était que subversion démocrate18. Il prétendait
même savoir que le département d’État employait deux-cent cinq commu-
nistes en toute connaissance de cause19.
Au vu de ce contexte, Truman comprit non seulement qu’il devait affir-
mer davantage sa détermination anti-communiste intérieure et internationale,
mais surtout qu’il devait se mettre en scène20. C’est pourquoi, après son dis-

30 N° 133 3e TRIMESTRE 2012


6281_rfea_133_xp8_int*_3741_01_xp_rfea101_som_p001_002 16/04/13 17:37 Page31

« THE CAMPAIGN OF TRUTH » : PROPAGANDE ET FABRIQUE DE LA VÉRITÉ SOUS TRUMAN

cours du 20 avril 1950, il n’hésita pas à prendre la parole en public à de nom-


breuses reprises pour promouvoir sa « campagne de vérité ». Des éléments
clefs de son discours furent largement repris par des membres de son admi-
nistration, ainsi que par la presse21. Enfin, il défendit le budget requis auprès
du Congrès jusqu’à ce qu’il obtînt satisfaction.
Toutefois, bien qu’ayant vanté les mérites de la tradition américaine
quant au devoir patriotique de vérité, Truman en tut les contradictions.
La vérité est parfois soumise à quelques contraintes. Ainsi, lors de leur
embauche, les journalistes de la VOA issus du privé étaient très rigoureusement
encadrés pendant deux mois afin qu’ils puissent se familiariser avec la façon de
faire du département d’État et de réfréner leurs ardeurs inquisitrices (Parry-Giles
in Medhurst et Brands, éds 108). Lors de la campagne présidentielle de 1952, on
demanda aux radio-journalistes de se concentrer sur le fonctionnement du sys-
tème politique américain et non sur les candidats eux-mêmes22. Enfin, ces
«reporters» avaient pour consigne un strict devoir de réserve. Certaines de leurs
émissions ne furent diffusées qu’après avoir été testées auprès d’un échantillon
représentatif d’autochtones à l’étranger, ou remaniées par les ambassades.
La vérité ne dit pas forcément sa provenance, ni son intention. Ainsi,
toujours à l’étranger, des ouvrages furent distribués à des populations ciblées
(généralement des intellectuels) sans que l’on sache qu’il s’agissait d’une ini-
tiative du gouvernement américain (Martin). Ces ouvrages étaient soit des
autobiographies de transfuges communistes, soit des ouvrages de fiction de
sympathisants. Certains étaient rédigés sur commande, d’autres non. Dans
tous les cas, par leur contenu, ces livres avaient pour objectif précis d’inciter
les intellectuels des pays de l’Est à relayer la critique de la doctrine commu-
niste, et parfois de passer à l’Ouest (Matthews 409-427).
Par ailleurs, la technologie censée permettre de diffuser la vérité se sub-
© Belin | Téléchargé le 16/10/2020 sur www.cairn.info (IP: 176.185.208.11)

© Belin | Téléchargé le 16/10/2020 sur www.cairn.info (IP: 176.185.208.11)


stitua à la diffusion de la vérité. Les postes de télévision étaient de plus en
plus nombreux dans les foyers américains dès 1950. Ce nouveau médium
était présenté et perçu comme étant l’arme absolue en matière de vérité : les
images, disait-on, ne sauraient mentir. Les citoyens étaient persuadés d’avoir
à domicile une fenêtre ouverte sur un monde, où rien ne leur échappait
(Bernhard 158). Mais savaient-ils l’étroite collaboration entre les chaînes et le
gouvernement américain ? Soupçonnaient-ils à quel point ces derniers cher-
chaient à se légitimer mutuellement ? Comprenaient-ils que ce médium pro-
pageait l’image bien plus qu’il ne l’interrogeait ? Se rendaient-ils compte que
les scripts des entretiens en direct étaient pré-rédigés (Ibid. 117) ? En bref,
mesuraient-ils les intérêts des chaînes de télévision d’une part et du gouver-
nement de l’autre ? La vérité se devait d’être un devoir patriotique. Par bien
des aspects, elle en était sa première victime.
Enfin, le contraire de la vérité peut aussi être l’omission. Ainsi, dans son
discours devant l’American Society of Newspaper Editors, Truman dénonça

REVUE FRANÇAISE D’ÉTUDES AMÉRICAINES 31


6281_rfea_133_xp8_int*_3741_01_xp_rfea101_som_p001_002 16/04/13 17:37 Page32

RAPHAËL RICAUD

la propagande soviétique, mais omit de mentionner qu’il avait dès 1947 créé
une agence de renseignement dont ni le financement ni les actions n’avaient
été soumises au Congrès (Prados 29). Cette agence, en prise directe avec
l’exécutif, était encline à pratiquer de la propagande « grise et noire »23. Éma-
neront de la CIA deux radios diffusant leurs programmes en Europe : Radio
Free Europe et Radio Liberation (qui deviendra plus tard Radio Liberty),
toutes deux prétendument financées par de généreux donateurs américains.
Truman omit également de dire qu’il avait créé le Psychological Strategy
Board (PSB), en charge de la coordination de la guerre psychologique que
menaient les différentes agences gouvernementales qu’étaient le département
d’État, le département de la défense et la CIA.
Le paradigme journalistique, en temps de paix, laissait donc place au
paradigme de la vérité comme arme patriotique en temps de crise. Le langage
avait changé, les métaphores s’étaient militarisées (Parry-Giles 64). Cela reflé-
tait une réalité : la propagande était devenue arme. La présidence Truman
transforma donc les techniques au service de la politique étrangère des États-
Unis. Sous Truman, l’État américain incorpora une bureaucratie secrète bien
financée (CIA et PSB) tout en développant une argumentation rhétorique por-
tant sur la transparence et la vérité, donnant ainsi l’impression aux États-Unis
comme à l’étranger que les idéaux démocratiques étaient respectés (Ibid. 186).

Conclusion
Tout au long de cet article, nous avons souligné la spécificité du fonc-
tionnement de la propagande américaine au regard du contexte particulier qu’a
été le début de la Guerre froide. Ainsi, de 1945 à 1947, Truman plaça toute sa
© Belin | Téléchargé le 16/10/2020 sur www.cairn.info (IP: 176.185.208.11)

© Belin | Téléchargé le 16/10/2020 sur www.cairn.info (IP: 176.185.208.11)


confiance dans son sous-secrétaire d’État, Dean Acheson, pour lequel les
actions post bellum de l’URSS ne méritaient pas de traiter l’ancienne alliée de
guerre en ennemie. Toutefois, la présence de la marine soviétique dans le
détroit des Dardanelles le fit changer d’avis : dès lors, Acheson devint un Cold
Warrior, et Truman le fut d’autant plus. La doctrine Truman et le plan
Marshall, tous deux marqués de la patte d’Acheson, sonnent la fin de la tradi-
tion isolationniste des États-Unis. Pour la première fois de son histoire, la
nation américaine se résolut à occuper le devant de la scène internationale,
contenir l’expansion du communisme, et gérer les intérêts occidentaux.
C’est dans ce contexte de Guerre froide, où les tensions entre deux blocs
idéologiques étaient exacerbées, que la propagande américaine fut à la fois
une finalité et un moyen. Pour les anciens propagandistes de l’Office of War
Information, le maintien d’activités habituellement pratiquées en temps de
guerre justifiait la valeur de leur travail. Pour les médias américains de
l’époque, les arguments corporatistes justifiaient la poursuite d’une propa-

32 N° 133 3e TRIMESTRE 2012


6281_rfea_133_xp8_int*_3741_01_xp_rfea101_som_p001_002 16/04/13 17:37 Page33

« THE CAMPAIGN OF TRUTH » : PROPAGANDE ET FABRIQUE DE LA VÉRITÉ SOUS TRUMAN

gande américaine alors que la Seconde Guerre mondiale était terminée.


William B. Benton, le secrétaire adjoint aux relations publiques et culturelles,
parvint à réconcilier le département d’État et les journalistes américains en
donnant à ces derniers un rôle actif à jouer (en apparence) dans la manière
dont la politique étrangère des États-Unis était rapportée. Il présenta cette
propagande comme n’en étant pas une. Au cours d’une habile campagne de
relations publiques, il convainquit le Congrès qu’une telle propagande ne nui-
sait nullement aux intérêts de la presse, pas plus qu’elle n’était contraire aux
idéaux américains : en démocratie, le journalisme ne saurait être mensonger,
et encore moins contrôlé par l’État.
Après 1950, le danger communiste s’intensifiant et les résultats obtenus
par la propagande journalistique conçue par Benton paraissant insuffisants,
Truman changea de tactique. Le président américain intervint en personne
pour redire à l’American Society of Newspaper Editors les bienfaits du jour-
nalisme « responsable » des États-Unis, où la presse était libre. Toutefois, il
insista sur son rôle de vecteur de vérité, et par conséquence sur son devoir
patriotique. Ainsi commença la « campagne de vérité » de Truman. Pour lui,
cette vérité était à la fois garante du bon fonctionnement démocratique aux
États-Unis et une puissante arme de guerre dans l’arène internationale. À la
propagande journalistique de Benton se substituait la propagande de la vérité.
La vérité dont se réclamait Truman était une construction dont les contradic-
tions n’étaient pas toujours énoncées.
Le recul que nous donne l’histoire nous permet non seulement de déce-
ler les contradictions entre les idéaux démocratiques des États-Unis et la pra-
tique d’une propagande nationale et internationale, mais aussi de les com-
prendre via le prisme de la Guerre froide. Certains historiens ont condamné
Truman pour avoir, en surestimant le danger réel que représentait l’expansion
© Belin | Téléchargé le 16/10/2020 sur www.cairn.info (IP: 176.185.208.11)

© Belin | Téléchargé le 16/10/2020 sur www.cairn.info (IP: 176.185.208.11)


de la sphère soviétique, envenimé les relations internationales (Offner).
D’autres, au contraire, ont pu louer le volontarisme et le pragmatisme du pré-
sident américain (Beisner). Une chose est certaine : les décisions prises en ce
début de Guerre froide marquèrent durablement le fonctionnement des rela-
tions internationales lors du demi-siècle suivant. Les États-Unis d’un côté et
l’URSS de l’autre allaient chacun tenter de contrecarrer leur influence res-
pective, tout en veillant à projeter une image idéalisée de leur pays (Cizel 54-
69). Pour les États-Unis, cette projection passerait entre autres choses par les
médias, et en particulier par la presse.
Si le rôle de la presse en démocratie est bien, selon les termes de Pierre
Rosenvallon, « une composante structurante de la vie démocratique », alors
cette dernière est à la fois liberté publique, bien collectif et rouage de la
démocratie24. Dans la campagne de vérité développée par Truman, ces trois
éléments sont présents de manière rhétorique. Toutefois, le discours du
20 avril 1950 est régi par une toute autre logique. En effet, lors de ce discours,

REVUE FRANÇAISE D’ÉTUDES AMÉRICAINES 33


6281_rfea_133_xp8_int*_3741_01_xp_rfea101_som_p001_002 16/04/13 17:37 Page34

RAPHAËL RICAUD

Truman effectue une mise à l’index de certains journalistes, dénonçant le


caractère irresponsable de leur différence d’opinion. Pour lui, cette différence
émane d’intérêts particuliers, ce qui la rend inacceptable. Selon Truman, en
démocratie, la presse se doit de relayer l’intérêt général incarné par le prési-
dent auprès des lecteurs américains (et internationaux). L’argument sert de
prétexte à un autre message : en temps de guerre (fut-elle larvée), l’intérêt
national prime sur l’expression de la diversité d’opinion de toute une société.
Pour notre part, nous voyons en cette période les prémisses de ce qu’il
est convenu d’appeler aujourd’hui public diplomacy, et qui n’a de diplomatie
ou de publique que le nom. Mélanges de relations publiques, de propagation
d’une information officielle par des voies diverses, de liens privilégiés avec
la presse et d’influence de l’opinion publique à des fins de politique étran-
gère, les campagnes de vérité menées par le gouvernement américain existent
aujourd’hui plus encore qu’hier. Car, s’il est inenvisageable en démocratie de
contraindre par la force physique, convaincre par la force rhétorique est en
revanche parfaitement légitime. Invoquer la vérité l’est d’autant plus. Il n’en
reste pas moins que les paradoxes engendrés par les omissions, les outils et
techniques utilisés pour aboutir à cette « propagande de la vérité », ne sont pas
sans soulever nombre de questions.
© Belin | Téléchargé le 16/10/2020 sur www.cairn.info (IP: 176.185.208.11)

© Belin | Téléchargé le 16/10/2020 sur www.cairn.info (IP: 176.185.208.11)


RAPHAËL RICAUD est professeur agrégé, PRAG, à l’Université Paris Ouest Nanterre La Défense. Sa
thèse, intitulée « La Public Diplomacy des États-Unis : théories, practiques, effects (1948-2008) », a
été soutenue en 2012 à l’Université Paris Ouest Nanterre La Défense, CREA, sous la direction de
Pierre Guerlain. Il a par ailleurs publié plusieurs articles sur la Public Diplomacy américaine. Ses
recherches post-doctorales portent sur la propagande américaine après la Seconde Guerre mondiale.

34 N° 133 3e TRIMESTRE 2012


6281_rfea_133_xp8_int*_3741_01_xp_rfea101_som_p001_002 16/04/13 17:37 Page35

« THE CAMPAIGN OF TRUTH » : PROPAGANDE ET FABRIQUE DE LA VÉRITÉ SOUS TRUMAN

OUVRAGES CITÉS
ADAS, Michael. Dominance GROSSER, Pierre. Les temps de la guerre
by Design : Technological Imperatives froide: réflexions sur l’histoire de la
and America’s Civilizing Mission. guerre froide et sur les causes de sa fin.
Cambridge, MA : Belknap Press Bruxelles: Éditions Complexe, 1995.
of Harvard UP, 2009.
HYMAN, Sidney. The Lives of William
BEISNER, Robert L. Dean Acheson : Benton. Chicago : U of Chicago P,
A Life in the Cold War. 1970.
Oxford : Oxford UP, 2009
KAPLAN, Amy. « In the Name of
BERNHARD, Nancy. US Television News Security ». Review of International
and Cold War Propaganda, 1947-1960. American Studies. 3.3-4.1
Cambridge : Cambridge UP, 1999. (hiver 2008/janvier 2009) : 15-24.
BLAZEK, William. « French Lessons : MARTIN, Douglas. « George C. Minden,
Edith Wharton’s War Propaganda ». 85, Dies ; Led a Cold War of Words »,
Revue française d’études américaines New York Times, 23 avril 2006.
1 : 115 (2008) : 10-22.
MATTHEWS, John. « The West’s Secret
BROWN, John H. «The Anti-propa- Marshall Plan for the Mind ».
ganda Tradition in the United States», The International Journal of
Bulletin Board for Peace, 29 juin 2003. Intelligence and Counter-Intelligence
CIZEL, Annick. « Clichés d’Amérique 16 : 3 (automne 2003) : 409-427.
ou les États-Unis idéalisés à des fins MEDHURST, Martin et Henry William
de propagande (1945-1960) ». BRANDS, éds. Critical Reflections
Revue française d’études américaines on the Cold War : Linking Rhetoric
3 : 89 (2001) : 54-69. and History. College Station, TX :
CONGRESSIONAL RECORD, Washington TAMU Press, 2000.
DC : National Archives. OFFICE OF THE LAW REVISION
CREEL, George. How We Advertised COUNSEL OF THE US HOUSE OF
© Belin | Téléchargé le 16/10/2020 sur www.cairn.info (IP: 176.185.208.11)

© Belin | Téléchargé le 16/10/2020 sur www.cairn.info (IP: 176.185.208.11)


America : The First Telling of the REPRESENTATIVES. United States Code
Amazing Story of the Committee on 2006, Washington DC : Government
Public Information that Carried the Printing Office, 2008.
Gospel of Americanism to Every OFFNER, Arnold A. Another Such
Corner of the Globe. s.l. : Forgotten Victory : President Truman
Books, 2010 [1920]. and the Cold War, 1945-1953.
CULL, Nicholas. The Cold War Stanford, CA : Stanford UP, 2002.
and the United States Information PARRY-GILES, Shawn. The Rhetorical
Agency : American Propaganda Presidency, Propaganda and the Cold
and Public Diplomacy, 1945-1989. War, 1945-1955. Westport, CT :
Cambridge : Cambridge UP, 2008. Praeger Publishers, 2002.
ELLUL, Jacques. Propagandes. PRADOS, John. Presidents’ Secret Wars:
Paris : Economica, 1990. CIA and Pentagon Cover Operations
ENDY, Christopher. « The Empire from World War II Through the Persian
Sneaks Back ». Diplomatic History Gulf War. Chicago, IL: Elephant
31 : 4 (septembre 2007) : 761-764. Paperbacks, 1996.

REVUE FRANÇAISE D’ÉTUDES AMÉRICAINES 35


6281_rfea_133_xp8_int*_3741_01_xp_rfea101_som_p001_002 16/04/13 17:37 Page36

NOTES

1. Nous utilisons ici le terme propagande dans son sens étymologique, à savoir le fait
de propager. Par ailleurs, bien que le terme soit connoté négativement depuis la Seconde Guerre
mondiale, les membres de la Chambre des représentants l’utilisent aussi. Il est toutefois à noter
que l’Executive Order 9608 du 31 août 1945 n’utilise pas spécifiquement le terme « propa-
gande » : « Those functions of the Office of War Information which are performed abroad or
which consist of or are concerned with informing the people of other nations about any matter
in which the United States has an interest ».
2. Une autre question tout aussi importante taraude les employés du département d’É-
tat : est-il raisonnable de vouloir faire cohabiter propagande et diplomatie au sein d’un même
ministère ? Cette question, bien que primordiale lors de toute tentative de définir ce qu’est la
public diplomacy des États-Unis, n’est toutefois pas l’objet de cet article.
3. La compagnie Gramophone eut pour premier slogan « la voix de son maître », avant
d’adopter le nom His Master’s Voice (HMV).
4. Sur Wharton, voir Blazek 10-22.
5. Dean Acheson fut d’abord le sous-secrétaire d’État de Truman (1945-1947), avant
de devenir son secrétaire d’État (1947-1953).
6. Cela malgré les révélations d’Igor Gouzenko démontrant l’ampleur du réseau d’es-
pionnage soviétique en Angleterre, au Canada et aux États-Unis. Voir Beisner.
7. L’Executive Order 9608 mentionne la création d’un Interim International
Information Service pour l’année civile 1945. En 1946, c’est James Byrnes, le secrétaire d’É-
tat, qui en prolonge la fonction, tout en le rebaptisant State Department Office of International
Information and Cultural Affairs (OIC). Enfin, en 1947, ce furent les membres de la Chambre
des représentants qui le gardèrent à flot en assurant son financement.
8. L’intitulé du poste, en revanche, est une trouvaille de Benton. En bon publicitaire, il
savait que le terme propagande était trop connoté pour être utilisé, tout spécialement au sortir
de la guerre. Voir à ce propos Cull 26 ; Congressional Record, 80th Congress, première session,
du 3 janvier 1947 au 24 février 1947, volume 96, première partie, 937.
9. United States Code, Titre 22, Chapitre 18, Sous-Chapitre 1, paragraphe 1442.
10. Il est difficile d’en estimer la somme exacte car l’IMG faisait partie du plan
Marshall, qui n’en cite pas les détails.
11. « Bill Benton […] had a very good notion […] on how to sell things to Congress [;]
he got the Congress to set up two commissions, one for information and one for cultural ope-
rations. When we had a Republican Congress he got a couple of good Republican names
© Belin | Téléchargé le 16/10/2020 sur www.cairn.info (IP: 176.185.208.11)

© Belin | Téléchargé le 16/10/2020 sur www.cairn.info (IP: 176.185.208.11)


(Alexander Smith and Karl Mundt) on the authorizing legislation, and they took a part in it from
then on ». Edward W. Barrett, qui occupa dès 1950 un poste très similaire à celui de Benton,
insista sur le fait que le projet de loi ne venait pas directement de ces deux républicains, mais
du publicitaire. <http://www.trumanlibrary.org/oralhist/barrette.htm>, page consultée le
3 février 2013.
12. On trouve parfois ce projet de loi sous l’appellation Mundt Bill (HR 3342). Le pro-
jet fut co-sponsorisé par le sénateur républicain Alexander Smith, d’où son nom une fois le pro-
jet de loi accepté puis ratifié : Smith-Mundt Act.
13. « The Mundt bill, HR 3342, gives the State Department authority and functions
whereby it can : […] broadcast the truth about American purposes and policies by radio or cir-
culate it through the foreign press ; issue publications abroad which reflect and report the real
facts about America ». Voir <http://www.departments.dsu.edu/library/archive/voiceofame-
rica.htm>, page consultée le 3 février 2013.
14. Congressional Record, 80th Congress, première session, du 3 janvier 1947 au
24 février 1947, volume 96, première partie, 937.
15. Voir à ce propos le passage intitulé Material Carefully Edited, dans la précédente
référence (Congressional Record, 80th Congress).
16. L’expression « propagande journalistique » est empruntée à Parry-Giles.

36 N° 133 3e TRIMESTRE 2012


6281_rfea_133_xp8_int*_3741_01_xp_rfea101_som_p001_002 23/04/13 11:50 Page37

NOTES

17. Voir <http://www.trumanlibrary.org/publicpapers/index.php?pid=715&st=Campaign


&st1=Truth>, page consultée le 3 février 2013.
18. Congressional Record, 81st Congress, seconde session, 20 février 1950, volume 96,
deuxième partie, dont des extraits sont disponibles en ligne à l’adresse <http://www.wvcul-
ture.org/hiStory/government/mccarthy01.html>, page consultée le 3 février 2013.
19. Ce chiffre ne cessera de changer tout au long des congressional hearings, mais c’est
toutefois celui proposé par le sénateur McCarthy dans un premier temps : « In other words, for-
mer Secretary Byrnes said that 285 of those men are unsafe risks. He goes on to say that of this
number only 79 have been removed. Of the 57 I mentioned some are from this group of 205,
and some are from subsequent groups which have been screened but not discharged » (Ibid).
20. David F. Krugler, « Will It Play in Peoria ? The 1950 Campaign of Truth and the
Reconstruction of Cold War Propaganda », article présenté à la British Association of American
Studies Annual Conference à Birmingham en avril 1997. Disponible en ligne.
21. Entre la conférence annuelle de l’ASNE et la fin de l’année 1950, Parry-Giles
estime le nombre de discours prononcés par des membres du département d’État à 54. Tous
reprirent la thématique d’une « campagne de vérité ». Voir aussi l’article du secrétaire d’État
adjoint aux affaires publiques William Barrett en personne dans le bulletin d’information du
département d’État de janvier 1951.
22. En 1948 la VOA avait rapporté les remarques du candidat Henry Wallace qui qua-
lifiait la politique étrangère des États-Unis d’impérialiste. Le Congrès estima par la suite qu’une
VOA trop indépendante pouvait nuire aux intérêts américains.
23. On recense en général trois degrés de propagande : la propagande blanche, dont on
connaît la source et où l’argumentation est claire ; la propagande grise, dont on ne connaît pas
la source et où l’argumentation peut jouer sur des raisonnements fallacieux ; et la propagande
noire, qui est intentionnellement attribuée à une source toute autre que celle qui l’a émise, et
qui propage des informations mensongères.
24. Voir l’intervention de Pierre Rosanvallon, « La presse et l’enjeu démocratique » lors
de la manifestation Presse Libre !, tenue au théâtre du Rond Point le 15 décembre 2008, puis
mise en ligne par Reporters Sans Frontières : <http://fr.rsf.org/france-defense-de-la-liberte-de-
la-presse-16-12-2008,29715.html>, page consultée le 3 février 2013.
© Belin | Téléchargé le 16/10/2020 sur www.cairn.info (IP: 176.185.208.11)

© Belin | Téléchargé le 16/10/2020 sur www.cairn.info (IP: 176.185.208.11)

REVUE FRANÇAISE D’ÉTUDES AMÉRICAINES 37

Vous aimerez peut-être aussi