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Une Mission Delicate (PDFDrive)
Une Mission Delicate (PDFDrive)
De Margaret MAYO
1.
Julie commençait à s'impatienter. Cela faisait une demi-heure
qu'elle poireautait dans cette chaleur étouffante. A part quelques
employés qui vaquaient à leurs tâches quotidiennes, le petit
débarcadère autour d'elle retrouvait peu à peu son calme. Que
diable pouvait bien fabriquer Ian ?
Alertée par le bruit d'un moteur poussé à son maximum, elle
entendit la Jeep avant même de l'apercevoir.
En voilà un qui doit être rudement pressé ! se dit-elle, les sourcils
froncés. Le véhicule passa en trombe, fit demi-tour sur les
chapeaux de roues, et revint s'arrêter devant elle avec un
grincement de freins strident, prêt à redémarrer sur-le-champ.
Un homme à la peau bronzée et aux cheveux de jais coupés très
court, beaucoup plus grand et musclé que son frère, en bondit. Il
arborait une expression renfrognée et posa sur elle un regard
bleu perçant.
— Julie Drummond ? lança-t-il d'une voix sèche.
— Oui, c'est bien moi, répondit-elle sur un ton ferme, un peu
agacée d'avoir à lever la tête pour le regarder, bien qu'elle fût
plutôt grande pour une femme.
Les yeux de l'homme s'attardèrent un instant sur les siens avec
une certaine insolence. Puis il se baissa pour ramasser ses
bagages qu'il jeta sans cérémonie à l'arrière de la Jeep.
Sans chercher à dissimuler son impatience, il attendit qu'elle soit
montée avant de démarrer en trombe. Indignée, Julie s'accrocha
à son siège.
— Je préférerais arriver entière, si possible ! cria-t-elle. Elle était
— Je préférerais arriver entière, si possible ! cria-t-elle. Elle était
scandalisée par le comportement de cet individu qui, non content
de l'avoir fait attendre, se permettait en plus de l'effrayer par sa
manière de conduire !
Il tourna un bref instant vers elle ses yeux à l'éclat étonnant, seul
détail intéressant dans ce visage qui, par ailleurs, semblait plutôt
taillé à coups de serpe.
— Ne craignez rien, vous êtes en sécurité, dit-il avec un calme
inattendu.
— Pourquoi sommes-nous si pressés ?
— Mon travail m'attend, figurez-vous !
— Et vous n'appréciez pas d'avoir dû vous déplacer pour moi,
n'est-ce pas ? Mais où est Ian ? C'est lui qui devait venir me
chercher !
Elle était épuisée, couverte de poussière et en nage. Ses longs
cheveux noirs pendouillaient lamentablement au lieu de danser en
vagues légères sur ses épaules. Par-dessus le marché, il fallait
qu'elle soit accueillie de cette façon grossière ! Ce type était
insupportable !
— Votre... euh... mari est tombé en panne à Pinzon. Il aurait dû
rentrer hier soir, mais le bateau a eu un problème de moteur. Il
espère être là en fin de journée.
Julie n'apprécia pas du tout son insistance sur le mot « mari »,
comme s'il voulait exprimer quelque soupçon... Mais comment
aurait-il pu deviner leur supercherie ? Ian ne lui avait
certainement pas avoué qu'ils n'étaient pas mari et femme ! Elle
fit tourner machinalement autour de son doigt l'alliance en toc mal
ajustée achetée au dernier moment.
Quand Ian, son frère jumeau, avait postulé pour devenir
moqueuse et, en plus, il se permettait de détailler son anatomie
sans la moindre vergogne. Elle faillit laisser libre cours à sa colère
mais se retint. Dans une aussi petite communauté, mieux valait
sans doute tout faire pour éviter les conflits.
— Vous êtes beaucoup trop belle, grommela-t-il sur un ton qui
n'était pas celui du compliment.
Il laissa échapper un soupir.
— Si je l'avais su, je ne vous aurais pas engagée. Je ne tiens pas
à ce que vous détourniez mes hommes de leur travail.
Elle le toisa d'un air froissé.
— Vous êtes très insultant, monsieur Storm ! Je peux vous
assurer que je ne cherche pas à séduire les hommes !
En réalité, avant sa rencontre avec Roger, elle avait eu de
nombreux flirts. Mais son fiancé se montrait si jaloux qu'elle avait
dû se comporter de manière très prudente. Un jour, par
exemple, il lui avait fait une scène terrible parce qu'elle avait
accepté l'invitation à dîner de son vieux copain Tod Martin.
— Etes-vous heureuse avec Ian ?
Non content de poser des questions aussi indiscrètes, Cameron
Storm la scrutait sans se gêner et Julie dut se retenir pour rester
polie.
— Très heureuse ! Que vous ai-je fait, monsieur Storm, pour
que vous vous permettiez de me parler de manière aussi
grossière ?
— Oh ! rien pour le moment ! ricana-t-il.
— Vous serez surpris de mon sérieux, vous verrez.
— Eh bien, je l'espère. Il se trouve que Ian est exactement la
personne dont j'ai besoin pour m'assister dans mon travail
d'observation sur les phoques de ces îles, qui sont une espèce en
d'observation sur les phoques de ces îles, qui sont une espèce en
danger, comme vous le savez peut-être. En fait, le problème
vient du Nino, ce courant chaud qui se développe vers la
période de Noël. Tous les six ou sept ans, ce phénomène est si
important que les poissons migrent vers d'autres eaux. Cela
entraîne une famine chez les animaux qui s'en nourrissent
habituellement. Les jeunes phoques et les iguanes sont les plus
touchés. Beaucoup déjeunes de ces espèces meurent à cette
occasion.
Julie l'écoutait bouche bée.
— Je ne savais pas... Votre travail doit être passionnant,
monsieur Storm, dit-elle, sincère.
— Oh ! c'est à peu près la seule chose qui m'intéresse dans la
vie... D'ailleurs, j'ai été surpris d'apprendre le mariage de Ian
parce que, d'ordinaire, nous autres savants ne songeons qu'à nos
recherches. Je l'ai connu célibataire, il y a deux ans.
— C'est... euh... c'est arrivé très vite, dit Julie dans un souffle.
— En tout cas, il paraissait vraiment certain que vous accepteriez
de le suivre ici. A-t-il eu beaucoup de mal à vous en convaincre,
madame Drummond ?
Sous le regard bleu pénétrant de Cameron Storm, Julie se sentit
soudain légèrement vacillante. Il lui semblait que la chaleur
augmentait à chaque seconde, nulle brise ne venant atténuer ce
soleil de plomb. De plus, elle n'avait rien mangé depuis le petit
déjeuner, et son estomac commençait à se tordre quelque peu.
Après avoir pris l'avion de Quito à l'île de Batra, puis le ferry
jusqu'à Santa Cruz, elle espérait pouvoir se reposer un peu
plutôt que de devoir rester debout en plein soleil à converser
avec cet homme insupportable !
avec cet homme insupportable !
— Eh bien, disons que sa proposition arrivait au bon moment.
— Vous aviez l'intention de quitter votre travail, sans doute ?
— Je suis en disponibilité depuis trois mois:
— Et vous avez décidé de céder à la demande de votre mari
pour lui faire plaisir... à moins que vous ne soyez vous-même
passionnée d'écologie ?
— Pas vraiment. Est-ce important ?
— Tant que vous ne posez pas de problème à l'équipe, non.
Mais il n'y a pas de place ici pour quelqu'un qui...
Julie n'en entendit pas davantage, car tout se mit brusquement à
tourner autour d'elle. Il lui semblait que sa tête allait exploser et,
finalement, elle perdit l'équilibre et s'effondra sur le sol.
2.
Julie se sentit soulevée de terre par deux bras solides et s'appuya
malgré elle contre un torse musclé dont la douceur la surprit
comme en rêve. Elle se retrouva bientôt allongée sur une chaise
longue, un verre d'eau fraîche entre les mains. Elle en avala
goulûment le contenu, et le tendit pour qu'on le lui remplisse à
nouveau. Penché sur elle, Cameron Storm la considérait d'un air
soucieux.
— Je n'aurais pas dû vous laisser aussi longtemps au soleil.
J'oublie toujours que les visiteurs ne sont pas habitués à notre
climat. Buvez le plus possible, je vais vous donner des tablettes
de sel.
— Merci, bredouilla-t-elle en lui rendant le verre.
— Vous devez aussi avoir faim.
— Je me sens mieux, dit-elle en faisant mine de se lever. Il la
repoussa fermement au fond du siège.
— Ne faites pas l'enfant !
Il se dirigea vers la tente-cuisine et en revint avec un petit pain,
du fromage et une pomme. Julie se jeta sur ces simples victuailles
sans faire de manières, un peu agacée pourtant de se sentir
observée d'aussi près.
— Quand Ian doit-il revenir ? demanda-t-elle pour faire
diversion
— En fin de journée, probablement. Je lui ai envoyé un
mécanicien. Reposez-vous. Ce soir, c'est Raul qui fera encore la
cuisine, et demain aussi.
— J'espère que vous avez tous des estomacs en béton, parce
— J'espère que vous avez tous des estomacs en béton, parce
que je ne suis pas une spécialiste...
— Comment ? Vous ne savez pas cuisiner ?
— Si, un peu, mais pour vingt personnes, c'est différent !
répliqua-t-elle en riant.
Cameron ne sembla pas partager son amusement, mais,
constatant qu'elle avait terminé son repas, il lui proposa d'aller
visiter la tente qui lui servait de bureau.
Bien que l'espace y fût encore plus réduit que dans les autres, il y
avait pourtant deux bureaux côte à côte. Sur l'un d'eux trônait
une machine à écrire portable. Cameron lui désigna une pile de
feuilles manuscrites.
— Voici les documents que vous aurez à taper ; vous pourrez
commencer quand bon vous semble. En fait, vous aurez surtout à
les mettre en ordre, si vous vous en sentez capable. J'aimerais
que tout soit terminé avant notre départ pour l'île du Volcan.
— D'accord, je commencerai dès demain, mais pour le moment,
je voudrais me reposer un peu.
Elle aurait pu lui rappeler vertement qu'elle avait été la secrétaire
personnelle d'un grand directeur de société et qu'elle se sentait
parfaitement compétente. Mais elle n'avait qu'une envie : le fuir
au plus vite. Cet homme exerçait sur elle un étrange magnétisme
qui la mettait très mal à l'aise. Même avec Roger, elle n'avait
jamais ressenti une aussi trouble attirance, dès le premier instant.
Julie partit se réfugier dans sa tente pour essayer de retrouver un
peu de calme, sans grand succès. Quand enfin elle risqua un œil
à l'extérieur, elle trouva Cameron Storm assis à quelques mètres,
l'air songeur. Comme s'il avait senti sa présence, il se retourna
brusquement et leurs regards se croisèrent un instant comme des
brusquement et leurs regards se croisèrent un instant comme des
éclairs.
— Je... je pensais aller faire un tour à Puerto Ayora pour faire
quelques achats, dit-elle en arborant un sourire forcé.
— Vous ne pouvez pas y aller à pied, c'est trop loin.
— Pourrais-je vous emprunter la Jeep ? risqua-t-elle timidement.
— Non, vous allez vous perdre. Je vous accompagne.
— C'est inutile, je vous assure, je trouverai bien mon chemin
seule !
Sans l'écouter, il se leva et lui fit signe de le suivre.
— Non ! Venez, dépêchez-vous !
Le ton était sans appel. Tout en maugréant, furieuse de ne
pouvoir se retrouver quelque temps loin de lui, elle attrapa son
sac et le suivit jusqu'à la voiture. Le léger picotement qui lui
chatouillait l'estomac devenait de plus en plus intense. La
présence de cet homme tout près d'elle la mettait dans un état de
nervosité inouï !
— Je vous préviens, Puerto Ayora est une bourgade perdue, je
me demande ce que vous avez l'intention d'acheter là-bas !
lança-t-il sur un ton de reproche.
— Je crois que je n'ai pas apporté assez de crème solaire, je ne
m'attendais pas à un soleil aussi fort, et ce sera encore pire sur
l'île du Volcan, je présume...
— En effet, et vous n'y trouverez pas de boutique ! ricana-t-il.
Après une course à tombeau ouvert sur les routes mal
stabilisées, Julie découvrit bientôt les petites maisons de Puerto
Aroya, aux murs peints de rose ou de blanc un peu passé.
Certaines d'entre elles étaient vraiment ravissantes avec leurs
minuscules jardins bien entretenus et pleins de verdure. Il y avait
minuscules jardins bien entretenus et pleins de verdure. Il y avait
un certain nombre de boutiques, d'alimentation aussi bien que de
souvenirs.
Cameron gara la voiture sur une petite place et, à peine
descendu, saisit sur un étal un chapeau de paille qu'il lui enfonça
sur le crâne sans lui demander son avis.
— Mettez ça, vous en aurez besoin.
Après avoir jeté un bref coup d'œil dans le miroir du
commerçant, elle l'ôta aussitôt en s'esclaffant, puis en choisit un
autre qui lui allait beaucoup mieux. Cameron se contenta de
hocher la tête sans commentaire. Elle laissa échapper un soupir
en se demandant pourquoi il la suivait ainsi pas à pas au lieu de
l'attendre dans la Jeep ! Mais ce n'était sans doute pas son genre
d'attendre une femme !
Quand elle eut fait quelques rapides emplettes, ils reprirent le
chemin du retour, à une allure toujours aussi folle.
— Pourquoi vous cramponnez-vous ainsi à votre siège ? lança-t-
il d'un air moqueur.
— Excusez-moi, mais je ne suis pas habituée à la course
automobile!
Julie s'attendait à une réplique plutôt aigre, mais il se contenta de
pincer les lèvres et ne lui adressa plus la parole. Fort
heureusement, une bonne surprise l'attendait à leur arrivée : Ian
était rentré au campement durant leur absence. Il se précipita
pour l'enlacer tendrement, comme si elle était réellement sa
femme et qu'elle lui ait terriblement manqué. Elle surprit au même
instant dans les yeux de Cameron comme une légère contrariété
qui fit naître en elle un curieux frisson.
— J'ai l'impression qu'il se doute de quelque chose, confia-t-elle
— J'ai l'impression qu'il se doute de quelque chose, confia-t-elle
à Ian une fois dans leur tente.
— Mais non, c'est impossible si tu n'as rien dit de suspect.
— Peut-être ferions-nous mieux de tout lui dire...
— Sûrement pas ! Il serait furieux d'apprendre que je l'ai trompé
et il serait capable de nous renvoyer ! D'autre part, il vaut mieux
que tu passes ici pour une femme mariée si tu ne veux pas subir
les assauts des autres hommes !
Tout à coup, la voix de Cameron à travers la toile vint
interrompre leur conversation.
— Je suis désolé de mettre déjà un terme à une aussi charmante
intimité, mais j'aimerais parler avec vous de ce que vous avez vu
à Pinzon, Ian.
Tandis que son frère rejoignait Cameron, Julie sortit pour
contempler la mer, reprise subitement par une folle envie d'aller
s'y plonger. Cameron était occupé avec Ian et sans doute aurait-
il mieux à faire que de venir la voir se baigner... Elle se hâta de se
déshabiller pour enfiler son Bikini rouge et blanc et courut avec
délice sur le sable chaud. Hélas ! elle avait présumé trop vite de
sa tranquillité ! Deux paires d'yeux stupéfaits se tournèrent
soudain vers elle avant qu'elle n'atteigne le rivage.
Elle décida de n'en tenir aucun compte et s'avança bravement.
L'eau était bien plus froide qu'elle ne l'avait imaginé ! Sans se
laisser démonter, elle se jeta dans les vagues et se mit à nager
très sportivement jusqu'à plusieurs mètres de la plage avant de se
retourner sur le dos pour faire la planche, en contemplant le ciel
et la silhouette des autres îles au loin.
Tout à coup, quelque chose de gris et pointu apparut à la surface
de la mer, à une faible distance. Prise de panique car elle était
de la mer, à une faible distance. Prise de panique car elle était
certaine d'avoir reconnu un aileron de requin, elle revint en
nageant à toute vitesse se réfugier sur le sable et se heurta
presque à Cameron qui l'observait sans se gêner.
— Je... j'ai vu un requin ! dit-elle dans un souffle. A sa grande
stupeur, il se contenta de sourire calmement.
— Il y a quelques requins ici, en effet, mais ils n'ont jamais
attaqué personne. Il faut seulement éviter de se baigner si on a la
moindre blessure pour ne pas les attirer. Mais... est-ce le seul
maillot de bain que vous ayez apporté ?
— Euh... oui, pourquoi ?
— Les hommes qui travaillent ici n'ont pas vu une femme nue
depuis des mois, alors imaginez leur réaction.
Elle le fixa dans les yeux d'un air scandalisé.
— Est-ce pour moi ou pour eux que vous vous inquiétez ?
— Les deux.
— En tout cas, pour le moment, il n'y a personne ! Je ne vois
pas où est le problème !
Peut-être était-ce pour lui-même qu'il se permettait cette
remarque ?
Il haussa les épaules.
— Prenez vos bains de préférence aux heures où la plage est
déserte, c'est tout ce que j'ai à vous dire.
Sans prendre la peine de lui répondre, Julie fit demi-tour d'un air
rageur pour aller se changer. Quand elle ressortit de la tente, elle
vit que le cuisinier, Raul, venait d'arriver. Le jeune indigène ne
parlait pas un mot d'anglais, mais il lui adressa un gentil sourire et
elle s'installa à la cuisine pour l'aider à éplucher l'énorme quantité
de pommes de terre destinées à nourrir toute l'équipe. Puis elle
nettoya quelques poissons qu'il devait cuire au four avant d'aller
dresser les tables pour le repas du soir.
Elle se rendit ensuite au « bureau » où elle retrouva son frère.
— Alors, as-tu apprécié ta petite baignade ?
— Oui, à part l'accueil de Cameron qui a eu le toupet de me
suggérer de porter un autre maillot pour ne pas exciter les
hommes de l'équipe ! Pour qui me prend-il ? Une nymphomane
?
Une voix grave s'éleva derrière elle, la faisant sursauter.
— Je crois que vous sous-estimez le pouvoir de votre beauté,
madame.
En se retournant, elle croisa le regard bleu de Cameron. non
dénué d'une certaine ironie tandis qu'il se tournait vers Ian.
— Votre femme est trop belle, mon ami. Je vous en félicite, mais
j'avoue que c'est un problème auquel je ne m'attendais pas.
— Si je suis un problème pour vous, il vaut mieux que je reparte,
lança Julie sèchement.
Il lui semblait que Cameron avait prononcé le mot « femme »
d'une manière un peu curieuse, mais Ian ne paraissait pas s'en
être aperçu.
— Non, chérie ! s'exclama-t-il d'une voix désespérée.
— Alors, je vais faire en sorte de me rendre le moins attirante
possible ! dit-elle avec un rire un peu amer.
Cameron se contenta de taper sur l'épaule de Ian en souriant.
— Je vous laisse vous débrouiller tous les deux.
Une fois seul avec sa sœur, Ian ne chercha pas à lui cacher son
agacement.
— Tu es folle de parler de cette manière à Cameron ! Tu
n'ignores pourtant pas que ma carrière dépend de lui !
— Je ne peux pas tout supporter, Ian ! Qu'il me traite avec
moins de mépris, et je lui parlerai avec respect ! S'il croit pouvoir
me dicter ma conduite, il se trompe !
Elle se rua hors de leur tente avec un soupir d'impatience. Hélas
! Cameron se tenait à quelques pas de là et, emportée par son
élan, elle faillit se jeter dans ses bras.
— Que se passe-t-il ? Il y a le feu ? dit-il en riant alors qu'il la
retenait pour lui éviter de tomber.
Elle tenta de recouvrer un peu de dignité, et surtout de lui cacher
le trouble qui l'avait saisie au contact de son torse musclé.
— Non, tout va bien, merci.
Que lui arrivait-il ? Depuis sa rupture avec Roger, elle se croyait
à l'abri de ce genre d'émotion ridicule. Sa réaction révélait une
vulnérabilité dont elle se pensait débarrassée à tout jamais.
— Est-ce votre habitude de foncer ainsi comme un beau diable ?
— Quand je suis en colère, oui.
Les prunelles bleues se posèrent sur elle avec une lueur
d'amusement non dissimulée.
— Vous avez horreur qu'on vous donne des conseils, n'est-ce
pas ?
— Pas du tout ! Mais je les accepte seulement quand je pense
qu'ils ont un sens !
— Je ne vous ai parlé que pour votre bien. Vous devez vous
protéger.
— Je ne suis pas une enfant ! Vous n'avez aucun souci à vous
faire, je sais me comporter de manière décente quand je suis
entourée d'hommes !
— Bien, très bien, je suis heureux de l'entendre, dit-il simplement
en la regardant au fond des yeux.
Julie détourna le regard, prête à rentrer se cacher dans sa tente
pour le fuir une nouvelle fois, mais elle se ravisa et décida de se
diriger vers la cuisine. Elle y trouva quelques hommes de l'équipe
que Raul lui présenta aussitôt, et c'est alors qu'elle comprit à
leurs regards admiratifs combien les propos de Cameron étaient
justifiés.
Il s'agissait d'un groupe d'hommes entre vingt et cinquante ans
environ, que la présence d'une jeune femme ne laissait pas
indifférents, c'était le moins qu'on puisse dire ! Pourtant, Julie ne
se considérait pas comme une reine de beauté, même si elle se
savait bien faite. Elle n'aimait pas particulièrement son visage,
qu'elle trouvait agréable, sans plus. Il lui arrivait même de trouver
sa bouche un peu trop charnue et ses yeux un peu trop bridés,
mais elle aimait bien ses cheveux noirs, épais, brillants, qui
tombaient habituellement en cascade sur ses épaules. Ils étaient
maintenant attachés, sur ordre du maître de céans !
Peu après, lorsque tout le monde fut rassemblé autour des tables
pour le dîner, elle ne cessa de sentir le regard de Cameron posé
sur elle. Il avait pris place presque en face d'elle, alors qu'elle
était flanquée sur sa droite de son frère et sur sa gauche d'un
colosse blond du nom de Jake, que Ian lui avait présenté en
arrivant.
— Jake est un spécialiste de l'étude des lichens. Il vient
d'Australie.
— Je ne connais rien du tout à la question, je suis désolée, avait
précisé Julie en lui tendant la main.
— Oh ! vous apprendrez sans doute plus de choses ici que vous
— Oh ! vous apprendrez sans doute plus de choses ici que vous
ne le désirez en tapant les notes concernant nos recherches, lui
avait répondu son sympathique voisin en riant.
— Tant mieux ; ainsi, je ne perdrai pas mon temps !
— Ian a vraiment une chance inouïe d'avoir sa femme à ses
côtés pendant sa mission.
Julie lui demanda s'il était marié lui-même et apprit qu'il l'avait
été, mais que son union s'était soldée par un divorce.
— Maggie, mon épouse, n'appréciait pas du tout le fait que je
doive m'absenter aussi souvent pour mon travail. Elle avait un
métier très différent du mien et ne parvenait pas à comprendre
ma passion pour la recherche.
— Est-ce que les autres membres de l'équipe sont mariés ?
Jake désigna le plus âgé du groupe, à une autre table.
— Ray, qui est assis là-bas, mais sa femme ne semble pas
souffrir de son absence. Et puis Sim également, dont la femme,
biologiste aussi, a failli l'accompagner. Et enfin le petit Andy, qui
n'est marié que depuis six mois.
Julie fronça les sourcils en se demandant pourquoi Cameron
n'avait pas proposé à Andy de venir lui aussi avec sa jeune
femme.
— Quel est le métier de sa femme ?
— Elle est infirmière, je crois. Elle travaille sur un paquebot de
ligne ; c'est là qu'ils se sont rencontrés. Ils ont l'habitude d'être
séparés et Andy raconte qu'ils ne s'en plaignent pas, car ils
apprécient d'autant plus les retrouvailles !
Il lui adressa un regard un peu ému.
— Pourtant, ce doit être bien d'avoir son épouse avec soi ici...
Vous savez, la présence d'une femme dans le campement nous
Vous savez, la présence d'une femme dans le campement nous
réjouit tous ! C'est... euh... rafraîchissant !
Constatant qu'elle ne répondait rien, il lui sourit avec respect.
— Je plaisante, madame Drummond, ne prenez pas mal ce que
je viens de dire. De toute manière, nous adorons tous notre
travail.
En levant les yeux de l'autre côté de la table, Julie découvrit que
le regard de Cameron était fixé sévèrement sur Jake, qui s'en
aperçut lui aussi.
— J'étais en train d'expliquer à Mme Drummond quel intérêt je
porte à mon travail ici. précisa le jeune homme à son patron d'un
air un peu gêné.
— Heureusement pour toi, Jake ! Et j'espère que Mme
Drummond aimera ses activités avec nous, elle aussi.
Comme Julie ne faisait aucun commentaire à la remarque de
Cameron, Ian lui effleura la main.
— Tout va bien, chérie ? souffla-t-il discrètement.
Elle se contenta de hocher la tête et décida d'oublier les yeux de
Cameron toujours posés sur elle. Enfin, le dîner se termina et
chacun partit rejoindre sa tente, tandis qu'elle aidait Raul à
débarrasser pour se donner une contenance.
En sortant à son tour, elle vit que la nuit était tombée, bien qu'il
fût à peine plus de 19 heures. Cette région du monde ne
connaissait pas le charme des interminables crépuscules anglais,
mais, au contraire, un passage très rapide du plein jour à
l'obscurité.
Les lampes solaires qui, durant le jour, avaient emmagasiné de
l'énergie, diffusaient maintenant une jolie lumière et tout le
campement semblait en fête. Les hommes s'étaient rassemblés
campement semblait en fête. Les hommes s'étaient rassemblés
par groupes pour bavarder et Julie se retrouva bientôt seule avec
Ian et Cameron.
Pour Julie, la journée avait été longue et elle se sentait
complètement exténuée. Après avoir écouté poliment la
conversation des deux hommes durant une demi-heure, elle se
leva en bâillant et déclara qu'elle allait se coucher. Ian l'attira
pour déposer un tendre baiser sur sa joue.
— Ma pauvre chérie, tu as eu une rude journée ! J'essaierai de
ne pas te réveiller en venant me coucher.
— A tout à l'heure, répondit-elle en souriant, avant de se tourner
vers Cameron pour le saluer à son tour.
— Bonne nuit, Julie, dit-il d'une voix chaude qui fit courir un
frisson le long de son dos.
Elle s'efforça de maîtriser l'émoi qu'éveillait en elle son regard et
se hâta de disparaître.
Mais une fois au lit, il lui fut impossible de trouver le sommeil,
tant elle se sentait bouleversée par l'effet que ce diable d'homme
produisait sur elle ! C'était ridicule ! Fort heureusement,
Cameron, de son côté, ne paraissait pas du tout perdre son
sang-froid en sa présence. C'était une chance, car elle n'osait
imaginer dans quel pétrin elle se trouverait s'il partageait son
trouble !
Quand Ian vint se coucher, environ deux heures plus tard, elle
préféra faire semblant de dormir. Au bout de quelques minutes,
elle devina à sa respiration régulière qu'il s'était assoupi. Il
semblait heureux et insouciant ici, et c'était tant mieux.
Comme le sommeil se refusait toujours à lui accorder un peu
d'apaisement, Julie décida de se lever pour aller respirer un peu
d'apaisement, Julie décida de se lever pour aller respirer un peu
d'air frais à l'extérieur. La température avait considérablement
diminué et elle dut enfiler un tricot pour ne pas prendre froid. Les
lumières étaient éteintes et toutes les tentes plongées dans le noir,
mais elle se sentait parfaitement en sécurité.
Elle descendit lentement jusqu'à la plage, à quelques mètres de
sa tente, et resta un long moment à écouter le doux bruit des
vagues venant mourir sur le sable, tandis que le clair de lune jetait
ses éclats de diamant sur la surface de l'eau. C'était merveilleux...
Soudain, une voix sèche s'éleva derrière elle, venant mettre un
terme brutal sa contemplation.
— Madame Drummond ! Mais qu'est-ce que vous faites, bon
sang ?
3.
Julie faillit crier de frayeur. Elle ne l'avait pas entendu approcher,
il s'était faufilé jusqu'à elle avec la silencieuse souplesse d'un tigre
! Elle se retourna, le cœur battant.
— Comment ça, qu'est-ce que je fais ?
— C'est incroyable ! On dirait que vous le faites exprès !
— Que voulez-vous dire ?
Il la toisait d'un air furieux, et elle remarqua qu'il était encore
habillé ; sans doute était-il allé faire un dernier tour du
campement avant de se coucher.
— Vous ne savez pas que le clair de lune rend votre chemise de
nuit absolument transparente ? Ne me faites pas croire que vous
êtes aussi naïve !
— Je n'arrivais pas à dormir, répliqua-t-elle, prise de panique à
l'idée qu'il ait pu rester là à l'observer sans qu'elle le sache.
— Et vous n'avez pas vu que toutes les tentes sont ouvertes de
ce côté ? Si l'un de mes hommes vous avait vue !
— Il aurait aussi remarqué votre présence dans ce cas, je
présume !
Les traits de Cameron se durcirent un peu plus.
— Je ne suis venu que pour vous avertir, énonça-t-il d'une voix
très basse.
Il la regardait d'un air si menaçant qu'elle ramena instinctivement
les pans de son cardigan sur sa poitrine.
— Vous êtes ici depuis moins de vingt-quatre heures, madame
Drummond, et vous nous posez déjà des problèmes. Il vous
suffirait pourtant d'un minimum d'intelligence pour les éviter.
suffirait pourtant d'un minimum d'intelligence pour les éviter.
Il s'était déplacé pour s'interposer entre elle et les rayons de la
lune. Elle laissa fuser un petit rire nerveux.
— Comment se fait-il que vous jugiez systématiquement mal tout
ce que je fais ? On dirait que vous n'avez jamais travaillé avec
une femme jusqu'à présent ! Est-ce que vous êtes ainsi sur le dos
de vos collègues scientifiques de sexe féminin ?
— Ce n'est pas nécessaire ; elles savent se tenir, elles. Julie le
considéra d'un air scandalisé.
— Se tenir ? Ainsi, vous pensez que je ne sais pas « me tenir »,
monsieur Storm ?
— Je pense que ce n'est pas volontaire de votre part. Vous ne
vous rendez pas compte de ce que vous faites, c'est tout.
Elle secoua la tête avec fureur, et ses longs cheveux défaits
vinrent danser sur ses épaules.
— Il est inutile que je cherche à me défendre, n'est-ce pas ? De
toute façon, vous ne me croyez pas ! Bon, je retourne me
coucher !
Avant qu'elle ait pu faire demi-tour, la main de Cameron vint se
poser avec une étonnante douceur près de son visage pour en
écarter quelques boucles folles.
— Vos cheveux ont des reflets bleus au clair de lune, murmura-
t-il.
Elle songea un instant à lui répondre que les siens avaient
exactement la même nuance, mais le contact de ses doigts contre
sa joue éveilla en elle un tel trouble que sa voix s'étrangla dans sa
gorge. Pourquoi Cameron s'était-il permis ce geste familier?
Cherchait-il à éprouver sa loyauté envers son prétendu mari ?
L'espace d'un instant, elle sentit une brusque chaleur l'envahir et,
L'espace d'un instant, elle sentit une brusque chaleur l'envahir et,
comme saisie de panique, elle se mit à courir vers sa tente en
étouffant un cri presque animal.
— Julie !
La voix grave de Cameron lui parvint à travers la douceur de la
nuit, mais elle se garda bien de se retourner et s'engouffra dans
sa tente comme si un troupeau de fauves était à sa poursuite.
Hors d'haleine, elle se jeta sur son lit en essayant de calmer le
tremblement qui la secouait encore. Elle ne savait au juste
pourquoi, mais il lui semblait qu'elle venait de mettre gravement
en danger la carrière de son frère.
La voix ensommeillée de Ian la fit sursauter.
— Mais d'où viens-tu, Julie ?
— Oh ! je t'ai réveillé ? Je suis désolée... Je n'arrivais pas à
dormir, alors je suis allée me promener un peu.
Sans chercher plus loin, Ian se rendormit aussitôt. Julie, malgré
son trouble, ne tarda pas à en faire autant, après s'être juré
toutefois de ne plus jamais se laisser bouleverser ainsi par
Cameron. C'était décidément un homme dangereux, et elle allait
prendre garde dorénavant à conserver son sang-froid en sa
présence !
Au matin, Ian se leva et s'habilla avant même que Julie ait ouvert
un œil.
— Il est l'heure de se lever, sœurette, si tu ne veux pas avoir à
affronter la colère du patron ! dit-il en lui tapant affectueusement
sur l'épaule.
A ces mots, Julie sauta sur ses pieds et se prépara en un éclair.
Malgré sa hâte, elle découvrit, en arrivant à la cantine, que les
Malgré sa hâte, elle découvrit, en arrivant à la cantine, que les
tables étaient dressées et les toasts déjà prêts, tout comme les
œufs et les saucisses, car le brave Raul s'en était chargé. Sous les
bords de la tente relevés en auvent, elle aperçut Cameron, assis
à une table avec d'autres hommes de l'équipe. Jake se précipita
à sa rencontre.
— Bonjour, Julie ! Votre présence est un vrai bonheur pour les
yeux le matin !
Touchée par la gentillesse de Jake, Julie resta quelques instants à
bavarder amicalement avec lui ; tout à coup, le regard de
Cameron posé sur elle la fit frémir. Dès qu'elle se fut éloignée du
jeune homme, il se leva et la rejoignit, l'air sévère.
— Vous êtes trop familière avec Jake. N'encouragez pas ses
assauts, je vous prie.
Elle le fusilla du regard.
— Vous vous méprenez ! N'ai-je donc le droit d'adresser la
parole qu'à Ian et à vous-même ?
— Vous êtes supposée contrôler votre conduite à l'égard des
autres, en tout cas.
— Excusez-moi, je crois que je vais aller aider Raul à préparer
le repas de midi ! dit-elle sur un ton rageur en ignorant ses
paroles et en lui tournant le dos ostensiblement.
Cameron la retint par le bras.
— Si vous ne passiez pas la moitié de la nuit sur la plage, vous
pourriez vous lever plus tôt pour aider à la cuisine.
Elle s'arracha brutalement à son contact et partit sans un mot, en
tremblant de tout son corps. C'était insensé ! Aucun homme
n'avait jamais eu sur elle un tel effet !
En voyant Ian venir à sa rencontre, elle s'efforça de maîtriser son
En voyant Ian venir à sa rencontre, elle s'efforça de maîtriser son
émotion. Il lui demanda ce que lui avait dit Cameron d'un air
aussi dur.
— Je crois qu'il a peur que je ne fasse pas bien mon travail...
— Il a l'air un peu autoritaire au premier abord, mais tu verras,
quand on le connaît mieux, on découvre que c'est un homme très
sympathique.
Julie préféra garder pour elle son opinion et, sans épiloguer, alla
donner un coup de main à Raul pour la vaisselle.
Les hommes s'en allèrent les uns après les autres et, au bout d'un
moment, Cameron resta seul à sa table. Puis Raul partit à son
tour pour faire les courses au village. Ils se retrouvèrent en tête à
tête tandis qu'elle rangeait les plats. Il leva les yeux sur elle, l'air
toujours aussi peu avenant.
— Venez, j'ai quelques petites choses à vous expliquer.
— Je suis secrétaire et je pense connaître mon travail, répondit-
elle d'une voix sèche.
— Non, il s'agit d'autre chose, dit-il laconiquement en se
dirigeant vers la tente qui lui servait de bureau.
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6.
Comme il lui était extrêmement pénible de mentir car cela allait
contre ses principes, Julie s'efforça, ainsi qu'elle l'avait fait jusqu'à
présent, de répondre au plus près de la vérité aux questions
embarrassantes de Cameron.
— En fait, Ian et moi nous connaissons depuis notre plus jeune
âge, dit-elle en évitant de le regarder en face.
Il fronça les sourcils, l'air dubitatif.
— Ah bon ? Je croyais que tout s'était passé très soudainement.
Julie haussa les épaules.
— Oui, en effet...
Elle ne mentait pas non plus, puisqu'elle avait accepté depuis peu
de jouer le rôle d'épouse de son frère. Mais Cameron l'observait
d'un air de plus en plus ironique et inquisiteur.
— Vous voulez dire, sans doute, que vous vous connaissiez
depuis longtemps mais que vous êtes tombés amoureux l'un de
l'autre brusquement ?
— Oui... mais j'ai toujours su que j'aimais Ian...
— Et lui, le savait-il ?
Le ton de sa question était trop ostensiblement naïf pour qu'elle
ne devine pas son jeu. C'était sûr, il se doutait de leur mensonge
et voulait la piéger ! Il s'était rapproché d'elle, et elle ne pouvait
détacher son regard des longues cuisses brunes musclées que
dénudait son short en jean.
— Euh, oui, je crois...
— Mais peut-être n'était-il pas encore prêt à s'engager ? Ou
alors, cette union ne lui semblait pas celle qui convenait ?...
alors, cette union ne lui semblait pas celle qui convenait ?...
Votre amour pour lui était si ancien qu'il lui apparaissait comme
un lien presque... familial ? Comme la tendresse d'une sœur pour
son frère par exemple, non ?
Les propos de Cameron frappèrent Julie comme un coup de
poing. Elle aurait préféré de loin pouvoir lui dire la vérité, mais
hélas ! elle avait fait une promesse à Ian et c'était impossible !
Elle tenta de se calmer en respirant profondément.
— Oui, en quelque sorte ; mais il ne s'agit pas que de tendresse.
Ian et moi nous nous aimons vraiment...
Cameron la regardait maintenant en cachant mal son envie de
rire, comme si ce jeu du chat et de la souris le réjouissait
particulièrement. Julie, elle, ne s'en amusait pas du tout ! Son
angoisse augmentait de seconde en seconde à l'idée qu'il décide
de les renvoyer tous les deux en Angleterre.
— Si je comprends bien, vous n'avez pas eu d'autre homme
dans votre vie ? demanda-t-il d'une voix doucereuse.
— Eh bien... si, il y en a eu d'autres...
— Ah bon ? Ian l'a su ? Il n'était donc pas très jaloux... C'en
était trop, et Julie ne put contenir plus longtemps sa colère.
— Ma vie privée ne vous regarde pas !
— Oh ! excusez-moi ! Je suis trop curieux, en effet, mais c'est
parce que vous m'intriguez beaucoup, madame Drummond ! Je
vous questionnais comme un ami.
— Je n'ai pas à vous répondre.
— Auriez-vous quelque chose à cacher ? dit-il en riant.
— Je n'ai rien à cacher, monsieur Storm, mais j'en ai assez de
cette conversation stupide. De plus, j'ai très chaud ! Partons
avant que je ne me jette à l'eau du haut de cette falaise !
avant que je ne me jette à l'eau du haut de cette falaise !
Cameron se leva sans un mot et ils se remirent en route. Durant
l'heure qui suivit, il se contenta de lui signaler les différentes
espèces d'oiseaux qu'ils rencontrèrent en chemin. Quant à Julie,
elle se rongeait, persuadée qu'il avait découvert le pot aux rose,
en regrettant amèrement de s'être laissé entraîner dans cette
histoire par son frère.
Enfin, ils arrivèrent à leur campement où ils découvrirent Ian,
manifestement en pleine forme, en train de faire la cuisine. Il se
précipita pour embrasser Julie tendrement.
— Alors ? As-tu bien profité de cette journée ?
— Oui ! J'ai vu un tas d'animaux passionnants et des paysages
magnifiques. Je comprends que Cameron ait envie d'écrire un
livre sur ces îles étonnantes !
Tandis que Cameron se retirait dans sa tente, Ian s'approcha
d'elle pour lui parler plus bas.
— Et comment t'es-tu entendue avec lui ?
— Oh ! je te raconterai plus tard ! chuchota-t-elle avec une
grimace à l'appui.
— Vous vous êtes encore disputés ?
— Il pose trop de questions. Tu sais, je me demande combien
de temps encore je vais réussir à le supporter !
— Sœurette, je t'en prie, fais un effort pour moi ! Je commence
tout juste à revivre et à oublier un peu Julie !
— Je vais essayer, mais je ne suis pas à l'aise, ici, je t'assure. Je
suis inquiète en permanence. J'aime cette île, pourtant, mais vivre
dans le mensonge me rend malade !
Et mon attirance pour Cameron bien plus encore, aurait-elle pu
ajouter, mais elle ne voulait pas confier ses sentiments à son
ajouter, mais elle ne voulait pas confier ses sentiments à son
frère. Au même instant, d'ailleurs, l'objet de ses pensées sortit de
sa tente en maillot de bain et lui fit signe de la main.
— Venez donc vous baigner avec moi, Julie ! Si Ian le permet,
bien entendu !
— Evidemment ! répondit Ian en riant.
Julie se mordit les lèvres pour ne pas protester violemment, car,
pour une fois, elle aurait aimé que son frère dise non ! De tout
évidence, il était trop désireux de faire plaisir à son patron pour
se le permettre ! En soupirant, elle alla se changer pour rejoindre
Cameron. Mais, au lieu de son Bikini, elle enfila un maillot une
pièce avant de se jeter à son tour dans l'eau turquoise.
Cameron s'ébattait déjà au milieu des vagues toujours aussi
fraîches, et Julie se dit qu'elle aurait préféré la piscine naturelle
qu'elle avait découverte la veille dans les rochers. Comme elle le
rejoignait, il lui prodigua quelques conseils.
— En général, baignez-vous plutôt dans le lagon, de l'autre côté
de notre campement. Et si vous venez ici, dans l'océan, ne vous
éloignez jamais de la plage, car il y a un courant très dangereux
tout autour de l'île.
Elle revint en plongeant sous l'eau où il la rejoignit bientôt pour lui
faire voir des poissons de toutes les couleurs qui restaient
familièrement à proximité. Puis ils refirent surface et firent la
planche pour reprendre leur souffle.
— Oh ! que c'est bon ! ne put-elle s'empêcher de murmurer.
— Allons jusqu'au rocher, là-bas, suggéra-t-il. Décidément,
lorsqu'il cessait de la harceler de questions indiscrètes, Cameron
pouvait devenir un agréable compagnon de jeu !
— On fait la course ! lança-t-elle en riant.
— On fait la course ! lança-t-elle en riant.
Elle savait bien qu'elle n'avait aucune chance de gagner contre
lui, mais le défi l'amusait, tout à coup. En réalité, elle arriva
seulement deux mètres derrière lui.
— Vous êtes une nageuse hors pair ! Et... une camarade très
sympathique lorsque vous oubliez un moment votre haine pour
moi !
— Vous vous trompez, je n'éprouve aucune haine pour vous,
dit-elle sincèrement.
— Eh bien tant mieux, parce que si c'était le cas, je vous noierais
dans l'océan ! conclut-il en riant.
Quelques minutes plus tard, alors qu'ils remontaient vers la plage
en bavardant comme de vieux amis, Julie hurla soudain de
douleur. Elle venait de mettre le pied sur un oursin dont les
piquants s'étaient enfoncés dans sa chair fragile. Aussitôt,
Cameron la souleva dans ses bras puissants pour la porter sur le
sable où il examina sa blessure en hochant la tête.
— Vous allez avoir mal pendant quelques jours, dit-il en lui
nettoyant soigneusement la plante du pied.
Elle lui sourit bravement, en se disant que cela en valait la peine...
Le court instant passé contre son torse ruisselant avait été pour
elle un aperçu du paradis ! Et la gentillesse avec laquelle il
s'occupait d'elle aussi !
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12.
Cameron prit sa bouche avec une telle fièvre qu'elle en fut
comme paralysée, incapable de répondre à une étreinte qui la
faisait prisonnière avec trop de force. Il crut sans doute qu'elle
restait inerte sous son baiser pour lui signifier sa froideur. Alors, il
s'écarta brusquement, la regarda avec une incroyable dureté,
puis se leva et disparut.
Julie se redressa, tremblante, en plein désarroi. Elle aurait dû le
haïr de jouer ainsi avec elle et se féliciter de ne pas avoir
répondu à son baiser. Au lieu de cela, elle n'éprouvait au
contraire que du regret en songeant au plaisir fugace qu'elle
venait une fois de plus d'éprouver entre ses bras. Décidément,
l'amour la rendait folle !
Elle se mit à prier pour qu'il n'y ait plus jamais d'épisode comme
celui-là , elle était bien trop vulnérable ! Il lui fallait l'oublier,
maintenant, et trouver le sommeil ! Ce n'est qu'au milieu de la
nuit qu'elle parvint enfin à s'endormir.
Au matin, elle fut réveillée par la voix d'Alex qui riait sur la plage
avec Cameron. Elle reconnut aussi une autre voix masculine,
celle de Roger, et se pencha pour jeter un coup d'œil. Son ex-
fiancé semblait apprécier beaucoup la présence de la jeune fille,
mais il ignorait encore que celle-ci n'avait d'yeux que pour
Cameron !
Julie les vit sortir de l'eau tous les trois, puis Alex se hissa sur la
pointe des pieds pour embrasser Cameron. Roger parut surpris
et les laissa ensemble pour remonter au campement. Quelques
minutes plus tard, alors qu'il prenait son petit déjeuner seul avec
Julie, il ne put apparemment plus contenir sa curiosité.
— Alex et Cameron sont ensemble, non ? Julie nota le ton un
peu désappointé de sa voix.
— Oh ! Je ne pense pas que ce soit très sérieux...
— Tu as probablement raison. Cameron est un célibataire
endurci. Combien de temps Alex doit-elle rester sur l'île ?
— Je n'en sais rien. Peut-être lui a-t-il demandé de continuer à
taper son manuscrit jusqu'à ce que je puisse prendre le relais.
Pour le moment, je souffre encore trop dans cette position.
— Il a eu une chance inouïe de te trouver une remplaçante !
— Oui... mais ce n'est pas une très bonne dactylo.
La légère nuance d'aigreur contenue dans la voix de Julie
n'échappa nullement à Roger.
— On dirait que tu n'aimes pas beaucoup Alex ?
— Non, elle m'est indifférente, mais je me demande pourquoi
Cameron semble s'entendre aussi bien avec elle.
— Elle a un très beau corps ! dit-il en riant.
En découvrant la moue mal dissimulée de Julie, il lui prit la main
pour l'embrasser.
— Toi aussi, bien entendu !
Un peu plus tard, alors que Cameron s'apprêtait à partir pour la
journée avec Ian, il invita Roger à se joindre à eux.
— Si tu restes au campement, tu vas t'ennuyer à mourir, ajouta-
t-il pour le convaincre.
— Avec deux magnifiques jeunes femmes pour me tenir
compagnie ? lança Roger d'un air malicieux.
— Je ne veux pas que tu distraies Alex de son travail. Quant à
Julie, elle doit se reposer.
— Ne t'inquiète pas, je ne les dérangerai ni l'une ni l'autre ; mais
je préfère rester ici, si tu n'y vois pas d'inconvénient.
Cameron ne répondit rien, mais on pouvait lire son visage qu'il
n'appréciait pas la décision de Roger. Hélas pour lui, il ne
pouvait l'obliger à les accompagner pour observer la faune de
l'île si un autre genre d'observation le retenait au campement !
Dès que les deux hommes furent partis, Julie et Roger reprirent
leur conversation, tandis qu'Alex se mettait au travail. Peu après,
Roger se leva pour aller porter un verre de jus de fruits à la jeune
fille, sous le regard amusé de Julie.
Un peu plus tard, la beauté blonde prit comme chaque jour sa
pause pour aller se baigner. Songeant sans doute aux conseils de
Cameron, Roger attendit qu'elle soit revenue pour proposer à
Julie d'en faire autant. Durant leur baignade, la jeune femme
constata avec soulagement qu'il gardait avec elle une distance
convenable.
L'après-midi s'écoula ainsi tranquillement mais, vers 18 heures,
comme le ciel s'assombrissait à l'horizon, Julie soupira.
— On dirait qu'un orage se prépare...
— Une bonne averse, je pense. En ce moment, c'est la saison
des pluies. D'ailleurs, il fait moins chaud qu'en été.
— Tu veux dire que la température est encore plus élevée les
autres mois ?
— Bien sûr.
— Mon Dieu ! J'aimerais autant partir avant le retour de la
saison chaude ! Je crois que je ne pourrais pas supporter ce
climat !
climat !
— Vous aurez le temps de terminer votre mission, d'ici là.
— Je serai probablement partie bien avant, de toute façon.
— Tu veux dire que Cameron va te renvoyer dès que son livre
sera fini ? Il serait vraiment dur de vous traiter ainsi, lan et toi,
pour si peu !
— Pour lui, nous avons commis une faute grave. S'il n'avait pas
le problème de son manuscrit à taper, il nous aurait déjà
renvoyés, je suppose.
Roger posa une main amicale sur son bras.
— Je suis vraiment désolé que les choses se passent ainsi pour
toi, Julie. Laisse-moi lui parler.
— Non. C'est inutile, je t'assure.
— Je pourrais peut-être l'influencer, tu sais.
— Non, n'insiste pas, Roger. Nous avons fait une bêtise et nous
la payons, c'est ainsi. Ne t'en mêle pas, s'il te plaît.
Comme les nuages étaient finalement passés sans déverser la
moindre goutte de pluie, Cameron à son retour suggéra à Ian et
Roger de venir se baigner avec lui. Alex les rejoignit bientôt,
évidemment, et parut prendre grand plaisir à se voir ainsi
entourée d'hommes subjugués par son charme. Julie, de son
côté, préféra rester au campement pour préparer le repas et les
observer de loin.
La journée se termina sans autre incident, mais il sembla encore
à Julie que Cameron surveillait beaucoup l'attitude de Roger à
son égard. Cette impression, qui se confirma les jours suivants,
l'intriguait. Cameron pensait que son ex-fiancé avait renoué avec
elle, mais quelle importance pouvait-il bien attacher à ce fait ?
Ou peut-être se demandait-il comment Roger pouvait
Ou peut-être se demandait-il comment Roger pouvait
s'intéresser à une femme comme elle ? Ces questions sans
réponse la déprimaient complètement.
Comme elle ne tenait pas à dévoiler son humeur morose à son
entourage, elle se montra toujours aussi enjouée avec Roger et
sans états d'âme avec Cameron. Vint le jour où elle lui annonça
qu'elle se sentait capable de reprendre la saisie de son manuscrit.
Ils venaient de terminer leur repas du soir. Roger et Ian
bavardaient un peu à l'écart avec Rick et Lee, et elle était seule
avec Cameron. Elle en profita donc pour lui annoncer la bonne
nouvelle, sans toutefois qu'il manifestât la satisfaction qu'elle
escomptait.
— Eh bien ! Je n'y croyais plus ! lança-t-il. Julie fronça les
sourcils.
— Que voulez-vous dire ?
— Je pensais qu'avec la présence de Roger ici, vous feriez
semblant de souffrir encore pour prolonger votre inaction.
— Mais je n'ai jamais fait semblant de souffrir ! J'avais
réellement trop mal pour travailler !
— Comment voulez-vous que je vous croie ? Vous préfériez
passer vos journées en amoureux à la plage, Roger et vous !
— Jamais de la vie ! Je ne me réjouissais pas du tout de voir
Alex taper votre manuscrit à ma place ! J'adore mon travail !
— Vous vous moquez de moi ! ricana-t-il.
— Non ! Je suis sérieuse ! Vous pouvez avertir Alex que je
reprendrai ma place dès demain matin. D'ailleurs, Rick et Lee
n'attendent que cela pour quitter l'île.
— Et Roger ? N'a-t-il pas l'intention de partir enfin ? Il serait
temps pour nous de retrouver une situation normale !
temps pour nous de retrouver une situation normale !
Elle faillit lui répondre qu'entre eux, la situation ne serait jamais
normale.
— Oui, je pense qu'il va bientôt nous quitter.
— L'avez-vous informé de votre décision ?
— Pas encore.
— Faites le donc ce soir. Nous aurons droit à une charmante
scène d'adieux, je suppose ! Vous pourriez l'accueillir dans votre
tente, pour l'occasion !
Il ne cherchait même pas à masquer son amertume. Pourquoi se
comportait-il ainsi ? Julie était un peu désorientée par ses
propos. Tout à coup, ce fut justement la voix de Roger qui
s'éleva derrière eux et ils s'aperçurent qu'il avait entendu la fin de
leur conversation !
— Je suis désolé, mais je t'ai entendu sans le vouloir, dit-il en
s'adressant à Cameron.
Il ponctua ses paroles d'un sourire avant de poursuivre.
— Tu te trompes, tout est fini depuis longtemps entre Julie et
moi.
— Vraiment ? Mais tu cherches à renouer avec elle, non ? ricana
Cameron.
— Nous sommes devenus de simples amis. Et je suis
reconnaissant à Julie de m'accorder encore un peu d'affection,
compte tenu de la manière injuste dont je l'ai traitée.
Cameron ouvrit des yeux stupéfaits.
— Toi ? Comment cela ?
— Elle ne te l'a pas raconté ?
— Mais de quoi parles-tu ?
Roger prit le temps d'attraper un siège pliant pour s'asseoir