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Livre du professeur - Histoire 2​de

Thème introductif : Histoire, périodisation,


représentation du temps

Sommaire
Introduction 2
Présentation 2
Mise au point scientifique 2
Bibliographie 3
Sitographie 4
L’essentiel à transmettre 4

Ouverture (p. 20) 4


Présentation des documents 4
Entrée numérique 5

Repères (p. 22) 5


Présentation de la frise 5

Étude 1 : Penser le temps (p. 24) 6


Présentation du dossier 6
Présentation des documents 6
Corrigés des questions 7

Étude 2 : Mesurer le temps (p. 26) 8


Présentation du dossier 8
Présentation des documents 8
Corrigés des questions 8
Pour aller plus loin 9

Étude 3 : Les débuts de l’histoire (p. 28) 9


Présentation du dossier 9
Présentation des documents 10
Corrigés des questions 10
Pour aller plus loin 11

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1
Cours : Découper le temps en France (p. 30) 11
Résumé des grandes idées du cours 11
Présentation des documents 11
Document 1 11
Document 2 11
Document 3 12

Apprendre autrement (p. 32) 12


Présentation de l’activité 12
Pistes d’exploitation 12
L’analyse 12

Introduction

Présentation
Prévu dans le programme officiel pour être réalisé en deux heures, ce chapitre introductif vise à
préparer les élèves aux enjeux de l’histoire au lycée en révisant le fonctionnement de la périodisation
par dates, siècles et ères.

Pédagogiquement, c’est l’occasion de parcourir les éléments qu’ils ont déjà vus au collège en les
situant dans une perspective de longue durée. Intellectuellement, cela permet de les amener à
comprendre que l’histoire s’écrit dans des contextes culturels précis, et d’introduire la notion de point
de vue pour rappeler que l’histoire n’est jamais un récit figé.

Mise au point scientifique

On peut garder à l’esprit les travaux de François Hartog, historien qui a formulé le concept de
« régime d’historicité », pour exprimer l’idée qu’en fonction des espaces, des régimes politiques et
des intérêts culturels, le rapport au temps était différent. Par exemple, les dates de rupture varient
que l’on soit en France ou en Chine. Dans ​Régimes d’historicité. Présentisme et expérience du temps
présent​, (Paris, le Seuil, 2003), il explique que cette conscience du temps correspond aussi à une
conscience qu’une société donnée a d’elle-même. Par exemple, il analyse qu’après avoir longtemps
été présentiste et futuriste, notre société actuelle est rattrapée par un simple présentisme.

Très concrètement, pour ce qui est de notre rapport au temps occidental et français, chaque rupture
historique (476, 1492, 1789) a été questionnée durant les dernières décennies, souvent pour mettre
plutôt en valeur les phénomènes de longue durée. On peut essayer de résumer ces travaux en trois
ouvrages représentatifs :

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❖ Peter Brown, ​La toge et la mitre : le monde de l’Antiquité tardive, 150-750 apr. J.-C.,​ Paris,
Thames and Hudson, 1995. Dans cet ouvrage et plus généralement dans son œuvre, Peter
Brown s’intéresse à l’histoire culturelle, intellectuelle et religieuse de la fin de l’Antiquité et des
premiers siècles du Moyen Âge. Il montre que les élites, dont les évêques, comme par
exemple Augustin, maintiennent des éléments de la culture antique tout en innovant dans de
nombreux domaines (rapport à la sainteté, rapport au corps). Cela permet de contrebalancer
l’idée d’un monde en déclin.

❖ Jacques Le Goff, ​Faut-il vraiment découper l’histoire en tranches ?​, Paris, Seuil, 2014.
Jacques le Goff résume une partie de son œuvre en rappelant à la fois que des césures
internes fortes existent pendant le Moyen Âge (la Renaissance carolingienne, la Renaissance
du XII​e​ siècle) et que la Renaissance des XV​e​ et XVI​e​ siècles affecte peu la majorité de la
population. C’est l’hypothèse du long Moyen Âge, dont les structures de production, les
cadres familiaux et le cadres de pensée dureraient jusqu’au XVIII​e​ siècle.

❖ François Furet, ​La Révolution française, 1770-1880,​ Paris, Hachette, 1988. Dans cet ouvrage
qui synthétise ses travaux, François Furet défend son idée d’une révolution bourgeoise
(1789) qui aurait dérapée (1792) et aurait laissé persister de nombreux éléments de l’Ancien
Régime jusqu’au début de la III​e​ République, au cours de laquelle s’affirment une partie de
ces valeurs libérales et bourgeoises.

Bibliographie

❖ Matthieu Auzanneau, ​Or noir : la grande histoire du pétrole,​ Paris, La Découverte, 2015.

❖ Michel Banniard, ​Genèse culturelle de l’Europe​, Paris, Seuil, 1989.

❖ Patrick Boucheron, ​Conversation sur l’histoire​, Lagrasse, Verdier, 2012.

❖ Fernand Braudel, ​La Méditerranée et le monde méditerranéen à l’époque de Philippe II. t. 1 :


la part du milieu,​ Paris, Armand Colin, 1966.

❖ Peter Brown, ​La toge et la mitre : le monde de l’Antiquité tardive, 150-750 apr. J.-C.,​ Paris,
Thames and Hudson, 1995.

❖ Christian Grataloup, ​Géohistoire de la mondialisation : le temps long du monde,​ Paris,


Armand Colin, 2007.

❖ François Hartog, ​Régimes d’historicité : présentisme et expérience du temps​, Paris, Seuil,


2012.

❖ François Furet, ​La Révolution française, 1770-1880,​ Paris, Hachette, 1988.

❖ Jacques Le Goff, ​Faut-il vraiment découper l’histoire en tranches ?​, Paris, Seuil, 2014.

❖ Jean-Claude Schmitt, ​Les rythmes au Moyen Âge​, Paris, Gallimard, 2016.

❖ Patrick Verley,​ L’échelle du monde : essai sur l’industrialisation de l’Occident​, Paris,


Gallimard, 1997.

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❖ Découper le temps, actualité de la périodisation en histoire​, ​Atala,​ vol. 17, 2014.

Sitographie

❖ Découper l’histoire. Qu’est-ce qu’une période historique​ ? Conférence de Étienne Anheim,


Patrick Boucheron, Christian Lamouroux, Silvia Sebastiani, 2014, retransmise par Canal U.

❖ Histoire du calendrier​, émission en 4 épisodes de la Fabrique de l’Histoire, France Culture,


2012.

❖ Les limites du temps monde​, émission en 4 épisodes de Cultures Monde, France Culture,
2014.

L’essentiel à transmettre

➔ Donner aux élèves une aisance dans l’usage des termes désignant les grandes périodes,
dans l’emploi des dates et des siècles.
➔ Faire sentir que l’histoire est un chantier scientifique, toujours repris et continué, et non un
récit figé.

Ouverture (p. 20)

Présentation des documents


Les Livres d’Heures sont des livres liturgiques destinés aux laïcs, faisant la liste des différentes
prières à réciter aux différents moments de la journée. Ils deviennent plus nombreux à mesure que la
religion des laïcs s’intensifie et que la capacité des élites à lire se diffuse. On en a conservé de
nombreux pour le XV​e​ siècle, dont certains, destinés à de riches commanditaires, sont ornés de
nombreuses enluminures, souvent d’une grande qualité. Parmi eux, ce manuscrit des ​Très riches
Heures du duc de Berry​, commandé par le duc Jean I​er​ de Berry à trois artistes de Limbourg en 1410,
puis achevé après leur mort par deux autres enlumineurs, est l’un des plus connus. Le célèbre
calendrier représentant les douze mois de l’année fait partie des ajouts classiques dans les livres
d’Heures, dans un monde où la nature et les travaux saisonniers dictent les rythmes de vie.
On aperçoit ici quatre mois :

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- En février : coupe du bois et personnages qui se dénudent pour se chauffer devant le feu.
- En juin : on ramasse les foins (fenaisons) pour préparer les champs aux plantations, dans
des travaux paysans auxquels participent les femmes.
- En juillet : c’est la moisson et la tonte des moutons.
- En novembre : les récoltes sont finies, les ports sont emmenés en forêt pour se nourrir (c’est
la glandée, d’où nous vient le verbe « glander ») avant d’être abattus et salés au cours de
l’hiver.

Au-dessus de chaque mois, la présence d’un calendrier et de signes du Zodiaque rappellent


l’articulation d’un espace-temps vécu au quotidien (les saisons) et d’une culture savante du temps, à
la fois héritée de l’Antiquité (le Zodiaque) et construite au fil des siècles (les jours, les mois).

À d’autres mois, des scènes nobiliaires apparaissent aussi : mariages, chasse au faucon, etc. Et sur
chaque image, le bâtiment à l’arrière-plan représente un château du royaume de France, le plus
souvent appartenant à la famille de Berry ou au roi. On repère le maintien de murailles, de
ponts-levis, mais aussi l’apparition de détails de type Renaissance, qui peut être l’occasion d’indiquer
qu’au XV​e​ siècle l’architecture elle-même est en transition.

Entrée numérique
Dominique Kalifa, historien du XIX​e​ siècle, montre que les chrononymes que nous utilisons sont
toujours construits ​a posteriori​ et donnent une signification à la période nommée. Assez complexe du
point de vue lexical, cette explication peut être visionnée intégralement, ou coupée pour expliquer
plus particulièrement la naissance des expressions « les années 40 »à partir de 1840. (4’27).

Repères (p. 22)

Présentation de la frise
La frise permet de visualiser le découpage classique de l’histoire en quatre périodes, et d’amorcer la
problématisation en discutant les grandes dates choisies pour être des coupures. À noter que la frise
n’est pas à l’échelle dans la partie « Antiquité », du fait de la longueur de la période. On prendra soin
de le rappeler aux élèves.

La transition Préhistoire/Histoire est de plus en plus discutée et les nombreuses découvertes


archéologiques permettent de connaître de mieux en mieux ces siècles et ces millénaires
« préhistoriques ».

La fin de l’Antiquité : la date de 476 est centrée sur les aspects politiques seulement, car la fin de
l’Empire romain n’entraîne pas la fin de la culture romaine ni des cadres locaux de production et de
domination. Elle est aussi occidentalo-centrée, puisque l’Empire byzantin est directement héritier de
l’Empire romain (tellement, d’ailleurs, que le terme même « d’empire byzantin » est incorrect : les

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Byzantins eux-mêmes ne se désignent jamais autrement que comme « Romains »).
De même, la date de 496 (le baptême de Clovis) souvent invoquée est elle aussi très contestable,
tant les structures sociales, politiques et économiques changent à un rythme très lent.

Nous avons laissé sur la frise la date de naissance du Christ, puisque nous évoquons plus loin dans
le chapitre la progressive fixation d’une « ère chrétienne », et celle de l’Hégire, là aussi évoquée
ailleurs dans le chapitre.

La fin du Moyen Âge : la date canonique de 1492 marque la découverte de l’Amérique, mais aussi la
fin de la Reconquista en Péninsule ibérique. Pour les contemporains, le choc que représente la
découverte d’un nouveau continent est diffus : jusque dans les années 1520-1530, ces
connaissances géographiques sont absorbées très progressivement par la culture de la Renaissance.
En revanche, la prise de Constantinople par les Ottomans, une dynastie turque sunnite dont les
sultans revendiquent le titre de « César », marque un choc bien plus violent parmi les élites comme
parmi la population.

Étude 1 : Penser le temps (p. 24)

Présentation du dossier
Avant de montrer comment on découpe le temps, ce dossier vise à suggérer que les formes de
découpage choisies ont toujours une signification culturelle : elles dépendent de la façon dont les
hommes et les femmes pensent leur place dans le monde. Temps cyclique ou linéaire, mythe de l’âge
d’or passé ou sentiment de progrès continu : ces représentations dépendent de structures culturelles.
Cela peut amener les élèves à comprendre qu’ils vivent eux-mêmes dans de telles structures
(question 5) et à essayer de prendre du recul par rapport à elles.

Présentation des documents


La page de gauche (doc. 1 et 2 et images associées) donne un aperçu de conceptions différentes du
temps, au sein de cultures que les élèves vont avoir l’occasion de recroiser dans l’année. Le mythe
de l’âge d’or, décrit par Hérode, continue à influencer la culture occidentale jusqu’à l’époque moderne
et se retrouve dans d’autres traditions, entre autres Indo-européennes. Le temps cyclique aztèque, en
revanche, n’a pas influencé l’Occident mais se retrouve dans d’autre régions du monde. Ces deux
documents montrent que la conception d’un temps linéaire, qui est la nôtre aujourd’hui, est loin d’être
universelle.

La page de droite, construite autour de documents occidentaux (doc. 3, 4, 5 et 6), permet ensuite de
plonger les élèves dans la conception linéaire du temps, mais en montrant qu’en fonction des
époques, l’évolution humaine est perçue comme ascendante ou déclinante. Le respect de l’autorité et
de la tradition, caractéristique de l’époque médiévale (doc. 4), laisse progressivement place à la

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Renaissance à l’idée d’un possible progrès. Mais le doc. 4 et l’enluminure du XV​e​ siècle associée
(doc. 3) suggèrent que, dès les derniers siècles du Moyen Âge, est née l’idée que les hommes
pouvaient envisager des choses qui avaient échappé à leurs maîtres, tels des « nains sur les épaules
des géants » (une expression très ambivalente, car elle montre à la fois l’infériorité des
contemporains - ce ne sont que des nains par rapport aux géants du passé - et leur supériorité -
montés sur les épaules de leurs prédécesseurs, ils voient plus loin qu’eux).

Puis l’enthousiasme du XIX​e​ siècle pour le progrès technique est visible dans le texte de Victor Hugo
(doc. 5). Il s’oppose à un début de vision décliniste, qui se développe depuis la fin du XX​e​ siècle, et
qui est évoquée par le texte de la rappeuse altermondialiste Keny Arkana (doc. 6). Le choix de ce
document est volontairement moderne pour inviter progressivement les élèves à réfléchir à leur
propre vision du temps et de l’avenir.

Corrigés des questions


➔ Question 1 : ​Présentez les documents en les datant à partir de la frise chronologique de la
page précédente. (Doc. 1 à 6)

❖ Réponse :​ ​Le doc. 1 est un texte mythologique de l’Antiquité grecque, qui continue à
être lu par la suite puisqu’il est illustré par un tableau européen du début de la
Renaissance. Le doc. 2 est un autel de sacrifice orné d’un bas-relief représentant le
calendrier cyclique aztèque, réalisé quelques années avant l’arrivée des premiers
européens en Amérique (voir chap. 3, thème 2). Le doc. 3 est une enluminure
médiévale représentant le thème célèbre des nains sur les épaules de géants, né
d’abord dans des textes de sciences, comme le doc. 4. Enfin le doc. 5 est un article
de journal rédigé par Victor Hugo en 1849, tandis que le doc. 6 est un morceau
récent de la rappeuse Keny Arkana.

➔ Question 2 : ​Repérez quels documents proposent une vision du temps descendante (vers un
futur négatif) et quels documents proposent une vision du temps ascendante (vers un futur
positif). (Doc. 1 à 6)

❖ Réponse :​ ​Certains documents sont aisément classables. Ainsi les doc. 1 et 6


évoquent un futur déclinant. En revanche, les doc. 3, 4 et 5 affirment la possibilité
d’un progrès, appuyé sur les autorités du passé au Moyen Âge, ou bien appuyé sur la
science au XIX​e​ siècle. Mais le doc. 2 ne rentre pas dans ces schémas, puisque le
temps cyclique implique un éternel retour.

➔ Question 3 : ​Définissez la notion de progrès. (Doc. 5 et 6)

❖ Réponse :​ ​Selon ce texte de Victor Hugo, les innovations techniques et notamment


les transports jouent un rôle clé dans le progrès. En revanche, Keny Arkana présente
le progrès technique comme un danger, comprenant une menace de guerre, qui
entraîne finalement des dérèglements dans les domaines politique et moral.

➔ Question 4 : ​Comparez le point de vue des hommes et des femmes du Moyen Âge, du XIX​e
siècle et d’aujourd’hui. (Doc. 4, 5 et 6)

❖ Réponse :​ ​Du Moyen Âge à nos jours, la vision de l’avenir se transforme. Au Moyen
Âge, des progrès semblent possibles à condition de respecter les autorités du passé.

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Au XIX​e​ siècle, les innovations techniques donnent au contraire l’impression d’une
nouveauté complète et d’un avenir dans lequel le sort de l’homme sera amélioré.
Aujourd’hui, certains artistes comme Keny Arkana considèrent à l’inverse que
l’espèce humaine est au bord de catastrophes, justement à cause d’une trop grande
confiance dans le progrès.

➔ Question 5 : ​À partir des différentes visions du temps présentées ici, réfléchissez à la


manière dont nous pensons aujourd’hui notre propre rapport au temps. S’inscrit-on dans un
des schémas présentés, ou au contraire dans un schéma différent ? Justifiez votre opinion
par des exemples précis (œuvres d’art, culture populaire).

❖ Réponse ​: Le but est ici que les élèves mobilisent des références connues, soit par
leur culture générale, soit, par exemple, à travers les EPI de troisième, et qu’ils les
passent à travers la grille d’analyse construite par les questions précédentes.

Étude 2 : Mesurer le temps (p. 26)

Présentation du dossier
Ce dossier revient sur les différents outils de maîtrise du temps. Il montre tout d’abord la progression
de la maîtrise technique, qui permet d’aller sans cesse vers plus de précision. Il suggère aussi que
cette maîtrise plus précise du temps induit des changements dans les rapports de pouvoir, aussi bien
en termes de politique internationale que dans les rapports sociaux.

Présentation des documents


Les documents permettent de présenter les moyens de calculer le temps :

- un cadran solaire égyptien (doc. 1) ;


- la toute première représentation de sablier en Occident, sur une fresque de Sienne (doc. 2)
(qui fait partie des célèbres fresques du « bon gouvernement », analysées, entre autres, par
Patrick Boucheron) ;
- un dessin aquarellé de l’horloge à eau, dite aussi parfois clepsydre, héritée de l’Antiquité et
perfectionnée dans le monde musulman (doc. 3) ;
- une horloge mécanique, comme celles qui se multiplient dans les palais communaux et sur
les églises à la fin du Moyen Âge (doc. 4) ;
- une montre connectée, aboutissement de cette harmonisation des temps individuels (doc. 5).

Ils montrent aussi les enjeux liés à ces calculs :

- La carte des fuseaux horaires (doc. 6) et l’extrait de la conférence de Washington (doc. 7), au
cours de laquelle le méridien de Paris est abandonné au profit du méridien de Greenwich,
montrent que le choix s’est fondé sur une question de puissance économique. C’est aussi
l’occasion de faire remarquer aux élèves que l’Europe est majoritairement réglée sur le même

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fuseau horaire, tandis que cet aménagement n’a pas été fait, par exemple aux États-Unis.
- Le rapport de la socialiste Mary Van Kleeck sur les conditions de travail des femmes à New
York au début du XX​e​ siècle (doc. 8) permet de montrer cette mécanisation du temps très
étudiée par les historien(ne)s, selon laquelle l’arrivée des horloges mécaniques discipline les
travailleurs en leur imposant des horaires fixes. En même temps, il suggère que ces données
horaires sont aussi un outil de protection des travailleurs, une problématique encore très
nouvelle, qui peut éventuellement être prolongée par une réflexion sur l’uberisation et le
développement actuel du travail « par tâche », sans horaires.

Corrigés des questions


➔ Question 1 : ​Tracez une frise chronologique et situez-y l’apparition des outils de mesure du
temps. (Doc. 1 à 5)

❖ Réponse :​ ​Dans cette question, la vraie difficulté consiste à trouver une échelle sur
laquelle faire apparaître à la fois le cadran solaire ( II​e​ millénaire avant J.-C.) et la
montre individuelle. Un coup d’œil à la frise p. 22 peut rappeler aux élèves la
possibilité d’inclure des hachures pour introduire une rupture d’échelle à la fin de
l’Antiquité.

➔ Question 2 : ​Expliquez où se trouve le méridien de référence et quand il a été choisi. (Doc. 6


et 7)

❖ Réponse :​ ​En 1884, suite à la conférence de Washington, le méridien de référence


fixé par la communauté internationale, sur demande britannique, est le méridien qui
traverse l’observatoire de Greenwich, à proximité de Londres. La raison est
économique : l’essentiel de la flotte commerciale mondiale est alors fixée sur le
méridien britannique. (Le document ne le dit pas, mais l’Empire britannique possède
alors aussi la flotte militaire la plus importante).

➔ Question 3 : ​En analysant ces deux documents, repérez qui a le droit de contrôler le temps.
(Doc. 7 et 8)

❖ Réponse :​ ​Dans ces deux textes rédigés entre la fin du XIX​e​ et le début du XX​e​ siècle,
le contrôle du temps est examiné à des échelles différentes. À la conférence de
Washington, le Royaume-Uni parvient à imposer son méridien à la place de celui de
la France en raison de la puissance de la flotte navale britannique. Par ailleurs, dans
les ateliers new-yorkais du début du XX​e ​siècle, le temps de travail est fixé par les
employeurs sans négociation avec les employé(e)s. Dans les deux cas, on constate
que le contrôle du temps est un outil de pouvoir politique ou économique.

➔ Question 4 : ​Présentez en détail l’un des outils de mesure du temps. (Doc. 1 à 5)

Coup de pouce : ici, avant de mettre les élèves en activité de recherche, on peut par exemple
préciser les attendus : le fonctionnement technique de l’objet, la date d’apparition du premier
prototype, les particularités de la représentation présentée sur cette page, etc.

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Pour aller plus loin
❖ Patrick Boucheron, ​Analyse de la figure au sablier​, extrait de ​Conjurer la peur : Sienne 1338.
Essai sur la force politique des images,​ Paris, Seuil, 2013.

Étude 3 : Les débuts de l’histoire (p. 28)

Présentation du dossier
Ce dossier peut fonctionner en lien avec celui de la page 24-25 (Penser le temps) ou être traité à sa
place. Il amène les élèves à examiner comment chaque société fixe le début de son calendrier.
Ce faisant, il les pousse à réfléchir à notre calendrier et à la manière dont il est le résultat d’une
production historique par étapes, ce qu’explique ensuite le cours p. 30-31.

Présentation des documents


Les documents 1 à 4 présentent des visions religieuses du début de l’histoire : la Théogonie
(littéralement la naissance des dieux) avec Hésiode, la naissance du Christ pour les chrétiens,
l’Hégire pour les musulmans. Le document relatif à la naissance du Christ (doc. 2) montre d’ailleurs
que cet événement n’est considéré comme un point de départ qu’​a posteriori​. En 532, l’abbé Denys le
Petit tente de calculer la date de la naissance du Christ, qu’il fixe lui-même 532 ans avant lui (très
arbitrairement puisqu’on sait désormais que le Christ est plutôt né en -2 ou -3 avant lui-même).
Mais pendant les siècles suivants, dans de nombreuses régions, les documents continuent à être
datés « en l’an ... du règne de » ou « du pontificat de », et l’ère de la naissance du Christ n’est
totalement adoptée qu’aux environs du X​e​ siècle.

Les doc. 5 et 6 montrent des façons différentes de concevoir le temps. Scientifique, avec Stephen
Hawking expliquant que les lois physiques commencent avec le Big Bang (doc. 6), qui marque donc
le début du temps proprement dit. Politique, avec le calendrier républicain, dont le début est marqué
par l’abolition de la monarchie, le 22 septembre 1792. Alors que les transformations du système
métrique seront conservées sans hésitation après la révolution, ce calendrier disparaît avec la fin du
régime.
> On peut éventuellement lier ce document au doc. 1 p. 31 qui montre la transformation du calendrier
turc, en lien avec la fin de l’Empire ottoman.

Corrigés des questions


➔ Question 1 : ​Distinguez les calendriers qui sont de nature religieuse et ceux qui ne le sont
pas. (Doc. 1 à 6)

❖ Réponse :​ ​Les doc. 1 à 4 présentent des calendriers religieux, respectivement grec,

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chrétien et musulman. Les documents 4 et 5 présentent des calendriers fondés sur
des bases différentes.

➔ Question 2 : ​Expliquez pourquoi les révolutionnaires ont voulu imposer un nouveau


calendrier. (Doc. 5)

❖ Réponse :​ ​La mise en place du calendrier révolutionnaire célèbre l’abolition de la


monarchie et la proclamation de la République française le 22 septembre 1792. Sa
mise en place montre une volonté de rompre totalement avec la période qui précède.

➔ Question 3 : ​Dites qui a le pouvoir de fixer la date de début du calendrier. (Doc. 2, 4 et 5)

❖ Réponse :​ ​Les calendriers chrétien, musulman et républicain sont fixés non pas le
jour de l’événement qui en marque le début, mais dans les années ou même les
siècles qui suivent. Dans le cas du calendrier républicain, on voit que c’est une
décision politique prise deux ans après. Dans le cas du calendrier chrétien, on
comprend que c’est un choix symbolique, de façon à éviter d’utiliser le nom d’un
empereur romain non chrétien pour dater un événement.

➔ Question 4 : ​Choisissez l’une des dates d’origine présentées dans cette étude et
présentez-la devant la classe.

Coup de pouce : on peut éventuellement fonctionner à l’inverse et demander aux élèves de préparer
chez eux cette présentation, de façon à commencer par ces brefs exposés avant de réaliser les
questions ci-dessus.

Pour aller plus loin


❖ Une émission de « C’est pas sorcier » en quatre épisodes sur les religions : par exemple, le
christianisme​, l’​islam​.

❖ Un ​convertisseur de calendrier​ en ligne.

Cours : Découper le temps en France (p. 30)

Résumé des grandes idées du cours


➔ Notre calendrier actuel est le fruit d’un héritage triple : ses bases sont romaines, son début et
une partie de ses fêtes sont chrétiennes, tandis que l’essentiel de ses jours fériés ont été
fixés pour commémorer l’histoire politique contemporaine.
➔ Pour se repérer dans le temps on utilise plusieurs découpages : décades, siècles,

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chrononymes, mais aussi grandes coupures en quatre périodes. Pourtant les continuités ne
sont jamais abolies entre deux périodes.

Présentation des documents

Document 1
Sur cette pierre tombale d’un cimetière turc, on observe l’effet du changement de calendrier décidé en
1925 par Atatürk. En 1923, l’Empire ottoman a pris fin et a été remplacé par la République de
Turquie, un État laïque. Deux ans plus tard, le calendrier hégirien est remplacé par le calendrier
européen, ce qui est aussi censé faciliter un rapprochement avec l’Europe. Par conséquent, cette
femme est née en 1323 (c’est-à-dire 1905) et morte en 1983.

Document 2
Sur cette enluminure de l’évangéliste saint Mathieu, classiquement montré en train de rédiger son
texte, on observe en plein IX​e​ siècle le maintien d’un décor et d’une toge typiquement romains. On
peut éventuellement le comparer avec des images assez proches dans le temps, comme ce
panthéon du VI​e​ siècle​, où au contraire les dieux païens apparaissent sous des traits christianisants.
Les continuités entre les deux systèmes religieux apparaissent donc dans l’art.

Document 3
Lettre adressée à Louis-Philippe en 1815, au moment de la restauration, pour savoir s’il souhaite
conserver à son service les membres de la maison de Napoléon. Louis XVIII a inscrit au bas de la
feuille « ​Je n’en prendrai pas un​ ». On voit dans cet exemple trivial que les ruptures d’un régime à
l’autre peuvent aussi être renforcées par des choix politiques, par exemple lorsque l’on se débarrasse
d’un personnel administratif ou même domestique.

Apprendre autrement (p. 32)

Présentation de l’activité
Cette activité permet aux élèves d’apprendre à utiliser un nouvel outil, dont ils peuvent
éventuellement continuer à se servir au cours de l’année si leur équipement numérique le permet. Il
s’agit aussi de leur donner le sentiment du temps en passant par l’échelle de leur vie et de leur
famille.

Pistes d’exploitation

L’activité peut se préparer à la maison ou, idéalement, se faire en salle informatique après un temps
de préparation individuel (étapes 1, 2, 3) puis une mise en commun en classe (étape 4).

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Pour varier et promouvoir l’insertion des élèves dans leur établissement, on peut éventuellement
demander aux élèves de mener cette activité en faisant des entretiens auprès de différents membres
de l’équipe pédagogique et administrative.

L’analyse
L’analyse doit servir à faire sentir aux élèves que l’on peut dépasser l’échelon individuel pour dégager
des tendances communes. Concernant les événements les plus cités, c’est éventuellement l’occasion
de les exprimer en statistiques, travaillées en mathématiques en troisième. Concernant les
événements choisis par le ou la professeur(e) dans sa propre frise, on peut faire référence au cours
de troisième portant sur le monde depuis 1991.

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