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Texte 11: Le Malade Imaginaire, I, 5 extrait.

Parcours « Spectacle et Comédie »


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Nous nous demanderons ce que ce passage farcesque nous apprend des personnages et de leurs
relations.

Rédaction de l’introduction et de la conclusion par les élèves. (ne pas oublier de parler du
carnaval)

Mouvement 1 : un affrontement comique d’idées


ARGAN
Je lui commande absolument de se préparer à prendre le mari que je dis.
→ La première réplique de l’affrontement comique entre Toinette et Argan met en
avant le thème du mariage forcé ainsi que l’autorité d’un père sur sa fille avec le
verbe « commander » et la proposition subordonnée relative « que je dis ». Argan
estime qu’il doit choisir le mari de sa fille. L’adverbe « absolument » renforce l’idée
qu’Argan n’est pas ouvert à la discussion, que c’est lui qui est censé décider alors
même que depuis le début de la scène, il accepte l’affrontement avec Toinette, une
simple servante.

TOINETTE
Et moi, je lui défends absolument d'en faire rien.

→ Le comique se met en place avec la réponse de Toinette qui reprend mots pour
mots la réplique d’Argan pour en dire l’inverse. Elle reprend en effet l’adverbe
« absolument » mais transforme « commande » en « défends » et ajoute la négation.
Ce comique de mots vient renforcer le comique de situation présent grâce à la forte
individualité de Toinette qui s’affirme comme le montre le pronom personnel « moi »
en début de réplique. Rappelons que Toinette est bien l’archétype de la servante. Elle
fait ici preuve d’audace alors qu’évidemment, elle n’a aucune autorité ni pouvoir sur
Angélique.
ARGAN
Où est-ce donc que nous sommes? et quelle audace est-ce là, à une coquine de servante, de parler de
la sorte devant son maître?

→ Cette audace est d’ailleurs ce qui fait s’indigner Argan dans la réplique suivante
avec les deux questions rhétoriques. Il rappelle alors le statut inférieur de Toinette
avec l’opposition des noms « servante » et « maître ». Il semble avoir bien cerner la
véritable nature de Toinette comme le prouvent les noms « coquine » et « audace ».
TOINETTE
Quand un maître ne songe pas à ce qu'il fait, une servante bien sensée est en droit de le redresser.

→ Pour répondre de manière vive et continuer l’affrontement dans une stichomythie


que Toinette maîtrise, cette dernière, avec l’aide du présent de vérité générale et
d’une assonance en [é], invente une sorte de maxime pour justifier son
comportement. Elle serait en droit d’affronter son maître si celui-ci n’est pas
raisonnable « ne songe pas à ce qu’il fait » et qu’elle-même est « bien sensée ».
L’antithèse mise en place entre Argan, être déraisonnable et Toinette, être raisonnable,
la met en position de supériorité et inverse donc la tendance du statut social dans un
renversement si ce n’est carnavalesque, du moins farcesque.
Mouvement 2 : Un affrontement qui vire à la farce
Après la confrontation d’idées, l'échange se transforme en scène de poursuite
farcesque mettant en place le comique de gestes par les didascalies et le comique de
situation par la colère ascendante d’Argan et l’insolence grimpante de Toinette.
ARGAN court après Toinette.
Ah! insolente! il faut que je t'assomme!

La didascalie « court après Toinette » met en effet en place le comique de geste et


donne du dynamisme à la scène tout comme les répliques qui sont de plus en plus
courtes. La réplique d’Argan souligne bien ce dynamisme avec trois phrases courtes
et exclamatives dont deux non verbales. Il n’est plus dans l’argumentation mais
uniquement dans la colère envers Toinette qui ose affronter son maître. Il veut alors
passer des paroles aux actes comme le montre le verbe « t’assome » : la volonté du
maître de battre son valet ou sa servante est un motif topoïque de la farce pour faire
rire.
TOINETTE se sauve de lui.
Il est de mon devoir de m'opposer aux choses qui vous peuvent déshonorer.

Au contraire de son maître, Toinette est toujours dans l’argumentation et dans la


raison comme le montrent les termes « devoir » et « déshonorer » : elle oppose à sa
colère un argument qui est de dire qu’elle est une bonne servante car, en lui indiquant
que sa fille ne doit pas épouser un médecin, elle sauve l’honneur de la famille.
ARGAN, en colère, court après elle autour de sa chaise, son bâton à la main.
Viens, viens, que je t'apprenne à parler!

Mais Argan reste dans la colère comme l’indique la didascalie et oublie même sa
maladie puisqu’il se met à courir et chercher à taper Toinette. Dans sa réplique, la
répétition du verbe « viens » ainsi que l’exclamation insistent sur la violence et la
colère ascendantes d’Argan qui veut rétablir l’ordre et remettre la servante à sa place.
TOINETTE, courant et se sauvant du côté de la chaise où n'est pas Argan.
Je m'intéresse, comme je dois, à ne vous point laisser faire de folie.

Malgré cela, Toinette échappe toujours aux coups et semble gagner en assurance car
elle ose appliquer le nom « folie » à son propre maître. Elle se pose de ce fait en
position supérieure car elle se place quant à elle du côté de la raison avec la
subordonnée circonstancielle « comme je dois » et du devoir avec le verbe
« m’intéresse » qui signifie ici « prendre soin »
ARGAN
Chienne!
TOINETTE
Non, je ne consentirai jamais à ce mariage.
ARGAN
Pendarde!
TOINETTE
Je ne veux point qu'elle épouse votre Thomas Diafoirus.
ARGAN
Carogne!
TOINETTE
Et elle m'obéira plutôt qu'à vous.

Les répliques suivantes s’enchaînent très rapidement continuant la stichomythie et le


comique de situation puisque Toinette s’oppose toujours à Argan et a le dessus. Les
trois répliques d’Argan sont réduites à un simple nom suivi d’une exclamation : ce
sont des insultes typiques de la farce montrant qu’Argan n’a plus d’argument.
Toinette quant à elle reste très claire sur son opposition avec deux phrases négatives :
elle refuse le mariage d’Angélique et Thomas et une phrase affirmant la supériorité
de son autorité sur Argan comme le souligne le verbe « obéira ». L’utilisation du futur
montre d’ailleurs qu’elle est sûre d’elle.
ARGAN
Angélique, tu ne veux pas m'arrêter cette coquine-là?

Argan s’adresse alors à Angélique qui n’a jusque là pas eu mot à dire sur son propre
mariage. Mais il espère la ranger de son côté et avoir une allier contre Toinette : la
demande par la tournure interrogative montre bien qu’il est en position de faiblesse
par rapport à Toinette.
ANGELIQUE
Eh! mon père, ne vous faites point malade.

La réponse d’Angélique est la seule de l’affrontement et reste discrète. Cela n’est pas
sans rappeler la condition féminine de l’époque. Elle ne peut désobéir à son père donc
elle détourne sa demande en jouant la bonne fille se souciant de la santé de son père
avec le conseil mis en place par l’impératif « ne vous faites point malade ».
ARGAN
Si tu ne me l'arrêtes, je te donnerai ma malédiction.
Mais Argan n’est pas dupe et rappelle l’autorité qu’il a sur elle avec la tournure
hypothétique : il a tout pouvoir sur l’avenir de sa fille donc si elle ne l’aide pas, elle
perd tout.
TOINETTE
Et moi, je la déshériterai, si elle vous obéit.

Toinette ne laisse néanmoins pas Angélique répondre et renverse littéralement les


propos d’Argan à l’aide d’un chiasme de la tournure hypothétique (le Si... + la
menace devient une menace + si…). Elle s’affirme une dernière fois avec le pronom
personnel « moi » en tête de réplique et feint la même autorité qu’Argan sur
Angélique. En effet, en menaçant de déshériter Angélique, elle n’est pas à sa place
car elle ne détient pas du tout ce pouvoir mais son insolence atteint ainsi son
paroxysme.
ARGAN se jette dans sa chaise, étant las de courir après elle. - Ah! ah! je n'en puis plus! Voilà
pour me faire mourir!

Cela fait capituler Argan comme le montre la didascalie suivante : il abandonne de


fatigue physique et émotionnelle. Les exclamations et la répétition de l’interjection
« Ah » renforcent cette idée d’épuisement. Quant à l’hyperbole « me faire mourir »,
elle vient rappeler l’hypocondrie d’Argan.
Conclusion à rédiger par les élèves avec ouverture possible : acte III, 10

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