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Chapitre1 : La consolidation du principe d'autonomie dans les systèmes fédéraux


Aussi nombreux qu'ils sont, les systèmes fédéraux présentent en général les mêmes caractéristiques. L'Etat fédéral est une
communauté d'Etats dont les rapports régissant les Etats fédérés entre eux et avec l'Etat fédéral sont contenus dans la constitution
de celui-ci. Les caractéristiques et les principes de ce système sont consacrés par la doctrine et appliqué dans les Etats fédérés, et
leur permettent une autogestion dans certain domaine nous examinerons ses principes et ses caractéristiques (section 1), ensuite
nous parlerons des spécificités des systèmes fédéraux (section 2).
Section1 : Les caractéristiques et les principes du fédéralisme
A Les principes du fédéralisme
Le respect des principes d'autonomie, de participation et d'égalité des Etats est la condition sine qua non pour pouvoir parler d'un
Etat fédéral. Ces principes sont consacrés explicitement par les constitutions fédérales des Etats.
a- le principe d'égalité
Le principe d'égalité est l'un des piliers du système fédérale, il garantie aux Etats membres une égalité de traitement entre tous les
Etats membres sans aucune distinction liées à l'ancienneté ou le poids politique, démographique au sein de l'union. À l'intérieur du
territoire fédéral, il rend possible l'unité dans la diversité. C'est-à-dire l'unité du territoire fédérale dans un vison global malgré les
diversités et les particularités de chacun des Etats qui le compose.
b- le principe participation
La participation des Etat fédérés à la direction de la politique fédéral s'opère par leur participation au sein des instances fédérales
chargées d'élaborer cette politique, et d'effectuer les révisons du pacte fédéral. Ce principe est une certaine garantie de leur
implication à toutes modifications du traité qui leur confère leur droit. Le fait qu'il ait plusieurs dirigeants politiques (issus des Etats
fédérés) associés à l'action du gouvernement fédéral rend cette action beaucoup plus transparente et intensifie la démocratie
(séparation des pouvoirs, liberté et autonomie des institutions...) au sein de l'Etat fédéral. Ainsi les représentants des Etats fédérés
pénètrent tout le système fédéral en vertu des dispositions de la constitution.
c- le principe d'autonomie
Parmi les principes précités, le principe d'autonomie est celui qui permet le développement des institutions, des normes juridiques
propres au territoire de l'Etat fédéré. Cette autonomie est une autonomie de décisions, de gestion dans plusieurs domaines
(fiscalité, police, éducation...) sans qu'aucune tutelle de l'Etat fédéral ne soit crainte. Les compétences entre l'Etat fédéral et les
Etats fédérés sont réparties sur la base du principe de subsidiarité, ce qui empêche l'Etat fédéral d'intervenir dans les domaines qui
ne sont pas les siens.
L'application du principe d'autonomie montre que le fédéralisme permet ainsi aux Etats de s'auto administrer largement dans le
respect de leur spécificités, car en réalité, il s'agit d'Etats jouissant d'une souveraineté, certes réduite, mais réel, avec une identité
nationale et culturelle propre. Cependant, une restriction existe concernant les Etat fédérés, afin de fortifier l'union, la constitution
fédérale prévoit des clauses empêchant un Etat de sortir de l'union, cela dans le but de conserver les privilèges d'un vaste territoire
(richesses naturelle, espace économique...).

B- Les caractéristiques du fédéralisme


a- L'association d'Etat
Tout d'abord, l'Etat fédéral est composé d'un certain nombre d'entités dont le nom varie : Etats fédérés (Etats-Unis), cantons
(Suisse), Lander (Allemagne)... qui ont des apparences d'un Etat (constitution, des institutions étatiques, organisation politique...)
mais qui sont privées de la souveraineté externe, c'est-à-dire qu'ils n'ont pas de relation directe avec l'extérieur. Egalement, les
compétences de l'Etat fédéré ne sont pas illimitées, car elles s'exercent dans le cadre fixé par la constitution fédérale.
C'est pour diverses considérations notamment économiques, politiques, culturelles, sécuritaires... que des Etats autrefois unitaires
se sont constitués en fédération d'Etats, laissant ainsi derrière eux une partie de leur souveraineté au profit de l'Etat fédéral. La
souveraineté est définie comme le droit d'exercer l'autorité politique sur une zone géographique donnée, c'est dans ce sens que les
Etats fédérés partagent avec l'Etat fédéral la souveraineté et les compétences. Les Etats fédérés disposent d'une souveraineté
interne qui entraîne une autonomie des institutions politiques (gouvernement, parlement...), des institutions administratives, et
judiciaires. La souveraineté externe appartient à l'Etat fédéral, il garde ainsi le monopole des relations extérieures en matière
diplomatique, commercial... Les Etats fédérés coexistent entre eux sans concurrence ni discrimination culturelle, politique ou
économique comme c'est le cas dans les relations internationales. La naissance de l'Etat fédéral a donné lieux à une superposition
d'Etat et surtout de gouvernement. En fait, le gouvernement fédéral et le gouvernement fédéré s'administrent et agissent de manière
autonome, sans contrôle ni injonction externe.
Par contre, c'est grâce au principe de participation que les Etats fédérés concourent à l'élaboration des lois fédérales par le biais de
leur représentant et de leurs partis politiques au parlement fédéral.
Il faudrait rappeler que le fédéralisme est né des diversités et de la pluralité des composantes du territoire héritées des structures
féodales (principauté, duché, comté, villes libres...) en ce qui concerne l'Europe. Car à l'époque des empires, ces structures
s'administraient de façon autonome. Généralement, les Etats fédéraux d'aujourd'hui sont d'abord passés par l'étape de la
confédération d'Etats ; c'est le cas des Etats-Unis en 1776, la confédération Helvétique (suisse) en 1315, la confédération
d'Allemagne du Nord en 1866. Contrairement au système fédéral, la confédération est une association d'Etat qui respecte la
souveraineté internationale de ses membres et se limite aux domaines pour lesquels il a été crée.
b- Le partage du territoire et des compétences
Le territoire de l'Etat fédéral est constitué par l'ensemble des territoires des Etats fédérés. Comme nous l'avons précité le territoire
est un élément constitutif de l'Etat. L'Etat fédéral par certaines de ses lois, et actions couvre l'ensemble de son territoire. Ce qui
veux dire que le citoyen est à la fois soumis au droit élaboré par l'Etat fédéral et celui émanant de son état fédéré. Philippe Ardent
constate que « le fédéralisme rapproche le pouvoir du citoyen. Mais il laisse entre les mains des autorités fédérées des attributions
exercées dans l'Etat unitaire »
Le fédéralisme est particulièrement bien adapté dans les pays ayant un territoire peuplé par une diversité raciale, ethnique,
culturelle, linguistique, et religieuse. La structure fédérale se caractérise surtout par l'existence d'un parlement bicaméral. L'une des
chambres représente la population dans son ensemble, chaque Etat envoie des délégués (en nombre proportionnel de sa
population). La seconde chambre est la chambre des états où chacun y siège, par le biais d'un représentant, sur un pied d'égalité
avec les autres Etats indépendamment de sa population. Ces représentants veillent à la défense de leurs intérêts nationaux et font
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prévaloir leur droit de participation. En ce qui concerne la répartition des compétences, elles sont contenues dans la constitution
fédérale. Les tendances dominantes de cette répartition montrent que l'Etat fédéral a l'armée sous son autorité et dispose en
général du pouvoir de lever les impôts, et des compétences étendues dans les domaines du droit privé (statut familiale, commerce,
banque, assurance...) sur tout le territoire. Pour la diffusion de la politique et des directives fédérales du gouvernement, des
institutions fédérales veillent à l'application et le suivi de celles-ci. Elles concernent le domaine de la justice, les finances, la sécurité,
les télécommunications, la fonction publique fédérale... sans pour autant empiéter dans les compétences des Etats fédérés.

La Conférence nationale sur le fédéralisme se déroule ces jours à Montreux. Deux jours pour repenser le fédéralisme, à travers des
débats, des analyses, des points de vue. La course vers la centralisation arrange certains, dérange d’autres et en laisse très peu
indifférents.

Le fédéralisme, c’est quoi ?


 Le fédéralisme c’est un mythe suisse, 75% des Suisses disent y être attachés… mais seulement 35% des gens en ont une
idée assez vague
 Le fédéralisme c’est une force, qui a grandement aidé la Suisse à conserver son unité, en préservant sa diversité.
 Le fédéralisme c’est le principe du power sharing qui caractérise la Suisse, avec la séparation assez stricte des pouvoirs
 Le fédéralisme c’est un frein aux réformes, puisqu’il y a plus de gens à convaincre, ce qui crée des blocages dans la mise
en oeuvre
 Le fédéralisme c’est un gage de qualité des réformes. Il permet l’expérimentation et une adaptation des solutions
proposées aux réalités de chacun.

Au cœur du fédéralisme, il y a encore la subsidiarité. Ce fameux concept inventé d’abord par l’Église catholique pour répartir les
tâches entre le pouvoir spirituel et le pouvoir temporel. La subsidiarité fonctionne selon 2 principes : on n’a pas la possibilité de le
faire à un niveau donc c’est le niveau supérieur qui s’en charge. Ou alors un niveau supérieur est mieux à même de réaliser la
tâche. C’est une considération bien souvent purement politique et subjective. Une région ou une commune sera d’ailleurs capable
de le faire alors qu’une autre sera dans l’incapacité de le faire et pourtant l’uniformisation, la standardisation est imposée à tous.
Sommes-nous face à la dictature de la médiocrité ?
Et pourtant, celui que nous rêvons n’est pas celui que nous avons
Nous avons idéalisé notre fédéralisme et pour retrouver la formule gagnante, c’est de réalisme dont nous avons besoin. Le statut de
fédéralisme de coopération qu’on nous prêtait est bien loin de coller à la réalité. Concrètement, la Suisse est un pays très
décentralisé, où certaines choses se réalisent au niveau local, mais le fédéralisme qui s’applique chez nous est un fédéralisme
d’exécution, là où les décisions viennent du haut- comprenez par là la confédération – sans plus grande prise en compte des
besoins exprimés par le bas du système – que sont les communes.
Nous l’avons voulu
De par l’évolution sociétale, nos changements de mode de vie, notre désintérêt face à une identité locale… Nous laissons, peu à
peu, le consommateur qui est en nous prendre le dessus sur le citoyen que nous étions. Nous voulons des prestations de qualité,
nous voulons un standard. Nous avons pu le constater avec l’exemple de l’harmonisation scolaire. Pourquoi ? Et bien parce que les
gens déménagent et retrouver ce même programme de formation partout en Suisse est dans l’intérêt de nos petits, bien
évidemment. Mais finalement, cet argument s’applique à tous les domaines. C’est un phénomène sociologique assez simple : on
compense la mise de côté de nos traditions, de nos spécificités locales, qui sont finalement d’une légitimité populaire par une
légitimité “de rationalité”, censée venir de la loi et de la technique scientifique. Le résultat est sans appel: plus on éloigne le pouvoir,
plus il devient complexe, plus la bureaucratie nous éloigne du bon sens. A première vue, il n’y a aucun moyen mais surtout aucune
volonté populaire d’en sortir.
La fin du fédéralisme ?
Se passer du fédéralisme est inimaginable. Le fédéralisme a toute son utilité d’un point de vue fiscal pour le prélèvement des
impôts. Il prend aussi tout son sens dans la réalité politique puisque les cantons servent de base à la répartition des parlementaires
au niveau fédéral. Sanas oublier la réalité administrative qui permet à la confédération de déléguer des tâches, gérées ensuite par
les cantons et de soulager, ainsi, l’appareil administratif fédéral.
Si nous devions dessiner un idéal : la confédération poserait le cadre, les cantons dessineraient les contours, les communes
rempliraient les formes. Mais pour que ce système fonctionne parfaitement, chaque commune et chaque canton devraient avoir les
mêmes capacités, ce qui n’est pas le cas à ce jour et ce qui rend parfois la centralisation évidente.
Anticiper est politique
Si le fédéralisme d’exécution est une réalité, l’engagement aux niveaux communal et cantonal est pourtant nécessaire pour
comprendre l’évolution et faire gagner le fédéralisme sur la centralisation, quand bien même cette dernière est parfois source de
simplicité à court terme.
Chacun à son niveau est à même d’influencer les décisions fédérales, afin d’appliquer ensuite des lois et des règlements qui
laissent suffisamment de marge de manœuvre pour tenir compte des spécificités locales. Se résigner à être figés par la loi et les
règlements est un choix lourd de conséquences pour la société, que nul responsable politique ne pourra assumer.

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