LES ROYAUMES D’ACIER

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RETOUR DANS
LES ROYAUMES D’ACIER
A
près l’échec de l’invasion des infernaux venus
d’au-delà de Caën, les Royaumes d’Acier ont entamé
leur reconstruction. Suite à la Collecte, de nouvelles
alliances ont été formées, mises à l’épreuve par une
paix née de l’absence d’ennemi commun. Certaines nations se
sont empressées de tourner la page sur la tragédie et, pleines
de courage, se sont aventurées dans le monde ; pour d’autres, la
plaie infernale n’est pas encore totalement résorbée. À moins
d’actions concrètes et décisives, ce répit ne sera qu’une brève
accalmie avant le retour de l’ordre Nonokrion.
Le noble royaume méridional du Cygnar a servi de fer de lance
aux Royaumes d’Acier dans la reconstruction et l’émergence
d’une ère grandiose de grandeur artistique et de raffinement
technologique. Le bourdonnement des tempêtes de foudre
tumultueuses piégées dans des accumulateurs se mêle au
grincement des rouages mékamagiques des scaraks d’assaut —
ces énormes machines arcaniques qui, sous le contrôle de leurs
mékastratèges, défilent en formation dans les rues de Caspia.
Pendant ce temps, les restes fragmentés de l’ordre Nonokrion et
ses cultistes poursuivent leur œuvre insidieuse. Dans les ruelles
sombres et les bas-fonds obscurs, loin des yeux vigilants de
l’ordre de l’Illumination, ils accomplissent des rituels profanes
en utilisant les âmes de malheureux citoyens que la Collecte a
plongés dans la solitude et l’oubli.
Restés neutre dans la guerre, engraissés par le butin accumulé
lors de la reconstruction post-Collecte, s’alliant à tous sauf
aux nations les plus viles, le Rhul et ses territoires du nord-est
risquent de crouler sous le poids des manœuvres politiques
et des occasions de profits. Les forteresses montagneuses des
nains rhufolk sont devenues le point de ralliement par défaut
des populations déplacées par la guerre — ainsi que pour les
diplomates et les espions des Royaumes d’Acier, chacun voulant
affaiblir l’opposition pour gagner les faveurs du pays.
Si le Cygnar et le Rhul ont prospéré depuis la défaite infernale,
les autres nations n’ont pas eu cette chance. Tandis que les
moutons du sud profitent des bons vins de leur renaissance, les
loups du Khador élaborent des plans dans les froides étendues de
leur royaume septentrional, leurs yeux prédateurs fixés sur les
richesses des nations pour lesquelles ils se sont récemment battus.
Malgré la paix officieuse, les usines khadoréennes continuent de
produire des armes de guerre. Bien que le Khador soit en paix
avec le reste des Royaumes d’Acier, l’Histoire a prouvé que ses
monarques ne laissent pas leurs ambitions facilement réprimées.
Alors qu’ils formaient autrefois une force motrice en Caën, les
fanatiques religieux du Protectorat de Ménoth ont pratiquement
disparu. Le clergé restant fait son possible pour s’accrocher aux
restes de sa nation, mais la plupart des villes sont désertes ; quant
aux instruments de leurs châtiments divins, ces forêts d’épaves de
ferraille, ils sont éparpillés dans les ruines d’un royaume déchu.
Tandis que le soleil se couche sur le Protectorat et que les ombres
s’allongent sur ses terres, la menace des croisades a cédé le pas
à un danger bien plus tangible : la vermine charognarde tapie
dans les ossements de ses anciennes colonies.
COMMENT UTILISER CE LIVRE
royaumes d’aCIer : requIem est un jeu de rôle sur table conçu
pour la 5e édition du plus célèbre des jeux de rôle. Ce livre
contient tout le nécessaire pour mener une campagne dans
l’univers full metal fantasy des Royaumes d’Acier. Que vous soyez
un novice complet ou un vétéran grisonnant des jeux de figurines
WarmaChIne et hordes, vous découvrirez la situation politique
en Immoren occidentale et chez ses principaux acteurs après la
Collecte infernale. Connaissances arcaniques, armes magiques,
mékamagie à vapeur : voici tout ce qu’il vous faut pour apposer
votre marque sur le monde de Caën.
DESTINS HÉROÏQUES
La première partie de ce livre contient l’histoire de l’Immoren
occidentale et de ses nombreuses cultures. Du noble Cygnar
au Llael récemment libéré, en passant par les îles impitoyables
et miasmatiques du Cryx, toutes les nations ayant survécu à
la Collecte sont décrites en détail. Que vous soyez meneur ou
joueur, cette section renferme toutes les informations pour tisser
les aventures et les historiques hauts en couleur qui formeront
la toile de votre campagne.
CEUX QUI LES ACCOMPLISSENT…
La deuxième partie fournit les règles de création de personnage
et s’attarde sur les compagnies d’aventuriers qu’on peut trouver
dans les Royaumes d’Acier. Que vous interprétiez des enquêteurs
arcaniques durs à cuire assistés par un tueur de mages iosien,
une équipe de mercenaires soutenus par un trollkin hurlemort,
ou une cellule de renseignements de l’État ayant recours aux
inventions d’un mékamagicien gobber, l’éventail d’options
disponibles vous permettra de créer un aventurier prêt à explorer
l’Immoren occidentale.
...ET LES TRÉSORS QU’ILS
RENFERMENT
La troisième partie du livre concerne les outils qui permettront
à votre personnage de combattre et survivre dans les Royaumes
d’Acier. Que vous interprétiez un mékastratège lanceur de sort
lié à la merveille mékamagique qu’est son scarak d’assaut, ou bien
une hors-la-loi aux pistolets imprégnés de magie, cette partie
est pour vous. Vous y trouverez les outils de la vie de tous les
jours en Immoren occidentale, mais également des armes de
guerre plus exotiques qui transformeront votre scarak d’assaut
en une machine de puissance véritable. Il y a là tous les moyens
possibles de gagner sa pitance — et bien plus encore de la perdre.
LA COHÉRENCE DE L’ENSEMBLE
Enfin, que vous soyez joueur ou meneur, la quatrième partie
fournit tout le nécessaire pour maîtriser royaumes d’aCIer :
requIem, y compris les règles de magie propres aux Royaumes
d’Acier, des conseils de maîtrise relatifs au monde post-Collecte,
ainsi qu’un grand nombre de personnages secondaires pouvant
aider les PJ ou s’opposer à eux. Les meneurs peuvent utiliser les
outils de cette section pour inciter leurs joueurs à se lancer, et
ainsi raconter une fantastique histoire de gloire et d’aventures.
LES ROYAUMES D’ACIER
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 1 LES ROYAUMES D’ACIER

LES ROYAUMES D’ACIER

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L
es Royaumes d’Acier tels que nous les connaissons
sont le fruit de fois influentes, d’interventions divines et
de siècles de guerre. Ils sont le berceau de peuples fiers,
dont l’identité et la culture sont à jamais liées au sol
sur lequel ils ont bâti leurs demeures et leurs cités. Après avoir
survécu aux épidémies, à la famine, à la guerre, aux invasions, et
aux horreurs de la Collecte, les citoyens de ces royaumes et des
terres sauvages alentour savent qu’ils vont au-devant d’épreuves
bien plus difficiles encore.
AUX ORIGINES
Parmi les mythes et légendes ayant fait le tour des âtres et des
feux de camp en Immoren occidentale, nombreux sont ceux qui
content l’origine du monde, l’arrivée des dieux, et la création des
bêtes et des civilisations qui peuplent les villes et les étendues du
continent. Parmi ces versions, la plus répandue chez les royaumes
à dominance humaine est la suivante : au commencement, deux
divinités émergèrent du chaos informe. La première était un
être idéal et masqué qui cherchait l’ordre en toutes choses. Il
créa le monde de Caën à partir du vide et donna naissance au
firmament, décrétant qu’il traverserait toujours les cieux de ce
nouveau monde. Cet être se prénommait Ménoth, le Créateur et
le Législateur, et où qu’il aille sur le monde primaire, l’humanité
naissait dans son ombre.
Pourtant, Ménoth n’était pas seul. Depuis la noirceur du ciel
nocturne émergea le Ver dévoreur. Si Ménoth était l’ordre
personnifié, alors la Bête aux mille formes était le chaos incarné :
une monstruosité toujours changeante dont le seul but était de
tuer, ravager et consommer tout ce qui passait à portée de crocs
et de griffes. Naturellement, Ménoth et le Ver étaient ennemis
jurés : leurs violents conflits façonnèrent la surface du monde
naissant, brisant la terre en îles et en continents, traçant de larges
sillons dans le sol, et faisant s’élever les montagnes.
Un monde aussi récent n’aurait pu survivre longtemps sous le
coup d’une rivalité aux proportions si titanesques. Rapidement, les
deux divinités se retirèrent en Urcaën, reflet spirituel du monde
physique qui serait né des cauchemars du Ver dévoreur lui-même.
Là, elles combattraient pour l’éternité : il en est ainsi depuis.
La version des trollkins, des ogruns et des gobbers est bien
différente. D’après eux, Dhunia est la mère de tous. Cette déesse,
dont le corps est synonyme du monde lui-même, serait à l’origine
de toute vie sur Caën, depuis le plus petit brin d’herbe jusqu’aux
êtres « supérieurs » qui bâtissent des empires et de puissantes
armes de guerre. Dans leurs récits, la déesse et le Ver dévoreur
naquirent chacun du sol primaire ; quant aux peuples et aux
animaux, ils apparurent après que le Ver eut sauvagement
profané le corps de Dhunia. Nés de cette union, les descendants
dhuniens (appelés tribus molgures aux temps reculés) se font
souvent le reflet de leurs parents, pourvus non seulement de la
sagesse et de la sérénité bienfaisantes de Dhunia, mais également
de la férocité et de la violence du Ver.
Dans cette version, Ménoth fut choisi parmi les plus
puissants enfants de Dhunia. La déesse voulait un champion
capable de la protéger des outrages du Ver, c’est pourquoi
elle désigna son meilleur chasseur. Après quoi, les humains
virent le jour dans le sillage de Ménoth. Certains se joignirent
à lui, tandis que d’autres se mirent à vénérer sa proie.
Les autres peuplades de Caën possèdent leurs propres versions
de l’origine du monde, lesquelles incluent leurs propres divinités.
Les Iosiens, par exemple, étaient autrefois très proches de leurs
dieux : surnommés la Cour divine, les fidèles disent que celle-ci
viendrait du royaume du Veld, en Urcaën. Mais la Cour divine
fut frappée de malheur. Des puissances voraces, extérieures au
voile de la réalité perçu par les mortels, attendaient l’occasion
d’envahir ce monde pour se repaître de ses âmes. Ces êtres
étranges, connus sous le nom d’infernaux, ciblèrent ainsi les
dieux de Ios.
Pour s’échapper, les membres de la Cour divine se réfugièrent
parmi leurs créations sur Caën en franchissant le Pont entre les
Mondes — provoquant son effondrement après leur passage.
Bien que l’on ignore la cause de la calamité, la destruction du
Pont entre les Mondes entraina une terrible catastrophe connue
des Iosiens comme le Cataclysme. Cet événement anéantit leur
empire autrefois grandiose et marqua la terre d’une profonde
plaie : ainsi naquirent les étendues impitoyables des Terres des
tempêtes qui, malgré les siècles, sont aujourd’hui encore ravagées
par les bourrasques et les éclairs.
La Cour divine vécut aux côtés des elfes pendant un temps,
puis finit par fonder la nation forestière de Ios. Mais les dieux,
coupés de leur foyer en Urcaën, commençaient à s’éteindre : en
840 P. R., ils quittèrent leur peuple. Sept cents ans plus tard,
quasiment au mois près, un événement terrible survint à Ios :
les prêtres de la Cour divine furent frappés de folie du jour au
lendemain. Certains s’ôtèrent la vie, d’autres s’arrachèrent les yeux
ou commirent des actes d’une sauvagerie inimaginable contre
leurs ouailles. Surnommé la Déchirure, cet événement aurait
pour cause quelque calamité qui se serait abattue sur la Cour
divine, dont seuls deux survivants émergèrent : Scyrah et Nyssor,
ni l’un ni l’autre n’étant en état de décrire ce qui s’était passé. Peu
d’étrangers sont à même de comprendre ces événements, car les
Iosiens ont toujours formé un peuple secret et isolationniste,
rechignant à partager leurs triomphes ou leurs tragédies.
Les nains du Rhul ont leur propre histoire. Selon eux, ils
descendent des Pères Originels, les premiers nains, façonnés
à partir de pierre vivante par Ghor, le dieu-montagne. Bien
que destinés à devenir les esclaves de la montagne, ces treize
nains déployèrent ruse et habileté pour tromper et détruire
leur créateur. Ensuite, ils puisèrent dans le sol fertile de la
rivière Ayers pour former les Femmes d’argile, qui devinrent
les premières matriarches naines. Aujourd’hui, tous les Rhufolk
peuvent retracer leur généalogie jusqu’à ces premiers géniteurs
— du moins, c’est ce que l’on dit.
Tandis que les adeptes humains de Ménoth apportaient
l’ordre au monde, bâtissant murs et nations au cours de l’ère
des Mille cités, d’autres dieux firent leur apparition parmi
eux. Les premiers d’entre eux furent les Jumeaux, Morrow
et Thamar. Frère et sœur nés de parents humains, les
Jumeaux se révélèrent être des penseurs radicaux dont les
enseignements allaient bouleverser des siècles de tradition,
avec pour conséquence le salut ou la chute de l’humanité…
LES ROYAUMES D’ACIER
7

Les Contestataires
Morrow et Thamar furent les premiers humains à atteindre la
divinité, mais ce n’étaient pas les premiers à défier la volonté
de Ménoth. L’Histoire a oublié une poignée de mortels au libre
arbitre si affirmé qu’ils pouvaient littéralement plier le monde
à leur volonté. Ils furent les premiers à distinguer l’étincelle
du divin chez l’humanité. À leurs yeux, les commandements
du Législateur étaient synonymes d’esclavage, dans cette vie
comme dans la suivante. Le nom de ces individus fut perdu
avec le temps$: aujourd’hui, on les appelle simplement les
Contestataires. Refusant de se soumettre, ils écopèrent d’un
terrible châtiment et furent jetés vivants dans un enfer au
sein d’Urcaën, dont le Créateur pensait qu’ils ne pourraient
jamais s’échapper.
Morrow et Thamar avaient beaucoup de points communs,
mais ils étaient aussi différents que le jour et la nuit. Pour
Morrow, le sens de la vie résidait dans la bienveillance, la pitié
et le sacrifice de soi plutôt que dans l’obéissance aveugle aux lois
de Ménoth. C’est ainsi qu’il embrassa l’indépendance au même
titre que sa sœur, bien que cette dernière entretînt des vues
plus révolutionnaires, mettant l’accent sur l’accomplissement
individuel par l’acquisition de connaissances afin d’atteindre
l’illumination.
Chaque Jumeau ayant choisi une voie différente, un conflit
finit par éclater : dans une démonstration de puissance
mystique, Thamar tua Morrow sur les murailles de Caspia
avant que les disciples de son frère ne l’anéantissent. Après
leur mort, les Jumeaux accédèrent à la divinité ; leurs écrits
et leurs enseignements à tous deux furent rassemblés dans
L’Enkheiridion, texte sacré de la foi morrowéenne et document
clef chez les thamarites.
En prouvant que les humains pouvaient devenir des dieux,
les Jumeaux donnèrent à d’innombrables âmes une alternative
au culte de Ménoth, le Législateur. Ceci provoqua un schisme
mortel et plusieurs milliers d’hommes furent immolés par les
scrutateurs ménites. Mais leur histoire ne s’arrête pas là.
Ascendants et Légataires
Au cours des siècles, certains fidèles particulièrement dévoués
ou remarquables ayant suivi l’exemple de Morrow ou de Thamar
purent rejoindre les Jumeaux en Urcaën en qualité d’Ascendants
(pour les morrowéens) ou de Légataires (pour ceux qui
atteignent l’apothéose en suivant la voie de Thamar). Certains
de ces êtres saints étaient autrefois des prêtres ou des membres
du clergé, mais beaucoup n’étaient que de simples individus qui
incarnaient à la perfection certains aspects des enseignements
des Jumeaux.
Bien que l’ascension des Jumeaux eût d’importantes
répercussions politiques, sociales et théologiques sur les Caëniens,
une conséquence majeure restait à venir. En 600 P. R., les
premiers navires de guerre massifs des Orgoths (des envahisseurs
venus de terres inconnues au ponant) atteignirent le littoral de
l’Immoren occidentale. Et en quelques centaines d’années, les
Orgoths avaient conquis la plupart des royaumes du continent.
LES ROYAUMES D’ACIER
8
Les Orgoths possédaient une magie terrible qui rendait
quasiment impossible toute résistance humaine des Mille
cités. Les envahisseurs massacrèrent un nombre incalculable
de personnes et réduisirent en esclavage des milliers d’autres
jusqu’à ce que la quasi-totalité de l’Immoren occidentale finisse
sous leur sombre joug. Tout espoir semblait perdu jusqu’à ce que
Thamar octroie le Don à l’humanité. Aussi appelé Talent ou Don
de magie, il marqua l’essor de la sorcellerie chez les hommes : les
capacités magiques innées étaient souvent accueillies avec peur
et superstition, mais elles permirent enfin aux humains de s’unir
et de découvrir les moyens de vaincre les oppresseurs orgoths.
Mais le Don avait un prix. Pour offrir à l’humanité une arme
aussi puissante, Thamar dut conclure un terrible marché. Après
que Thamar eut partagé ses plans avec son frère, Morrow sonda
l’avenir et ne vit qu’un seul embranchement pouvant épargner
leurs disciples. Ainsi, il donna à sa sombre sœur l’autorisation
de suivre cette voie. Afin de sauver l’humanité, Thamar négocia
avec les êtres surnaturels qui veillaient dans l’Abysse extérieur,
touchant de leurs griffes les frontières de la réalité. Ces créatures
possédaient un appétit infini et un pouvoir semblable à celui des
dieux ; parmi eux, certains étaient prêts à apporter leur aide…
en échange de quelque chose.
En réalité, les dieux ignobles des Orgoths étaient ces mêmes
créatures infernales. Mais toutes ne partageaient pas les mêmes
ambitions. Les infernaux étaient organisés en ordres qui se
combattaient les uns les autres. Thamar vint se présenter aux
infernaux de l’ordre Nonokrion, ennemis des dieux des Orgoths.
Elle put arracher le Don de magie à ces êtres horribles, mais le prix
exigé était des plus terribles. Des siècles plus tard, ces créatures
viendraient réclamer leur dû — un événement désormais connu
sous le nom de la Collecte.
Voici les divinités les plus communément vénérées dans les
villes et villages d’Immoren occidentale, mais il en existe beaucoup
d’autres. Dans l’Empire cauchemardesque de Cryx, on voue un
culte à Toruk, Père de Tous les Dragons et à certains de ses
descendants draconiques dispersés. Dans les tourbières et les
marécages reculés, les alligates et les trogs des marais vénèrent
un dieu prédateur appelé Kossk, qui serait une manifestation du
Ver dévoreur. Plus récemment, un astronome de l’ancien ordre
Fraternel des magiciens a découvert un corps céleste dans les
cieux, jusqu’alors inconnu : Cyriss, la déesse mécanique, la Vierge
des engrenages, vénérée comme la divinité de l’astronomie, des
mathématiques et de l’ingénierie. Au départ, le culte de Cyriss
n’était qu’une organisation clandestine dont le culte se faisait
en secret et dont les membres remplaçaient parfois leur propre
chair par des machines mécaniques. Pourtant, au lendemain de
la Collecte, le culte de la Vierge des engrenages s’est développé
parmi les peuples des Royaumes d’Acier.
P. R. et A. R.
À travers les Royaumes d’Acier, l’Histoire est divisée en deux
époques distinctes, définies par la lutte contre les Orgoths. Les
années précédant la rébellion s’écrivent à rebours et portent la
mention P. R. («$Pré-Rébellion$»)$; celles qui ont suivi s’écrivent
de façon croissante et portent la mention A. R. («$Après la
Rébellion$»). Certains ont suggéré le début d’une nouvelle
ère après la Collecte, mais jusqu’à présent, aucune nation n’a
adopté un tel système de calendrier.

HISTOIRE ANCIENNE
Dans les siècles ayant précédé l’ère des Mille cités, les humains
et les autres peuples d’Immoren occidentale se sont souvent
battus contre la nature et les nombreuses menaces qui assaillaient
leurs terres. Parmi celles-ci, on comptait les tribus molgures
qui vénéraient le Ver et qui comprenaient de puissants kriels
trollkins, des bogrins, des ogruns et des barbares humains. Mais
ils n’étaient pas seuls. Au cœur du lieu aujourd’hui connu sous
le nom de Boidépine naquit l’un des royaumes les plus notoires
des temps anciens.
Aujourd’hui encore, prononcer le nom de Morrdh est
susceptible de provoquer des frissons. Ce sombre royaume
fut forgé par les conflits sanglants contre les tribus molgures
voisines, mais ce sont bien les pactes infâmes et les rites occultes
pratiqués par la noblesse qui firent la sinistre réputation du
Morrdh. Des documents d’archives racontent comment leurs
seigneurs invoquèrent des monstres depuis la terre et le ciel pour
exécuter leurs ordres, et comment ils tirèrent les morts de leurs
tombes pour prendre les armes contre les ennemis du royaume.
Les érudits modernes s’interrogent sur la véracité de ces récits,
mais une chose est sûre : des siècles avant que Thamar n’octroie
le Don à l’humanité, les seigneurs du Morrdh avaient déjà accès
à des connaissances qui dépassaient de loin le savoir de leurs
pairs — et auxquelles ils n’auraient peut-être jamais dû toucher.
Pendant ce temps, d’autres empires humains commençaient à
prendre forme. Au nord, un féroce prêtre-guerrier du nom de
Khardovic combattit pour mettre fin aux guerres des cavaliers des
plaines et des steppes, les unifiant en un empire qui deviendrait
le Khador actuel. Au sud, d’autres héros du Clergé ménite
affrontèrent les hordes molgures. Sur les remparts de la cité
de Calacie (la future Caspia), l’un de ces héros, le prêtre-roi
Golivant, s’opposa à l’armée molgure menée par un grand chef
trollkin : Horfar Grimmr. Longue et brutale, la bataille coûta la
vie à des milliers de personnes des deux camps. Au mépris de
leurs morts, les Molgurs lancèrent leurs forces contre les murs
de Calacie tandis que les défenseurs décochaient des flèches
et versaient de l’huile en fusion sur leurs assaillants. Seules la
mort et la défaite de Grimmr parvinrent à briser les Molgurs
et à disperser leurs armées.
La défaite de Grimmr à Calacie fut considérée comme une
victoire décisive pour les partisans du Législateur, mais signa
un coup fatal pour les trollkins et les autres descendants de
Dhunia. Les barbares humains finirent par se convertir au
culte de Ménoth ; les trollkins, les ogruns et les bogrins, haïs
où qu’ils aillent, furent soit massacrés à vue, soit chassés loin
de leurs maisons ancestrales, jusque dans les profondeurs des
terres sauvages.
L’ÈRE DES MILLE CITÉS
La dispersion des tribus molgures après leur défaite à Calacie
permit à la civilisation humaine de s’épanouir à travers l’Immoren
occidentale. Tandis que l’Empire Khardique croissait à mesure
que l’influence du roi-prêtre Khardovic se répandait dans les
terres septentrionales, et que le maléfique royaume de Morrdh
tombait en ruine, d’autres nations émergèrent sur le continent :
le Tordor, la Thuria, le Rynyr, le Midlund… Aujourd’hui encore,
le vestige de ces royaumes se ressent au Cygnar, en Ord et au
Llael, ainsi que dans les terres au-delà.
Au commencement de l’ère des Mille cités, le culte du Législateur
devint la foi par défaut et les liens de pieuse fidélité aidèrent les
humains à se rassembler en groupes de plus en plus nombreux.
LES ROYAUMES D’ACIER
9
 Les Canons de la Vraie Loi, inscrits sur les pierres d’Icthier
l’Ancienne plus de cinq mille ans auparavant, servirent de pierre
de voûte à la civilisation, car ils détaillaient les rites et traditions
que les hommes se devaient de suivre. Mais les temps restaient
durs. Aux yeux des dévots, ces épreuves étaient un mal nécessaire
que leurs âmes devaient traverser afin de les rendre dignes du
Créateur ; d’autres, au contraire, se demandèrent si Celui-ci ne
les avait pas simplement oubliés.
Bien qu’éparpillées, les tribus molgures continuaient de
menacer les frontières de la civilisation, s’attaquant aux villes et
villages les plus éloignés des remparts des cités. Au cours de cette
période, de puissants seigneurs de guerre bataillaient sans cesse.
Nombre d’empires s’élevèrent et tombèrent, créant les premiers
échos des futures frontières politiques du monde moderne.
La menace molgure, malgré son côté continu, n’était pas
la seule que devait affronter l’humanité à cette époque. Dans
les cieux surplombant les premières villes humaines, Toruk,
Père de Tous les Dragons, affrontait sa progéniture. Il les avait
créés des siècles auparavant à partir d’éclats de son propre
athang, le cristal qui lui servait de cœur, avant de comprendre
rapidement son erreur lorsqu’il discerna chez eux toute sa ruse
et son ambition. Pendant que Toruk cherchait à redresser ce
déséquilibre en dévorant ses créations pour les réabsorber, sa
progéniture cherchait à surpasser son créateur pour obtenir son
pouvoir. Ces conflits épiques ravagèrent les terres sur lesquelles
ils se déroulaient jusqu’à ce que, blessé, Toruk soit chassé des
rivages d’Immoren occidentale. Il alla s’abriter sur le sol battu par
les tempêtes des îles Scharde, un refuge de pirates et de pillards.
Toruk ne perdit pas une seconde et transforma les rois-pirates
d’alors en douze créatures connues aujourd’hui sous le nom des
seigneurs Liches. Ceux-ci devinrent les instruments du Père de
Tous les Dragons, qui les utilisa pour remodeler les îles et en
faire le siège de l’Empire cauchemardesque de Cryx.
Sur le continent, l’expansion de la civilisation humaine ne
rencontrait aucun obstacle, mais se trouvait à la fois perturbée
et revigorée par l’ascension de nouveaux dieux. Pendant leur
séjour sur Caën, Morrow et Thamar apportèrent de nouvelles
idées incroyables à leurs disciples, forgeant de nouvelles voies
pour les fidèles appelés à s’élever. Ces changements allaient à
l’encontre de la foi ménite dominante et conduisirent à une
période sombre, la Purge, au cours de laquelle les prêtres de
Ménoth massacrèrent les adorateurs de Morrow et de Thamar
par le fer et le feu.
À cette époque, les conflits entre nations étaient fréquents,
tout comme les escarmouches avec les tribus molgures
dispersées ; mais, la plupart du temps, l’humanité poursuivait
sa libre expansion. Jusqu’au jour où les premières voiles noires
apparurent au ponant…
L’OCCUPATION ORGOTH
Ce fut l’Empire Khardique, au nord, qui repéra en premier les
vaisseaux noirs des envahisseurs orgoths. Propulsées par des
vents de magie noire, les abominables flottes orgoths comptaient
à leur bord des hordes de guerriers infatigables. À leur tête, des
sorcières de guerre avaient le pouvoir de faire bouillir les mers
et déferler la mort depuis le ciel. Imperturbable face à cet ennemi
terrifiant, la puissante marine tordoréenne, qui suscitait l’envie
de toute l’Immoren occidentale, partit à leur rencontre.
LES ROYAUMES D’ACIER
10
Pas un seul navire ne revint.
Les souverains du continent se mirent à fortifier leurs frontières
dans l’espoir de repousser ces envahisseurs apparemment
inhumains, qui se battaient sans relâche et sans pitié. Vêtus
d’armures sombres figurant des gravures de visages hurlants,
les Orgoths étaient féroces au combat et impitoyables le reste
du temps. Les tentatives de diplomatie se soldèrent par le renvoi
des têtes tranchées des émissaires… quand ils ne voyaient pas
leur âme hurlante tout bonnement arrachée de leurs corps.
Chaque royaume se souciant d’abord de ses propres défenses, il
était impossible d’organiser une résistance unifiée : une par une,
les nations d’Immoren occidentale tombèrent face aux artefacts
étranges et à la redoutable magie des envahisseurs. Les sorcières
de guerre invoquèrent des pluies de sang ardent et remplirent
les cieux de flammes vertes surnaturelles. Des monstruosités
mortes-vivantes marchèrent au combat aux côtés de féroces
guerriers en armure. Pis encore, les Orgoths transportaient des
cages noircies pouvant capturer les âmes des morts et les utiliser
pour alimenter leur magie noire. « Dans la vie, vos corps sont
nôtres, » déclara le seigneur de guerre Orgoth Kolegzein IV alors
que ses troupes assiégeaient la grande ville de Caspia. « Dans la
mort, vos âmes nous appartiendront aussi. »
Certains royaumes résistèrent des décennies à l’assaut
des Orgoths, mais, moins de deux siècles après l’arrivée des
premiers vaisseaux noirs, presque toute l’Immoren occidentale
avait sombré.
Caspia fut la seule des Mille cités à en réchapper. Ses murs
s’avérèrent imprenables, même pour les forces d’envahisseurs
apparemment invulnérables ; de plus, son emplacement
géographique unique rendait tout siège prolongé intenable.
Incapables de prendre la ville, les Orgoths établirent un blocus
autour d’elle et la laissèrent à son isolement pendant les quatre
siècles qui suivirent, tandis que le reste d’Immoren souffrait
sous son joug.
Pour autant, tout le continent n’était pas tombé aux mains
des Orgoths. En 542 P. R., les nains rhufolk repoussèrent une
attaque orgoth de façon si décisive que les envahisseurs ne
revinrent jamais à la charge. De même, les Orgoths ne tentèrent
jamais d’attaquer les terres densément boisées de Ios. On ignore
pourquoi les Iosiens furent épargnés par les ravages orgoths, mais
ce refus des envahisseurs de les attaquer contribua à entériner
la réputation mystique de ces peuples isolés.
Après que les Orgoths eurent coulé plusieurs vaisseaux cryxiens,
Toruk lui-même fut réveillé pour la première fois depuis des
siècles. À lui seul, le Père de Tous les Dragons détruisit une flotte
entière de vaisseaux orgoths, démontrant aux envahisseurs que la
nation insulaire de Cryx était un ennemi trop puissant pour eux.
Quant aux royaumes humains du continent, le nombre de
morts sous occupation orgoth fut sans commune mesure. Pour
chaque millier de personnes tuées ou sacrifiées, beaucoup d’autres
périssaient sous le joug de l’envahisseur, ou bien étaient envoyées
en esclavage de l’autre côté de la mer, au pays orgoth.
Malgré tout cela, la vie continuait sous le règne cruel des
Orgoths. Des villes comme Corvis furent construites pendant
cette période, et nombre de peuples immoréens furent autorisés
à poursuivre leurs croyances et leurs rites, même en qualité
d’esclaves, du moment que ces pratiques n’interféraient pas avec
les objectifs des envahisseurs.
LA RÉBELLION ET
LES TRAITÉS DE CORVIS
Les rouages du renversement des Orgoths sont infiniment
complexes, mais deux facteurs majeurs ont donné aux Immoréens
les outils nécessaires pour enfin chasser les envahisseurs de leurs
rivages. Le premier fut le Don de magie, obtenu grâce au marché
que Thamar conclut avec les infernaux. L’autre fut l’alchimie,
la première science magique. En combinant l’une et l’autre,
l’Immoren occidentale put construire les armes qui rendirent la
Rébellion possible. Les premiers sorciers humains apparurent
en 137 P. R. En moins d’un siècle, l’alchimie allait fournir de
nouvelles armes pour combattre les Orgoths.
Parmi celles-ci, l’une des plus importantes était les armes à feu.
Inventée par l’alchimiste Oliver Gulvont en 28 A. R., la première
arme à feu reposait sur des mécanismes relativement simples,
mais, comme ses homologues modernes, elle dépendait de la
poudre à explosion alchimique pour propulser les munitions.
L’efficacité de la poudre n’était plus à prouver depuis l’une des
premières batailles de la Rébellion, qui se déroula à la forteresse de
Fharin en 1 P. R. Le gouverneur orgoth venait d’annoncer l’envoi
de huit mille esclaves de l’autre côté de la mer, en particulier des
prêtres des fois morrowéenne et ménite. Tandis que la population
de Fharin se dressait spontanément contre les Orgoths, les
alchimistes distribuèrent des explosifs qui firent basculer le
cours de la bataille en faveur des rebelles.
Le soulèvement de Fharin fut l’étincelle qui mit le feu aux
poudres de la Rébellion. Le premier grand conflit de l’époque
est désormais connu sous le nom de Bataille des Cent mages. Sur
un champ tordoréen en 32 A. R., les rebelles déchaînèrent deux
de leurs armes les plus puissantes (les armes à feu et les mages de
combat) dans un affrontement contre les soldats orgoths et les
sorcières de guerre. La fumée noircit le ciel, la terre elle-même
se fissura, et l’air s’emplit d’éclairs et de flammes. Cette bataille
fut un coup majeur contre les Orgoths, mais même le pouvoir
de la magie ne pouvait à lui seul écraser leurs puissantes armées.
Bien qu’elle finît par l’emporter, la Rébellion ne fut ni facile
ni rapide. Une défaite suivait presque chaque victoire. Les
alchimistes rebelles s’unirent et formèrent l’Ordre du Creuset
d’or, continuant à perfectionner les armes à feu, mais il fallait un
nouvel atout pour bouter les Orgoths hors d’Immoren.
Cet atout mit près de deux siècles de combats sanglants à
arriver. Les arcanistes et les alchimistes, envoyés clandestinement
à Caspia afin de construire de meilleures armes de guerre,
semèrent les graines de la victoire finale contre les Orgoths lors
de la révolution mékamagique en réunissant les innovations
arcaniques et les avancées alchimiques pour créer les premiers
automates et de nouvelles inventions.
En 191 A. R., un premier colosse franchit les portes de Caspia.
Bien que rudimentaires comparées à leurs aînés, ces premières
machines de guerre furent les précurseurs des scaraks d’assaut
et des scaraks utilitaires modernes qui font aujourd’hui partie
intégrante de la vie dans les Royaumes d’Acier : à l’époque, elles
portèrent le coup de grâce aux Orgoths.
Combinant la puissance mékamagique de ces colosses,
la maîtrise arcanique des mages de combat, et la puissance
meurtrière des armes à feu dernier cri, les rebelles réussirent à
renverser les tyrans orgoths au terme d’une autre décennie de
Le calendrier moderne
InAujourd’hui, les régions civilisées humaines et naines
n’utilisent qu’un seul calendrier. Celui-ci a vu le jour au Rhul
avant d’être largement adopté par les croyances morrowéenne
et ménite à travers les Royaumes d’Acier. Le calendrier de Ios
est différent, mais tout Iosien qui s’aventure hors de sa nation
apprend à utiliser le calendrier dit «$moderne$».
Si les noms des mois diffèrent selon les cultures, ceux des mois
morrowéens sont les plus courants dans les Royaumes d’Acier.
Le calendrier standard est composé de treize mois, chacun
divisé en quatre semaines de sept jours. Par conséquent, un
mois compte 28 jours, et une année, 364 jours répartis sur
52 semaines. Une petite erreur astronomique nécessite un
ajustement périodique tous les trois ans, par l’ajout d’un jour
supplémentaire officieux entre le dernier jour de l’année et
le premier jour de la suivante. Cela correspond également au
solstice d’hiver. Dans les pays humains, ce jour est généralement
appelé la Nuit la plus longue.
Les mois de l’année et leurs noms morrowéens sont présentés
ci-dessous par ordre chronologique, en commençant par
le premier mois de l’année. Les noms ménites et rhufolk,
respectivement, sont indiqués entre parenthèses.
Glaceus (Glaceus, Dovern)
Casteus (Casteus, Uldern)
Trineus (Trineus, Dolern)
Tempen (Tempes, Ormul) – équinoxe de printemps après la
1ère semaine.
Cinten (Cinoten, Odul)
Rowen (Prautes, Gordu)
Solesh (Septesh, Lodar) – solstice d’été après la 2e semaine
Octesh (Octesh, Durgar)
Katesh (Sulesh, Odomar)
Goloven (Golovus, Godesh) – équinoxe d’automne après
la 3e semaine.
Doloven (Martus, Sigmon)
Khadoven (Khadovus, Rordon)
Ashtoven (Ashtovus, Jhoron) – solstice d’hiver après
la 4e semaine
combats intenses : alors, enfin, le dernier des vaisseaux noirs
quitta le continent. Cependant, les Orgoths ne battirent pas en
retraite la queue entre les jambes. Ils saccagèrent tout ce qui se
trouvait sur leur route, rasant des villes entières, détruisant les
archives et brûlant le reste. Cet événement fut nommé le Fléau.
Au lendemain de la Rébellion victorieuse, les traités de Corvis
furent signés dans la ville éponyme et définirent les frontières des
quatre Royaumes d’Acier actuels : le Cygnar au sud, le Khador
au nord, le Llael à l’est, et l’Ord à l’ouest. À l’exception du Llael,
ces nations survécurent des siècles durant… jusqu’à la Collecte.
Les traités de Corvis n’avaient pas mis fin aux conflits et
aux luttes, mais ils marquèrent l’entrée des peuples d’Immoren
occidentale dans une nouvelle ère, loin de l’oppression des Orgoths.
Dans les siècles qui suivirent, les pires menaces qu’affrontèrent
les royaumes humains venaient de leurs voisins, voire de leurs
territoires intérieurs. Mais tandis que le souvenir des Orgoths
s’estompait, d’autres menaces grandissaient dans l’ombre.
LES ROYAUMES D’ACIER
11
 Aux yeux des ménites, la nature rude et inhospitalière de ces
L’ÈRE DES ROYAUMES territoires constituait un défi de leur créateur : après y avoir
D’ACIER assujetti les populations indigènes et découvert de nombreuses
ressources naturelles jusqu’alors inconnues, ils finirent par
Dire que les années qui suivirent la défaite des Orgoths furent
ressentir la divine providence qui œuvrait parmi eux. Entre
relativement paisibles reviendrait à souligner combien l’Immoren
autres ressources, les cargaisons de diamants pouvaient servir
occidentale fut déchirée par la guerre au cours de son histoire.
de monnaie d’échange avec les nations étrangères ; quant aux
La signature des traités de Corvis définit les frontières des
gisements souterrains de pétrole inflammable, les fidèles le
prochains siècles et marqua le début de la reconstruction ; pour
raffinèrent en une arme incendiaire connue sous le nom de
autant, nombre de conflits se profilaient à l’horizon.
Fureur de Ménoth. L’accord ayant mis fin à la Guerre civile
De nouveaux ordres arcaniques furent créés pour étudier
interdisait au Protectorat d’assembler une armée permanente,
la nature de la magie et les secrets de l’alchimie. On réalisa de
mais les ménites établirent une force secrète et l’équipèrent de
grandes avancées en technologie mékamagique, notamment avec
tous les outils et armes à leur disposition.
l’invention des premiers scaraciers à vapeur, versions plus petites
Les dissensions internes n’étaient pas les seules menaces que le
et plus polyvalentes des colosses massifs. Pendant que le Cygnar
Cygnar dût affronter au cours de cette période. En 520 A. R., le
était assailli par des soulèvements trollkins venus de Boidépine
roi Kharde Vygor envoya une force de diversion aux frontières
et des Noueux, le Khador nouvellement formé accumulait du
du Llael, obligeant le Cygnar à engager des ressources militaires
pouvoir et entretenait des ambitions de conquête.
pour défendre son allié. En parallèle, Vygor mobilisa une armée
En 482 A. R., un prêtre ménite charismatique du nom de Sulon
beaucoup plus importante de soldats et de scaraks d’assaut, qui
commença à attirer les pèlerins dans la partie est de Caspia. À
traversa le Boidépine et pénétra sur le territoire cygnaréen aux
cette époque, le culte de Morrow était la foi dominante de la
défenses affaiblies. Le chemin ainsi tracé, large de plusieurs
région et les ménites avaient l’impression de devenir une minorité
kilomètres, fut appelé la « Route des Scaraciers ».
persécutée. Tandis que les ménites cygnaréens se rassemblaient
Ainsi commença la Première Guerre de Boidépine, marquant
par milliers pour écouter ses paroles, Sulon se déclara hiérarque,
le début des nombreuses manœuvres expansionnistes du Khador
un titre qu’utilisaient les anciens rois-prêtres du Législateur. Il
qui se soldèrent par l’invasion et l’occupation du Llael en 604
en résulta la Première Guerre civile cygnaréenne, un conflit qui
et 605 A. R. respectivement. Le Khador occupa une grande
allait diviser la jeune nation.
partie du Llael pendant des années, malgré les efforts combinés
Les combats firent rage deux ans durant, dévastèrent la capitale
de la Résistance llaelaise, du Cygnar et du Protectorat. Il fallut
cygnaréenne de Caspia, et coûtèrent la vie au hiérarque Sulon.
attendre la Collecte pour que le Llael puisse enfin se débarrasser
En fin de compte, une prêtresse morrowéenne nommée Shevann
de l’occupant khadoréen ; aujourd’hui encore, l’ancienne cité
(qui alla rejoindre Morrow après sa mort) négocia une paix
llaelaise de Laedry se trouve du côté khadoréen de la frontière.
fragile : ainsi naquit le Protectorat de Ménoth. Caspia fut divisée
Le prince Vinter Raelthorne IV du Cygnar était un héros de
en deux, car le Cygnar dut abandonner la partie de la ville située
la Première Guerre de Boidépine : à la mort soudaine et suspecte
sur la rive est du fleuve Noir. Les ménites rebaptisèrent la ville
de son père en 576 A. R., il monta sur le trône. Cet événement
Sul, en l’honneur de leur hiérarque déchu : elle devint la première
marqua le début d’un âge sombre pour la nation : paranoïaque
capitale du nouveau Protectorat, dont les terres s’étendaient à
et tyrannique, Vinter Raelthorne créa l’Inquisition cygnaréenne
l’est entre les Marches d’Héliotrope et le Mérédius.
et lui donna pour mission officielle de dénicher les femmes
soupçonnées de sorcellerie.

LES ROYAUMES D’ACIER

12
 En réalité, l’Inquisition devait persécuter ou éliminer les
dissidents et autres menaces potentielles pour le règne du roi.
Il n’était pas rare que les inquisiteurs de Vinter IV s’en prennent
même aux innocents, recouvrant ainsi le royaume du voile de
la peur. Ces actions impopulaires poussèrent le jeune frère de
Vinter IV, le prince Leto, à organiser « le coup d’État du Lion »
de 594 A. R. Aidé par l’Église de Morrow, Leto démit son frère
tyrannique et reprit le rôle de monarque. Mais, avant qu’on ne
puisse capturer Vinter IV, celui-ci s’échappa à bord d’un dirigeable
expérimental et disparut au-dessus des Marches d’Héliotrope.
Leto s’avéra un dirigeant capable et populaire, inaugurant ce
que beaucoup considèrent comme un âge d’or dans l’histoire du
Cygnar. Mais son frère aîné n’était pas parti pour de bon. En 603
A. R., Vinter IV vint reprendre Corvis à la tête d’une armée de
monstres et d’êtres étranges : les skornes, une espèce issue des
Terres des tempêtes. L’invasion aurait probablement réussi sans
l’intervention d’Alexia Ciannor, jeune sorcière dont la mère fut
injustement accusée de sorcellerie puis exécutée. Alexia s’était
faite la gardienne d’un puissant artefact, la Sorceflamme, une
arme redoutable qu’elle utilisa pour invoquer les morts exaltés
de la Légion des Âmes perdues. C’est ainsi que Vinter IV et ses
troupes furent repoussés lors de la Nuit la plus longue. Par la
suite, Alexia et la Légion jouèrent un rôle décisif dans la bataille
de Fort Henge, lors de la Collecte.
LA COLLECTE
Il y a bien longtemps vivait une dénommée Zevanna Agha,
aussi connue sous le nom de la Sorcière Séculaire du Khador.
Cette entité puissante et mystérieuse, qui habitait les terres
septentrionales depuis la préhistoire, avait prédit l’arrivée des
infernaux et le prix exigé par l’accord des Jumeaux. Pour y
remédier, elle concocta un plan visant à libérer les grymiens,
des créatures créées par les Contestataires dans leur prison
cauchemardesque en Urcaën. Cette période de l’histoire se nomme
la Récolte maléfique. Le raisonnement de Zevanna était simple :
en abattant ceux dont la méchanceté reflétait la noirceur d’âme
des grymiens, la faux des Contestataires serait à même d’occire
nombre d’agents infernaux (riches, pauvres, nobles ou roturiers)
qui avaient été soigneusement et secrètement déployés en Caën
afin de déclencher les plans de leurs maîtres.
Le stratagème de Zevanna Agha fonctionna au prix de grands
sacrifices, si bien que les forces infernales de l’ordre Nonokrion
durent révéler leurs cartes en avance. La terrible dette était arrivée
à échéance et les infernaux vinrent la réclamer en personne.
Ravagée par les conflits depuis l’émergence des premiers hommes
dans l’ombre de Ménoth, l’Immoren occidentale n’avait jamais
connu période aussi apocalyptique que celle de la Collecte. Du
moins, pas depuis l’invasion orgoth.
En échange du Don que Thamar avait rapporté à l’humanité,
elle avait promis deux tiers des âmes de Caën : en 612 A. R., les
infernaux vinrent collecter leur dû. À travers les Royaumes
d’Acier, des individus haut placés, à la réputation impeccable,
révélèrent leur alliance secrète à ces entités maléfiques en ouvrant
des portails par lesquels déferlèrent des horreurs qui dépassaient
tout entendement.
Issus des abysses en bordure de Caën et d’Urcaën, les infernaux
s’avérèrent des ennemis comme le monde n’en avait jamais
affronté, malgré leur proximité depuis tout ce temps. Ayant
La monnaie des Royaumes d’Acier
Chaque royaume exerce son droit souverain en frappant sa
propre monnaie, mais les traités de Corvis établirent un poids
standard pour les pièces des Royaumes d’Acier, qui ne diffèrent
plus que par leur taille, leur forme ou leur degré de pureté (l’or,
l’argent et le cuivre sont les matériaux privilégiés). Les faces
des pièces diffèrent elles aussi$: l’une présente invariablement le
visage de son souverain, mais les deux comportent des éléments
décoratifs destinés à décourager la contrefaçon.
Bien que les échanges commerciaux entre les nations soient
courants depuis la Collecte, certaines monnaies se révèlent plus
fiables que d’autres, lesquelles se retrouvent parfois dévaluées
en dehors de leur royaume d’origine. La plupart des marchands
locaux évitent d’accepter la monnaie étrangère, mais beaucoup
de villes majeures abritent des bureaux de change qui prélèvent
un pourcentage sur chaque transaction. La réputation de ces
derniers varie d’une ville à l’autre — voire d’un quartier à l’autre
au sein d’une même ville.
besoin d’âmes pour survivre, leurs armées submergèrent le
continent et, partout où elles se manifestaient, elles engendraient
des pertes incalculables.
Tout semblait perdu. Pourtant, ce n’était pas la première fois
qu’un crépuscule apparent s’était répandu sur les Royaumes
d’Acier. Au moment où la terrible Collecte des infernaux semblait
inévitable, toutes les nations du continent s’unirent en une
démonstration de force sans précédent pour les chasser. Le
Khador et le Cygnar, ennemis depuis des siècles, déclarèrent
une trêve, et leurs armées avancèrent côte à côte au-devant de
la menace infernale. Les soldats morts-vivants de l’empire de
Cryx combattirent avec les guerriers saints du Protectorat de
Ménoth et les prêtres-horlogers de Cyriss, tandis que les skornes
et les Iosiens forgeaient une alliance improbable qui se solda par
une trahison. À travers l’Immoren occidentale, des ennemis
jurés mirent de côté leurs différences pour combattre l’ennemi
commun. Les dieux eux-mêmes envoyèrent leurs archontes,
des êtres divins capables de renverser le cours des batailles les
plus désespérées.
Malgré cette puissance combinée, les pertes furent
indénombrables. L’un après l’autre, les héros de l’humanité
tombèrent au combat contre les infernaux. Mais, à l’aube de
la victoire infernale, l’alliance de l’ingéniosité cygnaréenne et
de la technologie cyrissite ouvrit un portail vers la sécurité
personnifiée : celui-ci menait à la constellation lointaine qu’était
le corps céleste de Cyriss, la déesse mécanique. Malheureusement,
faire passer autant de réfugiés à travers le portail prendrait du
temps. Les forces infernales approchant, les Royaumes d’Acier
rassemblèrent leurs armées à Fort Henge, lieu de construction
du portail. Ainsi débuta la plus grande bataille que le monde
avait jamais vue depuis les premiers combats entre Ménoth et
le Ver dévoreur.
LA BATAILLE DE FORT HENGE
Il serait long et fastidieux de vouloir écrire les chroniques de
tous ceux qui donnèrent leur vie dans la bataille de Fort Henge.
Presque tous les grands héros et guerriers des Royaumes d’Acier
étaient présents sur le champ de bataille, maniant lames, canons,
scaraks d’assaut et sortilèges contre les forces infernales. Leurs
LES ROYAUMES D’ACIER
13
 efforts représentaient une tentative noble et désespérée d’envoyer
autant de réfugiés que possible à travers le portail. Les trollkins
DE NOS JOURS
Cinq ans se sont écoulés depuis que les sinistres événements de
des Kriels Unis vinrent combattre aux côtés des humains qui
la Collecte ont privé l’Immoren occidentale de tant de choses.
avaient si souvent été leurs ennemis. Les Rhufolk et l’ordre du
La reconstruction se poursuit : de nombreuses villes et cités
Creuset d’or firent déferler des explosifs et une puissance de feu
demeurent en ruine ou inoccupées, pendant que la nature et
encore jamais vus sur un champ de bataille. Beaucoup devinrent
les créatures surnaturelles récupèrent peu à peu le territoire
des héros ; plus encore accomplirent le sacrifice ultime. Mais
de l’humanité.
leurs efforts ne furent pas vains. La menace infernale fut vaincue,
Malgré la défaite de l’ordre Nonokrion, la menace qu’il
du moins pour le moment. Les maîtres infernaux de l’ordre
représentait est toujours vivace. Les infernaux possèdent des
Nonokrion furent déchus ou chassés, leurs forces dispersées
agents dans toutes les nations d’Immoren occidentale, agents
ou détruites. Et grâce à la bataille de Fort Henge, des milliers
qu’il faut traquer et débusquer soit parce qu’ils vivent cachés,
de réfugiés réussirent à passer par le portail, pour ne jamais
soit parce qu’ils se sont échappés. De même, les infernaux n’ont
revenir sur Caën.
pas été entièrement détruits. L’ordre Nonokrion a perdu certains
Car en dépit du courage des défenseurs qui permit de sauver
de ses plus grands chefs, mais on ignore combien d’autres de ces
nombre de vies, ceux qui traversèrent le portail pour rejoindre
êtres terrifiants sont tapis aux frontières de la réalité, griffant et
Cyriss ne retrouvèrent jamais les leurs. Dans un ultime effort
grattant pour tenter d’y pénétrer.
visant à empêcher les forces infernales de poursuivre les réfugiés,
Aujourd’hui, l’ordre morrowéen de l’Illumination mène la
le portail fut détruit et les connaissances de sa création tombèrent
traque des agents infernaux avec l’aide des défenseurs thamarites
dans l’oubli, peut-être à jamais. Si les infernaux ne purent collecter
et des chevaliers ménites — trois religions, autrefois ennemies
l’ensemble des âmes qui leur étaient promises, la population de
jurées, œuvrant désormais de concert. Une telle alliance aurait
l’Immoren occidentale n’en avait pas moins été décimée.
été impensable par le passé, mais elle est devenue une nécessité
Le monde que les envahisseurs démoniaques laissèrent derrière
malgré les frictions. La population a bien ressenti ce changement,
eux était brisé ; mais, d’une certaine manière, il était aussi guéri.
en s’éveillant aux grands dangers qui la guettent.
Les vieilles inimitiés qui avaient alimenté les conflits entre les
Peu de temps après la Collecte, le Sancteum de l’Église de
peuples d’Immoren occidentale pendant des siècles étaient
Morrow adopta une politique de tolérance religieuse, exhortant
toujours présentes en surface, mais on avait choisi de les ignorer
les différentes croyances d’Immoren occidentale à mettre de
pour un temps. Les nations ennemies démontrèrent leur capacité
côté leurs différences et à collaborer pour le bien commun.
à coopérer, et de nouvelles alliances furent forgées dans le creuset
Cette coopération est parfois réticente, voire volatile, mais elle
ardent de la guerre apocalyptique.
transcende le simple aspect religieux. De plus en plus de trollkins,
d’Iosiens, de Rhufolk, d’ogruns et d’autres peuples ont retrouvé
un foyer parmi les populations dévastées des Royaumes d’Acier.

LES ROYAUMES D’ACIER

14
 Tandis que les vestiges de groupes autrefois marginaux sont
accueillis dans le courant dominant à bras (plus ou moins) ouverts,
plusieurs facteurs ont permis une renaissance technologique chez
les nombreuses nations ravagées par la Collecte : les incroyables
découvertes scientifiques des derniers cyrissites ; la curiosité
intellectuelle débridée des thamarites ; et les avancées déjà
considérables faites par les arcanistes, ingénieurs et alchimistes
cygnaréens, ordiques et llaelais. Les fruits de cette coopération
ont accéléré le processus de reconstruction sur une grande partie
de l’Immoren occidentale.
Pour autant, toutes les nations ne jouissent pas d’une telle
prospérité. Le Protectorat de Ménoth n’est plus qu’une coquille
vide, brisé par les luttes intestines et divisé par l’exode de milliers
de personnes emmenées par le souverain idéaliste, Tristan
Durant. Beaucoup de ces pèlerins ont quitté Caën lors de la
bataille de Fort Henge, et ceux qui n’ont pas pu traverser le
portail avant sa destruction ont suivi leur chef réticent par-delà
le Mérédius, jusqu’au lointain continent de Zu. Les vestiges du
clergé poursuivent leur œuvre dans de nombreuses cathédrales
du Protectorat à la splendeur passée, mais de moins en moins
de fidèles les écoutent. Au fil des années, de plus en plus de
colonies du Protectorat se transforment en villes fantômes —
parfois au sens propre, car de nombreux êtres hantent encore
ce continent déchiré par la guerre. La Collecte, et la Récolte
maléfique avant elle, ont coûté d’innombrables vies et apporté
de nouvelles horreurs sur terre : toutes n’ont pas été repoussées
lors de la défaite des infernaux à Fort Henge. Les morts-qui-
ne-dorment-pas s’accrochent aux lieux de terribles événements,
tandis que d’étranges créatures, anciennes et nouvelles, s’agitent
dans les ruines de la civilisation.
Au Khador, nation vidée de sa substance par une importante
présence infernale au sein même de la cour impériale, une
période de grand déclin et de troubles civils a suivi la Collecte.
Mais aujourd’hui, l’empire se reconstruit une fois de plus : bien
que la paix ait régné au-delà des frontières au cours des cinq
dernières années, les dirigeants des nations voisines s’inquiètent
de la convoitise manifeste du Khador à leur égard.
Même le Cryx est resté calme depuis la défaite des infernaux.
Les soldats de l’Empire cauchemardesque ont combattu aux
côtés de leurs homologues vivants lors de la grande bataille
finale de Fort Henge, mais rares sont les Immoréens à croire
que les légions de Toruk ont véritablement changé. Le Père de
Tous les Dragons et ses forces se contentent de panser leurs
plaies et d’attendre.
Le plus troublant de tout cela, ce sont les histoires, ou plutôt
leur absence, en provenance de Ios. Tout ce qu’on sait avec
certitude, c’est que les Iosiens ont remporté une victoire décisive
contre les infernaux avant de se retourner contre leurs alliés
skornes. Bien que les Iosiens contrôlent désormais des terres loin
dans les Marches d’Héliotrope (terres qui appartenaient autrefois
aux skornes), on ignore ce qu’ils sont devenus. Un nouveau
cataclysme a manifestement frappé Ios après la Collecte, mais
depuis, aucune nouvelle n’a traversé les sombres frontières de
la nation. De nombreux réfugiés iosiens expatriés sont rentrés
chez eux à la recherche de leurs amis ou de leur famille : personne
n’est revenu. On ignore ce qui rôde dans les bois lugubres, et ce
mystère est de mauvais augure pour les gens qui habitent à l’orée.
LA VIE DANS LES ROYAUMES
D’ACIER
Après la Collecte, la vie dans les Royaumes d’Acier a changé
à jamais. L’arrivée des infernaux a bouleversé le monde et les
cicatrices de leur passage suppurent encore à ce jour. Mais
l’Immoren occidentale est peuplée de gens robustes. Ils ont
enduré des siècles d’oppression brutale, des guerres qui semblaient
infinies, des bouleversements arcaniques et des armées de morts-
vivants. Chaque fois, les Royaumes d’Acier se sont relevés de
leurs cendres, se sont reconstruits, et ont émergé plus forts et
plus grands que jamais.
Il en va de même pour les survivants de la Collecte. Petit
à petit, les survivants du continent œuvrent à reconquérir le
monde dont ils ont hérité, tâchant d’écarter les griefs d’antan, au
moins le temps de restaurer les villes endommagées et les vies
brisées. Des cheminées d’usines s’élèvent vers le ciel dans toutes
les grandes métropoles, crachant des panaches de fumée qui
recouvrent les rues d’une brume perpétuelle. Les bateaux à vapeur
naviguent sur les fleuves et les océans, bravant des courants
que des navires à voiles ne sauraient surmonter et permettant
le commerce entre ports éloignés. Les explorateurs traversent
les eaux tumultueuses du Mérédius à la recherche de nouvelles
vies et de nouvelles opportunités dans des terres lointaines. Les
moteurs à explosion d’énormes fabriques fonctionnent jour et
nuit, produisant de puissantes machines de guerre tandis que les
nations reconstruisent leurs défenses. Ce n’est qu’une question de
temps avant que les Royaumes d’Acier ne reprennent leurs vieilles
habitudes et se remettent à guerroyer les uns contre les autres.
LA MÉKAMAGIE
Parmi tous les bienfaits que la magie a apportés aux peuples des
Royaumes d’Acier, la mékamagie (croisement des arts arcaniques
et mécaniques) a eu le plus d’impact. Elle a révolutionné l’industrie
et la guerre de toutes les manières imaginables, et ses innovations
continuent de donner lieu à de nouvelles merveilles. En utilisant
la magie pour surmonter les obstacles techniques, la mékamagie
permet de produire de manière fiable des outils et des armes qui
exploitent les énergies arcaniques et les appliquent de manière
utile. De cette façon, certains individus peuvent manier des
pouvoirs magiques là où ils n’en auraient pas été capables
autrement. De nombreuses personnes de talent gagnent leur vie
en tant que mékaniciens arcaniques, pratiquant la thaumaturgie
industrielle dans la fabrication d’appareils puissants, car ceux
qui disposent des compétences et du savoir-faire requis sont
toujours très demandés.
La mékamagie est chère et n’est pas à la portée de n’importe quel
citoyen, mais son existence est la raison même de la formation
– et de l’existence même – des Royaumes d’Acier. Sans elle,
l’humanité aurait été incapable de dompter la nature sauvage de
l’Immoren occidentale, ou de résister aux ennemis pernicieux qui
ont voulu la revendiquer. Le développement de la mékamagie
a rendu possible la rébellion contre les Orgoths, tandis que les
fruits de ce développement ont permis aux royaumes humains
d’affronter les morts-vivants de Cryx et la menace infernale.
Cette science exploite les énergies arcaniques grâce à
l’application de formules runiques sur des composants spéciaux,
fabriqués à partir de métaux rares et précieux. Ces plaques
runiques sont alimentées par une sorte d’accumulateur arcanique,
LES ROYAUMES D’ACIER
15
 un dispositif qui tient dans la paume de la main, mais qui renferme
suffisamment d’énergie pour alimenter des armes et armures
mékamagiques.
L’inscription de runes sur des pièces mobiles aux engrenages
et aux bobines entremêlés a conduit à des inventions encore plus
sophistiquées, telles que les turbines arcaniques utilisées dans les
armures des mékastratèges. Et, depuis que les cyrissites se sont
fondus dans la société, de nouvelles inventions semblent émerger
jour après jour. Tout mékanicien digne de ce nom sait assembler
et entretenir une pièce mékamagique, mais les mékarcanistes
s’intéressent uniquement aux méthodes d’utilisation créatives
et innovantes de ces plaques runiques et d’autres composants
spécialisés pour créer des artefacts au potentiel merveilleux..
SCARACIERS À VAPEUR
Les scaraciers à vapeur comptent parmi les plus grandes merveilles
mékamagiques modernes. Depuis leur intégration en Immoren
occidentale, ils ont révolutionné la face de la guerre, de l’industrie
et de l’agriculture. Les scaraks utilitaires travaillent dans les camps
de bûcherons et les gares de marchandises, ainsi que sur les docks
et les sites de construction du continent. Tous les citoyens des
Royaumes d’Acier ont déjà vu les terrifiants scaraks d’assaut :
plus grandes armes de guerre de l’ère moderne, ils sont équipés
d’un armement militaire spécialisé et des cortex les plus avancés
que les meilleurs mékarcanistes savent produire.
Ces scaraciers à vapeur combinent tous les principes de
la mékamagie et sont la preuve que la fusion entre magie et
industrie peut transcender chaque discipline. Les moteurs à
vapeur alimentent un châssis métallique contrôlé par un cortex, le
cerveau mécanique du scaracier. Moins intelligents et adaptables
que les humains, les scaraks possèdent néanmoins une intelligence
fonctionnelle et une capacité à résoudre des problèmes spécifiques
— deux propriétés qui, combinées à leur force et leur longévité
exceptionnelles, en font des atouts incroyablement précieux
pour tous types de travaux lourds.
Malgré le coût élevé de fabrication et d’entretien de ces géants
d’acier, leurs applications industrielles sont si nombreuses que
toutes les nations d’Immoren occidentale les considèrent comme
indispensables pour un large éventail de tâches. Les scaraks
utilitaires sont l’épine dorsale de l’industrie lourde au Cygnar
et en Ord. Au Khador, ces créations infatigables travaillent
LES ROYAUMES D’ACIER
16
dans des forges étouffantes, martelant des plaques de métal et
autres pièces d’industrie lourde, tandis que les scaraciers rhufolk
travaillent dans les mines et les opérations d’excavation. Si le
Protectorat de Ménoth a souvent privilégié la production de
scaraks d’assaut plutôt que de scaraks utilitaires, ces derniers
participent encore aux efforts de construction et aux travaux
lourds au sein de la nation dépeuplée.
Les conflits ayant ébranlé les Royaumes d’Acier lors des dix
dernières années ont conduit à des innovations rapides dans
les nouvelles technologies, y compris le développement par
le Cygnar de puissantes chambres à tempête, lesquelles ont
largement remplacé les anciens moteurs à vapeur des scaraks
cygnaréens modernes. Le roi Julius a poussé la nation à produire
une nouvelle armée de scaraks d’assaut dernier cri, tels que
l’Immoren occidentale n’en a jamais vu.
LE CORTEX
Au commencement de la mékamagie, l’une des plus grandes
inventions était la matrice cérébrale qui fut affinée petit à petit
jusqu’à devenir le cortex. Le summum de l’art du mékarcaniste
réside en cet esprit artificiel qui donne vie à un automate à
vapeur et lui permet de répondre aux commandes. Capable
d’engranger l’expérience, le cortex apprend lentement au fil
du temps : ceci lui permet d’améliorer ses performances, mais
peut aussi conduire à des idiosyncrasies inattendues. Les scaraks
utilisés de manière prolongée finissent par développer des petites
bizarreries uniques, voire une personnalité distincte qui reflète
souvent les penchants de leurs opérateurs.
Conçu pour fonctionner dans un environnement spécifique, un
scaracier à vapeur peut sembler très intelligent lorsqu’il s’adonne à
une tâche familière, mais les cortex de qualité standard s’adaptent
mal aux situations nouvelles ou aux environnements inconnus.
Les scaraks dont le cortex est de meilleure facture peuvent évoluer
dans des environnements plus divers et savent s’adapter avec
seulement quelques instructions. Pour autant, cela ne veut pas dire
qu’ils peuvent tout faire. Les scaraks d’assaut sont extrêmement
doués pour distinguer les alliés des ennemis sur le champ de
bataille et peuvent franchir des obstacles en poursuivant leurs
cibles, mais, si prodigieuses soient-elles, ces machines nécessitent
une surveillance accrue dans les rues bondées d’une cité où les
menaces sont beaucoup moins bien définies.
LE CYGNAR
Cela fait longtemps que le Cygnar est considéré comme l’un des
Royaumes d’Acier les plus accueillants et cosmopolites. Suite à la
Collecte, son engagement à maintenir une politique d’ouverture
lui a bien servi, faisant de lui un bastion d’espoir, un exemple de
diversité religieuse et ethnique, et le centre d’une renaissance
technologique et culturelle. Mais si le Cygnar semble à l’aube
d’un nouvel âge d’or, sa longue et tumultueuse histoire semble
indiquer que le trajet pour y arriver ne sera pas de tout repos.
Coincé entre des ennemis mortels et ambitieux, le Cygnar peut
difficilement se permettre de baisser sa garde. Entre le Cryx et
ses cauchemars au sud, et le Khador et ses rêves de conquête au
nord, le Cygnar a souvent vécu des luttes intestines, qu’il s’agisse
de combats de longue haleine contre les kriels trollkins locaux,
ou de la sécession violente qui donna naissance au Protectorat
de Ménoth. Mais aujourd’hui, la paix (enfin, son équivalent dans
les Royaumes d’Acier) règne enfin au Cygnar.
Ses ennemis se sont faits discrets depuis la Collecte et de
nouveaux résidents ont afflué dans les villes du royaume, attirés
par les promesses de travail et d’opportunités. L’Église de Morrow
a proclamé une politique de tolérance religieuse dans tout le
pays, transformant le Cygnar en un refuge pour les cyrissites et
les thamarites ayant aidé à repousser la menace infernale. Dotés
de talents et d’idées uniques, ces groupes divers ont contribué
au renouveau culturel et technologique du royaume.
Mais si cette nouvelle politique a permis au Cygnar de se
reconstruire à un rythme effréné, une grande partie de la
nation demeure en ruines. De même, les relations entre tant
de groupes disparates ne sont pas toujours faciles. Les traités
avec les Kriels Unis ont tenu bon, ce qui a conduit davantage de
trollkins à venir s’installer dans les communautés cygnaréennes ;
cependant, les rencontres entre trollkins des campagnes et leurs
voisins urbains débouchent parfois sur des éclats de violence
sporadiques. De même, bien que les cyrissites et les thamarites
soient officiellement les bienvenus, la population méfiante les
traite parfois avec défiance.
Au-delà des frontières, l’éclat de l’âge d’or cygnaréen projette
de grandes zones d’ombre : la prospérité de la nation attire la
convoitise de ses rivaux, tandis que de vieux ennemis s’agitent
dans les ombres, là où la reconstruction ne s’est pas encore
propagée. L’avenir du Cygnar dépend non seulement de la
résilience de son peuple, mais aussi de l’ingéniosité de son jeune
roi, Julius Raelthorne.
GOUVERNEMENT
Depuis des siècles, les rois du Cygnar transmettent le trône
à leurs héritiers à leur mort ou à leur abdication, la tradition
favorisant les héritiers masculins à tous les niveaux de pairie,
depuis le chevalier jusqu’au souverain lui-même. Au cours de
son histoire, le Cygnar n’a eu qu’une seule reine régente. Mais
après l’Accord manuscrit de Woldred en 286 A. R., les rois
et les reines potentiels du Cygnar furent autorisés à désigner
leurs successeurs, à condition de les sélectionner parmi les
descendants des familles régnantes de l’ancienne Caspia, de
Thuria, ou de Midlund.
Malgré la fierté du Cygnar d’être une nation moderne et tournée
vers l’avenir, ses terres sont remplies d’anciennes traditions qui
remontent à l’époque ayant précédé l’Occupation orgoth. À ce
titre, la nation comporte un système complexe de noblesse,
comprenant archiducs, ducs, comtes, barons et chevaliers. Les
maisons nobles du Cygnar forment l’Assemblée royale, qui débat
et décide des lois du royaume.
Nombre de titres cygnaréens se transmettaient de génération
en génération avant même la signature des traités de Corvis, mais
les pertes incalculables de la Collecte ont anéanti beaucoup de
lignées nobles. Parmi les gens de « basse » extraction, nombreux
voient aujourd’hui des occasions sans précédent d’acquérir un
poste élevé dans ce nouveau Cygnar ; de même, le roi conserve
le droit d’accorder titres et propriétés, même aux ressortissants
de sang « inférieur ».
Le roi actuel du Cygnar est Julius Raelthorne, bâtard de Vinter
IV, le souverain destitué. Malgré le règne cruel et les trahisons de
son père, Julius a été nommé roi par son oncle, Leto, qui régna
après le coup d’État du Lion contre Vinter IV. Julius hérita d’un
royaume à l’aube du plus grand désastre depuis l’Occupation
orgoth, et son règne fut semé d’embûches.
Sans être un souverain particulièrement populaire, le
roi Julius a néanmoins aidé le Cygnar pendant sa difficile
reconstruction, œuvrant pour superviser la modernisation de
l’armée cygnaréenne. Cette nouvelle armée utilise les avancées
technologiques développées pendant la guerre contre les
infernaux et emprunte aux innovations mékamagiques des
cyrissites pour créer une nouvelle génération de scaraks d’assaut
alimentés par des chambres à tempête, faisant d’elle l’armée la
plus avancée d’Immoren occidentale.
Ses propositions de mariage ayant été refusées par la reine
Kaetlyn du Llael, le roi Julius a épousé dame Marjorie Sparholm,
une noble cygnaréenne, en 614 A. R. De cette union heureuse
sont nés deux fils qui font la fierté de la nation.
SOCIÉTÉ
Aucun pays n’est parfait et le Cygnar a connu plus de problèmes
qu’à son tour. Malgré cela, le royaume est considéré par beaucoup
comme un modèle de nation moderne : ses lois sont justes, ses
citoyens bénéficient de libertés inconnues dans d’autres pays,
et sa société encourage l’ouverture du commerce et les relations
amicales avec ses voisins.
Bien sûr, il n’en a pas toujours été ainsi. Sous le règne de Vinter
IV, le Cygnar était le foyer de l’Inquisition, un organisme destiné
à débusquer les mages dangereux, mais qui servait officieusement
d’outil de terreur pour écraser tous ceux qui s’opposaient au
LES ROYAUMES D’ACIER
17
 roi tyrannique. Malgré l’histoire entachée de leur nation, les Au pied de celle-ci, le Cygnar occidental regorge véritablement
Cygnaréens apprécient leur culture d’accueil, libre et diversifiée. de terres agricoles fertiles qui s’étendent le long du fleuve Noir ;
La plupart en sont d’ailleurs très fiers. a contrario, le nord et l’ouest du pays abritent des forêts denses
Après la Collecte, ces conditions sont devenues de plus en plus et des marécages, dont Boidépine, le bois du Veuf, et les Noueux.
la norme. Sa population ayant été dévastée, le Cygnar a accueilli
à bras ouverts tous ceux qui avaient participé à la lutte contre
BAIE-DES-HORLOGERS
Bien que les terres du duché de Caspia comptent généralement
les infernaux. Grâce à des lois nouvelles et plus tolérantes sur
parmi les plus sûres et les mieux surveillées du royaume, il
la citoyenneté, les trollkins, les Rhufolk, les Iosiens, les ogruns
existe certaines exceptions : Baie-des-Horlogers est de celles-ci.
et les gobbers y ont élu domicile ; en parallèle, la tolérance
Parfois surnommée « la petite Cinq-Doigts », cette ville portuaire
religieuse a résulté en un afflux de cyrissites, de thamarites, et
et populaire au sud de la capitale renferme une importante
même de ménites déçus par le Protectorat ou ayant quitté ses
industrie légale et illégale. Les gouverneurs régionaux ont
villages désolés.
longtemps insisté sur le fait que l’absence de réglementations
Si certains Cygnaréens considèrent ces nouveaux arrivants
à Baie-des-Horlogers est aussi propice à l’innovation qu’à la
avec méfiance, voire avec haine, les lois actuelles de la nation
piraterie : aujourd’hui encore, à l’ère moderne, la ville conserve
restreignent très peu la libre pratique de la magie ou de la
sa réputation d’indisciplinée. Pourtant, elle abrite les sièges
religion. Pour la plupart, les habitants du royaume profitent de
originels de plusieurs entreprises industrielles cygnaréennes
leurs différences et jouissent d’une société diversifiée, qui varie
importantes, telles qu’Armes & Rouages et les industries lourdes
considérablement d’une ville ou d’un duché à l’autre.
d’Ancre Noire, qui ont toutes deux signé d’importants contrats
La paix relative qui règne depuis la Collecte a été bénéfique
avec l’armée nationale.
pour le Cygnar, permettant aux citoyens d’axer leurs efforts sur
la reconstruction — ou, pour beaucoup, la construction d’un BOIDÉPINE
pays meilleur. À une époque reculée, Boidépine était le cœur sombre du
royaume de Morrdh. Le pays ne s’en est jamais remis. Des
GÉOGRAPHIE
ruines maudites gisent encore dans les profondeurs de la forêt.
Les terres du Cygnar s’étendent depuis la côte Brisée au sud
Des choses étranges hantent ces bois. Des choses qui n’existent
jusqu’au Boidépine au nord, et depuis le fleuve Noir à l’est
nulle part ailleurs sur Caën.
jusqu’au littoral du Mérédius à l’ouest. Ces régions sont réparties
En 510 A. R., au début de la première guerre de Boidépine, le
en neuf duchés. Seuls six existaient avant le règne du roi Leto,
roi Vygor du Khador mena une armée de centaines de soldats
qui divisa alors le vaste Midlund en quatre duchés plus petits.
et de scaraks d’assaut à travers la forêt, créant une bande de
La nation est scindée en deux par une vaste chaîne de
plusieurs kilomètres de large à travers les bois, longue de plus
montagnes, la muraille du Ver, qui s’étend depuis les pics de
de trois cents kilomètres. Ce chemin de dévastation fut plus
l’Échine du Dragon près de Brainmarché jusqu’à la côte Brisée.
tard surnommé la Route des Scaraciers, et ses cicatrices sont
Ces pics accidentés séparent les territoires est et ouest du Cygnar,
encore visibles dans les profondeurs de Boidépine. Dans les
dont les différences culturelles sont aussi abruptes et saillantes
années qui suivirent, tandis que les armées khadoréennes et
que cette frontière géographique.
cygnaréennes s’affrontaient sporadiquement en surface, les
Traverser la muraille du Ver par la route plutôt que par le rail
forces cryxiennes ont infiltré la terre sous la forêt pour miner
est une entreprise périlleuse au mieux, car le relief accidenté sert
les gisements d’énergies nécrotiques de la région. Elles laissèrent
de refuge à toutes sortes de prédateurs, comme les draconiens et
derrière elles plusieurs nécro-usines abandonnées et d’immenses
les tharns. Les pics abritent même le redoutable dragon Sirfétide,
laboratoires en ruine, desquels émergent encore parfois des
qui veille en silence et à jamais depuis les sommets du duché de
abominations contre nature. Comme si cela ne suffisait pas,
Sudpoint, s’assurant ainsi que Toruk, Père de Tous les Dragons,
le sol déjà marécageux de Boidépine devient plus spongieux
continue à sommeiller dans l’Empire cauchemardesque et qu’il
encore à l’est, jusqu’à rejoindre la vaste étendue du lac Eauveugle,
ne s’en prenne plus au continent. Sirfétide a élu domicile ici bien
demeure de la plus grande et plus mortelle congrégation alligate
avant la fondation du premier royaume humain et son repaire
du continent.
est proche de la ville de Hautemuraille : pourtant, beaucoup de
En raison de ces menaces et de bien d’autres, la région autour de
Cygnaréens croyaient qu’il n’était qu’un mythe jusqu’à la fin de
Boidépine était très peu peuplée avant même la Collecte — du
l’an 608 A. R., lorsque Sirfétide et plusieurs descendants de Toruk
moins par les humains. De nombreux kriels trollkins, chassés
affrontèrent ouvertement le Père de Tous les Dragons dans les
de leurs terres ancestrales plus désirables par l’empiètement des
cieux qui surplombent le fleuve Banwick. Toruk émergea blessé
villes et des armées humaines, ont élu domicile à Boidépine avant
du conflit et fut chassé une fois de plus du continent ; alors,
d’être à nouveau déplacés par la guerre. Aujourd’hui, depuis la
Sirfétide reprit sa surveillance au sommet des cimes, après avoir
signature de nouveaux traités entre le Cygnar et les Kriels Unis,
juré de ne pas attaquer le Cygnar directement. Mais le dragon
de nombreux trollkins ont tenté de reconquérir cette vaste
prend son serment très au pied de la lettre et ne voit aucune
étendue sauvage. Bien qu’ils commercent ouvertement avec
raison d’empêcher les créatures nées de sa souillure draconique
leurs voisins cygnaréens, ils doivent toujours composer avec
d’attaquer les colonies montagneuses ou les voyageurs qui tentent
les difficultés causées par les habitants plus sinistres de la forêt.
de traverser la périlleuse muraille du Ver.

LES ROYAUMES D’ACIER

18
 Accroche scénaristique
L’ordre de l’Illumination et l’Atelier Trangelume
s’intéressent aux ruines de Guet-du-nord, mais les deux
organisations sont trop occupées pour mener l’enquête.
Leurs agents à Corvis aimeraient confier l’opération
à un groupe de mercenaires de confiance. Chasser
esprits et nuisibles des ruines revêtirait une importance
tactique pour l’armée cygnaréenne, qui pourrait alors
réparer ses fortifications au nord contre les futures
avancées khadoréennes.

CASPIA, LA CITÉ DES REMPARTS

Seule ville humaine à n’être jamais tombée aux mains des Orgoths,
la capitale cygnaréenne de Caspia recèle une histoire riche et fière,
reflétée dans tous ses atours, depuis les pierres de ses célèbres
murailles bleues jusqu’aux habits et aux manières des nobles qui
défendent leurs affaires à l’Assemblée royale. Autrefois, Caspia
s’étendait sur les deux rives du fleuve Noir, que reliaient de
larges ponts : ceux-ci étaient considérés comme des destinations
incontournables par la noblesse étrangère en visite à la cour, mais le
quartier fut dévasté lors de la Première Guerre civile cygnaréenne.
Les ponts ont fini par être bloqués, puis détruits lorsque le Cygnar
céda la partie est de la ville au Protectorat de Ménoth. À ce jour, leurs
ruines demeurent, ce qui n’est pas pour déplaire à la majorité des
habitants. En effet, de l’autre côté du fleuve, la cité de Sul, autrefois
si dynamique, n’est plus qu’une ville fantôme morne et vide. Les
patrouilles sur les remparts de Caspia signalent parfois des choses
étranges qui rôdent dans la nuit, de l’autre côté de la rive. Rares
sont ceux qui osent se promener dans les rues désertes de Sul…
Les remparts de Caspia, quant à eux, sont plus que de simples
défenses contre les envahisseurs potentiels. Hauts de près de
60 mètres, leur épaisseur atteint les 30 mètres à certains endroits.
Le fait est que la ville a grandi entre les murs qui l’entourent et la
divisent : maintenant, de nombreux citoyens vivent et travaillent
dans les dédales et les tunnels à l’intérieur même des murs.
La Cité des remparts a vu naître et disparaître des rois et des
dieux. C’est ici que Thamar et Morrow accédèrent à la divinité ;
c’est d’ici que les premiers colosses d’acier sortirent combattre les
Orgoths. Dans la capitale cygnaréenne, le passé côtoie le futur. D’une
part, la région qu’on surnommait autrefois la Province enfumée a
été presque entièrement convertie à la fabrication des nouveaux
modèles de scaraks d’assaut qui composent la puissance militaire de
Cygnar ; d’autre part, ailleurs en ville, des ruines datant de l’antique
Thrace se dressent encore aux côtés des habitations modernes.
Achevé sous le règne du roi Vinter II, le château des Raelthorne
est le seul édifice de Caspia à dépasser en hauteur les célèbres
remparts de la ville. Aujourd’hui, le fort sert de résidence au roi
Julius, à sa femme et à ses fils, ainsi qu’aux milliers de militaires
qui défendent le château, l’Assemblée royale et le conseil de
guerre du roi.
Les forces du Protectorat de Ménoth, de l’autre côté du fleuve
Noir, représentaient autrefois la plus grande menace pour
Caspia. Mais, depuis le quasi-effondrement du Protectorat, les
habitants de la capitale cygnaréenne ignorent d’où pourraient
provenir leurs prochains ennemis. Certains tournent un regard
inquiet vers le Cryx, au sud, ou vers le Khador, au nord ; d’autres
redoutent une menace plus proche, qu’il s’agisse de leur roi faible
et nerveux, ou bien d’infernalistes encore tapis dans les rangs de
la noblesse, invisibles.
Le Sancteum et le Divinium
Entre les murs de la capitale se trouve une autre ville$; une
ville dotée de ses propres murs et de sa propre armée
permanente$; une ville qui, dans les années ayant suivi la
Collecte, a principalement accueilli des membres de l’ordre de
l’Illumination. Cette ville, c’est le Sancteum, la forteresse de
l’Église de Morrow qui abrite son primarque et l’Exordeum, le
gouvernement de l’Église. La cathédrale d’Archecour, dressée
au cœur du Sancteum, renferme également L’Enkheiridion
original. Pour mettre en valeur l’importance de l’édifice lui-
même et de l’Église dans l’histoire et la politique de la région,
la grande entrée de la cathédrale est flanquée d’Amicus et de
Remeder, deux des colosses originaux qui combattirent les
Orgoths lors de la Rébellion.
Au sud-ouest de la ville, dans la muraille du Ver, on trouve
également le Divinium, le plus ancien temple de l’Église de
Morrow. Construit à l’origine comme un humble monastère,
le Divinium assista au miracle de l’ascension davantage que
n’importe où ailleurs en Immoren occidentale. Bâti par le
premier primarque de l’Église, il demeure l’un des sites les plus
saints aux yeux des fidèles, et abrite de nombreuses reliques
sacrées, dont certaines appartenaient à Morrow lui-même.
Pour les moines de l’ordre de la Préservation qui y vivent et y
travaillent, la protection des reliques et du site est une priorité
absolue$; cependant, les pèlerins de la vraie foi sont toujours
les bienvenus.
Accroche scénaristique
La baronne Ivria Colthain du Midlund Septentrional se
trouve à Caspia pendant que son mari s’occupe des
affaires à la cour. En morrowéenne dévouée (selon ses
dires, du moins), elle désire visiter le Divinium pendant
son séjour. Bien que le temple sacré soit un lieu sûr, la
route qui y mène à travers les contreforts de la muraille
du Ver peut se révéler dangereuse. C’est pourquoi la
baronne désire une escorte. Les gardes de son mari
l’accompagneraient en temps normal, mais ils doivent
rester avec lui pour préserver les apparences à la cour$: la
baronne doit donc engager ses propres gardes du corps
— eux aussi fidèles à Morrow, de préférence..

LES ROYAUMES D’ACIER

19
 CERYL, LA CITÉ DES SORCIERS
Deuxième plus grande ville du Cygnar, Ceryl était autrefois
la capitale du royaume de Thuria. Aujourd’hui encore, elle a
conservé toute sa splendeur, en particulier pour les nombreux
voyageurs qui arrivent par bateau. Construite sur les collines
qui s’élèvent depuis le front de mer, Ceryl ressemble à une
montagne de bâtiments qu’on aurait superposés rue après rue,
couche après couche.
Berceau d’une longue tradition arcanique, Ceryl est le quartier
général de l’ancien ordre Fraternel des magiciens. En accord
avec la nouvelle politique de tolérance cygnaréenne (et contre la
volonté de nombreux membres âgés), l’ordre a dû abandonner le
mot « fraternel » et accepter des membres féminins. Ce n’est que
l’an dernier que les premiers membres de l’ordre nouvellement
restructuré se sont rassemblés au siège, dans l’imposant bâtiment
connu sous le nom de la Forteresse. En plus de l’ordre des
magiciens, Ceryl abrite des branches importantes des ordres
de l’Illumination et du Creuset d’or.
Les touristes sont encouragés à profiter des téléphériques
innovants de la ville, qui la parcourent en long et en large. Un
« ticket journée » ne coûte que trois couronnes et permet aux
usagers de monter dans n’importe quel wagon pour aller où ils
veulent en ville.
Ces dernières années, la Couronne a décuplé ses efforts pour
relier l’ancienne capitale thurienne à Caspia par voie ferrée. Des
projets similaires ont échoué par le passé, mais le roi Julius et
ses conseillers pensent que l’aide des trollkins des Kriels Unis
leur permettra de réussir là où leurs prédécesseurs ont échoué.
La construction a déjà commencé sur le trajet proposé, qui
commencerait à Port Bourne et traverserait les Noueux : des
rails ont été posés aux deux extrémités, avec l’optique de les faire
se rencontrer à mi-parcours. Les ouvriers, principalement des
Rhufolk et des ogruns, sont venus en masse dans la région pour
travailler sur cette nouvelle ligne. Ils collaborent ainsi avec les
kriels trollkins, qui œuvrent aussi bien en tant que conseillers
qu’ouvriers, tout en s’assurant que l’impact de la construction
sur les écosystèmes environnants reste minime.
CORVIS, LA CITÉ DES FANTÔMES
Située au confluent de deux grands fleuves, Corvis est une
ville de contradictions. D’un côté, c’est l’une des quelques cités
majeures construites pendant l’Occupation orgoth ; de l’autre,
et là peut-être toute l’ironie du sort, on y signa les traités de
Corvis qui mirent fin à la domination orgoth. Corvis est à la
fois le lieu de naissance des Royaumes d’Acier modernes et
une ville embourbée dans le passé, au même titre que dans les
marécages qui l’entourent.
Lorsque le roi déchu Vinter Raelthorne IV conduisit une
armée de skornes contre Cygnar en 603 A. R., il les mena d’abord
à Corvis, où il contourna les défenses de la ville et soumit la
population au joug des sadiques skornes. Son emprise sur la ville
aurait fourni un point stratégique aux skornes (ainsi qu’à Vinter
lui-même) pour s’emparer d’une grande partie de la nation, mais
c’était sans compter sur la jeune sorcière Alexia Ciannor qui,
après avoir levé une armée de morts contre Corvis lors de la
Nuit la plus longue, refit surface et contrecarra ses plans.
Lorsque le Khador franchit les défenses de Guet-du-nord et
envahit Boidépine en 607 A. R., la 2e division de la 1re armée
de Cygnar était stationnée à Corvis. Malgré la cessation des
hostilités entre les deux nations indisciplinées (du moins pour le
moment), une importante armée permanente stationne encore
à Corvis, devenue le centre du pouvoir politique du duché du
Midlund Septentrional.
L’université de Corvis est située dans un vaste domaine,
dans le quartier est de la ville. Les étudiants qui arpentent les
couloirs des vieux bâtiments apprennent mille et une matières,
de l’astronomie à la zoologie extraordinaire. Au lendemain de la
Collecte, de nouveaux professeurs vinrent remplacer ceux qui
avaient disparu au cours de l’invasion infernale, apportant avec
eux des enseignements issus du savoir thamarite et des principes
scientifiques cyrissites. Tant de personnes ayant quitté Caën

L’Atelier Trangelume
L’Atelier est peut-être l’organisation la plus étrange de la Cité
des sorciers$: spécialisés dans l’investigation et l’élimination
des apparitions et autres phénomènes inhabituels, ses agents
sont formés à la fois aux arts arcaniques et à l’observation
scientifique. Leur équipement compte toute une variété
d’appareils mékamagiques, conçus spécifiquement pour les
aider dans leurs missions uniques. Selon les représentants de
l’Atelier, les apparitions ont augmenté depuis la Collecte.
À l’époque, les agents ont découvert une myriade de sociétés
secrètes ayant conclu des alliances avec les infernaux. Pensant
que la victoire de ces derniers était certaine, ces sociétés
voulurent échapper à l’oubli en concluant des pactes de dernière
minute avec leurs maîtres infernaux.
Pendant que les armées d’Immoren occidentale défendaient
leurs nations, l’Atelier menait sa propre guerre des ombres
contre ces groupuscules secrets. Même après la guerre, les
agents de l’Atelier continuent de traquer ceux qui ont vendu
leur âme aux infernaux lors de ces derniers jours si sombres.
L’Atelier possède des bureaux dans plusieurs villes, dont Corvis,
Port Bourne et Mercir.

LES ROYAUMES D’ACIER

20
pour la lointaine Cyriss, l’intérêt pour l’astronomie a grimpé
en flèche et l’observatoire de l’université a accueilli un nombre
considérable de visiteurs au cours des cinq dernières années.
Dans la cité des Fantômes, le temps est aux nuages et à la
pluie dix mois par an. C’est l’un des rares endroits d’Immoren
occidentale où l’architecture orgoth n’a pas complètement disparu.
La ville s’enfonce de plus en plus dans la boue sur laquelle elle fut
construite, obligeant les ingénieurs à bâtir de nouvelles strates
tandis que les anciennes s’affaissent un peu plus chaque jour.
Cette situation difficile est exacerbée par le réseau de grottes
naturelles qui s’étend dans la roche et sous les rues, entrecoupées
par les eaux du fleuve Noir. Cette ville souterraine a grandi au
fil des ans, y compris lors de l’Occupation orgoth, lorsque des
milliers de personnes vinrent se réfugier sous terre et y restèrent
pendant des générations. C’est ainsi que des pâtés de maisons
entiers subsistent sous Corvis : certains sont éclairés par des
lampes à gaz, d’autres plongés dans l’obscurité et l’oubli… du
moins, aux yeux de leurs habitants humains.
Des années auparavant, alors que les combats faisaient rage
le long de la frontière nord du Cygnar, Corvis était pleine à ras
bord. Mais selon le vieux dicton, « Dans la cité des Fantômes,
les morts sont plus nombreux que les vivants ». Une affirmation
qui prend tout son sens aujourd’hui. La reconstruction s’est
faite dans toute la nation, mais les villes de Caspia et de Ceryl
en bénéficièrent tout particulièrement, laissant Corvis sombrer
une fois de plus dans l’ombre du passé.
Accroche scénaristique
Alanna Denby est étudiante à l’université de Corvis$:
bien qu’elle ne le crie pas sur tous les toits, c’est une
fidèle thamarite. Sa sœur cadette, Caylan, l’a rejointe
récemment pour suivre des études. Malheureusement,
Caylan a développé une curiosité d’archéologue pour les
souterrains de Corvis et a disparu dans les catacombes.
Alanna a bien tenté quelques expéditions dans les parties
les plus sûres du sous-sol, mais n’a trouvé aucun signe de
sa sœur. Elle cherche quelqu’un qui soit prêt à s’enfoncer
dans les tunnels pour lui ramener sa sœur en vie.
BOIS DU VEUF
La forêt marécageuse qui s’étend au nord et à l’est de Corvis jouit
d’une réputation sinistre depuis des siècles. Près d’un millénaire
avant la Rébellion, cette forêt humide abritait le thamarite
qui allait devenir le Légataire Lukas, un meurtrier de masse
sadique dont le nom suscite la peur même chez les fidèles de la
Sombre Jumelle.
Aujourd’hui, le bois du Veuf abrite principalement des habitants
d’origine morridanoise, surnommés « pas-lustres » par les
étrangers. Ils partagent ces bois avec de nombreuses tribus de
gobbers des marais, ainsi qu’avec des alligates, des trogs des
marais, des bogrins, et même des crôaks. Malheureusement
pour eux, leur sombre demeure est aussi celle de tatzylwurms,
de grouilleux des marais, de nuées d’os nécromantiques, et
d’horreurs voraces des marécages tapies dans les profondeurs des
recoins les moins accessibles. Avant la Collecte, il était impossible
de coloniser davantage la région ou de construire quoi que ce
soit sur ce bourbier marécageux. Aujourd’hui, même les kriels
trollkins qui habitent ici préfèrent éviter le cœur sombre et
fétide de la forêt.
Accroche scénaristique
Blake Dromore, un alchimiste de l’ordre du Creuset d’or
qui travaille à Corvis, a besoin, pour une préparation
expérimentale de son cru, d’un ingrédient très difficile
à obtenir$: une glande d’un drake des brumes. Ces
bêtes mortelles sont faciles à trouver, mais parvenir
à les maîtriser n’est pas une mince affaire. Dromore
payera généreusement quiconque lui ramènera
l’ingrédient convoité.
LA TOMBE DES ÂMES PERDUES
Au sud de Corvis, parmi les pics perfides de l’Échine du Dragon, se
trouve un ancien tombeau ayant récemment joué un rôle central
dans l’histoire de la région. Plus de trois siècles auparavant, le roi
Malagant le Sinistre et l’Église de Morrow auraient fait appel à
une armée d’honorables mercenaires, les Éternels, pour vaincre
les barbares tharns qui sévissaient aux frontières nord du Cygnar.
Malgré leurs nombreux succès héroïques, les Éternels tombèrent
néanmoins sous le coup de la trahison et de la tromperie, au
beau milieu de l’Échine du Dragon. Les chevaliers cygnaréens
qui les avaient accompagnés dans les montagnes arrivèrent trop
tard pour sauver leurs compagnons d’armes ; en revanche, ils
reçurent la visite d’une foule d’archontes et entendirent la voix
de Morrow lui-même, qui leur intima d’emmener les corps
des défunts jusqu’à une tombe qui avait été préparée pour leur
sacrifice, quelque part dans les montagnes.
« La légion déchue se relèvera pour repousser les forces des
ténèbres », dit Morrow, et les chevaliers dévoués firent ce qu’on
leur demandait : ils allèrent déposer les dépouilles dans la tombe,
dont l’emplacement fut perdu lors des siècles qui suivirent. Puis,
en 603 A. R., Alexia Ciannor utilisa la Sorceflamme pour invoquer
la Légion des Âmes perdues : elle les mena au combat contre
Vinter IV et son armée d’envahisseurs skornes et, ensemble,
ils les mirent en déroute près de Corvis.
Plus récemment, un saint archonte de Morrow a réveillé
la Légion et l’a conduite au combat contre les envahisseurs
infernaux. Dans les jours qui suivirent, la Tombe acquit une
certaine célébrité, bien que son emplacement éloigné n’ait
attiré que peu de visiteurs. Les pèlerins qui font le voyage se
retrouvent face à une porte scellée, dorénavant gardée par
deux statues massives de guerriers jumeaux, sculptées à même
la paroi de la falaise.
Accroche scénaristique
Phineas Millward, un cyrissite de Corvis, a découvert des
documents d’archives sur l’attaque de Vinter IV contre
la ville. L’un de ces documents mentionne une arme
mécanique insolite qu’un sorcier voulut utiliser pour
ouvrir la tombe des Âmes perdues. Millward pense que
les farrows qui peuplent les sommets ont dû prendre
l’arme et la briser en plusieurs pièces$: peut-être qu’avec
suffisamment de pièces, il comprendrait le mode de
fonctionnement de l’appareil.
LES ROYAUMES D’ACIER
21
 FHARIN
Capitale du duché du Midlund Oriental, la ville de Fharin,
autrefois florissante, a la particularité historique d’avoir été
le foyer des premières flammes de la rébellion contre les
Orgoths. Les terres agricoles abondantes du Midlund Oriental
approvisionnent une grande partie du Cygnar. Pourtant, la
région a récemment acquis une réputation plus sinistre : autrefois,
Fharin était la demeure de sire Alain Runebois, seigneur de ces
terres et fidèle allié du Trône. Mais, à l’époque ayant précédé
la bataille de Fort Henge, sire Runebois s’avéra être un traître
à la botte des infernaux.
Avant que le roi Leto ne divise le Midlund en quatre duchés
distincts, la région était contrôlée par la famille Laddermore. Des
années durant, le patriarche, Fergus Laddermore, archiduc du
Midlund Méridional, œuvra pour récupérer le contrôle ancestral
de sa famille sur la région. Ce faisant, il travailla sans relâche
pour affaiblir Runebois dans le Midlund Oriental, afin de placer
un membre de sa famille à la tête de la région. Pour autant, il
ignorait tout du pacte secret unissant Runebois aux puissances
infernales. Les plans de l’archiduc Laddermore finirent par se
concrétiser, mais pas exactement comme il l’avait espéré. Sa
fille, Katherine Laddermore, s’étant distinguée sur les champs de
bataille en qualité de Lance-tempête, fut choisie pour remplacer
Runebois à la tête du Midlund Oriental. La loyauté de Katherine
allant à la Couronne avant d’aller à sa famille, les ambitions de
son père s’en trouvèrent freinées.
Aucun maire n’ayant dirigé Fharin depuis plus d’une décennie,
la duchesse Laddermore s’est installée dans la propriété du
précédent bourgmestre : la bâtisse s’élève au cœur de la ville,
juste à côté de l’imposante cathédrale de Corben, construite
en l’honneur de l’Ascendant éponyme qui sauva la région de
l’épidémie de brèche du souffle. Œuvrant en étroite collaboration
avec l’Église de Morrow, la duchesse a tenté de revitaliser sa ville
tout en contrôlant les criminels qui se sont déchaînés depuis
la Collecte. Jusqu’à présent, ses efforts ont été couronnés de
succès, bien que de nombreux gangs dominent encore certains
territoires près des dépôts de rails.
Fharin constitue un arrêt majeur le long de la ligne de chemin
de fer qui relie Caspia à Brainmarché. Célèbre pour ses marchés,
c’est le meilleur endroit au Cygnar pour acheter des produits
frais. Malgré cette abondance, la ville comporte une part d’ombre
depuis qu’elle a vu sa population décimée par les infernaux.
De nombreux bâtiments demeurent vides alors que les trains
circulent toujours autant qu’avant.
Accroche scénaristique
Le domaine Canterwell de sire Alain Runebois se trouve
au nord de la ville. Depuis cinq ans, ses terres, ses bois,
ses manoirs et ses écuries sont restés vides. En l’absence
de toute activité humaine, les rumeurs sur les structures
délabrées et les bosquets sinistres ont circulé en long,
en large et en travers. Orwick Gove, un agent de l’Atelier
Trangelume, est venu exprès de Corvis pour enquêter sur
le domaine. Il pourrait avoir besoin de renforts, si jamais
une menace un peu plus concrète que les fantômes du
passé hantait bel et bien les lieux.
LES ROYAUMES D’ACIER
22
FORT HENGE
Les « pierres suspendues » (similaires à des « anges » et qui
donnèrent son nom à cet ancien site) furent démontées et
utilisées pour construire certaines des premières forteresses
orgoths en Immoren occidentale, bien avant la grande bataille
qui eut lieu ici contre les infernaux. La réputation de cette ruine
primordiale est sinistre au point que certains Cygnaréens ont
protesté lorsque la Couronne voulut y ériger un monument
de commémoration en l’honneur des victimes de la Collecte.
Le monument final, conçu par des architectes de Ios, de Rhul,
du Llael et de Cygnar, se devait de représenter le portail ayant
sauvé tant d’âmes en les menant sur des mondes lointains. Bien
que cet énorme mémorial soit considérablement plus petit
que le portail lui-même, il domine néanmoins les pèlerins qui
viennent présenter leurs respects, se faisant l’écho de leur propre
insignifiance face à une perte aussi dévastatrice.
Les piliers du monument sont gravés des noms des héros qui
ont péri au combat : Cygnaréens, Khardes, Ordiques, Llaelais,
Rhufolk, ou autre, les noms des victimes de la Collecte et de
ceux ayant traversé le portail de Cyriss sont gravés sur de plus
petites pierres qui parsèment le paysage autour du monument.
Lorsque les pèlerins viennent se recueillir, ils laissent souvent
des fleurs, des poupées et d’autres petits objets près des noms
des êtres chers disparus.
GARE-POINTACIER
Gare-Pointacier est l’une des colonies les plus insolites du Tout-
Cygnar, au sens où elle s’étend entièrement sous la muraille
du Ver. La ville est reliée au monde extérieur par une série de
tunnels ferroviaires élaborés qui traversent les montagnes sur
près de cent kilomètres. Seuls dix d’entre eux sont en surface.
Creusé à l’aide d’ingénieux colons nains ayant quitté le Rhul
après l’Occupation orgoth, l’endroit abrite plus de Rhufolk
que d’humains. La plupart des nains habitent la cité voisine du
Conclave de Gare-Pointacier, située sous terre à moins d’un
kilomètre de la ville principale.
En 609 A. R., cette ville de plusieurs milliers de nains fut
dévastée par des combats draconiques. Malgré les nombreuses
années de reconstruction, le fiel du sang draconique versé
ici est toujours visible. Il arrive que les stoïques Rhufolk du
Conclave abattent des draconiens ou d’autres bêtes infectées
dans les tunnels.
Gare-Pointacier a connu un regain de prospérité ces dernières
années, grâce aux approvisionnements de matériel et de main-
d’œuvre par voie souterraine jusqu’aux duchés les plus éloignés,
ainsi qu’au développement continu des lignes ferroviaires dans
tout le royaume. Mais le péril des tunnels et des montagnes
alentour s’est accru. Les conflits à la surface ont réveillé ou enhardi
des créatures troglodytes endormies : aujourd’hui, mineurs et
dockers se rassemblent dans les tavernes locales pour partager des
histoires de morts-vivants qui vomissent du gravier, d’araignées
aussi grosses que des scaraks d’assaut, et de choses bien plus
étranges encore qui rôdent sous terre, dans le noir.
 Accroche scénaristique
Un entrepôt du Conclave a rencontré un problème de
skiggs. Ces nuisibles assoiffés de poudre ne représentent
pas vraiment une menace à moins de consommer celle-ci
— auquel cas, ils se transforment en danger explosif. Les
nains utilisaient l’entrepôt pour stocker la poudre avant de
l’envoyer à Caspia, mais un train faisant escale par Gare-
Pointacier a malheureusement apporté des skiggs avec
lui$: maintenant, les petits parasites s’adonnent aux joies
du buffet à volonté. Les Rhufolk ont tenté plusieurs fois de
chasser les petits monstres, mais ces derniers reviennent
sans cesse. Les nains sont prêts à payer un joli pactole à
quiconque parviendra à les débarrasser des skiggs — de
préférence sans tout faire péter.

HAUTEMURAILLE
Si Mercir est la ville commerciale la plus importante du sud
du Cygnar, alors Hautemuraille est l’avant-poste militaire le
plus vital de la région. Fondé à l’origine pour servir de poste
d’observation sur la côte Brisée, le port possède un moyen unique
et ingénieux de protéger ses navires des pirates et des pillards
cryxiens : il les hisse littéralement hors de l’eau et les suspend à
d’énormes grues construites à flanc de falaise.
Collée aux falaises comme une moule à son rocher,
Hautemuraille s’est considérablement développée au fil des
ans : aujourd’hui, elle est devenue la première puissance navale
australe du Cygnar et l’un des bastions militaires majeurs de la
nation. En conséquence, le seigneur-général Vincent Gollan,
qui en dirige la base navale, figure parmi les hommes les plus
éminents du Tout-Cygnar. En tant qu’allié privilégié de l’Église
de Morrow, Gollan détient le rang de Chevalier supérieur du
Prophète et a récemment été élevé du rang de comte à celui de
duc en reconnaissance de son service lors des batailles contre
le Cryx qui ont précédé la Collecte. Certains disent que Gollan
ferait un meilleur dirigeant que le duc Waldron Gately à la tête
du duché de Sudpoint, mais Gollan se préoccupe davantage des
dangers de la côte Brisée que des affaires de la cour.
Sa position unique le place également à la tête d’un des ordres
de chevalerie les plus insolites du Cygnar : les Chevaliers de la
Veille de Hautemuraille. Ayant troqué l’armure lourde habituelle,
les Chevaliers de la Veille ressemblent davantage à des éclaireurs
ou à des garde-route qu’à l’image traditionnelle du chevalier. Leur
tâche est pourtant vitale : toujours à l’affût sur la côte Brisée, les
membres de cet ordre guettent le moindre signe de mouvements
cryxiens. Mais ils ne se contentent pas de surveiller les eaux : ils
se fondent aussi parmi les pirates et les marins commerciaux de
Mercir et de Baie-des-Horlogers afin de débusquer les infiltrés
cryxiens et, plus récemment, les poches de résistance infernalistes.

Accroche scénaristique
Les Chevaliers de la Veille de Hautemuraille sont de
plus en plus préoccupés par les signalements de tribus
barbares qui vivent en altitude dans la muraille du Ver, aux
abords de la ville. Touchés par le fiel du dragon Sirfétide,
ces clans cannibales et sanguinaires ont intensifié leurs
attaques contre les colonies isolées et les caravanes sur
les routes. Récemment, les Chevaliers ont reçu un rapport
indiquant que plusieurs tribus se seraient unies sous un
chef puissant. L’ordre a décidé d’envoyer une équipe de
choc pour éliminer la menace avant qu’elle ne prenne
trop d’ampleur.

LES ROYAUMES D’ACIER

23
 MERCIR
Lointaine, difficile d’accès par voie terrestre, Mercir est néanmoins
devenue l’une des villes portuaires majeures d’Immoren
occidentale. Véritable plaque tournante commerciale, on y
trouve le siège de la puissante ligue Mercarienne. C’est également
la ville la plus proche du Grand observatoire cygnaréen, au
sommet des montagnes voisines de la muraille du Ver, et elle
abrite une importante loge de l’ordre Fraternel des magiciens.
Même avant la Collecte, ces deux facteurs faisaient de Mercir
un foyer désirable pour les sectateurs cyrissites, et nombre
d’entre eux y ont ouvertement emménagé depuis la déclaration
de tolérance religieuse émise par le Sancteum. À Mercir, cette
population curieuse de tout utilise intensément l’Observatoire
et collabore avec les arcanistes de l’ordre des magiciens pour
élaborer de nouvelles méthodes de navigation — méthodes
souvent financées en grande partie par les membres de la ligue.
Plus récemment, Mercir est devenue un maillon important
dans la construction de la nouvelle armée du roi Julius : la
péninsule est ainsi la source principale du savoir-faire concernant
les chambres à tempête, qui alimentent toutes les nouveaux
scaraks du Cygnar. Entre les sorciers de Mercir (déjà versés
dans la magie météorologique de par les exigences de la ligue
Mercarienne) et l’afflux de technologie cyrissite, Mercir a fait
des progrès faciles et encourageants dans le développement
des chambres à tempête pour assurer leur fabrication ailleurs.
La ligue Mercarienne
À l’origine, la ligue n’était qu’une vague confédération d’intérêts
commerciaux basée à Mercir$: depuis, elle est devenue
l’organisation commerciale la plus puissante et la plus influente de
toute l’Immoren occidentale. Ses agents sont présents dans tous
les lieux de pouvoir du Cygnar et d’au-delà, et certains membres
figurent même parmi l’aristocratie$: la ligue Mercarienne trempe
dans à peu près tous les commerces importants qui passent par la
plupart des ports le long du Mérédius. Elle contrôle directement
une grande partie du Zu grâce à une charte cygnaréenne et, à
une époque, elle avait littéralement imposé son emprise à la fois
sur l’exploration de cette terre lointaine et sur l’importation de
biens exotiques vers l’Immoren occidentale.
LES NOUEUX
Le Midlund Occidental forme le plus grand des neuf duchés
de Cygnar, mais aussi l’un des moins peuplés. Ce manque de
population n’est pas surprenant quand on prend en compte les
grandes étendues de montagnes inhospitalières, la muraille du
Ver supérieure, les pics du Gardien, et les vastes étendues de
forêt dense connues sous le nom de Noueux. S’étirant le long
des rives du fleuve Langue du dragon, les Noueux ont été en
grande partie engloutis par le kudzu, qui envahit non seulement
les arbres et autres reliefs naturels, mais également les structures
en manque d’entretien régulier. Malgré cela, la forêt a longtemps
attiré les habitants du Midlund Occidental, notamment grâce à
son abondance en bois de charpente.
LES ROYAUMES D’ACIER
24
Le duché compte davantage de trollkins que de soldats
cygnaréens : avant la Collecte, les camps de bûcherons qui
tentaient d’exploiter les Noueux se heurtaient fréquemment aux
kriels locaux, aux tribus bogrins, et à d’autres menaces venues
des profondeurs de la forêt. Mais depuis la signature du traité
entre le Cygnar et les Kriels Unis, les trollkins, revenus en force
aux Noueux, ont accepté à contrecœur que les bûcherons et les
expéditions s’aventurent dans les bois denses — à condition que
les humains prennent soin de la terre. Aujourd’hui, quiconque
voyage dans les zones plus rurales du Midlund Occidental risque
de tomber sur un village trollkin animé, construit dans le style
traditionnel, plutôt que sur une ville humaine fortifiée. De
plus, les Hallebardiers de Vifsoleil (des militaires hautement
qualifiés qui opèrent depuis Fort Blanroc, la capitale du duché)
se sont alliés avec les kriels locaux et ont même accepté plusieurs
éclaireurs trollkins dans leurs rangs.
Cette alliance a fait flamber la production de bois de charpente,
car la demande est très forte dans le royaume, le Cygnar se
reconstruisant sur de nombreux fronts. Mais l’activité accrue
des Noueux a aussi réveillé les habitants de la forêt profonde,
amenant parfois des éclats de violence.
Accroche scénaristique
Une équipe de relève s’est récemment rendue dans
un camp de bûcherons aux Noueux. L’endroit était
désert, les bâtiments entièrement recouverts de
kudzu, comme si la plante avait poussé en une nuit. Les
bûcherons superstitieux refusent de revenir tant que
quelqu’un n’aura pas éliminé la «$sorcellerie$» à l’origine
de l’événement. Les contremaîtres pensent que le
responsable est un sombre-toge du Cercle Orboros, tapi
dans les profondeurs de la forêt.
PORT BOURNE
Situé à l’endroit le plus turbulent du puissant fleuve Langue
du dragon, Port Bourne est connue pour son ingénieuse série
d’écluses qui permet aux navires de monter et de descendre la
voie navigable. Bâties avant l’Occupation orgoth, ces écluses sont
sans arrêt reconstruites et entretenues au fil des ans, contribuant
au caractère unique de la ville.
En plus de cela, plusieurs gigantesques chutes d’eau surplombent
Port Bourne. Leur grondement se répand dans toute la ville et une
brume prismatique perpétuelle flotte dans les airs, notamment
au-dessus du quartier des Jardins, faisant de Port Bourne un
havre d’arcs-en-ciel — et de pavés très glissants.
Port Bourne est divisée en quartiers qui correspondent aux
changements d’altitude de la ville. Le haut quartier se trouve
sur les rives du Lac-épine. Malgré son nom, c’est la partie la
plus pauvre de la ville, où vivent les pêcheurs qui jettent leurs
filets dans le lac. Le quartier des Cascades, où les chutes font
le plus de bruit, était autrefois le site d’un vaste terrain d’essai
militaire. Aujourd’hui, il abrite encore une importante garnison
de troupes cygnaréennes, ainsi que le nouvel hôtel de ville et les
bureaux du gouvernement régional.
 Le quartier des Jardins, sous les chutes, est célèbre pour ses
artistes et artisans, mais également pour ses fines gouttes qui
arrosent en permanence la végétation, verdoyante et luxuriante.
L’Abîme, lui, accueille les meilleures auberges et tavernes de la
ville, ainsi que les propriétés de la noblesse. Ce quartier abritait
également l’ancienne mairie.
Durant l’occupation khadoréenne du duché assiégé de Nord-
forêt, Fellig (l’ancienne capitale régionale) tomba aux mains de
mercenaires ordiques et le resta après le traçage des nouvelles
frontières, post-Collecte. Dans les années qui suivirent, Port
Bourne devint un point de rassemblement important pour les
troupes, et le siège de facto du pouvoir cygnaréen dans la région.
Il en fut de même pendant les années de reconstruction.
Le seigneur-général Olan Duggan, un noble morridanois de
relativement basse extraction, était le dernier duc de Nord-forêt
en date. Il se distingua de multiples fois au cours des batailles
sur les lignes de front déchirées par la guerre. Mais pendant
la période d’agitation politique qui suivit la Collecte, le roi
Julius céda aux pressions de l’Assemblée royale et fit de Connor
Cathmore (le jeune fils du comte Hagan Cathmore, qui avait
péri dans les affrontements contre le Khador) le nouveau duc
de Nord-forêt. Depuis qu’il a déplacé le siège de son pouvoir
hors des terres ancestrales des Cathmore, dévastées lors de
l’occupation khadoréenne, le jeune duc supervise les affaires
du duché depuis le quartier des Cascades de Port Bourne, où il
écoute les conseils de sa mère veuve et de plusieurs hauts gradés
de l’armée cygnaréenne.

Tour de Boiprofond
Cette fortification est sise au sommet d’une colline,
suffisamment haut pour avoir vue sur la canopée environnante.
Autrefois, la tour servait d’alliée à la capitale régionale voisine
de Fellig$; aujourd’hui, son rôle est tout autre. Fellig faisant
dorénavant partie de l’Ord, et puisque les murs de Guet-du-
nord sont restés en ruines après les affrontements contre les
forces khadoréennes, la tour de Boiprofond est devenue la
forteresse la plus septentrionale du Cygnar.
Les soldats passent fréquemment leurs permissions de
l’autre côté de la frontière, à Fellig, mais beaucoup voient la
tour comme une affectation pénible, bien que la situation se
soit calmée depuis la Collecte. Parfois, les hommes signalent
d’étranges lumières dans les ruines de Guet-du-nord, mais les
patrouilles de jour n’ont jusqu’ici rien découvert.

LES ROYAUMES D’ACIER

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 LE KHADOR
Vaste, martial, doté d’une flamme nationaliste inextinguible,
l’empire du Khador fut au cœur de la plupart des conflits qui
ont ébranlé les Royaumes d’Acier ces six derniers siècles. Il a
également souffert davantage que beaucoup d’autres nations —
d’abord aux mains des Orgoths, puis lors de la Collecte. Tandis
que les infernaux envahissaient Caën, des membres haut placés
de la cour khadoréenne se sont avérés des traîtres infernalistes.
Des monstruosités infernales ont décimé les citoyens, et même
le consort impérial fut frappé par leurs ravages.
Bien que le Khador moderne remonte à la signature des
traités de Corvis, les habitants de cette région rude et hivernale
descendent d’ancêtres plus anciens : les seigneurs des chevaux
qui régnaient sur les tribus humaines et qui ont transformé
cette terre en leur foyer ; l’Empire Khardique de l’ère des Mille
cités ; et même le missionnaire ménite Geth, qui fut le premier à
apporter sa foi aux peuples du nord, des siècles auparavant. Les
Khardes forment un peuple rude, né d’un climat impitoyable :
ceci explique leur fierté vis-à-vis de leur histoire et de leurs
accomplissements nationaux, même si nombre de ces exploits se
firent aux dépens de leurs voisins. Au Khador, la guerre est un
véritable mode de vie depuis l’époque des seigneurs des chevaux.
Par exemple, le service militaire y est obligatoire. Les citoyens
des royaumes plus « paisibles », au sud, y voient une exigence
onéreuse, voire tyrannique ; les Khadoréens, eux, considèrent
ce service comme un élément essentiel à la cohésion nationale.
Il est rare que les fils et filles de la Mère-Patrie servent dans la
Garde des Glaces avec déplaisir.
L’histoire des conquêtes militaires et de l’excellence martiale
du Khador a de quoi rendre fier, mais un grand pan de celle-ci
demeure aussi sombre que les hivers septentrionaux. Les rois et
LES ROYAUMES D’ACIER
26
reines du Khador ont toujours compté parmi leurs rangs nombre
de sorciers et de nécromanciens, comme la reine Cherize la
Rusée, ou Ivan Vladykin le Détesté. Pendant la Collecte, la grande
princesse Regna Gravnoy, souveraine de l’un des territoires les
plus hostiles du pays, que ses sujets surnommaient « Reine de
l’hiver », s’est révélée de ceux-là.
En fin de compte, Gravnoy s’avéra le membre le plus éminent
de la cour de l’impératrice Ayn Vanar à s’être allié aux infernaux.
Beaucoup d’autres, de moindres importances, avaient également
prêté allégeance aux habitants de l’Abysse extérieur, troquant leur
loyauté envers leurs compatriotes khadoréens contre la promesse
d’un pouvoir accru. La révélation de ces traîtres infernaux parmi
les plus hauts rangs du gouvernement plongea le Khador dans le
désarroi, et l’Empire souffrit d’un déclin majeur dans les années
qui suivirent la Collecte. Une répression militaire brutale accueillit
les grèves de travailleurs, et l’impératrice lutta pour conserver son
pouvoir au sein d’une cour fracturée. Pour ce faire, elle invoqua
deux principes ayant toujours unifié le peuple kharde : l’amour
de la Mère-Patrie et la conquête militaire. Pendant que d’autres
nations jouissent d’une renaissance technologique et culturelle,
le Khador se prépare une fois de plus pour la guerre : l’Empire a
tourné son regard non seulement vers les royaumes austraux, mais
aussi vers les terres au-delà des rivages d’Immoren occidentale.
GOUVERNEMENT
Toutes les nations d’Immoren occidentale sont dirigées par des
monarques, mais rares sont ceux qui, comme l’impératrice Ayn
Vanar, exercent un contrôle aussi total sur leur population.
Au Khador, tout pouvoir découle du trône. Sous le règne
de l’impératrice, la nation est divisée en dix-sept provinces,
les volozkya (volozk au singulier), chacune d’elle gouvernée
par un grand prince. Ceux-ci détiennent un pouvoir politique
considérable et leur lignée remonte jusqu’à l’Empire Khardique,
voire aux seigneurs des chevaux qui l’ont précédé. Les Kayazy
L’impératrice Ayn Vanar et les grands princes détiennent les
Célèbre à la fois pour sa bienveillance et sa sévérité, l’impératrice
rênes du pouvoir politique au Khador, mais le paysage politique
est adulée par son peuple et considérée comme la « première fille » compte de nouveaux venus depuis ces dernières années$:
de la Mère-Patrie, soit l’incarnation même du Khador aux yeux les kayazy. Ces familles de marchands sont si riches qu’elles
de ses citoyens. Cependant, après la Collecte, le pouvoir d’Ayn bénéficient d’un poids politique conséquent, ce qui les place
Vanar était plus fragile que jamais. En réponse, elle démontra à mi-chemin entre les classes inférieures de la société et la
sa capacité à être aussi impitoyable que bienveillante afin de noblesse. On associe souvent les kayazy à des entreprises
criminelles et aux gangs de bratya qui influencent le commerce à
garder la mainmise sur son droit de naissance et celui de son travers la nation, mais nombre d’entre eux ont bâti leur fortune
jeune fils, né peu après la défaite des infernaux à Fort Henge. sur des entreprises commerciales honnêtes.
Ayant renforcé le pouvoir autoritaire de l’alliance des Seigneurs
Toujours avides d’améliorer leurs propres conditions de vie, les
gris, elle réprima ensuite les troubles politiques et sociaux, vite kayazy sont devenus des acteurs importants des manœuvres
et sans pitié, œuvrant sans relâche pour unifier à nouveau le politiques du Khador, même s’ils ne disposent pas du même
Khador sous la bannière de sa politique nationaliste populaire. poids politique que les grands princes. Dans la période de
Elle a également autorisé ses agents à débusquer les infernalistes troubles post-Collecte, les kayazy ayant su tirer leur épingle du
et tout autre traître au sein de sa cour. Pas même les familles jeu ont considérablement accru leur richesse et leur influence,
tandis que ceux qui se sont attiré les foudres de l’impératrice
des grands princes ne sont à l’abri de la surveillance accrue des
ont disparu dans la nuit sans laisser de traces.
agents occultes de la Mère-Patrie.
Bien que le commerce avec les autres nations se fasse librement
à travers le Khador, les frontières du pays sont les plus intraitables
de toute l’Immoren occidentale : quiconque souhaite les traverser GÉOGRAPHIE
a tout intérêt à présenter des papiers en règle. Le Khador n’est pas une mère douce pour son peuple. La terre
se montre généreuse à contrecœur. Une grande partie de la
SOCIÉTÉ
nation n’est que toundra gelée, forêts indomptées, et pics
Si le patriotisme des Khadoréens demeure intact pour la majorité,
accidentés où seules survivent les âmes les plus robustes. Les
beaucoup ont vu leur foi en l’Empire ébranlée suite à la Collecte.
défis déjà considérables de ces environnements difficiles se
Là où la paix a régné sur une grande partie des Royaumes
trouvent exacerbés par les revendications des nombreux kriels
d’Acier dans les années qui ont suivi, le Khador a dû affronter de
septentrionaux ayant élu domicile dans ces régions reculées. Ces
violentes vagues de troubles sociaux, réprimées plus violemment
féroces guerriers trollkins n’hésitent pas à prendre les armes
encore. L’impératrice Vanar a envoyé un message clair d’unité
contre les étrangers, s’attaquant régulièrement aux colonies
et de solidarité khadoréenne, prônant un retour aux idéaux de
khadoréennes voisines, soit en représailles, soit pour décourager
la Mère-Patrie — par la force, si nécessaire.
toute intrusion future.
Avant la Collecte, le gouvernement khadoréen se tenait largement
Malgré ce mode de vie sinistre, la fibre patriotique des
à l’écart de la vie quotidienne de ses citoyens. Dans les petits
Khadoréens serait moins farouche si leur terre était plus douce.
villages en bordure de ce vaste empire, généralement dépourvu
Les habitants du Nord sont très fiers de grandir dans un pays
de voie ferrée et aux ethnies nombreuses, beaucoup de Khardes
plus rude que ceux de leurs voisins. Depuis la mer Khardique
suivaient les anciennes traditions. À l’est, de nombreux Umbréens
et les pics des Éclats, au nord, jusqu’à Port Vladovar, Gibetière,
pratiquaient des rites et des mœurs folkloriques antérieurs
et certains territoires au sud qui appartenaient autrefois au
à l’Empire Khardique, tandis que les Skirovs et les Kossites
royaume du Llael, le Khador s’étend sur plusieurs centaines de
suivaient les coutumes de leurs anciennes croyances. Bien que
kilomètres et englobe une grande diversité d’environnements.
la foi morrowéenne ait longtemps été la religion officielle de
Pourtant, beaucoup d’étrangers continuent d’y voir une terre
l’État, le Khador a toujours abrité un grand nombre de ménites
hivernale plongée dans une obscurité perpétuelle.
issus de l’Ancienne Foi, qui pratiquaient leur culte comme depuis
Les steppes méridionales d’Umbrie, de Khadorstred, et d’autres
l’époque de Geth.
régions, sont non seulement plus tempérées en moyenne que le
La Collecte a eu un impact beaucoup plus profond sur le Khador
reste du pays, mais aussi parsemées de forêts et de rivières. Parmi
que sur ses voisins. De nombreux héros impériaux ont péri
les caractéristiques géographiques les plus notables de la région,
au combat, dont le consort royal de l’impératrice, le grand
on trouve les énormes lacs du Bouclier brisé qui protègent la
prince Vladimir Tzepesci. Au lieu d’aider à reconstruire des
capitale de Korsk. La majorité de ces terres australes est reliée
infrastructures cruciales ou à alléger le fardeau des survivants,
par des lignes de chemin de fer qui partent de Korsk et traversent
toutes les ressources ont servi à moderniser et étendre la puissance
la nation jusqu’à Merywyn, au Llael. Ces voies ferrées ont été
militaire de l’empire. Pendant que les autres Royaumes d’Acier
améliorées et étendues pendant l’occupation khadoréenne du
s’attèlent à la reconstruction de leurs nations endommagées, les
Llael, si bien qu’aujourd’hui, les trains circulent régulièrement
efforts du Khador dans cette optique restent aussi figés que les
entre Merywyn et les villes khadoréennes de Laedry et de Korsk.
glaces qui l’entourent.
Au nord du fleuve Rocacerbe, qui coule depuis le lac
d’Aiguecrypte, à l’est du Khador, jusqu’au Mérédius, à l’ouest,
le terrain se fait plus inhospitalier et la météo plus froide à chaque
kilomètre parcouru.

LES ROYAUMES D’ACIER

27
 Aucune ligne de chemin de fer ne passe ici. Sur ces terres rudes,
les voyageurs se déplacent à pied ou pilotent de solides barges
sur des rivières glacées. Les conifères de la forêt des Balafreuses
couvrent une grande partie du territoire ; le reste n’est que chaînes
montagneuses vertigineuses qui s’étendent jusqu’aux montagnes
de Glacenoire, le sommet du monde, et jusqu’au royaume nain
de Rhul, à l’est. Les villages sont rares et éloignés les uns des
autres, mais les habitants de cette région sinistre continuent d’y
vivre malgré l’environnement impitoyable.
COLINFERNE
Autrefois simple cité qui n’abritait que quelques milliers d’âmes,
Colinferne était le siège du pouvoir du volozk de Gorzytska,
dirigé par Regna Gravnoy. La ville fut dévastée par les infernaux
lorsque la grande princesse révéla sa véritable allégeance envers
les puissances obscures : par la suite, la famille Gravnoy fut
dépossédée de ses terres et de ses titres, et le contrôle du volozk
passa aux mains de l’armée. Depuis, la province est supervisée
à l’extérieur de ses frontières par des représentants nommés
dans la ville de Skirov, en attendant que l’impératrice désigne
un nouveau dirigeant.
La ville ne s’est toujours pas remise ni de la Collecte ni de la
trahison de Gravnoy. Ses habitants sont restés principalement
pour travailler dans les nombreuses mines de la région, dont
l’Empire dépend pour les métaux essentiels à ses efforts
militaires. Avant la Collecte, la construction d’une ligne de
chemin de fer avait débuté ; celle-ci devait relier Colinferne à
Skirov, puis au reste de l’empire. Mais depuis, les travaux ont
considérablement ralenti.
Compte tenu de leur éloignement avec la capitale, les citoyens de
Colinferne ont commencé à employer les mercenaires rhufolk qui
travaillaient déjà dans la région. Ceci a mené les Khardes locaux
LES ROYAUMES D’ACIER
28
et les Rhufolk frontaliers à tisser des liens étroits. Toutefois, si
les locaux se satisfont de laisser la vieille ville à ses fantômes, les
ogruns de Colinferne conservent quelques inquiétudes.
Accroche scénaristique
Sous les simples bâtiments en pierre de la ville maintenant
dépeuplée se trouvent de vastes catacombes où les
ogruns avaient pour tradition d’enterrer leurs morts. Les
entrées de ces chambres sacrées, bâties par les Rhufolk
du passé, se sont mystérieusement effondrées lors de
la Collecte, si bien que les ogruns et leurs alliés rhufolk
craignent que des infernalistes aient dégradé certaines
catacombes. Si quelques âmes courageuses voulaient
bien mener l’enquête, les ogruns les autoriseraient à
pénétrer dans les profondeurs sacrées, enfreignant la
règle n’autorisant que les représentants de leur peuple à
s’y aventurer.
KHARDOV
Centre industriel vital et siège du pouvoir du volozk de Khardoska,
la ville de Khardov est sise au sommet d’un réseau d’anciennes
mines orgoths, dont beaucoup se sont effondrées sur les esclaves
et les contremaîtres lors du Fléau. Aujourd’hui, l’extraction de
charbon et de fer se poursuit sous les rues de la ville, tandis que
de nouveaux puits ouvrent parfois sur d’anciennes chambres
ossuaires — dans le meilleur des cas. Chaque fois que cela se
produit, la mine est temporairement fermée et l’alliance des
Seigneurs gris prend le relais jusqu’à ce que les tunnels soient
débarrassés de tout matériau potentiellement dangereux (ou utile).
 L’Ordre khadoréen du Mur
L’ordre du Mur est le plus vieil ordre de chevaliers ménites et a
toujours bénéficié d’une forte présence en Khador. Cela n’est
guère surprenant étant donné que les principes de l’Ancienne
Foi sont très proches de ceux de l’ordre, contrairement aux
doctrines plus zélées du Protectorat de Ménoth. Situé dans un
grand monastère près du palais de Korsk, l’Ordre khadoréen du
Mur a vu le nombre de ses membres augmenter au lendemain
de la Collecte. Les nouvelles recrues étaient prélevées parmi les
orphelins du conflit. En parallèle, l’Ancienne Foi khadoréenne
a fait de nouveaux convertis parmi les ménites désabusés du
Protectorat et les témoins des horreurs infernales de la Collecte.
En plus de former les nouvelles recrues, l’ordre fut chargé de
débusquer et de détruire les derniers foyers de corruption
infernale au sein de l’Empire. Tandis que les Seigneurs gris
enquêtent sur des menaces plus insidieuses et des cultes
plus importants, l’ordre du Mur est souvent sollicité par les
représentants de l’Ancienne Foi pour aider les petits villages
limitrophes que le reste du monde préfère ignorer.
En raison de la richesse des gisements orgoths qui subsistent
sous Khardov, l’alliance des Seigneurs gris jouit d’une présence
significative en ville sous la houlette du grand prince Aeniv
Rolonovik, l’obavnik des Seigneurs gris, l’un des plus hauts gradés
de leur ordre. Le bastion de l’organisation est situé dans l’ombre
d’une forteresse orgoth anonyme, épargnée par le Fléau pour des
raisons inconnues. Cette structure domine le quartier industriel
de Khardov et demeure scellée depuis le départ des Orgoths.
Accroche scénaristique
Andrei Tirov, membre ambitieux des Seigneurs gris,
pense qu’une étude approfondie des reliques orgoths
permettrait de renforcer l’armée khadoréenne. Or, depuis
l’invasion infernale, l’étude de ces sombres disciplines est
très mal vue à la cour. Collaborant avec les bratya locaux,
Tirov veut embaucher une équipe pour s’introduire dans
la forteresse orgoth anonyme et lui rapporter des preuves
qui étayeront son hypothèse.
Par jours de faible vent, une grande partie de Khardov se
couvre d’un épais brouillard toxique formé par la fumée et les
exhalaisons combinées des quartiers industriels et alchimiques.
La plupart des Khardovites ne sortent dans ce brouillard qu’en
cas d’absolue nécessité, sans jamais oublier ni leurs lunettes de
protection ni leur masque en étamine. Malgré cela, l’espérance
de vie est notablement réduite à Khardov comparé à beaucoup
d’autres villes de l’Empire. De tout temps, les conditions de travail
épouvantables ont poussé les ouvriers à protester, si bien que
Khardov fut le site de nombreuses émeutes ouvrières dans les
années post-Collecte. Tous ces soulèvements furent violemment
réprimés, soit par les mercenaires olcheniy qui servent les intérêts
industriels de la ville, soit, plus récemment, par les soldats de
la Garde des Glaces.
Accroche scénaristique
Une fabrique de poudre explosive alchimique pour
l’armée khadoréenne a récemment été la cible de
plusieurs tentatives de sabotage. Les olcheniy pensent
que c’est l’œuvre d’un syndicat local. Ce dernier clame son
innocence, mais craint une répression massive de la part
de l’armée$: il offre une récompense à quiconque trouvera
les coupables avant la mobilisation de la Garde des Glaces.
KORSK
La capitale de Korsk est le cœur battant du Khador, aussi sévère
et grandiose que les ambitions de ses bâtisseurs. Le centre-ville
est dominé par le palais impérial Stasikov, construit à partir de
colossales pierres noires laissées dans le sillage du Fléau orgoth.
Le palais, édifié au rang de symbole national du Khador, est une
forteresse dotée d’un grand donjon à chaque sommet, telle une
enclume sur laquelle la nation entière s’est façonnée. Véritable ville
dans la ville, le palais abrite des milliers de scribes, de bureaucrates,
de soldats, et d’aristocrates qui exécutent en permanence les
ordres de l’impératrice et se disputent son attention. L’édifice
est entouré de dizaines de domaines appartenant à la fois à la
noblesse khadoréenne et aux kayazy plus riches.
Chacun des grands princes y possède une demeure, même s’ils
y sont rarement présents. Des drapeaux pendent à virtuellement
chaque édifice, et les rues immaculées résonnent sous le pas
cérémoniel des parades militaires régulières. Juste à côté du
palais se trouve le plus grand bâtiment de la ville : le Strikoya,
édifice bas et tentaculaire qui sert de quartier général à l’alliance
des Seigneurs gris. Le Strikoya représente à la fois une unité
de recherche et de développement pour l’armée khadoréenne
et un service de renseignement majeur pour la nation : là, les
arcanistes de l’alliance sont libres de poursuivre des recherches
secrètes sur des sujets occultes dangereux, qui leur vaudraient
le billot n’importe où ailleurs.
Bien que les expériences occultes des Seigneurs gris aient été
quelque peu entravées (voire poussées à la clandestinité) après la
Collecte, l’organisation a vu son autorité augmenter de manière
exponentielle au sein d’un empire de plus en plus paranoïaque.
De même, ses opérations de collecte de renseignements se sont
considérablement développées ces dernières années. Ainsi, le
Strikoya fourmille sans cesse d’agents, d’opérateurs, de scribes,
et d’informateurs, qui vont et viennent dans les couloirs.
Avant la Collecte, plusieurs « éclats » nyss se sont réfugiés dans
la cathédrale de Katrinska, située juste à l’extérieur du palais.
Certains ont choisi de rester sur place après la bataille de Fort
Henge, et de vivre dans le quartier pauvre de Zerutsk, un coin
rongé par la criminalité sur les rives du Grand lac de Zerutsk, où
le ciel est obscurci par les nuages de fumée perpétuels qui émanent
des forges de production des machines de guerre du Khador. Ici,
les nyss vivent aux côtés des populations ogruns et trollkines de
la ville, ainsi qu’une communauté rhufolk indépendante connue
sous le nom de Conclave de Korsk.
Accroche scénaristique
Quelqu’un (ou quelque chose) s’est attaqué aux nyss du
quartier de Zerutsk. Certains résidents ont disparu de
manière inexplicable, et les forces de l’ordre semblent se
désintéresser complètement de l’affaire, prétextant que
les nyss nomades se sont tout simplement égarés. Les
anciens des nyss aimeraient qu’une enquête soit menée,
mais les investigateurs devront rester prudents pour ne
pas s’embrouiller avec les infâmes bratya qui dirigent les
bidonvilles du quartier.
LES ROYAUMES D’ACIER
29

Accroche scénaristique
Une vieille femme d’un village isolé de Sylveloup, au
nord d’Ohk, est venue demander aux paladins de l’Ordre
khadoréen du Mur qu’ils viennent protéger son village
contre de soi-disant esprits maléfiques qui émergent des
bois à la nuit tombée. L’ordre est prêt à envoyer un paladin
pour enquêter, mais ce dernier pourrait avoir besoin
d’une escorte.
PORT VLADOVAR
Port Vladovar est la ville portuaire la plus australe de l’Empire.
Elle comporte d’énormes batteries d’artillerie faisant face au
large, ainsi qu’une grande partie de la puissance navale du
Khador — ce qui en fait aussi l’un des ports les plus cruciaux du
pays. L’entrée du port est marquée par les vestiges recouverts de
barnaches d’un ancien Colosse remontant à la Rébellion, debout
et à moitié submergé à quelques centaines de mètres des docks.
Avant même la paix relative qui suivit la Collecte, Port Vladovar
commerçait énormément avec l’Ord, et les transactions avec la
célèbre ville de Cinq-Doigts étaient fréquentes. Aujourd’hui,
cependant, tous les pirates qui veulent mouiller dans le port
khadoréen doivent faire preuve de prudence s’ils ne veulent pas
s’attirer la colère de la marine khadoréenne, ou des bratya locaux
qui contrôlent une grande partie du commerce illicite en ville.
À l’est de Port Vladovar se trouve Boisombre, un endroit
connu pour la présence de druides sombres-toges du Cercle
Orboros et de bêtes étranges qui viennent souvent harceler les
habitants en périphérie de la ville. Non loin au sud de cette forêt
se trouve une énorme tombe de granit, construite à l’origine par
des ennemis tordoréens pour honorer Khazarak, le seigneur
des chevaux, qui fut enterré ici aux côtés de son célèbre cheval
noir. Khazarak était un géant ayant unifié des tribus en guerre et
chassé les trollkins des terres khardes : sa légende était telle que
même ses ennemis érigèrent une tombe en son honneur. Après
des siècles d’abandon, la tombe a été restaurée par des pèlerins
ménites et morrowéens œuvrant de concert, car les deux groupes
vénéraient le seigneur des chevaux pour sa bravoure et sa foi.
Accroche scénaristique
Lors des guerres pré-Collecte, la tombe du seigneur
Khazarak fut saccagée par des pillards cryxiens. Les
voleurs emportèrent avec eux plusieurs reliques
inestimables, y compris une torche en laiton que le
seigneur des chevaux portait avec lui lors de ses dernières
campagnes. Le grand prince Kulver Drohzsk et l’église
locale de Morrow offrent une récompense substantielle
à quiconque rapportera la torche, même si sa disparition
remonte à plus d’une décennie et qu’elle pourrait se
trouver n’importe où à présent.
SKIROV, LA CITÉ DES CHAÎNES
La ville de Skirov est une puissance croissante au nord-est du
Khador, (tristement) célèbre pour abriter la plus grande prison
de travaux forcés du pays : la Khardstadt skirov. Après la trahison
de la Reine de l’hiver, la province voisine de Gorzytska est passée
sous le commandement militaire de Skirov ; cependant, selon
certaines rumeurs, ce seraient les gangs de bratya qui contrôlent
la région au nom du grand prince Neplakh Vanar (aussi dit
LES ROYAUMES D’ACIER
30
« Prince d’acier ») qui règne à Porsk, au sud. Depuis la mort du
grand prince Igor Noveskyev trois ans auparavant, le volozk de
Noveskyev est paralysé par les querelles intestines entre les comtes
et les nombreux héritiers du prince. Certaines rumeurs affirment
même que le Prince d’acier compte revendiquer le territoire.
Située tout au nord de la grande ligne ferroviaire du Khador, la
cité des chaînes a récemment commencé à poser des rails vers l’est
afin d’atteindre les mines autour de Colinferne et les frontières
rhufolk au-delà. Ce chantier et les mines qui s’étendent déjà
jusqu’aux contreforts des falaises du Tonnerre, près de Skirov,
ont transformé cette ville froide et peu accueillante en un havre
pour tous les ouvriers d’ailleurs, comme les robustes trollkins
et un grand conclave rhufolk.
Accroche scénaristique
Le chemin de fer qui relie Skirov à Colinferne fut construit
par la main-d’œuvre carcérale de la Khardstadt. L’un des
ouvriers, Ivan le Gris, est parvenu à s’échapper. Ivan est
un meurtrier notoire qui avait pourtant été un prisonnier
modèle avant sa fuite. Il a disparu dans le bois Malgur,
au nord. Les gardiens locaux manquent de mains pour
le retrouver, mais sont prêts à offrir une récompense
à quiconque le ramènera, mort ou vif. Seul problème$:
ces derniers mois, les rumeurs de sombres-toges qui
arpenteraient la forêt n’ont fait qu’augmenter.
UMBRIE
Avant la Collecte, Umbrie n’était qu’un seul volozk formé de
deux volozkya plus petits et d’une partie non négligeable de ce
qui formait autrefois l’ouest du Llael. Cette composition fragile
tenait bon notamment, grâce à l’héritage umbréen de la plupart
des citoyens et la puissance du consort royal, le grand prince
Vladimir Tzepesci. Lorsque Tzepesci tomba au combat contre
les infernaux à Fort Henge, l’enfant qu’il avait engendré avec
l’impératrice et qui aurait dû hériter de l’empire était alors trop
jeune pour commander : c’est ainsi que de nouvelles tensions
naquirent dans la région au terme de la guerre, notamment
lorsque de nouvelles lignes politiques furent tracées dans le
cadre des traités signés avec le Cygnar et le Llael.
Depuis, l’ancienne ville llaelaise de Laedry est devenue le
nouveau centre politique du volozk. Le château et le domaine
du grand prince défunt sont restés vides jusqu’à aujourd’hui.
Pour l’instant, Karlof Omirov, un adjudant de confiance de
Tzepesci, gère les affaires du volozk en attendant l’arrivée d’un
remplaçant approprié.
Situé au plus profond des collines de Kovosk, le château
ancestral des Tzepesci était déjà en ruine à l’époque de Vladimir.
Véritable labyrinthe de bâtiments brisés et de rues fissurées,
surplombée par l’imposant château lui-même, l’ancienne capitale
territoriale est désormais abandonnée, à la merci des nuées de
bogrins, de dreggs, et d’autres créatures. Certaines rumeurs
racontent que le donjon délabré, les égouts asséchés depuis
longtemps, et les catacombes abritent encore des trésors de
l’ancienne lignée des Tzepesci. Rares sont ceux ayant osé s’y
aventurer pour dénicher ces richesses…
 Accroche scénaristique
Aleksa Zavor, petite noble umbréenne issue d’une famille
ayant pour parent éloigné le grand prince défunt, tente de
rafler de l’influence politique et d’améliorer ses chances
de succès grâce à ses liens familiaux. Selon elle, les cryptes
sous le vieux château contiennent une dague et une
chevalière qui apporteraient un poids symbolique à ses
revendications$: quiconque ira les récupérer en son nom se
verra généreusement récompensé.
Loin au sud, le long des marches de Harle-sang, se trouve
l’énorme forteresse khadoréenne de Corbelgard. Elle qui
servait autrefois de point central sur la ligne de front
khadoréen, lors des guerres de Boidépine et de l’incursion
au nord du Cygnar, elle demeura en grande partie vide dans
les années paisibles qui suivirent la bataille de Fort Henge :
seule une équipe réduite de la Garde des Glaces veillait au
grain. Cependant, ces derniers mois, des renforts sous forme
de troupes et de scaraks d’assaut commencent à affluer depuis
Korsk. Les soldats cygnaréens de la tour de Boiprofond, toute
proche, surveillent désormais Corbelgard avec inquiétude.
ULD VROGGEN
Sur les rives du Grand lac de Zerutsk, à courte distance en train
de la capitale, une plaie marque le volozk de Khadorstred : une
ruine noircie qui était autrefois la capitale de l’empire orgoth. Au
moment d’abandonner ces terres, les Orgoths les ont ravagées
lors du Fléau. À ce jour, le site demeure dangereux. On dit que
la terre fut souillée par les ignominies commises ici sous le règne
orgoth, et que rien de sain ne pousse au milieu des pierres noires
sculptées, véritables statues au faciès ricanant des Orgoths.
La principale ligne ferroviaire de Korsk rejoint la ville de
pêche voisine de la Nouvelle Vroggen, dont les conserveries
emplissent l’air de la puanteur du poisson mort. Si puissante
soit l’odeur, ses habitants la préfèrent encore aux échos de la
sombre jumelle de leur ville, plus au nord.
LE LLAEL
Ce royaume fier à l’histoire complexe a peut-être souffert
davantage que n’importe quelle autre nation des Royaumes d’Acier
ces dernières années. Avant même l’invasion et l’occupation
khadoréennes, le royaume a connu la mort soudaine et inattendue
de son monarque. Lorsqu’il périt en 595 A. R., le roi Rynnard
laissa une ligne de succession pour le moins obscure. Le conseil
des Nobles, quant à lui, s’effondra en raison de querelles intestines
et, peu après, de meurtres de sang-froid. En quelques mois à
peine, pratiquement tous les prétendants légitimes au trône
furent assassinés. Même ceux que la couronne n’intéressait
pas furent ciblés, et beaucoup succombèrent au poison ou aux
lames des assassins.
Sans véritable solution au conflit, l’archiduc et ministre du
Trésor Public, Deyar Glabryn, endossa le rôle de Premier
ministre, affirmant qu’il assurerait la régence jusqu’à ce qu’un
successeur approprié soit désigné. Pour nombre de Llaelais,
le nom de Glabryn allait bientôt devenir l’un des pires de leur
histoire. Tout en remplissant ses coffres et en augmentant son
influence, sans jamais montrer un seul signe de vouloir abdiquer
en faveur d’un monarque, légitime ou non, Glabryn collaborait
en secret avec des agents khadoréens pour saper les défenses du
Llael en préparation de l’invasion à venir.
Au cours de l’hiver 604 A. R., le Khador attaqua le Llael en
force. La guerre qui s’ensuivit fut la plus brutale de mémoire de
Llaelais, car les Khardoréens n’hésitèrent pas à massacrer des
civils sans défense simplement pour servir d’exemple. Après
des mois de conflits sanglants et de sièges prolongés, le Premier
ministre Glabryn annonça la reddition du Llael en 605 A. R.
Accroche scénaristique
Surestimant son importance pour la cause khadoréenne,
le Premier ministre Glabryn a été soit tué par ses
supérieurs khadoréens, soit contraint de fuir dans
la nuit. Certains membres de l’ancienne Résistance
llaelaise pensent qu’il a survécu$: la Couronne du Llael a
mis la tête du traître à prix, mais d’aucuns doubleraient
probablement la récompense pour avoir le plaisir de le
tuer de leurs mains.
Le Khador annexa toute la partie occidentale du Llael, mais
des portions au sud et à l’est ne virent pas la moindre trace d’un
soldat khadoréen. Bientôt, des poches de résistance apparurent,
même au sein des villes les plus occupées. Ainsi, au terme de l’an
606 A. R, le hiérarque Severius mena les armées de la Croisade
boréale du Protectorat jusqu’au Llael et proposa une alliance à la
Résistance. Severius déclara qu’ensemble, ils pourraient bouter
les khadoréens hors du royaume.
En 607 A. R., les forces combinées du Protectorat et de la
Résistance reprirent la ville de Leryn sans tirer un seul coup
de feu, Severius ayant sapé les défenses depuis l’intérieur en
faisant appel à plusieurs ménites de l’Ancienne Foi parmi les
Seigneurs gris.
Cependant, le succès de la Résistance fut de courte durée,
puisque Severius fit de Leryn la capitale de la Croisade boréale
et ordonna l’incinération du gouverneur khadoréen sur la place
LES ROYAUMES D’ACIER
31
 publique. Malgré les promesses du hiérarque, la Résistance
llaelaise venait d’échanger une force d’occupation contre une autre.
Ironie du sort, les événements de la Collecte permirent au
Llael de retrouver sa liberté. Les guerres faisant rage à travers
le continent, les forces d’occupation se retrouvèrent éparpillées.
Severius mobilisa une grande partie de la Croisade boréale au
sud pour défendre la tour du Jugement contre les skornes,
bataille qui signa sa perte. Quand les infernaux lancèrent leurs
attaques en masse, ni le Khador ni le Protectorat ne purent
continuer à s’opposer à la Résistance, si bien que les deux nations
commencèrent à retirer leurs troupes pour protéger leurs intérêts
propres. Les résistants reprirent la majorité du Llael petit à petit,
mais le pays était changé à jamais et les cicatrices de la guerre
mettraient des années, voire des générations à s’estomper.
GOUVERNEMENT
Peu avant la Collecte, une nouvelle prétendante au trône llaelais
fit son apparition. Enfant, la princesse Kaetlyn di la Martyn
avait quitté clandestinement le pays et s’était cachée pendant des
années, d’abord en Ord, puis au Cygnar. En 614 A. R., désormais
majeure et ayant obtenu le soutien de figures clefs du Cygnar
et de la Résistance llaelaise, elle revint au pays pour occuper le
trône d’un nouveau Llael libre.
L’un des premiers actes de la reine Kaetlyn après la Collecte fut
de cimenter l’alliance de sa jeune nation avec l’Ord en épousant
le petit-fils du roi Baird, Alvor Cathor. Malheureusement,
Kaetlyn s’avéra être une reine faible, et son mariage se fit par
opportunisme politique plutôt que par amour. Le plus souvent,
Alvor demeure en Ord, où l’on dit qu’il entretient une liaison
avec une représentante d’une famille rivale, les Mateu.
SOCIÉTÉ
Les Llaelais forment un peuple fier de sa culture — un peuple
qui a vu cette culture détruite. Tandis que le reste du continent
se remettait de la Collecte, le Llael chancelait encore, occupé
par des ennemis inflexibles et soumis à des actes d’une cruauté
telle qu’il n’en avait pas connu depuis les Orgoths. Le Llael
libre n’a jamais été entièrement éradiqué, mais sa culture n’a
pas entièrement survécu non plus. Le gros de l’aristocratie est
soit décédé, soit si bien caché qu’on ne l’a pas encore retrouvé.
Comme partout ailleurs, d’innombrables citoyens ont également
perdu la vie lors de la Collecte.
Au lendemain de ces événements, le Llael a bénéficié d’un
afflux de population, ainsi que d’une amélioration des relations
commerciales avec des partenaires improbables, tels les kriels
trollkins ayant élu domicile dans la forêt voisine de Boiluisant.
La relation forte entre le Llael et l’Ord signifie que les citoyens
ordiques vont et viennent fréquemment dans le royaume ;
certains s’y installent même définitivement. La nation entretient
également des liens commerciaux forts avec le Cygnar et le Rhul.
Un aspect clef de la société llaelaise, demeuré intact malgré
les guerres et les occupations, est le Duello, un ensemble de
codes visant à réguler les duels. Bien que le duel soit pratiqué
ailleurs également, le Llael l’a élevé au rang d’art. Aujourd’hui,
les règles strictes du Duello subsistent malgré la disparition de
nombreux aristocrates. Cela étant, peu de Llaelais éprouvent
le désir de se battre à mort étant donné toute la cruauté qu’ils
ont vécue récemment.
LES ROYAUMES D’ACIER
32
La Garde royale
Organisation exclusivement llaelaise, la Garde royale fut créée
en 274 A. R. après une série d’assassinats royaux. Contrairement
aux branches traditionnelles de l’armée, la Garde royale était
formée de protecteurs personnels sélectionnés par chaque
monarque parmi les meilleures recrues de toute une variété
de disciplines.
Les mages-balisticiens de la Rose d’améthyste figuraient parmi
les premiers membres de la Garde royale à sa création, et sont
devenus des membres récurrents au cours des siècles suivants.
Le Premier ministre Glabryn a dissous la Garde royale après
la mort du roi Rynnard, mais la plupart des anciens membres
sont restés fidèles au trône vacant et ont fini par rejoindre la
Résistance llaelaise.
Traditionnellement, le Llael a toujours été gouverné par
un monarque. Pourtant, l’aristocratie a longtemps détenu
un pouvoir important et, pour les Llaelais, classe sociale et
condition de naissance ont toujours joué un rôle prédominant
dans la vie et la position sociale des citoyens. Entre les luttes
intestines sanglantes qui précédèrent l’invasion khadoréenne,
les exécutions brutales de la noblesse menées par les Khardes,
et les lourdes pertes subies lors de la Collecte — tout ceci a
créé un vide dans le paysage de la noblesse ancienne, laissant
trop peu de familles pour reprendre possession de leurs terres
ancestrales. La reine Kaetlyn a fait son possible pour restaurer le
conseil des Nobles, allant souvent jusqu’à anoblir des membres
importants de la Résistance llaelaise. Parmi ceux-ci, la plus
éminente est sans doute la mékastratège Ashlynn d’Elyse,
bras droit de la reine. Nombreux sont-ils à dire qu’Elyse est la
véritable sauveuse du Llael — et sa dirigeante officieuse.
.
Le Llael est le berceau traditionnel de l’ordre du Creuset d’or.
Récemment, cette organisation importante est revenue au pays,
bien que son siège demeure en Ord, à Midfast, où elle a déménagé
pendant l’occupation khadoréenne. Le Creuset d’or a rouvert ses
bureaux à Leryn et a été accueilli chaleureusement par la reine
Kaetlyn, malgré des réserves à l’égard de sa puissance et de son
influence croissantes. Il en est parmi l’ordre qui pensent que la
reine favorise le chapitre llaelais, où l’influence de la Garde du
Creuset est bien moindre qu’au siège de l’organisation.
Tandis que les autres nations se reconstruisent, le Llael a
l’occasion de se redéfinir. Reste à savoir s’il saura la saisir.
GÉOGRAPHIE
Situé au pied des montagnes naines du Rhul, le Llael partage
également ses frontières avec le Khador, le Cygnar, et les
mystérieuses forêts de Ios, ce qui en fait le pays le plus central
des Royaumes d’Acier. Ceci a permis au Llael de prospérer,
enrichissant ses marchands et ses aristocrates des fruits du
commerce, mais l’a également placé dans la ligne de mire de ses
voisins plus grands, comme le Khador.
Aujourd’hui, le Llael profite d’un commerce fluide grâce à
l’ouverture de ses frontières, même si les Iosiens à l’est se sont
à nouveau refermés sur eux-mêmes. Pas même les Chercheurs
occasionnels ne s’aventurent hors de la forêt. Tandis que de
sombres rumeurs s’accumulent à l’orée des sous-bois, ce qui
n’était autrefois qu’une frontière quasi déserte est maintenant
sous surveillance scrupuleuse des forces du Llael.
 Bien que bordée de vastes montagnes et de forêts vierges, la
nation en elle-même en contient très peu. Elle est principalement
constituée de riches plaines fertiles, avec çà et là quelques bassins
de calcaire, des collines ondulantes, et de petits bosquets d’arbres
à feuillage caduc. Dans le sud, près de la capitale de Merywyn,
les frontières du pays traversent la sinistre forêt de Boiluisant,
une zone depuis longtemps considérée comme maudite par la
population locale. Tirant son nom des plaques d’algues et de
mousses qui poussent sur les troncs et qui luisent d’une lueur
bleue fantomatique au crépuscule, ce bois abrite plusieurs kriels
trollkins qui commercent parfois avec les Llaelais, mais réservent
un accueil glacial aux étrangers.
MERYWYN
Merywyn, plus grande et plus grandiose cité llaelaise, avait
grandement souffert du long siège ayant précédé sa capture par
les forces khadoréennes, mais elle avait aussi retrouvé beaucoup
de sa splendeur passée avant que les Khadoréens ne la cèdent à la
Résistance au terme du conflit. Par conséquent, la reine llaelaise
hérite d’une ville qui, malgré l’occupation, a grandement bénéficié
de l’impitoyable efficacité militaire khadoréenne.
Conçus pour exalter la richesse et cacher la pauvreté, les
promenades de Merywyn, ses rives, ses jardins, ses bibliothèques,
ses salles de musique et ses galeries d’art offrent une occasion
inespérée pour les membres les plus riches des classes marchande
et militaire au lendemain de la Collecte. L’ancienne aristocratie
de la ville ayant été décimée, de nombreux biens immobiliers
de premier choix sont désormais disponibles — à condition de
pouvoir se les payer.
Merywyn a retrouvé sa place au rang de capitale du nouveau
Llael libre. La reine Kaetlyn règne depuis le palais royal tandis
que le conseil des Nobles dépeuplé, ayant retrouvé un peu plus de
la moitié de ses effectifs, se réunit dans la Chambre immaculée.
Autrefois bruyantes, les salles de la Chambre sont maintenant
plutôt silencieuses. Pour autant, tous les quartiers de la ville
ne sont pas tout à fait rétablis. Certains montrent encore des
La guerre du ciel
Lors du combat pour la libération du Llael, les cieux de Merywyn
sont devenus un nouveau front militaire lorsque les vaisseaux
volants khadoréens et cygnaréens se sont affrontés au cours
du siège brutal de la ville. Le HMS Perce-ciel cygnaréen et les
vaisseaux de classe Brisetempête khadoréens, dotés chacun
d’un moyen de propulsion différent, ont prouvé l’efficacité
militaire des vaisseaux de guerre volants. De plus, malgré le coût
en ressources pour fabriquer ces appareils et la technologie
relativement inédite leur permettant de voler, tous les Royaumes
d’Acier ont maintenant tourné leur attention vers le ciel dans
leur quête de suprématie militaire$: ceux qui ne disposent
pas encore de leur propre flotte font tout leur possible pour
envoyer leurs troupes dans les airs.
signes d’architecture khadoréenne hideuse (selon les standards
llaelais). Enfin, si le Llael a rouvert son commerce avec tous
les Royaumes d’Acier, les vieilles rancunes couvent toujours : à
Merywyn, tout visiteur à l’accent kharde risque de se heurter à
un accueil aussi glacial que sa patrie.
Accroche scénaristique
Augustus Delwynn, membre de l’ordre des magiciens
installé à Merywyn, pense que de précieux documents
ont survécu à la Nuit des loups hurlants, et qu’ils sont
peut-être encore cachés dans les coffres de l’ancienne
loge. Les cartes en sa possession désignent l’emplacement
des coffres, mais il a besoin d’individus robustes pour
aller récupérer les documents. Delwynn dit ne pas vouloir
y aller lui-même par crainte que la structure ne soit
fragilisée, mais d’après les rumeurs locales, c’est peut-être
qu’il croit aux histoires de fantômes sur cet endroit.
LES ROYAUMES D’ACIER
33
 La Nuit des loups hurlants
Par le passé, Merywyn abritait l’une des plus grandes loges de
l’ordre Fraternel des magiciens, qui accueillait quelques-uns
des arcanistes les plus accomplis du Llael. La nuit précédant le
siège khadoréen, des Seigneurs gris ont infiltré la loge et tué
tous les membres présents à l’intérieur. Cet événement fut
connu sous le nom de «$Nuit des loups hurlants$», car personne
à l’extérieur de la loge ne perçut ne serait-ce qu’un murmure
du conflit mortel qui se déroulait entre ses murs$: tout ce qu’on
entendit cette nuit-là fut le hurlement distant des loups, au-delà
des murs de la ville…
La bataille a dévasté l’intérieur de la loge$: les sols ont été réduits
en cendres, les murs incinérés ou gelés… Bien que l’ordre des
magiciens soit revenu en ville depuis, la loge originale n’a jamais
été restaurée. Les cicatrices de cette nuit funeste en marquent
encore l’intérieur, et les habitants du quartier insistent sur le fait
que l’endroit est hanté.
CROIX-DES-FLEUVES
Quand les khadoréens ont franchi les frontières du Llael, ils ont
rencontré une forte résistance. Pour s’éviter un siège long et
coûteux à des endroits comme Leryn, le Khador déploya l’une
de ses armes les plus terrifiantes sur la petite et prospère cité de
Croix-des-fleuves : des maraudeurs funestes enragés maniant
des lames maudites orgoths. Enchaînés à leurs terribles armes,
ces épéistes frénétiques ne montrèrent ni pitié ni discernement,
massacrant tous ceux qu’ils croisaient, y compris les enfants, les
malades, et les personnes âgées. La ville de Croix-des-fleuves fut
rasée presque du jour au lendemain, tous ses bâtiments bombardés
ou réduits en cendres. Le massacre eut l’effet escompté, du moins
à court terme : il força la reddition de Leryn sans que les forces
khadoréennes aient tiré un seul coup de feu. Mais une telle
atrocité a également donné naissance à la Résistance et la plupart
des Llaelais n’ont toujours pas pardonné ce crime au Khador.
Bien que les Khadoréens aient tenté de reconstruire Croix-des-
fleuves pendant l’occupation du Llael, ils disposaient d’un budget
insuffisant et le travail n’était pas terminé au moment de leur
repli. Pendant la libération du Llael par le Cygnar, l’utilisation
par l’armée cygnaréenne du souffle du diable (une puissante arme
alchimique) contre les forces khadoréennes à Croix-des-fleuves
a également contribué à l’évacuation rapide de la ville, laissant
intactes de nombreuses structures nouvellement construites.
Aujourd’hui, les ruines de Croix-des-fleuves forment un
mélange effrayant de pierres noircies par les bombardements
khadoréens et de nouvelles constructions à moitié terminées.
Cela inclut la forteresse sur la colline voisine, bâtie dans le style
khadoréen, considérée par beaucoup comme une verrue dans le
paysage ainsi qu’un rappel des crimes des envahisseurs khadoréens.
Accroche scénaristique
Beaucoup s’imaginent que la forteresse au sommet de
la colline près des ruines de Croix-des-fleuves devait
servir de garnison à plusieurs membres éminents de
l’alliance des Seigneurs gris, qui y avait déjà installé ses
bureaux régionaux avant son achèvement. Peut-être que
la fortification abandonnée abrite encore des artefacts
notables, voire des plans d’armes de guerre khadoréennes
abandonnés au cours de la retraite. De telles découvertes
donneraient un avantage non négligeable à la Couronne
nouvellement rétablie, mais leur récupération pourrait
s’avérer difficile si quelque menace était venue s’installer
après le départ des khadoréens.
LES ROYAUMES D’ACIER
34
LERYN
Située sur les rives du fleuve Noir, Leryn est non seulement la
ville llaelaise la plus proche du royaume nain de Rhul, mais aussi
une plaque tournante du commerce. Servant autrefois de quartier
général à l’ordre du Creuset d’or, la cité lourdement fortifiée est
d’abord tombée aux mains des envahisseurs khadoréens, puis à
celles de la Croisade boréale du Protectorat, sans qu’aucun des
deux camps n’ait eu à tirer un seul coup de feu. Les Khadoréens,
anticipant un siège long et coûteux, rasèrent la ville voisine
de Croix-des-fleuves et massacrèrent tous les habitants pour
montrer aux défenseurs de Leryn que tout acte de résistance
serait puni par l’anéantissement total. Cette démonstration de
force suffit à convaincre les principaux membres de l’ordre du
Creuset d’or d’ouvrir les portes de la ville aux Khadoréens afin
d’éviter un bain de sang. Lorsque le grand scrutateur Severius
mena la Croisade boréale à Leryn l’année suivante, en 606 A.
R., les portes s’ouvrirent à nouveau lorsque le potentat demanda
aux ménites de l’Ancienne Foi sur place de se soumettre à la
volonté du Législateur. Les séquelles des deux occupations sont
encore fraîches, notamment celles provoquées par la Croisade
boréale, qui a laissé derrière elle de nombreux temples et de
grands édifices dédiés au Créateur.
Leryn ayant été le siège de l’ancien royaume de Rynyr, elle
conserve encore une grande partie de son caractère historique,
même si de nouvelles constructions de style khadoréen et ménite
se sont superposées aux bâtiments originaux ces dernières années.
Leryn est protégée par une série de remparts concentriques qui
permettent de fermer la ville en secteurs en cas de siège : en son
cœur, la vieille ville sert de siège au gouvernement et demeure
protégée depuis des centaines d’années par sa muraille originelle.
En plus des centres de gouvernement régional, la vieille ville
abrite la forteresse de Fer-de-Tonnerre, berceau de l’ordre du
Creuset d’or et lieu de naissance de l’arme à feu moderne. Pendant
l’occupation par la Croisade boréale, ce complexe est devenu le
centre du gouvernement ménite.
Lors de la période de paix qui suivit la Collecte, l’ordre du
Creuset d’or a réinvesti les salles de la forteresse de Fer-de-
Tonnerre, bien que certaines parties du complexe ne soient plus
occupées par les membres de l’organisation. À la place, diverses
ailes abritent désormais une loge de l’ordre des magiciens, ainsi
que des armureries, et des laboratoires d’arcanistes qui œuvrent
à la reconstruction de l’armée llaelaise. Selon certaines rumeurs,
un temple cyrissite serait même caché quelque part dans les
murs de la forteresse.
RHYDDEN
Située à l’orée des vastes forêts de Ios, Rhydden était autrefois
réputée pour ses vues à couper le souffle et ses vins très prisés.
Elle servait de pied-à-terre pour la noblesse des Royaumes
d’Acier, si bien que les aristocrates cygnaréens, ordiques, et
même khadoréens y possédaient souvent une résidence estivale
au même titre que les nobles llaelais.
Toutefois, pendant l’occupation khadoréenne, Rhydden gagna
un sursaut d’influence en devenant la dernière grande ville libre
du royaume. Sous le contrôle du duc Gregore Delryv, l’un des
seuls membres du conseil des Nobles ayant survécu aux guerres en
gardant ses terres et son titre intacts, la ville autrefois touristique
est devenue le bastion de la Résistance et le foyer de milliers de
réfugiés venus de l’ouest du Llael.
 Bien que les vestiges des fortifications de l’époque demeurent
le long des remparts, Rhydden se retrouve à nouveau loin du
front de la plupart des conflits potentiels, malgré l’inquiétude du
nouvel archiduc Delryv à l’égard des bois de Ios. La ville abrite
également un monument érigé à la mémoire des combattants
morts au nom d’un Llael indépendant : un mur de pierre blanche
sur lequel sont gravés des milliers de noms.
RYNYR
La plupart des villes du Llael sont aussi belles qu’accueillantes. La
vie n’y est pas toujours plaisante, mais elle est toujours pittoresque,
même pour les populations pauvres. Malgré les cicatrices laissées
par les différents occupants, ces endroits idylliques ont commencé
à se rétablir au lendemain de la Collecte. Cependant, dans la ville
minière de Rynyr, la vie n’a jamais été ni pittoresque ni agréable,
malgré l’importance de cette cité pour le royaume.
Fondée sur des falaises qui surplombent une cheminée
volcanique, Rynyr a pour but premier l’extraction de la précieuse
poudre rouge, un élément clef des composés alchimiques les
plus courants en Immoren occidentale. Malheureusement, cela
signifie également que la poudre recouvre toute la ville d’une
couche de nuages remplis de cendres volcaniques. Malgré la
chaleur qui émane du sol, le Tout-Rynyr porte des habits en cuirs
imbibés d’eau pour éviter que la poudre n’entre en contact avec
la peau, provoquant des irritations, voire des brûlures. De même,
personne ne s’aventure à l’extérieur sans respirateur, ou au moins
un tissu humide sur le visage. Comme si cela ne suffisait pas, la
ville ne fut pas épargnée par les récents conflits qui ont ébranlé
la région. Lors d’une bataille entre les forces khadoréennes et
cygnaréennes, les contrôles des cheminées volcaniques furent
sabotés : par conséquent, les niveaux inférieurs de la ville se sont
retrouvés inondés de magma et sont désormais perdus à jamais.
La vie est rude et brutale à Rynyr. L’atmosphère de désespoir
général a conduit d’innombrables individus peu recommandables
à se rassembler partout en ville. Ces marginaux sordides incluent
quelques membres des bratya khadoréens, ainsi que des trollkins
et des ogruns prêts à braver le danger de la cité. La reine Kaetlyn
a tenté de réformer Rynyr et d’améliorer la vie des habitants,
mais que peut faire l’humanité contre les désagréments naturels
qui assaillent la région ? Quant à la poudre rouge, elle est bien
trop précieuse pour en arrêter l’extraction.
Accroche scénaristique
Récemment, un saboteur anonyme a fait s’effondrer un
puits important de la mine. Les rumeurs accusent des
saboteurs khadoréens, des trolls des scories, voire des
cultes infernaux cachés. Les débris bouchant l’entrée
du puits d’origine rendent toute inspection impossible,
une équipe a donc été envoyée par un petit puits annexe
fraîchement creusé pour enquêter. Or, l’équipe n’est
jamais revenue. Maintenant, les patrons des mines veulent
engager des mercenaires pour s’aventurer dans les
profondeurs, découvrir ce qui est arrivé à leurs hommes,
et déterminer si le puits peut être rouvert.
TOUR DE GRIS-VENT
Ancien avant-poste conçu pour garder la frontière occidentale
du Llael le long des étendues iosiennes, la tour de Gris-vent,
aujourd’hui croulante, servit de forteresse majeure à la Résistance
llaelaise pendant l’occupation khadoréenne. Elle et Rhydden
étant les seules fortifications principales du Llael à cette époque,
la tour servit de point de rassemblement vital pour les forces du
pays — un endroit où se regrouper, se réapprovisionner, faire
le plein, et réparer les scaraks d’assaut.
Pendant cette période, la tour de Gris-vent servit également de
quartier général par défaut aux mages-balisticiens de l’Épine, les
restes de l’ordre loyal de la Rose d’améthyste. Cette organisation,
la plus ancienne d’Immoren, n’était à l’origine qu’un groupe
clandestin au service des rois llaelais. Ils entreprenaient souvent
des missions secrètes dans d’autres nations et figuraient parmi
les membres de la Garde royale lors de sa création en 274 A. R.
À la mort du roi Rynnard en 595 A. R., les membres de la
Rose d’améthyste refusèrent de renier leur serment envers la
Couronne, même après que le Premier ministre Glabryn eut
dissous la Haute garde. Auparavant, l’adhésion à l’organisation
se faisait dans le secret, mais, après la mort du roi, les membres
de la Rose adoptèrent le noir caractéristique des tenues de
deuil en hommage à la disparition de la lignée royale. Pendant
l’occupation khadoréenne, les derniers membres de cet ordre
devinrent certains des plus grands héros de la Résistance et
furent responsables non seulement de l’exécution de nombreux
dirigeants khadoréens, mais aussi de missions dangereuses qui
contribuèrent à renverser le cours de batailles majeures. Ces
patriotes fatalistes en haillons ont depuis élu domicile dans la
tour de Gris-vent, s’installant dans une chapelle désaffectée.
Bien que la lignée royale ait été restaurée, les mages-balisticiens
de l’Épine conservent leur tenue de deuil en hommage aux
nombreuses vies llaelaises perdues pendant l’occupation
khadoréenne et la Collecte qui suivit. Plusieurs dirigeants de
l’ordre furent anoblis par la nouvelle reine, y compris Fynch
di Lamsyn, le chef de l’ordre et l’un des rares survivants de
l’ancienne Garde royale.
La tour de Gris-vent sert à la fois de forteresse frontalière
pour protéger la nation contre les menaces provenant des bois
iosiens, sinistres et silencieux, et de terrain d’entrainement pour
les mages-balisticiens du pays.
Accroche scénaristique
Au terme de leur formation, les aspirants mages-
balisticiens de la forteresse sont chargés d’exécuter une
manœuvre secrète en sol étranger. Le Llael étant en paix
avec la plupart des nations environnantes, un des aspirants
a pris l’initiative de lancer une mission de reconnaissance
dans le royaume forestier de Ios afin de découvrir ce qu’il
est advenu de la nation elfique ces dernières années. Ses
formateurs n’ont pas approuvé la mission et, depuis, ont
perdu tout contact avec lui. Soucieux d’éviter un incident
diplomatique, ils veulent envoyer des personnes sans
affiliation retrouver le jeune homme.
LES ROYAUMES D’ACIER
35
 L’ORD ce beau monde occupe des rôles sensiblement similaires au
gouvernement, les castelains jouissent de nombreux privilèges
Célèbre pour sa neutralité en temps de guerre, le royaume dont les thanes et les gravelains sont dépourvus, notamment le
d’Ord a pourtant largement contribué à l’effort de guerre des pouvoir de définir les lois du pays.
nations voisines sous la forme d’innombrables compagnies de Au fil des ans, la Couronne et les castelains ont souvent été en
mercenaires issues de cette région embrumée. L’Ord est dirigé conflit, notamment concernant les lourdes taxes que le Roi des
par le roi Baird Cathor II, individu rusé et original qui préfère bandits impose à la noblesse. Parmi les centaines de familles de
les ports mal famés comme celui de Cinq-Doigts plutôt que la castelains, les Mateu ont le plus souvent prouvé leur adversité
cour. Au lendemain de la Collecte, la neutralité de la nation l’a face aux Cathor à la cour. Izabella Mateu, la matriarche, dirige
placée dans une position avantageuse et le roi Baird a su tirer un empire marchand rivalisant avec la ligue Mercarienne du
son épingle du jeu. Cygnar en termes d’influence et de puissance économique —
Ayant peu de ressources naturelles à offrir à part la tourbe qui ressources qu’elle n’hésite pas à déployer pour entraver les plans
sert de combustible aux locaux, l’Ord a appris à faire bon usage du roi Baird si cela peut l’avantager.
de ses quelques atouts, parmi lesquels un accès important aux
SOCIÉTÉ
eaux du Mérédius et plusieurs ports commerciaux majeurs situés
Originaire d’une terre de bruyères et de landes, lugubre et nimbée
entre les nations rivales du Cygnar et du Khador. La navigation
de brumes, le peuple ordique marque un contraste frappant avec
est un mode de vie en Ord, dont la puissance navale est peut-être
son foyer. Qu’ils soient d’origine thurienne ou tordoréenne, les
la plus impressionnante de tous les Royaumes d’Acier.
Ordiques semblent croquer la vie à pleines dents et en saisir tous
Sous le règne peu orthodoxe du roi Baird (parfois surnommé
les petits bonheurs. Est-ce parce que leur existence même est si
« Roi des bandits » en raison des lourds impôts qu’il inflige aux
peu encline à leur offrir ces plaisirs ? Bien qu’ils soient capables
nobles les plus riches du pays), l’Ord est également devenu une
de manier l’art de la subtilité et des apparences (qu’ils maîtrisent
puissance commerciale. Le royaume tire parti de sa neutralité
parfaitement en cas de nécessité et qui fait d’eux d’excellents
en acheminant des marchandises de guerre des deux côtés du
espions, capables d’évoluer dans un chaos d’intrigues politiques),
front. Cette volonté de jouer sur les deux tableaux, ainsi que ses
les citoyens d’Ord affichent leurs émotions par nature, quelles
lois relativement laxistes, ont fait d’Ord un lieu de prédilection
qu’elles soient. Dans la douleur, ils montrent de l’abattement ;
pour les sociétés de mercenaires qui veulent se faire un nom.
dans la joie, ils sont exubérants ; et dans la colère, ils laissent
Peu après l’invasion khadoréenne au Llael, l’Ord a obtenu un
parler leur fureur.
avantage inattendu lorsque le siège de l’ordre du Creuset d’or a
Bien que les Ordiques n’aient pas la fibre nationaliste de leurs
quitté le royaume assiégé pour s’installer dans la ville ordique de
voisins du nord, ils forment néanmoins un peuple fier dont
Midfast. Cette relocalisation a conduit à un afflux de nouveaux
l’héritage remonte aussi loin que celui des Khardes. Ils apprécient
échanges commerciaux avec la nation, ainsi que l’arrivée d’armes
le chant, la danse et, surtout, les histoires. Il est rare qu’un bon
alchimiques et de la précieuse poudre explosive, qui contribuèrent
conteur ne se voie pas offrir une place de choix auprès de l’âtre.
à repousser les envahisseurs infernaux des années plus tard.
Les familles ordiques sont souvent nombreuses, même lorsque
Autrefois ténues, les relations entre le Llael et l’Ord furent
la nourriture est rare. Les grandes réunions de famille et les fêtes
renforcées lorsque la reine Kaetlyn épousa le petit-fils du roi
sont courantes. De par la nature très soudée des familles ordiques,
Baird, Alvor, fils aîné du prince et donc troisième dans la ligne
les personnes ayant perdu des proches lors de la Collecte furent
de succession. Malgré leurs frontières respectives, les deux
durement touchées au lendemain de celle-ci. Dans tout le pays,
nations partagent un lien plus étroit que n’importe quels autres
des maisons vides parsèment les landes là où l’on se réunissait
Royaumes d’Acier — et le roi Baird, malin comme il est, compte
autrefois pour chanter et s’amuser.
bien en profiter.
GÉOGRAPHIE
GOUVERNEMENT L’Ord est un petit royaume marécageux composé de landes, de
L’Ord fut formé en rassemblant les royaumes des Mille cités de
lacs et de rivières, dominé par les forêts denses de l’Olgunbosque
Thuria et du Tordor : aujourd’hui encore, les différences entre
au sud et de hautes terres vallonnées au nord. Le pays sait tirer
ces deux anciennes puissances continuent d’influencer presque
profit de sa position centrale, de son long littoral, et de son accès
tous les aspects du quotidien. Depuis la conquête de la Thuria
majeur à la baie de Pierre grâce aux ports de Carre Dova et de
par le Tordor des siècles plus tôt, les Tordoréens possèdent un
Cinq-Doigts, la ville la plus célèbre du pays.
statut plus élevé que les Thuriens. Les nobles les plus influents
Malgré une terre difficile à dompter, l’agriculture est largement
d’Ord, appelés « castelains », descendent des Tordoréens.
pratiquée dans tout le royaume. À ce jour, de nombreuses familles
Le roi Baird a beau être le chef suprême d’Ord, il gouverne en
n’élèvent plus que le strict nécessaire à leur survie. Dans les
association avec la Chambre des castelains, le principal organe
étendues de prairies au nord d’Armandor, on élève du bétail et
législatif de la nation. Parmi les centaines de castelains qui forment
des chevaux depuis des siècles.
les plus hauts rangs de la noblesse ordique, les trois plus grands
Beaucoup d’Ordiques du littoral passent le plus clair de leur vie
sont les Seigneurs castelains qui gouvernent les trois provinces
sur les eaux turbulentes du Mérédius plutôt que sur la terre ferme,
politiques au nord d’Ord, aussi appelés gravs : Cosetio, Murio et
qu’ils gagnent leur vie en pêchant, en travaillant sur les navires
Almare. Les trois autres gravs sont dirigés par des « gravelains »
marchands ou corsaires, ou en rejoignant la marine ordique.
thuriens, qui représentent à leur tour les trois plus grands thanes,
ces nobles ordiques de descendance thurienne. Bien que tout

LES ROYAUMES D’ACIER

36
 Merin, la capitale, située au centre du pays, est reliée à toute
la nation par le transport ferroviaire et fluvial. Le royaume, lui,
est protégé par des délimitations géographiques naturelles. Au
nord, la frontière avec le Khador longe les collines de Murata
au sud des forêts de Gibetière et de Boisombre, deux forêts
à la réputation sinistre. Cette frontière est renforcée par un
chapelet de fortifications frontalières qui s’étendent de Murbalafre
à Portegroin.
La frontière méridionale avec le Cygnar serpente le long du
puissant fleuve Langue du dragon, qui forme à lui seul une route
commerciale pratique pour les marchands et les mercenaires
ordiques. Dans toute la région sud, depuis la rivière Molhado
jusqu’au littoral, l’Ord est recouvert par l’Olgunbosque, une vaste
forêt aux sentiers rares : l’endroit fournit au royaume une grande
partie de son bois de charpente, mais ses sombres profondeurs
n’ont jamais été exploitées ni même cartographiées.
BERCK
Parfois surnommée Port doré, Berck est la plus grande ville
d’Ord et sert de siège à la marine royale ordique. Des centaines
de navires mouillent au port à tout moment, tandis que des
milliers de marins s’affairent sur les quais, faisant de lui l’un des
ports les plus actifs de l’Immoren occidentale. L’histoire de la
ville remonte à la célèbre Armada tordoréenne et ses légendaires
navires Dirgenmast d’antan.
Aujourd’hui, Berck abrite les modèles de navires ordiques
dernier cri, dont le Sémillant à coque d’acier. Le front de mer
accueille certains des échanges commerciaux les plus diversifiés
de tout le continent. Certains navires viennent même du Zu
pour décharger leurs marchandises. Enfin, Berck est le siège de
l’Académie navale royale, ainsi que de l’École du trident, où l’on
forme les arcanistes navals et les mékastratèges d’Ord.
En raison de son emplacement au pied d’une longue étendue
de falaises où le fleuve Rohannor se jette dans le Mérédius, Berck
bénéficie d’une immunité naturelle contre les sièges, tandis que
la présence de la Marine royale la protège en grande partie des
attaques par la mer. Quant aux falaises, elles abritent les domaines
de nombreux castelains tordoréens. La population de Berck est
plus de trois fois supérieure à celle de la capitale, Merin.
Malgré les nombreux castelains qui y ont élu domicile, Berck
demeure la chasse gardée des Mateu, dont les propriétés couvrent
tout le territoire de l’Ord. Cependant, au cours des dernières
décennies, les nombreuses percées de la ligue Mercarienne du
Cygnar lui ont permis de prendre le contrôle des intérêts maritimes
de la ville et, ainsi, de s’emparer du pouvoir politique à Berck.
Berck est considérablement plus sûre et moins rongée par le
crime que Cinq-Doigts. Pourtant, des mercenaires armés, des
officiers de marine ou des gardes du Creuset escortent parfois
des notables ou des cargaisons de marchandises particulièrement
luxueuses à travers les rues pour les protéger des criminels ou
des intérêts commerciaux rivaux.
Accroche scénaristique
En Ord, un cortex expérimental provenant des bureaux
de l’ordre du Creuset d’or est sur le point d’être expédié
au sud, à Ceryl. Malheureusement, le navire qui doit le
transporter a du retard. En attendant, la garde du Creuset
ne peut pas surveiller le cortex sans attirer l’attention. Elle
a donc besoin d’une équipe de confiance, à la fois pour
protéger le cortex des espions et des saboteurs potentiels
jusqu’à l’arrivée du navire, mais aussi pour charger la
cargaison en toute sécurité.
LES ROYAUMES D’ACIER
37
 CINQ-DOIGTS, LE PORT PERFIDE
Éparpillée sur les îles et le littoral où le fleuve Langue du dragon
se jette dans la Baie de Pierre, Cinq-Doigts est sans doute la ville
la plus tristement célèbre des Royaumes d’Acier. Ce repaire de
pirates, de criminels et de mercenaires est le paradis des parieurs,
tout en abritant également un tas de transactions légales. À
Cinq-Doigts, on peut trouver tout et n’importe quoi dans les
ports, les boutiques, les maisons de commerce, les bordels et
les ruelles, pour peu qu’on ait de quoi payer — et qu’on puisse
garder son argent assez longtemps pour le dépenser.
Officiellement, Cinq-Doigts est dirigée par un seigneur-
gouverneur ; officieusement, ce sont les quatre grands capitaines
de la ville qui tirent les ficelles et qui surveillent la pègre
florissante. Aucune entreprise illégale n’a lieu à Cinq-Doigts
sans qu’un des grands capitaines ne reçoive sa part du gâteau.
Et ceux qui tentent d’y couper se retrouvent vite au fond de la
baie de Pierre.
Malgré sa réputation générale pour l’anarchie, la vie quotidienne
à Cinq-Doigts se déroule de façon étonnamment ordonnée — et
impitoyable. Les grands capitaines régulent le commerce des
marchandises, légales ou non. En vérité, tout le monde sait
que les grands capitaines eux-mêmes versent une part de leurs
revenus au roi Baird. Connu pour ses arrangements clandestins
et ses renseignements secrets qui l’aident à gouverner, le Roi
des bandits visite souvent la ville. Il tient ses réunions secrètes
au Galion croulant, une salle de jeu doublée d’une taverne.
Ces réunions officieuses font partie intégrante du contrôle de
la nation par la Couronne, au même titre (sinon plus) que les
réunions à la Chambre des castelains.
Baptisée d’après les cinq canaux principaux qui forment le
delta du Langue du dragon, la ville de Cinq-Doigts s’étend
sur des dizaines d’îles à l’embouchure du fleuve. Pourtant, la
grande majorité de la population ne vit que sur les cinq ou six
plus grandes. Les îles sont reliées par une série de ponts : bien
que déconseillé, le voyage à pied depuis la rive nord jusqu’à la
frontière cygnaréenne de l’autre côté de la baie est possible, avec
un seul et court trajet en bac sur la fin.
Chaque île possède son caractère et sa personnalité, qu’il s’agisse
du siège du gouvernement sur l’île du Capitaine ou des quartiers
pauvres de l’Hospice.
Les différentes îles sont reliées non seulement par les ponts et
les bacs susmentionnés, mais aussi par un réseau de gréements.
Surnommé « les Cordes » par les habitants, ce réseau informel
de passerelles suspendues, de ponts de corde, et de filets relie les
bâtiments de la plupart des îles de Cinq-Doigts. Ceci a créé une
ville suspendue au-dessus des rues — ville densément peuplée
par les communautés de gobbers et de bogrins.
Cinq-Doigts abrite également une série de tunnels creusés dans
la roche sous certaines des plus grandes îles. Jusqu’à récemment,
ces passages sombres qui remontent à l’Occupation orgoth
formaient les enclaves privilégiées des nombreuses sectes
thamarites ayant élu domicile en ville. Même si les thamarites
peuvent se rassembler ouvertement en ville depuis que l’Église
de Morrow a déclaré l’amnistie pour les fidèles de la Sombre
Jumelle, ils gardent toujours des refuges secrets, des abris, et des
sanctuaires sous les rues. Parmi ces lieux, on compte notamment
la mystérieuse chapelle de la Sombre Jumelle, qui serait située
quelque part sous l’île du Capitaine. Autorisées dorénavant
LES ROYAUMES D’ACIER
38
à pratiquer leur foi plus ouvertement, les différentes sectes
thamarites de Cinq-Doigts ont entamé des études manifestes
non seulement sur l’histoire orgoth de la ville, mais aussi dans
d’autres disciplines arcaniques ésotériques. Nombre de sectes
ne sont pas affiliées les unes aux autres, et les conflits intestins
sont courants.
Les thamarites de Cinq-Doigts ont longtemps compté
sur les Pierres bavardes, un cimetière souterrain sous l’île
d’Hospice, comme source première de dépouilles pour leurs
arts nécromantiques. En conséquence, tout le monde sait que
des morts-vivants infestent le lieu de sépulture. La Garde
noire, un service de sécurité informel, aide à faire entrer et
sortir les personnes en deuil, et empêche les morts agités de se
répandre en ville.
Accroche scénaristique
En sous-effectif constant, les membres épuisés de la
Garde noire ont récemment entrepris d’engager des
mercenaires pour braver les Pierres bavardes et détruire
les morts-vivants qui infestent l’endroit. On ignore
comment le groupe a rassemblé l’argent pour ce faire,
mais certains disent qu’une secte locale de thamarites
finance l’opération afin de s’approprier les catacombes.
CORBHEN
Souvent comparée à un navire en pleine mer, la cité de la Brume
doit son surnom aux brouillards qui se forment au large du lac
Tagao. La partie centrale de cette ville solitaire, connue par les
habitants sous le nom de Cœur-de-navire, se tient dans l’ombre
d’un ancien amphithéâtre dressé au milieu de nombreux bâtiments
abandonnés. Même avant la Collecte, Cœur-de-navire était
en grande partie tombé en ruine et désaffecté : aujourd’hui, les
habitants n’y passent qu’en allant et en revenant des quartiers
est et ouest, plus habités.
Au sud-ouest, la ville s’articule autour de l’ancien château
Deiridh, siège de la garde de Corbhen. Juste à côté du château
se trouve une caserne plus récente, bâtie pour abriter un
détachement de la Division du Bouclier ordique. Cette zone de
la ville, parfois appelée Gaillaravant par les habitants, renferme
une grande partie de l’industrie de Corbhen, aussi insignifiante
soit-elle, ainsi que les maisons des citoyens les plus pauvres.
La partie nord-est de la ville porte le nom de Dunette. Ses rues
relativement propres, éclairées par des lampes à gaz, accueillent
les demeures des résidents les plus prospères de Corbhen, même
si nombre de bâtisses sont tombées en ruine lorsque leurs
anciens propriétaires ont fui la ville ou perdu la vie pendant
la Collecte. Dunette semble avoir été construite autour de la
cathédrale des Lames de la piété, une ancienne basilique dédiée
à l’Ascendante Katrena.
Au sud de Corbhen, les landes nord de Berck s’étendent
depuis les eaux du lac Tagao à l’est jusqu’au littoral du Mérédius
à l’ouest. Alimenté par des sources chaudes souterraines, le
lac Tagao ne gèle jamais et forme la source de la prodigieuse
brume qui recouvre la région. Bien que ses eaux permettent
une pêche abondante, le lac et les landes alentour abritent des
tribus d’alligates et de trogs des marais, ainsi que des prédateurs
plus grands encore.
 Mais la plupart des habitants de Corbhen se préoccupent à
peine de ces menaces. Quiconque a passé ne serait-ce qu’un court
moment en ville affiche un air hagard, que les citoyens disposés
à en parler attribuent aux brumes du lac. Selon les superstitions
locales, ces brumes peuvent emprisonner les âmes des morts
et les empêcher d’atteindre Urcäen. Ceux qui périssent dans
les tourbières erreraient dans les brumes pour toujours, âmes
solitaires dont le seul réconfort consiste à en attirer d’autres
pour partager leur triste sort.
Accroche scénaristique
Le conseil des Vicaires a organisé des fouilles sur les terres
de la cathédrale des Lames de la piété afin de dénicher
des artefacts remontant à l’époque de l’Ascendant
Solovin. Dernièrement, ces efforts ont mis au jour un
passage souterrain d’apparence naturelle, rempli d’un
air chaud et humide qui ressemblait beaucoup trop à
l’haleine d’une grande bête. Trois jeunes prêtres sont
descendus dans le tunnel et n’en sont pas revenus. Le
conseil cherche quelques âmes courageuses pour plonger
dans les profondeurs et ramener les prêtres disparus
— ou au moins ramener leurs corps pour qu’ils soient
enterrés dignement.
MERIN
Pour qui n’a jamais visité Merin auparavant, impossible de
manquer deux composantes de la capitale ordique. D’abord, la
ville est bien plus petite que beaucoup d’autres dans le royaume,
notamment à cause des ravages de la Collecte. Ensuite, Merin
suscite le désarroi en raison de sa politique d’urbanisme : ses rues
sont alignées comme une grille et ses nombreux bâtiments vieux
de plus de quatre siècles ne comportent aucune marque d’usure
particulière. En effet, Merin fut construite en collaboration avec
une importante population rhufolk, dont le représentant le plus
remarquable était le maître d’œuvre Dogen Orm. Une statue de
lui se dresse sur la place de la ville, à côté de celle du roi Merin
Cathor I. Aujourd’hui encore, Rhufolk et ogruns forment une
large part de la population.
Ancienne capitale de l’empire tordoréen devenue bastion
orgoth, Merin fut détruite lors de l’Occupation orgoth et la
rébellion qui suivit. Au moment de la reconstruction, les Rhufolk,
saisissant l’occasion de construire une ville à partir de rien, ont
défini une politique d’urbanisme utilitaire.
Bien que la capitale ordique soit moins grandiose ou moins
peuplée que certaines villes du royaume, elle abrite à la fois le
Palais royal et la Chambre des castelains, où les nobles de sang
tordoréen se réunissent pour créer les lois de la nation. Les
galeries extérieures de la Chambre sont ouvertes au public, ce
qui permet aux curieux d’assister aux séances.
La position centrale de Merin, tant politique que géographique,
en a fait une plaque tournante du commerce : marchandises et
artisans en tous genres passent par la capitale. La population
plutôt modeste de la ville peut doubler ou tripler lors des réunions
importantes de la Chambre des castelains ou des grandes fêtes,
lorsque les familles des fermes et communautés alentour affluent
dans la capitale.
MIDFAST, LE BOUCLIER D’ORD
Quand l’ordre du Creuset d’or dut quitter le Llael en raison
de l’invasion khadoréenne, il déplaça son quartier général à
Midfast. Le roi Baird put négocier un accord bénéfique aux deux
parties. Même après la libération du Llael, alors que l’ordre avait
ouvert de nouveaux chapitres dans son ancien siège à Leryn, le
quartier général principal et celui de la garde du Creuset sont
demeurés à Midfast.
La garde du Creuset
La garde du Creuset est une véritable organisation militaire
dédiée à la protection des intérêts de l’ordre du Creuset d’or,
même si elle s’est montrée plus proactive sur le champ de
bataille ces derniers temps. En collaborant avec l’armée ordique,
la garde du Creuset permet à l’Ord d’étendre sa puissance au-
delà de ses frontières sans déclarer ouvertement la guerre. Si
ses effectifs sont moindres que ceux d’une armée nationale,
l’organisation possède néanmoins des ressources mécaniques
et alchimiques avancées qui la placent sur un pied d’égalité
face à des ennemis en supériorité numérique. Les généraux des
autres nations qui tentent d’estimer la puissance militaire d’Ord
doivent toujours composer avec cet élément «$officiellement
officieux$» des défenses du royaume.
Accroche scénaristique
L’ordre du Creuset d’or attendait une importante
cargaison d’ingrédients minéraux bruts qui devait arriver
du sud par Volningrad, mais la caravane semble avoir
disparu quelque part dans la forêt de Gibetière. Des
patrouilles khadoréennes et ordiques ont déjà pénétré la
forêt à sa recherche, mais l’ordre souhaite envoyer des
agents pour enquêter. C’est pourquoi il veut engager des
mercenaires pour ce travail, à condition qu’ils travaillent
en toute discrétion et qu’ils évitent tout contact avec les
patrouilles officielles.
Avant même l’arrivée de l’ordre, Midfast était un point
névralgique pour les forces terrestres d’Ord. Enjambant l’un
des rares canyons des collines escarpées de Murata, qui séparent
l’Ord du Khador, la ville a résisté à d’innombrables sièges et
n’est jamais tombée. De chaque côté de la cité se trouve le mur
de Markus, qui s’étend sur des kilomètres à travers les collines,
presque jusqu’aux forts jumeaux de Portegroin, à l’est, et de
Murbalafre, à l’ouest.
Les citoyens de Midfast vivent dans l’ombre de ses fortifications,
au sens propre comme au sens figuré. La plus grande garnison
d’Ord est stationnée ici aux côtés de larges détachements de la
garde du Creuset. Les créneaux du Donjon des boucliers et du
mur de Markus dominent l’horizon. Ces anciennes fortifications
surplombent de pittoresques bâtiments de pierre blanche aux
toits rouges et bruns, qui servent d’habitations aux citoyens et
de boutiques aux marchands.
Non contente d’être une forteresse militaire majeure, Midfast
est aussi un carrefour commercial vital, surtout en cette période
de paix relative. Les routes commerciales du Khador et du Rhul
la traversent, et la présence de l’ordre du Creuset d’or permet à
LES ROYAUMES D’ACIER
39
 Midfast d’exporter de grandes quantités d’armes à feu, de poudre
explosive et d’agents alchimiques. La ville accueille également un
flux constant de pèlerins venus visiter la cathédrale des Martyrs
courage et la tombe de l’Ascendant Markus.
La bataille de Portegroin
Le fort de Portegroin fut le site de nombreux conflits sanglants
au cours des siècles, mais celui qui se déroula à la fin de l’an 612
A. R. fut, sinon le plus sanglant, certainement le plus étrange.
Au cours d’un affrontement entre des soldats ordiques et leurs
alliés mercenaires contre les forces frontalières khadoréennes,
le champ de bataille au nord de Portegroin s’est soudain retrouvé
envahi par les armées d’étranges grymiens sous le contrôle
du demi-dieu connu sous le nom de l’Hérétique. Pourquoi les
grymiens ont-ils rejoint la bataille (avant de partir de façon tout
aussi inattendue)$? Les preuves de leur présence demeurent
aujourd’hui encore. Les remparts de Portegroin portent les
cicatrices des nombreuses brèches produites au cours de la
bataille, et d’étranges créatures grymiennes rôdent toujours sur
les champs de bataille au-delà.
L’OLGUNBOSQUE
La forêt sombre d’Olgunbosque, dont la réputation sinistre
remonte à plusieurs siècles, domine une grande partie du sud
de l’Ord. L’orée de la forêt a beau servir d’exploitation et d’abri
occasionnel à de petites communautés thuriennes, ses profondeurs
restent inexplorées et les Ordiques les évitent à tout prix. La
forêt est habitée par quelques kriels trollkins éparpillés, mais les
rumeurs de sombres-toges à proximité (rumeurs confirmées lors
des jours sombres ayant précédé la Collecte) sont les premières
responsables de la réputation de la forêt.
Depuis l’Occupation orgoth, on dit que l’Olgunbosque est l’une
des principales forteresses du Cercle d’Orboros en Immoren
occidentale. Au fond des bois se trouvent des cercles de pierres
sacrées et autres lieux de pouvoir où les sombres-toges se
réunissent pour accomplir leurs rites obscurs. La forêt elle-
LES ROYAUMES D’ACIER
40
même est remplie de leurs créations magiques et de créatures
fidèles. Les tharns sanguinaires qui vénèrent le Dévoreur habitent
aussi ces bois sombres.
À l’orée de la forêt se trouve l’une des plus étranges colonies
d’Ord. Connus sous le nom des Garennes, ces anciens enclos
à esclaves furent construits dans la gorge étroite d’une grande
carrière de pierre orgoth. Une grande partie de la région fut
ravagée lors du Fléau et les ruines actuelles forment un labyrinthe
d’allées déroutantes et de quartiers exigus, taillés à même la pierre,
peuplés de parias, de bandits, et pire encore. Malgré sa réputation
méritée pour l’anarchie, la dépravation et les excès, Cinq-Doigts
abrite une criminalité et une débauche soigneusement taxées
et réglementées : en comparaison, les Garennes ne bénéficient
même pas d’une telle organisation. Au lieu de cela, seuls les
plus désespérés ou les plus démunis viennent s’installer dans
ses réseaux de cellules et de grottes interconnectées. Au fil
du temps, les résidents ont développé un patois d’Ordique, la
« taudiste ». Quiconque a deux sous de jugeote se contente de
les laisser tranquilles.
Accroche scénaristique
Un sombre-toge gardait l’œil sur une jeune femme
d’une communauté voisine en marge d’Olgunbosque,
pensant qu’elle deviendrait une arcaniste prometteuse.
Malheureusement, la jeune femme a récemment disparu
dans les Garennes sans que le sombre-toge sache
pourquoi. A-t-elle été kidnappée$? S’y est-elle rendue de
son plein gré$? Le sombre-toge veut découvrir la vérité
sans attirer l’attention des résidents les moins amicaux de
la colonie. Il est prêt à faire un échange de bons procédés
avec quiconque voudra bien l’aider.
LE PROTECTORAT DE MÉNOTH
Fondé pendant la Première Guerre civile cygnaréenne, le
Protectorat de Ménoth est devenu une puissance majeure des
Royaumes d’Acier en quelques années seulement, malgré un
territoire constitué d’une bande de terres arides et inhospitalières
le long du Mérédius, à la périphérie des Marches d’Héliotrope.
La foi intransigeante des ménites leur a bien servi dans ce
paysage dur et impitoyable, tout comme la découverte, dans les
sables du désert, de ressources naturelles jusqu’alors inconnues.
Parmi elles, la théocratie utilisa les diamants pour financer son
expansion et raffina le pétrole inflammable pour créer la Fureur
de Ménoth, une arme puissante. Ces atouts permirent aux ménites
de conquérir et de convertir de nombreux habitants de la région,
notamment les nombreuses tribus d’Idriens qui vivaient dans
le désert ; les ménites purent également développer leur armée
au point de pouvoir défier leurs voisins à l’ouest et au nord. Le
Protectorat a même conquis une partie du Llael occupé par les
Khadoréens lors de la Croisade boréale, annexant la ville de
Leryn sans tirer un seul coup de feu.
Suivre la volonté du Créateur n’a jamais été chose aisée, c’est
pourquoi la suprématie du Protectorat finit par s’estomper.
Émergeant des profondeurs des Marches d’Héliotrope, des
skornes attaquèrent la théocratie ; la Croisade boréale dispersa
ses troupes aux quatre coins de la nation, et les divisions au sein
de l’Église créèrent un schisme parmi les fidèles.
Quand vint la Collecte, on comprit que les agents infernaux
avaient infiltré une grande partie de la hiérarchie du Protectorat,
sapant ses forces de l’intérieur. Malgré les miracles accomplis
sur le champ de bataille à Fort Henge, le Protectorat traversa
une période sombre après la défaite des forces infernales. C’est
alors que le jeune et idéaliste souverain Tristan Durant reçut une
vision qu’il crut provenir directement du Créateur lui-même.
Menant un pèlerinage jusqu’à Fort Henge, Durant guida de
nombreux fidèles à travers le portail vers les mondes inconnus
au-delà de Caën. Une fois le portail massif détruit, le souverain
fut frappé par une autre vision lui intimant d’emmener le reste
de ses fidèles en sécurité sur le continent austral de Zu. Ses
disciples se mirent à l’appeler le Prophète de Ménoth, lorsque
Durant conduisit des milliers de pèlerins ménites vers cette terre
lointaine, où il fonda la colonie de la Nouvelle Icthier.
Le Protectorat finit par s’effondrer sous le poids des disparitions
et des dissensions perpétuelles chez les survivants. Si les frontières
de la nation existaient encore, seules les cartes semblaient s’en
souvenir. Le vestige du clergé continua d’officier dans les grandes
cathédrales d’antan, dénonçant les ennemis du Créateur d’hier et
d’aujourd’hui, mais de moins en moins de fidèles écoutaient leurs
paroles. Aujourd’hui, les rares citoyens restants du Protectorat
sont soumis à un clergé dirigeant devenu de plus en plus
paranoïaque, toujours à la recherche d’une nouvelle menace
pour dynamiser sa théocratie malade.
nuit cataclysmique, tous les habitants disparurent sans laisser
de traces. Tel fut le courroux du Législateur.
Pendant l’Occupation orgoth, les envahisseurs ont transformé
les ruines de cette ancienne cité en avant-poste où leurs sorcières
de guerre pouvaient pratiquer leurs rites blasphématoires. Depuis
lors, ces ruines érodées par le temps, situées sur les falaises qui
surplombent le Mérédius, sont restées abandonnées. Tous les
fidèles ménites voient Acrennia comme un lieu maudit, où seul
le mal peut prospérer.
Au lendemain de la Collecte, des rumeurs ont circulé selon
lesquelles l’Hérétique et ses armées de grymiens seraient revenus
rôder autour des ruines de son ancienne demeure.
Accroche scénaristique
Les marins qui passent à proximité des côtes du
Protectorat affirment avoir vu d’étranges lueurs venir
des ruines de l’ancienne cité, la nuit, comme de grands
feux maléfiques. Manifestation d’infernalistes résistants,
forces grymiennes, groupe d’éclaireurs cryxiens$: quelle
que soit la menace, l’ordre de l’Illumination décide de
conduire une enquête. Acrennia se trouve toutefois au
cœur du Protectorat$: l’expédition doit donc se dérouler
le plus discrètement possible pour éviter le courroux des
derniers défenseurs ménites.
LE CHÂTEAU DES CLEFS
Près des rives du sulfureux lac Scarlefors, on trouve la ruine
connue sous le nom de château des Clefs. Ancien repaire du
dragon Pyromalfic, il fut le théâtre d’un terrible conflit entre les
sombres-toges, les légions fielleuses du dragon, et les skornes,
en 607 A. R. La bataille ravagea une grande partie de ce qui
n’était déjà plus qu’une ruine croulante, et se solda par la mort
de Pyromalfic. C’est le champion du dragon Éternifiel (frère
de Pyromalfic) qui ingéra l’athang du vaincu. Depuis, la région
alentour est infestée de draconiens. Beaucoup de personnes

ACRENNIA
À une époque reculée de l’antiquité, la ville d’Acrennia était une
forteresse ménite presque aussi grande qu’Icthier l’Ancienne.
Mais son peuple, sous la houlette du demi-dieu qu’on appelle
désormais l’Hérétique et qui était autrefois l’un des rois-prêtres
de Ménoth, finit par tourner le dos au Créateur. Lors d’une

LES ROYAUMES D’ACIER

41
 sont convaincues que les combattants sont partis sans piller ni
récupérer les artefacts laissés derrière eux.
ICTHIER L’ANCIENNE
C’est sur les murs et colonnes de cette ville antique que les
humains ont rencontré pour la première fois la volonté du
Créateur grâce aux Canons de la Vraie Loi : aujourd’hui, Icthier
l’Ancienne demeure le lieu le plus sacré d’Immoren aux yeux
des ménites. Parfois, les pèlerins khadoréens de l’Ancienne Foi
font le voyage pour admirer ses bâtiments de briques rouges,
dont l’accès est interdit à tous sauf aux fidèles. Si un hérétique
venait à pénétrer l’enceinte de la cité, il pourrait finir déchiqueté
par une foule de zélotes.
À l’apogée du Protectorat, une nouvelle cité d’albâtre et de
calcaire brillants fut construite autour d’Ichtier l’Ancienne, mais
l’emplacement éloigné de celle-ci n’en fit jamais un centre de
population majeur comme le furent Sul et Imer. La situation a
changé depuis la Collecte. Soit par besoin désespéré de toucher au
Créateur, soit, tout simplement, pour se distancer des événements
récents, de plus en plus de Ménites du Protectorat sont venus
s’installer à Icthier l’Ancienne. En conséquence, la population a
dépassé les dernières constructions alors que beaucoup d’autres
cités du Protectorat sont pratiquement devenues des villes
fantômes. Aussi, un énorme camp de tentes s’est installé dans
les champs autrefois fertiles qui entourent l’enceinte de la
ville. En dépit des tempêtes de sable dévastatrices qui soufflent
fréquemment depuis le désert à l’est, les urbanistes ont redoublé
d’efforts pour amener l’eau du fleuve Harber par les anciens fossés
d’irrigation et redonner vie aux champs de la région.
Si la plupart des visgoths demeurent au Temple souverain
d’Imer, nombre de leurs ouailles ont rejoint cet ancien lieu sacré.
Beaucoup craignent (notamment chez les scrutateurs supérieurs)
qu’un jour, Tristan Durant émergera de la foule pour la diriger.
IMER
Autrefois, la capitale du Protectorat incarnait la volonté de
Ménoth sur Caën. Chaque mur, chaque structure, chaque flamme
de la cité témoignait de la puissance du Créateur. Depuis le
Saint-Siège, la ville était dirigée par le Synode des visgoths et le
prêtre-roi qu’on appelle hiérarque. Les bâtiments existent encore,
mais les Gardiens de la Flamme sont moins nombreux devant
leurs énormes portes dorées. Quant aux visgoths ayant survécu
à la Collecte et au chaos qui suivit, ils déploient une paranoïa et
une vigilance de tous les instants, ignorant à qui se fier parmi
les membres de leur troupeau, voire de leurs propres rangs.
De tout temps, le Protectorat a été un pays dédié à l’idéal de
la vigilance : un endroit où les scrutateurs détenaient de grands
pouvoirs, où le supplice du chevalet permettait de se rapprocher
du Créateur. Or, aujourd’hui plus que jamais, personne n’est à
l’abri des accusations d’hérésie : les quelques fidèles qui demeurent
dans la capitale savent qu’un jour, eux aussi pourraient être tirés
de leur lit sur les ordres d’hommes paranoïaques qui ont vu leur
rêve d’une Grande croisade brisé.
À l’apogée de la puissance du Protectorat, Imer était une ville
grouillante de milliers d’habitants : aujourd’hui, elle en compte
à peine le dixième. Les bâtiments vides et condamnés sont plus
nombreux que les bâtisses habitées. La plupart des citoyens sont
soit des gardes des visgoths, soit des assistants du Saint-Siège.
Alors qu’Imer était autrefois le siège du pouvoir de Ménoth sur
Caën, ses rues sont maintenant étrangement vides et silencieuses.
Et, plus on s’approche des remparts extérieurs, plus on risque de
rencontrer quelque chose inhumaine qui s’est frayé un chemin
depuis le désert.

La Nouvelle Icthier
Même avant la Collecte, Tristan Durant avait déjà rompu avec
l’Église qu’il servait autrefois en conduisant des milliers de fidèles
sur un chemin au service du Créateur qu’il espérait nouveau et
meilleur. Après la destruction du portail de Fort Henge, ses
visions lui intimèrent de guider son troupeau en sécurité vers
une nouvelle terre. Traversant la grande mer jusqu’au Zu, Durant
fonda une colonie qu’il appela la Nouvelle Icthier en l’honneur
de l’ancienne cité où furent découverts les Canons de la Vraie
Loi. L’éthique de travail des réfugiés leur a bien servi, et Durant,
qu’on surnomma par la suite le Prophète de Ménoth, se révéla
un dirigeant capable, humble et consciencieux.
La Nouvelle Icthier s’est développée rapidement, passant de
quelques bâtiments en bois sur le littoral du continent austral
du Zu à une petite ville prospère, siège d’une nouvelle nation
ménite. Bien qu’elle n’ait pas manifesté le zèle expansionniste
du Protectorat, son existence même menace la mainmise de
la ligue Mercarienne sur l’exploration du Zu — ce qui revient
à menacer les opportunités commerciales de l’organisation sur
le nouveau continent et met en péril les finances croissantes
ayant soutenu la renaissance technologique du Cygnar. En
conséquence, la ligue Mercarienne voit la Nouvelle Icthier avec
un mélange de méfiance, de peur et d’envie. Plus d’un cœur
avide a commencé à échafauder des plans pour profiter de la
jeune communauté ménite.

LES ROYAUMES D’ACIER

42

LES MARCHES D’HÉLIOTROPE
Longeant les Marches d’Héliotrope, les terres cédées au
Protectorat de Ménoth forment une langue de terre indésirable
sur le littoral, qui n’a jamais eu pour but de subvenir aux besoins
de ses habitants. La plupart des Immoréens occidentaux y voient
une région inhospitalière, mais, en réalité, les Marches abritent
davantage d’oasis que n’importe quel autre désert du continent.
Comparé au profond désert d’Héliotrope et aux Terres des
tempêtes balayées par la foudre qui se trouvent de l’autre côté
des marches, ce territoire est on ne peut plus accueillant. Malgré
leur apparence désolée, les Marches d’Héliotrope abritent une
grande variété de flore et de faune indigènes, ainsi que des
tribus idriennes installées ici depuis des siècles. Par le passé,
beaucoup d’entre elles furent converties au culte du Législateur
par l’acier et le feu, avant d’être considérées comme des citoyens
du Protectorat.
Lors du chaos qui suivit la Collecte, beaucoup de créatures
endémiques aux Marches furent chassées de leurs terriers par
l’arrivée des skornes, à l’est, qui représentaient une menace
pour les habitants des frontières du Protectorat. Les Marches
n’ont jamais été sûres ni particulièrement praticables, mais
elles sont devenues encore plus instables depuis la fin des
hostilités. Bien que les skornes se soient retirés dans les
Terres des tempêtes, les Ménites doivent composer avec
les menaces croissantes de cette vaste étendue désertique.
Quant aux dangereux natifs de la région, le dépeuplement du
Protectorat leur a fait gagner en témérité.
Les Marches d’Héliotrope bordent également le Cygnar,
le Llael et Ios, mais sont séparées des autres nations par
une chaîne de montagnes qui s’étend depuis les frontières
nord de Ios en passant par le mont Shyleth Breen et Roc-
Ternon, jusqu’aux lacs des Marchfells, le long du fleuve Noir,
à la frontière cygnaréenne. Au sud et à l’est, les Marches
sont délimitées par le pic massif de Vilcornu, qui s’élève
à plus de six kilomètres au-dessus du désert environnant.
Cette montagne, probablement la plus grande d’Immoren
occidentale, sert de point de repère à des kilomètres à la
ronde. Les griffons viennent se percher sur ses innombrables
pics et falaises, tandis que les druides sombres-toges du
Cercle Orboros prennent soin d’eux et s’en servent de bêtes
de guerre. Au pied de la montagne se dressent les colonnes
de Vilcornu : huit colonnes massives de pierre noire, de plus
de cent mètres de haut chacune. Les érudits pensent que ces
monolithes imposants sont l’œuvre des sombres-toges d’un
temps reculé, bien qu’ils en ignorent la fonction.
LE MONASTÈRE DE L’ORDRE DU
POING
Le long de la route Enflammée, dans la province ensoleillée de
Varhdan, se trouve le monastère de l’ordre du Poing, perché sur
une saillie de grès rouge qui surplombe le désert environnant.
Fondé par le hiérarque Garrick Voyle à l’époque où le Protectorat
de Ménoth avait interdiction d’armer ses citoyens, le monastère
avait pour but d’entrainer les fidèles et d’en faire des guerriers
à mains nues.
L’emplacement inhospitalier du monastère fait partie des
épreuves que tout partisan de l’ordre du Poing doit relever.
Servir le Législateur n’est pas chose aisée : les privations qui
jonchent la voie de l’ordre du Poing conduiraient même
les plus dévots à y réfléchir à deux fois. Seuls les individus
capables de s’endurcir comme la roche inflexible des murs du
Créateur deviennent membres à part entière de l’ordre.
Malgré le nom de ce dernier, les compétences martiales ne
sont pas son seul objectif. Son maître, le Très Saint Leude
Haveron Grayden, tout âgé soit-il, n’a rien perdu de sa grâce
ni de sa prestance. Sa première leçon aux recrues potentielles
consiste à leur enseigner leur but premier, à savoir :
reconnaître la volonté du Créateur. Grayden vit et travaille
aux côtés des autres moines : il n’exige jamais rien d’eux qu’il
ne soit lui-même incapable d’accomplir au double.
Le Très Saint Leude figure parmi les meilleurs théologiens
du Protectorat et déplore l’état actuel de sa nation. Si
l’ordre du Poing servait autrefois de force de police à la
théocratie, les moines d’aujourd’hui apprennent à protéger
la foi de l’intérieur comme de l’extérieur. Grayden a donné
la permission aux fidèles de visiter d’autres terres pour
éradiquer l’infernalisme et la malveillance, même s’ils doivent
pour cela s’allier aux rivaux traditionnels de leur foi.
ROC-TERNON
Surnommée simplement « la Dent » par beaucoup de ses
résidents de longue date, Roc-Ternon est peut-être la ville la plus
anarchique d’Immoren occidentale. Cinq-Doigts est notoirement
connue pour sa pègre, mais Roc-Ternon n’appartient à aucune
nation, ce qui lui permet d’imposer ses propres lois — ou plutôt
son absence de lois.
Le Roc est composé principalement de mineurs et d’une
population fluctuante, c’est pourquoi le nombre de citoyens varie
grandement d’un jour à l’autre. Beaucoup de prospecteurs venus
s’y installer passent en réalité le plus clair de leur temps dans les
collines, et ne viennent en ville que quelques fois par an pour se
réapprovisionner. En conséquence, le Roc a développé une grande
tolérance aux débordements et ferme les yeux sur beaucoup
de problèmes : de toute façon, seuls les téméraires se risquent
à causer des ennuis, car presque tout le monde est bien armé.
Roc-Ternon est l’endroit idéal pour trouver des guides disposés
à s’aventurer dans les Marches d’Héliotrope, pour peu qu’on
soit assez fou pour vouloir s’y rendre. C’est le point de départ
de nombreuses compagnies de mercenaires, notamment pour
des centaines de membres des célèbres Crânedeufer, qui se
rassemblent au Roc lorsqu’ils ne sont pas en mission.
Accroche scénaristique
À Roc-Ternon, un gobber «$aventurier capitaliste$» du nom
de Zhag pense que des artefacts pré-orgoths attendent
encore d’être retrouvés dans les ruines voisines. Ces
précieuses reliques vaudraient une fortune à Corvis.
Le problème, bien sûr, c’est que l’endroit est rempli
de monstres étranges, et aucun Crânedeufer du Roc
ne veut travailler sans profit garanti. Si quelques âmes
courageuses étaient prêtes à sécuriser l’endroit pour Zhag,
il serait prêt à leur accorder, disons, un tiers des profits$?
LES ROYAUMES D’ACIER
43
 SUL
Il y a fort longtemps, Sul était la capitale du Protectorat. Mais,
avant même cette époque, elle était le quartier est de la capitale
cygnaréenne, Caspia. Lorsque le roi Bolton Grey V du Cygnar
céda la région aux ménites dans le cadre de l’accord de paix qui
mit fin à la Première Guerre civile cygnaréenne, la ville fut
renommée Sul en l’honneur du fondateur du Protectorat. Sa
transformation en une forteresse ménite s’opéra quasiment du
jour au lendemain.
Même lors des conflits avec le Cygnar, certaines parties
de la ville restaient immaculées. Ses routes étaient nettoyées
quotidiennement, ses murs blancs recevaient régulièrement
une couche de peinture fraîche, et on nettoyait les traces de suie
produites par les moteurs à vapeur et les chaudières. Aujourd’hui,
cependant, la situation a changé. Au terme des combats contre
le Cygnar, une grande partie de la ville près du fleuve Noir
était ravagée : maintenant, des quartiers entiers sont laissés à
l’abandon tandis que le Protectorat tente de se réorganiser dans
le sillage de la dévastation infligée par la Collecte. La plupart
des habitants de l’ancienne capitale dépeuplée appartenaient
autrefois aux forces militaires stationnées ici. Les garnisons
de Gardiens de la Flamme patrouillent toujours autour et à
l’intérieur du Grand temple, où les offices en l’honneur du
Créateur se déroulent quotidiennement malgré des fidèles de
moins en moins nombreux.
Au même titre que les autres nations des Royaumes d’Acier,
le Protectorat entretient une paix manifeste avec ses voisins.
Pourtant, les préceptes des dirigeants religieux maintiennent
les troupes stationnées en état de vigilance permanente contre
toute agression cygnaréenne potentielle. De son côté, le Cygnar
ne semble pas vouloir s’imposer à son voisin rebelle : d’ailleurs,
beaucoup de Gardiens de la Flamme ont parfaitement conscience
que leur nombre réduit ne pourrait pas faire grand-chose face
aux forces cygnaréennes.
Les cryptes sous le Grand temple de Sul abritent encore de
nombreuses reliques sacrées, bien qu’on en ait déplacé certaines
au cœur du Protectorat pour ne pas les perdre si Sul venait à
tomber aux mains d’envahisseurs étrangers. Malgré les schismes
internes qui ont précédé la Collecte, les paladins survivants de
l’ordre du Mur maintiennent encore leur chapitre dans la partie
ouest de la ville. Bien que la demeure soit désormais entourée de
rues vides et de fenêtres inoccupées, les paladins s’efforcent de
la restaurer et de l’entretenir. Ceux qui y voient désormais un
foyer surveillent non pas leurs anciens ennemis de l’autre côté
du fleuve, mais la menace infernale persistante.
Accroche scénaristique
Varadh Greeve, un paladin de l’ordre du Mur, veut faire
sortir des cryptes du Grand temple une lame sacrée ayant
appartenu à un héros de l’ordre et l’apporter dans un
endroit secret, plus loin dans le Protectorat, où d’autres
membres de l’ordre pourront la mettre en sécurité.
Greeve cherche de toute urgence l’aide de pieux et
courageux guerriers qui souhaiteraient l’accompagner
dans sa mission.
LES ROYAUMES D’ACIER
44
LA TOUR DU JUGEMENT
Si la majeure partie du Protectorat moderne se vide de
sa population et se désagrège, la tour du Jugement n’a rien
perdu de sa force. Cette fortification massive dans les Marches
d’Héliotrope fut construite pour servir de quartier général aux
scrutateurs, les juges et bourreaux des ménites. Dans ses donjons
tentaculaires, des centaines, voire des milliers d’hérétiques furent
torturés et tués.
Au faîte de la puissance du Protectorat, le territoire entourant la
tour du Jugement était hérissé de chevalets sur lesquels souffraient
les pénitents : aujourd’hui, la tour du Jugement est plus occupée
que jamais malgré un nombre réduit de prisonniers dans ses
geôles. Beaucoup d’anciens ennemis du Protectorat considèrent
la nation comme un État déchu, ne représentant ni une menace
militaire ni un partenaire commercial viable. Mais les visgoths,
eux, voient un monde rempli d’ennemis, y compris parmi les
leurs. La pourriture infernale qui s’est installée au Protectorat
a ébranlé ses dirigeants. Après la Collecte, les scrutateurs ont
passé des années à tenter d’arracher des aveux aux personnes
suspectées d’infernalisme, ainsi qu’à déraciner les nids de traîtres
et d’espions au sein de la nation.Dans l’ombre de la grande tour
se trouve le Factorium, où l’on produisait autrefois les scaraks
d’assaut et les armes de guerre du Protectorat. Aujourd’hui, les
vassaux de Ménoth (terme désignant les personnes marquées
par leurs talents pour les arcanes et qu’on utilise pour construire
des scaraciers et d’autres armements au service du Créateur)
œuvrent jour et nuit au Factorium pour maintenir et réparer les
derniers scaraks d’assaut de la théocratie. Disposant de moins de
ressources que par le passé, les vassaux restants doivent trouver
des solutions pour faire fonctionner ces automates mékamagiques
complexes. Leurs efforts sont d’autant plus freinés par leur
nombre réduit : en effet, au terme de la Collecte, de nombreux
vassaux furent tués et brûlés, par crainte que leurs pouvoirs
corrompus ne puissent aider l’ennemi. Des établis vides et un
cimetière de fortune rempli de méno-clés fabriquées à la hâte
dans l’ombre de la tour sont la seule trace de leur passage. Quant
à ceux qui peinent encore à la tour, ils se demandent quand leur
tour viendra.
Accroche scénaristique
Mariana Tas Silmani, membre de l’une des tribus idriennes
locales qui vivent encore près de la tour du Jugement,
cherche quelqu’un pour s’infiltrer dans la tour et sauver
son mari, Adran — s’il est encore en vie… Bien que
la famille se soit convertie au culte de Ménoth il y a
longtemps, Adran a été capturé sur soupçons de complot
contre le Protectorat. Mariana craint que si rien n’est
fait pour le secourir, il finisse torturé à mort. Elle n’a pas
grand-chose à offrir en échange, mais elle supplie qu’on
l’aide au nom de ses enfants, Indra et Shamsul.
LE CRYX
Lorsque Toruk, le Père de Tous les Dragons, rejoignit les côtes
des îles Scharde, treize rois-pirates gouvernaient la population.
Treize mortels, parmi les plus rusés, vicieux, et sanguinaires
ayant jamais navigué sur les eaux du Mérédius. Toruk leur
donna alors le choix : reconnaître Sa Majesté ou La laisser les
consumer. Tous les rois-pirates sauf un courbèrent l’échine et
Lui offrirent leurs couronnes : de Son souffle terrible, Toruk fit
d’eux Ses premiers seigneurs Liches, les plus puissants et les plus
impitoyables de Ses nombreux serviteurs morts-vivants. Ainsi
naquit l’Empire cauchemardesque de Cryx où, comme nulle
part ailleurs en Caën, le règne du Père des Tous les Dragons
est absolu. Toruk n’est pas qu’un souverain pour les habitants
vivants et morts-vivants de Cryx : il est leur dieu, et les seigneurs
Liches sont Sa main droite.
Les seigneurs Liches sont toujours au nombre de douze : quand
l’un d’entre eux choit, un autre se lève pour prendre sa place.
Mis à part le seigneur Toruk lui-même, ces êtres terrifiants
manient le pouvoir ultime en Cryx. Sous leur férule s’agite une
bureaucratie cauchemardesque de morts-vivants et d’horreurs
maudites, incluant satyxis, trolls, ogruns, gobbers, et humains.
Si, en dehors de la capitale de Skell, peu d’insulaires subirent des
transformations physiques au contact du fiel de Toruk, personne
n’échappa complètement à ses effets.
La nature du Père de Tous les Dragons souille la terre et
les habitants de l’Empire, faisant de Cryx un endroit cruel où
règne la prédation, depuis la végétation épaisse et étouffante des
nombreuses jungles du royaume jusqu’aux ruelles et aux nécro-
usines de ses quelques villes. Les côtes cryxiennes donnent sur
des falaises abruptes n’offrant qu’une poignée de criques abritées
pour que les navires puissent accoster. Le reste du territoire,
quant à lui, est couvert de forêts tropicales épineuses qui plongent
l’Empire dans les ombres. Quiconque est assez fou pour tenter
d’explorer les îles fielleuses de l’Empire cauchemardesque doit
verser sang et sueur à chaque pas.
Les pillards cryxiens s’attaquent aux navires et aux colonies
côtières des Royaumes d’Acier depuis des siècles, mais au
lendemain de la Collecte, le Père de Tous les Dragons et Ses
sujets se sont retirés sur leurs îles pour panser leurs plaies et se
regrouper. Bien que l’Empire cauchemardesque soit resté calme
depuis, rares sont les habitants des littoraux qui ne retiennent pas
leur souffle, craignant le retour de vaisseaux noirs à l’horizon.
CHÂTEAU ROQUEFRICHE
Lorsque Toruk s’empara des îles Scharde et fonda l’Empire
cauchemardesque, un seul roi-pirate parmi les treize de la région
ne se plia pas à Sa volonté. Les ruines éparpillées et corrompues
du château Roquefriche sont tout ce qu’il reste de celui ayant osé
défier le Père de Tous les Dragons. Des centaines de personnes
périrent parmi les décombres noircis tandis que Toruk déversait
Sa colère, démontrant ce qu’il en coûtait de s’opposer à Son
règne. Aujourd’hui, il reste peu de choses du château d’autrefois
— du moins en surface. On raconte que de sombres créatures se
tapissent encore dans les vastes catacombes, sous les ruines qui,
d’après les rumeurs, donnent sur une série de grottes marines
naturelles où Roquefriche a caché non seulement son trésor,
mais peut-être même un navire ou deux.
Accroche scénaristique
À Cinq-Doigts, Lilia Vayne assemble une équipe avec
l’intention de piller les catacombes sous le château
Roquefriche. Ses hommes ignorent qu’elle est originaire
des îles Scharde et qu’elle se croit la descendante de ce
roi des pirates. Elle espère utiliser les trésors qu’elle y
trouvera pour fonder son propre empire pirate.
GARLGHAST
La plupart des continentaux l’ignorent, mais l’Occupation orgoth
ne prit pas fin dès lors que les envahisseurs ont quitté les rivages
d’Immoren occidentale. Leurs vaisseaux noirs se replièrent vers
la ville-forteresse de Drer Drakkerung, une base qu’ils avaient
établie sur l’île de Garlghast, la plus grande des îles Scharde
autour de Cryx. Cette redoutable fortification devint le site de
leur dernière résistance en Immoren occidentale, lorsque Toruk
envoya ses armées contre eux, lors d’un siège qui dura des mois.
Les forces cryxiennes finirent par l’emporter, mais les terribles
sortilèges déchaînés au cours de la bataille ont déchiré la terre
et laissé des séquelles encore présentes à ce jour. Les Orgoths
furent détruits, et leur grande cité pillée à la recherche de secrets
que les forces du Père de Tous les Dragons pourraient employer.
Après cette bataille, le Cryx put construire les vaisseaux noirs
des Orgoths, ainsi que d’autres artefacts étranges que l’Empire
cauchemardesque utilise contre ses nombreux ennemis depuis
lors. De plus, après la défaite des Orgoths, de nombreuses
sorcières de guerre jurèrent allégeance au Père de Tous les
Dragons, ou bien virent leurs secrets dérobés dans la mort par la
nécromancie. Mais même les forces de Toruk n’ont pas su percer
tous les mystères de cette ville maudite : d’innombrables horreurs
étranges et inconnues attendent encore d’être découvertes sous
les rues en ruines de Drer Drakkerung.
Accroche scénaristique
Les agents de l’ordre de l’Illumination ont reçu des indices
sur la vérité concernant la bataille finale entre le Cryx
et les Orgoths. Ils craignent que la récolte d’artefacts et
de savoirs occultes cachés sous Drer Drakkerung soit
suffisante pour déclencher une autre invasion infernale
si un infernaliste audacieux venait à mettre la main
dessus. L’ordre souhaite assembler une équipe pour
récupérer ou détruire ce qui reste de ces objets, mais,
pour atteindre Drer Drakkerung, le groupe devra d’abord
échapper aux vaisseaux cryxiens qui patrouillent les eaux
autour de Garlghast, puis se faufiler entre les nombreuses
exploitations minières de nécrotite qui couvrent l’île.
MORTES-EAUX
Située au cœur d’un fjord profond, où la lumière du jour pénètre
la canopée d’arbres chargés de mousse le temps d’une petite
heure les rares jours où le ciel est dégagé, la ville pourrissante
de Mortes-eaux est un havre de mort décadent et délabré où
règnent le danger et la tromperie : oui, c’est bel et bien le port
le plus hospitalier du Cryx. Ici, les bâtiments s’accrochent aux
parois du fjord comme des excroissances fongiques, flottent
LES ROYAUMES D’ACIER
45
 sur des pontons, ou maintiennent un équilibre précaire sur des
pilotis qui surplombent l’eau noire ayant baptisé la ville. Bien
que le Cryx ne commerce quasiment pas avec d’autres nations,
des centaines de navires passent par Mortes-eaux, depuis les
petits sloops des pirates et des corsaires sans scrupules jusqu’aux
énormes vaisseaux de la flotte cryxienne.
Autrefois sous la coupe du roi pirate autoproclamé Craethan
Morvaen, le port (et le navire de Morvaen, le Nocturnus) est
aux mains du pirate Aiakos depuis qu’il s’en est emparé il y
a plusieurs années. Aiakos a beau être le maître officiel de
la ville, il passe le plus clair de son temps sur les vagues et
laisse la gestion quotidienne de Mortes-eaux aux mains des
Égorgeurs des Quais, le gang de dockers auquel il appartenait
avant de découvrir ses talents de mékastratège. Maintenant, le
gang occupe l’ancienne forteresse de Morvaen et ses membres
trempent dans pratiquement toutes les affaires louches de cette
ville plus louche encore. Et malgré la réputation impitoyable de
Mortes-eaux, les affaires ne manquent pas. Pour les nombreux
pirates humains qui sillonnent ces eaux, même une ville dirigée
en grande partie par un pirate mékastratège absent et un gang
de rue sanguinaire n’arrive pas à la cheville des monstruosités
d’os et d’acier avec lesquelles il faut marchander dans d’autres
ports cryxiens, tels que Becdedregg.
Si désagréable Mortes-eaux soit-elle, les quartiers pauvres
qui s’y sont développés sont pires encore : dans ses impasses
puantes, sombres, labyrinthiques, et aveugles, la mort rôde
sous mille et une formes, depuis les mouches piqueuses qui
transmettent des maladies jusqu’au couteau entre les côtes.
Pourtant, cette ville d’ignorance recèle de pires endroits que
ces quartiers sordides. Taillés dans la roche des falaises, des
labyrinthes de tunnels sombres et exigus cachent les ateliers de
désossage où les nécrochirurgiens assemblent des abominations
toutes fraîches à partir des cadavres que leur apportent les navires
charognards, puis les préparent à servir les armées de l’Empire
LES ROYAUMES D’ACIER
46
cauchemardesque. Dans ces lieux sombres et sanglants où règne
l’odeur de la mort et de la pourriture, les cris et le grattement des
scies à os résonnent nuit et jour à travers les tunnels tortueux.
Accroche scénaristique
À bord du Narcisse Rouge, un pirate sous le
commandement d’Angela la Sanglante a réussi à avaler un
rubis «$aussi gros qu’un œil humain$». Malheureusement,
il s’est fait suriner en un battement de cil, et son cadavre
a été vendu à un atelier de désossage de Mortes-eaux.
Angela veut récupérer le rubis, mais elle n’est pas assez
folle pour aller le récupérer sur place. Si elle pouvait
trouver quelqu’un de disposé à s’y rendre, elle serait prête
à lui verser un pourcentage — à condition qu’il revienne
vivant, bien sûr.
SKELL
Le fiel du Père de Tous les Dragons n’épargne rien, mais dans
la capitale de Skell, ce fléau est littéralement palpable. En tout
temps, des particules de suie noire et de cendres flottent dans les
airs. Quiconque porte le regard sur le Temple noir qui domine
l’horizon, ou sur la pointe lisse de la citadelle de Toruk à côté, voit
sa vision déformée tandis que ses yeux se troublent de larmes.
La ville elle-même n’est pas abandonnée, bien qu’elle le paraisse
à première vue. Les rues sont vides, car s’aventurer sous les
constantes chutes de cendres noires signifie se soumettre à
l’influence délétère et potentiellement mortelle du fiel draconique.
Personne ne se rend dans la capitale de l’Empire cauchemardesque
à moins de vouloir vénérer et prier le Père de Tous les Dragons.
Son culte constitue la totalité de la population de la ville, à
l’exception des seigneurs Liches et de leurs divers serviteurs.
En effet, ni gardes ni soldats n’arpentent la Cité fielleuse. La
seule présence des seigneurs Liches suffirait à protéger Skell des
envahisseurs potentiels, et même dans le cas contraire, celle de
Toruk y parviendrait à merveille.
Le Temple noir est de loin la plus grande structure de Skell : en
fait, d’aucuns diraient que la ville entière n’est rien d’autre qu’un
autel dédié à la puissance de Toruk. Construits pour accueillir
l’imposant Père de Tous les Dragons en personne, les dômes du
Temple noir éclipsent toutes les habitations ou cathédrales de
taille humaine. À côté du temple, un pic noir de métal et d’os
tordus s’élève vers le ciel, comme pour percer le firmament.
C’est le domaine de Toruk, et personne, pas même les seigneurs
Liches, n’ose y pénétrer sans son invitation.
Satyx
Quelque part au milieu des innombrables îles non répertoriées
et des îlots de roches escarpées qui entourent le Cryx, on trouve
l’île de Satyx. Des siècles plus tôt, Toruk tua l’un de Ses enfants
dans les cieux surplombant cette petite île$: la pluie de sang et
de fiel draconiques qui s’abattit sur la population la changea à
jamais. Les hommes ont dépéri puis trépassé, mais les femmes
ont mué en quelque chose d’autre, quelque chose de terrible
et de fort. Ainsi sont nées les premières satyxis$: de puissantes
guerrières cornues dont la magie du sang leur octroya des
pouvoirs exceptionnels. Ces maraudeuses notoires s’attaquent
sans pitié à ceux qu’elles croisent en haute mer et comptent
parmi les soldats les plus redoutés du seigneur Toruk.
LE RHUL
De tous les royaumes d’Immoren occidentale, la nation naine
du Rhul est peut-être celle qui a le plus connu la paix au cours
des derniers millénaires. Les nains prétendent être la civilisation
la plus ancienne et la plus stable en Caën : étant donné que
leurs archives remontent à plus de six millénaires, ils ont
peut-être raison.
La paix et la prospérité du Rhul sont en partie attribuables à son
terrain montagneux. Abritant la plupart des plus hauts sommets
du continent, le Rhul existe dans et sous les pics Argentés et de
Verre, les falaises du Tonnerre, ainsi que les monts Borokuhn.
Ces crêtes boréales entourent les eaux vitreuses de l’énorme
lac connu sous le nom de Barbotal, le cœur du pays. Véritable
mer intérieure, le Barbotal fournit de l’eau potable, du poisson,
et des opportunités commerciales pour plus d’un million de
nains. Ses profondeurs seraient insondables. Il est la source du
fleuve Noir, l’un des axes commerciaux les plus importants du
continent. De là, les Rhufolk transportent des marchandises vers
le sud jusqu’au Llael, au Cygnar, et à peu près partout ailleurs.
Pour cimenter davantage son importance, le royaume a
accueilli des réfugiés de tous les Royaumes d’Acier. Des milliers
de personnes sont venues s’abriter dans les nouveaux villages
des Terres Franches, des villes basses ayant surgi au pied des
montagnes rhufolk les plus peuplées. Ménites d’un Protectorat
en difficulté, nombreux Iosiens voulant échapper à l’étrange
destin qui s’est abattu sur leur nation, et toutes les populations
déplacées lors de la Collecte se sont installés dans ces villes
basses, faisant du Rhul l’une des terres les plus cosmopolites
d’Immoren occidentale.
Ceci entraine une modification progressive du caractère du
Rhul. En sa qualité d’allié neutre de tous les Royaumes d’Acier (qui
comportent désormais une importante population humaine), le
Rhul est devenu un foyer d’intrigues. Dans les Terres Franches,
tous les services de renseignement immoréens recrutent des
espions, tandis que les agents rhufolk glanent des informations
sur les nouveaux citoyens, puis les revendent avec plaisir — et
à prix d’or. Après le royaume du Cygnar, le Rhul est celui qui
bénéficie le plus du nouvel essor des Royaumes d’Acier.
Ogruns
Au fil de l’Histoire et des mythes, on a fini par oublier comment
les nains et les ogruns en sont venus à partager une cause
commune. Certains disent que les nains ont fourni de la
nourriture aux ogruns lors d’une grande famine$; d’autres, que
Colinferne fut construite en son temps par les nains pour les
ogruns. Quelles que soient les origines de cet arrangement,
il est indéniable que les deux parties en ont bénéficié$:
aujourd’hui, le Rhul abrite la plus grande population d’ogruns
de toute l’Immoren occidentale. Bien que d’apparences très
différentes, les Rhufolk et les ogruns partagent de nombreuses
caractéristiques complémentaires, notamment le concept
ogrun de korune qui est primordial pour la continuité de
leur coexistence.
Les ogruns forment un peuple très spirituel malgré leur taille et
leur apparence brutale. Le korune est le principe fondamental
de leur société. Un ogrun qui n’a pas encore prêté allégeance
à un korune est un bokur, c’est-à-dire un «$non assermenté$».
Pour un ogrun bokur, il est vital de trouver un seigneur digne à
qui prêter serment jusqu’à la mort. En effet, un ogrun inféodé
à un korune se sacrifiera volontiers au service de son seigneur.
Dans les montagnes du Rhul, les ogruns trouvent nombre de
korunes dignes parmi les honorables nains mercenaires. Les
Rhufolk, eux, respectent la loyauté et le stoïcisme des puissants
ogruns, sans oublier leur force brute particulièrement utile
pour les travaux lourds pour lesquels les nains sont souvent
employés. Cet arrangement perdure depuis des siècles, et les
deux groupes continuent de se soutenir aujourd’hui encore.
Les Rhufolk sont restés à l’écart de la plupart des conflits au
sud, préférant maintenir de bonnes relations diplomatiques
tout en évitant les déclarations de guerre ouvertes. Mercenaires
par nature, les Rhufolk préfèrent entretenir des interactions
commerciales avec leurs voisins. Ces dernières années, les
nains ont vu des opportunités au sud et beaucoup d’entre eux,
notamment les clans plus jeunes et moins influents, se sont
rendus dans les royaumes humains pour faire fortune — ou
la perdre. Qu’ils soient spéculateurs, mercenaires, ou envoyés
commerciaux, tous partent en quête de nouvelles affaires aux
perspectives prometteuses.
Les royaumes du sud font généralement bon accueil aux
Rhufolk, quel que soit leur domaine de prédilection : les nains
sont des personnes intelligentes, robustes, et généralement
dignes de confiance dont l’artisanat et la négociation sont les
points forts. Leur travail de la pierre et du métal est inégalé dans
les Royaumes d’Acier, et la mékamagie naine est réputée pour
son efficacité remarquable. Les nains du Rhul font également
d’âpres combattants. Chaque fois qu’un péril a menacé leur
maison montagneuse (comme ce fut le cas lors de l’invasion
orgoth), ils le repoussent à l’aide de leurs boucliers et de leurs
marteaux. C’est ainsi que les mercenaires rhufolk sont très prisés
en Immoren occidentale.
Bien que gouvernés par treize seigneurs de pierre (des seigneurs
nains qui peuvent retracer leur généalogie jusqu’aux Pères
Originels de leur peuple), les clans du Rhul influencent presque
tous les aspects de la vie d’un nain, du choix de sa carrière à
celui de son conjoint. Les clans sont de vastes familles étendues,
chacun dirigé par un seigneur de clan. Les plus influents de tous
possèdent un siège au Conclave des Cent Maisons, l’organe
exécutif et législatif le plus important du pays.
LES ROYAUMES D’ACIER
47
 Forgelac
Situé sur les rives du Barbotal, Forgelac est une énorme fonderie
partagée où seuls travaillent les meilleurs artisans rhufolk et
ogruns. Là, ils produisent des bateaux, des canons, et d’autres
armes et marchandises de qualité supérieure. Forgelac abrite
également l’une des rares prisons du Rhul, le tristement célèbre
Donjon, sis sur une petite île à quelques centaines de mètres des
rives du Barbotal.
Les luttes politiques intestines et les intrigues de couloir sont
monnaie courante au Rhul, mais même les querelles et rivalités
politiques de longue date sont régies par des lois et des normes
inébranlables, que supervisent les juges du Conclave. Eux seuls
peuvent déclarer la fin d’une querelle si elle interfère trop avec
le bon fonctionnement du commerce ou de la vie quotidienne
au sein du royaume.
BRUNDER
Beaucoup des villes majeures du Rhul sont situées sur les rives
du Barbotal, mais aucune ne se développe plus vite que Brunder.
Fondée par les nains, la ville doit aujourd’hui sa croissance
massive aux milliers d’ogruns qui l’habitent, et qui sont presque
deux fois plus nombreux que leurs voisins plus petits.
Notamment en raison de la distance qui la sépare de la capitale de
Ghord, Brunder est considérée comme relativement anarchique,
du moins selon les normes rhufolk. Beaucoup de mercenaires et
de corsaires du pays viennent ici, dans l’espoir soit de se forger
une réputation, soit d’éviter de se faire capturer par les autorités
du Conclave des Cent Maisons. Malgré sa réputation, Brunder
est une ville propre et ordonnée qui grandit simplement plus vite
que ses voisines plus stables. Il n’y a pas meilleur endroit dans tout
le Rhul pour louer les services d’un mercenaire, surtout parmi
les gros bras ogruns. Et c’est le lieu rêvé pour les compagnies de
mercenaires qui veulent se lancer. Le seul inconvénient, c’est la
concurrence. Mais, au vu de la demande, aucun mercenaire de
Brunder ne reste longtemps au chômage.
Accroche scénaristique
Gantak Thurr, un pêcheur ogrun propriétaire de plusieurs
navires, pense qu’un casque familial vieux de plusieurs
générations lui a été volé par Baldrik Belgre, un nain de
seconde zone. Or, Thurr a deux problèmes. Le premier,
c’est que le nain en question fait partie d’un clan local
ayant gagné en influence ces derniers temps. Le second,
c’est qu’il n’a aucune preuve. L’ogrun veut envoyer un
tiers s’introduire chez le clan, dans le quartier nain
de Brunder la Vieille, et récupérer des preuves de la
culpabilité de Belgre afin que les autorités prennent sa
plainte au sérieux — ou bien, le cas échéant, simplement
récupérer son casque.
CHOIT-LE-MARTEL
Quiconque souhaite entrer au Rhul par l’ouest ne peut emprunter
qu’une seule route, et celle-ci mène à Choit-le-martel, peut-
être la plus impressionnante de toutes les forteresses naines
frontalières. Choit-le-martel est un amalgame de dizaines de
forteresses mineures reliées entre elles pour former un seul
LES ROYAUMES D’ACIER
48
château massif et en terrasses, un magnifique exemple d’édifice
imprenable qui fait la fierté des nains — et à juste titre.
Située non loin de Colinferne, au nord du Khador, Choit-
le-martel a dû affronter ses menaces les plus récentes lorsque
la ville khadoréenne est tombée de l’intérieur aux mains de la
corruption infernale. Bien que les infernaux aient tourné le
gros de leur attention vers les nations australes, les défenseurs
de Choit-le-martel ont combattu plus d’une terreur infernale
venue des forces principales ayant assailli Colinferne. Celle-ci
étant désormais dépeuplée, un obstacle de moins se dresse entre
Choit-le-martel et toute attaque potentielle venant de l’ouest.
La plupart des citoyens d’Immoren occidentale connaissent
principalement Choit-le-martel pour les célèbres compagnies
de mercenaires qui y louent parfois leurs services. C’est ainsi que
les membres des fusiliers du Haut bouclier de Choit-le-martel se
sont forgé une réputation dans une grande partie des Royaumes
d’Acier. De même, les impressionnantes tactiques déployées par
nombre de mercenaires rhufolk originaires de Choit-le-martel
remontent à Pelgor Dhurg, un cousin du seigneur de pierre de
la maison Dhurg. Ce champion nain a passé sa jeunesse comme
mercenaire au Llael, où il a adopté de nombreuses méthodes
d’entrainement et de forage auprès des armées humaines aux
côtés desquelles il a servi. De retour à Choit-le-martel, il les a
combinées avec la fermeté et l’ingéniosité des Rhufolk pour
produire certains des soldats les plus fiables du continent.
Les sommets inhospitaliers qui entourent Choit-le-martel font
de la forteresse frontalière la seule voie sûre depuis l’ouest vers
le cœur du royaume. Même si le commerce en provenance du
nord du Khador et d’au-delà est moins important aujourd’hui
que par le passé, les nains de Choit-le-martel continuent de
garder les voies d’accès de leur grande nation.
Accroche scénaristique
Pelgor Dhurg est préoccupé par l’état des routes de
Colinferne. Les attaques de bogrins, de sombres-toges et
d’autres menaces sont plus fréquentes depuis que la ville
a été ravagée par les infernaux. En réponse, il a commencé
à envoyer des patrouilles régulières le long des routes.
Malheureusement, les effectifs viennent à manquer, c’est
pourquoi il aimerait engager une équipe pour se rendre à
Colinferne, enquêter sur la situation, et faire un rapport
sur tout ce qui sort de l’ordinaire — après avoir capturé
ou tué toute menace, si possible.
FORT HORGEN
Château massif et isolé au sommet d’une falaise abrupte qui
surplombe le fleuve Noir, Fort Horgen est l’une des défenses
frontalières majeures du Rhul. En effet, c’est ici que les Rhufolk
ont repoussé l’invasion des Orgoths quand ces prétendus
conquérants sont venus toquer à leur porte. Les Orgoths ont
subi des pertes si considérables lors du conflit qu’ils n’ont jamais
lancé d’autre attaque sur le Rhul au cours des siècles que dura
leur occupation.
Le long des murs du château, d’innombrables canons sont
pointés en permanence sur le fleuve Noir et la route qui le longe
avant de serpenter vers le sud jusqu’à la ville llaelaise voisine de
Leryn. En cas de besoin, Fort Horgen a un autre atout dans sa
manche : un portail en barres de fer massives qui peut surgir de
l’eau pour fermer complètement la voie fluviale.
 En plus d’héberger une garnison régulière de soldats et de
scaraks rhufolk, Fort Horgen rassemble des centaines d’éclaireurs
qui patrouillent les montagnes du sud. Même si la plupart
d’entre eux considèrent le château comme ce qui se rapproche
le plus de leur « foyer », ils y passent peu de temps. En général,
ils dorment à la dure dans les régions sauvages des montagnes
ou bien patrouillent les petits forts et tours de guet frontaliers.
En raison de la proximité de Fort Horgen et de Leryn, les nains
du château ont appris à bien connaître les humains, notamment
ceux de la ville llaelaise. D’ailleurs, lorsque Leryn est tombée aux
mains du Khador en 605 A. R., puis aux mains du Protectorat
de Ménoth lors de la Croisade boréale, Fort Horgen a accueilli
de nombreux réfugiés llaelais. Aujourd’hui encore, certains
habitent le château et ses environs.
Accroche scénaristique
Bulin Tenace, un éclaireur rhufolk, fait toujours étape à
Fort Horgen à cette période de l’année. Cette fois, il a plus
de trois semaines de retard. Tuluk Assag, un haut gradé
ogrun et un ami de Tenace, aimerait envoyer quelqu’un à
la recherche du nain, mais personne n’est disponible pour
le moment. Quiconque accepterait de rejoindre le dernier
emplacement connu de Bulin pour mener l’enquête
recevrait la reconnaissance d’Assag et de la Maison de
Pierre Udo, chargée du fort.
GHORD
Chef-d’œuvre de maçonnerie inégalé dans toute l’Immoren
occidentale, la capitale rhufolk de Ghord est composée d’une série
stupéfiante de tours et de murs méticuleusement construits pierre
par pierre au cours des siècles. Même si seulement deux tiers de
la ville sont en surface, le spectacle n’en est pas moins étonnant,
puisque toutes ces constructions abritent près de la moitié des
citoyens du royaume. C’est ici que se réunit le Conclave des
Cent Maisons ; c’est aussi là, plus que nulle part ailleurs au Rhul,
que le culte des Pères Originels affecte tous les aspects de la vie.
L’Église des Pères est présente dans chacun des treize quartiers
de la ville. Les clans les plus riches possèdent des églises privées
et leurs propres prêtres, chacun d’eux voulant impressionner ses
voisins à grands renforts coûteux et élaborés de piété.
Davantage qu’une capitale, Ghord forme le siège de la société
rhufolk, dont l’histoire est gravée dans les pierres de chaque mur
et les ornières de chaque rue. Beaucoup des plus importants
conglomérats qui gèrent l’industrie et le commerce nains
possèdent leur siège social à Ghord, y compris la Fonderie
Ghordson, qui fabrique la plupart des célèbres scaraks à vapeur
du Rhul, comme le populaire Foreur Ghordson. La ville renferme
également le siège des magiciens nains de la Marque d’Odom.
Accroche scénaristique
Brunev Noirtalon et son mari, Golrick, commandent un
bateau de contrebande, le Bout Brûlé, qui fait le trajet de
et vers Leryn, au Llael. Mais voilà que Golrick a été jeté
dans le Donjon. Brunev veut faire sortir son mari, ce qui
signifie s’introduire dans la prison ou se faire arrêter, puis
organiser son évasion de l’intérieur. Les Noirtalon ont
économisé de nombreux diamants au fil des ans pour leur
retraite éventuelle, mais Brunev est prête à les céder à
quiconque saura lui rendre son mari.
LES ROYAUMES D’ACIER
49
 IOS
Aux derniers jours de la Collecte, le royaume de Ios, terre
ancestrale des elfes d’Immoren, a une fois de plus fermé ses
frontières aux étrangers. Laissés sans nouvelles de leur terre
natale, de nombreux expatriés iosiens sont rentrés chez eux pour
savoir ce qu’il était advenu de leurs familles et de leurs proches.
Parmi ceux-là, nul n’est jamais revenu.
Tout le monde s’accorde à dire que cette catastrophe a bien eu
lieu. Après tout, ce n’était pas la première fois pour les Iosiens, eux
qui ont survécu à plus d’un cataclysme au cours de leur histoire.
Pourtant, cette calamité semblait différente des précédentes. À
ce jour, personne n’a pu pénétrer les profondeurs mystérieuses
du royaume forestier pour comprendre le sort du peuple qui
l’habitait autrefois.
Les forêts de Ios ont toujours été inquiétantes. De grands
trembles au tronc pâle forment une canopée impénétrable qui
s’étend sur la majorité de la région. Le sous-bois est pratiquement
inexistant ; les clairières silencieuses sont couvertes de mousse et
autres bryophytes. Les prairies humides rompent la monotonie
arboricole, tout comme les hauts plateaux où les fleurs sauvages
donnent lieu à des éruptions de couleurs rarement vues par les
étrangers. La brume recouvre la forêt toute l’année. Certains
disent qu’elle est dotée d’un esprit propre, qu’elle murmure
des secrets à l’oreille des voyageurs, et qu’elle les fait tourner
en rond jusqu’à ce qu’ils aient perdu tout sens de l’orientation.
D’autres prétendent même que la brume est composée des âmes
des elfes nés sans elles.
Tous ceux qui se sont aventurés près de Ios, y compris les
diplomates et les marchands du Llael, du Cygnar et même du Rhul,
se sont heurtés aux portes fermées des forteresses frontalières
visiblement désertes. Toutes les expéditions ayant contourné ces
défenses ont soit fait demi-tour dans la forêt, soit quitté les lieux
en croyant y entrer, soit disparu sans laisser de traces. Quant à
ceux qui ont réussi à revenir, ils racontent des histoires étranges
et effrayantes qu’on aurait placées sur l’autel de l’invention si les
horreurs de la Collecte n’étaient pas si récentes. Ces histoires
mentionnent des elfes aux yeux noirs, sans âme, qui observaient
en silence depuis les arbres et disparaissaient en un clin d’œil.
LES ROYAUMES D’ACIER
50
Les sans-âmes
Depuis des décennies maintenant, de plus en plus d’Iosiens
naissent sans âme. Ces enfants sont marqués par leur silence
à la naissance, par l’éclat inquiétant de leurs yeux noirs, et par
l’étrangeté de leur comportement sans émotion. Les Iosiens
ont toujours semblé distants comparés aux autres peuples des
Royaumes d’Aciers, mais les sans-âmes sont tellement détachés
de toute émotion qu’ils insufflent de la peur même à leurs
pairs, tout en leur rappelant la mystérieuse maladie qui a rongé
leur peuple.
Bien qu’on les considère comme une manifestation tangible
de l’abandon des Iosiens par leurs dieux, certains sans-âmes
sont élevés comme des tueurs sans émotion par la Châtiment
de Scyrah, une organisation indépendante ayant accusé les
lanceurs de sorts humains d’avoir tué les divinités elfiques.
Même si de nombreuses années ont passé depuis le dernier
signalement d’un membre du Châtiment en Ios, les personnes
s’étant aventurées dans ses forêts étrangement calmes ont vu
les sans-âmes. Ceux-ci montent désormais la garde près des
portes de Ios, et ils sont trop nombreux pour qu’on puisse
imputer leur présence aux seules actions du Châtiment. D’où
viennent-ils$? Que signifie leur existence pour le peuple de Ios
et le reste de l’Immoren occidentale$? Ces questions demeurent
sans réponse — pour l’instant
.
Pourtant, ce ne sont pas les pires histoires que racontent les
rares personnes ayant mis les pieds à Ios depuis la Collecte.
D’autres parlent d’ombres furtives qui ressemblaient à des Iosiens,
mais pas tout à fait — comme s’ils apparaissaient déformés et
terrifiants, leur faim si tangible qu’elle se répandait alentour telle
la chaleur d’une fournaise. Ailleurs en Immoren occidentale,
personne ne sait ce qu’il est advenu du peuple autrefois fier de
ce royaume forestier, mais tout le monde s’interroge. Et tout
le monde a peur
BOILUISANT
Au sud de Ios et du Llael, à l’ouest du lac Scarlefors et du mont
Shyleth Breen, les forêts vierges de Ios cèdent progressivement
le pas à la forêt de Boiluisant, un lieu sauvage dont le nom vient
d’un lichen unique qui pousse sur les arbres et qui émet une
étrange bioluminescence dès la nuit tombée. C’est un endroit
ancien et sinistre, bien que ses arbres ne soient encore que des
jeunes pousses comparées à ceux des étendues iosiennes.
 Dans les forêts de Ios, les arbres sont de véritables sentinelles,
leurs troncs forment les piliers d’une grande arcade, et le lit de la
forêt est tapissé de mousse. Bien que le sous-bois de Boiluisant
soit plus épais et ses arbres moins grands, il y règne aussi un
sentiment d’étrange tranquillité sylvestre. Ceux qui s’y sont
aventurés prétendent que les arbres de Ios, petits ou grands,
semblent attendre quelque chose.
Plusieurs kriels trollkins ont élu domicile à Boiluisant, dont
certains chassés des rives du lac sulfureux Scarlefors. L’eau riche
en minéraux du lac contribue à la coloration vive et célèbre de ces
trollkins. Après tant de conflits avec les skornes, les Cygnaréens,
et d’autres, ils sont peu enclins à traiter avec les étrangers, bien
qu’ils pratiquent un commerce sporadique avec les Llaelais.
Sur les rives du lac Scarlefors, on peut trouver les ruines de
villages trollkins. Certains abritent encore de grandes pierres
de kriels qui racontent l’histoire des anciens habitants. Bien que
l’orée nord-ouest de Boiluisant s’étende jusqu’à la périphérie de
Merywyn, les Llaelais n’ont jamais cherché à extraire du bois ou
chasser du gibier dans la forêt, qui a la réputation d’être maudite
ou hantée — réputation renforcée ces dernières années, car les
trollkins de la région se sont alliés à des Tharns vicieux et à des
choses plus étranges venues des profondeurs de Ios.
Accroche scénaristique
Jonhot Rocfront est un trollkin qui habite la périphérie
de Merywyn. Depuis peu, il tente de reconstruire ce qu’il
reste de son kriel brisé. Plus que tout, il veut récupérer la
pierre de kriel du village. Malheureusement, elle se trouve
toujours sur les rives du lac Scarlefors, de l’autre côté
de Boiluisant. Jonhot irait bien la chercher s’il n’avait pas
de jeunes enfants à surveiller et du travail à faire pour
reconstruire le kriel. Si quelqu’un pouvait lui rapporter la
pierre de kriel, de nombreux trollkins de la région leur en
seraient reconnaissants.
LA PORTE DES BRUMES
Pour la plupart, les Iosiens ne se sont jamais souciés des clôtures,
murs, et gardes-frontières qui définissent les frontières des autres
nations. Les abords montagneux et l’intérieur profondément
boisé de la région sont là pour ça, et quiconque s’aventure trop
profondément dans les bois se retrouve rapidement perdu,
détourné, ou nimbé d’une brume étrange qui semble chuchoter
de plusieurs voix quasiment compréhensibles. Toutefois, par le
passé, les audacieux aventuriers tombaient invariablement sur
l’une des forteresses iosiennes connues sous le nom d’aeryths :
celles-ci étaient gardées par des tireurs d’élite et des maîtres
d’armes inégalés qui abattaient les intrus sans pitié. Aujourd’hui,
nombre de ces aeryths demeurent vides, pour peu qu’on puisse
en juger. Pourtant, ceux qui franchissent ces fortifications
apparemment abandonnées reviennent rarement.
Autrefois, une route peu fréquentée reliait Merywyn à Ios
en passant par l’orée septentrionale de Boiluisant. Malgré
le commerce limité entre le Llael et Ios, les Chercheurs, les
diplomates, et d’autres agents du royaume elfique s’aventuraient
occasionnellement hors de leurs contrées en suivant ce chemin.
Au fil des ans depuis la Collecte, la forêt a commencé à repousser
sur cet ancien chemin. Mais ceux qui le suivent suffisamment
longtemps, jusqu’à dépasser la tour de Gris-vent et les confins de
la nature sauvage de Ios, se retrouvent face à la célèbre Porte des
Brumes. Des siècles durant, elle fut gardée par un détachement
spécial de soldats iosiens, les Lames d’Ellyos. Dernièrement,
personne n’y a vu un seul signe de ces fiers guerriers elfes.
À leur place, des sans-âmes aux yeux noirs, armés d’arcs et
d’épées, patrouillent les arbres autour des deux grands aeryths
qui flanquent la route désaffectée. Selon les rares personnes qui
ont survécu à cette rencontre, les sans-âmes font leur travail sans
un mot, abattant tous ceux qui tentent de passer le portail, et ce
quelle que soit la raison invoquée.
LA PORTE DU CRÉPUSCULE
Bien que la plupart des aeryths qui renforcent les frontières de Ios
se trouvent au fin fond de la forêt, la Porte du Crépuscule se tient
à la lisière des bois, émergeant de l’ombre des pics montagneux
qui séparent la nation elfique des Marches d’Héliotrope au-delà.
Autrefois protégé par une puissante magie, chaque pilier de
la porte est formé d’une seule et même pierre massive gravée
d’anciens symboles iosiens. Peu avant la Collecte, les skornes
franchirent la porte depuis les Marches d’Héliotrope et, malgré
les efforts acharnés des défenseurs iosiens, ils furent incapables
de repousser les envahisseurs avant qu’ils n’aient pu pénétrer
au cœur de la nation elfique.
La Porte du Crépuscule porte encore les cicatrices de ces
batailles. Le pilier nord, partiellement brisé au cours du conflit,
saille maintenant telle une dent cassée. Sur plus d’un kilomètre
au-delà de la porte, beaucoup d’arbres et de plantes portent encore
les marques des ravages causés par l’armée d’envahisseurs skornes.
Pour une raison inconnue, le peu de végétation ayant repoussé
ici semble maladif et étrange ; les arbres se contorsionnent dans
des formes anormales, et leurs branches se tendent comme des
griffes vers ceux qui s’en approchent.
Il en est pour dire que les elfes et les skornes formèrent une
alliance désespérée dans les derniers jours de l’invasion, quand
l’ampleur de la menace infernale était devenue évidente. Selon
cette version, les Iosiens se retournèrent contre les skornes une
fois le danger écarté et les massacrèrent sans pitié. Le sang versé
lors de cette trahison serait à l’origine de la végétation étrange et
menaçante apparue près de la Porte du Crépuscule. À en croire
l’histoire, cela expliquerait pourquoi les fantômes des skornes tués
et les esprits féroces des bêtes de guerre tourmentées arpentent
encore ces bois.
Accroche scénaristique
Lyssa Breen, une érudite thamarite opérant depuis
Roc-Ternon, veut savoir ce qui est arrivé aux Iosiens.
Persuadée que la Porte du Crépuscule n’est plus gardée
depuis les batailles qui s’y sont déroulées, elle pense
qu’une expédition pourrait la traverser, pénétrer le cœur
de Ios et atteindre l’une des cités elfiques. Elle a les fonds
pour financer le projet, mais il lui manque quelques âmes
robustes prêtes à l’escorter dans son voyage.
LES ROYAUMES D’ACIER
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