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Définition : On appelle lipides les substances naturelles qui contiennent dans leur
molécule des acides gras aliphatiques à nombre d’atome de C > 4 généralement
pairs, sous forme d’esters ( huile, beurre, cire, graisse…..) . Certaines substances
s’en rapprochent par leur caractère de solubilité dans les solvants organiques : ces
substances dites liposolubles ou lipoïdiques sont extraits des tissus en même temps
que les lipides
I Classification
LIPIDES
Glycérophospholipides Céramides
Sphingomyélines Cérébrosides
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A-Acide gras :
Ce sont des acides monocarboxyliques de formule R-COOH, où R représente une
queue hydrocarbonée.
Ils se distinguent par la longueur de leur queue hydrocarbonée, par leur degré
d’insaturation et par la position de ces doubles liaisons au sein de la chaîne
hydrocarbonée des acides gras.
Nombre de Nombre nom Nom IUPAC Point de Formule
carbones de commun fusion moléculaires
liaisons ℃
double
-
12 0 Laurate Dodécanoate 44 CH3(CH2)10COO
-
14 0 Myristate Tétradécanoate 52 CH3(CH2)12COO
-
16 0 Palmitate Héxadécanoate 63 CH3(CH2)14COO
-
18 0 Stéarate Octadécanoate 70 CH3(CH2)16COO
-
20 0 Arachidate Icosanoate 75 CH3(CH2)18COO
-
22 0 Béhénate Docosanoate 81 CH3 (CH2) 20COO
-
24 0 Lignocérate Tétracosanoate 84 CH3 (CH2) 22COO
-
9
16 1 Palmitoléate cis-∆ -Héxadécénoate -0,5 CH3(CH2)5 CH CH(CH2)7COO
-
9
18 1 Oléate cis-∆ -Octadécénoate 13 CH3(CH2)7 CH CH(CH2)7COO
9,12
18 2 Linoléate cis-cis-∆ -Octadécadiénoate -9
9,12,15
18 3 Linolénate tout cis-∆ Octadécatriénoate -17
5,8,11,14
20 4 Arachidonate tout cis-∆ Icosatétraénoate -49
3
Le tableau donne la liste des acides gras communs trouvés chez les Mammifères.
IUPAC (International Union of pure and applied chemistry).
Dans la nomenclature commune, on utilise les lettres grecques pour identifier les
carbones
(α β,у,…etc.).
O
у α
C OH
H3C β
Queue hydrocarbonée Tête polaire
La longueur de la chaîne hydrocarbonée d’un acide gras de même que son degré
d’insaturation influencent le point de fusion : le point fusion augmente avec le nombre
d’atomes de carbone et diminue avec l’introduction d’une double liaison
La plupart des acides gras sont liés sous forme d’esters dans les molécules
lipidiques plus complexes. Les acides gras les plus abondants chez les animaux sont
l’oléate
( 18 :1), le palmitate ( 16 : 0) et le stéarate ( 18 : 0 ), mais on y rencontre aussi des
acides gras poly-insaturés. Les Mammifères exigent certains acides gras poly-
insaturés dans leur alimentation : acides gras essentiels.
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Acides gras spéciaux
- Acide ricinoléique : se trouve dans l’huile de ricin C18 Δ9 ol 12.
H3c-(CH2)5-CHOH-CH2-CH=CH-(CH2)7-COOH
O
C OH
H3C
OH
- Acide cérébronique : C24 ol 2 : on le trouve dans les cérébrosides du
cerveau.
H3C – (CH2)21- CHOH-COOH
O
C OH
H3C
OH
- Acide tuberculostéarique : se trouve dans les cires du bacille tuberculeux :
méthyle 10 stéarique (C18).
H3C C OH
H3C
H3C
H3 C (CH2)17 COOH
H3C H3C
L’injection d’une petite quantité de cet acide provoque chez l’animal la formation
des tubercules typiques.
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Acides gras cycliques :
- Acide chaulmogrique : extrait de l’huile chaulmogra (12C)
COOH
COOH
1 - Propriétés physiques :
a - Solubilité
-insoluble dans l’eau
-soluble dans les solvants organiques
b - Point de fusion
Il augmente avec le nombre d’atomes de carbones et il diminue
avec l’introduction de double liaison.
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- En présence d’un liquide non miscible à l’eau comme l’huile, le savon s’oriente
en plongeant son pôle hydrophile dans l’eau et le pôle hydrophobe dans
l’huile. Les gouttelettes d’huile sont stabilisées. Les savons sont dits
émulsionnants pour les lipides inversement ils stabilisent l’émulsion des
gouttelettes d’eau dans l’huile.
2 - Propriétés chimiques :
e - Fixation des halogènes (I2, Br2) : les acides gras insaturés peuvent fixer les
halogènes. Ceci permet de déterminer l’indice d’iode (voir TP).
d-Oxydation:
-KMNO4
KMnO4
R CH CH R' R COOH + HOOC R'
alcalin
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-Ozone ( O3).
O3
R R CH CH R' H2O
CH CH R' O
O O
e- Oxydation à l’air
On obtient des péroxydes,hydroxyacides .les graisses non saturées s’oxydent à
l’air et cette auto oxydation est catalysée par les péroxydes,par les porphyrines
ou par une enzyme(lipooxydase) ,irradiation.
On explique l’auto-oxydation également par la formation des peroxydes d’acides
gras et des radicaux libres qui catalysent eux même la peroxydation des chaînes
voisines
O2
R CH CH R' R CH CH R' R CHO+ OHC R'
O O
8
O
H2C
R1
O
O
HC R2 Triglycéride
O O
H2C R32
O
O R1
H2C
O Monoglycéride
HC OH
H2C OH
-Les triacylglycérols sont des lipides neutres (sans groupes ionisable) non polaires
(donc hydrophobe)
Les graisses (solide) et les huiles (liquide) sont des mélanges de triglycérides.
Graisse tissus adipeux adipocytes. (Sous la peau et dans la
cavité abdominale) : réservoir d’énergie et couche d’isolant thermique.
Les triacylglycérols libèrent leurs acides gras sous l’action catalytique d’une catégorie
d’hydrolases appelés lipases.
C- Les glycérophospholipides :
Ce sont les lipides prépondérants des membranes biologiques ( phosphoglycérides)
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H2C OH
HC OH OH
H2C O P OH
O
A- Glycérol 3 -
phosphate O
O
H 2C O
R1
R2 O HC OH
H 2C O P OH
O
A-Phosphatide
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Eau H Phosphatidate
CH3 Phosphatidylcholine
Choline CH2 CH2 N (Lécitine)
CH3
CH3
Phosphatidyléthanolamine
Ethanolamine CH2 CH2NH3+
NH3+
Phosphatidylsérine
Sérine CH2 HC
COO-
Phosphatidylglycérol
Glycérol CH2CH CH2OH
OH
CH2OCR3
O
CHOCR4
O
O Diphosphatidylglycérol
CH2CH CH2 O P (Cardiolipine)
Phosphatidyl-glycérol CH2
OH OH -
H O
H
H
OH Phosphatidylinositol
OH
myo-Inositol OH
H
OH
H H
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Les glycérophospholipides sont des molécules amphipathiques : tête polaire
(Phosphate anionique et souvent un ou plusieurs autres groupes chargés) et de
longues queues non polaires.
R1 O CH2
O
R2 C O HC
O
O
H2C O P O CH2 CH2 NH3+
O-
Tête polaire hydrophile
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Liaison vinylether
R1 CH CH O CH2
R2 C O HC
O
O
H 2C O P O CH2 CH2 NH3+
O-
HO OH
H2C CH CH
CH
+
NH3
HC
CH3
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a- Céramide : Sphingosine + acide gras : ce sont les précurseurs métaboliques
de tous les sphingolipides ( sphingomyélines, cérébrosides, gangliosides). (
structure)
HO OH
H2C CH CH
CH
NH
HC
O C
R
CH3
CH2
CH2
O P O-
O OH
H 2C CH CH
CH
NH
HC
O C
R
CH3
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c- cérébrosides : glycolipides formés d’un résidu glucidique attaché au carbone C1
d’une céramide par une liaison B-glucosidique. On les trouve surtout dans le tissus
nerveux
OH
CH2OH H2 C CH CH
HO O CH
O
NH
HC
OH H O C
OH
R
CH3
E- Un galactocérébroside
d- Gangliosides : sont des glycolipides plus complexes ou les chaînes
oligosaccharidiques liée à la céramide portent de l’acide N-acetylneuraminique
(NANA).
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E- Les stéroïdes
Constituent une troisième classe de lipides membranaires, ce sont des composés
polyprényle, synthétisés à partir d’une molécule à cinq atomes de carbone,
l’isoprène.
H3C CH2
C C
H2C H
Le Cholestérol est un stéroïde très bien représenté dans les membranes plasmiques
de Mammifères. Les différents stérides se distinguent par la longueur de la chaîne
latérale attachée au C17 et se par le nombre et la position des groupes méthyle,
liaisons doubles, groupes hydroxyle et par fois, groupes cétoniques ( fiqure).
C D
A B
HO
Cholestérol
OH
C D
A B
O
Testostérone
16
OH COO- Na+
C D
A B
OH
C D
A B
HO
17
C D
O A B
R 3
C O
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Cire : palmitate de myricyle, ester d’acide gras et d’alcool à longue chaîne.
COOH
CH3
HO
OH ProstaglandineE 2 (PGE2 )
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Université Mohammed V, Faculté des Sciences
Module de Biochimie alimentaire
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Limonène : Composé lipidique principal qui confère au citron
son parfumcaractéristique.
Bactoprénol : lipide bactérien impliqué dans la synthèse des parois
cellulaires ;Hormone Juvénile I : molécule qui gouverne le
développement larvaire.
les lipoprotéines
Les lipoprotéines sont des ensembles macromoléculaires à cœur
hydrophobe et à surface hydrophile. Le cœur est constitué de
triacylglycérols etd’esters de cholestérol, la surface, de molécules
amphipathiques, cholestérol etsurtout les phospholipides et les
apoprotéines.
On groupe Les lipoprotéines d’après leur densité relative. Les
lipoprotéineshumaines se repartissent comme suit :
les chylomicrons : véhiculent des triacylglycérols entre l’intestin grêle et les
tissus.
Les lipoprotéines de très faible densité (VLDL) : transportent
des triacylglycérols endogénes, du cholestérol et des esters
de cholestérol
Lipoprotéines de haute densité (HDL) : ramènent le cholestérol et
les estersde cholestérol endogènes au foie (voir tableau)
Dans la nature, la majorité des acides gras insaturés sont de configuration cis (Fig. 1). C’est notamment
le cas de l’acide oléique (18:1 n-9) ou des acides gras polyinsaturés indispensa- bles (acide linoléique –
18:2 n-6-, acide α-linolénique –18:3 n-3-) et de leurs dérivés supérieurs, tels que les acides arachi-
doniques pour la famille n-6, eicosapentaènoïque (EPA) ou docosahéxaènoïque (DHA) pour la famille n-3.
Cependant, dans l’alimentation il y a des acides gras de configuration trans (Fig. 1), ce qui change la
structure dans l’espace, les propriétés physicochimiques, mais aussi le métabolisme et l’impact de ces
acides gras sur différentes fonctions cellulaires et physiologi- ques.
Par ailleurs, les acides gras polyinsaturés sont le plus sou- vent de type « méthylène interrompu », ce qui
signifie que les doubles liaisons sont séparées par un groupement CH2 (Fig. 2). Cependant, il existe des
acides gras conjugués, sans groupe- ment CH2 entre les insaturations. Depuis une quinzaine d’années, un
intérêt particulier a été porté à ces acides gras conjugués, en particulier les isomères conjugués de l’acide
linoléique (ou CLA pour « conjugated linoleic acid »).
Cette revue présentera brièvement les origines de ces acides gras trans et conjugués et des principales
conséquences nutri- tionnelles de leur consommation.
Les acides gras trans alimentaires ont principalement deux origines. La première est une origine naturelle.
Dans ce cas, les AGT résultent de la biohydrogénation ruminale des acides gras polyinsaturés ingérés par
les ruminants (vache, chèvre, bre- bis…) et se retrouvent principalement dans les aliments tels que le lait
et les produits dérivés (beurre, fromages…). Les teneurs observées sont variables et fonction de différents
para- mètres dont l’alimentation du bétail, allant généralement de tra- ces à 2,5 % des acides gras totaux .
Ces teneurs peuvent atteindre plus de 5 % dans des conditions d’alimentation du bétail riches en
fourrage. Ces AGT sont également pré- sents dans la viande de ruminant. La seconde origine est tech-
nologique. L’industrie des corps gras réalise des hydrogéna- tions catalytiques partielles, dont les objectifs
sont de transformer les propriétés physicochimiques d’huiles (végétales notamment). Au cours de ce
procédé sont générés des AGT, qui sont incorporés dans différentes préparations sous forme de «
shortenings ». Ces « shortenings » sont des matières gras- ses anhydres utilisées dans l’industrie
agroalimentaire dans des applications telles que la biscuiterie, les viennoiseries, la fabri- cation de barres
chocolatées… Les teneurs en AGT de ces « shortenings » peuvent varier de traces à plus de 50 % des
acides gras totaux.
Cette technologie était aussi largement utilisée dans la mar- garinerie jusqu’au milieu des années 1990,
mais les effets délé- tères en termes de risque cardiovasculaire ont amené les indus- triels du domaine à
formuler différemment la très grande majorité des margarines. Outre les différences de teneurs, la
différence majeure entre les deux sources est la répartition des isomères. Les AGT sont en effet très
majoritairement des acides gras à 18 carbones et une double liaison, donc mono- insaturés, mais la
position de la double liaison varie selon l’origine (Fig. 3). Ainsi, les AGT d’origine naturelle sont prin-
cipalement composés de l’isomère trans11 (ou acide vaccé- nique). Dans les matières grasses végétales
partiellement hydrogénées, ce sont les isomères trans9 (acide élaïdique) et trans10 qui sont majoritaires.
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Fig. 1. Représentation schématique des configurations trans et cis des doubles liaisons.
Fig. 2. Structure des doubles liaisons conjuguées (A – acide ruménique) et non conjuguées (B – acide linoléique).
Fig. 3. Position de la double liaison trans sur la chaîne carbonée selon les sources.
Bien que différentes fonctions physiologiques puissent être affectées par la consommation élevée de ces
AGT, c’est dans le domaine du risque cardiovasculaire que les données disponi- bles sont les plus
nombreuses.
Les études épidémiologiques suggèrent, pour la plupart, une association entre la consommation d’AGT et
le risque cardio- vasculaire. Oomen et al ont ainsi proposé qu’une consommation d’AGT à hauteur de 2 %
de l’AET augmentait le risque cardiovasculaire de 25 %. Dans une étude rap- portée en 1996, Bolton-Smith
et al. suggèrent un effet plus marqué chez les femmes que chez les hommes. Dans la même étude, les
AGT d’origine naturelle ne semblent pas présenter les effets délétères des AGT d’origine technologique,
comme suggéré précédemment.
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Mensink et Katan ont rapporté en 1990 la première étude d’intervention montrant des effets délétères de
la consommation d’AGT d’origine industrielle. Avec un apport équivalent à 11 % de l’AET, il a été
démontré que les AGT induisent une augmentation du LDL-C comme avec les AGS, mais aussi une
diminution du HDL-C qui elle n’est pas obser- vée avec les AGS. Plusieurs études du même type, mais
avec des niveaux d’apport plus faibles en AGT ont ensuite été rap- portées. Elles sont reprises dans la
synthèse de Zock et Katan; (Fig. 4). Ces résultats ne concernent toutefois que les AGT d’origine
technologique. Concernant spécifiquement les AGT d’origine naturelle, aucune donnée n’est disponible à
notre connaissance. Les résultats de l’étude TRANSFACT devraient prochainement apporter des données
nouvelles sur cette importante question.
Fig. 4. Effet des acides gras trans d’origine technologique sur le HDL et sur le LDL cholestérol.
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Université Mohammed V, Faculté des Sciences
Module de Biochimie alimentaire
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