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Comment la modification du comportement stratégique

peut contribuer à l’explication du déclin mnésique au cours


du vieillissement
Charlotte Froger, Capucine Toczé, Laurence Taconnat
Dans L’Année psychologique 2014/2 (Vol. 114), pages 355 à 387
Éditions NecPlus
ISSN 0003-5033
DOI 10.4074/S0003503314002061
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Comment la modification du comportement
stratégique peut contribuer à l’explication du
déclin mnésique au cours du vieillissement
∗ ∗
Charlotte Froger , Capucine Toczé et Laurence Taconnat
Université de Tours, UMR-CNRS 7295 CeRCA, équipe Vieillissement
et Mémoire, Tours, France

RÉSUMÉ
L’objectif de cet article de synthèse était d’appréhender le déclin en
mémoire épisodique au cours du vieillissement en termes de modifications
du comportement stratégique. Dans une première partie, nous avons
considéré les modifications du comportement stratégique en tant que
capacité limitée des adultes âgés à initier des processus contrôlés. Dans
la deuxième partie, nous avons adopté une perspective métamnésique en
rendant compte des difficultés liées à l’âge des processus de régulation
mnésique. Enfin, dans la conclusion nous avons abordé le déclin de
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la mémoire épisodique selon une approche neuropsychologique telle
que l’altération du cortex frontal liée à l’âge semble impliquée dans
la diminution d’un ensemble de ressources cognitives nécessaires aux
processus stratégiques en mémoire.

How the strategic behavior modification


can explain the age related deficit in episodic memory

ABSTRACT
The main goal of this work was to evaluate the age-related episodic memory deficit
in terms of strategic behavior impairment. Firstly, we considered the strategic behavior
impairment as an age-related limited capacity to initiate control processes. Secondly,
we adopted a metamnesic perspective by accounting for the age-related differences in
regulation processes. Finally, we concluded briefly by considering the episodic memory
deficit according to a neuropsychological approach suggesting that the age-related
prefrontal disorders are associated with a cognitive resources decrease that are necessary
to strategic processes in memory.

∗ Correspondance : Charlotte Froger et Laurence Taconnat, Université de Tours, UMR-CNRS 7295


CeRCA, Département de Psychologie, 3, rue des Tanneurs, 37000 Tours. E-mail : c.froger@yahoo.fr,
laurence.taconnat@univ-tours.fr
Remerciements. La rédaction de cet article a pu être possible grâce au financement de l’ANR BLAN07_196867 :
Cognitive aging, strategic variations and executive fucntions in arithmetic, memory and skill acquisition.

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La réalité du déclin mnésique au cours du vieillissement est attestée


à la fois par des évaluations neuropsychologiques et par de nombreux
travaux expérimentaux. Le vieillissement mnésique se caractérise par une
forte hétérogénéité puisque tous les systèmes de mémoire ne sont pas
affectés de la même manière. La mémoire épisodique est un des systèmes
de mémoire les plus vulnérables aux effets du vieillissement. Elle est à
l’origine du souvenir des événements propres à l’expérience individuelle.
Une de ses principales caractéristiques correspond à la capacité de se
souvenir d’événements personnellement vécus dans un contexte spatial
et temporel particulier (Tulving, 1995 ; Eustache & Desgranges, 2008).
Retrouver une information en mémoire épisodique nécessite donc la
récupération de ce contexte. Ce système de mémoire est classiquement
évalué par des épreuves de rappel libre, de rappel indicé ou encore de
reconnaissance. Ces trois épreuves ne sont pas équivalentes en termes de
difficulté. Plusieurs études ont montré que les différences liées à l’âge sont
plus importantes dans des tâches de rappel libre que dans des tâches de
rappel indicé ou de reconnaissance (par ex. Craik & McDowd, 1987 ;
Isingrini, Hauer, & Fontaine, 1996 ; mais voir Bugaiska, Clarys, Jarry,
Taconnat, Tapia, Vanneste, & Isingrini, 2007 pour des résultats différents,
avec des mesures spécifiques de reconnaissance). Lors d’une tâche de
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rappel libre, les participants ne disposent d’aucun indice associé à la
cible qui leur faciliterait la récupération de l’information. Ils doivent
donc initier des opérations de récupération pour accéder à l’information
stockée en mémoire. Au contraire, lors de tâches de rappel indicé et de
reconnaissance, la récupération des informations en mémoire est facilitée
par la présentation d’indices plus ou moins prégnants qui guident les
processus de récupération. Lors d’une tâche de rappel indicé, une partie
de l’information étudiée est représentée au moment du test (par exemple :
clé- ?), permettant d’indicer la récupération de l’information cible (par
exemple : clé-porte). Lors d’une tâche de reconnaissance, l’information
apprise est représentée entièrement au moment du test, mais mélangée à
des distracteurs qui n’ont pas été étudiés. La consigne est de reconnaître
l’information apprise parmi ces distracteurs. Cet effet plus marqué de l’âge
sur les tâches de rappel libre s’expliquerait en partie par une capacité limitée
à initier des processus contrôlés de récupération stratégique.
Les stratégies cognitives reflètent les « procédures ou ensemble de
procédures permettant aux individus d’atteindre leur but » (Lemaire
& Reder, 1999, p. 365). Rogers, Hertzog et Fisk, (2000) insistent sur
l’aspect volontaire et conscient du choix de la méthode que l’individu
adopte pour atteindre un but. Cet aspect particulier sous-tend l’idée qu’en
fonction du but à atteindre, de la nature de l’information à apprendre, des

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conditions de récupération (c’est-à-dire, type de tâche) et des compétences


des individus, différentes stratégies peuvent être délibérément choisies.
L’efficacité d’une stratégie sera donc déterminée par différents facteurs, tels
que 1. l’analyse des caractéristiques environnementales (c’est-à-dire, nature
des informations, but à atteindre, type de test, etc.), 2. la connaissance de
ses propres compétences, 3. la connaissance qu’il existe un large éventail
de stratégies d’encodage et de récupération, et 4. la capacité à adapter
le type de stratégie en fonction des caractéristiques environnementales et
de ses propres compétences. Cette composante adaptative pourrait être
fortement dépendante de processus cognitifs contrôlés, déficitaires dans le
vieillissement normal.
L’objectif de cet article est d’examiner comment les modifications
liées à l’âge du comportement stratégique à l’encodage peuvent en partie
expliquer le déclin de la mémoire épisodique observé dans le vieillissement
normal. Ainsi, nous expliquerons tout d’abord les modifications du
comportement stratégique en termes de déficit des processus contrôlés, puis
dans une perspective métamnésique, en termes de troubles des processus
de régulation mnésique, enfin nous conclurons en présentant brièvement
l’hypothèse de l’altération frontale au cours du vieillissement comme en
partie responsable du déclin en mémoire épisodique.
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1. SÉLECTION ET EXÉCUTION
DES STRATÉGIES D’ENCODAGE
Les stratégies d’encodage sont des opérations cognitives mises en œuvre
au moment de l’apprentissage et destinées à transformer les stimuli en
trace mnésique. Les stratégies d’élaboration à l’encodage figurent parmi
les stratégies les plus efficaces pour apprendre de nouvelles informations.
L’encodage élaboré est un encodage nécessitant la mise en relation de
l’information nouvelle à mémoriser avec les connaissances déjà contenues
en mémoire à long terme et notamment, en mémoire sémantique
(Lockhart & Craik, 1990). Il existe plusieurs façons d’examiner les effets
de l’élaboration à l’encodage sur les performances de mémoire. Une des
plus communes consiste à orienter l’attention des participants vers des
caractéristiques précises des informations à apprendre. Il s’agit dès lors
de manipuler les consignes d’apprentissage et/ou le matériel à mémoriser,
comme par exemple, proposer aux participants de produire l’information
à mémoriser ou encore manipuler le degré d’association inter-items dans
une liste de mots afin d’organiser l’apprentissage en différentes catégories.

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Même s’il est reconnu que les stratégies d’élaboration de l’information à


apprendre représentent des opérations cognitives efficaces pour améliorer
la mémorisation, leur bénéfice n’est pas toujours équivalent en fonction de
l’avancée en âge.

1.1. Stratégies d’encodage et tâches orientées


L’utilisation de tâches orientées à l’apprentissage consiste à provoquer la
mise en œuvre d’un certain type de traitement en orientant l’attention
du participant vers des caractéristiques particulières de l’item, comme
sa sonorité, sa signification, son appartenance catégorielle. Par exemple,
dans le cadre du modèle de la profondeur de traitement (Craik &
Lockhart, 1972), l’utilisation de telles tâches a pu montrer de façon robuste
qu’un traitement profond à l’encodage de type sémantique permettait de
mieux mémoriser les informations que lorsque celles-ci ont été traitées
à un niveau phonologique, plus superficiel (par ex., Craik & Tulving,
1975). Toutefois, lorsque l’on compare les performances de mémoire de
participants jeunes et âgés à l’aide de ce type de tâche, les résultats ne
sont pas univoques. En effet, certaines études indiquent l’existence d’un
effet d’interaction entre l’âge et la nature du traitement, montrant que les
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adultes âgés ne profitent pas autant que les adultes plus jeunes du traitement
sémantique réalisé à l’encodage (Eysenck, 1974 ; Fay, Isingrini & Clarys,
2005 ; Froger, Taconnat, Landré, Beigneux & Isingrini, 2009 ; Mason,
1979 ; Taconnat & Isingrini 1995, expérience 1 ; Taconnat & Isingrini,
2004 ; Zelinski, Walsh & Thompson, 1978). Par exemple, lorsqu’on utilise
une tâche de « jugement d’agrément » qui consiste à demander aux
participants de juger si les mots cibles ont une connotation agréable ou
désagréable, on observe un effet d’interaction entre l’âge et la profondeur
du traitement sur les performances de mémoire (Eysenck, 1974 ; Mason,
1979 ; Taconnat & Isingrini, 1995, expérience 1 ; Taconnat & Isingrini,
2004 ; Zelinski et al., 1978). En revanche, d’autres études n’ont pas
montré d’effet d’interaction entre l’âge et le niveau du traitement sur
les performances de mémoire, même lorsqu’une tâche de rappel libre
était utilisée. Ces études mettent ainsi en évidence que dans certaines
conditions, les adultes âgés peuvent bénéficier autant que les adultes
jeunes de l’orientation sémantique du traitement donnée par la tâche au
moment de l’encodage. Ces contradictions peuvent être levées si l’on prend
en considération les différences liées à la méthodologie et au matériel
utilisés. Ainsi, les difficultés de traitement sémantique observées chez les
adultes âgés pourraient dépendre de la nature de la tâche d’orientation
accomplie au moment de l’encodage. Dans les conditions où la tâche est

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telle que les participants sont forcés de faire un traitement sémantique


(comme produire un associé sémantique), les effets bénéfiques de la
profondeur du traitement sur le rappel s’avèrent équivalents pour les
adultes jeunes et âgés. Dans ce cas, le traitement sémantique correspondrait
à un traitement dirigé par la tâche, tandis qu’une tâche d’évaluation
d’agrément correspondrait à un traitement auto-initié. En effet, cette
dernière tâche n’implique pas de traitement objectif, contrairement à celles
où les participants doivent produire un adjectif correspondant aux mots
cibles (Java & Gardiner, 1991), produire un associé sémantique d’un mot
concret (Rodrigues, Sauzéon, Langevin, Raboutet, & N’Kaoua, 2010 ;
Sauzéon, N’Kaoua, & Claverie, 2001), identifier un associé sémantique
(Taconnat & Isingrini, 1995, expérience 2 ; Taconnat & Isingrini, 2004).
Cette différence fondamentale entre les traitements dirigés par la tâche
et les traitements auto-initiés pourrait expliquer les différences observées
dans les recherches mentionnées précédemment. Ainsi, chez les personnes
âgées, le déclin de la mémoire épisodique s’expliquerait par un déficit de
production des processus stratégiques (Craik, 1983, 1986, 1990 ; Craik
& Byrd, 1982 ; Perlmutter & Mitchell, 1982 ; Verhaeghen & Marcoen,
1994). Au contraire, s’il s’agissait d’un déficit de traitement (Eysenck,
1974), le vieillissement s’accompagnerait de changements fondamentaux
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susceptibles de provoquer une détérioration irréversible des capacités
de traitement. Les adultes âgés ne pourraient donc jamais tirer profit
d’une consigne proposant des stratégies à l’apprentissage pour améliorer
leur mémorisation puisqu’ils ne seraient plus en mesure d’effectuer
les traitements adéquats. Selon Craik (1983, 1986, 1990) et dans le
cadre du modèle du support environnemental, les adultes âgés auraient
des difficultés à traiter les informations efficacement si les processus
requis sont auto-initiés car ils sont fortement dépendants des ressources
attentionnelles, elles-mêmes déficitaires dans le vieillissement (Craik
& Byrd, 1982, Hasher & Zacks, 1988, Kim & Giovanello, 2011). En
revanche, les adultes âgés réussiraient aussi bien que les adultes jeunes
à condition que le traitement sémantique requis soit explicitement
dirigé par l’environnement (comme la consigne). Par exemple, lorsque
des participants ont pour consigne de produire un associé sémantique
pour chacun des mots à apprendre, le traitement sémantique est alors
directement dirigé par la tâche et la consigne représente alors un support
environnemental. Le support environnemental correspond à une aide
externe, fournie par l’environnement, (par ex., consigne, pense-bête, nature
de la tâche comme la reconnaissance vs. rappel libre, etc.) qui permet
d’améliorer les capacités d’apprentissage et/ou de récupération.

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1.2. Production d’informations à l’encodage


Dans les tâches de production d’informations (Jacoby, 1978 ; Slamecka &
Graf, 1978, et voir Taconnat, 2005 pour revue), les participants doivent
généralement produire un mot cible (par ex., oiseau) à partir d’un mot
indice ou inducteur (par ex., nid) et d’un fragment du mot cible (par ex.,
nid/ois___ ou nid/-is-a-). Le rappel des mots produits est alors comparé
à celui des mots simplement lus (par ex., nid/oiseau). Les résultats de
cette comparaison montrent un avantage robuste de la production sur la
lecture, désigné par les termes d’effet production. Les liens entre l’indice
et la cible peuvent être de nature sémantique comme dans l’exemple
cité ci-dessus, ou bien phonologique lorsqu’il s’agit de produire une
rime (par ex., ciseau/ois___). Cet effet production est majoritairement
expliqué par le renforcement du traitement sémantique réalisé sur le mot
à apprendre. L’effet production correspondrait donc à un possible mode
d’opérationnalisation du traitement sémantique que l’individu peut mettre
en place pour mieux mémoriser une information (Taconnat & Isingrini,
2004a). Si l’effet production apparaît généralement sur le rappel quelle que
soit la règle de production chez les adultes les plus jeunes, ce n’est pas
toujours le cas chez les adultes âgés (par ex., Taconnat & Isingrini, 2004 ;
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Taconnat, Baudouin, Fay, Vanneste, Clarys, Tournelle, & Isingrini, 2006).
En effet, les adultes jeunes mettraient en place de leur propre initiative un
traitement de nature sémantique, même lorsque la règle de production ne
les y oblige pas (comme par exemple la production de rimes qui implique
en premier lieu un traitement phonologique). Au contraire, les adultes plus
âgés auraient des difficultés à initier un traitement sémantique lorsque la
règle de production ne les y oblige pas (Taconnat & Isingrini, 2004a, exp.
3). En revanche, ils seraient tout à fait capables d’appliquer ce traitement
sémantique lorsque ce dernier est contraint par la réalisation de la tâche
(comme par exemple la production de synonymes qui implique en premier
lieu un traitement sémantique). En résumé, la production d’un traitement
sémantique non explicitement dirigé par la tâche est particulièrement
coûteuse en ressources cognitives, ce qui expliquerait l’effet différentiel de
l’âge sur le bénéfice de la production d’informations à l’encodage.

1.3. Organisation des informations en mémoire


1.3.1. Stratégie d’organisation sémantique
Une série d’expériences menées par Bousfield (1953) a montré que
lorsque l’organisation des informations à apprendre correspondait à un
schéma préexistant inscrit en mémoire sémantique, celles-ci étaient mieux

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rappelées. Par exemple, lorsque l’on propose aux participants d’apprendre


dans un ordre aléatoire des mots appartenant à différentes catégories
sémantiques (telles que : pour la catégorie instrument de musique on
présente violon, trompette, guitare ; pour la catégorie métier on présente :
médecin, plombier, boulanger, etc.), les participants ont tendance à organiser
spontanément leur rappel selon les différentes catégories sémantiques
suggérées (Denney, 1974 ; Gershberg & Shimamura, 1995 ; Kausler,
1991 ; Taconnat, Raz, Toczé, Bouazzaoui, Sauzéon, Fay, & Isingrini,
2009 ; Taconnat, Baudouin, Fay, Raz, Bouazzaoui, El-Hage, Isingrini, &
Ergis, 2010). Cette stratégie d’organisation des informations en unités
sémantiques (ou clusters) représente un moyen d’augmenter les capacités
de stockage. La qualité de l’organisation sémantique lors du rappel peut être
quantifiée par le calcul d’indices, tels que l’Adjusted Ratio Clustering (ARC,
Roenker, Thompson, & Brown 1971). L’intérêt de calculer un tel indice
est de mesurer la relation entre la capacité à organiser les informations
et les performances de mémoire. Ainsi, plusieurs études ont montré chez
des adultes jeunes que plus l’organisation de l’information était structurée
plus le nombre de mots rappelés était élevé (Denney, 1974 ; Taconnat
et al., 2009 ; Taconnat et al., 2010). En revanche, lorsqu’il s’agit d’examiner
les effets du vieillissement sur la capacité d’organisation sémantique, les
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résultats sont moins unanimes. Certains travaux mettent en évidence que
la qualité de l’organisation sémantique des adultes âgés est équivalente
à celle d’adultes plus jeunes (par ex., Park, Smith, Dudley, & Lafronza,
1989 ; Luszcz, Roberts, & Mattiske, 1990 ; Bäckman & Larsson, 1992 ;
Bäckman & Wahlin, 1995 ; Kahana & Wingfield, 2000 ; Zacks, Hasher,
& Li, 2000 ; Sauzéon et al., 2001 ; Sauzéon, Claverie, & N’Kaoua, 2006),
tandis que d’autres montrent une altération de cette capacité au cours du
vieillissement (Denney, 1974 ; Taconnat et al., 2009 ; West & Thorn, 2001 ;
Zivian & Darjes, 1983). Une étude détaillée menée récemment (Taconnat
et al., 2009) peut aider à comprendre ces contradictions. Dans cette étude,
des adultes jeunes et âgés effectuaient une seule phase d’apprentissage
au cours de laquelle ils devaient étudier une liste de mots catégorisables.
Ils étaient ensuite invités à restituer cette liste de mots catégorisables au
cours de trois tâches de rappel libre consécutives. Des effets de l’âge ont
été observés sur les performances aux trois tâches de rappel libre et sur
l’indice d’organisation (ARC), mais uniquement lors du premier rappel
libre. Un examen plus détaillé du nombre de mots rappelés lors des deux
derniers essais révélait que l’augmentation des indices d’organisation chez
les participants âgés correspondait plutôt à un effet d’artefact. L’oubli des
mots isolés (c’est-à-dire les mots ni suivis ni précédés de mots appartenant
à la même catégorie sémantique) entre les rappels 1 et 2 et entre les rappels

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2 et 3 augmentait la valeur des indices d’organisation car le calcul est


en partie basé sur le rapport entre le nombre d’exemplaires de catégories
rappelés en clusters et le nombre total de mots rappelés. La diminution du
nombre total de mots récupérés au fil des trois rappels malgré le maintien
du nombre de catégories rappelées en clusters implique donc indirectement
une amélioration de la qualité de l’organisation sémantique. Au contraire,
chez les participants jeunes, un examen précis de leurs résultats montrait
que l’augmentation de l’indice d’organisation au fil des rappels était due à
la réintroduction des mots isolés dans leurs clusters respectifs. Ces résultats
suggèrent que les participants âgés bénéficiaient moins de l’organisation
sémantique que les participants jeunes pour améliorer leur performance de
mémoire. En outre, la moindre capacité des participants âgés à bénéficier de
l’organisation sémantique était confirmée par une absence de corrélation
entre leur performance de mémoire et leur indice d’organisation. Au
contraire, les adultes plus jeunes amélioraient leur performance de rappel
à mesure que l’indice d’organisation sémantique augmentait. En résumé,
les personnes âgées sont capables de mettre en place spontanément une
stratégie d’organisation sémantique mais l’utiliseraient moins efficacement
que des adultes plus jeunes.
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1.3.2. Stratégie d’organisation subjective
La capacité à organiser des informations en mémoire peut également
s’effectuer à un niveau subjectif. Dans ce cas, on parlera plutôt
d’organisation épisodique puisqu’il est nécessaire de créer de nouvelles
associations entre les informations à apprendre, celles-ci n’entretenant
pas de relation sémantique préexistante. Pour mesurer la capacité
d’organisation subjective, les participants apprennent une liste de mots non
catégorisables puis effectuent plusieurs tâches de rappel libre successives.
Classiquement, les participants ont tendance à rappeler à la suite les mêmes
mots au cours des différents essais, même si ceux-ci n’entretiennent pas
entre eux des liens sémantiques évidents. Ces successions identiques de
mots restituées au fil des rappels reflètent l’organisation subjective. Celle-ci
est généralement associée à de meilleures performances en rappel et peut
être quantifiée par l’indice Pairwise Frequency (PF, Tulving, 1962). Cet
indice correspond à la mesure des items restitués par paires lors de rappels
successifs et ne prend pas en compte l’ordre de restitution des paires
d’un rappel à l’autre. Par exemple, si un participant restitue lors d’un
premier rappel les mots « cheval, armoire, montre, crayon », puis lors
d’un second rappel, les mots « cheval, armoire, montre, chemise . . . », il
aura restitué deux paires de mots qui figuraient déjà au premier rappel

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(c’est-à-dire, « cheval, armoire » et « armoire, montre »). Cela suggère


qu’une relation purement subjective a pu être établie entre les mots de
chaque paire, basée sur la création de nouvelles associations en mémoire
épisodique. Les travaux qui ont étudié les effets de l’âge sur l’organisation
subjective indiquent une altération significative de cette capacité au cours
du vieillissement (Hultsch, 1969 ; Kausler, 1994 ; Light, 1992 ; Sauzéon
et al., 2006 ; Stuss et al., 1996 ; Witte, Freund, & Sebby, 1990 ; Witte,
Freund, & Brown-Whistler, 1993). Les adultes âgés présentent en effet un
indice PF plus faible que celui des adultes plus jeunes, suggérant de moins
bonnes capacités à créer de nouvelles associations entre des informations
non spontanément organisables en catégories sémantiques. Cette moindre
capacité pourrait s’expliquer par le déficit des processus associatifs observé
au cours du vieillissement.
Le déficit des processus associatifs a été récemment posé comme étant en
partie responsable des effets du vieillissement sur la mémoire épisodique.
Le fonctionnement de la mémoire épisodique se caractérise en effet par
des processus cognitifs permettant d’une part aux individus de se souvenir
d’un événement précis, et d’autre part de resituer cet événement dans son
contexte d’acquisition. Les processus associatifs permettent d’assembler au
sein d’une même représentation mnésique un événement et les différentes
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caractéristiques qui lui sont liées, telles que des caractéristiques temporelles,
spatiales, perceptives ou encore conceptuelles (Hockley, 1991, 1992 ;
Hockley & Cristi, 1996 ; Zimmer, Mecklinger, & Lindenberger, 2006). Dans
ce contexte, des études ont montré qu’il était nécessaire de distinguer
le souvenir d’un simple événement, du souvenir des caractéristiques
contextuelles associées à cet événement (Chalfonte & Johnson, 1996 ;
Johnson & Chalfonte, 1994 ; Hockley, 1991, 1992 ; Hockley & Cristi, 1996 ;
Humphreys, 1976). C’est dans ce dernier cas que les adultes âgés sont les
plus limités. Il est en effet admis qu’ils ont plus de difficultés à rappeler
le contexte d’acquisition d’une information ou les caractéristiques qui
lui sont associées que l’information cible seulement (Plancher, Gyselinck,
Nicolas, & Piolino, 2010 ; Spencer & Raz, 1994 ; Zacks, Hasher, & Li,
2000). Chalfonte et Johnson (1996) suggèrent que les personnes âgées
présenteraient un déficit de binding ou un déficit d’association. En d’autres
termes, le déclin mnésique lié à l’âge serait en partie dû aux faibles
capacités des adultes âgés à former et encoder les traits caractéristiques
d’une information au sein d’une même représentation mnésique. Dans
ce contexte, Naveh-Benjamin (2000) a formulé l’hypothèse d’un déficit
associatif (ADH : Associative Deficit Hypothesis). Celle-ci suggère que la
diminution des performances liées à l’âge est plus marquée lors de tâches
nécessitant la récupération d’items associés entre eux que lors de tâches

L’année psychologique/Topics in Cognitive Psychology, 2014, 114, 355-387


364 Charlotte Froger r Capucine Toczé r Laurence Taconnat

nécessitant la récupération d’un item seul (Castel & Craik, 2003 ; Chalfonte
& Johnson, 1996 ; Mitchell, Johnson, Raye, Mather, & D’Esposito, 2000).
Ce déficit d’association lié à l’âge semble être un phénomène généralisé
puisqu’il touche tous types de matériel, comme l’association entre deux
items (mot-mot ou non mot-mot ; Naveh-Benjamin, Hussain, Guez, &
Bar-On, 2003), l’association entre deux images (Naveh-Benjamin, Guez,
Kilb, & Reedy, 2004), ou encore l’association entre un item et la couleur
de l’écran sur lequel il est présenté (Naveh-Benjamin, 2000). De façon
intéressante, Naveh-Benjamin, Brav et Levy (2007) ont montré que le
déficit associatif lié au vieillissement pouvait en partie s’expliquer par
la moindre capacité des personnes âgées à produire spontanément des
stratégies lors de l’encodage et/ou de la récupération. Dans cette étude,
les auteurs ont manipulé la condition d’encodage et la nature du test
de récupération. La condition d’encodage, comme facteur interindividuel,
variait selon trois modalités : une condition d’apprentissage intentionnel
sans consigne particulière, une condition avec une consigne incitant à
utiliser des phrases lors de l’apprentissage et une condition identique à la
précédente mais incitant également les participants à récupérer les phrases
élaborées lors de l’apprentissage. Après avoir étudié quarante paires de mots
ne présentant aucune relation sémantique, phonologique ni graphologique,
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les participants étaient soumis à deux tests de reconnaissance. Dans le
premier, on présente une liste de mots dont certains ont été présentés
auparavant et d’autres non, et les participants doivent signaler les mots
appris. Dans le second, on présente des paires de mots apprises mélangées
à des paires de mots réarrangées, les participants doivent identifier les
paires initialement présentées. Les deux types de test étaient contrebalancés
entre les participants. Les principaux résultats ont montré des effets
d’interaction entre l’âge et le type de test, et entre l’âge, la condition
d’encodage et le type de test de récupération. L’effet d’interaction entre
l’âge et le type de test confirmait que les participants âgés présentaient
un déficit associatif car la différence de performance liée à l’âge était plus
importante lorsque les participants devaient reconnaître les paires de mots
plutôt que les mots seuls. En revanche, l’effet d’interaction entre l’âge, la
condition d’encodage et le type de test de récupération indiquait que le
déficit associatif des personnes âgées diminuait lorsque la consigne incitait
à élaborer des phrases pour apprendre les paires de mots. En outre, le
déficit associatif lié à l’âge n’apparaissait plus lorsque la consigne incitait à
utiliser des phrases à la fois à l’encodage et à la récupération. En résumé,
les modifications de la mémoire épisodique au cours du vieillissement
sembleraient liées à une diminution des capacités à associer au sein

L’année psychologique/Topics in Cognitive Psychology, 2014, 114, 355-387


Vieillissement et stratégies de mémoire 365

d’une même représentation mnésique les différentes caractéristiques liées


à l’information cible (Chalfonte & Johnson, 1996 ; Mitchell et al., 2000 ;
Naveh-Benjamin, 2000). Ce déficit des processus associatifs s’expliquerait
en partie par des difficultés dans la mise en place spontanée de stratégies lors
de l’apprentissage et de la récupération (Dunlosky & Hertzog, 1998, 2000,
2001 ; Dunlosky, Hertzog, & Powell-Moman, 2005 ; Froger, Bouazzaoui,
Isingrini, & Taconnat, 2012 ; Naveh-Benjamin et al., 2007).

1.4. Stratégie d’imagerie mentale


Selon la théorie du double codage (Paivio & Csapo, 1969) l’imagerie
mentale est une méthode très efficace pour améliorer la mémorisation.
Par exemple, lorsque l’on manipule la valeur d’imagerie de mots présentés
à l’encodage, le rappel des mots concrets (ex : arbre) est classiquement
supérieur à celui des mots abstraits (ex : égoïsme) (Paivio, 1971, 1986,
1991). Cette supériorité est habituellement attribuée au fait que les stimuli
à valeur d’imagerie élevée, tels que les mots concrets, facilitent l’élaboration
d’un codage imagé associé au codage verbal. Bénéficiant ainsi d’un double
codage, ces stimuli présentent une probabilité plus élevée d’être stockés
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plus durablement en mémoire et d’être plus facilement récupérés lors de
la phase de recherche en mémoire. Plus récemment, Stenberg (2006) a
montré que les images mentales étaient susceptibles de bénéficier d’un
meilleur encodage conceptuel que les mots. Contrairement à une stratégie
de construction de phrase, l’élaboration d’une image mentale implique de
façon automatique l’activation d’une grande quantité de détails associés
à l’image cible. Par exemple, lorsque l’on imagine le mot arbre, on peut
activer une représentation mentale d’un type d’arbre spécifique avec son
tronc, ses feuilles, ses fleurs, ses fruits, mais aussi, dans certains cas, le
contexte dans lequel il est visualisé. Généralement, lorsque les individus
élaborent une phrase, ils n’y intègrent pas automatiquement autant de
détails ou alors s’ils le font c’est de façon contrôlée et dans ce cas,
la longueur de la phrase n’est pas sans conséquence sur l’efficacité de
l’encodage. En d’autres termes, l’élaboration d’une image mentale implique
une seule représentation synthétique au sein de laquelle une quantité
importante d’informations est associée à la cible. En revanche, l’élaboration
d’une phrase, pour contenir autant d’informations qu’une image mentale,
implique l’accumulation de plusieurs unités verbales qui pourrait ralentir et
surcharger les traitements à l’encodage. Néanmoins, une information codée
à la fois avec un format verbal et un format imagé sera profondément et
durablement stockée en mémoire.

L’année psychologique/Topics in Cognitive Psychology, 2014, 114, 355-387


366 Charlotte Froger r Capucine Toczé r Laurence Taconnat

Dans les études sur le vieillissement, l’effet du double codage n’est pas
toujours observé. En effet, lorsque l’on manipule le degré de concrétude
des mots à apprendre (c’est-à-dire, mots abstraits vs. mots concrets), les
participants âgés ne bénéficient pas autant que les participants jeunes
de la concrétude des mots pour améliorer leur performance mnésique
(Isingrini, Fontaine, Métras, Bonneau, & Rey, 1994 ; Plaie & Isingrini,
1999 ; Rissenberg & Glanzer, 1986 ; Winograd, Smith, & Simon, 1982
mais voir Mason & Smith, 1977 pour des résultats différents). En revanche,
lorsque l’on manipule la nature du matériel à apprendre (c’est-à-dire,
dessins vs. mots), les adultes âgés bénéficient autant que les plus jeunes
de l’apprentissage des dessins pour améliorer leur performance mnésique
(Cherry, et al., 2008 ; Park, Puglisi, & Sovacool, 1983 ; Rissenberg &
Glanzer, 1986 ; Winograd, et al., 1982). Ces résultats contradictoires
pourraient s’expliquer en termes de différence de processus mis en place
lors du traitement imagé de mots et lors du traitement imagé de dessins
(Paivio, 1986). Le codage imagé d’un dessin nécessiterait un traitement
représentationnel direct et relativement automatique du stimulus dans le
système de représentations imagées. Au contraire, le codage imagé d’un
mot, même à forte valeur d’imagerie, ferait appel à un traitement référentiel
indirect et contrôlé car il nécessiterait la mise en relation du système de
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codage verbal et du système de codage imagé pour l’élaboration d’une
image mentale. Ce traitement référentiel, coûteux en attention, serait
difficile à initier pour les personnes âgées dont les ressources attentionnelles
sont déficitaires (Craik & Byrd, 1982 ; Hasher & Zacks, 1988, Kim &
Giovanello, 2011). De plus, ce déficit de traitement référentiel pourrait
s’accompagner d’un déclin des capacités de maintien temporaire d’une
image mentale et d’un ralentissement à générer des images mentales
(Dror & Kosslyn, 1994 ; Plaie & Thomas, 2008). Ainsi, la complexité des
traitements à mettre en œuvre lors du double codage d’une information
verbale pourrait rendre compte des difficultés des personnes âgées à utiliser
spontanément une stratégie d’élaboration d’image mentale lorsqu’une
information verbale est à apprendre (Dunlosky & Hertzog, 2001 ; Hulicka
& Grossman, 1967 ; Rowe & Schnore, 1971 ; Tournier & Postal, 2011).
Finalement, des travaux réalisés dans le but de comprendre les processus
cognitifs à l’origine des différences jeunes-âgés dans les capacités d’imagerie
mentale ont montré que la réduction de la mémoire de travail liée à l’âge
pouvaient expliquer ces différences (Briggs, Raz, & Marks, 1999 ; Bruyer &
Scailquin, 2000 ; Raz, Briggs, Marks, & Acker, 1999).

L’année psychologique/Topics in Cognitive Psychology, 2014, 114, 355-387


Vieillissement et stratégies de mémoire 367

2. UTILISATION ET ADAPTATION DES STRATÉGIES


Lorsque nous devons mémoriser une information, il est nécessaire d’en
évaluer les différents aspects, mais aussi de prendre en considération nos
propres capacités mnésiques afin de mettre en place les stratégies les
plus adaptées à la nature de l’information à apprendre. L’efficacité de la
stratégie choisie peut être évaluée lors de l’apprentissage de l’information
afin de s’assurer que la stratégie choisie est bien adaptée et permet
d’atteindre le niveau de mémorisation désiré. Si la stratégie retenue est
suffisamment efficace elle sera maintenue, sinon elle sera remplacée par une
stratégie supposée être meilleure. L’ensemble de ces processus correspond
à la métamémoire, et plus précisément, aux processus d’évaluation
mnésique (ou monitoring) et aux processus de régulation mnésique
(ou contrôle). L’évaluation mnésique correspond aux connaissances que
l’individu possède et développe sur ses propres capacités mnésiques, sur
les caractéristiques de la tâche et du matériel à mémoriser ainsi que sur
les stratégies mnésiques à utiliser. Par exemple, l’évaluation mnésique
permet de comparer le niveau de rétention d’une information en cours
d’apprentissage au niveau désiré de mémorisation à atteindre (Cavanaugh
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& Perlmutter, 1982 ; Flavell, 1979 ; Flavell & Wellman, 1977 ; Hultsch,
Hertzog, Dixon, & Davidson, 1988 ; Nelson & Narens, 1990). C’est à
partir de ces estimations issues de l’évaluation mnésique que le processus
de contrôle intervient. Le contrôle permet l’initiation d’une stratégie, son
maintien, son ajustement si nécessaire ou encore l’arrêt de cette stratégie
lorsque le but fixé est atteint (ici, le niveau de mémorisation désiré). Ainsi,
l’évaluation et le contrôle entretiennent une relation étroite et dynamique
puisque les connaissances sur l’état du système mnésique déterminent la
mise en œuvre de stratégies supposées être les plus adaptées à la tâche en
cours, permettant l’ajustement du comportement en vue d’atteindre le but
fixé.

2.1. L’évaluation mnésique


Dans la littérature, on distingue deux formes d’évaluation mnésique,
l’évaluation mnésique générale et l’évaluation mnésique on-line ou
jugements métamnésiques. Les capacités d’évaluation mnésique générale
peuvent être appréhendées à l’aide de questionnaires. Parmi eux, le
Metamemory In Adulthood (MIA, Dixon & Hultsch, 1983, version française,
Boucheron, 1995) constitue un questionnaire complet répertoriant
plusieurs types de connaissances sur la mémoire (générales et personnelles).

L’année psychologique/Topics in Cognitive Psychology, 2014, 114, 355-387


368 Charlotte Froger r Capucine Toczé r Laurence Taconnat

Dans ce questionnaire, les individus doivent répondre à un certain nombre


d’assertions relatives aux connaissances métamnésiques correspondant
au fonctionnement général de la mémoire, à leurs capacités mnésiques
personnelles, aux changements des capacités mnésiques liés à l’âge
ou encore aux stratégies habituellement utilisées pour mémoriser des
informations. La majorité des études ne rapportent pas d’effet d’âge sur
les échelles évaluant les connaissances métamnésiques (Cavanaugh & Poon,
1989 ; Hertzog, Hultsch, & Dixon, 1989 ; Loewen, Shaw, & Craik, 1990 ;
pour des résultats différents voir Dixon, Hertzog & Hultsch, 1986 ; Hultsch,
Hertzog, & Dixon, 1987).
L’autre forme d’évaluation mnésique correspond aux jugements
métamnésiques émis au cours de la réalisation d’une tâche de mémoire
(ou évaluation on-line). À ce moment, les jugements métamnésiques
permettent d’évaluer différents paramètres, tels que l’évaluation subjective
de la difficulté de la tâche, le niveau de rétention de l’information,
l’efficacité des stratégies adoptées ou encore la certitude avec laquelle on
récupère une information en mémoire. Les jugements métamnésiques
peuvent intervenir à chaque étape de la mémorisation, c’est-à-dire avant,
pendant ou après l’apprentissage, au cours de la recherche d’informations
ou encore au moment de la récupération de l’information. Pour mesurer
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la précision de ces jugements métamnésiques, on demande au participant
de prédire sa performance à un test de mémoire puis on compare cette
prédiction (c’est-à-dire, le jugement métamnésique) à la performance
effective de mémoire. La mesure obtenue permet de déterminer si l’individu
évalue avec justesse ses compétences mnésiques. On distingue plusieurs
mesures de jugements métamnésiques selon le moment où celui-ci est
effectué. Si les jugements métamnésiques sont émis sur l’ensemble des
items à apprendre, on parle de prédiction globale lorsqu’il est effectué avant
l’apprentissage et de postdiction lorsqu’il est effectué après l’apprentissage.
Classiquement, on demande au participant de prédire le nombre total
d’items qu’il pense pouvoir rappeler à partir d’une liste donnée. En
revanche, si les jugements métamnésiques sont émis sur chaque item, on
parle de prédiction item par item. Dans la littérature, on en distingue
principalement trois formes (Koriat, 2007) : les jugements d’apprentissage
(ou JOL, Judgment Of Learning), les jugements de sentiment de savoir (ou
FOK, Feeling Of Knowing) et les jugements de confiance ou de certitude
(ou JOC, Judgment Of Confidence). Le jugement d’apprentissage est une
prédiction de rappel qui s’effectue pendant ou après l’apprentissage. Pour
chaque item de la liste d’apprentissage, le participant doit estimer avec
quelle probabilité il pense pouvoir rappeler un item récemment appris. Le
sentiment de savoir est une prédiction de reconnaissance qui porte sur les

L’année psychologique/Topics in Cognitive Psychology, 2014, 114, 355-387


Vieillissement et stratégies de mémoire 369

items non récupérés lors de la phase de rappel. Le participant doit estimer


avec quelle probabilité il pense pouvoir reconnaître, parmi des distracteurs,
un item qu’il n’a pas réussi à rappeler. Le jugement de confiance s’effectue
lors de la phase de récupération et permet d’évaluer avec quelle certitude
le participant pense que la réponse donnée est exacte ou non. Compte
tenu de l’objet de notre travail consacré aux stratégies d’encodage, nous
nous centrerons sur les jugements émis avant ou durant l’apprentissage.
Globalement, les travaux ayant étudié l’effet de l’âge sur les jugements
métamnésiques montrent que des adultes jeunes et âgés sont capables de
juger avec autant de précision leur performance de mémoire. Ces résultats
sont valables pour les prédictions globales (Lovelace, 1990 ; Matvey,
Dunlosky, Shaw, Parks, & Hertzog, 2002 ; Woo, Schmitter-Edgecombe,
& Fancher, 2008) et les jugements d’apprentissage (Connor, Dunlosky, &
Hertzog, 1997 ; Dunlosky & Hertzog, 2000 ; Kuhlmann & Touron, 2011 ;
mais voir Bruce, Coyne, & Botwinick, 1982 pour des résultats différents).

2.2. La régulation mnésique


Dans les modèles de métamémoire, la notion de régulation mnésique
renvoie aux processus cognitifs permettant la gestion des stratégies
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mnésiques. Ces processus se rapportent à la planification du comportement
et au contrôle de ce comportement lors de sa réalisation. La planification
concerne la mise en place de plans d’actions permettant la réalisation
de la tâche, tandis que le contrôle permet d’évaluer l’efficacité du plan
adopté et d’en changer si nécessaire au cours de la tâche. La régulation
mnésique correspond donc à la sélection, l’initiation, l’exécution et la
vérification de l’efficacité des stratégies choisies lors de l’encodage et/ou
de la récupération en offrant la possibilité à l’individu d’optimiser sa
performance. Le principal objectif des études ayant examiné les effets du
vieillissement sur les processus de contrôle est de déterminer si les adultes
âgés présentent un déficit de l’initiation et de la gestion des stratégies
mnésiques, et si ce dernier représente un facteur explicatif de leur déclin
en mémoire épisodique. Dans ce contexte, des travaux ont montré que le
vieillissement s’accompagnait de modifications au niveau de la régulation
mnésique se traduisant par des différences liées à l’âge sur la nature des
stratégies utilisées et sur l’adaptation des stratégies à la difficulté de la tâche
ou encore aux jugements métamnésiques.

2.2.1. Utilisation des stratégies


L’utilisation des stratégies de mémoire peut être appréhendée à l’aide de
questionnaires, permettant d’analyser ce que les individus ont conscience

L’année psychologique/Topics in Cognitive Psychology, 2014, 114, 355-387


370 Charlotte Froger r Capucine Toczé r Laurence Taconnat

d’utiliser comme stratégies pour mémoriser des informations ou par l’étude


directe des stratégies utilisées lors de l’apprentissage, permettant ainsi
l’analyse des traitements réellement initiés.

2.2.1.1. Les questionnaires


De nombreuses études ont été conduites à l’aide de questionnaires dans
le but d’appréhender les stratégies utilisées au cours du vieillissement.
Certaines ont montré une augmentation de l’utilisation des stratégies
chez les personnes âgées (Bolla, Lindgren, Bonaccorsy, & Bleecker, 1991 ;
Hertzog, Hultsch, & Dixon 1989 ; Hultsch, Hertzog, & Dixon, 1987 ;
Loewen, Shaw, & Craik, 1990 ; Ponds & Jolles, 1996). Toutefois, si
l’on examine la nature des stratégies que les participants âgés déclarent
utiliser, on observe une augmentation des stratégies externes associée à
une diminution des stratégies internes (Bouazzaoui, Isingrini, Fay, Angel,
Vanneste, Clarys, & Taconnat, 2010 ; Dixon & Hultsch, 1983 ; Loewen
et al., 1990). Dans la littérature, on distingue en effet deux catégories
de stratégies : les stratégies « externes » et les stratégies « internes »
(Dixon & Hultsch, 1983). Les stratégies externes correspondent aux
aide-mémoire tels que l’utilisation d’agenda, de listes, etc. alors que
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les stratégies internes font référence aux processus cognitifs initiés par
les individus pour optimiser l’encodage (c’est-à-dire, faire des images
mentales, organiser, répéter) ou la récupération (c’est-à-dire, retrouver le
contexte, faire la revue des événements d’une journée pour retrouver une
information particulière). L’effet différentiel du vieillissement sur ces deux
types de stratégies témoigne d’une relative prise de conscience chez les
adultes âgés de leur difficulté à utiliser des stratégies internes. En outre,
l’utilisation moins fréquente des stratégies internes peut être expliquée
en termes de diminution des ressources cognitives liée à l’âge, telles que
l’attention (Anderson & Craik, 2000), la mémoire de travail (Salthouse,
1990) ou encore les fonctions exécutives (West, 1996). Ces différentes
ressources cognitives sont nécessaires à la mise en place de stratégies
internes qui sont auto-initiées par les individus, tandis que les stratégies
externes sont peu coûteuses en ressources cognitives puisqu’elles reposent
sur des aides environnementales. Ainsi, l’augmentation de l’utilisation
des stratégies externes au cours du vieillissement correspondrait à
un processus d’adaptation que les adultes âgés mettraient en place
pour compenser leur déficit cognitif et plus spécifiquement leur déficit
mnésique.
Par ailleurs, la réduction de l’utilisation de stratégies internes de
mémoire ou l’utilisation inappropriée de stratégies pourrait également

L’année psychologique/Topics in Cognitive Psychology, 2014, 114, 355-387


Vieillissement et stratégies de mémoire 371

provenir de croyances métamnésiques erronées. Par exemple, dans l’étude


de Blatt-Eisengart et Lachman (2004, et voir Cavanaugh & Poon,
1989 pour des résultats similaires), bien que les adultes âgés utilisent
autant de stratégies d’organisation sémantique que les plus jeunes,
ils semblent ne pas en avoir conscience. En effet, contrairement aux
participants jeunes qui attribuent leur performance de mémoire à la
mise en place de stratégies internes, les participants âgés considèrent
que leur performance dépend plutôt de capacités mnésiques inhérentes,
associées par exemple à des facteurs génétiques. Dès lors, on com-
prend la nécessité de mesurer directement et de façon objective la
capacité des adultes âgés à utiliser des stratégies d’apprentissage afin
de palier le décalage entre ce qu’ils pensent faire et ce qu’ils font
vraiment.

2.2.1.2. Les études directes


Ce type d’étude permet d’avoir accès directement aux stratégies que
les individus mettent en place au moment où ils doivent mémoriser
des informations. Dans ce cadre, on peut distinguer deux méthodes
principalement utilisées. La première, basée sur la verbalisation, consiste
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à demander aux participants s’ils utilisent des stratégies pour mémoriser
les items proposés et si tel est le cas de préciser quel type de stratégie
(Dunlosky & Hertzog, 1998 ; Dunlosky et al., 2005 ; Richardson, 1998).
Cette verbalisation du comportement d’apprentissage peut être effectuée
après l’étude de chaque item ou à la fin de la liste des items à étudier.
Il semble que le moment où la verbalisation est effectuée ait un effet sur
les réponses des participants, en ce sens qu’une verbalisation effectuée à
la fin de la liste des items à étudier semble être moins précise qu’une
verbalisation après chaque item. Cet effet est plus important chez les
personnes âgées compte tenu de leur déficit mnésique (voir Dunlosky
& Hertzog, 2001 pour une étude comparative de ces deux méthodes de
verbalisation chez des adultes jeunes et âgés). La seconde méthode pour
mesurer directement les stratégies d’apprentissage consiste à examiner
la capacité à ajuster son comportement (mesurée par le temps d’étude
et/ou les traitements mis en place) à la nature de l’information ou aux
jugements métamnésiques. Dans un premier temps, nous présenterons
des travaux ayant examiné les effets de l’âge sur la capacité à adapter
ses stratégies d’apprentissage à la nature des informations à mémoriser,
puis dans un second temps des travaux ayant examiné les effets de l’âge
sur la capacité à adapter ses stratégies d’apprentissage aux jugements
métamnésiques.

L’année psychologique/Topics in Cognitive Psychology, 2014, 114, 355-387


372 Charlotte Froger r Capucine Toczé r Laurence Taconnat

2.2.2. Adaptation des stratégies à la nature des informations


Une stratégie efficace est avant tout une stratégie adaptée à la tâche,
au matériel et aux compétences spécifiques des individus. L’utilisation
d’une stratégie adaptée est donc supposée être la conséquence directe
d’une évaluation de ces paramètres (c’est-à-dire, les jugements métam-
nésiques). L’hypothèse du monitoring-affects-control (Nelson & Leonesio,
1988) illustre cette relation en suggérant que les produits de la phase
d’évaluation influencent la phase de régulation. Par exemple, au moment
de l’apprentissage d’une liste de mots, un individu peut ajuster son
temps d’étude selon la difficulté objective (par ex., paires de mots
fortement associés vs. faiblement associés) ou selon la difficulté subjective
relative à ses propres jugements métamnésiques. Dans le domaine du
vieillissement, comme nous l’avons vu précédemment, plusieurs études
ont montré que les connaissances métamnésiques étaient relativement
épargnées (par ex., Hertzog & Hultsch, 2000) contrairement aux processus
de contrôle métamnésique qui étaient sensibles aux effets de l’âge (par
ex., Froger, Sacher, Gaudouen, Isingrini, & Taconnat, 2011). Dans ce
contexte, l’étude des effets de l’âge sur les processus métamnésiques
de régulation présente un double intérêt. Le premier est de vérifier
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l’existence d’un effet du vieillissement sur cette fonction essentielle liée à
la mémoire et d’en comprendre les déterminants. Le second est de tester
l’hypothèse métamnésique du vieillissement selon laquelle les modifica-
tions de la mémoire qui apparaissent au cours du vieillissement sont
en partie consécutives à une altération des processus métamnésiques de
régulation.
Dans une étude déjà ancienne, Sanders, Murphy, Schmitt et Walsh
(1980) ont observé que pour mémoriser une liste de mots catégorisables,
des adultes jeunes utilisaient une stratégie d’apprentissage sériel en début
de liste, puis adoptaient une stratégie de regroupement par catégories
lors de la progression de l’apprentissage. Comme nous l’avons vu dans la
première partie de cet article, l’organisation des informations en catégories
permet d’augmenter les performances en rappel de façon substantielle.
Au contraire, les adultes âgés ne changeaient pas de stratégie au cours de
la tâche et utilisaient essentiellement une stratégie d’apprentissage sériel,
et donc augmentaient moins leurs performances que les plus jeunes. Ces
résultats suggèrent que les personnes âgées présentent des difficultés dans
l’adaptation de leur comportement d’apprentissage car ils ne modifient
pas leurs stratégies au cours de la tâche en fonction de la nature des
informations.

L’année psychologique/Topics in Cognitive Psychology, 2014, 114, 355-387


Vieillissement et stratégies de mémoire 373

Cette diminution de la capacité à adapter son comportement


d’apprentissage apparaît également lorsque l’on fait varier la difficulté
de la tâche de mémoire. Par exemple, dans une étude de Souchay et
Isingrini (2004a) des participants jeunes et âgés devaient rappeler des
mots de listes dont la longueur variait (c’est-à-dire, 7, 9 et 11 mots) en
utilisant le temps qu’ils souhaitaient pour répéter les mots et les mémoriser.
Les résultats ont montré que quelle que soit la longueur de la liste, les
participants âgés présentaient une diminution du temps d’apprentissage
et une diminution du nombre de répétitions en comparaison aux
participants plus jeunes. Les auteurs ont également évalué la capacité à
ajuster le comportement d’apprentissage à la difficulté de la tâche en
mesurant la proportion d’augmentation du temps d’étude et du nombre
de répétitions avec les listes de 9 et 11 mots par rapport à la liste de 7
mots. Plus cet indice était élevé et plus cela indiquait que le participant
avait pris en compte que retenir 9 et 11 mots par rapport à 7 mots
impliquait d’augmenter le temps d’étude et le nombre de répétitions.
Un effet significatif de l’âge sur cet indice d’ajustement à la difficulté
de la tâche montrait que les participants âgés augmentaient moins que
les participants jeunes leur temps d’étude et le nombre de répétitions
lorsque la difficulté augmentait. Enfin, un effet d’interaction entre l’âge
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et la condition d’apprentissage (temps limité vs. temps autogéré) sur
les mesures de mémoire indiquait que les participants âgés bénéficiaient
moins que les plus jeunes de la gestion de leur temps d’étude pour
augmenter leur performance de mémoire. Ces données confirment que les
personnes âgées adaptent moins bien leur comportement d’apprentissage
à la difficulté objective d’une tâche de mémoire et expliquent en partie
leur moindre performance mnésique. L’une des raisons pour lesquelles les
personnes âgées adaptent moins bien leur comportement d’apprentissage
pourrait provenir d’une diminution de la capacité à prendre en compte ses
propres jugements métamnésiques. Cette relation causale entre l’évaluation
mnésique (objective ou subjective) et l’adaptation du comportement est
illustrée par l’hypothèse du monitoring-affects-control (Nelson & Leonesio,
1988).

2.2.3. Adaptation des stratégies


aux jugements métamnésiques
L’hypothèse du monitoring-affects-control (Nelson & Leonesio, 1988) a été
principalement testée en examinant la capacité à ajuster le temps d’étude en
fonction de jugements métamnésiques émis par exemple sur la probabilité

L’année psychologique/Topics in Cognitive Psychology, 2014, 114, 355-387


374 Charlotte Froger r Capucine Toczé r Laurence Taconnat

de rappeler des informations récemment apprises. Dans ce cadre, Dunlosky


et Connor (1997) ont montré que les adultes âgés n’adaptaient pas aussi
bien leur temps d’étude que les plus jeunes en fonction de leur propre
estimation du niveau de rétention des informations. Dans leur expérience,
les participants apprenaient une liste de paires de mots sémantiquement
associés. À la fin de cette liste, on présentait de nouveau chaque paire de
mots et pour chacune de ces paires les participants estimaient avec quelle
probabilité ils pensaient pouvoir la rappeler. Ce jugement d’apprentissage
différé terminé (ou Judgment-of-Learning, JOL), les participants étaient
soumis à une tâche de rappel indicé puis de nouveau on leur présentait
la même liste de paires de mots afin qu’ils la réétudient en condition
de temps autogéré. Selon l’hypothèse du monitoring-affects-control, les
auteurs supposaient qu’une utilisation adaptée de l’évaluation mnésique,
mesurée par les jugements d’apprentissage différés, impliquerait une
corrélation négative entre ces derniers et le temps d’étude utilisé lors
du deuxième apprentissage. En d’autres termes, les participants devaient
accorder plus de temps à l’étude des paires de mots jugées les moins bien
apprises, rendant ainsi compte d’une utilisation optimale des jugements
métamnésiques pour adapter en conséquence le temps d’apprentissage.
Les résultats ont confirmé que les participants âgés présentaient une
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précision équivalente à celle des plus jeunes concernant les jugements
métamnésiques. En revanche, la corrélation entre le temps d’apprentissage
et les jugements métamnésiques obtenue chez les participants âgés était
plus faible que celle obtenue chez les plus jeunes. Ces résultats suggèrent
qu’en dépit de la capacité à juger précisément l’état d’un apprentissage,
les adultes âgés semblent éprouver des difficultés à utiliser leurs propres
jugements métamnésiques pour adapter leur stratégie de temps d’étude.
Ces auteurs proposent deux interprétations possibles. La première rend
compte de la difficulté des adultes âgés à spontanément mettre en place
la meilleure stratégie de temps pour l’étude des items jugés moins bien
appris, tandis que la seconde considère que les adultes âgés accorderaient
davantage de temps à la répétition des items déjà appris afin de les
maintenir en mémoire, et ceci au détriment des items moins bien
assimilés qui nécessiteraient davantage la mobilisation des ressources
cognitives.
D’autres auteurs parviennent à des conclusions similaires en utilisant
une mesure de jugement métamnésique différente. Par exemple, Souchay
et Isingrini (2004b) ont montré que le degré de sentiment de savoir
pouvait influencer le temps que les participants passaient à apprendre

L’année psychologique/Topics in Cognitive Psychology, 2014, 114, 355-387


Vieillissement et stratégies de mémoire 375

les items cibles. Dans ce paradigme, on considère que les items qui ont
reçu un score faible en sentiment de savoir (les participants disent avoir
peu de chance de reconnaître cet item ultérieurement) seront étudiés plus
longtemps à l’essai suivant, et inversement pour les items ayant reçu un
score fort en sentiment de savoir. Dans leur étude, les auteurs confirment
une corrélation négative entre le score de sentiment de savoir et le temps
d’étude des items à l’essai suivant à la fois chez les adultes jeunes et
âgés, indiquant l’utilisation d’une stratégie efficace comme l’ajustement du
temps d’étude. Toutefois, cette relation était significativement plus faible
chez les participants âgés, montrant que ces derniers tenaient moins compte
de leur jugement métamnésique pour adopter une stratégie adéquate
(c’est-à-dire augmentation du temps d’étude à l’essai suivant lorsqu’un
item est considéré comme non mémorisé au premier essai). En accord avec
ces résultats, Froger et al. (2011) ont montré que des adultes âgés, en plus
d’estimer une tâche de mémoire plus difficile à réaliser que l’estimaient
des adultes plus jeunes, ne modifiaient pas leur temps d’étude ni selon la
nature de la tâche de mémoire ni selon leur propre jugement métamnésique
(mesuré par une prédiction globale). Globalement, bien que les personnes
âgées semblent relativement capables d’évaluer avec précision la difficulté
d’une tâche de mémoire à réaliser et/ou leurs compétences mnésiques,
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ils semblent en revanche éprouver des difficultés à prendre en compte
leurs propres jugements métamnésiques pour adapter leur comportement
d’apprentissage.
En revanche, d’autres études ayant examiné l’effet de l’âge sur le
contrôle métamnésique rapportent des résultats plus nuancés. Les adultes
âgés auraient la capacité d’augmenter leur temps d’apprentissage dans les
mêmes proportions que des adultes plus jeunes. Ils pourraient également
tenir compte de leurs propres jugements métamnésiques pour adapter
certaines stratégies d’apprentissage. Par exemple, lorsqu’on demande aux
participants âgés d’augmenter leur temps d’étude, ils en sont tout à fait
capables (Murphy, Sanders, Gabriesheski, & Schmitt, 1981). De même,
lorsque les participants âgés ont pour consigne d’évaluer la qualité
d’apprentissage des items lors de la réalisation de la tâche, la différence de
temps d’étude entre les participants jeunes et âgés n’est plus significative
(Murphy, Schmitt, Caruso, & Sanders, 1987). Le même profil de résultats
était obtenu lorsqu’on mesurait le nombre de répétitions effectuées par
item à l’encodage. Ainsi, les participants jeunes effectuaient davantage de
répétitions que les participants âgés, mais lorsque la consigne incitait à
tester la qualité de l’apprentissage des items lors de la réalisation de la

L’année psychologique/Topics in Cognitive Psychology, 2014, 114, 355-387


376 Charlotte Froger r Capucine Toczé r Laurence Taconnat

tâche, la différence liée à l’âge sur le nombre de répétitions n’était plus


significative. Ces données suggèrent que des adultes âgés sont capables
d’adapter leurs stratégies d’apprentissage comme les plus jeunes si on les
informe préalablement sur le comportement à adopter.
Dans une étude récente, Froger et al. (2012) ont montré que
lorsqu’on informait des participants âgés sur l’efficacité de stratégies
d’apprentissage, non seulement ces derniers adaptaient leur temps d’étude
à la difficulté de la tâche mais ils optimisaient également ce temps d’étude
en privilégiant les stratégies les plus efficaces, ce qui leur permettait à
terme d’améliorer leur performance mnésique. Dans cette expérience,
la difficulté de la tâche variait selon le degré d’association des mots
(c’est-à-dire, difficile : faiblement associés vs. facile : fortement associés) et
permettait de mesurer le processus de contrôle métamnésique, c’est-à-dire
la capacité des participants à ajuster leur temps d’étude selon le degré
de difficulté. Le niveau du support environnemental fourni à l’encodage
était également manipulé afin d’examiner si les participants âgés en
bénéficieraient pour ajuster leur temps d’étude à la difficulté des items
à apprendre. Contrairement aux résultats classiquement observés sur
l’effet de l’âge sur la régulation métamnésique, les adultes âgés étaient
capables d’ajuster leur temps d’étude à la difficulté de la tâche lorsqu’un
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support environnemental leur était fourni. Plus précisément, lorsqu’on leur
précisait l’efficacité des stratégies, les participants âgés ajustaient aussi bien
que les participants jeunes leur temps d’étude à la difficulté de la tâche.
De plus, ils optimisaient leur temps d’étude en augmentant l’utilisation
de stratégies efficaces (comme l’élaboration d’images mentales ou de
phrases) et en diminuant l’utilisation de stratégies moins efficaces (comme
les répétitions). Finalement, ils bénéficiaient de cet ajustement du temps
d’étude pour augmenter dans les mêmes proportions que les plus jeunes
leur rappel de mots faiblement associés.
En résumé, l’ensemble de ces résultats confirme que le vieillissement
s’accompagne d’un déficit du contrôle métamnésique qui expliquerait en
partie le déclin en mémoire épisodique lié à l’âge. Toutefois, certaines
études ont montré qu’il était possible d’améliorer les capacités de contrôle
métamnésique des personnes âgées lorsqu’elles étaient informées de la
nécessité de prendre en compte leurs propres jugements métamnésiques
et/ou lorsqu’elles prenaient conscience de l’efficacité de certaines méthodes
d’apprentissage. Ainsi avisées sur différentes techniques optimisant le com-
portement d’apprentissage, les personnes âgées présentent des ressources
cognitives suffisantes pour améliorer dans les mêmes proportions que des
adultes plus jeunes leur performance de mémoire.

L’année psychologique/Topics in Cognitive Psychology, 2014, 114, 355-387


Vieillissement et stratégies de mémoire 377

3. CONCLUSION : LES DÉTERMINANTS DE L’EFFET


DU VIEILLISSEMENT SUR LE COMPORTEMENT
STRATÉGIQUE EN MÉMOIRE ÉPISODIQUE
L’objectif de cet article de synthèse était de regrouper un ensemble de
données susceptibles d’expliquer le déclin de la mémoire épisodique au
cours du vieillissement en termes de modification du comportement
stratégique à l’encodage. Globalement, l’ensemble des données analysées
met en évidence que chez les personnes âgées, la mise en place de
stratégies d’encodage, en tant qu’opérations contrôlées, doit être facilitée
par des tâches ou des consignes qui vont diminuer la part de traitements
auto-initiés (par ex., Craik, 1990). Lors de l’encodage, on peut fournir
un support environnemental adapté aux besoins des adultes âgés leur
permettant d’orienter leur apprentissage vers l’utilisation d’une stratégie
efficace qui va se traduire par l’élaboration d’un traitement profond
(par ex., traitement sémantique ou imagerie mentale) sur l’information à
mémoriser (par ex., Froger et al., 2012). On peut également les renseigner
sur l’importance de juger du degré de rétention d’une information en cours
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d’apprentissage afin qu’ils adaptent leur comportement stratégique en
fonction de ce jugement métamnésique (par ex., Dunlosky, Kubat-Silman,
& Hertzog, 2003). Lorsque l’on offre ces possibilités, les adultes âgés sont
capables d’appliquer les mêmes stratégies d’encodage que des adultes plus
jeunes, permettant ainsi de compenser en partie leur déclin en mémoire
épisodique. Ainsi, lorsque l’on réduit la part de traitements auto-initiés,
on réduit par voie de conséquence la quantité de ressources cognitives
nécessaires à la mise en place de stratégies en tant que processus contrôlés
et/ou métamnésiques. Ces ressources cognitives semblent en partie gérées
par le cortex frontal, qui subit lui-même de façon précoce et sévère les effets
du vieillissement (Raz, et al., 2005 et voir pour revue Dennis & Cabeza,
2008). Selon Moscovitch et Winocur (1992, 2002) et en référence au modèle
neuropsychologique de la mémoire de Moscovitch (1989), le vieillissement
n’altérerait pas directement la mémoire épisodique sous-tendue par le
système temporal-hippocampique fonctionnant sur un mode associatif
et automatique, mais agirait sur les processus qui « travaillent avec la
mémoire épisodique » sous-tendus par le système frontal. Le système
frontal « travaille avec la mémoire » en organisant et en contrôlant
l’encodage et la récupération des informations par la sélection, l’initiation,
l’élaboration et l’exécution de stratégies adaptées à la nature de la tâche et
aux compétences de l’apprenant. Par ailleurs, le cortex frontal est largement

L’année psychologique/Topics in Cognitive Psychology, 2014, 114, 355-387


378 Charlotte Froger r Capucine Toczé r Laurence Taconnat

impliqué dans le fonctionnement exécutif (Luria, 1973 ; Parkin & Walter,


1992). Le fonctionnement exécutif intervient dans une large gamme de
tâches cognitives et plus particulièrement lors de situations nouvelles où
la mise en œuvre des processus cognitifs habituels n’est pas suffisante
pour résoudre cette tâche (Elliot, 2003). Dans le domaine de la mémoire,
plusieurs études ont montré que le fonctionnement exécutif intervenait
dans l’aspect stratégique de la mémoire épisodique (Bouazzaoui et al.,
2010 ; Buckner, 2003 ; Moscovitch & Winocur, 1992, 2002 ; Shimamura,
1995 ; Taconnat et al., 2006 ; 2007 ; 2010) et que le dysfonctionnement
exécutif lié au vieillissement expliquait en partie le déclin de la mémoire en
épisodique (Anderson & Craik, 2000 ; Angel, Fay, Bouazzaoui, & Isingrini,
2011 ; Bouazzaoui, Fay, Taconnat, Angel, Vanneste, & Isingrini, 2012 ;
Braver & West, 2008 ; Dennis & Cabeza, 2008 ; Lee, et al., 2012 ; Luszcz
& Lane, 2008).
Ainsi, selon l’hypothèse exécutivo-frontale, l’altération du cortex frontal
liée à l’âge entraînerait un dysfonctionnement exécutif qui limiterait la ca-
pacité de mise en œuvre des processus stratégiques et expliquerait en partie
le déclin en mémoire épisodique. De plus, plusieurs études ont montré
l’implication d’autres ressources cognitives dans les processus stratégiques
en mémoire et subissant elles-mêmes les effets du vieillissement. Parmi
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ces ressources cognitives, on peut citer la mémoire de travail (Bender &
Raz, 2012), l’intelligence fluide (Mata, Schooler & Rieskamp, 2007), les
processus attentionnels (Naveh-Benjamin, Craik, Guez, & Kreuger, 2005 ;
Taconnat & Isingrini, 2004a, expérience 4) ou encore la métamémoire
(Nelson & Narens, 1990 ; Souchay & Isingrini, 2004a). L’ensemble de
ces données confirme l’idée que l’altération spécifique et précoce du
cortex préfrontal au cours du vieillissement pourrait être à l’origine des
déficits cognitifs présents chez les adultes âgés (Raz, 2000). En effet,
le point commun entre ces différentes ressources cognitives est qu’elles
sont sous-tendues en partie par le cortex préfrontal (par ex., Nyberg,
Dahlin, Neely, & Bäckman, 2009, pour la mémoire de travail ; Duncan,
Emslie, Williams, Johnson, & Freer, 1996, pour l’intelligence fluide ;
Anderson, 2008 pour l’attention ; Pannu, & Kaszniak, 2005, pour la
métamémoire) et qu’elles sont toutes déficitaires dans le vieillissement.
Dans cette perspective, préciser la contribution de chacune de ces ressources
cognitives dans l’utilisation adaptée de stratégies mnésiques représente
une piste de recherche prometteuse dans la compréhension du déclin
de la mémoire épisodique au cours du vieillissement normal. À terme,

L’année psychologique/Topics in Cognitive Psychology, 2014, 114, 355-387


Vieillissement et stratégies de mémoire 379

ces recherches permettraient de développer des méthodes d’intervention


spécifiques réduisant les effets du vieillissement sur la mémoire épisodique.

Reçu le 6 mars 2013.


Révision acceptée le 14 août 2013.

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L’année psychologique/Topics in Cognitive Psychology, 2014, 114, 355-387

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